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Full text of "Le Moyen âge"

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LE  MOYEN  AGE 


CHALON-SUR-SAONE,   IMP.   FRANÇAISE  ET  ORIENTALE  DE   E.   BERTRAND 


/] 


LE  MOYEN  AGE 


REVUE 


D'HISTOIRE  a-  DE  PHILOLOGIE 


2«  SÉRIE.— TOME  IV 

(tome      XIII       DE      LA      collection) 


PARIS 

LIBRAIRIE    EMILE    BOUILLON,    ÉDITEUR 

67,    RUE    DE    RICHELIEU,    AU    PREMIER 
1900 

(Tous  droits  rèsercès) 


1// 


LA 

SATIRE  A  ARRAS  AU  XIIP  SIÈCLE 


(suite  ^) 


Chansons  et  Dits  artésiens  du  XIII'  siècle,  publiés  avec  une  Intro- 
duction, un  Index  des  noms  propres  et  un  Glossaire,  par  Alfred  Jeanroy,  pro- 
fesseur à  rUniversité  de  Toulouse,  et  Henry  Guy,  maître  de  conférences  à 
l'Université  de  Toulouse  {Bibliothèque  des  Universités  du  Midi,  fasc.  II, 
Bordeaux,  Féret  et  fils,  1898;  in-8°,  165  p.). 

Pièce  XIV,  p.  63.  —  La  richesse,  c'est  le  jeu  de  la  pelote 
où  les  jeunes  filles  prennent  leurs  ébats:  chacune  veut  l'avoir 
à  son  tour;  on  se  la  dispute,  car  qui  la  possède  est  en  vue, 
en  honneur  et  en  joie,  jusqu'à  ce  que^  changeant  de  mains^,  elle 
porte  ailleurs  le  prestige  d'une  faveur  éphémère. 

Le  moraliste  part  de  cette  comparaison  pour  remonter  de 
proche  en  proche  à  l'origine  de  certaines  fortunes  bourgeoises, 
invitant  à  de  pieuses  réparations  ceux  dont  l'héritage  paternel 
s'est  accru  de  la  «  pelotte  »  d'autrui. 

Six  familles  d'Arras  sont  ici  représentées  par  quinze  de 
leurs  membres  en  succession  généalogique;  Huon  Mouton 
marche  en  tête  : 

V.  37.     Je  vi  ja  un  Huon  Mouton  : 
On  ne  le  prisoit  un  bouton  ; 
Au  point  k'il  se  maison  covri 
Mainte  angoisse  au  siècle  souffri. 

Errata.  —Année  1899,  p.  251,  1.  10,  lisez  :  Jean  Bretel. 
Moyen  Age,  t.  XIII.  1 


A.    GUESNON 


M.  Jeanroy  incline  à  voir  dans  «  au  point  k'il  se  maison 
covri»  l'idée  de  «se  mettre  en  ménage'  )).Ne  serait-ce  pas  là, 
plus  vraisemblablement^  une  métaphore  populaire  s'appliquant 
au  comble  de  la  dernière  demeure?  J'interpréterais  :  «  lorsque 
le  tombeau  se  referma  sur  lui,  »  en  rattachant  par  la  ponctua- 
tion cette  phrase  au  vers  précédent,  et  non  au  suivant  *. 

Plus  loin  (v.  51),  vient  Ermenfroi  Kiepuce,  nommé  dans 
une  liste  authentique  de  l'échevinage  d'Arras  en  février  1200, 
V.  st.'.  On  le  retrouve  inscrit,  sous  l'abréviation  plus  honnête 
d'Ermenfroi  Puche,  au  bas  d'un  acte  original  de  1223*,  et  tout 
au  long  dans  une  enquête  de  1247,  insérée  par  M.  L.  Delisle 
au  t.  XXIV  du  Rec.  des  histor.  de  France.  Le  premier  mourut 
en  1231%  son  fils,  Ermenfroi  le  Tailleur,  en  1262'. 

Mathieu  le  Tailleur  recueillit  alors  l'héritage  patrimonial;  il 
le  possédait  depuis  peu  quand  ces  vers  furent  écrits. 

v.  57.     Je  vi  ja  Jaliemon  le  Noir  ; 
Il  a  laissié  tout  sen  avoir, 
Or  l'a  cil  Jehans  de  Relenghe. 
Du  testament  cascuns  i  hengle. 

Le  Glossaire  traduit  «  hengler  »  par  «  causer,  faire  des 
gorges  chaudes  ».  Cette  explication  improvisée  porte  sur  une 


1.  Glossaire,  au  mot  Govrir. 

2.  Iluon  Mouton  possédait  avant  1261  une  maison  au  pouvoir  des  JVIaus 
ou  de  Baudimont  vieux  (B.  N.  Lat.  10972,  Hostagia,  i"  4).  Wagbon  Wion 
et  Audefroi,  deux  de  ses  héritiers  ici  nommés,  furent  échevins  de  Cité,  le 
premier  en  12.56,  Je  second  en  1275  (Arcii.  du  P.-de-C,  Chapitre,  Orig.,  et 
Mém.  pour  MM.  Brlois  d'Aïujre  et  d'Htdlnrli.  Preuves,  1,  p.  1.5,1780).  Un 
autre  Huon  Mouton,  peut  être  fils  du  précédent,  prêtait  de  l'argent  à  la  ville 
de  Gand  en  1277  (J.  de  Saint-Génois,  Incent.  des  ch.  des  comtes  de  Flandre, 
n''203). 

3.  Arch.  du  Nord,  Anchin.  Orig. 

4.  Ibid.,  Ch.  des  Comptes.  Orig. 

5.  Pour  toutes  les  dates  mortuaires  dont  la  source  n'est  pas  indiquée, 
voir  le  Nècrolorje  de  la  Confrérie  des  jongleurs,  et  notre  Communication 
aux  Comptes  rendus  de  l'Acad.  des  Inscr.,  année  1899,  p.  464-475. 

6.  «  Ermenfridus  Cisor,  civis  Atrebatensis,  dicit  quod  rex  imbanniverat 
cm  nia  bona  que  fuerant  Ermenfridi  Kiepuce.  » 


LA   SATIRE  A  ARRAS  AU  XII1«  SIÈCLE  3 

fausse  lecture,  que  signale  la  rime  :  le  ms.  donne  «  henghe  o, 
venant  de  «  lienghier  »,  onomatopée  au  sens  de  «  soupirer, 
aspirer  »,  comme  ci-devant  dans  la  pièce  V,  24. 

JakemonleNoir,  bourgeois  d'Arras',  était,  en  1260,  créancier 
des  villes  de  Calais',  Montreuil-sur-Mer  et  Saint-Riquier'.  11 
mourut  l'année  suivante,  vers  novembre  1261 .  Jean  de  Relenghe, 
son  héritier,  que  Fastoul  qualifie  «  monseigneur*  »,  paraît  être 
Jean,  sire  de  Renenges,  chevalier,  frère  du  châtelain  de  Saint- 
Omer,  dont  nous  avons  un  acte  d'août  1269  '. 

Ailleurs,  à  propos  de  Jean  Fourdin  : 

V.  62.  On  dist  k'ii  gist  en  sen  gardin. 
Sen  cors  ne  pris  une  baulleske  ; 
Sen  avoir  reçut  longue  leske. 

D'après  le  Glossaire\  ce  dernier  mot  signifierait  «  bande 
mince  et  longue  ».  Mais  le  sens  exige  un  nom  propre,  celui  de 
l'héritier.  Or,  une  enquête  de  janvier  1270  nous  apprend  que 
Jehan  Longeleske  était  sous-bailli  d'Arras,  au  mois  d'août  qui 
suivit  le  départ  du  comte  d'Artois  au  delà  des  mers^  La  leçon 
serait  donc,  avec  l'orthographe  du  ms.  : 

Sen  avoir  reçut  Longheleske. 

Les  vers  suivants  concernent  M^"  Adam  de  Vimi,  clerc 
praticien,  marié  à  la  demoiselle  de  Miraumont,  qui  lui  survécut. 
Il  avait  acheté  en  1239  le  fief  seigneurial  de  Baudimont  neuf, 
contigu  à  la  terre  de  Baudimont  vieux  possédée  par  Saint- 

1.  Fils  de  Gérard  le  Noir,  échevin  d'Arras  en  1201,  1222,  1225,  nommé 
dans  un  fabliau  de  Courtois  d'Arras  (Méon,  FubL,  I,  259),  mort  le  24  avril 
1228  (Bibl.  d'Arras,  ms.  305). 

2.  Arch.  du  Nord,  Ch.  des  Comptes.  Orig. 

3.  J.  de  Laborde,  Layettes  du  Très,  des  Chartes,  t.  III,  p.  506  et  545, 
coi.  B. 

4.  Méon,  FabL,  \,  p.  126,  Congé,  v.A2^. 

5.  Deschamps  de  Pas,  Sifjill.  de  Saint-Omer,  p.  29.  —  Giry,  Analyses 
et  Extraits  des  Archives  de  Saint-Onier,  p.  17. 

6.  Au  mot  Leske. 

7.  Arch.  du  Pas  de-Cal. ,  Très,  des  Chartes,  A,  18. 


4  A.    GUESNON 

Vaast.  Le  fief  s'appela  dès  lors  «  le  pouvoir  Maître-Adàm  «, 
nom  qui  s'étendit  à  la  rue  et  à  la  porte  par  où  on  y  accédait 
en  venant  de  la  rue  des  Maus.  Cette  ancienne  rue  Maître-Adam 
reliait  la  Cité  à  la  porte  Méaulcns. 

A  sa  mort,  en  1263,  le  fief  fut  vendu  au  comte  d'Artois  par 
Jean  Maucliions  et  Marguerite  de  Vimy,  sa  femme,  héritière 
du  défunt.  Leurs  sceaux  pendent  à  l'acte  et  ne  permettent  pas 
de  lire  «  Mandons^  ».  De  môme,  le  sceau  d'Adam  de  Vimi 
suffit  à  montrer  qu'il  ne  peut  être  ici  question  d'Adam  de  la 
Halle =. 

A  signaler  quelques  corrections  :  v.  8,  «  belle  »  —  bêle;  v.  19, 
((  Œguiet  ))  —  ŒgiveV ;  v.  50,  «  peloke  »  —  piioke;  v.  70, 
«  ni  ))  —  TiH. 

Pièce  XV,  p.  65.  —  Les  «  gueudes  »  ou  «  carités  »  d'Arras 
viennent  de  loin;  elles  remontent  aux  origines  mêmes  de  son 
organisation  civile  et  industrielle. 

Dès  le  XII®  siècle,  chaque  métier  avait  sa  confrérie,  chaque 
saint  patron  sa  clientèle  corporative  ou  médicale. 

V.  3.     L'une  est  de  saint  Antone,  li  autre  de  saint  Main... 
Li  tierce  est  saint  Mabiu,  li  quarte  saint  Tieton*  ; 

A  défaut  de  légende  appropriée  à  l'attribution,  une  simple 

1.  Index,  au  mot  Mandons  (ou  Maucions).  —  Voir  Demay,  Sceaux 
tZ'^r/oîs,  n"' 689,  690. 

2.  Reproduit  dans  la  Sigillogr.  d'Arras,  n°  366. —  Demay,  ihid.,  n"  2591. 

3.  Oegivet,  Sainteron,  Mahalet,  Wauteron,  diminutifs  de  Ogive,  Sainte, 
Mehaut  et  Wautiere,  étaient  des  prénoms  de  femme  alors  très  répandus. 
V.  le  Nccrolor/e  des  jongleurs,  1221,  1";  1256,  P'';  1270,  3^  1270,  3'=; 
1271,  2\  etc. 

4.  Le  P.  Ignace  affirme  gratuitement  qu'une  confrérie  de  Saint-Antoine 
fut  établie  à  Arras  en  1092.  —  Bibl.  d'Arras,  ms.  1037,  Mém.  du  dioc.^ 
t.  IL  p.  122.  —  Ce  qui  est  certain,  c'est  qu'au  xv°  siècle  il  y  en  avait 
quatre  sous  ce  patronage  :  à  Saint-Géry,  Saint-Nicolas,  Sainte-Croix  et 
Saint-Nicaise.  —  Arch.  comm.  d'Arras,  Testaments . 

La  charité  de  Saint-Mathieu  figure  dans  les  comptes  du  bailli  en  1304, 
1306,  1332,  etc.,  pour  une  rente  de  4  deniers  sur  deu.Y  mencaudées  de  terre  à 
Becquerel.  —  Arch.  du  Nord,  Ch.  des  C.  Jean  de  Celest  en  était  doyen 


LA  SATIRE  A  ARRAS  AU  XIII«  SIÈCLE  5 

consonance  équivoque  fixait  le  choix  populaire  :  saint  An- 
thoine  et  «  sen  vérin  »,  celui-ci  naïvement  canonisé  saint 
Vérin  %  guérissaient  l'érysipèle  et  le  rouget;  saint  Main  ou 
Méen  de  Gaël,  la  rogne  et  la  gale;  saint  Mathieu  et  saint 
Mor  les  rhumatisants  '  ;  saint  Etton,  les  vaches  nourri- 
cières'. 

Le  chemin  de  l'étable  conduit  directement  cette  énumération 
facétieuse  à  la  basse-com%  où  l'ironie  du  poète  va  chercher  le 
patron  d'une  charité  nouvelle,  plus  miraculeuse  encore  que 
toutes  les  autres, 

V.  7.     Celle  de  saint  Oison,  le  frère  saint  Gourdin. 
Mais  nus  n'i  puet entrer  son  ne  le  set  lordin. 

Comme  elle  n'admet  que  des  sots  fieffés,  la  confrérie  des 
engourdis  et  des  lourdauds  affectera  le  caractère  des  sociétés 
aristocratiques.  A  l'imitation  de  l'archiconfrérie  de  la  Chandelle 
d'Arras,  dont  une  allusion  rappelle  ici  même  le  siège  «  ens  en 
l'Euwillerie*,  »  les  «  bevées  »  s'y  font  au  vin,  à  l'exclusion  de 


en   1388-89  (ibid.)  et  Jean   Rollans  clerc  et  doyen  en  1397-98.  —  Arch, 
comm .  d'Arras,  Quittances. 

Saint  Mein,  est  le  patron  d'Écoust^  canton  de  Croisilles,  et  saint  Etton 
celui  de  Biefvillers,  canton  de  Bapaume. 

1.  «  Lequel  enfant  cheoit  en  maladie  que  l'en  dit  de  saint  Othoine  et  de 
saint  Vérin.  «—Arch.  nat.,  JJ,  Reg.135,  p.  225.  —  l.e  sanctus  Veranusdu 
Marti/rolof/e,  10  septembre,  ne  peut  être  associé  à  saint  Antoine  que  par 
équivoque. 

2.  Donnez  au  pauvre  qui  languit 

Du  mal  saint  Fiacre  en  grant  dolour, 
De  saint  Mor  et  de  saint  Mahieu. 

E.  Deschamps  (dans  La  Curne). 

3.  G.Gazet,  Hist.  enclés.,  p.  63  etl56. 

4.  La  rue  de  l'Euwillerie  (de  l'Aguillerie^  de  l'Aguilletrie),  aujourd'hui 
des  Grand-Viéziers,  tirait  son  nom  des  fabriques  d'aiguilles  que  le  Cartul. 
de  Guiman  y  signale  dès  1170  (p.  201)  :  «  Domus  Villelmi  qui  acus  facit.  » 
Elle  aboutissait  au  préau  et  à  la  salle  de  la  confrérie  des  Ardents  :  «  Wal- 
terus  de  Ransart  pro  domo  sua  en  l'Aguillerie  ante  halam  Ardentium,  ij  s. 
in  Nat.  »  —  B.  N.,  ms.  lat.  10972,  Hosta;/ia. —  Ceailloir  des  rentes  fonc . 
de  l'église  N.-D.  renouvelé  en  1231,  t"  25. 


6  A.  GUESNON 

la  cervoise,  et  le  grand  banquet  de  Pentecôte  aux  gras  oisons 
rôtis  \ 

Descchevins  et  un  doyen  l'administrent,  un  maire  la  préside, 
désigné  par  le  sort  suivant  un  mode  d'élection  que  deux  mots 
obscurs  déjà  vus  laissent  encore  inexpliqué  : 

V.  55,     Il  nos  convenra  prendre  quatorze  bielos 

Et  quinze  -pauicellons  :  cil  jeteront  les  los; 
Sour  qui  il  escara,  si  en  ferons  maieur. 

Il  va  de  soi  que  les  candidats  abondent.  L'auteur  les  fait 
défiler  devant  nous  en  exposant  complaisamment  leurs  titres  * 
c'est  à  cette  revue  satirique  qu'il  voulait  en  venir. 

Cependant  sa  fantaisie  malicieuse  ne  se  borne  pas  à  cette 
première  fiction  ;  il  imagine  d'y  joindre,  comme  contre-partie, 
une  congrégation  de  femmes  sous  la  règle  de  sainte  Auweline, 
qu'il  place^  on  se  demande  pourquoi^ 

V.  74.     Ens  en  un  grant  mares  qui  est  dehors  Corbie. 

U Index  a  cherché  en  vain  sainte  Auweline  dans  le  martyro- 
loge; elle  ne  s'y  trouve  pas,  et  pour  cause:  une  «  auwe  »  est 
une  «  oie  »  et  Auv^eline,  le  féminin  d'Oison,  patronage  symbo- 
lique certainement  étranger  à  l'idée  «  de  personnes  peu  recom- 
mandables  par  leur  caractère  ou  leurs  mœurs  ^  » . 

Cette  vengeance  de  plume  aurait  eu  pour  cause,  à  ce  qu'il 
paraît,  certains  froissements  rapportés  de  Montdidier  par  notre 
ménestrel  : 

V.  97.     J'eslesisse  nounain,  se  Diex  me  puist  aidier, 

Se  ne  fust  li  pesance  que  j'euc  à  Mondisdier.  / 


1.  Le  vin  de  la  guilde  des  marchands  et  de  celle  des  monnayeurs  est 
rappelé  en  1170  dans  le  CartuL  de  Guiman,  p.  1!)1.  —  Le  règlement  de  la 
Confrérie  de  Saint-Dominique  des  barbiers,  de  1247,  prohibe  le  vin  et  n'au- 
torise que  la  cervoise  :  «  F]t  à  le  bevée  ne  goustera  de  vin  ne  maires  ne 
eschevins  sor  iiij  den.  de  fourfait,  et  li  maires  sor  viij  den.  »  Celui  de  la 
Confrérie  des  Ardents,  du  xiv'  siècle,  entre  dans  de  grands  détails  au  sujet 
de  la  répartition  des  lots  de  vin  et  des  oisons  pour  les  trois  jours  de  la  fête. 

2.  Index,  au  mot  Auweline. 


LA  SATIRE  A  ARRAS  AU  XIII<^  SIÈCLE  7 

Serait-ce  cà  la  joute  rappelée  dans  le  Jeu  de  la  Feuillée: 

V.  725.     lîien  i  parut  a  Mondidier 

S'il  jousta  le  miex  ou  le  pis. 

On  peut  s'étonner  que  la  question  n'ait  pas  été  posée;  elle 
mérite  de  Têtre,  bien  que  le  vague  des  synchronismes  fournis 
par  les  noms  cités  la  laisse  encore  indécise. 

Il  semble,  en  effet,  d'après  le  Nécrologe  des  jongleurs,  que 
ce  Mathieu  le  Tailleur  (v.  96),  soit  mort  vers  la  fin  de  l'année 
1257.  Mais  on  a  vu  dans  la  pièce  précédente  un  autre  Mathieu, 
fils  d'Ermenfroi,  vivant  en  1263.  .Lequel  des  deux  fut  l'époux 
de  la  «  gentius  dame  »  ici  mise  en  scène,  qu'un  acte  de  1254 
nomme  Marie  de  Simencort^?  Probablement  le  second  :  c'est 
ce  qu'il  faudrait  vérifier. 

Mêmes  difficultés  résultant  de  l'homonymie  dans  l'identifi- 
cation des  Robert  Bernart  (v.  17),  Robert  Castelet*,  Robert 
Cosset  (v.  39),  Jacques  et  Jean  de  Monci  (v.  25,  72).  Autour 
de  ce  dernier  nom,  V Index  a  groupé  une  foule  d'indications 
plus  ou  moins  hétérogènes:  les  Monchy  d'Artois  s'y  confondent 
avec  ceux  du  Vermandois,  les  seigneurs  avec  les  vilains,  notre 
bourgeois  de  la  Taillerie  avec  un  bailli  du  comte,  —  et  ce  nom 
de  Monchy,  commun  à  des  localités  et  à  des  familles  déjà  si 
diverses,  avec  celui  de  Monchaux,  lui-même  indéterminé.  Le 
moyen  de  s'y  reconnaître  ! 

Du  côté  des  Auwelines,  l'attention  se  porte  sur  la  femme 
d'Audefroi,  qui  voudrait  être  abbesse  du  couvent  : 

V.  80.     Car  a  sainte  Auweline  a  tout  sen  cors  offert, 
Et  por  un  grant  péril  dont  ele  estescapee 

1.  Mahius  li  Taillieres  et  Marie  de  Simencort,  sa  femme,  engagent  une 
dime  tenue  de  Saint- Vaast,  en  présence  d'Ermenfroi  le  Tailleur.  Henri 
Hukedieu  et  autres.  Mai  1254.  -  Bibl.  d'Arras,  ms.  316,  p.  100  et  293. 

2.  Robert  Castelet,  sur  lequel  V Index  ne  donne  aucun  renseignement, 
figure  dans  les  Hostagia  de  1261  pour  ses  deux  maisons  rue  Saint-Nicolas- 
sur-les-Fossés  extra-muros  {l"  35  v").  Un  acte  du  4  mars  1271,  n.  st.,  fait 
mention  de  la  terre  qu'il  possédait  entre  Boiry  et  Hamblain  (Bibl.  d'Arras, 
ms.  316,  p.  271). 


O  A.  GUESNON 

Audefrois  li  fist  ja  une  uve  capee; 
De  sen  grant  caelit  le  vaut  escerveler  : 
Je  cuit  c'aucuns  de  vos  eu  a  oï  parler. 

On  voit  qu'il  s'agit  d'une  scène  d'alcôve  méchamment 
ébruitée.  L'absence  d'un  point  final  au  second  vers  en  fausse 
tout  d'abord  l'interprétation.  Au  vers  suivant^  «  une  uve  capée» 
{uve  pour  huve,  d'après  M.  Jeanroy'),  me  semble,  pour  la 
lettre  comme  pour  le  sens,  moins  vraisemblable  que  «  une  vue 
capée  ))  expliqué  dans  La  Curne'.  Enfin  le  Glossaire  arme  le 
bras  d'Audefroi  d'un  caelit  \  mot  qui  n'a  jamais  désigné  qu'un 
«  châlit  »,  primitivement  un  lit  de  parade,  du  haut  duquel,  si 
Ton  en  croit  la  malveillance,  l'irascible  mari  aurait  voulu  pré- 
cipiter sa  femme,  au  risque  de  lui  briser  le  crâne. 

Variantes  du  ms.  :  v.  15,  a  Me  sire  sains  Oison  »  —  Me  sires 
S.  Oisons;  v.  39,  «  Robert  Cosses»  —  Robers  Cosses;  v.  42, 
«  Sawalès  »  —  Sawales  (cf.  XIX,  62)  :  v.  65,  «  qeiis  »  — queûs; 
v.  89,  et  90,  «  waaign,  mehaign  —  ms.  waaing,  mehaing. 

Pièce  XVI.  —  Pour  avoir  robes  et  argent,  le  ménestrel 
doit  faire  preuve  de  savoir  auprès  de  ceux  dont  il  convoite  les 
dons: 

V.  1.  Quant  menestreus  es  lius  repaire 
Bien  est  raisons  ke  ses  sens  paire 
Entour  iens  *  u  il  bee  a  prendre... 
Por  avoir  reubes  et  argent. 

Mais  s'il  a  recours  à  l'hospitalité  des  grands,  son  cœur  sait 
choisir,  son  estime  ne  va  qu'au  mérite.  Exalter  qui  s'ennoblit, 
flétrir  qui  se  dégrade,  telle  est  sa  mission,  et  il  n'y  faillira 


1.  Glossaire,  au  mot  Caper. 

2.  Dlct.  hist.,  au  mot  Capl. 

3.  Glossaire,  au  mot  Caelit  :  «  sorte  d'arme.  »  —  Godefroy  dit  de  même, 
à  propos  de  ce  vers  :  «  caelit,  espèce  d'arme,  »  sans  justifier  cette  interpré- 
tation de  circonstance. 

4.  Ms.  ((  ceus  »,  comme  plus  bas,  vers  64. 


LA  SATIRE  A  ARRAS  AU  XIII^  SIECLE  9 

pas.  Jamais  l'auteur  d'une  infamie,  quoi  qu'il  puisse  offrir, 
n'obtiendra  de  lui  qu'il  ne  s'adresse  â  son  entourage  et  ne  la 
relève  : 

V.  15.  Nus  meûestreus  ne  doit  souffrir 
Por  chose  c'on  M  face  \  offrir 
Ke,  se  haus  hora  fait  vilonie, 
K'il  ne  paraut  a  se  maisnie, 
Mais  kese  soit  de  reliver-. 

Quel  spectacle  s'offre  aujourd'hui  à  la  censure  du  poète  !  Le 
désordre  social  est  à  son  comble  ;  le  clergé  donne  l'exemple,  la 
chevalerie  se  déshonore.  Plus  de  hiérarchie,  plus  de  classes;  la 
naissance  est  une  chimère, 

V,  51.   Nus  n'est  vilain^  se  de  cuer  non. 

Après  ce  cri  de  protestation  égalitaire,  dernière  tirade  du 
long  prologue,  la  toile  se  lève  sur  un  moulin  à  vent  fantas- 
tique, emblème  des  caractères  faux  et  versatiles  que  la  fiction 
met  en  scène.  Cette  fois,  les  acteurs  seront  pris,  non  plus  dans 
la  bourgeoisie  d'Arras,  mais  dans  la  noblesse  d'Artois  et  des 
pays  limitrophes  : 


1.  Ms.  «  c'on  11  sace  (sache)  offrir  ». 

2.  L'ambiguïté  du  dernier  vers  rend  la  traduction  contestable.  J'ai  com- 
pris «  reliver  »  dans  le  .sens  de  «  mettre  en  relief,  signaler  ».  M.  Jeanroy 
corrige  «  du  reliver  »  et  pense  qu'il  s'agit  «  des  reliefs  de  la  table,  de 
cadeaux  ».  Il  me  paraît  bien  difficile  d'harmoniser  cette  interprétation  avec 
le  contexte.  D'autre  part,  la  forme  «  reliver  »  pour  «  relever  »  est  assez 
insolite;  cependant  on  trouve  «  liver  »  et  «  lever  »  usités  concurremment. 
Woir  Floocant,  w .  109,  2364,  2371. 

Dans  cette  même  citation  se  rencontre  le  mot  «  paraut  »  que  le  Glos- 
saire rattache  à  «  parler  »  (V.  ce  mot).  Or,  le  subj.  prés.  sing.  de 
«  paroler  »  donne  «  paroi t - parout  ».  Ne  serait-il  pas  plus  normal  de  rat- 
tacher «  paraut  »  à  «  paraler  »,  le  subjonctif  de  «  aler  »  prenant  indiffé- 
remment les  formes  «  aille,  ait,  aut  »,  d'où  «  parait  =  paraut  »?  Le  sens 
général  de  la  phrase  reste  d'ailleurs  le  même. 

3.  Le  ms.  porte  correctement  «  vilains  »,  comme  dans  le  fabliau  Des 
checaliers,  des  clercs  et  des  vilains,  où  ce  vers  est  reproduit  littéralement 
(Méon,  FabL,  IIL  p.  29).  —  M.  Guy  a  suivi  la  vraie  leçon,  Introd., 
p.  19. 


10  A.  GUESNON 

V.  60.   Li  haut  liome  de  cest.  pais 

Se  sont  tout  asaniblé  ensamble 
Et  concordé  ont,  ce  me  samble, 
Kil  feront  un  muelin  de  vent 
De  cens  qui  ventent  plus  sovent 
Et  ki  mex  sevent  gent  ourler' 
E  ^  décevoir  par  bel  parler. 

Le  concours  est  ouvert;  a  qui  va-t-on  adjuger  le  moulin  ? 

Un  premier  «  venteur  »  le  réclame  ;  il  a  nom  (f  me  sire 
Bertous  )).  Adoptant  l'opinion  de  Windahl,  M.  Guy  identifie  ce 
personnage  avec  l'usurier  Bertoul  des  Vers  de  la  Mort\  C'est 
une  erreur;  celui-ci  était  un  simple  bourgeois^  Bertoul  Ver- 
dièrCj  mort  à  la  fin  de  l'année  1266,  tandis  que  Tautre  est  un 
chevalier,  dont  les  vers  suivants  font  connaître  la  résidence  : 

v.  74.  A  çou  k'il  maint  près  de  Blangi 
Il  afiert  bien  et  par  raison 
Li  muelins  soit  en  se  niaison. 

Le  seigneur  qui  se  réclame  de  ce  voisinage  amphibologique 
ne  peut  être  que  celui  de  Bailleul,  village  encore  appelé  de  son 
nom  Bailleul-sire-Bertoult  et  contiguà  Saint-Laurent-Blangy, 
aux  faubourgs  d'Arras.  Un  détail  topographique,  noyé  dans  le 
texte,  confirme  d'ailleurs  l'attribution  : 

V.  69.  A  qui  k'en  poist  le  fera  mètre. 

Lisez  «  Quikenpoist  »,  devise  de  forteresse  seigneuriale 
devenue  nom  de  lieu,  comme  a  Quikengrogne  »,  et  subsé- 
quemment  celui  de  moulins  féodaux  qu'on  rencontre  partout* . 

1.  «  Ourler  »,  c'est  proprement  circonvenir;  «  décevoir  »,  c'est  tromper. 

2.  Ms.  «Et». 

.3.  Index,  au  mot  Bertoul. 

4.  Sans  parler  de  la  Belgique,  il  existe  en  France,  d'après  leDict.  dos 
Po.sfns,  une  quinzaine  de  Quincampoix  diversement  orthographiés.  Un 
nombre  à  peu  près  égal  de  moulins  sont  déjà  relevés  sous  ce  nom  dans  neuf 
départements  sur  les  vingt  dont  on  a  publié  le  Dictionnaire  topoçiraphique, 
dans  la  collection  in-4°  du  Ministère.  Le  Nord,  le  Pas-de-Calais  et  la 
Somme  n'en  font  pas  encore  partie. 


LA  SATIRE  A  ARRAS  AU  XIH^  SIÈCLE  11 

Bailleul  avait  son  «  Quinquempoix  »;  c'est  là,  d'après  un  titre 
du  temps,  que  se  dressait  l'arbre  juridictionnel  de  la  sei- 
gneurie, sur  la  hauteur  en  venant  d'Arras\ 

Plusieurs  Bertoul  de  Bailleul  se  sont  succédé  au  xiii'  siècle. 
Le  premier  est  le  plus  connu  ;  déjà  chevalier  avant  1225,  il  nous 
a  laissé  diverses  chartes  comprises  entre  cette  date  et  1240'. 
C'est  vraisemblablement  à  son  fils,  encore  vivant  après  1280, 
que  la  satire  attribue  des  droits  sur  le  nouveau  moulin. 

Bertoul  a  pour  concurrents  deux  outres  gonflées  de  vent, 
«  me  sire  Gilles  Dolehaing  »,  —  lisez  «  d'Olehaing',  — et  le  sei- 
gneur deNédoncel.  L'un  aussi  vide  que  l'autre 

v.  8L  N'a  fors  que  vent  en  son  boucel, 

c'est-à-dire  «  dans  le  ventre  »,  dérivation  et  métaphore  qui 
s'expliquent  aisément,  surtout  en  tenant  compte  de  la  conson- 
nance  avec  «  bouc  »  du  néerlandais  «  bue,  buyc  =  ventre*  » . 
Il  n'y  a  donc  pas  lieu  de  rattacher  «  boucel  »  à  a  bourse  »  au 

1.  «  Lettres  de  Jehan  ds  Baillœul,  escuier,  sires  de  Piètre,  en  date  de 
l'an  mil  CGC  et  IIJ,  où  est  reprinse  la  vendition  d'un  flef  tenu  dudict  de 
Baillœul...  lequet  fief  se  comprend  en  set  mencaudées  de  terre  labourable 
gisant  au  camp  qu'on  dit  La  fosse  Amouri/,  joingnant  au  chemin  qui 
maisne  d'Arras  à  Hennin-Liétart,  entre  l'arbre  de  Quiquempoix  et 
Baillœul,  tenant  à  la  terre  Jacquemart  le  Ricque.  »  —  Arch.  du  Nord,  Ch. 
des  Comptes,  papier  non  inventorié  où  sont  analysés  sur  deux  feuilles  les 
titres  des  fiefs  tenus  du  gaule  de  Boubers  qui  dépendent  du  Pont-Levich  à 
Saint-Laurent. 

2.  Voir  les  additions  au  Caiiul.  de  Saini-Vaasij  vas.  de  l'Évêché 
d'Arras,  n"  475,  476,  598,  599,  612.  —  Il  est  encore  cité  en  décembre  1242, 
Inv.  de  la  Chambre  des  Comptes  de  Lille,  n°'  746,  747. 

3.  Olehaing,  aujourd'hui  Olhain,  est  une  dépendance  de  Fresnicourt, 
arr.  de  Béthune,  canton  d'Houdain.  Nédoncel  (Nédonchel),  arr.  de  Saint- 
Pol,  canton  d'Heuchin. 

4.  Les  chartes  du  Trésor  d'Artois  (Inr.  somm.,  A,  323  et  347)  offrent 
deux  mentions  de  «  boucheaux  de  cuir  »  en  1314  et  1329,  à  joindre  aux 
autres  exemples  du  mot  déjà  relevés  dans  les  dictionnaires.  Sur  l'étymo- 
logie,  voirLittré,  au  mot  Botte,  3,  et  La  Curne,  au  mot  Bouchaus,  note  1. 
Pour  le  sens  métaphorique^  comp.  dans  le  Jea  de  la  Feailléc,  v.  242  : 

Chascuus  est  malades  de  chiaus, 
Par  trop  plain  emplir  lor  bouchiaus 
Et  pour  che  as  le  ventre  enflé  si. 


12  A.   GUESNON 

moyen  d'un  a  bourcel  »  pris  métaphoriquement,  comme  l'in- 
dique le  Glossaire. 
Non  moins  sérieux  sont  les  titres  de  Mathieu  de  Trie  : 

V.  88.  De  soufler  onkes  ne  detrie, 

Mathieu  est,  selon  toute  vraisemblance,  le  comte  de  Dam- 
martin  mort  vers  127b\  Notons  cependant  qu'en  1278,  au 
tournoi  de  Ham^  un  homonyme,  son  proche  parent^  déjà  connu 
en  1276  ',  rompait  des  lances  en  compagnie  de  plusieurs  des 
personnages  mentionnés  ici  même  :  Gérars  de  Chanlle  (Chaui- 
nes),  Gilles  de  Neuville  avec  ses  deux  frères  puînés,  et  le  châ- 
telain d'Arras^ 

Ce  châtelain,  qualifié  de  «  cardonaus  «^  facétieusement  sans 
doute  pour  «  chardonnier*  n,  —  il  s'appelait  Bauduin,  surnom 
de  lane',  —  aspire  à  dresser  le  moulin  sur  le  faîte  de  la  prison 
d'Arras,  dont  il  est  le  gardien  féodal  : 

v.  107.  Que  c'est  un  Hus  u  sovenl  hille, 

onomatopée  à  double  entente,  rappelant  d'une  part  le  bruit  du 
vent,  flamand  «  huylen'  »,  de  l'autre  les  hurlements  et  les  cris 
des  prisonniers,  «  uller,  huiler  ». 

Et  dans  une  chanson  satirique  du  xiii'  siècle  contre  les  moines  noirs, 
citée  par  P.  Paris,  Hist.  Htt.,  XXllI,  p.  820  : 

Et  emplent  sovent  lor  bouciaus 
De  pain,  de  vin,  de  cras  morsiaus. 

1.  P.  Anselme,  Hist.  généal.,  t.  VI,  p.  653. 

2.  Léopold  Delisle,  Restit.  cVnn  volume  des  Oliin,  n"  260. 

3.  Fr.  Michel,  Romnn  de  Ham,  pp.  272,  278,  307-311,  359. 

4.  Sur  ce  thème  équivoque,  «  chardonax  »  et  «chardons  »,  Gautier  de 
Coinsi  avait  déjà  brodé  toutes  sortes  de  variations,  qui  ne  remplissant  pas 
moins  de  vingt  vers  de  son  poème  De  sainte  Lèocade.  —  Méon,  Fabl., 
I,  p.  299. 

5.  Pièce XVII,  v.  75  :    Ausi  com  asnes  bauduins  (baudet) 

Se  doit  servir  li  Auduins. 
De  même,  pièce  XXII,  v.  159  : 

Ermenfrois  sera  li  mausniers 
Et  sires  Bauduins  asniers; 
Çou  est  droiture  de  moliu 
Manoir  i  doivent  bauduin. 

6.  «  Den  windt  huylt  in  de  schouw,  »  le  vent  siffle  dans  la  cheminée. 


LA  SATIRE  A  ARRAS  AU  XIII"  SIÈCLE  13 

Une  autre  maison,  où  le  «  vent  »  souffle  en  tempête,  est  celle 
de  Neuville-Vitasse.  Le  poète  ne  tarit  pas  dans  ses  quolibets 
contre  cette  dynastie  seigneuriale,  où  les  aînés  se  succédèrent 
si  longtemps  sous  le  prénom  d'Eustache  (Witasse),  tandis  que 
le  cadet  portait  non  moins  régulièrement  celui  de  Gilles.  Une 
fois  cependant,  de  1248  à  1255,  on  voit  la  série  des  Eustache 
interrompue  par  un  Gilles,  seigneur  de  Neuville.  Est-ce  lui 
personnellement  que  vise  l'allusion,  est-ce  son  second  fils  ? 

V.  133.    Ghille  et  Ghillains  et  Ghiluis 

Ce  sont  cil  ki  wardent  sen  huis. 

Le  jeu  de  mots  n'est  pas  douteux;  c'est  là  tout  ce  qu'on  peut 
affirmer. 

La  verve  satirique  de  l'auteur  se  complaît  à  ce  genre  d'équi- 
voques, dont  il  abuse.  L'énumération  suivante  des  soi-disant 
vaissaux  de  Neuville  en  offre  un  nouvel  exemple  : 

v.   113.  Cil  de  Blangi,  de  Mentenai... 
Losinghehem,  cil  de  Fauvain  ^ 
Ki  loiauté  moustrent  en  vain, 
Cascuns  aporte  grant  faussait... 

\J Index  a  pris  a  Losinghehem  »  pour  un  nom  d'homme  ; 
c'est  une  commune  voisine  de  Lillers.  Il  interprète  «  cil  »  par 
«  celui  ))  ;  le  mot  est  ici  pluriel  :  «  ceux  »  de  Blangy,  de  Lo- 
zinghem,  de  Maintenay,  sur  l'Authie,  près  de  Campagne;  la 
différence  d'orthographe  a  sans  doute  égaré  les  recherches. 
Quant  à  Fauvain,  on  pourrait  à  toute  force  y  voir  Fevin, 
aujourd'hui  Febvin,  canton  de  Fauquembergues. 

Cette  fantaisie  topographique  a  d'ailleurs  pour  unique  objet 
de  servir  de  prétexte  à  de  nouveaux  rébus  sur  l'hypocrisie,  la 
fourberie,  la  duplicité  du  personnage  en  cause'. 

1.  Index,  Fauvain.  C'est  le  nom  de  «  la  fausse  asnesse  »  qui  porte 
dame  Guile,  dans  Renard  le  nouvel.  De  même  que  «  guile  »,  «  fauvain  » 
devient  le  synonyme  de  fourberie,  hypocrisie.  V.  ibid.,  v.  887,1255  et  la  fin. 

2.  Blandiri,  blandus  ont  donné  en  roman  les  verbes  «  blandir,  blander, 
blangier»;   les  noms  «  blande,  blandie,  blanderie,  blange,  blanche,    blan- 


14  A.  GUESNON 

Après  l'avoir  exécuté,  l'allégorie  fait  défiler  devant  nous  les 
autres  concurrents  et  les  fustige  au  passage.  Dans  le  nombre, 
quatre  se  sont  récemment  signalés^ 

V.  161.  A  lagrant  feste  a  Ilarponliu. 

Cette  localité,  dont  l'Index  n'a  pu  trouver  trace,  est  une 
dépendance  de  Bourges,  canton  d'Hénin-Liétard.  La  seigneurie 
en  appartenait  alors  à  Robert  de  Wavrin,  fils  de  Hellin  et 
dlsabeau  de  Béthune,  branche  cadette  des  sénéchaux  de 
Flandre'. 

Une  grande  fête  plénière  y  avait  été  créée,  on  ne  sait  à  quelle 
occasion.  Nos  bourgeois  s'y  rendirent;  ils  furent  brutalement 
assaillis,  plusieurs  même  culbutés  dans  les  douves  du  château 
par  les  chevaliers,  qui 

v.  167.  Tenoient  grans  basions  et  Ions, 
Dont  il  frôlent  sour  les  crêpons 
Et  par  mi  testes  et  par  bras 
Les  vilains,  les  bourgois  d'Arras. 

D'après    le    Glossaire,    les    coups    auraient   porté    sur   la 

chérie  »  ;  les  adjectifs  «  blans,  blande,  blanche.  »  La  dérivation  rencontrant 
en  chemin  notre  autre  mot  «  blanc  »,  celui-ci  de  provenance  germanique, 
il  y  eut  confusion,  le  nom  de  couleur  se  trouvant  correspondre  phonétique- 
ment à  l'idée  de  flatterie  et  de  fausseté  du  latin.  Mais  si  cette  homophonie 
prête  aux  jeux  de  mots,  elle  n'établit  pas  un  rapport  de  filiation  entre  des 
idées  qui  n'ont  rien  de  commun.  Il  n'y  a  donc  pas  métaphore,  mais  équi- 
voque. De  même  que  Blangi  fait  penser  à  «  blangir,  blangier  »  blandlri, 
Mentenai  à  «  mentir,  meiitiri  »,  Losinghehem  à  «  losengier  »,  Fauvain  à 
«  faux  »  et  «  vain  »,  de  même  «  blanc,  blanque  »  rappellent  «  blans, 
blande  »,  hlandiis  :  ce  .sont  des  calembours.  — Voir  Index,  au  mot  Blangi, 
Glossaire  au  motBlamc.  Cf.  XXII,  45,    108,  153. 

1.  Hugues  Fretel,  chevalier  (v.  151)  confirme,  par  acte  de  mars  1279,  un 
échange  de  terres  encloses  dans  le  manoir  de  Ransart.  —  Arch .  de  Pas-de- 
Calais,  Ccrcamp,  Demay,  Sceaux  d'Artois,  n°  311.—  Pierre  de  Maneincourt, 
chevalier  (v.  153),  Marguerite,  sa  femme,  et  Robert,  leurs  fils,  sont  cités  en 
1275  dans  un  acte  des  Oliin,  t.  II,  p.  72.  —  Manancourt,  Somme,  arr. 
de  Péronne,  canton  de  Combles. 

2.  F.  Brassart,  Une  cieille  Généalogie  de  la  maison  de  Wavrin,  pp.  26, 
27.  Douai,  1877,  in-8». 


LA  SATIRE  A  ARRAS  AU  XIII*»  SIÈCLE  15 

((  nuque  »  ;  de   nombreux  exemples  permettent  d'attribuer  à 
«  crêpons  »  un  sens  diamétralement  opposé'. 

V.  172.  La  n  oi-eni  il  pas  de  bras  joie 
Jakes  li  Noirs  et  Jakes  Joie. 

((  Joie  de  bras  »  est  resté  inexpliqué';  la  glose  «  accolées  » 
dont  cette  expression  est  suivie^  v.  97,  la  fait  sullisamment 
comprendre.  On  disait  de  même  «  fête  de  bras,  soûlas  de  bras  » 
pour  embrassades'. 

Nous  avons  vu  plus  haut  (XIV,  57)  que  Jacques  le  Noir  était 
mort  à  la  fin  de  l'année  1261  ;  la  composition  de  la  pièce  serait 
donc  antérieure  à  cette  date.  Jacques  Joie  cité  plus  loin  (XVII, 
100  et  XXIV,  115)  mourut  vers  la  fin  de  l'année  1270. 

Corrections:  v.  10,  reporter  le  point  et  virgule  àla  fin  du  vers 
suivant;  v.  48,  «  le  pieur  »  —  li  pieur;  v.  84,  «  c'ainques  »  — 
k'ainques  ;  v.  148,  «  u  que  je  voie  »  —  u  que  je  soie. 

Pièce  XVII,  p.  71.  — Que  chacun  fasse  silence!  Le  ménes- 
trel apporte  une  grande  nouvelle:  sachez  qu'on  va  instituer 
dans  Arras  une  confrérie  d'Auduins,  autrement  dit  des  maris 
domestiqués . 

En  dehors  de  l'équivalent  assez  ambigu  du  Glossaire, 
«  mari  débile  »,  M.  Jeanroy  ne  donne  sur  ce  vocable  aucune 
indication  philologique;  l'origine  en  reste  inconnue.  Scheler 
l'a  relevé  sous  la  forme  a  aduin  »  dans  le  conte  de  La  Veuve, 
où  il  est  synonyme  de  «  doux,  pacifique*».  C'est  là  vraisem- 
blablement le  sens  propre  du  mot;  car,  pour  emprunter  la 
définition  appliquée  ici  à  l'un  d'eux,  l'Auduin 

v.  99.  Çou  est  uns  hom  qui  het  bataille. 

De  cette  nature  apathique  et  débonnaire,  le  mariage  a  fait 
un  inverti, 

v.  50.     Li  Auduins  ki  n'est  mie  hom. 

1 .  Voir  les  Dictionn.  deGodefroy et  deLittréaux  mots  Crkpon  et  Croupion. 

2.  Glossaire,  au  mot  Bras. 

3.  La  Curne  de  Sainte- Palaye,  Dictionn..,  au  mot  Bras. 

4.  Tronc,  belges,  I,  p.  241,  vers  494^  et  note,  p.  348. 


16  A.    GUESNON 

La  femme  commande  en  maître,  il  est  l'esclave.  Se  plier  à 
ses  humeurs,  la  choyer  dans  ses  migraines,  lui  servir  de  page 
et  de  dame  d'atours;  et  puis  opposer  la  patience  de  Job  à  ses 
emportements,  le  silence  aux  invectives,  l'inertie  aux  horions, 
telle  est  en  substance  la  règle  des  Auduins,  dépouillée  des  déve- 
loppements humoristiques  qui  font  le  sel  et  l'enjouement  de 
cette  fantaisie. 

Dans  un  passage,  l'intervention  conciliatrice  de  saint  Tortuel 
nous  reporte  en  arrière  à  l'amusante  fiction  de  Jean  Auris  : 

V.  60.    Et  quand  il  voit  la  dame  he 
Par  le  vertu  saint  Tortuel 
Ki  maint  preudome  fait  muel, 
Dont  set  il  bien  k'il  pora  vivre 
Quant  il  le  sent  un  petit  ivre. 

«  Faire  muel,  »  c'est  rendre  muet,  c'est-à-dire,  en  parlant 
de  l'ivresse,  paralyser  la  langue.  «  Faire  le  muet,  —  faire  des 
contorsions,  des  gestes  ridicules»  —  serait  tout  autre  chose; 
mais  le  texte  ne  nous  paraît  guère  susceptible  de  cette  inter- 
prétation suggérée  par  le  Glossaire. 

V.  65.     On  doit  bien  sen  preudome  amordre 
Qu'il  aïut  le  buée  a  tordre, 
Mais  que  ce  soit  sans  recincier 
Que  ne  li  tourt  a  reprovier. 

Que  signifie  «  aider  à  tordre  la  buée  pourvu  que  ce  soit  sans 
recincier  (rincer)  »  ?  Si  l'on  pense  qu'il  y  a  nécessairement 
une  liaison  d'idées  quelconque  entre  ces  vers  et  le  paragraphe 
au-dessus,  dont  ils  sont  la  suite,  il  faut  bien  admettre  que 
l'une  au  moins  de  ces  deux  opérations  du  lessivage,  «  tordre  » 
et  «  recincier  »,  doit  être  prise  ici  dans  un  sens  détourné  la 
rattachant  à  la  bouteille.  Je  paraphraserais  donc  :  «  On  doit 
bien  l'amadouer  un  peu,  ce  brave  homme,  pour  qu'il  aide  à 
tordre  la  buée^  ;  mais  qu'il  n'essaye  pas  de  rincer  —  son  gosier, 
—  ou  gare  la  mercuriale.  » 

1 .  On  peut  se  demander  si  «  tordre  la  buée  »  n'est  pas  un  autre  jeu 
de  mots,  «  buée  »  prêtant  à  équivoque  avec  «  bevée  »  buvée,    buverie.  On 


LA  SATIRE  A  ARRAS  AU  XIII*  SIÈCLE  17 

Toujours  est -il  que,  sous  le  joug  de  son  tyran  domestique, 
l'Auduin  se  voit  peu  à  peu  réduit  à  la  seigneurie  grotesque  du 
pétrin,  y  compris  ses  accessoires, 

V.  70 sa  panière 

Et  cuerbille  et  rastiore  et  mait. 

En  vertu  de  cette  suprême  prérogative,  il  peut  maintenant 
prétendre  aux  honneurs  de  la  mairie. 

Le  premier  titulaire  de  l'emploi  sera  naturellement  le  fon- 
dateur de  l'association,  Bernard  Harduin,  bourgeois  d'Arras, 
inscrit  en  1260  parmi  les  obligataires  de  la  ville  de  Montreuil- 
sur-Mer\  A  ce  renseignement  biographique  s'ajoute  l'indica- 
tion suivante  : 

V.  80.      C'est  cil  qui  gist  tous  jors  al  tan. 

Était-ce  donc  un  tanneur  que  ce  prétendu  chef  de  corps,  ou 
bien  ne  serait-il  autre  chose  qu'un  mari  «  tanné^  »?  Pas  plus 
tanneur  as.surément  que  son  confrère  Huelart  Louchart'  n'est 
poissonnier  d'eau  douce  ou  meunier,  bien  que  dans  son  ménage 
abondent  les  «  tenches  »,  et  qu'avec  «  l'asnage  de  Blangi  »  il 
cumule  «  la  mouture  de  Puignel  ».  Les  allusions  personnelles, 
voilées  sous  des  jeux  mots,  font  de  ces  fantaisies  satiriques  un 
tissu  d'équivoques  : 

v.  82.  A  grans  caretes  et  a  cars 

Viennent  tences  a  sa  maison''  ; 
Il  fu  nés  en  celé  saison. 

comprendrait  alors  :  a  S'il  arrive  que  le  caprice  de  sa  femme  en  liesse 
associe  l'Auduin  aux  joies  de  la  bouteille,  qu'il  en  use  avec  discrétion  (sans 
recincier),  s'il  veut  éviter  une  semonce.  » 

1.  J.  de  Laborde,  Layettes  du  Très,  des  Ch.,  t.  III,  p.  545,  col.  B. 

2.  Sur  le  sens  figuré  de  ce  mot  au  xiu"  siècle^  voir  dans  Littré  Tanner, 
à  l'historique. 

3.  Huelart  ou  Huelos  Louchart  paraît  être  Hue  Louchart,  échevin  en 
avril  1265,  d'après  un  chirographe  de  l'hôpital  Saint-Jean-rEstrée,mort  à  la 
fin  de  l'année  1272. 

4.  Équivoque  sur  «  tence»,  dispute,  et  a  tence  )),tinca,  tanche,  poisson. 
Le  vers  suivant  tire  de  ce  calembour  rhoroscope  rétrospectif  du  person- 
nage. 

Moyen  Age,  t.  XIII.  2 


18  A.    GUESNON 

Il  a  conquis  par  irctage 
Cascui)  jour  le  Blangi  l'asnage^ 
Et  s'a  de  Puignel  le  meuture 
U  il  preut  toute  se  peuture. 

Bète  de  somme  et  coups  de  bâton,  telle  est  la  devise  de 
l'Auduin. 

A  cette  même  enseigne  symbolique  vont  être  logés  les  autres 
confrères,  Hancard  de  la  Warance^  André  le  Maire^  Mathieu 
de  le  Piere*,  Jacques  Joie",   Robert  le   Clerc"   qui    sera  leur 


l.Le  G/ossawrconfoud  1'  «asnée  »,  asinata,  avec  1'  «  asnage  »,  asnagium. 
Le  premier  mot  représente,  comme  mesure,  la  charge  normale  de  l'âne;  le 
second  se  rapporte  à  l'exploitation  de  son  travail  par  l'ànier  et  désigne  le 
droit  que  celui-ci  paye  en  retour  au  seigneur  du  moulin  ou  à  ses  tenanciers  . 
Mais  (c  Tasnagede  Blangi  »  n'est  ici  qu'un  prétexte  à  jeux  de  mots;  on  y 
sous-entend  la  servilité  obséquieuse  de  l'Auduin,  bien  mal  récompensée  par 
«  la  mouture  de  Puignel  »,  un  nom  qui  rappelle  pugnus  et  pugna,  comme 
Blangi  bîandiri,  avec  leurs  dérivés.  —  Il  n^en  est  pas  moins  réel  que, 
des  vingt-trois  moulins  alors  possédés  par  Saint-Vaast,  il  y  en  avait  quatre 
à  Blangy  sur  la  Scarpe.  Les  tenanciers  de  l'abbaye  livraient  les  ânes  et 
percevaient  l'a  asnage  ».  Le  moulin  de  Puignel  était  voisin  de  la  porte  de 
Puignel,  sur  le  Crinchon  extra-muros.  Il  faisait  partie  du  «  pouvoir  »  de 
La  Vigue,  fief  mouvant  de  Saint-Vaast  et  possédé  par  l'avoué  d'Arras, 
seigneur  de  Béthune.  Au  xv"  siècle,  c'était  un  moulin  à  huile  (Arch. 
comm.  d'Arras,  Rcg.  mèni.,  VII,  f  16  r",  mai  1428.  Ibid.,  CartuL,  C, 
p.  146,  sept.  1472).  Sur  les  moulins  de  Saint-Vaast  et  leur  régie  au 
xn'  siècle,  voir  Guiman,  CartuL  (éd.  1875),  p.  198,  143,  246,  247,  249, 
320,  321,  331,  332,  340,346,et  supplément  au  codex  de  l'Évêché,  n»^  616, 621. 

2.  L'absence  de  prénom  ne  permet  pas  d'identifier  ce  bourgeois  de  la 
rue  delaWarance  (aujourd'hui  des  Trois-Visages),  ainsi  nommée  d'une 
teinturerie  de  «  bouillon  ». 

3.  Voir  p.  20,  note  3. 

4.  Mathieu  de  le  Piere,  un  des  huit  sergents  héréditaires  de  la  rivière  de 
Saint-Vaast,  figure  à  ce  titre  dans  une  douzaine  d'actes,  dont  dix  chiro- 
graphes  originaux,  depuis  1254  jusqu'en  février  1270.  Il  mourut  cette 
année  avant  le  mois  de  septembre,  deux  ans  avant  Jean  Bretel,  son  col- 
lègue. Il  laissait  une  fille,  et  un  fils  clerc  nommé  Jean,  qui  alla  en  Pouille. 
Arch.  du  P.-de-C.  Saint-Vaast.  Prévôté  des  eaux.  Bibl.  comm.,  ms.  316, 
p.  261,  281.  Arch.  hospit.  Saint- Jacques,  chirogr.  Sa  maison,  rue  As- 
Têtes  (de  la  Charité),  est  mentionnée  dans  les  Hostagla  de  12G1,  f°  19  r°. 

5.  Mort  à  la  fin  de  l'année  1270.  Cf.  pièce  XVI. 

6.  Robert  le  Clerc  est  porté  au  Nccrologc  de  la  Confrérie  des  jongleurs  en 


LA  SATIRE  A    ARRAS  AU   XIII"  SIÈCLE  19 

doyen:  maris  tancés,  tannés, piles,  déplumés\  battus,  résignés 
quand  même,  sinon  contents. 

Ainsi  constituée  organiquement,  il  ne  manquait  plus  à  la 
confrérie  que  la  sanction  apostolique.  Un  délégué  est  déjà 
parti  pour  Rome,  d'où  il  rapporte,  en  guise  d'indulgence,  un 
talisman  infaillible  contrôles  violences  conjugales. 

Il  suffira  dorénavant  que,  chaque  soir,  le  mari  frictionne 
dévotement  le  gros  orteil  de  sa  compagne,  pour  que  celle-ci 
soit  tenue  en  conscience  de  lui  épargner  les  sévices  du  lende- 
demain,  et  ce,  sous  peine  d'être  privée  de  la  sépulture  ecclésias- 
tique. Ainsi  décrété  en  plein  synode  : 

v.  107.     Li  clergié  bien  s'i  assené 

S'ont  concorde  en  lor  plain  séné.. . 

Pour  rendre  le  vers  intelligible,  M.  Jeanroy  propose  la 
variante  «  bien  s'est  assené  »,  —  sans  s  final,  non  plus  qu'à 
«  clergié  »  (?).  La  phrase  se  comprendra  mieux  d'elle-même  en 
lisant  et  ponctuant  : 

Li  clergié  bien  s'i  assène  ; 
S'ont  concordé  en  lor  plain  sène 

A  propos  de  ce  dernier  mot,  que  le  Glossaire  'explique  à 
tort  par  «  sénat  »,  notons  que  le  «  senne  »  ou  synode  épiscopal 
d'Arras  et  la  foire  du  «  senne  »  en  Cité  sont  rappelés  dans  une 
foule  de  documents.  L'un  et  l'autre  se  tenaient  en  octobre,  le 
mardi  après  la  Saint-Denis^ 


1272,  vers  la  fin  de  l'année.  Est-ce  l'auteur  des  Vers  de  la  Mort?  L'hypo- 
thèse n'est  pas  invraisemblable,  mais  elle  ne  repose  que  sur  rhomonymie; 
or,  «  le  Clerc  »  était  à  cette  date  un  nom  bien  impersonnel. 

1.  Vers  101.  Cinc  keues  a  en  sen  huvet. 

Cinq  mèches,  ce  qui  lui  reste  de  cheveux  après  tant  d'assauts.  Ce  vers  a 
pour  pendant  :  Plus  est  piles  c'uns  pois  baiiens. 

Cf.  XVIII,   v.  174.    Sovent  li  fait  teste  emmelJee. 

2.  ((Le mardi  après  le  saint  Denise  ke  li  sennes  est  aArras.  »  —  Arch.  de 
l'hôp.  S. -Jean,  Chirogr.  Nov.  1278.  —  ((  Es  jours  de  l'Assuraption,  Nati- 
vité N.  Dame  et  le  jour  du  senne.  «Arrêt  du  pari.,  23  mars  1344,  v.  st.  — 
«  Es    jours  synodaulx  et  que  le  senne  siet  chascun  an  en  ladite  église.  » 


20  A.    GUESNON 

Les  éléments  chronologiques  de  la  pièce  en  font  remonter  la 
composition  avant  mars  1260.  Nous  savons  en  effet  qu'un  des 
bourgeois  d'Arras  cité  plus  haut,  André  le  Maire,  créancier  de 
Calais  en  1857  et  1258,  n'existait  plus  deux  ans  après\ 

Errata  :  v.  46,  «  Ce  n'est  pas  tort  »  —tors;  v.  57;  «  a  sen 
mengier  »  —  mengnier;  v.  79,  «  Por  cou  est  il  maires  »  — 
ert  il  ;  v.  103,  ms.  a  en  est  diiens  »  —  corr.  en  ertdiiens;  104, 
c'un  pois  — c'uns  pois. 

Pièce  XVIII,  p.  174.  — L'Empire  et.  la  Papauté  sont  en 
guerre.  Le  parti  de  la  discorde  soutient  l'envahisseur  ;  ceux 
qui  veulent  la  paix  déplorent  amèrement  qu'un  tel  scandale 
soit  donné  par  les  seigneurs  du  monde,  eux  qui  devraient, 
maîtres  impeccables, 

v.  17.  [Nous]  ensegnera  faire  bien, 

Et  ce  sont  cil  ki  n'en  font  rien. 

Et  le  ménestrel  de  conclure  que,  puisqu'il  s'attaque  à  Rome, 
l'empereur  n'a  ni  foi  ni  loi,  et  ne  songe  qu'à  abattre  la  chré- 
tienté. 

La  gravité  de  ces  réflexions  sur  les  affaires  du  temps  ne 
laisse  guère  soupçonner  que,  dans  la  pensée  de  l'auteur^  elles 
doivent  servir  d'introduction  à  une  satire  folâtre  contre  des 
célibataires  endurcis. 

La  transition  est  aussi  plaisante  qu'inattendue. 

Pour  maintenir  ses  droits  et  résister  aux  ennemis  qui 
l'assiègent,  le  pape  aura  sans  cesse  besoin  de  nouvelles  recrues; 
donc  il  convient  d'encourager  le  mariage  et  de  combattre  le 
célibat, 

Arrêt  du  pari.,  3  avril  1399.—  «  Au  jour  que  l'évesque  dudit  lieu  a  accous- 
tumé  de  tenir  son  senne,  qui  est  une  fois  l'an,  le  jour  de  mardi  prochain 
après  la  feste  S.  Denis  ou  mois  d'octobre.  »  —  Lettres  de  Louis  XI, 
Tournai,  févr.  1463,  v.  st.  —  Arch.  comm.  d'Arras.  Orig./«c.  chron.des 
Chartes,  Doc.  CXLV. 

1.  Arch.  du  Pas-de-Calais,  Très,  des  Ch.  d'Artois,  A,  13,  2  sept.  1257 
et  1  mars  1258.  —  A,  14, 1  mars  1260. 


LA  SATIRK  A  ARRAS  AU  XIII«  SIKCLE  21 

V.  37.     Por  le  pule  croistre  et  haucier 
QiCW  aidera  a  essaucier 
Sainte  Glise... 

En  conséquence,  les  cardinaux  ont  décidé  que  les  unions, 
jusqu'ici  canoniquemcnt  prohibées  au  quatrième  degré,  seront 
désormais  permises  «  en  tierc  point  »,  c'est-à-dire  au  troi- 
sième'. 

Sawalon  Doucet,  Tliibaut  Amion,  Sawalon  le  Borgne  en 
sont  ravis',  ils  vont  voir  enfin  se  réaliser  leurs  rêves.  Heureux 

1.  Lis.  avec  le  ms.  «  Qui  aidera  ». 

2.  Ces  degrés  se  nommaient  :  1"  cousin  «  frairin  »  ou  germain,  2"  cousin 
«en  autre  »  ou  second,  In  altoro  f/rada,  3°  cousin  «  en  tierc»,  4"  cousin 
«en  quart».  —  V.  Du  Cange,  Cosinus;  i-loisin,  Coutumes  de  Li/h',\)A01  ; 
Giry,  Hist.  de  Sain(-Oinci\  p.  473,  preuves,  XCII  :  «Déclaration  pour  le 
Zoeve  (Zoene)  de  mort  de  homme  ».  Cf.  ci-devant  pièce  V,  70  :  «  Vous 
estes  mes  cousins  en  autre  »,  inexpliqué  au  Glossaire^  Autre. 

3.  Sawales  (et  non  «  Sawalés  »)  Douces  mourut  avant  février  126G,  Très  . 
des  Ch.  d'Artois,  A,  15). 

Dans  les  noms  «  Sawales  —  Sawalon,  Waghes  —  Waghon,  Hâtes  — 
Haton,  etc.  »,  latin  Sawalo,  Wafjo,  Hato,  comme  dans  «  Hughes,  Hues  » 
de  Hu;/o,  la  syllabe  finale  du  cas  sujet  est  atone.  Cf.  «  Sawales  »  à  la  rime, 
XIX,  62,  et  K  Soales  »  li  Borgnes  ci-après,  même  note. 

Les  Thibaut  Amion  se  succèdent  pendant  trois  générations,  sans  qu'on 
puisse  voir  dans  ce  prénom  la  preuve  d'une  descendance  directe,  car  l'un 
d'eux  est  cité  en  1271  comme  fils  de  feu  Rikier  (Mcni.pour  Briois,  preuves,  I, 
p.  15).  Le  premier  Thibaut  mourut  à  la  fin  de  l'année  1250.  Le  second  était 
en  1261  propriétaire  voisin  de  Rikier,  —  du  Jeu  delà  Feuillée,  —  dans  la 
rue  Saint-Jean-Ronville  (Hostafjia)-  Le  troisième  était  homme  du  comte 
d'Artois  en  septembre  1280  (Arch.  du  Nord,  Abb.  des  Pi-ès,  orig.)  et  en 
1286  (Très.  d'Artois,  A,  32).  Il  mourut  en  1313. 

Un  premier  Sawalon  le  Borgne  mourut  en  1248,  un  autre  en  1254  (Nècro- 
lorje).  Peu  de  temps  auparavant,  figure  en  qualité  d'échevin,  dans  un  actedu 
l"juin  1252,  «  Soales  li  Borgnes  li  Jouenes  »,  vraisemblablement  fils  du  précé- 
dent et  le  personnage  de  cette  satire  (Arch.  hospit.  S(cint-J(ief/iies,c\m\  orig.). 
Marié  avant  oct.  1258  à  la  fille  de  Jean  Cosset,  il  entretenait  à  cette  date 
des  relations  financières  avec  Marguerite,  comtesse  de  Flandre,  en  com- 
pagnie de  Bartliélemi  le  Borgne  (son  frère f),  «  fils  de  feu  Sawalon  »  et  de 
Barthélemi  Verdière  dont  il  sera  question  plus  loin  (Godefroy,  lurent .  Ch. 
des  Comptes  de  Lille).  Il  mourut  avant  1276,  laissant  entre  autres  enfants 
un  fils  Sawalon,  qui  siégait  comme  homme  du  comte  aux  plaids  de  1286. 

Nous  ne  savons  quelle  place  faire  dans  ces  aperçus  généalogiques  à 
Sagalo  Strabo,  dont  la  veuve,  Marie  Gervaise,  fonda,  en  1270,  unechapellenie 


22  A.    GUESNON 

Gilles  le  Noir  et  Baude  clcPas\si  cette  loi  eût  été  promulguée 
plus  tôt!  Ils  ont  plaidé  en  vain:  leurs  mariages  sont  nuls  —  et 
leurs  bourses  vides. 

Ce  n'est  pas  tout  ;  le  sacré  collège  vient  de  faire  signifier 
aux  célibataires  de  quarante  ans  et  plus  quils  aient  à  se  marier 
dans  l'an;  sinon  ils  devront,  le  délai  expiré,  rejoindre  l'armée 
du  pape. 

Et  le  poète  dresse  aussitôt  les  rôles  de  ce  contingent  fantai- 
siste, en  décochant  à  chaque  nom  toutes  sortes  d'épigramraes, 
dont  les  sous-entendus  menacent  de  rester  lettres  closes  pour 
les  commentateurs. 

Voici  d'abord  Jacques  et  Heu  vin  de  la  Capele',  deux  céliba- 
taires irréductibles,  bien  résolus  à  «  aller  en  l'ost  »,  où  ilspor- 
teront  «  blance  baniere  »  et  crieront  «  Wailli  »  comme  signe 
de  ralliement. 

«  Blance  »  bannière  s'explique,  c'est  une  équivoque  cou- 
rante'; mais  «  Wailli  »,  qu'est-ce  à  dire*  ? 

au  Couvent-le-Roy,  béguinage  extra-muros  aux  environs  de  la  porte  Sai nt- 
Nicolas-sur-les-Fossés(B.  N.,  lat.  17737,  C'«;-/?f/.  f/cs  chapellenics,   f  94  r"). 

1.  Le  Nccroloijc  des  Jongleurs  enregistre  en  1238  un  Baude  de  Pas,  dont 
il  ne  peut  être  ici  question.  Celui  dont  les  Hostagin  de  l'église  Notre-Dame 
font  en  1261  le  copropriétaire  d'une  brasserie  en  Haiserue,  pourrait  bien 
être  le  nôtre.  M.  Guy  l'identifie  avec  un  Baude  de  Pas  (échevin  de  la  rue 
des  Maus  en  1290  —  Arch.  du  P.-de-C.,  Saint-Vaast),  dont  la  veuve  se 
remaria  en  1297  et  racheta  alors  du  comte  d'Artois  l'héritage  de  son  mari 
bâtard.  D'où  M.  Guy  conclut  que,  puisqu'il  y  eut  mariage,  l'union, d'abord 
annulée  pour  cause  de  proximité,  avait  dû  être  légitimée  depuis.  Nous  ferons 
observer  que  le  raisonnement  ne  vaut  que  s'il  s'agit  de  la  même  femme,  ce 
qu'il  faudrait  prouver.  Si  on  le  suppose,  il  en  résultera  que  la  convolante 
devait  être  septuagénaire,  puisque  notre  satire  est  antérieure  à  1250.  Ne 
serait-il  pas  plus  vraisemblable  de  faire  de  ce  bâtard  le  représentant  d'une 
troisième  génération,  et,  si  l'on  veut,  le  fruit  illégitime  du  mariage  annulé? 

2.  Noter  pour  mémoire  un  Helvinus  de  Capella  à  l'obituaire  de  N.-D. 
3  févr.  —  Bibl.  d'Arras,  ms.  740  —  et  Nécr.  des  Jongl.,  1242. 

3.  «  Dame  ceus  qui  sont  faus  dedans 
Et  blans  dehors  ne  créez  mie; 
Leur  parole  n'est  fors  que  vens.  » 

Chans,  de  Math.de  Gand.  —  Scbeler.  Troue,  belges,  I,  p.  131. 
Voir  pièce  XVI,  p.  13,  note  2. 

4.  L'Index  rattache  le  mot  "Wailli  au  cri  de  guerre  des  Angevins  «Valie», 


LA  SATIRE  A  ARRAS  AU   XIIl''  SIÈCLE  23 

Hellin  Audofroi  prend  la  même  décision,  ainsi  que  le 
frère  de  Warnier,  Jean  le  Cras,  qui  s'associe  pour  cette 
campagne  avec  Henri  au  Pié  :  l'un  sera  le  payeur,  l'autre  le 
fourrier' . 

Bertoul  Verdière  devait  suivre  leur  exemple';  il  a  tourné 
casaque  et  déclare  maintenant  à  qui  veut  l'entendre, 

V.  147.     K'awan  marier  ^se  vaura 

Le  nom  de  Witart  se  laura. 

«  Awan  ))  voulant  dire  cette  année,  la  phrase  finit  avec  le 
vers  et  demande  un  point  et  virgule.  Quant  à  a  witart  »  (sans 

d'après  une  citation  de  seconde  main  sans  référence.  Elle  est  titée  du  Roman 
de  Rou  (éd.  Pluquet,  I,  p.  238).  Les  deux  mots  n'ont  d'ailleurs  aucun 
rapport.  Sur  l'origine  du  dernier,  voir  Gni/don  (éd.  Guessard  et  Luce), 
V.  2197,  3943,  4983,  8231,  et  l'article  de  P.  Paris  dans  VHist.  liiL,  XXH, 
p.  238.  Notre  satire  XXH,  v.  34,  rapproche  Wailli  de  Mentenai,  dont  il 
semble  avoir  le  sens  équivoque. 

D'autre  part,  les  Vers  de  la  Mort  font  allusion  aux  «  gens  qui  Wailli  ont 
acensie  »,  périphrase  désignant  des  fourbes  tiefîés. 

1.  Le  Nêcroloffe  enregistre  Hellin  Audefroi  en  1257, Warnier  le  Cras  en 
1258,  un  premier  Jean  le  Cras  en  1262,  un  second  en  1272.  Jean  le  Cras 
possédait  en  1260  une  rente  viagère  de  50  liv.  sur  la  ville  de  Montreuil 
(J.  de  Laborde,  Lajjottns  du.  Très,  des  Ch.,  t.  III,  p.  54.5).  Par  lettres  de 
révêque  d'Arras,  du  3  nov.  1221,  Warnerus  clericus,  ([id  cocjnoinlnatuv 
Crassus,  eifililsui  Gerardus,  Johannes  et  Colardus,  cives  Atrehatenses, 
rendent  une  terre  qu'ils  tenaient  à  Courcelles  (B.  N.,  Moreau,  Chartes, 
vol.  189).  Ce  même  Warnier,  clerc,  intervient  en  janvier  1253  dans  le  pla- 
cement d'une  somme  donnée  par  lui  à  la  cure  de  la  paroisse  de  Sainte-Marie 
en  Cité  ^B.  N.,  lat.  17737,  f"  66  r").  En  novembre  1259,  il  donna  au  cha- 
pitre des  terres  à  Agny  {Licve  des  chapelains,  ms.  de  l'Evêché).  Son  obit 
est  inscrit  au  19  mai,  date  conforme  à  l'indication  du  Nécroloqe  (Bibl, 
d'Arras,  ms.  290). 

2.  Bertoul  Verdière,  déjà  cité  dans  une  précédente  note,  à  propos  d'un  acte 
de  1253,  et  plus  haut,  pièce  XVI,  possédait  en  1261,  divers  immeubles  au 
Val-Saint-Étienne  et  en  Héronval.  Le  Nècrologe  l'inscrit  en  1266.  Le  pre- 
mier Carttil.  de  Fland/-e  (Avch.  du  Nord)  mentionne  une  quittance  donnée 
par  la  comtesse  de  Flandre  à  ses  exécuteurs  testamentaires,  le  jeudi  après 
Pâques  1266(?)  Il  est  de  nouveau  question  de  ces  exécuteurs  en  1274  et  1279 
(Godefroy,  Inc.  d'Artois,  p.  435  et  493).  Les  douzains  CIV  et  CV  des  Vers 
de  la  Mort  roulent  sur  Bertoul,  ses  usures,  sa  maladie  et  son  testament. 
Ces  indications  précisent  la  date  du  poème. 


24  A.    GUESNON 

majuscule),  c'est  un  mot  de  signification  et  d'origine  obscures; 
il  parait  être  ici  l'équivalent  de  a  garçon  «  (célibataire'). 
Jacques  Fastoul  imitera  son  exemple'  : 

V.  154.   Mais  lues  ke  mariés  sera 

Paier  li  convenra  l'andouUe: 
Jou  ne  le  senc  pas  a  si  doulle 
K'au  paier  ne  truist  compaignon. 

«  Payer  l'andouille  »  se  rapporte  sans  doute  à  quelqu'une 
de  ces  amendes  burlesques  imposées  par  le  «  seigneur  des 
Chétifs  »  ou  toute  autre  juridiction  joyeuse  de  même  nature  aux 
jeunes  gens  nouveaux  mariés,  coupables  de  manquements  pré- 
tendus aux  règles  du  code  matrimonial.  On  a  compris  autre- 
ment; mais  le  sens  graveleux  auquel  pourrait  prêter  l'expres- 
sion semble  ici  peu  vraisemblable'. 

Raoul  Augrenon,  le  frère  de  Bauduin*,  ne  partira  pas  davan- 
tage, l'instinct  belliqueux  lui  manque, 

v.  IfiO.     Et,  s'il  prent  feme,  bien  afiert 
Que  il  de  li  soit  auduins. 

1.  On  trouve  ce  mot  sous  forme  de  sobriquet  :  «  Witars  de  Tournehem, 
fauconnier  du  roi,  »  juillet  1282  (i/ic.  soin,  du  Très,  des  Ch.  d'Artois, 
A,  28)  :  «.. .  pour  assaillir  Jehan  k'on  dist  Witart  en  se  maison  à  Gouves  » 
(Arch.  du  Nord,  Compte  du  bailliage  d'Arras,  Touss.  1308). 

2.  Le  Nêcrologe  enregistre  Jacques  Fastoul  en  1259. 

3.  La  Curne,  Dict.,  au  mot  A.ndouille. 

4.  Raoul  Augrenon  mourut  en  1273.  Son  frère  serait  le  «  seigneur  Bauduin 
Augrenon  »,  chanoine  d'Arras,  qui,  par  actes  d'octobre  1256  et  septembre 
1258,  devint  propriétaire  d'une  maison  en  Galeurue,  aujourd'hui  rue 
d'Amiens  (Arch.  du  P.-de-C,  Chapitre  N^.-D.,  orig.).  Cette  maison  est 
reprise  à  son  nom  «  dominus  Balduinus  dictus  Au  Grenon  »  dans  les 
Hostagia  de  1261,  f"  7.  11  la  revendit  en  1268  par  acte  du  23  avril  (B.  N., 
Moreau,  Chartes,  vol.  192,  f"  123).  11  est  inscrit  à  l'obituaire  de  N.-D. 
d'Arras  au  22  nov.  (Bibl.  d'Arras,  ms.  740  et  424)  et  aussi  à  l'obituaire  de 
N.-D.  de  Lens,  dont  il  fut  chanoine  (Ms.  collect.  Dancoisne).  Jean  Ver- 
diëre,  clerc,  acheta  en  nov.  1282  un  manoir  à  Méaulens,  «  lequel  fu  jadis 
à  maistre  Baude  Augrenon  »  (Arch.  du  ^.-à^-C,  Saint- Vaast,  chirogr.  orig.). 
Maître  Baude  Augrenon  est  l'auteur  d'une  chanson  d'amour  publiée  par 
Keller,  Roincart,  p.  276.  C'est  un  nom  de  plus  au  catalogue  des  poètes 
chansonniers  de  l'Église  d'Arras. 


LA  SATIRE  A  ARRAS  AU  XIIl'  SIÈCLE  25 

Bruriel  Doucet,  lui  aussi,  n'avait  cure  de  bataille,  et  le  mal- 
heureux a  pris  femme  !  —  une  femme  qui  ne  songe, 

V.  174.     Fors  de  faire  Brunel  mellee  : 
Sovent  li  fait  teste  enmell(e)e. 

Son  prénom  était  Robert'  ;  «  Brunel  »  n'est  qu'un  nom  de 
guerre,  dont  la  rencontre  équivoque  avec  «  mellee*  »  prélude 
aux  calembours  des  vers  suivants  : 

V.  179.     Car  en  testes,  en  diemences 
A  il  deus  mes,  limes  et  tences. 

On  devine  aisément  (jue  les  deux  plats  de  cet  ordinaire 
conjugal  ne  sont  ni  des  tanches  ni  des  limandes  ;  mais  des 
disputes  et  des  agacements  sans  fin. 

v.  181.     Espargnier  voel  un  mien  ami 
Ki  ier  soir  se  turka  a  mi  '  ; 
Il  a  a  non  Waas  li  Maire*. 

1.  «  Sacent  tout,  etc.,  ke  Jehans  Mikaingne  d'Arras,  bourgois  de  Douay, 
a  qui  té  et  quite  clamet  Jakemon  Doucet  ki  fils  fu  Robert  Brunel,  boigois 
d'Arras,  etc.  »  2  juillet  1271  (Arch.  de  Douai,  FF,  657,  chirogr.  orig.).  — 
Cf.  «  Michel  Doucet  d'Arras  appelé  Brunel  »,  juin  1290  (J.  de  Saint- 
Génois,  Inv.  Rupelmondc,  n°  532).  Le  Nècrologe  inscrit  Robert  Brunel 
en  1267. 

2.  «  Vous  qui  estiez  ung  peu  brusnel  et  meslé  de  cheveulx.  »  Prophéties 
de  Merlin.  —  Godefroy,  au  mot  Brunel. 

3.  Le  Glossaire  relève  Turkier  sans  l'interpréter.  Godefroy  renvoie 
à  TuRCHiER  qu'il  ne  donne  pas.  La  Curne  traduit  :  «  Passer  aux  Turcs, 
abjurer.  »  Or,  dans  tous  les  exemples  connus,  ce  mot  signifie  «  retourner,  se 
retourner  ».  Celui  que  cite  Méon,  Fabl.,  II,  p.  404,  porte  sa  glose: 

Li  moine  noir  sont  si  turque 
Et  ce  devant  derrier  torné. 
Dans  ce  mot,  La  Curne  ne  voit  que  la  métaphore,  mais  il  y  a  le  sens 
propre  à  expliquer.  Ne  viendrait-il  pas  du  Turc  monté  sur  pivot  qui 
recevait  les  assauts  des  jouteurs  aux  jeux  de  la  Quintaine?  La  volte-face 
de  ce  mannequin  expliquerait  étymologiquement  «  turkier  »  dans  ses  di- 
verses acceptions. 

4.  Vaast  li  Maires  est  porté  au  A't'cro/or/e  en  1271.  En  1267,  on  le  voit 
associé  à  Robert  Crespin  comme  créancier  de  la  comtesse  de  Flandre.  Son 
sceau  (pierre  gravée)  pend  à  l'acte  (Godefroy,  Inc.  chron.,  n°  1486  — 
Demay,  Sceaux  de  Flandre,  L  n°  4496). 


26  A.    GUESNON 

Ce  célibataire  a  jeté  son  dévolu  sur  une  femme  experte,  telle 
qu'il  faut  à  un  vieux  garçon. 

Mais  comme  Vaas  se  frotte'  un  peu  partout,  la  dame  craint 
la  concurrence,  et  elle  ne  se  décide  pas.  —  Singulière  façon 
d'épargner  un  ami  ! 

Mathieu  le  Roi'  serait  marié  depuis  un  mois,  si  une  mauvaise 
langue  ne  se  fût  avisée  de  dire 

V.  199.     K'il  ne  goustoit  de  venison 
Et  ke  si  oel  ont  menison 
Si  keil  ceurent  treslout  hors. 

On  comprend  la  lettre,  mais  quel  est  le  fin  mot  de  ces 
malices?  Il  nous  échappe  complètement. 

Enfin,  Wike  Reveaus'  affirme,  —  il  n'a  d'ailleurs  jamais  dit 
vrai,  —  qu'il  ne  se  mariera  pas  de  sitôt,  à  moins  de  prendre 
Robert  de  Gore*, 

V.  213.     Car  Robert  ne  veut  il  cangier 

Car  ses  roussoles  veut  mangier^ 

UIndex  et  le  Glossaire  s'accordent  à  voir  dans  ces  vers 
une  allusion  à  des  mœurs  inavouables''.  La  métaphore  serait 

1.  C'est  ce  que  «  tert  »  veut  dire  dans  le  vers  192  :  «  Por  çou  k'il  tert 
partout  se  queue.  »  Le  Glossaire  fait  suivre  Terdre  d'un  point  d'interro- 
gation :  le  sens  de  «  frotter,  essuyer,  tergere  »  ne  peut  être  douteux. 

2.  Le  Nécrolof/c  inscrit  Mathieu  le  Roi  à  la  fin  de  l'année  1259. 

3.  Wike  Reviaus  est  inscrit  au  Nécrologe  en  1262,  vers  la  Pentecôte. 

4.  Robert  de  Gore,  d'après  le  Nccrologc,  mourut  en  1249,  vers  décembre. 
Cette  date  serait  décisive,  si  l'identification  était  complètement  à  l'abri  des 
surprises  de  l'homonymie. 

5.  La  leçon  «  ronssoles  »  est  certaine  ici,  et  très  probable  ci-dessus,  I,  41. 
Le  Nècrologe  inscrit  deux  décès  sous  cette  rubrique  :  1195  Roissole;  1213 
Fasiens  roisole.  Le  mot  est  écrit  «  roinssoles »  dans  Méon ,  Fabl.,  I,  p. 279,  IV, 
p.  91,  et  dans  Jubinal,  Mgst.  du  XV  .s.,  II,  p.  404.  Jubinal  a  lu  «  Quirre  le 
moule  aux  roinssoles  »  au  lieu  de  «  querre  »  (chercher  la  quadrature  du 
cercle)  et,  chose  plus  grave,  il  a  expliqué  «  cuire  »  de  façon  à  tromper  la 
sagacité  de  P.  Paris,  qui  reproduit  de  confiance  la  leçon  et  la  glose,  Hisi. 
lia. ,  XXIII,  p.  216  (Cf.  B.  N.,  ms.  fr.  7218,  f°  341  v"). 

6.  Le  Glossaire  au  mot  RoussoUes:  «  XVlll,  214  :  sens  obscène.  »  — 
VIndex  au  mot  Gore  :  «  Individu  de  mœurs  suspectes.  » 


LA  SATIRE  A  ARHAS  AU  XIII^  SIÈCLE  27 

bien  étrange!  Tout  au  plus  pourrait-elle  s'entendre  de  la  par- 
ticipation d'un  intime  du  mari  aux  faveurs  de  la  dame.  Mais  il 
se  peut  aussi  que  le  trait  satirique  vise  uniquement  la  camara- 
derie intéressée  d'un  parasite,  ami  de  la  bonne  chère.  L'une 
ou  l'autre  de  ces  alternatives  doit  sullire  à  l'expliquer. 

La  liste  s'arrête  là,  sur  cette  réflexion  qu'elle  serait  intermi- 
nable s'il  fallait  y  comprendre  tous  les  célibataires  d'Arras  à 
marier  dans  l'an. 

A  la  plupart  des  noms  cités  se  rattachent  des  données  chro- 
nologiques, dates  mortuaires  et  autres,  dont  l'ensemble  per- 
mettrait déjà,  malgré  certaines  incertitudes  inhérentes  à 
l'homonymie,  d'attribuer  à  la  composition  de  cette  pièce  une 
date  extrême  sensiblement  antérieure  à  celles  des  pièces  pré- 
cédentes. Mais  le  texte  lui-même  nous  fournit  un  synchronisme 
non  moins  précis,  en  rappelant  dès  le  début  les  guerres  de 
Frédéric  II  contre  Grégoire  IX  et  Innocent  IV. 

Après  avoir  exposé  et  discuté  les  conditions  historiques  du 
problème,  M.  Guy  conclut  «  que  cette  satire  a  été  écrite  entre 
1246  et  1249  »,  solution  qui  offre  en  effet  beaucoup  de  vraisem- 
blance ;  et  il  ajoute  «  plutôt  vers  la  seconde  de  ces  dates, 
pui.sque  le  poète  parle  des  insuccès  de  l'empereur  (v.  28)'  ». 

Le  vers  sur  lequel  M.  Guy  fonde  cette  dernière  opinion, 

Gaaigner  cuide  et  il  tout  pert, 

ne  me  semble  avoir  aucun  rapport  avec  les  revers  éprouvés  par 
Frédéric.  C'est  une  simple  réflexion  empruntée  à  l'Évangile  de 
saint  Matthieu,  et  conséquemment  d'ordre  spiritueP. 

Peut-être  trouverait-on  une  raison  meilleure  pour  reculer 
la  date  de  cette  pièce,  au  lieu  de  l'avancer,  dans  cette  hypo- 
thèse que 

Et  cil  qui  ne  voelent  fors  pais 

renfermerait  une  allusion  aux  tentatives  infructueuses  faites 

1.  Voir  l'Index,  au  mot  Apostoile. 

2.  Qnid  cniin  prodcsl  hoininl  si  inunduni  uniccrsaia  lucrctur,  aninice 
rcj'o  suce  detrinxentum  patiatur .  Matth.,  xvi,  26. 


28  A.    GUESNON 

dès  1240,  et  surtout  par  saint  Louis  en  1245,  pour  réconcilier 
les  belligérants.  Cependant  le  plus  sûr  est  de  s'en  tenir,  pour  le 
moment,  à  la  date  de  1249  comme  dernière  limite  probable. 

Errata  :  v.  38,  k'il  aidera  —  ki  aidera;  y.  55,  k'i  s'esjoï  — 
ki  ;  V.  74,  pieç'a  —  pièce  a;  v.  124,  siwent  —  sic  eut  ;  v.  126^ 
Hellius  —  Hellins;  v.  143,  Mais  un  a  —  Mais  il  a;  v.  155, 
convenra  —  couveiira;  v.  143,  Waas  —  Vaas;  v.  189,  Et 
ligement  fu  — fast;  v.  214,  roussoles  —  ronssoles. 

Pièce  XIX,  p.  79.  —  Le  monologue  satirique  prend  cette 
fois  pour  thème  l'indélicatesse  professionnelle  de  certains  tra- 
fiquants d'Arras  en  laines  d'Angleterre'.  Le  jongleur  se  pré- 
sente d'abord  au  public  : 

V.  1.     Biau  signeur,  je  ne  sui  ne  sorciers  ne  devins, 
Semoneres  de  cors,  ne  crieras  de  vins, 
Ains  sui  li  mervilleus,  cil  qui  dist  les  mervelles: 
Por  cou  me  mande  on  as  f estes  et  as  velles. 

«  Mervelles  »  et  «  velles  »  ont  le  cachet  artésien  :  le  cham- 
penois Rutcbeuf  arimé,  lui  aussi,  les  ((merveilles»  de  ses  contes 
avec  leur  succès  aux  «  veilles  »  ;  mais  il  écrit  et  prononce  au- 
trement. Quant  au  ((  semoneres  de  cors  »,  dont  M.  Jeanroy 
propose  de  faire  ((  un  montreur  de  reliques  »,  c'était  le  crieur 
des  trépassés,  celui  qui  convoquait  aux  funérailles  ^ 

1 .  Nous  avons  imprimé  le  texte  de  cette  satire  avec  quelques  commentaires 
dans  une  notice  sur  le  Licre  rouge  de  la  Viniaine  d'Arras,  lue  au  congrès 
des  Sociétés  savantes  et  insérée  au  Bulletin  historique  et  pi dlo logique, 
année  1898. 

2.  Voir  Los  crieries  de  Pnrts,  dans  Méon,  Fahl.,  II,  p.  284,  v.  145' 

((  Item,  s'aucuns  confrères  trespasse  de  ce  siècle,  que  li  semonneur 
»  facent  semonce  d'iestre  au  corps,  les  confrères  et  tous  les  défalans  ki  ne 
»  seront  as  vegilles  et  à  le  messe  soient  deswagietde  V  s.  tournois,  dont  ly 
»  semonneur  aront  l'un  denier,  et  les  autres  IIII  deniers  revenront  au  pourfit 
»  doudit  hospital.  »  —  Statuts  de  la  confr.  des  pèlerins  de  S.  Jacques  de 
Tournai  antérieurs  à  1358.  Bull,  de  la  Soc.  hist.  de  Tournai,  t.  IX, 
p.  306.  Cf.  ((  Crier rez  des  corps  qui  crie  les  bans.  »  Deuxième  coutume 
d'Amiens,  §  26,  dans  Aug.  Thierry,  Tiers  État,  i.  I,  p.  161. 


LA  SATIRE  A  ARRAS   AU  XIII»  SIÈCLE  29 

Son  annonce  terminée,  l'auteur  se  fait  acteur  dans  le  rôle 
d'un  Anglais  récemment  débarqué,  que  la  peur  de  la  guerre  et 
le  souci  de  créances  en  péril  amènent  sur  le  continent.  Quinze 
sacs  de  laine  ont  été  vendus  par  sa  tante  à  divers  bourgeois 
d'Arras;  ceux-ci  renient  leur  dette.  Le  neveu  va  les  poursuivre, 
et  nul  ne  sera  si  puissant  qu'il 

V.  15.     Ne  le  face  semonre  dedans  Varceoeskié. 
On  dist  Jehans  Durans  en  a  une  sakié  . . 

Ce  dernier  mot  choque  les  vraisemblances;  la  véritable  leçon 
est  «  sakie  »  encore  usité  en  Artois  pour  «  sachée  »,  la  con- 
tenance d'un  sac.  «  Sakié  »  s'est  laissé  influencer  par  la  rime, 
bien  à  tort,  car^  à  côté  d'  «  arceveskié  »,  il  existe  une  forme 
féminine  «  arceveskié  »,  celle  qui  convenait  ici.  L'accent  doit 
donc  disparaître  de  l'une  et  l'autre  terminaison  \ 

Jean  Durant  marche  en  tête  des  débiteurs  récalcitrants,  dont 
vingt  seulement  sont  nommés  tout  au  long  dans  ce  réquisi- 
toire .  Dix  figurent  à  V Index  s-àns  aucune  indication  personnelle  ; 
les  autres  y  sont  très  inégalement  identifiés.  Dans  cette  pénurie 
biographique^  les  dates  mortuaires  que  le  Nécrologe  rattache 
à  douze  des  noms  incriminés  ne  sauraient  être  un  secours  né- 
gligeable'. D'autres  renseignements  peuvent  d'ailleurs  venir 
s'y  joindre. 

Sur  les  crieurs  et  la  ci'ierie  des  vins  à  Arras  vers  la  fin  du  xif  siècle, 
on  peut  consulter  Bodel  qui  les  met  en  scène  et  reproduit  la  formule  dans 
Li  jus  de  saint  Nicholai  (Monmerqué  et  Michel,  Théâtre  fr.  cm  nwj/cii 
ûrjc,  p.  180).  Cf.  Méon,  Fabl.,  II,  p.  282,  v.  123.  —  Les  crieurs  de  vin 
étaient  des  suppôts  de  l'échevinage  et,  comme  tels,  chargés  d'amener  les 
témoins  en  halle.  —  Arch.  du  P.-de-C,  Très,  des  ch.  d'Artois,  A,  127 
(1289).  Collect.   Dancoisne,    Comptes  des  baillis,  Chand.  1309. 

1.  Molt  l'onnera  tant  com  veschie. 
Chascun  an  par  l'arce veschie... 

Méon,  Fabl.  et  Contes,  I,  p.  271,  v.  25.  Autre  ex.,  ibid.,  p.  326,  v.  1370. 
Cf.  «  A  icel  tans  le  bon  evesque  Lambert  qui  fu  li  premerains  evesques 
d'Arraz  après  ce  que  ceste  eveschie  fu  dessevrée  de  l'eveschie  de  Cam- 
brai... ».  Mèin.  de  l'Acad.  d'Arras,  2'  série,  t.  XXX,  p.  81.  Cf.  Du 
Cange,  Epis  copia. 

2.  Us  sont  relevés  en  note  un  peu  plus  loin,  page  33. 


30  A.    GUESNON 

V.  26.     Et  Bernars  Ilarduins,  si  estTibaus  Reviaus. 

Le  premier,  déjà  vu  dans  la  satire  des  Auduins,  ne  nous  est 
connu  jusqu'ici  que  par  un  compte  de  Montreuil-sur-Mer,  où  il 
se  rencontre  en  1260  avec  d'autres  bourgeois  d'Arras,  souscrip- 
teurs aux  emprunts  de  cette  ville'.  Le  second  faisait  partie  de 
l'échevinage  en  1255,  1261  et  1262'.  Il  possédait  alors  une 
maison  au  «  pouvoir  »  du  Jardin,  vers  le  puits  de  Fromont'.  Il 
mourut  en  1263. 

V.  27.      Nis  Wautiers  Naimeri  n'i  ruis  jou  déporter 
S'il  ne  fait  celé  laine  en  maison  raporter  ; 
Ja  por  sen  bastoncel  ne  lairai  ne  li  rueve. 

Son  «  bastoncel  »  nous  révélerait  à  lui  seul  les  fonctions  offi- 
cielles de  Wautier  Naimeri,  si  le  poème  burlesque  XXIII,  168, 
ne  disait  formellement  : 

Et  Wautier  Nainmeri,  qui  fat  de  bon  sargant... 

Le  «  bâton  »  du  châtelain,  de  l'Église,  etc.,  était  une  expres- 
sion courante  pour  signifier  leur  juridiction*,  et  Wautier  Nai- 
meri exerçait  une  des  sergentises  de  cet  office  féodal,  tout  en 
se  livrant  au  négoce. 

v.  30.     As  cipaves  qu'il  fait  me  mostre  bien  et  proeve 
Qu'il  a  de  celé  laine  assés  plus  d'un  pezon  : 
.T'en  ai  le  contrepois  deriere  no  lezon. 

«  Cipaves,  »  grimaces,  doit  se  lire  «  cipaues  ».  On  l'a  vu  ci- 
dessus,  II,  15,  rimant  avec  «flauwes  »,  et  les  formes  graphiques 


1.  Voir  pièce  XVII,  note  2. 

2.  Arch.  du  Nord,  Premier  Cartiil.  d'Artois,  pièce  98.  Godefroy, 
Intent.,  n"  1111.  —  Arch.  de  l'hôpital  Saint-Jean-Lestrée,  Saint-Jacques, 
chirogr.,  orig.,  oct.  1261,  et  févr.  1262. 

3.  Hostagia,  i'  27. 

4.  Incent.  chron.  des  ch.  delà  cille  d'Arras,  doc.  CLXXXVI,  p.  2.34. 


LA  SATIRE  A   ARRAS  AU  XIII"  SIÈCLE  31 

«  chipoe  »  et  «  floe  »,  alors  concurremment  usitées,  attestent  la 
véritable  prononciation  \ 

V.  29.     Or  me  covienl  la  jus  en  l'abie  avaler. 
A  Henri  Huquediu  meconvenra  parler. 

Il  faut  lire  «  en  l'Abie  »  et  comprendre  «  rue  de  l'Abbaye*». 
Cette  rue  descendait  de  celle  de  la  Warance  à  la  porte  de  Méau- 
lens.  C'est  là,  près  du  Molinel,  que  demeurait  Henri  Huque- 
dieu,  dans  un  manoir  patrimonial  déjà  signalé  en  1170%  et  non 
dans  une  maison  de  l'Estrée,  comme  l'a  supposé  Y  Index'' . 

Ce  personnage  nous  est  surtout  connu  pour  avoir  eu  maille 
à  partir  avec  le  trop  fameux  frère  Robert,  l'inquisiteur  de  la 
foi.  L'acte  relatif  à  cette  affaire  nous  apprend  qu'il  fréquentait 
les  foires  de  Champagne.  Peut-être  était-il  dans  la  draperie, 
comme  semblent  l'indiquer  ces  vers  : 

V.  42.     Il  a  le  plus  naïue  de  le  laine  m'antain  : 

Bien  en  puet  faire  cape  por  çou  qu'il  est  capes, 
Mais  encor  n'est-il  mie  de  me  rime  escapés, 
Se  je  n'ai  celé  cape  qu'il  m'a  pieç'a  pramise. 
Je  croi  qu'ele  est  de  bure,  si  est  tote  remise. 

«  Por  çou  qu'il  est  capes  »  est  une  allusion  dont  le  sens  reste 
obscur.  Le  mot  de  l'énigme  pourrait  bien  être  une  de  ces  équi- 
voques coutumières  à  l'auteur,  comme  celles  du  dernier  vers, 
où  «  bure  »,  étoffe,  qui  s'entend  aussi  «  beurre  »,  correspond  à 
«  remise  »  dans  sa  double  acception  de  «  ditîérée  »  et  «  fon- 
due' ».I1  est  plaisant,  par  parenthèse,  de  voir  l'acteur  en  scène 


1.  Le  Glossaire  fait  dériver  Flauwe  de  Fabula;  c'est  un  mot  germa- 
nique, «  flau  »  faible,  ainsi  qu'à  la  fin  du  siècle  dernier  le  constatait  déjà 
J.  C.  Adelung,  Wôrterb.  des  hochdcutsch.  Mundart.  —  Cf.  J.  u.W.  Grimm, 

Wôrterb.,  à  ce  mot. 

2.  Voir  pièce  XVII,  note  sur  le  mot   Warance. 

3.  Guiman,  Cartulaire  de  l'abb.  de  Saint- Vaast,  p.  201. 

4.  Aux  mots  Bouteillier  et  Huquedieu. 

5.  «  Et  la  cire  remise  qui  sorondera  de  la  chandoile...  »  Méni.  de  l'Acad. 
d'Arras,  t.  XXX,  loc.  cit. 


32  A.    GUESNON 

interrompre  son  rôle,  pour  réclamer,  comme  trouvère,  le  man- 
teau qu'on  lui  avait  promis  et  qui  n'est  jamais  venu. 

Ajoutons  pour  dernier  renseignement  que  Henri  Huquedieu 
mourut  en  1272,  vers  la  Pentecôte. 

Cette  liste  des  vingt  débiteurs  nommés  se  complète  de 
quelques  autres  trafiquants,  dont  chacun  est  désigné  soit  par  sa 
fonction,  soit  par  un  prénom  qui  aujourd'hui  ne  nous  dit  rien  : 

v.  49.     Et  un  vallet  i  a,  que  ne  vos  os  nomer 

Par  deus  v  et  un  i  je  crois  ses  noms  conmence; 
Deus  elles  a  et  une  emme  et  [une]  esse  mes. 

«  La  réunion  de  ces  lettres,  »  dit  M.  Jeanroy,  «  forme 
Willms,  abréviation  de  Willaumes\  C'est  bien  le  sens  en  effet, 
mais  il  n'y  a  pas  d'abréviation;  le  mot  est  écrit  tout  au  long 
et  le  ms.  l'épelle  ainsi: 

Par  deus  v  et  un  i  je  croi  ses  noms  conmence  ; 
Deus  eLLes  a  et  v  eMme  e  esse  mes. 

Nous  n'en  sommes  pas  mieux  renseignés  sur  ce  Willaume, 
dont  la  personnalité  flotte  dans  le  vague  des  hypothèses'. 
On  en  peut  dire  autant  de 

V.  62.     Me  sire  Bauduïns  et  me  sire  Sawales, 

deux  parents  énigmatiques  d'un  maire  d'Arras  anonyme'.  Ce 
magistrat  lui-même  n'est  pas  complètement  à  l'abri  des  insi- 
nuations malveillantes  :  on  trafiquait  si  outrageusement  dans 
son  entourage! 

Mais  que  penser  d'un  archidiacre  d'Ostrevant  qui  s'en  va 
compromettre  l'Église  dans  des  spéculations  louches  sur  la  laine 

1.  Chans.  et  Dits  artès.,  p.  81,  en  note. 

2.  Peut-être  Guillaume  Faverel,  cité  dans  la  pièce  XXII,  165. 

.3.  «  Me  sire  Bauduins,  li  frères  le  maieur  d'Arras  et  me  dame  Ghille 
se  feme  »  sont  nommés  dans  un  acte  d'avril  1244  (1245?).  Arch.  duP.-de-C., 
So.int-Vaasf.,  chirogr.  orig.  —  Le  maire  d'Arras  Nicolas,  dont  nous  avons  le 
sceau  en  1245,  mourut  en  1250.  Est-ce  de  lui  ou  bien  de  son  successeur 
inconnu  qu'il  est  ici  question?  Quant  à  «  me  sire  Sawales  »,  notons  à  tout 
hasard  «  Sagalo  de  Attrebato,  miles  »,  mentionné  dans  un  acte  d'oût  1246 
(B.  N.,  lat.  177.37,  Rer/.  des  chapellenics,  f  63  v"). 


LA  SATIlîE  A  AKItAS  AL*   XllI^  SIECLE  33 

à  ma  tante?  C'est  à  juste  titre  qu'il  sera  traduit,  comme  ses 
coassociés,  devant  la  juridiction  compétente  au  castel  de  So- 
tinghehem,  vulgo  Arras\ 

Et  le  poète  de  s'étendre  avec  complaisance  sur  la  description 
de  cette  cour  symbolique  de  Soteville  en  pays  de  cocagne,  dont 
il  fait  le  domaine  de  la  folie,  couronnant  ainsi  par  une  allégorie 
insuffisamment  transparente  une  fiction  dont  on  a  peine  à 
démêler  la  véritable  portée  satirique. 

D'après  les  données  chronologiques,  cette  composition, 
comme  les  précédentes,  remonterait  au  delà  de  1260.  Si  l'allu- 
sion du  début  a  trait  à  la  guerre  des  barons  anglais,  et  c'est  le 
rapprochement  qui  vient  tout  d'abord  à  l'esprit,  la  date  de  1258 
s'impose. 

Cependant  le  doute  surgit,  quand,  parmi  les  noms  cités  dans 
la  pièce,  on  en  relève  six  dans  les  inscriptions  du  Nécroioge 
compris  entre  1244  et  1248'. Bien  qu'on  doive  toujours  compter 
avec  les  hasards  de  l'homonymie,  il  est  difficile  d'admettre  cette 
rencontre  pour  six  noms  à  la  fois,  dont  pas  un  ne   reparaît 

1 .  V Index  supposeque  Soflnr/Jw/iein  pourrait  bien  désigner  ici  le  sous-bailli 
d'Arras,  Guillaume  de  Hokinghehem  :  la  plaisanterie  du  texte  consisterait 
à((  changer  Ho/,inrjh('hcin  en  Sotiru/hc/icni  et  à  parler  de  ce  magistrat  comme 
du  château-fort  et  du  refuge  des  sots  ».  Quand  même  on  admettrait  la 
hardiesse  de  cette  figure^  l'hypothèse  ne  tiendrait  pas,  le  sous-bailli  en 
question  (1285-1290)  étant  de  vingt-cinqans  au  moins  postérieur  à  la  com- 
position de  la  pièce;  de  plus,  la  cause  ne  ressortissait  pas  à  son  tribunal. 
La  seigneurie  de  Hocquinghem,  canton  de  Guines,  et  celle  de  Zotteghem 
au  comté  d'Alost,  Flandre-Orientale,  n'ont  donc  aucun  rapport.  La  dernière 
doit  à  son  nom  équivoque  surtout,  et  peut-être  aussi  à  des  allusions  qui 
nous  échappent,  d'avoir  été  choisie  comme  siège  allégorique  d'une  juridic- 
tion spéciale  dépendante  de  Saint-Acaire. 

Nous  ne  voyons  non  plus  aucune  relation  étymologique  entre  ce  patron 
des  fous  et  le  nom  de  la  famille  «  Acariot,  Achariot  »,  qui  s'écrivait  aussi 
«  As  Charios  ».  —  Voir  VIndcv,  à  ce  mot. 

2.  Voici  les  douze  inscriptions  mortuaires  relevées  dans  l'ordre  chrono- 
logique :  Alars  Foubers  1243,  3'';  Wautier  Naimeri  1244,  2'*;  Jehan  Tenevel 
1248,  2''';  Thomas  Rairabert  lâ53,  3';  Martin  Veel  1255,  3^';  Hellin  Au- 
defroi  12.57,  2'-;  Jacques  le  Noir  1261,  2';  Gossuin  de  Hees  1261,  2";  Raoul 
le  Boutellier  1262,  2";  Thibaut  Revel  1262,  3'";  Jehan  David  1267,  3'^; 
Henri  Huquedieu  1271,  3*";  Wautier  Mulet  1274,  1". 

Moyen  Age,  t.  XIII  3 


34  A.    GUESNON 

ultérieurement  ni  au  Nécrologc  ni  ailleurs.  La  date  ci-dessus 
semble  donc  devoir  rétrograder  d'un  certain  nombre  d'années, 
quoique  peu  vraisemblablement  jusqu'à  la  guerre  de  1242. 

Ce  qui  tendrait  à  appuyer  cette  conjecture,  c'est  le  nom  de 
Bernard  appliqué  à  l'archidiacre  ci-dessus  visé  : 

V.  70.  S'il  cuke^  de  se  corne,  nus  ne  l'en  doit  blasmer, 
K'ainc  mais  ne  vi  Bernart  ne  mouton  si  cornu' ; 
Je  croi  de  grant  sience  a  il  tout  sen  cors  nu. 

Or,  Bernard,  archidiacre  d'Ostrevant  en  l'église  d'Arras,  est 
cité  dans  les  actes  en  1244,  1245,1248.  Son  successeur,  Mathieu 
de  Gand,  était  en  fonctions  en  1253'. 

Il  est  vrai  de  dire  que  Bernard,  surnom  de  l'âne,  l'archi- 
prêtre  du  Roman  du  Renard,  pourrait  n'être  ici^  comme 
ailleurs  «  renard  »  lui-même  (XV,  13),  comme  a  tartufe  », 
qu'une  simple  appellation  générique,  applicable  par  conséquent 
à  n'importe  quel  archidiacre  taxé  de  sottise  et  d'ignorance, 
auquel  cas  «  bernard  »  devrait  prendre  une  minuscule. 

Ce  point  reste  donc  indécis  jusqu'à  plus  ample  information. 

Errata  :v.  7,  Angleterre  — Engleierre;  y.  8,parpaor — par 
paor;  v.  27,  Nis  Wautiers  Naimeri  —  Wautier  Naimmeri ; 
V.58,  Jes  i  mesisse  tous  —  ms.  messisse;  v.  73  et  v.  78,  Signor, 
Sotinghehem  est  uns  moût  bons  castiaus  —  Sotinghehens; 
v.  74,  avoec  — -avoc;  v.  76,  Li  carpentiers  est  fol  —  est  fols; 
v.  78,  marqu[e]ans  —  marqueans. 

1.  Cukier,  c'est  ((choquer»;  on  le  trouve  répété  huit  fois  au  moins 
dans  le  Roman  de  Hain  {xui'  siècle),  publié  par  F.  Michel  à  la  suite  de 
VHist.  des  ducs  de  Normandie.  Le  mot  n'est  donc  pas  entré  récemment 
dans  la  langue,  comme  le  pensent  Littré  et  Bracliet. 

2.  «Bernart,  cornart,  mouton  cornu  »,  synonymes  de  sottise  : 

Qui  plus  est  SOS  et  bobelins 
Que  li  moutons  sire  Belins. 

G.  de  Coinsy,  Don  tllaiii charruier,  v.  267. 
3,Arch.  duP.-de-C,  Inc.  soinm.^sénQ  A,  p.  18,  19,  20,  col.  B.  —  Arch. 
du  Nord,  Inc.  des  ch.  de  la  Chambre  des  Comptes  (  impr.),  n"  814,  892, 
107.5. 

(.1  suivre). 


DOCUMENTS 

POUR  SERVIR  A  L'HISTOIRE  DES  MŒURS 

AU  XIIP  ET  AU  XIV«  SIÈCLE 


L'histoire  des  habitudes  sociales  et  des  mœurs  au  moyen 
âge  a  été  plus  négligée,  jusqu'à  présent,  que  celle  des  événe- 
ments et  des  institutions  politiques.  Ce  n'est  pas  ici  le  lieu 
d'expliquer  pourquoi.  Il  suffit  de  constater  que  ce  n'est  pas 
parce  que  les  documents  font  défaut. 

Les  renseignements  pour  l'histoire  des  mœurs  abondent  dans 
notre  ancienne  littérature.  J'ai  indiqué  ailleurs  les  précautions 
à  prendre  pour  les  utiliser  et  le  parti  que  les  «  philologues  », 
sinon  les  historiens  de  profession,  en  ont  tiré  depuis  vingt-cinq 
ans,  notamment  en  Allemagne'. 

Il  y  a  aussi,  dans  nos  archives,  quantité  de  documents  qui  sont 
des  sources  excellentes  pour  l'histoire  des  mœurs  privées  et 
publiques,  en  France.  —  Les  plus  expressifs,  sans  contredit, 
sont  ces  procès-verbaux  notariés  d'enquêtes  judiciaires  ou 
administratives,  par  demandes  et  réponses,  qui  reproduisent, 
avec  une  précision,  un  coloris  et  une  fidélité  si  rares,  des 
scènes  de  la  vie  d'autrefois.  En  comparaison,  presque  tous  les 
autres  textes  du  moyen  âge  laissent  l'impression  d'une  séche- 
resse ou  d'une  insincérité  dégoûtantes. 

Quelques-unes  des  enquêtes  assez  nombreuses,  sous  forme 
de  rouleaux  et  de  registres,  qui  ont  été  conservées  depuis  le 

1.  Les  tracaux  sur  l'histoire  de  la  société  française  au  moyen  âqe 
d'après  les  sources  littéraires^  dans  la  Reçue  historique,  LXIII  (1897), 
p.  241-265. 


36  cil.  V.    LAXGLOIS 

XIII*  siècle,  ont  attiré  de  bonne  lieure  l'attention  des  érudits, 
tant  à  raison  de  leur  ampleur,  —  il  en  est  qui  fourniraient  la 
matière  de  plusieurs  volumes  d'une  impression  compacte,  — 
qu'à  cause  de  l'intérêt  qu'elles  présentent  pour  l'histoire  poli- 
tique. La  plupart  des  épisodes  les  mieux  connus  de  l'histoire 
du  XIII''  et  du  xiv*^  siècle  le  sont  grâce  à  des  enquêtes  :  le  cas  de 
Pierre  de  Benais,  l'affaire  des  Templiers,  celle  de  Bernard 
Saisset,  les  aventures  de  Guichard  de  Troyes,  de  Bernard 
Délicieux,  de  Robert  d'Artois,  etc.'.  On  sait  que  le  tome XXIV 
(sous  presse)  des  Historiens  de  la  France  contiendra  tous  les 
fragments  qui  subsistent  de  la  grande  enquête  instituée 
en  1247,  par  Louis  IX,  pour  recueillir  les  plaintes  de  ses  sujets 
contre  les  officiers  royaux. 

Mais,  autrefois  comme  aujourd'hui,  les  causes  célèbres 
n'étaient  pas  toujours,  au  point  de  vue  qui  nous  occupe,  les 
plus  instructives.  En  tout  cas,  elles  ne  sont  pas  les  seules  qui 
soient  instructives.  Les  grands  procès  politiques  ou  semi-poli- 
tiques, exceptionnels,  qui  surexcitent  les  passions  et  boule- 
versent les  consciences,  révèlent  parfois  aux  contemporains 
eux-mêmes,  sur  la  société  dont  ils  font  partie,  des  choses 
profondes  qu'ils  ignoraient;  mais  la  gazette  quotidienne  des 
tribunaux  civils,  criminels  et  administratifs  est  riche  en  détails 
familiers,  savoureux,  typiques,  qui  sont  très  précieux,  en  leur 
genre,  pour  la  postérité.  —  Or,  le  temps  a  épargné  (par 
hasard)  les  comptes  rendus  circonstanciés  d'une  foule  de 
petites  affaires,  touchant  des  personnages  obscurs,  qui  se  sont 
passées  au  moyen  âge.  Ces  comptes  rendus  là,  les  historiens 
qui  ont  écrit  l'histoire  proprement  dite  (celle  des  événements 
politiques),  n'ont  pas  eu,  naturellement,  à  s'en  servir  ;  les 
historiens  du  droit  s'en  sont  servis,  mais  seulement  pour  en 

1.  Les  enquêtes  relatives  aux  affaires  de  Guichard  de  Troyes  et  de 
Ëobert  d'Artois  ont  été  étudiées  à  fond,  d'après  la  méthode  suivie  par  les 
auteurs  des  opuscules  ci-dessous  pubhés,  par  deux  de  mes  anciens  élèves, 
MM.  A.  Rigault  {La  Procès  de  Guichard,  cccqae  de  Troj/cs,  Paris,  1896, 
in-S"),  et  J.  Lefrancq  (Positions  des  Mémoires  présentes  à  la  Faculté  des 
Lettres,  1896,  p.  55). 


nOcl'MENTS    POIR    SEUMi;    A    I.'lIIS TOIIîl-:    OKS    MiEl'RS  37 

extraire  des  données  sur  les  formes  et  la  marche  de  la  procé- 
dure; plusieurs  ont  été  publiés,  mais,  pour  ainsi  dire,  acciden- 
tellement, dans  des  inventaires  d'archives  ou  dans  des  recueils 
de  Miscellanea  ;  beaucoup  sont  encore  inédits  '. 

Dans  ces  conditions,  j'ai  pensé  qu'il  y  avait  lieu  :  1°  de  se 
rendre  compte  de  ce  qui  reste  de  la  chronique  des  tribunaux 
pour  répoque  qui  est  l'objet  ordinaire  de  nos  études,  c'est-à- 
dire  le  siècle  qui  commence  vers  le  temps  de  l'avènement  de 
Louis  IX  :  2^  d'analyser  les  pièces  qui  paraîtraient  en  valoir  la 
peine,  avec  l'intention  de  relever  les  traits  caractéristiques  et  les 
renseignements  positifs  qui  s'y  trouvent  ordinairement  noyés 
dans  un  verbiage  sans  fin.  —  Tel  est  le  sujet  de  recherches  et 
d'exercices  en  commun  que  j'ai  proposé  aux  auditeurs  de  l'une 
de  mes  conférences  à  la  Faculté  des  Lettres  de  Paris,  pendant 
l'année  1898-1899. 

Un  répertoire  (provisoire),  sur  fiches,  a  été  dressé  des  procès- 
verbaux  d'enquête  du  xiii"  et  des  premières  années  du 
xiV^  siècle,  qui  existent  aux  Archives  Nationales,  à  la  Biblio- 
thèque Nationale,  dans  les  archives  et  les  bibliothèques  de 
province  '. 

Quelques  pièces,  parmi  celles  qui  semblent  inédites,  ont  été 
analysées,  à  titre  d'essai,  par  MM.  F.-E.  Martin^  Hiickel  et 
Alphandéry.  Elles  ne  renferment  rien  d'extraordinaire  ;  mais 
nous  ne  nous  attendions  à  rien  de  tel.  Ce  sont  simplement, 
comme  les  enquêtes  de  1247,  qui  vont  être  publiées  dans  les 
Historiens  de  la  France,  des  miroirs  de  la  vie  courante,   des 

1.  Plusieurs  pièces  intéressantes  ont  été  intégralement  publiées  par 
MM.  Delisle  (Cartulairc  normand)^  Boutaric  (Actes  du  Parlrmont  de 
Paris),  Guilliiermoz  (Enquêtes  et  Procès),  et,  à  l'état  de  documents  justi- 
ficatifs, dans  des  monographies  d'histoire  locale. 

2.  Le  «  Supplément  »  du  Trésor  des  Chartes  de  France  contient  la 
majeure  partie  des  documents  du  genre  de  ceux  que  nous  avons  recherchés 
qui  sont  à  Paris.  L'administration  des  Archives  Nationales  faisait  procéder, 
l'année  dernière,  à  la  réfection  de  l'inventaire  manuscrit,  si  insuffisant,  de 
dom  Joubert.  Il  est  à  souhaiter  que  l'inventaire  nouveau  soit  prochainement 
publié.  Il  nous  aurait  épargné,  si  nous  l'avions  eu  entre  les  mains,  un 
travail  considérable. 


38  F.-E.    MARTIN 

spécimens  de  faits  divers  comme  il  s'en  produisait  tous  les 
jours,  il  y  a  six  cents  ans.  Telles  quelles,  elles  procurent^  je 
crois,  une  impression  forte  et  directe  du  passé.  Nous  remercions 
le  Moyen  Age  d'avoir  bien  voulu  les  accueillir. 

Ch.-V.  Langlois. 


I.  —  L'AFFAIRE  Dl^  PIEKKE  DE  DALBS 

ABBÉ   DE   SAINT-PIERRE   DE   LEZAT 
(1253-1254)  * 

Depuis  le  mois  de  mai  1241,  Pierre  de  Dalbs  était  abbé  de 
Saint-Pierre  de  Lezat'.  Le  Gallia  Christiana^  \\x\  attribue 
l'entreprise  de  la  rédaction  d'un  cartulaire  de  son  abbaye  '  et 
l'obtention  du  droit  de  porter  les  insignes  pontificaux  en  1249 
ou  1250.  Il  est  qualifié  dans  cet  ouvrage  d'homme  «  actif,  avisé, 
sage,  industrieux*  ». 

Cependant,  en  1253,  des  plaintes  furent  faites  contre  lui  à 
l'abbé  de  Moissac,  «  des  plaintes  telles  qu'on  ne  pouvait,  sans 
scandale,  les  tolérer  plus  longtemps  ».  L'abbé  de  Moissac, 
Guillaume'  de  Bessencs,  chapelain  du  Pape,  en  réfère  au  Sou- 
verain-Pontife; et  le  1"  juillet  1253  le  mandement  d'enquête 
est  donné  par  Innocent  IV .  «  Ta  requête,  qui  nous  a  été  lue, 

•  Archives  départementales  du  Tarn-et-Garonne,  série  G  722  bis.  Rou- 
leau de  6  mètres,  parchemin.  Il  est  indiqué,  au  bas  du  rouleau,  que 
c'est  une  copie  des  actes  originaux,  faite  en  l'an  12.54,  au  mois  de  mars,  par 
Arnaud  Raimond  de  Villeneuve,  notaire  public  de  Bérat,  qui  a  transcrit 
la   plus  grande  partie  du   Cartulaire  de  l'abbaye  de  Lezat. 

1.  Lezat-sur-Lèze,  Ariège,  arr.   Pamiers,  C"  le  Fossat. 

2.  Gcdlia  Christlana,  t.   XIII,  col.  211. 

.3.  Ce  cartulaire  est  conservé  à  la  Bibl.  Nat.,  lat.  9189. 

4.  «  Strenuus,  sagax,  prudens  et  industrius.  »  Cf.  Histoire  générale  de 
Languedoc  (nouv.  éd.  in-4''),  t.  V,  p.  538. 

5.  La  pièce  G  722  his  porte  :  G.  de  Bessencs.  11  faut  lire  :  Guillelmus  ; 
Cf.  Bibl.  Nat.,  coll.  Doat,  n"  129,  pp.  304,  312,  316  et  suiv. 


i/akfaiui-:  I)K  imkruk  de  nALns  39 

contenait  que  P.,  —  qui  est  abbé  du  monastère  de  Lezat, 
immédiatement  soumis  au  monastère  de  Moissac,  de  l'Ordre  de 
Cinny^  du  diocèse  de  Toulouse,  —  en  négligeant  l'observance 
de  la  règle  et  en  se  laissant  aller  à  Tincontinence,  à  la  simonie 
et  à  d'autres  crimes,  offense  Dieu  et  scandalise  les  hommes, 
pour  le  péril  de  son  âme  et  l'opprobre  de  Tordre  du  clergé... 
Nous  mandons  à  ta  discrétion  de  t'acquitter  des  devoirs  de  ton 
office  au  sujet  de  la  correction  et  réformation  des  excès 
susdits...  )) 

En  conséquence,  l'abbé  de  Moissac  cita  à  comparaître  per- 
sonnellement devant  lui,  à  Belmont',  Tabbé  de  Lezat,  puis  les 
moines  dudit  lieu,  enfin  les  prieurs  qui  dépendaient  du 
monastère.  Au  jour  dit,  un  mercredi,  le  lendemain  de  la  fête 
des  saints  Apôtres  Jude  et  Simon  (29  octobre),  P.  de  Dalbs 
comparut  par-devant  l'abbé  de  Moissac.  Il  y  avait  une  si 
grande  multitude  de  laïques  présents  que  Fabbé  de  Moissac, 
craignant  d'être  gêné  dans  l'exercice  de  ses  fonctions  d'enc{uê- 
teur,  porta  une  sentence  d'excommunication  contre  quiconque 
(i  mettrait  obstacle  au  travail  de  l'enquête  ».  Alors  l'abbé  de 
Lezat  demanda  une  copie  du  rescrit  apostolique,  adressé  à 
l'abbé  de  Moissac.  Mais  la  nuit  approchait;  on  remit  l'affaire 
au  lendemain,  après  la  messe. 

Le  jeudi,  Pierre  de  Dalbs  redemanda  la  copie  du  mande- 
ment du  Pape  ;  il  réclama  aussi  la  copie  de  l'acte  par  lequel 
l'abbé  de  Moissac  l'avait  fait  citer.  Ces  deux  copies  furent 
faites  et  remises  à  Pierre.  —  Dans  tous  les  actes  de  ce  procès, 
l'abbé  de  Moissac  s'intitule  «  juge  unique  ou  enquêteur  établi 
parle  seigneur  Pape"  ». 

Les  formalités  préliminaires  se  poursuivaient  :  deux  procu- 
reurs avaient  été  constitués  par  le  couvent  de  Lezat  pour  le 
représenter  en  ce  procès,  que  l'abbé  de  Moissac  «  soulève 
contre  nous  et  aussi  contre  le  vénérable  seigneur  P.,  notre 
abbé  )).  Ces  procureurs,  le  frère  G.  de  Noerio,  sacriste  de  Lezat, 

1.  Belmont,  dans  l'archidiaconé  de  Lezat. 

2.  «  A  domino  Papa  judex  unicus  seu  inquisitor  constitutus.  » 


40  F--K-    MARTIN 

et  G.  de  Dalbs,  prieur  de  Saint-Antoine  de  Toulouse,  com- 
parurent devant  l'abbé  de  Moissac  et  lui  présentèrent  l'acte  de 
procuration.  Comparurent  également  les  prieurs  qui  avaient  été 
cités'  :  ceux  de  Montlandier',  de  Montredon*,  de  Sainte- 
Colombe*,  de  Bérat',  de  Saint- Antoine  de  Toulouse,  de  Pey- 
rissas*,  de  Saint-Micher,  de  Saint-Germier'. 

Mais  si  ces  ])ersonnages  avaient  comparu,  ce  n'était  pas  pour 
laisser  Tabbé  de  Moissac  mener  l'enquête  à  son  gré.  En  effet, 
le  sacriste  de  Lezat  et  le  prieur  de  Saint-Antoine  de  Toulouse 
présentèrent  alors,  au  nom  du  couvent  de  Lezat  et  desdits 
prieurs^  une  cédule  d'appel  :  Si  l'abbé  de  Moissac,  disent-ils, 
a  obtenu  le  mandement  apostolique  d'enquête  contre  «  notre 
révérend  père  P.,  par  la  grâce  de  Dieu,  abbé  de  Lezat,  homme 
sage  et  honnête,  également  circonspect  dans  les  choses  tempo- 
relles et  les  choses  spirituelles,  faussement,  accusé  par  lui  de 
divers  crimes',  auprès  du  Saint-Siège  )),  c'est  qu'il  a  invoqué 
indûment  la  dépendance  immédiate  du  monastère  de  Lezat  à 
l'égard  de  celui  de  Moissac.  Ils  protestent  longuement  contre  le 
terme  d'  «  immédiatement  soumis  »,  qui  entraîne  «  un  énorme 


1.  «  R.  de  Grandin,  prior  Montis  Landerii  ;  S.,  prior  Montis  Rodonis  ; 
Ar..  prior  Sancte  Columbe  ;  G.  de  Villa  Nova,  prior  Berati  ;  G.  de  Dalbs, 
prior  Sancti  Antonii  Tholosani;  B.  Jo.,  prior  de  Patricianis;  Ar.  de 
Lambes,  prior  Sancti  Michaelis  de  Sancianis;  et  frater  Martinus,  pro 
G.  de  Roer,  priore  Sancti  Germerii  de  Murello,  Lesatensi  monasterio 
subjecti. ..  » 

2.  Cl.  Histoirr  f/('>ncralc  de  Lanfjuedoc,  t.  VIII,  col.  1913.  Molandier, 
Aude,  arr.  Castelnaudary,  c°"  Belpech. 

3.  Il  y  a  plusieurs  Montredon  dans  le  Midi;  c'est  très  probablement  Mon- 
tredon  dans  l'Ariège^  c°"  Alzen. 

4.  Sainte-Colombe,  Ariège,  c°"  Saverdun. 

5.  Bérat,  Haute-Garonne,  arr.  Muret,  c""  Rieumes. 

6.  Cl.Hist.  de.  Laiifjucdor,  t.  V,  col.  1782.  Peyrissas,  Haute-Garonne, 
arr.  Saint-Gaudens,  c°"  Aurignac. 

7.  Saint-Michel,  ;Ariège,  arr.  et  c°"  Pamiers.  Cf.  Gallia  Christiana, 
1.  c.  :  S.  Michael  de  Saxianis. 

8.  V.  Hïst.  dt'Laitfjtirduc,  t.  V,  col.  118(5. 

9.  «  Viro  provido  et  honesto,  et  in  temporalibus  et  in  spiritualibus  cir- 
conspecto...  de  diversis  eriminibus  false  delato.  » 


L  AFFAIRR  DE  PIKRRK  DR    DAI-BS  41 

préjudice  »  pour  leur  liberté  et  celle  de  leur  monastère.  Car  la 
soumission  a  été  autrefois  demandée  par  Moissac  et  «  complè- 
tement refusée  »  par  eux.  Il  y  avait  eu  jadis  des  négociations  à 
ce  sujet,  menées  par  l'abbé  de  Moissac,  mais  non  en  son  propre 
nom,  au  nom  du  monastère  de  Cluny  ;  et  «  un  accord  avait  été 
presque  conclu,  arraché  par  la  ruse  et  par  la  crainte  à  ceux  qui 
vivaient  dans  le  monastère  de  Lezat'  o,  mais  l'accord  non  ratifié 
n'a  jamais  eu  aucune  valeur.  Bien  plus  :  non  seulement  l'abbé 
de  Moissac  a  manqué  à  sa  parole  en  réclamant  d'eux  indûment 
l'obéissance  manuelle  [liohedientiam  nia/iualeni),  mais  l'abbé 
de  Cluny  leur  a  écrit  «  de  n'admettre  la  Visitation  ou  la  correc- 
tion de  personne,  si  ce  n'est  de  lui-même,  ou  de  quelqu'un 
agissant  par  son  ordre  ».  «  Si  tous  ces  faits  avaient  été  portés 
à  la  connaissance  du  Saint-Siège,  jamais  ledit  mandement 
n'aurait  été  obtenu.  » 

Comme,  d'autre  part,  l'abbé  de  Moissac  «  s'efforce  de  diffa- 
mer et  de  déshonorer  leur  abbé,  et  de  nuire  à  l'honneur  et  aux 
intérêts  de  leur  couvent...,  ils  défendent  à  leur  abbé  d'ad- 
mettre la  juridiction  de  l'abbé  de  Moissac,  et  de  le  reconnaître 
comme  son  juge'  ».  Enfin,  ils  en  appellent  a  de  vive  voix  et  par 
écrit))  au  Siège  apostolique. 

Ensuite,  le  prieur  de  Sainte-Colombe  lut  une  protestation 
analogue,  pour  confirmer  la  précédente,  au  nom  des  prieurs 
cités\  Ils  prétendent  qu'ils  n'étaient  pas  tenus  de  comparaître 
devant  l'abbé  de  Moissac,  parce  que  le  rescrit  apostolique  ne 
faisait  d'eux  nulle  mention  et  que  l'abbé  les  a  cités  à  compa- 
raître personnellement,  sans  exprimer  l'objet  de  la  citation,  ce 
qui  est  contre  le  droit*.  De  plus,  ils  récusent  l'abbé  comme 

1.  «  Compositio  quedam...  dolo  indueta,  ac  per  metum  ab  illis  qui 
tune  temporis  in  nostro  monasterio  erant  extorta.  » 

2.  «  ... Inhibantes  venerabili  abbatl  nostro,  propterraciones  predictas,  ut 
prefatum  Moj^siacensem  abbatem,  occasione  dicte  coniissionis  aut  sue 
juridictionis,  admittataut  tanquam  judicem  consentiat.  » 

3.  «  Non  recedimus,  nec  intendimus  recedere  ab  appellatione  quam  nos 
et  conventus  Lesati. . .  ad  sedem  apostolicaui  intergessimus.  » 

4.  [  « Littera  vesti'e commissionisl  ...de  uobis  nullam  in  specie  vel  génère 


42  F.-E.    MAUTIN 

«  suspect  et  ennemi  »;  on  Ta  vu  persécuter  Fabbé  et  le  monas- 
tère de  Lezat.  attenter  à  leurs  droits  et  fréquenter  les  ennemis 
dudit  abbé  et  dudit  couvent.  Aussi  les  appelants  demandent- 
ils  l'élection  d'arbitres,  devant  lesquels  ils  feraient  la  preuve 
des  motifs  de  récusation;  ils  persisteront  dans  Fappel  au 
Saint-Siège  si  l'abbé  refuse  de  faire  élire  ces  arbitres. 

Celui-ci  n'y  est  nullement  disposé  :  il  n'admet  pas  ces  appel- 
lations et  les  déclare  absolument  vaines'.  Sa  seule  concession 
est  de  les  faire  rédiger  par  notaire  dans  le  procès-verbal,  en 
promettant  (nous  ne  voyons  pas  que  la  promesse  ait  été  tenue) 
de  leur  concéder  une  lettre  contenant  les  raisons  pour  les- 
quelles «  il  ne  déférait  pas  et  ne  devait  pas  déférer  à  leurs 
appellations  )). 

Alors  Fabbé  de  Moissac  se  met  en  devoir  de  procéder  à  l'en- 
quête; mais  P.  de  Dalbs  interjette  appel,  récusant  son  juge, 
pour  les  raisons  déjà  invoquées  par  les  prieurs  dépendant  de 
Lezat,  comme  suspect  et  comme  ennemi.  Et  là-dessus  il  lui 
fait  en  quelque  sorte  son  procès,  n'énumérant  pas  moins  de 
17  motifs  de  récusation.  —  Le  refus  de  l'obéissance  manuelle 
par  les  moines  de  Lezat,  dit  P.  de  Dalbs,  a  fait  concevoir  à 
l'abbé  de  Moissac  une  très  grande  haine  contre  lesdits  moines. 
L'abbé  s'est  employé  à  les  desservir  et  à  leur  nuire  cons- 
tamment :  dans  l'affaire  de  l'élection  de  B.  Barrau  à  l'église  de 
la  Daurade  * ,  il  a  tant  fait  en  cour  de  Rome  qu'ils  n'ont  pas 
pu  alors  obtenir  les  insignes  pontificaux';  auprès  de  Févêque 
et  du  comte  de  Toulouse,  il  les  a  empêchés  d'obtenir  des  pri- 
vilèges* ou  de  maintenir  les  leurs,  en  les  diffamant,  et  en 
se  servant  de  renseignements  sur  les  projets  secrets  du  cou- 

facit  mentionem,  maxime  cum  in  vestra  citatione  non  expiesseritis  ad  quid 
nos  feceritis  citari,  et  personaliter  contra  jus  nos  citaii  feceiitis,  que  omnia 
pro  gravamine  reputamus...» 

1.  «  Predictas  appellationes  non  admisit  sicut  frustratorias  et  inanes.  » 

2.  Notre-Dame  de  la  Daurade,  à  Toulouse. 

3.  D'après  le  Gallia  Christiana,  cet  honneur  leur  fut  accordé  en  1249 
ou  1250. 

4.  «  Reversi  fuiraus  vacui,  amissis  laboribus  et  expensis.  »> 


i,"aifaiuk  pk  pir:nuK  df,  n.M.ns  -13 

vent,  frauduleusement  obtenus.  Bien  plus,  il  a  décidé  plusieurs 
des  moines  de  Lezat  (et  parmi  eux  son  neveu),  à  diffamer 
leur  abbé  et  à  se  révolter  contre  lui.  Il  s'est  emparé  de  12 
de  leurs  églises  et  prieurés,  jetant  dehors  par  la  force  les 
moines  et  les  prieurs;  pendant  trois  ans  il  a  occupé  leurs  biens, 
«  enlevant  leurs  livres  à  ceux  de  nos  clercs  qui  étudiaient  à 
Toulouse,  emprisonnant  nos  envoyés  avec  leur  suite  ».  Il  mena- 
çait l'abbé  de  Lezat  de  le  faire  tuer  ;  «  avait  inventé  un  nou- 
veau genre  de  supplice  »  :  c'était  de  le  lier  nu  à  un  arbre, 
et  de  l'exposer  ainsi  aux  mouches  et  aux  autres  bêtes.  Par 
cette  persécution,  il  avait  fait  perdre  au  couvent  de  Lezat 
cinquante  mille  sous  de  Morlaas.  Ce  n'est  pas  tout  :  à  son  insti- 
gation, des  rebelles  avaient  brûlé,  au  prieuré  de  Bérat,  toutes 
sortes  d'instruments  nécessaires,  «  comme  des  échelles,  des 
enseignes  de  maisons,  des  cercles  de  tonneaux'  »,  il  a  soulevé 
la  population  de  l'endroit  contre  l'abbé  de  Lezat,  disant  faus- 
sement que  les  rebelles  en  question  n'étaient  pas  excommu- 
niés par  l'autorité  ecclésiastique.  Il  n'a  pas  cessé  d'être  en 
relations  avec  ces  rebelles  excommuniés,  promettant  cent  marcs 
d'argent  et  quelquefois  davantage  à  celui  qui  lui  livrerait 
l'abbé  de  Lezat  prisonnier.  Enfin,  il  n'a  pas  voulu  que  les 
moines  de  Lezat  assistassent  à  la  consécration  de  son  église. 

«  Vous  avez  agi  à  la  légère",  conclut  Tabbé  de  Lezat,  en  nous 
diffamant  auprès  du  Saint-Siège,  nous  qui  sommes  de  bonne 
renommée;  vous  vous  êtes  institué  contre  nous  à  la  fois  juge 
et  partie  ;  aux  termes  du  rescrit  apostolique,  ce  n'était  pas 
une  enquête,  mais  seulement  une  correction  et  une  reforma- 
tions que  vous  aviez  à  faire;  vous  nous  avez  cités,  nous  et  les 
nôtres,  dans  un  endroit  éloigné,  et  dans  un  court  délai,  afin  de 
nous  déclarer  contumaces  ».  «  Malgré  tout  le  respect  que  nous 
avons  pour  le  monastère  de  Moissac,  dit  encore  P.  de  Dalbs, 

1.  «  Sicuti  scalas,  distinctiones  domorum,  circulos  vegetum.  » 

2.  Et  ailleurs  :  «  Suspectam  habemus  impetuositatem  vestram  et  levi- 
tatem.  » 

3.  «  Non  inquisitio  sed  correctio  et  reformatio.  » 


44  F.-E.    MARTIN 

nous  excipons  contre  votre  personne,  parce  que  votre  légèreté 
nous  y  force.  D'abord,  parce  que  vous  êtes  coupable  d'horni- 
cide  multiple,  et  spécialement  de  la  mort  de  P.  B.,  ce  clerc 
que  vous  avez  fait  périr  en  prison,  de  faim,  de  soif  et  de 
froid;  nous  excipons  contre  vous  du  fait  d'incontinence  fré- 
quente, d'adultère  et  de  fornication,  de  parjure,  de  simonie, 
de  dilapidation  des  biens  du  monastère  de  Moissac;  enfin  de 
ce  que  vous  avez  été  plusieurs  fois  frappé  d'excommunication  : 
une  fois  pour  entente  avec  les  rebelles  dont  il  a  déjà  été  parlé, 
par  l'abbé  de  Saint-Aphrodisc,  en  ce  temps  juge  délégué  par 
le  Siège  apostolique,  ensuite  pour  des  voies  de  fait  contre  nos 
moines,  et  encore  pour  l'affaire  des  rebelles  par  l'évêque  de 
Carcassonne,  et  encore  par  l'abbé  de  Cluny.  Pour  tous  ces 
motifs  nous  vous  récusons,  et  sommes  prêts  à  faire  la  preuve 
de  tous  ou  de  ceux  qui  suffiront  à  la  récusation  légitime  devant 
des  arbitres  dont  nous  demandons  l'élection.  A  cause  des  griefs 
que  nous  avons  contre  vous,  nous  appelons  au  Pape  pour  nous 
et  notre  couvent,  pour  les  prieurs  et  les  églises  qui  dépendent 
de  nous  et  de  notre  monastère  de  Lezat  et  tous  nos  aidants  \  de 
vive  voix  et  par  écrit.  » 

L'abbé  de  Moissac  admit  alors  qu'il  y  avait  lieu  de  discuter 
si  les  motifs  de  récusation  étaient  suffisants,  et  s'il  fallait 
accorder  des  arbitres  aux  appelants.  Il  assigna  à  l'abbé  de  Lezat 
pour  ces  débats  a  un  jour  péremptoire  »  à  Muret',  le  lende- 
main de  la  fête  de  saint  Clément  (24  novembre).  Bien  qu'il 
déclarât  que  P.  de  Dalbs  n'en  conserverait  pas  moins  le  droit 
de  ne  pas  le  reconnaître  comme  juge,  celui-ci  n'accepta  pas 
l'assignation. 

A  partir  de  ce  moment  commence  l'opposition  passive,  mais 
absolue,  de  l'abbé  de  Lezat.  Le  lendemain  de  la  Saint-Clément, 
en  efîet,  il  ne  comparaît  pas  devant  l'abbé  de  Moissac  siégeant 
dans  l'église  de  Saint-Jacques,  à  Muret.  Le  juge  lui  envoie  le 

1.  «  Pro  nobis  et  conventu  nostro,  ae  prioribus  etecclesiis  nobis  et  ruonas- 
terio  Lesati  subjectis,  et  omnibus  valitoribus  nostris.  » 

2.  Muret,  Haute-Garonne. 


l'aFFAIIΠ   DK    PIKRKE    Dli    DALBS  4o 

curé  de  cette  église  avec  des  témoins,  pour  le  citer,  dans  Téglise 
de  Saint-Germier'j  près  de  Muret,  où  il  se  trouvait;  mais  il  ne 
se  laissa  pas  llécliir  et  n'envoya  pas  de  procureur.  Enfin,  à 
l'heure  où  l'on  ne  pouvait  plus  lire  des  lettres  au  jour*,  un  clerc, 
B.  Jean,  comparut  pour  lire  a  à  la  chandelle  »  une  ccdule 
d'appellation,  comme  procureur  de  Tabbé  de  Lezat  ;  il  dit 
qu'il  ne  venait  pas  au  jour  assigné  devant  l'abbé  de  Moissac 
comme  devant  un  juge,  mais  seulement  pour  signifier  appel,  et 
il  partit  sans  vouloir  montrer  au  juge  l'acte  de  procuration,  ni 
lui  laisser  une  copie  de  la  cédule  de  protestation  qu'il  avait 
lue  ;  aussi  n'est-elle  pas  transcrite  dans  le  procès- verbal,  qui  la 
résume  seulement. — Comme  P.  de  Dalbs  n'avait  ni  comparu  ni 
envoyé  «  un  procureur  idoine  »,  l'abbé  de  Moissac  le  déclara 
coutumace. 

Le  lendemain,  il  siégait  dans  l'église  de  Saint-JacqueSj 
entouré  de  prud'hommes  de  son  monastère,  parmi  lesquels, 
Arnaud,  grand-prieur,  et  G.,  prieur  de  Saint-Pierre-des-Cui- 
sines  de  Toulouse^;  alors  l'abbé  de  Lezat  parut,  disant  «  qu'il  ne 
venait  pas  devant  lui  comme  devant  un  inquisiteur  ou  un  juge, 
et  qu'il  n'y  viendrait  jamais  ».  C'était  ce  qu'avait  dit  son  pro- 
cureur, la  veille.  L'abbé  de  Moissac,  «  pour  triompher  de  son 
mauvais  vouloir'*  »,  assigna  le  lendemain  de  la  fête  de  saint 
André,  apôtre  (l'"'  décembre),  dans  l'église  de  Saint-Antoine  de 
Toulouse,  qui  dépendait  du  monastère  de  Lezat,  afin  de  dis- 
cuter sur  la  récusation  et  Télection  d'arbitres.  C'était  beaucoup 
oser  que  de  vouloir  siéger  dans  une  maison  du  monastère  de 
Lezat  :  en  effet,  enferma  la  porte  du  prieuré  de  Saint-Antoine 
lorsque  l'abbé  de  Moissac  y  voulut  entrer.  Il  siégea  donc  dans  le 
cimetière  de  cette  église,  et  remit  les  débats  au  lendemain  dans 


1.  ((  Qui  erat  in  ecclesia  Saucti  Germerii,  juxta  muros  de  Muiello.  » 

2.  «  Hoia  qua  non  poterant  littei'e  legi  de  die.  » 

3.  «  Cum  niultis  bonis  personis  sui  monasterii,  scilicet  cum  magistro 
Ar.  prière  majori  et  magistro  G.  priore  Sancti  Pétri  deCoquinis  Tholosani, 
et  pluribus  aliis.  » 

4.  «  Ad  ejus  maliciam  convincendam.  » 


46  K.-li.    MAKTIN 

l'église  de  Saint-Sernin-du-Taur%  également  à  Toulouse.  A 
l'heure  des  vêpres  seulement,  l'abbé  de  Lezat  comparut,  mais  ce 
fut  pour  répéter  ce  qu'il  avait  dit  à  Muret.  L'abbé  de  Moissac  le 
prit  au  mot,  cette  fois,  car  il  n'accepta  pas  les  appellations  qu'il 
lut  ;  d'ailleurs,  «  un  contumax  Vi\)\iQ\^r\i  n'est  pas  entendu  »,  dit 
le  procès- verbal.  Cependant,  par  condescendance,  l'abbé  de 
Moissac  fît  copier  dans  les  actes  du  procès  une  des  appellations, 
par  laquelle  P.  de  Dalbs  se  plaignait  des  frais  qu'avaient  en- 
traînés les  voyages  entrepris  par  lui  pour  répondre  aux  citations. 

L'appellation  du  couvent  de  Lezat  ne  fut  pas  reçue.  Les 
moines  ne  voulaient  pas  entrer  en  discussion  «  et  persistaient 
dans  l'état  de  contumace  ».  L'abbé  de  Moissac  passa  outre  et 
assigna  un  jour  (le  vendredi  avant  la  fête  de  saint  Thomas, 
19  décembre)  à  Montgazin'',  dans  l'archidiaconé  de  Lezat, 
pour  les  dépositions  des  témoins  sur  les  articles  qui  avaient 
motivé  l'intervention  du  Saint-Siège.  Il  cita  Hugues,  prieur 
de  Lezat,  G.  de  Noerio,  sacriste  dudit  monastère,  G.  de  Dalbs, 
prieur  de  Saint-Antoine  de  Toulouse,  et  Ar.  Crespels,  prieur 
de  Sainte-Colombe  de  Saverdun,  qui  étaient  présents;  il  cita 
aussi  par  lettre  les  prieurs  de  Saint-Germier  de  Muret,  de 
Bérat  et  de  Peyrissas,  et  les  moines  de  Lezat. 

Au  jour  fixé,  comparut  un  moine  de  Lezat,  Vidal  d'Ysaort, 
qui  craignant  la  colère  de  son  abbé,  venait  demander  d'être 
protégé  contre  lui.  Alors  le  sacriste  de  Lezat,  G.  de  Noerio, 
seul,  se  présenta  aussi  devant  l'abbé  de  Moissac  ;  mais  ce 
n'était  pas  pour  faire  sa  déposition,  bien  qu'il  fût  cité  ;  il 
répéta,  une  fois  de  plus,  qu'il  ne  venait  pas  devant  l'abbé  de 
Moissac  comme  devant  un  juge;  il  venait  seulement  demander 
de  la  part  de  P.  de  Dalbs  que  Vidal  d'Ysaort  rentrât  à  Lezat. 
«  On  répondit  qu'il  ne  pouvait  ni  ne  devait  rentrer  pour  le  mo- 
ment, car  il  était  nécessaire  pour  dire  la  vérité  dans  l'enquête.  » 

L'abbé  de  Moissac,  voulant  faire  preuve  de  condescendance, 


1.  Aujourd'hni  X.-D.  du  laur. 

2.  Montgazin:  Haute-Garonne,  arr.  Muret,  C^"  Carbonnei 


l'affaire  de  pierue  de  dalds  47 

cita  de  nouveau  Ttibbé  de  Lezat,  les  prieurs  et  les  moines 
pour  le  vendredi  après  l'Epiphanie  (9  janvier  1254).  Ce  jour-là, 
il  siégea  à  Saint-Sernin-du-Taur  de  Toulouse  jusqu'à  la  nuit  : 
deux  témoins  seulement,  Vidal  d'Ysaort  et  Augier,  moines  de 
Lezat  et  prêtres,  prêtèrent  serment  et  déposèrent.  Des  douze 
prieurs  ou  moines  cités  comme  témoins  pour  le  samedi  après  le 
dimanche  de  la  Quadragésime'  (6  mars),  à  l'église  du  Taur, 
aucun  ne  comparut. 

Cependant,  il  sullitque  l'abbé  de  Moissac  se  transportât  en 
personne  au  monastère  de  Lezat  pour  qu'il  y  trouvât  tous  les 
témoins  cités,  qui  déposèrent  amplement.  Ce  fut  le  samedi 
après  la  fête  de  saint  Georges  (25  avril),  et  le  jeudi  après  le 
dimanche  où  l'on  chante  «  Jubilate  Deo  »  (7  mai)  que  ces 
témoins  furent  enfin  interrogés  par  l'abbé  de  Moissac,  assisté 
d'Arnaud  de  Fumel,  notaire  de  Toulouse,  de  maître  G.,  prieur 
de  Saint-Pierre-des-Cuisines  de  Toulouse,  et  de  B.  du  Pin, 
sacristede  Campredon',  moines  de  Moissac  et  prêtres. 

Les  Dépositions 

Il  y  eut  trente-six  témoins  entendus,  parmi  lesquels  :  Guil- 
laume de  Birac,  chevalier,  oblat  de  l'église  de  Lezat,  P.  de 
Montredon,  notaire  public  de  Saverdun,  Ar.  de  Bruno,  écri- 
vain public  ;  les  autres  sont  des  moines  de  l'abbaye  de  Lezat, 
ou  en  dépendant,  ou  des  clercs  oblats  de  ce  monastère.  Au 
reste,  chacun  d'eux  dit  que  les  crimes  de  leur  abbé  étaient 
connus  publiquement',  ce  qui  confirme  la  parole  d'Inno- 
cent IV  en  son  mandement  :  «  Il  offense  Dieu  et  scandalise 
les  hommes.  »  Les  articles  sur  lesquels  les  témoins  furent 
interrogés  étaient  au  nombre  de  sept  :  incontinence,  alié- 
nation et  dilapidation  des  biens  du  monastère,  parjure,  simo- 

1.  Feria  sextapostdominicam  in  xl'\ 

2.  Ar.  de  Fumello  et  B;  de  Pinu,  sacrista  Campi  Rotundi.  —  Campre- 
don,  Ariège,  commune  deVilhac; 

3.  «  Publiée  diffamatus  est;  » 


48  F.-E.    M.VKTIX 

nie,  faux  et  violation  de  la  règle.  Mais  ils  peuvent  se  réduire  à 
six,  car  constamment  on  confond  les  faits  d'aliénation  et  de 
dilapidation  des  biens  du  monastère. 

I.  Incontinence.  —  L'incontinence  de  P.  de  Dalbs  était  de 
notoriété  publique  ;  il  l'exerçait  en  tous  lieux.  Tout  d'abord^  à 
Lezat,  il  entretenait  deux  femmes,  nommées  Munda  et  Mar- 
tine, t^u'il  faisait  souvent  venir  dans  sa  chambre  :  il  y  tint  même 
Munda  pendant  toute  la  semaine  sainte.  «  Ces  deux  femmes  se 
montraient  fort  jalouses  l'une  de  l'autre;  on  les  vit  pour  cela  se 
battre  en  public.  »  De  Munda  il  avait  plusieurs  enfants;  et  il 
lui  trouva  un  mari  de  la  façon  suivante:  il  offrit  à  un  certain 
R.  de  Baion  de  l'épouser,  celui-ci  sur  son  refus  se  vit  priver 
du  pain  et  du  vin  auxquels  il  avait  droit  à  rabba37e;  un  cer- 
tain G.  Pierre  accepta  et  reçut  en  récompense  le  pain  et  le  vin  de 
l'abbaye,  avec  une  charge  de  notaire.  P.  de  Dalbs  maria  de  même 
une  de  ses  maîtresses  à  son  cousin  germain,  Pons  de  Sivraco. 
L'abbé  de  Lezat  a  eu  un  commerce  charnel  avec  des  femmes^ 
de  toutes  les  classes  de  la  société,  procédant,  soit  par  la  force 
(il  en  emprisonnait  certaines  jusqu'à  ce  qu'elles  eussent  cédé), 
soit  par  la  séduction  :  à  Muret,  c'est  sa  cousine,  Fabrisse  de  la 
Tour,  femme  d'un  notaire;  à  Saverdun,  la  mère  et  la  fille;  à 
Saint-Germier,  c'est  la  servante  du  prieur;  ailleurs,  ce  sont  des 
courtisanes,  une  Lombarde,  une  Catalane;  ou  bien  des  femmes 
mariées.  A  Toulouse  même,  il  a  une  maîtresse,  la  sœur  de 
Guillaume  Calaub,  dont  il  a  eu  des  enfants.  Une  de  ses  concu- 
bines, nommée  Triolette,  dépose  «  qu'il  a  eu  affaire  avec  elle 
dans  une  chambre,  à  Saint-Ybars*  et  ailleurs  ».  L'acte  le  plus 
immoral  de  P.  de  Dalbs  est  celui-ci  :  «  Il  fit  avec  Richarde 
de  Maornaco  le  pacte  de  recevoir  elle  et  son  fils  comme 
oblats  de  l'église  de  Lezat,  si  elle  lui  livrait  sa  fille  pour 
un  commerce  charnel.  Et  ainsi  fut  fait.  »  Hugues,  prieur  de 
Lezat,  accuse  aussi  son  abbé  «  du  vice  sodomique  ». 

1.  «  Defloravit  a2:)ud  Lesatum   .V.  mulieres.  » 

2.  Saint-Ybars,  Aiiège,  arr.  Pamieis,  c""  le  Fossat. 


l'akfaiui-:  dk  i'ii;i;i;i';  m-:  dai.ms  -19 

II.  Aliénation  et  dilapidation  des  biens  du  monastère.  — 
P.  de  Diilbs  est  accusé  d'avoir  vendu  au  comte  de  Foix'  la 
moitié  des  droits  dont  son  monastère  jouissait  dans  la  ville  de 
Lezat^  et  la  moitié  des  droits  possédés  dans  la  ville  de  Saint- 
Ybars.  Il  a  obligé  l'abbaye  de  Lezat  à  l'alberge  de  cent  cheva- 
liers chaque  année  ou  au  payement  de  cent  vingt  sous  de  Morlaas, 
en  vendant  une  donation  qui  avait  été  faite  au  monastère.  Il  a 
encore  forcé  les  prieurs  a  lui  payer  des  impôts.  Et  des  sommes 
ainsi  obtenues  il  n'a  rien  consacré  aux  intérêts  de  l'abbaye, 
mais,  au  contraire,  il  a  tout  gardé  pour  son  usage  personnel. 

On  verra  d'autre  part  que  certains  des  faits  de  simonie  qui 
lui  sont  reprochés  se  confondent  avec  le  crime  d'aliénation  de 
biens  de  son  église. 

III.  Simonie. —  Les  faits  allégués  de  ce  chef  sont  ti'ès  graves, 
mais  peu  nombreux.  Les  dépositions  des  prieurs  de  Lezat,  de 
Saint-Béat,  de  Peyrissas,  de  Sainte-Colombo,  de  Montredon, 
et  des  autres  témoins  établissent  que  l'abbé  de  Lezat  a  reçu  de 
Raimond  de  Casais,  moine  de  son  monastère,  deux  cents  sous 
pour  prix  de  la  collation  d'un  prieuré.  C'est  pour  un  prix 
de  cent  sous  que  P.  de  Dalbs  a  assigné  la  chapellenie  de 
Pierrelatte  à  Pierre  de  Avalka.  Il  a  reçu  une  mule  de  Argol  de 
Birnos,  et  en  échange  il  a  conféré  à  Adémar,  frère  de  celui- 
ci,  le  prieuré  de  Saint-Béat. 

L'abbé  de  Lezat  a  encore  vendu  le  prieuré  de  Saint-Médard 
pour  cinq  cents  sous  de  Morlaas,  l'église  de  Saint-André  de 
Basseville  pour  le  même  prix,  et  l'église  du  Fossat*  à  diverses 
personnes,  en  concession  viagère. 

IV.  Parjure.  —  P.  de  Dalbs  n'a  pas  tenu  le  serment  qu'il 
avait  prêté  au  prieur  de  Castel-Sarrasin '.  Il  a  commis  un  autre 
parjure  plus  caractérisé  :  il  avait  promis  à  A.  d'Aragon,  alors 

1.  Cf.  Hist.  </én.  de  Lanr/iimhc.  t.  VI,  p.  7-32,  note  fi;  ihid.,  t.  VIII, 
col.  1068,  1512  (n"  344,  505). 

2.  Le  Fossat,  Ariège,  arr.  Pamiers. 

3.  Castelsarrazin,  Tarn-et-Garonne. 

Moyen  Age,  t.  XIII.  4 


50  K.-E.    MAlîTIN 

prieur  de  la  Daurade,  de  ne  pas  lui  faire  perdre  son  prieure;  or, 
il  donna  par  la  suite  sept  cents  sous  de  Morlaas  à  un  des 
moines  de  Lezat,  B.  Barrau  (qui  a  déposé  comme  témoin),  en 
le  chargeant  d'aller  en  cour  de  Rome  obtenir  du  Pape  que 
A.  d'Aragon  ne  recouvrât  jamais  ledit  prieuré,  (pi'il  lui  avait 
fait  perdre. 

V.  Faux.  —  L'abbé  de  Lezat  s'est  rendu  coupable  de  faux, 
en  se  servant  constamment  d'un  sceau  de  l'abbaye  qu'il  avait 
fait  fabriquer  à  l'insu  de  ses  moines. 

VL  Violation  de  la  règle  monastique.  —  On  croira  sans 
peine  qu'un  abbé  qui  avait  de  telles  mœurs  ne  faisait  pas 
régner  la  décence  et  la  piété  dans  son  monastère.  «  Jamais  on 
ne  Ta  vu  célébrer  persoimellement  la  messe  »  ;  il  ne  venait  pas 
au  chœur  chanter  les  heures  canoniales,  surtout  les  matines, 
sans  doute  parce  qu'il  dormait  «  dans  des  draps  de  toile'  ».  Il 
mangeait  de  la  viande  le  samedi  et  aux  Quatre-Temps,  et  ses 
moines  avec  lui.  Il  n'était  pas  sévère  pour  eux  :  jamais  le 
silence  n'était  observé  là  où  il  convient;  les  moines  n'étaient  pas 
forcés  de  coucher  dans  le  dortoir;  les  offices  étaient  négligés  ; 
aussi  laissait-on  des  porcs  séjourner  dans  le  cloître  et  dans  le 
chapitre,  autour  de  l'église:  l'abbé  leur  a  fait  jeter  de  la  ven- 
dange pourrie  dans  le  cimetière,  pour  la  leur  faire  manger  là. 
Des  moines  étaient  accusés  de  fornication,  et  même  mis  en 
prison  et  tués  :  l'abbé  ne  s'en  occupaitpas.il  ne  réprima  pas  non 
plus  l'un  d'eux,  B.  Gimier,  dont  on  disait  partout  qu'il  «  tondait 
les  monnaies  ».  Quant  aux  moines  malades  et  infirmes,  il  ne 
s'en  souciait  pas  davantage,  ne  les  invitant  même  pas  à  sa  table 
quand  il  mangeait  de  la  viande;  mais  il  se  moquait  et  faisait 
rire  d'eux.  C'est  P.  Rossels,  moine  et  prêtre,  vieux  et  aveugle, 
qui  le  rapporte,  et  il  ajoute  qu'on  lui  a  jeté  au  visage  «  des  en- 
trailles de  chevreau'  ».  Le  prieur  do  Lezat  dit  encore  que,  bien 
qu'il  ait  été  confesseur  de  P.  de  Dalbs.  il  ne  l'a  jamais  entendu 
avouer  un  péché  mortel. 

1.  «  In  linteaminibus  lineis.  » 

2.  «  Dixit  quod  fuit  ])ercussus  cuiu  intestinis  cujusdam  edi.  » 


l'affaire  de  pierre  de  dalbs  51 


La  Condamnation 


Après  les  dépositions  des  témoins,  Tabbc  de  Moissac  con- 
tinua la  i)roccdurc  en  citant  personnellement  P.  de  Dalbs 
devant  Tévêque  de  Toulouse,  le  mercredi  après  le  dimanche 
où  l'on  chante  «  Cantate  Domino  »  (13  mai\  dans  1  église  de 
Saint-Quentin  à  Toulouse,  pour  ouir  la  lecture  des  dépositions. 
Au  jour  dit,  l'abbé  de  Lezat  ne  comparut  pas,  ni  personne  pour 
lui.  L'abbé  de  Moissac  publia  néanmoins  les  témoignages;  mais, 
«  pour  ne  paraître  rien  omettre  des  formalités  »,  il  cita  encore 
P.  de  Dalbs,  l'invitant  à  venir  discuter  les  personnes  et  les  dé- 
positions des  témoins^  également  dans  l'église  de  Saint-Quentin, 
le  samedi  après  l'Ascension  ('23  mai),  «  ou,  s'il  ne  voulait  pas, 
tout  au  moins  le  lundi  »  suivant,  pour  ouïr  «  la  sentence  défi- 
nitive ».  L'abbé  de  Moissac  siégea  le  samedi,  le  lundi;  il  conti- 
nua môme  le  lendemain.  Personne  ne  se  présenta.  Alors  il 
constata  la  contumace  et  prononça  la  sentence,  en  présence 
de  chanoines  de  Saint-Etienne  et  de  Saint-Sernin  de  Tou- 
louse, parmi  les(juels  le  chancelier  du  chapitre,  Ar.  Pellisson, 
de  dignitaires  et  de  moines  de  Moissac,  de  Lezat,  et  de  la  plu- 
part des  témoins,  clercs  et  laïques. 

Dans  sa  sentence,  l'abbé  de  Moissac  résume  les  témoignages 
qui  ont  établi  la  culpabililé  de  P.  de  Dalbs.  L'abbé  de  Lezat 
s'est  montré  indigne  de  son  ministère  par  ses  mœurs  :  «  son 
incontinence  est  sullisamment  prouvée  par  l'existence  de  ses 
enfants;  il  s'est  livré  â  la  turi)itudc  d'un  commerce  charnel 
avec  ses  parentes,  s'exposant  à  ce  que  sa  bénédiction  se  changeât 
en  malédiction,  et  sa  prière  en  péché,  selon  la  parole  de  Dieu, 
exprimée  par  le  prophète  ;  «  Maledicam  benedictionibus  vestris  n 
{Malacli.,  II,  2).   » 

L'abbé  de  Moissac  insiste  principalement  sur  le  crime  de 
simonie,  comparable,  dit-il,  aux  crimes  d'hérésie  et  de  lèse- 
majesté.  Et  il  rappelle  la  sévérité  du  Christ  contre  les  chan- 
geurs et  les  vendeurs  du  Temple  de  Jérusalem.  Il  mentionne 


V.-K.    MAiniN 


aussi  la  décision  du  concile  général  qui  condamne  «  tout  clerc 
séculier,  sujet  ou  prélat,  coupable  de  ce  crime,  soit  en  rece- 
vant, soit  en  donnant,  à  être  chassé  de  son  monastère  sans 
espoir  de  retour,  pour  faire  une  éternelle  pénitence  sous  une 
règle  très  rigoureuse  ».  En  conséquence  :  «  Nous,  frère  G., 
humble  abbé  de  Moissac,  chapelain  de  monseigneur  le  Pape, 
de  l'autorité  dudit  et  de  l'autorité  de  notre  juridiction  ordi- 
naire, sur  le  conseil  de  plusieurs  sages  personnes..,  révoquons 
monseigneur  P.  de  Dalbs^  abbé  de  Lezat,  du  diocèse  de  Tou- 
louse, à  nous  immédiatement  soumis,  de  toute  dignité  et  de 
tout  gouvernement  de  l'abbaye  de  Lezat,  en  donnant  aux 
moines  dudit  lieu  libre  faculté  d'élire  un  autre  abbé.  »  L'abbé 
de  Moissac  termine  en  relevant  tous  les  moines  de  Lezat  de 
l'obéissance  qu'ils  devaient  à  leur  abbé,  et  toutes  personnes 
du  serment  qu'elles  auraient  pu  prêter  audit  abbé  de  Lezat. 

G.  de  Dalbs  vint  présenter  sur  ces  entrefaites  une  appella- 
tion rédigée  au  nom  de  l'abbé  et  dn  couvent  de  Lezat,  «  ou 
de  la  majeure  partie  dudit  couvent  ».  L'abbé  de  Moissac  le 
requit  de  montrer  l'acte  de  procuration  ;  sur  son  refus,  il  excipa 
contre  lui  de  ce  qu'étant  excommuniés  il  ne  pouvait  pas  être 
procureur;  cependant,  s'il  voulait  exposer  des  motifs  en  faveur 
de  Tappellation,  il  serait  entendu.  Mais  G.  de  Dalbs  «  ne  répon- 
dit rien  et  se  retira  à  la  manière  d'un  contumace'  ». 

Dès  lors,  la  sentence  pouvait  recevoir  son  plein  elîet  ;  la 
fonction  de  l'abbé  de  Moissac,  comme  juge,  était  terminée. 
Mais  aucun  document  ne  nous  a  été  conservé  qui  nous  fasse 
connaître,  sur  la  suite  de  cette  affaire,  autre  chose  que  le 
nom  du  successeur  de  P.  de  Dalbs \  / 

F.-E.  Martin. 


1.  C'était  peut-être  à  cause  de  l'opposition  qu'il  avait  faite  à  l'enquête  qu'il 
était  excommunié. 

2.  «  Recessit  contumaciter.  » 

.3.  Bibl.  Nat.,  coll.  Doat,  n°  102. 


L'aFFAIRK    DK    PIKRUl'.    UV.    DALMS  53 


APPENDICE 


Sentence  de  l'abbé  de  Moissac 

In  nomine  Patris  et  Filii  et  Spiritus  Sancti,  amen.  Veritatis  est 
verbum,  organo  dominice  vocis  emissum,  ut  arbor  qui  inutiliter 
terram  occupât  succidatur.  Cum  igitur  P.,  abbas  Lesatensis,  adeo 
malade  se  suspicari  permiserit  ut  claniores  et  fama  ad  aures  nostras 
perveneruiit,  qui  diucius  sine  scandale  dissinuilari  non  poterant,  vel 
sine  periculo  tolerari,  quod  ipse  esset  super  symonia,  dilapidalione, 
parjurio,  incontinentia,  criniino  faisi,  transgressiono  observancie  re- 
gularis  enorniiter  et  publiée  diiïamatus,  ne  sanguis  ipsius  de  nostris 
manibus  requiratur  juxta  auctoritatem  Domini,  descendimus  ad  mo- 
nasterium  Lesatense,  cum  ecclesie  nostre  senioribus,  ut  videremus  si 
claniores,  qui  ad  nos  pervenerant,  opère  complevisset.  Et  tandem, 
inquisita  diligentissime  veritate,  invenimus  suffîeienter  probatum  per 
testes,  onini  exceptione  majores,  quod  dictus  P.,  abbas  Lesatensis, 
proprie  salutis  immemor,  commisit  multociens  vicium  symonie,  reci- 
piendo  ex  pacto  pro  pecunia  vel  possessionibus  monachos  et  donatos, 
vendendo  eis  quam  dare  debuerat  gratiam  Spiritus  Sancti.  —  Item 
invenimus  sufficienter  probatum  quod  monasterium  Lesatense  per 
eum  ad  irreparabile  dissolutionis  opprobrium  est  deductum,  cum 
medietatem  justiciarum,  rerum  mobilium  in  villa  Lesatensi,  et  medie- 
tatem  ville  et  territorii  Sancti  Eparcii,  et  magnam  ecclesiam  monas- 
terii  alienavit,  in  dicti  monasterii  magnum  prejudicium  et  gravamen, 
et  obligavit  dictum  monasterium  ad  albergam  cum  .C  militibus 
annuatim,  vel  ad  .CXX.  solidos  Morlanensium.  Vendidit  etiam  prio- 
ratus  et  ecclesias  ad  vitam  tenencium,  et  fructus  monasterii  incon- 
sulte distrabit,  et  reddilus  monasterii  non  convertit  in  utilitatem 
ipsius,  set  tenet  ficte  monasterium  obligatum,  sicut  manifeste  aparet 
superius  in  actis.  —  Item  nobis  constitit  per  publicum  instrumen- 
tum,  quod  dictus  abbas  Lesatensis  juramentum  prestiterat  quod  nun- 
quam  esset  contraA.de  Aragone,  tune  priorem  Deaurate,  et  tamen, 
immemor  juramenti,  fuit  postmodum  contra  ipsum,  sicut  manifeste 
est  in  actis  probatum.  —  Item  de  incontinentia  est  adeo  notorium 


51  F.-E.     M  AirriN 

contra  ipsum  quocl  non  est  locus  inliciationi,  quia  filiis  parvulis  con- 
vineilur  longam  sui  corporis  continentiam  non  habere.  —  Item,  de 
crimine  falsi,  est  sufficienter  probatum  quod  fecit  sigillum  sub  nomine 
convontus  Lesati,  et  ociam  sigillavit.  ignorante  conventu.  —  Item, 
de  transgressione  ordinis,  probatum  est  contra  ipsura  quod  per  omnia 
et  in  omnibus  turpiter  abjescit  jugum  Doniini,  fctores  libidinis  am- 
plexando,  et  regularem  observMnciam  non  servando.  —  Cum  igitur 
tanta  sit  labes  hujus  criminis  symonie  quod  ad  instar  lieresis  et 
crimine  [sic)  lèse  majestatis  débet  symoniacus  judicari,  et  inter 
cetera  crimina  ecclesiastica  symonia  optinet  primum  locum,  cum 
symoniaci  valde  primi  et  precipui  lieretici  ab  omnibus  sint  fide- 
libus  respuendi,  et  omnia  crimina  adcomparationem  symoniace  heresis 
quasi  pro  nichilo  reputantur;  unde,  in  Veteri  Testament©,  Gyesi  fuit 
lepra  percussus,  quia  Nahamam  Syro  voluit  vendere  gratiam  sani- 
tatis;  et  dominus  Jhesus  Christus  nusquam  reperitur  in  toto  textu 
Evangelii  tanta  severitate,  tam  distriota  censura  justicie  peccatores 
corripuisse,  cum  non  soluni  eloquio  increpans,  verum  eciam  sancto 
flagelle  de  testiculis  verberans  omnes  eliminavit  de  templo,  monstrans 
quod  taies  negociatores  non  sicut  ceteri  peccatores  suntrecipiendi,  set 
a  templo  Dei  et  a  sancta  ecclesia  longius  prohibendi  ;  unde  per  nùm- 
mularios,quos  Dominus  ejescitde  templo,  ecclesiastici  beneficii  deten- 
tores congrue  designantur,  quidomum  Dei,  Evangelio  teste,  speluncam 
latronum  efficiunt  ;  propter  quod  statulum  est  in  concilie  generali  ut 
quicumqueregularistalem  comiserit  pravitatem,  tam  recipiens  quam 
receptus,  sive  sit  subditus,  sive  prelatus,  sine  spe  restitutionis  de  suo 
monasterio  expellatur,  in  locum  arctioris  régule  ad  agendam  perpe- 
tuam  penitentiam  detrudendus.  Verum,  quia  iste  morbus  cancerosus 
est  sicut  lepra,  necesse  est  ut  ferro  ignito  penitus  abscidatur,  ne  una 
ovis  morbida  inficiat  sanas  oves  ;  quod  enim  agitur  a  prelatis,  facile 
trahitur  a  subditis  in  exemplum.  Super  eo  vero  quod  aliénasse  pro- 
batur,  est  Lesatensi  monasterio  providendum,  ne  penitus  distruatur; 
valde  enim  iniquum  est,  et  ingens  sacrilegium  ut  quecunque,  vel  pro 
remédie  peccatorum,  vel  pro  sainte  ac  requie  animarum  suorum, 
unusquisque  venerabili  ecclesie  contulit  autreliquit,  ab  hiis  a  quibus 
maxime  servari  convenit,  in  alium  transferri  vel  converti  permit- 
tantur.  Unde  taies  debent  a  suis  aministrationibus  removeri,  et  licet 
vellent  reddere  ecclesias  suas  indempnes,  nam  restitutio  non  im- 
mulat  malivolum  prelati  animum,  et  periculosum  est  quod  ecclesia 


i.'.\i'i'.\iii!-:  m:  i'ii;iîiîi-:  iw.  n.M.ns  55 

prolatum  rdinoat  fraiulatorom,  quod  manifeste  iii  islo  prelato  aparet 
qui  vendidit  prioratus  et  ecclesias  pro  raodico  precio  ad  vitam  tenen- 
cium  in  fraudem  monasterii,  et  tenet  fictc  dictum  mona=;teriuni  obli- 
gatuni.  Unde  eo  ipso  ab  aministratione  temporalium  ot  spiritualium 
videtur  ipse  suspensus  et  penitus  a  regiminc  amovendus.  —  Item  de 
parJLirio  manifestum  est  quod  illi  non  merentur  ecclesias  regere  qui 
sunt  crimine  parjurii  irretiti,  et  niulto  minus  nionasteria,  quia  taies 
prelati,  sine  judiciorumstrepitu,  ex  levibus  causispossunt  a  suis  ami- 
nistrationibus  removeri.  —  Licet  autem  de  facto  incontinentie  non 
esset  ita  do  facili  presuraendum,  tamen  quia  probatur  esse  notoriura 
quod  turpitei' bujus  vicio  se  involvit  contra  fedus  natale  affines  suas 
et  consanguineas  carnaliter  cognoscendo,  ne  benedictio  ejus  in  male- 
dictionom  convertatur,  et  oratio  in  peccatum,  testante  Domino  per 
prophetam  :  Maledicani,  inquit,  benedictionibus  vestris,  providendum 
est  ne  saltem  ulterius  sua  feditate  dictum  monasterium  poUuatur. —  Ex 
hoc  autem  quod  sigillum  solus  fecit  fabricari  de  novo,  sub  nomine 
conventus,  et  ignorante  conventu,  et  sigillavit,  eo  ignorante,  incurrit 
vicium  falsitatis,  et  exinde  potest  merito  formidare. —  Abbas  cciam,  si 
prevaricator  ordinis  fuerit  aut  contemptor,  sive  negligens,  aut  re- 
missus,  pro  certo  novorit  se  non  solum  deponendum,  set  etiam  alio 
modo,  sccundum  regulam,  castigandum,  cura  ofïonsa  nonsolura  pro- 
pria set  eciam  aliéna  de  suis  manibus  requiratur. —  Ex  hiis  omnibus  et 
aliis  que  contra  ipsum  inveniuntur  probata,  nos  frater  G.,  humilis 
abbas  Moysiacensis,  domini  pape  cappellanus,  auctoritate  ipsius  et 
auctoritate  nostre  ordinarie  jurisdictionis,  habite  plurium  virorum 
prudentum  consilio,  assistentibus  nobis  magistro  G.  priore  Sancti 
Pétri  de  Coquinis  Tholosani,  et  fratre  B.  sacrista  Campi  Rolundi, 
monachis  nostris,  et  aliis  bonis  et  religiosis  viris;  in  nomine  Domini 
nostri  Jhesus  Christi  cum  apostolo  omnem  inhobedientiam  ulcisci 
voleutes,  licet  absentes  corpoie,  présentes  tamen  spiritu,  cum  ipsius 
absentia  Dei  presentia  impleatur,  dominum  P.  de  Dalbs,  abbatem  Le- 
satensem,  Tholosane  diocesis,  nobis  immédiate  subjectum,  sen- 
tentialiter  in  scriptis  removemus  a  regimine,  dignitate,  et  guberna- 
tione  abbacie  Lesatensis,  dando  monachis  ejusdem  loci  liberam 
facultatem  alium  eligendi.  Insuper  absolvimus  omnes  monachos  et 
donatos  ab  hobedientia  et  subjectione  ipsius;  absolvimus  eciam  omnes 
homines  a  juramento,  si  quod  sibi  prestiterant,  intuitu  abbacie,  cum 
dicto  abbate  a  regimine  abbacie  remoto  juramentum  hujusmodi  non 


56  r.-K.  MAiniN 

debeat  observari.  — Hec  sententia  lata  fuit  die  martis  post  Ascen- 
cionem  Domini,  in  presentia  magistri  Arnaldi  Pelissoni,  cancellarii 
Tolosani,  et  doniinorum  Fraacisci  et  Arnaldi  Raimundi  de  Aspel, 
canoniehorum  Sancti  Stephani  Tholosani;  et  in  presentia  Rogerii 
de  Aspel,  et  Pétri  de  Drudanis,  canonicorum  Sancti  Saturnini  Tolo- 
sani ;  et  in  presencia  tesaurarii  Burdegalensis  et  Raimundi  de  Ferre- 
riis,  cappellani  Sancte  Marie  Deaurate,  et  magistri  B.,  fratris  sui,  et 
Cerebruni,  et  Guillelmi,  operarii  Deaurate,  monachorum  Moysiaei, 
et  magistri  Benedicti  Nigri,  et  Arnaldi  Crespelli,  et  Beloti,  et  7\z.  de 
Birnos,  et  B.  Johannis,  et  Augerii  Pétri  de  Villa  Nova,  Guillelmi  de 
BiracG.de  Bevilla,  monachorum  et  donatorum  Lesati,etRainmndide 
Monte  Pesato,  et  G.,  prioris  claustralis  Deaurate,  monachorum  Moy- 
siaei, et  Pétri  Poncii,  hospitalarii,  et  B.  Rotberti,  publici  Tholosani 
notarii,  et  B.  Garini,  et  Andrée  de  Claustro,  et  plurium  aliorum  cle- 
ricorum  et  laicorum.  Et  ego  Arnaldus  de  Fumello,  puplicus  Tholose 
notarius,  presens  fui,  etomnia  ista  acta  scripsi,  ut  puplicus  notarius, 
a  dicto  domino  abbate  Moysiacensi  requisitus  et  vocatus'  et  scripta 
ista  omnia  [confeci]  in  presentia  et  testimonio  magistri  Arnaldi  Pel- 
lissoni,  cancellarii  et  canonici  Sancti  Stephani  Tolosani,  et  magistri 
G.,  prioris  Sancti  Pétri  de  Coquinis  Tolosani,  et  B.  de  Pinu,  sacriste 
Campi  Rotundi,  Poncii  de  Mornaco,  magistri  Jo.  de  Villa,  et  plurium 
aliorum  clericorum  et  laicorum.  Et  hec  sententia  fuit  lata  anno 
Domini  M«  CC'^  L"  II II". 

1.  Ms.  :  et  omnia  sua  vocatus. 


COMPTES   RENDUS 


A.  Lucn AIRE.  —  Mélanges  d'histoire  du  moyen  âge.  —  Études 
sur  quelques  manuscrits  de  Rome  et  de  Paris.  —  Paris, 
F.  Alcan,  1897-181)!);  2  vol.  in-Ss  99  et  175  p.  (l'niversité  de 
Paris.  Bibliothèque  de  la  Faculté  des  lettres.  III  et  VIII). 

La  Faculté  des  lettres  de  Paris,  en  même  temps  qu'elle  a  entrepris 
la  publication  des  positions  des  mémoires  présentés  pour  l'obtention 
du  diplôme  d'études  supérieures  d'histoire  et  de  géographie,  a  com- 
mencé h  faire  paraître  une  collection  qui,  sous  le  titre  de  BiblioUuiquc 
de  la  Faculté  des  lettres,  compte  actuellement  huit  volumes;  trois 
d'entre  eux  intéressent  les  médiévistes  :  les  deux  recueils  indiqués 
ci-dessus  et  un  Essai  de  restitution  des  plus  anciens  mémoriaux  de 
la  Chambre  des  comptes  de  Paris,  publié  sous  la  direction  de 
M.  Langlois,  par  M.  J.  Petit,  avec  la  collaboration  de  MM.  Gavrilo- 
vitch,  Maury  et  Teodoru.  On  rendra  prochainement  compte  de  ce 
dernier  volume. 

M.  Luchaire,  qui  a  présidé  à  la  publication  du  premier  des  deux 
volumes,  a  consacré  un  mémoire  au  traité  attribué  à  Hugues  de 
Clers  et  intitulé  :  De  senescalcia  Francie.  Ce  traité,  publié  pour 
la  première  fois  en  1610,  par  Sirmond,  à  la  suite  des  lettres  de 
Geofïroi  de  Vendôme,  réédité  par  Baluze  dans  ses  Miscellanea, 
puis  par  dom  Brial  dans  les  Historiens  de  la  France;  enfin  par 
Marchegay  et  Salmon  dans  les  Chroniques  des  comtes  d^ Anjou, 
comprend  deux  parties.  Dans  la  première,  l'auteur  prétend  transcrire 
une  relation,  rédigée  par  Foulques  Nerra,  comte  d'Anjou,  des  rapports 
de  son  ancêtre  Geoffroi  Grisegonelle  avec  Robert  le  Pieux  :  le  roi  aurait 
concédé  au  comte  le  sénéchalat  héréditaire  de  France.  Ce  récit 
fabuleux  a  été   universellement  condamné  par  tous   les  historiens. 


5S  COMPTES    RENDUS 

Dans  la  seconde  partie  du  traité,  rauteur  ,qui  se  présente  lui-même 
comme  jouant  un  rtMedans  les  événements,  sous  le  nom  de  Hugues  de 
Clers,  conseiller  du  comte  d'Anjou,  rapporte  les  négociations  qui  au- 
raient eu  lieu  vers  1118-1120  entre  Foulques  V  le  Jeune  et  Louis  VI, 
au  sujet  des  droits  du  comte  d'Anjou  au  sénéchalat  héréditaire.  Ces 
négociations  auraient  abouti  à  la  reconnaissance  des  droits  du  comte 
par  le  roi,  à  la  suite  de  quoi,  en  différentes  circonstances,  le  comte 
aurait  rempli  les  devoirs  de  son  office.  Cette  partie  du  traité  a  donné 
lieu  à  des  controverses  :  dora  Brial  la  tenait  pour  authentique  ;  Ma- 
bille,  dans  l'introduction  à  l'édition  de  Marchegay  et  Salmon,  la 
rejetait  sans  examen  ;  récemment  M.  Bémont,  dans  un  article 
paru  dans  les  Études  d'histoire  du  moyen  âge,  dédiées  à  Gabriel 
Monod  (p.  253-265',  tentait  une  réhabilitation.  M.  Luchaire  qui, 
comme  Mabille,  ne  croit  pas  à  l'authenticité  du  traité,  a  étudié  la 
question  sous  toutes  ses  faces,  épuisé  toutes  les  sources  de  rensei- 
gnements pour  étayer  une  thèse  contraire  à  celle  de  M.  Bémont. 
Il  résulte  de  l'examen  des  souscriptions  de  chartes,  que  si  Hugues 
de  Clers  était  né  avant  1112,  il  ne  paraît  être  devenu  conseiller  de 
Geoffroy  le  Bel,  successeur  de  Foulques  V,  que  vers  1145.  Dès  lors, 
du  reste,  Hugues  joua  un  rôle  actif  dans  les  affaires  politiques, 
surtout  lorsque  le  comte  d'Anjou,  Henri  Plantagenet,  successeur  de 
Geofiroi,  fut  devenu  roi  d'Angleterre  ;  dans  ces  conditions,  il  est  peu 
vraisemblable  qu'en  1117-1119  Hugues  de  Clers  ait  rempli  les  im- 
portantes fonctions  de  délégué  de  son  souverain  auprès  du  roi  de 
France  pour  négocier  une  affaire  politique.  Pour  la  date  des  négo- 
ciations, M.  Luchaire  montre  que  les  partisans  de  l'authenticité  ne 
sont  pas  d'accord.  C.  Port  adopte  1117,  dom  Brial  1117-1119, 
M.  Bémont,  juillet-août  1119  ;  l'histoire  des  événements  désignerait, 
selon  M.  Luchaire,  l'année  1117,  date  inconciliable  avec  la  mention 
dans  le  traité  du  sénéchalat  de  Jean  de  Garlande  au  moment  des 
négociations,  ce  sénéchalat  commençant  en  mai  1118.  Sur  ce  point, 
si  la  remarque  de  M.  Luchaire  est  à  retenir,  elle  ne  fournit  peut-être 
pas  un  argument  définitif  contre  l'authenticité  ;  nous  ne  possédons 
pas  si  bien  l'histoire  des  événements  qu'en  procédant  par  élimination 
nous  soyons  sûrs  do  ne  pas  oublier  quelque  interstice  entre  deux  évé- 
nements datés,  interstice  dans  lequel  pourraient  avoir  eu  lieu  les  négo- 
ciations en  question  ;  nombreux  sont  les  faits  que,  à  l'aide  de  synchro- 
nismes,  nous  ne  pouvons  placer  que  dans  une  période  comprise  entre 


A.  luchairk:  mki.anc.rs  [)'iiisTOinK  nr   moykn  aok  59 

deux  dates  extrêmes.  Après  la  date,  les  acteurs.  Ils  se  retrouvent  tous 
dans  les  chartes  angevines  du  temps  de  Foulques  V,  tous,  à  l'exception 
de  Hugues  de  Clors,  tous,  même  les  délégués  du  roi  de  Franco,  voilà 
qui  est  singulièrement  significatif.  Le  comte,  ayant  reconquis  son 
sénéchalat  héréditaire,  en  exerce  les  prérogatives,  et  ces  prérogatives 
sont  étonnantes  :  il  est  le  suzerain  des  autres  grands  officiers,  il 
exerce  un  commandement  spécial  dans  l'armée  du  roi  ;  bien  plus,  il 
juge  en  Franco,  sans  recours  à  la  cour  du  roi,  et  juge  en  appel,  sans 
se  déranger,  les  affaires  de  tout  le  royaume  portées  à  sa  cour'.  Tout 
cela  est  rapporté  par  l'auteur  au  milieu  de  menus  faits  exacts,  avec 
des  mentions  de  personnages  connus  qui  vivaient  bien  alors.  Il  est  aisé, 
malgré  cela,  de  conclure  avec  M.  Luchaire  à  des  «  invraisemblances 
énormes  »,  à  d'  «  évidentes  faussetés  »  ! 

Deux  sources  du  temps  de  Louis  VII  attribuent  à  Henri  II  l'exer- 
cice des  fonctions  de  sénéchal.  Gervais  de  Cantorbéry  rapporte, 
sans  qu'on  ait  de  raisons  pour  en  douter,  qu'en  1158  Louis  VII  accorda 
au  roi  d'Angleterre  d'entrer  en  Bretagne,  «  quasi  senescallus  régis 
Francorum  ».  Ceci  ne  semble  pas  indiquer  une  reconnaissance  nouvelle 
du  droit  du  comte-roi  à  une  charge  héréditaire,  c'est  du  reste  de 
cette  phrase  que  M.  Luchaire  tire  sa  conclusion  et  nous  la  retrou- 
verons ;  l'autre  source  du  temps  de  Louis  VII  est  Robert  de  Torigni, 
qui  montre  Henri  le  Jeune,  fils  de  Henri  H,  remplissant  en  1169  les 
fonctions  de  sénéchal  du  roi  de  France;  mais  l'auteur  s'inspire 
visiblement  du  De  Senescalcia,  et  par  conséquent  son  récit  ne  peut 
servir  à  corroborer  les  assertions  du  traité;  cependant  comme  l'abbé 
du  Mont-Saint-Michel  est  l'historien  officieux  des  Plantagenets,  son 
récit  indique  du  moins  que  la  thèse  du  dapiférat  angevin  était  à  l'ordre 
du  jour  chez  les  officiers  du  roi  d'Angleterre.  Après  les  sources  narra- 
tives, les  documents  diplomatiques.  Un  seul,  une  charte  de  Henri  II 
relative  à  Saint-Julien  de  Tours,  mentionne  le  sénéchalat  du  comte 
d'Anjou  ;  elle  n'est  pas  datée,  mais  peut,  d'après  les  noms  des  témoins, 
être  attribuée  à  l'année  1158,  et  cette  charte  unique,  qui  est  souscrite 
par  Hugues  de  Clers,  cela  est  à  noter,   ne  se  retrouve  pas  parmi  les 


1.  M.  Bémont  a  traduit  mot  à  mot  «  s'il  naît  une  discussiou  sur  un  jugement 
fait  en  France  «le  passage  «  si  vero  contentio  aliqua  nascetur  de  judicin  facto 
in  Fraocia  »  que  M.  Luchaire  interprète  «  si  un  jugement  rendu  par  la  cour  de 
France  ».  Peut-être  est-ce  tirer  du  texte  plus  qu'il  ne  dit  en  réalité. 


00  COMPTES    RENDUS 

documents  venanl  de  Saint-.] ulien  de  Tours;  Baluze  qui  l'a  publiée 
Ta  connue  par  un  vidimus  de  1288,  inséré  après  coup  dans  un  registre 
de  Pliilippe- Auguste;  cette  charte,  enfin,  est  souscrite  par  rarchcvêque 
de  Tours  contre  qui  elle  est  dirigée.  On  pourrait  peut-être  objecter 
ici  que  :  1"  il  est  des  actes  excellents  qui  ne  nous  sont  plus  connus 
que  par  des  sources  étrangères  aux  archives  même  du  destinataire  ; 
2"  que  la  mention  du  sénéchalat  du  comte  d'Anjou,  en  1158,  n'est  pas 
une  preuve  de  fausseté,  puisque  Gervais  de  Cantorbéry  en  parle  et 
que  l'on  accepte  son  assertion  ;  3"  la  souscription  épiscopale,  pour 
peu  vraisemblable  qu'elle  soit,  ne  parait  pas  impossible.  Le  sénéchalat 
angevin  semble  si  peu  avoir  été  reconnu  par  Louis  VII,  qu'en  1179, 
au  couronnement  de  Philippe-Auguste,  Henri  le  Jeune  présent  à  la 
cérémonie,  laissa  remplir  les  fonctions  de  sénéchal  par  Philippe  d'Al- 
sace, en  l'absence  de  Thibaud  V,  comte  de  Blois,  sénéchal  en  exer- 
cice, alors  qu'en  raison  de  cette  absence  même,  il  avait  une  belle 
occasion  d'exercer  ses  prérogatives  sans  contestation. 

M.  Luchaire,  non  content  de  démontrer  que  le  traité  n'est  qu'un 
factum  politique  dénué  pour  le  fonds  de  toute  vérité,  bien  qu'exact  dans 
beaucoup  de  détails,  a  essayé  de  fixer  la  date  et  les  circonstances  de  sa 
rédaction.  On  a  vu  plus  haut  qu'en  1158  Louis  VII  autorisa  Henri  II 
à  pénétrer  en  Bretagne  «  quasi  seuescallus  ».  Or,  le  De  Senesccdcia, 
mentionnant  la  sépulture  de  Geoffroy-le-Bel  à  Saint-Julien  du  Mans, 
n'a  certainement  pas  été  écrit  avant  1154  ;  Hugues  de  Clers  en  est  donné 
comme  l'auteur  ;  mais,  Hugues  de  Clers,  l'un  des  représentants  du  roi 
d'Angleterre  dans  son  comté  d'Anjou,  était  en  correspondance  avec 
Thomas  Becket,  qui  précisément  négocia  l'affaire  de  llo8  ;  enfin  la 
fausse  charte  de  Saint-Julien  de  Tours,  qui  fournit  des  arguments 
en  faveur  de  la  thèse  soutenue  par  le  De  Senescalcia,  et  qui  est  souscrite 
par  Hugues  de  Clers,  paraît  dater  aussi  de  1158.  Tout  cela  concourt 
à  rendre  très  vraisemblable  l'hypothèse  de  M.  Luchaire,  que  le  traité 
fut  rédigé  par  l'un  des  conseillers  angevins  de  Henri  II,  au  moment 
oîi  Thomas  Becket  négociait  avec  habileté,  «  per  industriam  »,  dit 
Gervais  de  Cantorbéry,  pour  obtenir  du  trop  simple  Louis  VII  «  viro 
nimis  simplici  »,  dit  le  même  auteur,  un  titre  qui  permît  au  roi- 
comte  d'exercer  d'une  farjon  efïective  son  autorité  en  Bretagne  \ 


1.  Les  réserves  faites  plus   haut  au   sujet  des   preuves  alléguées  par    M.   L. 
contre  l'authenticité  de  la  charte  de  Saint-Julien  n'infirment  du    reste  en    rien 


A.  LUCHAïKi;:   Mi:i,A.\(.i:s  d'iusi'oiui:  nr  moyf.n  âge  Hl 

Le  second  mémoire  du  volume  publié  sous  la  direction  de  M.  Lu- 
chaire  est  dû  à  ^L  Dupont-Ferrier  et  est  consacré  à  une  étude  sur 
Jean  d'Orléans,  d'après  sa  bibliothèque.  Jean  d'Orléans,  très  amateur 
de  manuscrits,  avait  contribué  à  l'enrichissement  direct  de  sa  biblio- 
thèque, en  exécutant  lui-même  des  copies;  d'autre  part,  il  utilisait  les 
pages  blanches  de  ses  manuscrits  pour  y  mettre  des  recettes,  y  consi- 
gner ses  réflexions,  y  noter  ses  dettes.  Toutes  ces  mentions  jointes  à 
l'examen  de  la  composition  de  la  bibliothèque  et  à  l'analyse  de  quelques 
pièces  composées  par  le  prince  ont  laissé  à  M.  Dupont-Ferrier  l'im- 
pression que,  au  point  de  vue  littéraire,  Jean  d'Orléans  fut  un  lecteur 
et  un  compilateur  infatigiible,  faisant  ((  servir  l'accumulation  des  con- 
naissances ainsi  acquises,  à  l'harmonieux  développement  de  sa  nature 
religieuse  et  de  sa  nature  morale  ».  L'étude  de  M.  D.-F.  se  termine 
par  le  texte  annoté  de  l'inventaire  de  la  bibliothèque  du  château 
de  Cognac,  dressé  en  1467  après  la  mort  du  duc.  La  publication  de 
M.  Dupont-Ferrier  esta  rapprocher  de  celles  consacrées  antérieurement 
aux  collections  des  princes  de  Valois-Orléans-Angoulême.  Charles 
d'Orléans,  le  frère  de  Jean,  fit  dresser  en  1427  un  inventaire  de  ses 
livres,  alors  que  retenu  prisonnier  en  Angleterre,  et  voyant  les  Anglais 
menacer  les  villes  de  la  Loire,  il  fit  mettre  ses  collections  en  sûreté  à 
Saumur,  puis  à  la  Rochelle.  Cet  inventaire  a  été  publié  en  ] 843-1844 
dans  le  tome  V  de  laBibUothàque  de  l'École  des  Chartes,  par  M.  Le- 
roux de  Lincy.  Ce  savant  avait  eu  la  bonne  fortune  de  retrouver,  outre 
le  texte  de  l'inventaire,  des  documents  faisant  partie  des  archives  Jour- 
sanvault  et  fournissant  des  renseignements  du  plus  haut  intérêt  sur 
les  dépenses  faites  par  Charles  d'Orléans  pour  l'enrichissement  et 
l'entretien  de  sa  bibliothèque.  Les  livres  de  Charles  d'Orléans,  ramenés 
à  Blois  en  1435,  passèrent  par  héritage  à  son  frère  Jean.  Le  fils  de  ce 
dernier  prince,  Charles  d'Angoulême,  père  de  François  I'-'",  avait  hérité 
de  la  bibliothèque  du  château  de  Cognac;  un  inventaire  dressé  après 
sa  mort,  en  1496,  a  été  publié  en  1860  par  M.  Senemaud,  dans  le 
tome  II  de  la  3-^  série  du  Ihdletln  de  la  Société  archéolof/ique  et  histo- 


la  conclusion  générale  de  1  emiiient  professeur.  D'autres  indices  de  fausseté  ont 
été  indiqués  par  M.  Dclhle  (Journal  des  Sarants,  1898,  p.  816-318).  notamment 
la  place  anormale  de  la  date  et  l'annonce  sous  une  forme  insolite  des  noms  des 
témoins;  en  effet,  ces  noms,  au  lieu  d'être  précédés  comme  c'est  l'habitude  dans 
la  chancellerie  de  Henri  II  du  moi  Tcstibus,  sont  précédés  des  mots  lus  andlen- 
tibus.  (Voy.  le  texte  Hist.  de  Fr.,  XVI,  p.  17,  note  b.) 


(V2  COMITES    RlîNDUS 

rigue  de  la  Charente  ;  cet  inventaire  montre  qu'en  1496  la  collection 
tHait  moins  riche  qu'en  14G7  :  l'inventaire  publié  par  M.  Dupont- 
l'Vrrier  compte  en  ed'et  148  articles,  tandis  que  celui  qu'a  publié  M.  Se- 
nemaud  n'en  compte  que  75,  formant  180  volumes.  On  sait  que  les 
collections  des  ^^alois  Angoulême  vinrent  avec  l^'rançois  F'r  se  fondre 
avec  la  collection  formée  par  Charles  VIII  et  Louis  XII  et  conservée 
au  château  de  Blois.  Pour  la  suite  de  cette  histoire  nous  renvoyons  au 
Cabinet  des  Manuscrits  de  M.  L.  Delisle. 

La  note  de  M.  Poupardin  qui  termine  le  volume  est  consacrée  à 
Ebles,  abbé  de  Saint-Denis,  au  temps  du  roi  Eudes.  M.  P.  démontre 
que,  contrairement  aux  conclusions  de  M.  Favre,  il  faut  identifier 
comme  un  seul  et  même  personnage  Ebles,  archichancelier  du  roi 
Eudes,  neveu  de  l'évêque  Gozlin,  et  abbé  de  Saint-Germaindes-Prés, 
de  Saint-Denis  et  de  Jumièges,  et  Ebles,  abbé  de  Saint-llilaire  de  Poi- 
tiers, frèi'e  de  Ramnulfe  II,  comte  de  Poitou  ;  Ebles  révolté  contre 
Eudes,  fut  tué  en  892,  lors  de  l'expédition  du  roi  en  Aquitaine. 

Le  second  volume  publié  par  M.  Luchaire,  qui  forme  le  tome  VIII 
de  la  Bibliothèque  de  la  Faculté  des  lettres,  est  consacré  à  des  notices 
sur  quelques  manuscrits  de  Rome  et  de  Paris,  et  particulièrement  aux 
recueils  épistolaires  de  l'abbaye  de  Saint-Victor.  Dans  une  première 
notice,  M.  Luchaire  relève  les  variantes  que  présente  le  manuscrit  du 
traité  de  Suger  sur  la  consécration  de  Saint-Denis  (ms.  Vat.  Reg.571), 
par  rapport  à  l'édition  de  Lecoy  de  la  Marche,  qui  n'a  été  faite  que 
d'après  les  éditions  antérieures. 

Une  seconde  notice  est  consacrée  à  la  Chronique  de  Morigny 
(ms.  Vat.  Reg.  622  ,  il  ne  me  paraissait  pas  nécessaire  de  consacrer 
une  page  à  ce  texte,  alors  que  M.  Mirot  a  décrit  le  manuscrit  de 
Rome  dans  ses  rapports  à  l'Institut  et  annoncé  qu'il  prépare  une 
nouvelle  édition  de  la  Chronique. 

Dans  sa  troisième  notice,  M.  Luchaire  répond  aux  critiques  faites 
par  Mabille  dans  son  Introduction  aux  (^ironiques  des  comtes  d'Anjou 
contre  un  fragment  d'une  histoire  des  comtes  d'Anjou,  attribué  à  Foul- 
ques le  Réchin  (ms.  Vat.  Reg.  173).  L'exposé  sommaire  de  M.  Luchaire 
n'a  pour  but  que  de  remettre  la  question  en  débat,  sans  prétendre  poser 
encore  une  conclusion  ferme  sur  la  valeur  du  texte.  Ces  réserves  faites 
par  M.  Luchaire  au  sujet  des  conclusions  de  Mabille  sont  com- 
plètement d'accord  avec  la  doctrine  professée  à  l'École  des  Chartes  par 


A.   LUciiAïKi:  :  MANt.sciîiTs  Dii  KOMi:  i:t  PAUIS  ()3 

M.  A.  Molinier,  qui  a  fait  remarquer  que  l'argumentation  de  Mabille 
aboutissait  à  «  trancher  la  question  plus  qu'à  la  résoudre  ».  Dans  une 
courte  note  sur  les  Annales  de  Jumièges  (ms.  Vat.  Reg.  553), 
M.  Luchaire  relève  une  intéressante  mention  relative  aux  rapports  de 
Louis  VII  avec  l'abbaye  normande. 

La  notice  sur  le  cartulaire  de  Saint-Vincent  de  Laon  (Arch.  Vat., 
Miscell.  arm.  XV,  145)  ajoute  quelques  indications  à  celles  qu'a 
fournies  récemment  par  M.  deManteyer,  particulièrement  au  point  de 
vue  de  la  valeur  d'une  copie  de  ce  cartulaire,  qui  est  conservée  à  la 
Bibliothèque  Nationale. 

La  description  du  ms.  450  du  fonds  de  la  reine  se  réfère  à  une  série 
de  textes  soissonnais  des  xiv*^  et  xv^  siècles,  publiés  par  Martène  dans 
son  Amplissima  Collectio.  M.  Luchaire  attire  l'attention  sur  la  tra- 
duction en  français  d'un  acte  de  Louis  VIII,  de  mai  1225,  qui  paraît 
n'avoir  encore  été  jamais  signalé. 

L'étude  du  texte  des  Miracala  nnncti  Dionijsii,  d'après  le  manuscrit 
de  la  reine  571  et  divers  manuscrits  de  Paris  et  de  Reims,  a  fourni  à 
de  M.  Luchaire  d'intéressantes  remarques  sur  la  composition  de  ce 
recueil  ;  un  emprunt  fait  aux  Gesta  Darjobcrti  par  le  rédacteur 
des  deux  premiers  livres  des  Mirncula,  qui  écrivait  sous  le  règne 
de  Louis  le  Pieux,  fournit  un  argument  plus  solide  que  ceux 
de  M.  Krusch  au  sujet  de  la  date  probable  de  la  rédaction  des  Gesta 
(800-835).  A  un  manuscrit  de  Reims  M.  Luchaire  a  emprunté  le  texte 
d'un  fragment  qui  représente  sous  sa  forme  primitive  le  texte  partiel 
le  plus  ancien  que  nous  possédions  des  Miracala,  ainsi  que  des  notes 
historiques  très  curieuses  sur  la  réception  à  Reims  en  1086  du  comte 
de  Flandre,  Robert  II  et  de  Robert  Courteheuse.  Le  même  manus- 
crit 571  du  fonds  de  la  reine  a  donnéjlieu  à  une  autre  note  sur  les 
manuscrits  des  Gesta  Dacjoherti. 

M.  Luchaire  a  identifié  avec  le  ms.  179  du  fonds  de  la  reine,  le  ma- 
nuscrit utilisé  par  Duchesne  pour  l'édition  du  célèbre  recueil  de  lettres 
de  Hugues  de  Champtleury.  Ce  personnage,  évéque  de  Soissons  non 
résidant,  et  chancelier  de  France  sous  Louis  VII,  s'était,  après  sa 
disgrâce,  retiré  à  l'abbaye  de  Saint-Victor,  c'est  là  qu'il  compila  le  très 
précieux  recueil  de  lettres  mis  sous  son  nom.  La  comparaison  du 
manuscrit  avec  l'édition  de  Duchesne  donne  des  résultats  moins  im- 
portants qu'on  n'aurait  pu  l'espérer;  l'édition  est  fidèle,  les  suppres- 
sions insignifiantes,  car   elles  portent  sur  des  textes  transcrits   deux 


64  COMPTliS    RENDUS 

fois  dans  le  manuscrit  ou  déjà  publiés  ailleurs.  M.  Luchaire  n'a 
noté  comme  omission  à  réparer  que  celle  d'une  lettre  de  Ilermannus, 
notaire  pontirical.  plus  lard  cardinal  du  titre  de  Sainte-Su/anne, 
au  chancelier  Hugues  de  Champlleury,  pour  lui  recommander  un 
clerc  sans  ressources  ;  ces  observations  sont  suivies  du  relevé  des 
variantes  notables  entre  le  manuscrit  et  l'édition.  Un  autre  manuscrit 
de  Saint-Victor,  différent  du  ms.  du  Vatican,  a  fourni  à  Duchesne 
le  texte  de  21  lettres,  imprimées  à  la  suite  du  recueil  dit  de  Hugues 
de  Champlleury.  Ce  second  manuscrit  n'a  jamais  été  retrouvé, 
mais  le  texte  des  lettres  est  dans  les  manuscrits  latins  14615  et  14664 
de  la  Bibliothi'que  Nationale.  Ces  deux  manuscrits,  compilés  au 
xvn«  siècle,  fournissent  en  outre  le  texte  d'un  grand  nombre  de  docu- 
ments, lettres  et  chartes,  du  xii^  siècle,  qui  n'avaient  pas  encore  été 
imprimés.  M.  Luchaire  a  tiré  des  textes  inédits  contenus  dans  ces 
manuscrits,  ainsi  que  des  parties  inédites  des  compilations  victormes 
de  Jean  de  ïhoulouse,  une  analyse  méthodique  qui  est  le  morceau  de 
beaucoup  le  plus  important  et  le  plus  intéressant  de  tout  le  volume; 
cette  analyse  comprend  l'étude  :  1"  de  la  correspondance  de  l'abbé  de 
Saint-Victor  Ernis,  ami  de  Hugues  de  Champlleury,  1161-1172  ;  2"  des 
lettres  relatives  aux  abbayes  en  relation  avec  Saint- Victor  :  Saint- 
Saturen  Berri,  Saint-Euverte  d'Orléans,  Sainte-Geneviève  de  Paris, 
Notre-Dame  d'Eu  en  Normandie,  Saint-Barthélemi  de  Noyon, 
Notre-Dame  d'Eaucourt  près  Arras,  Saint-Augustin  de  Bristol, 
Saint-Jacques  de  Guinemorra  dans  la  Marche  ;  3''  des  lettres  des 
évéques  en  relation  avec  Saint-Victor;  4"  de  la  correspondance  des 
papes  ;  5"  des  lettres  des  cardinaux  ;  6°  de  la  correspondance  scolaire 
(écoles  d'Angers  et  d'Orléans)  ;  7°  des  lettres  relatives  à  la  région  de  la 
Loire  comprise  entre  le  duché  de  Bretagne  et  le  comté  de  Poitiers, 
aux  localités  de  Machecoul  et  la  Garnache.  Un  appendice  qui  se 
réfère  à  cette  partie  du  mémoire  de  M.  L.  comprend  l'analyse  pièce 
à  pièce  des  documents  contenus  dans  les  manuscrits  latins  14615, 
14664  déjà  cités  et  14368  (le*"  vol.  des  Annales  de  .Jean  de  Thoulouse  , 
avec  publication  in-extenso  des  nombreux  fragments  inédits. 

Dans  un  dernier  appendice,  M.  Luchaire  a  donné  le  relevé  très 
sommaire  d'un  certain  nombre  de  manuscrits  du  Vatican  relatifs  à 
l'histoire  de  France.  Peut-être  M.  Luchaire  eût-il  pu  grossir  utilement 
cet  appendice,  qui  vise  seulement  à  être  un  relevé  pratique  et  non 
un  catalogue  scientifique,  en  combinant  ses  notes  personnelles,   avec 


11.  F.   i)i:L.\noi;i)i:  :  (.rii.i.AiMi:  hi-;  saint  i'.\ riii  s  (i.") 

celles  qui  ont  été  prises,  suivant  ruidre  numérique,  par  les  Bénédictins 
(Bibl.  Nat.  Coll.  Moreau),  et  dans  l'ordre  des  matières  pas  La  Curne 
de  Sainte-Palaye  [ibid.),  avec  les  indications  (à  vérifier)  fournies  par 
une  concordance  manuscrite  qui  a  été  transcrite  en  marge  du  cata- 
logue de  Petau  dans  l'exeniplaire  de  Montfaucon  de  la  Bibliothèque 
de  l'Kcole  française  de  Rome,  avec  les  renseignements  fournis  par 
Betlimann  dans  le  tome  XII  de  l'/l/'c/u'o  avec  les  nombreuses  réfé- 
rences aux  manuscrits  du  Vatican  qu'on  trouve  dans  les  Monumenta 
Gennanirr  et  autres  recueils  de  textes.  —  Le  volume  se  termine  par 
une  table  des  noms  de  lieux  et  de  personnes,  table  d'autant  plus  utile 
que  la  diversité  des  documents  examinés  et  l'intérêt  des  textes 
publiés  font  de  ce  recueil  un  livre  de  travail  de  première  importance. 

A.   ViDIEK. 


Vie  de  saint  Louis  par  Guillaume  de  Saint-Pathus,  confesseur 
de  la  reine  Marguerite,  publiée  d'après  les  manuscrits  par 
H. -François  Delaborde.—  Paris,  A.  Picard  et  fils,  1899;  in-8'\  xxxii- 
166  p.  fCollection  de  textes  pour  servir  à  l'étude  et  à  l'enseignement 
de  l'histoire). 

La  Vie  de  saint  Louis  par  le  confesseur  de  la  reine  n'était  pas  une 
source  inconnue  des  historiens,  mais  elle  n'était  utilisée  qu'avec  la 
circonspection  commandée  par  une  saine  critique,  parce  que  les  ren- 
seignements qu'elle  fournissait  étaient  pour  la  plupart  impossibles  à 
contrôler  et  à  vérifier.  Elle  avait  cependant  une  grande  valeur,  et  c'est 
au  nouvel  éditeur  qu'appartient  tout  l'honneur  de  l'avoir  démontré. 
Le  confesseur  de  la  reine,  dont  le  nom,  Guillaume  de  Saint-Pathus,  a 
été  ingénieusement  retrouvé  par  ^L  D.,  déclare  avoir  composé  son 
œuvre  sur  les  documents  de  l'enquête  ordonnée  par  le  pape  Boni- 
face  VIII  pour  la  canonisation  de  Louis  IX.  Ces  documents  et  la  copie 
qui  en  fut  transmise  à  Guillaume  ont  disparu.  Toutefois,  les  décou- 
vertes du  comte  Riant  et  de  M.  D.  ont  permis  à  ce  dernier  de 
comparer  quelques  fragments  de  l'enquête  sur  la  Vie  et  les  mi- 
racles du  saint  roi,  et  le  texte  du  confesseur;  et  il  s'est  trouvé  que  la 
Vie  de  saint  Louis  reproduisait  lidèlement  la  substance  de  ces  frag- 
ments conservés  par  hasard  :  il  était  légitime,  en  l'espèce,  de  conclure 
du  particulier  au  général,  et  de  reconnaître  à  l'œuvre  de  Guillaume 
Moyen  Age,  t.  XIII.  5 


()6  COMPTES   RENDUS 

de  Saint-Pathus  tout  sou  prix'.  Il  y  avait  donc  intcrctà  donner  une 
édition  nouvelle  et  correcte,  sinon  des  miracles,  du  moins  de  la  Vie  de 
saint  Louis. 

C'est  cette  édition  que  M.  D.  publie.  Le  texte  est  dressé  avec  tout 
le  soin  désirable.  L'annotation  très  sobre  est  suffisante.  Je  me  per- 
mettrai de  soumettre  à  M.  D.  deux  petites  remarques.  A  la  page  49, 
Guillaume  de  Saint-Pathus  rapporte  que  saint  Louis  accorda  une 
exemption  générale  à  l'abbaye  de  Saint-Denis  pour  confirmer  les  pri- 
vilèges autrefois  octroyés  par  le  roi  Charles  et  contestés  aux  moines 
par  les  seigneurs.  M.  D.  écrit  en  note  :  «  Cette  exemption  accordée 
par  saint  Louis  en  janvier  1259  (n.  st.)...  est,  comme  on  le  voit, 
antérieure  à  l'élévation  de  Charles  au  trône  de  Naples.  »  iVIais  que 
vient  donc  faire  ici  Charles  d'Anjou?  Il  est  bien  évident  qu'il  ne  peut 
pas  s'agir  du  frère  de  saint  Louis;  que  saint  Louis  visait  un  diplôme 
d'exemption  d'un  roi  Charles,  et  que  ce  roi  Charles  est  nécessaire- 
ment un  carolingien,  très  probablement  Charles  le  Chauve.  Le  texte 
de  Guillaume  de  Saint-Pathus  ne  contient  donc  pas  l'erreur  que 
semble  lui  attribuer  M.  D.  A  la  page  lOô,  le  texte  porte  que  saint 
Louis  «  ne  vouloit  pas  aprochier  as  reliques  ne  as  sanctuaires  besier 
le  jour  dont  il  avoit  geu  la  nuit  avec  sa  femme.  Ce  quint  que  il  avoit 
esté  la  nuit  est  par  desus  eu  cinquième  tretié  ».  M.  D.  écrit  (note  3)  : 
«  On  ne  trouve  rien  de  semblable  au  cinquième  chapitre  »  et  il  renvoie 
au  xve  (il  eût  fallu  xvi  et  non  xv).  Il  est  vrai  que  la  référence  de 
Guillaume  est  inexacte,  mais  le  passage  allégué  se  trouve  au  sixième 
chapitre.  M.  D.  avait  déjà  noté  une  erreur  de  même  nature  (p.  64, 
note  1).  Il  y  a  peut-être  dans  ces  renvois  inexacts  un  élément  de  cri- 
tique dont  M.  D.  n'a  point  tenu  compte,  parce  qu'il  n'a  pas  cherché 
une  explication  à  ces  fautes. 

M.  D.  pense  que  l'on  envoya  à  Guillaume  un  abrégé  des  dépositions 
sur  les  miracles,  et  que  c'est  de  ce  résumé  que  le  confesseur  de  la 
reine  composa  de  toutes  pièces  la  seconde  partie  de  son  œuvre;  mais 
il  estime  que  pour  la  Vie  de  saint  Louis,  Guillaume  fit  œuvre  plus 
personnelle  en  résumant  lui-même  le  texte  intégral  de  l'enquête  qu'on 
lui  avait  transmis.  Les  raisons  qui  légitiment  cette  assertion  sont 
plausibles;  mais  j'avoue  que  la  façon  dont  Guillaume  parle  de  ses 
sources  me  rend  hésitant  :  il  ne  fait  aucune  distinction  entre  les  deux 

1.  M.  Vidier  avait  déjà  signalé  aux  lecteurs  du  Moi/en  Af/e  les  résultats 
obtenus  par  M.  Delaborde  (Cf.  Le  MoijenA<je,  2'-  série,  1. 1,  p.  19S): 


II.  F.   nKi.AnonnK  :  r.rii.i,AfMF.  dr  SArxT-p.\Tiifs  07 

parties  de  la  eopic  qui  lui  fut  remise.  Là  n'est  pas  cependant  le 
point  délicat.  M.  D.  ne  croit  pas  que  nous  ayons  l'œuvre  originale  de 
(luillaurae  de  Saint-Pathus ;  celui-ci  a  écrit  sa  Vie  de  saint  Louis  en 
latin,  car  on  relève  dans  le  texte  français  que  nous  possédons  des 
traces  évidentes  de  traduction  (latinismes,  obscurités,  la  rubrique  de 
indaicione  .  Cette  traduction  ne  fut  pas  faite  par  Guillaume,  car  on 
trouve  des  latinismes  et  des  obscurités  dans  des  amplifications  ora- 
toires qui  n'existaient  pas  à  coup  sûr  dans  les  dépositions  des  témoins 
et  qui  sont  nécessairement  dues  à  la  plume  du  confesseur;  ne  fallait- 
il  pas  que  la  rubrique  c?e  indaicione  qui  n'a  aucun  sens  fût  incompré- 
hensible pour  avoir  été  reproduite  telle  quelle  par  le  traducteur  qui  dès 
lors  ne  peut  être  Guillaume  lui-même?  Enfin  il  est  impossible  que  la 
Vie  de  saint  Louis  et  les  Miracles  aient  été  traduits  par  la  même  per- 
sonne :  le  style  des  miracles  est  plus  clair,  plus  élégant  ;  le  vocabulaire 
même  est  changé. 

Je  crois  eu  effet  que  Guillaume  a  rédigé  son  œuvre  en  latin  et  (ju'il 
y  a  eu  deux  traducteurs.  Mais  je  crois  aussi  que  l'un  des  deux  tra- 
ducteurs, celui  de  la  Vie  de  saint  Louis,  peut  être  Guillaume  de  Saint- 
Pathus,  malgré  les  arguments  de  M.  D.  pour  soutenir  la  thèse 
contraire.  L'objection  tirée  des  latinismes  et  des  obscurités  qu'on  relève 
dans  les  amplifications  oratoires  n'aurait  de  valeur  (|ue  si  nous  étions 
bien  certains  que  ces  banalités  sont  de  Guillaume;  et  nous  n'avons 
aucune  certitude  parce  que  nous  ignorons  ce  qu'étaient  ces  copies  dont 
parle  l'auteur  et  sur  lesquelles  il  travaillait  :  si  ces  copies  étaient  des 
résumés  des  deux  enquêtes,  comme  '\l.  D.  le  suppose  pour  les  Miracles 
seulement,  elles  pouvaient  contenir  ces  courtes  digressions  générales; 
si  même  ces  copies  renfermaient  le  texte  intégral  de  l'imquête,  pour- 
quoi ces  brèves  amplifications  n'auraient-elles  pu  se  trouver  dans  les 
dépositions  de  témoins  bavards?  Il  y  a  des  gens  qui  aiment  à  déve- 
lopper les  lieux  communs.  Heureuxencore,  comme  c'est  le  cas  ici,  quand 
ces  développements  sans  intérêt  ont  trait  à  l'affaire.  Et  je  crois  que  la 
part  personnelle  de  Guillaume  de  Saint-Pathus  est  très  minime^  La 
rubrique  de  indaicione  peut  être  une  excellente  preuve  qu'il  y  a  eu 
avant  le  texte  français  qui  nous  est  parvenu  un  texte  latin  sur  lequel 
le  premier  est  souvent  calqué  ;  elle  ne  doit  pas  servir  à  démontrer  que 
la  traduction  n'est  pas  de  Guillaume;  il  n'est  pas  juste  de  dire  que 
Guillaume  a  inventé  ce  mot  indaicio  et  que  le  traducteur  l'a  laissé  tel 
quel,  «  se  réservant  probablement  d'en  chercher  plus  tard  l'équivalent 


68  COMPTES    RENDUS 

fraiit^-ais  ».  Tout  cela  n'est  qu'hypothèse  vaine  :  on  ne  voit  pas  pour- 
quoi Guillaume  eût  de  gaieté  de  cœur  forgé  un  mot  qui  nepouvaitpas 
avoir  plus  de  sens  pour  lui  que  pour  nous.  Guillaume  savait  le  latin, 
peut-être  le  latin  macaronique  et  savoureux  d'un  Fra  Salimbene, 
puisqu'il  confesse  qu'il  est  un  ignorant;  mais  encore,  quand  les  igno- 
rants de  cette  sorte  créaient  un  mot,  ils  l'allaient  prendre  dans  la 
langue  française.  Induicio  ne  répond  à  rien  ni  en  latin,  ni  en  français. 
L'on  sait  avec  quelle  facilité  les  scribes  du  moyen  âge  acceptaient  les 
lectures  les  plus  étonnantes.  Guillaume  a  pu  emprunter  cette  rubrique 
à  un  texte  mal  lu,  et  cela  pourrait  légitimer  la  conjecture  que 
Guillaume  avait  sous  les  yeux  un  résumé  de  l'enquête  sur  la  vie, 
tout  aussi  bien  que  l'hypothèse  d'un  traducteur  de  Guillaume.  Et 
j'accepterai  plus  volontiers  cette  opinion  après  examen  des  erreurs  de 
référence  que  je  signalais.  Une  première  fois  Guillaume  de  Saint- 
Pathus  renvoie  au  chapitre  ii  quand  le  passage  allégué  se  trouve  au 
chapitre  vi.  Il  faut  bien  admettre  que  cette  faute  n'étant  pas  impu- 
table à  un  traducteur,  le  chapitre  vi  a  été  tout  d'abord  le  second. 
Après  coup,  Guillaume  a  ajouté  trois  chapitres;  et  le  chapitre  second 
est  devenu  le  cinquième,  et  Guillaume  y  renvoie.  Mais  dans  la  rédac- 
tion qui  nous  est  parvenue,  ce  cinquième  chapitre  est  le  sixième.  Or, 
le  chapitre  ajouté  après  coup  ne  peut  être  que  le  premier  :  tandis  que 
dans  les  chapitres  2,  3,  4,  5,  on  trouve  des  traces  évidentes  de  latinité, 
dans  le  chapitre  premier,  on  n'en  remarque  aucune;  et  bien  qu'il  soit 
inspiré  de  Geofïroi  de  Beaulieu  et  delà  déposition  de  Charles  d'Anjou, 
ce  chapitre  est  manifestement  pensé  et  écrit  en  français.  En  faisant 
sa  rédaction  française  plus  complète  que  les  rédactions  latines,  Guil- 
laume n'a  point  pensé  à  rétablir  partout  la  concordance  entre  les 
chapitres  et  les  renvois'.  D'ailleurs,  comment  supposer  que  Guillaume 
ne  dût  pas  entreprendre  lui-même  la  traduction  de  son  œuvre!  C'est 
en  effet  à  la  requête  de  Blanche  de  F'rance  que  Guillaume  a  composé, 
son  ouvrage  entre  le  4  décembre  1302  et  le  11  octobre  1303  ;  or,  à  cette 
date,  les  laïques  ne  savaient  plus  guère  le  latin.  Blanche  de  France  le 
savait-elle?  Si  elle  le  savait,  pourquoi  se  serait-on  donné  la  peine  de 
traduire  ce  texte  à  peine  achevé  de  rédiger?  Remarquons-le,  «  le  plus 


1.  M.  D.  a  signalé  que  dans  le  plus  ancien  ms.  le  iliot  cinquième  avait  été  laissé 
en  blanc;  et  que  In  1"  correcteur  l'avait  ajouté.  Cette  faute  du  correcteur 
s'explique  tout  naturellement  par  l'emploi  de  la  dernière  rédaction  latine,  moins 
complète  que  la  rédaction  franeaise. 


d'arbois  de  jlhainvillk:  civilisation  des  celtes  ()9 

ancien  manuscrit  est  dune  écriture  des  environs  de  1300  ».  11  fut 
corrigé  deux  fois  avant  d'être  copié  vers  1320.  Et  si  Guillaume  a  lui- 
même  traduit  la  Vie  de  saint  Louis  et  non  les  Miracles,  c'est  qu'il  dut 
sans  doute  mourir  avant  d'avoir  terminé  son  entreprise. 

Léon  Levillain. 


IL  d'Arbois  de  Jibainville.  —  La  Civilisation  des  Celtes  et 
celle  de  l'épopée  homérique.  (Coursde  littérature  celtique. T.  VI.) 
—  Paris,  Fontemoing,  1899  ;  in-S»,  .\vi-418  p. 

De  la  comparaison  qu'il  a  établie  entre  la  civilisation  des  Celtes 
et  celle  de  l'épopée  homérique,  M.  d'Arbois  do  Jubainville  n'a  pas 
prétendu  conclure  aune  filiation  entre  les  deux  civilisations,  ni  même 
à  une  parenté,  mais  simplement  constater  une  fois  de  plus  cette  loi  : 
que  toutes  les  sociétés  suivent  un  développement  analogue  et  par- 
courent les  mêmes  étapes.  Bien  qu'il  y  ait  de  grandes  différences 
entre  la  société  grecque,  telle  qu'elle  apparaît  dans  Y  Iliade  et  VtJdijsi^ée, 
et  la  société  celtique,  telle  que  nous  la  font  connaître  des  sources  qui 
d'ailleurs  sont  dans  le  temps  très  éloignées  les  unes  des  autres,  et 
dont  quelques-unes,  comme  les  poèmes  épiques  irlandais,  sont  de 
rédaction  assez  récente,  il  y  a  cependant  des  ressemblances  qui  auto- 
risent à  affirmer  que  les  Celtes,  avant  l'ère  chrétienne,  et  même  pos- 
térieurement, en  tant  qu'il  s'agit  des  populations  de  l'Irlande,  en 
étaient  au  même  point  de  leur  évolution  que  les  Grecs  huit  siècles 
avant  notre  ère.  En  tout  cas,  les  rapprochements  entre  l'épopée 
homérique,  d'une  part,  et  les  écrivains  grecs  et  latins,  pour  ce  qu'ils 
nous  donnent  de  renseignements  sur  les  Celtes,  et  les  poèmes  irlan- 
dais, d'autre  part,  sont  un  moyen  d'investigation  légitime  pour  com- 
pléter nos  connaissances  si  bornées  et  si  éparses  sur  les  mœurs  et  les 
institutions  celtiques. 

Par  exemple,  Diodore  de  Sicile,  parle  des  repas  qui  se  donnent 
chez  les  Celtes  :  pour  honorer  les  hommes  les  plus  braves,  on  leur 
sert  dans  les  festins  les  plus  beaux  morceaux  de  viande.  Il  n'en  allait 
pas  différemment  dans  le  monde  des  héros  d'Homère,  oùAjax,  vain- 
queur d'Hector  en  combat  singulier,  reçut  d'Agamemnon  le  dos 
entier  d'un  bœuf  dont  le  reste  fut  partagé  entre  les  autres  guerriers. 
M.  d'A.  de  J.  est  amené  ainsi  à  parler  des  combats  singuliers  livrés 
en  présence  de  deux  armées,   et  dont  l'usage  se  retrouve  chez  les 


70  COMPTES    HENDUS 

C'eltes  comme  chez  les  Grecs.  Autre  trait  commun  aux  deux  civHi- 
sations  :  les  Grecs  avaient,  pour  chanter  leurs  exploits,  des  aèdes 
qui  correspondent  aux  bardes  des  Celtes.  Diodore  de  Sicile  et  Stra- 
bou  mentionnent  les  devins  qui  dans  le  monde  celtique  constituent, 
comme  dans  la  littérature  homérique,  un  groupe  d'individus  distinct 
de  celui  des  prêtres.  Les  druides  remplissaient,  eux  aussi,  les  fonctions 
de  devins,  mais  ils  étaient  avant  tout  des  prêtres.  Les  druides 
formaient  une  corporation,  ce  qui  a  donné  lieu  à  une  théorie  d'après 
laquelle  les  druides  seraient  les  ancêtres  des  moines  irlandais. 
^L  d'Arbois  de  .lubainville  combat  cette  doctrine.  Dans  aucun  texte, 
ni  de  l'antiquité,  ni  du  haut  moyen  âge  irlandais,  il  n'est  question 
de  vie  en  commun  pour  les  druides.  D'ailleurs,  les  origines  du  mo- 
nachisme  chrétien  en  Irlande  sont  tout  ce  qu'il  y  a  de  plus  clair. 
On  a  prétendu  aussi  que  les  premiers  moines  irlandais  étaient  des 
druides  convertis.  «  Les  deux  mille  frères  de  Sletty,  écrit  dom  Pitra, 
qui  chantaient  jour  et  nuit,  divisés  en  sept  chœurs  de  trois  cents  voix, 
répondant  aux  fils  de  saint  Martin,  étaient,  d'après  la  légende,  les 
enfants  du  druide  converti  Fiek.  »  Or,  Fiek  n'était  pas  un  druide, 
mais  un  Jîle,  un  devin.  Ajoutez  que  les  druides  ont  été  en  Irlande  les 
plus  grands  ennemis  de  l'enseignement  chrétien.  M.  d'Arbois  de  Ju- 
bainville  s'étend  longuement  sur  les  druides  ;  c'est  qu'il  lui  arrive 
de  perdre  de  vue  le  sujet  même  de  son  livre  ;  les  lecteurs  ne  s'en 
plaindront  pas,  car  les  pages  qu'il  consacre  à  la  civilisation  celtique, 
considérée  en  elle-même,  ne  sont  pas  les  moins  intéressantes.  L'ensei- 
gnement des  druides,  les  croyances  religieuses  des  Celtes,  l'anthro- 
pomorphisme, qui  est  un  caractère  commun  aux  dieux  homériques 
et  celtiques,  ont  fourni  matière  à  un  chapitre  oij  sont  mises  en  lumière 
les  ressources  que  l'historien  des  idées  peut  trouver  dans  la  philo- 
logie. Les  conceptions  de  la  vie  ultra-terrestre  sont  différentes  chez 
les  Grecs  et  les  Celtes,  et  de  même  les  modes  de  sépulture.  Cepen- 
dant il  y  a  des  points  de  contact  ;  ainsi  l'idée  de  la  nécessité  d'une 
barque  pour  arriver  au  séjour  des  morts  ;  mais  c'est  un  détail  qu'on 
retrouve  dans  l'Inde,  en  Egypte,  en  Scandinavie. 

Le  chapitre  IV  est  consacré  à  la  famille  dont  la  base  est  chez  les 
Grecs  comme  chez  les  Celtes  la  monogamie,  laquelle  n'est  pas  un 
obstacle  au  concubinat  ;  le  mari  peut  avoir  pour  concubines  ses 
femmes  esclaves.  Il  n'y  a  qu'un  passage  de  César  qui  mentionne  la 
pluralité  des  femmes  en  Gaule.    Mais  dans   l'épopée  irlandaise,  on 


nr\niKiî  :  nof  imknts  ixTKnKssANT  la  nKi.GiguE  71 

trouve  plusieurs  exemples  de  polygamie.  Quant  à  la  polygamie,  s'il 
n'en  est  pas  question  chez  Homère,  elle  a  existé  à  Lacédémone  ; 
César  l'attribue  aux  Bretons  ;  on  la  retrouve  dans  les  poèmes  irlan- 
dais. "  Chez  Homère,  les  femmes  légitimes  :  1"^  sont  achetées  à  leur 
père  par  le  mari  ;  2"  elles  reçoivent  de  leur  père  une  dot  ;  3"  elles 
obtiennent  de  leur  mari  des  présents  qui  peuvent  quelquefois  avoir 
assez  d'importance  pour  constituer  ce  que  l'on  appellera  plus  tard 
douaire  en  français...  L'usage  d'acheter  les  femmes  libres  qu'on 
épouse  a  été  général  dans  le  monde  indo-européen  ;  il  se  trouve  en 
Irlande.  Il  a  existé  évidemment  en  Gaule...  »  La  dot  s'appelle  en 
lihinde  iimol,  en  gallois  agireddy.  Le  douaire  correspond  au 
tinnficra  irlandais  ;  il  était  usité  en  Gaule,  mais  on  ignore  son  nom. 

Le  chapitre  V  est  intitulé  ((  la  guerre  ».  L'auteur  passe  en  revue 
les  armes  défensives  et  offensives.  H  insiste  longuement  sur  le  char 
de  guerre  qui  était  encore  en  usage  en  Gaule  vers  l'an  90  avant  notre 
ère,  mais  que  César  ne  rencontra  plus  qu'en  Grande-Bretagne.  Le  char 
de  guerre  paraît  être  d'origine  chaldéenne.  Il  se  répandit  en  Egypte, 
en  Italie,  en  Gaule,  en  Grande-Bretagne  et  en  Irlande.  M.  d'Arbois 
de  Jubainville  marque  les  différences  entre  le  char  grec  et  le  gaulois. 

Pour  conclure,  «  la  parenté  entre  Celte  et  Grec  homérique  tient  sur 
certains  points  à  une  origine  commune  ;  les  mots  qui  veulent  dire 
père  et  mère,  par  exemple,  sont  décisifs.  Mais  l'accord  sur  beaucoup 
de  détails  s'explique  par  les  lois  générales  de  l'esprit  humain  et  par 
le  degré  de  civilisation...  Les  Gaulois,  pendant  les  trois  siècles  qui 
ont  précédé  notre  ère,  les  Irlandais,  tels  que  nous  les  dépeint  leur 
littérature  épique  la  plus  ancienne,  mise  par  écrit  dans  le  moyen  âge, 
étaient  à  peu  près  au  même  degré  de  civilisation  que  les  Grecs  et  les 
Troyens  de  l'épopée  iiomérique  environ  huit  cents  ans  avant  Jésus- 
Christ  ».  M.  Prou. 


Ch.  DiMviER.  —   Actes  et  documents  anciens   intéressant  la 
Belgique.  —  Bruxelles,  1898  ;  in-8%  462  p. 

Sous  ce  titre  M.  Duvivier  a  publié  cent  quarante-sept  documents, 
la  plupart  inédits,  du  ix"  au  xive  siècle,  qu'il  a  recueillis  au  cours  de  ses 
recherches  dans  les  archives  et  bibliothèques  de  la  France.  Ces  docu- 
ments intéressent  autant  l'histoire  du  Xord  de  la  France  que  celle  de  la 


72  COMPTES    RENDi:S 

Bolgiiiuo.  La  transcription  nous  a  paru  avoir  été  soigneusement  faite. 
L'annotation,  dans  laquelle  l'auteur  s'est  particulièrement  préoccupé 
d'identifier  les  personnes  et  les  localités,  permet  d'utiliser  immédiate- 
ment ces  chartes.  Une  table  alphabétique  complète  le  volume.  M.  Du- 
vivier  a  classé  les  documents  par  églises,  et  il  a  donné  sur  les  fonds 
d'archives  qu'il  a  consultés  des  renseignements  historiques  et  biblio- 
graphiques intéressants.  Ainsi  le  recueil  s'ouvre  par  une  notice  sur  1^ 
cartulaire  du  chapitre  cathédral  de  Noijon,  conservé  aux  archives 
de  l'Oise,  auquel  les  érudils  ont  emprunté  déjà  nombre  de  documents, 
mais  d'oij  M.  Duvivier  a  pu  tirer  encore  un  document  inédit  ;  la 
charte  par  laquelle  le  comte  Hilduin,  vers  900,  donne  à  l'église  de 
Noyon  un  fisc  dans  la  cité  de  Tournai.  Les  deux  cartulaires  de 
l'abbaye  de  Sninl-Amand,  conservés  aux  archives  du  Nord,  lui 
ont  fourni  plusieurs  pièces  importantes  du  x«^  au  xii^  siècle.  Signalons 
particulièrement  une  charte  de  l'abbé  Bovo,  de  l'an  1082,  réglant,  à 
la  suite  d'un  procès,  les  droits  du  prévôt  Ilériman,  qui  tenait  son 
ministerium  en  bénéfice  de  l'abbaye,  sur  le  territoire  et  les  hommes 
de  la  ville  de  Saint- Amand;  cette  charte  n'est  pas  transcrite  dans  les 
cartulaires;  M.  Duvivier  l'a  empruntée  à  une  copie  de  la  collection 
Moreau.  Mais  c'est  dans  le  premier  cartulaire  qu'il  a  trouvé  une 
charte  de  la  fin  du  xi^  siècle,  par  laquelle  une  femme  libre,  Ivette  de 
Cresplaine,  se  fait  serve  de  l'abbaye  avec  toute  sa  postérité.  En  1116, 
le  comte  Baudouin  confirme  la  restriction  apportée  par  Geoffroy, 
avoué  de  la  ville  de  Saint-Amand,  au  service  de  plait  que  lui 
devaient  les  hommes  de  ladite  ville.  Il  y  avait  trois  plaits  géné- 
raux, l'un  après  Noël,  le  second  après  Pâques,  et  le  troisième  après 
la  Saint-Jean;  chacun  d'eux  durait  trois  jours  ;  l'avoué  les  réduit  à  un 
jour.  De  la  même  année  1116,  un  règlement  du  comte  Baudouin  sur 
la  man(jeuvre  des  écluses  de  Thun. 

Dans  le  chapitre  consacré  à  l'abbaye  de  Saint- Vanne,  on  trouvera 
un  diplôme  de  l'empereur  Conrad  II,  du  24  avril  1031,  dont  M.  Duvivier 
a  établi  un  texte  critique.  Viennent  ensuite  des  chartes  extraites  des 
cartulaires  de  l'abbaye  d'Hasnoti  aux  Archives  du  royaume  à  Bruxelles 
et  à  la  bibliothèque  de  Douai,  des  divers  cartulaires  de  Corbie  à  la 
Bibliothèque  Nationale  de  Paris;  la  transcription  de  deux  chartes  de 
Saint-N'icolas-au-Bois,  dont  les  originaux  sont  conservés  l'un  aux 
archives  du  Nord,  l'autre  à  la  Bibliothèque  Nationale  de  Paris;  la 
notice  d'une  charte  de  1  évêque  de  Tournai ,  Rat bod ,  en  1087 ,  pour  Saint- 


m  \  i\  ii:i!  :   ikx  tmiùxis  iNri:i:i:ssAN'r  la  HKi.cigiF.  (.5 

liifjuiei',  extraite  d'un  cartulaire  des  archives  de  la  Somme.  Le  fonds 
de  l'abbaye  de  MarcJiienncs  aux  archives  de  Lille  a  fourni  un  diplôme 
faux  mis  sous  le  nom  de  Charlemagne.  Le  Glay  avait  déjà  signalé  ce 
faux.  Mais  M.  Vanderkindere  a  pu  déterminer  l'époque  de  la  compo- 
sition qu'il  place  au  xn"  siècle;  dans  la  note  qu'il  a  rédigée  à  ce  sujet 
pour  le  recueil  de  M.  Duvivior,  il  remarque  avec  raison  que  le  faus- 
saire a  pris  pour  modèle  un  document  du  xi^  siècle.  A  signaler  dans 
une  charte  de  la  môme  abbaye  d'environ  l'an  976  une  mention  de  la 
loi  Salique.  11  s'agit  de  trois  manses  cédés  à  titre  de  précaire  à  deux 
hommes  moyennant  le  payement  d'un  cens  annuel  de  trois  sols  : 
«  Quod  si  de  hoc  censum  ncgligens  unquam  usus  fuerit,  secundum 
legem  Salicam  cogatur  emendaturus.  »  Les  documents  sur  les  exac- 
tions des  avoués  à  l'égard  des  hommes  des  monastères  du  Nord  de 
la  Franco  sont  nombreux  ;  ceux  que  M.  Duvivier  a  publiés  d'après 
les  originaux  et  relatifs  aux  avoués  de  Marchiennes,  au  xir-  siècle  sont 
parmi  ceux  qui  donnent  à  ce  sujet  les  détails  les  plus  précis. 

Le  diplôme  du  roi  de  France  Philippe  pi"  confirmant  les  privilèges 
du  chapitre  de  Saint- Amé  de  Douai  avait  déjà  été  publié;  mais  M.  Du- 
vivier en  a  donné  le  texte  d'après  l'original.  Il  y  a  quelques  négligences 
de  transcription,  d'ailleurs  insignifiantes;  p.  186,  hgneS, incliti,  lisez 
inchjti  :  p.  187,  1.  4,  tirannide,  lisez  tijrannide  ;  1,  5,  Broiolo,  lisez 
Broiio;  1.  17,  persecutoriun,  lisez  persequuioi-um;  p.  188,  1.  20, 
Roherti,  lisez  Rotberti;  1.  22,  Richeldin,  lisez  Richiidis. 

C'est  de  la  collection  Moreau  qu'ont  été  tirées  des  chartes  du 
xn«  siècle,  relatives  à  l'abbaye  de  Crespin.  Viennent  ensuite  les  docu- 
ments relatifs  aux  abbayes  de  Bourbourg  (tirés  du  cartulaire  du 
xme  siècle,  conservé  à  la  Bibliothèque  Nationale  de  Paris),  cVAuchtj- 
les-Moines  (d'après  un  Cartulaire  du  xvni°  siècle,  imprimé,  mais  très 
rare);  &à  Saint-André  de  Cateau-Cambrésis  ;  de  Saint-Médurd  de 
Soissons  (d'après  le  cartulaire  des  Archives  Nationales);  d'Homblières 
(d'après  le  cartulaire  delà  Bibliothèque  Nationale).  Parmi  les  pièces 
extraites  du  cartulaire  d'Homblières,  il  en  est  une  d'un  genre  qu'on 
n'est  pas  habitué  à  rencontrer  dans  les  cartulaires  ;  c'est  une  lettre  de 
Hugues,  abbé  de  Saint  Amand,  écrite  vers  1159,  adressée  au  prieur 
et  aux  moines  d'Homblières,  à  l'occasion  de  la  mort  de  leur  abbé  :  il 
s'excuse  de  ne  pouvoir  leur  porter  lui-même  ses  consolations,  retenu 
qu'il  est  par  la  présence  dans  son  monastère  de  l'évêque  de  Tournai, 
gravement  malade;  mais  si  les  moines  d'Homblières  'dont  il  avait  été 


71  COMPTES    RENDUS 

l'abbô    veulent  reniottre  l'élection  d'un   nouveau  pasteur,  il  espère 
pouvoir  y  assister. 

Les  archives  du  Nord  ont  fourni  un  fragment  de  registre  de 
rabba}'e  du  Saint- Sépulcre  de  Ctimbnd  donnant  la  liste  des  cens 
payés  à  la  chapelle  de  Notre-Dame  de  Bruxelles.  Les  autres  églises 
dont  les  fonds  d'archives  ont  contribué  à  la  formation  du  recueil  de 
M.  Duvivier  sont  :  l'abbaye d'yl»c7i//?,  la  cathédrale  de  Cambrai  (un 
plait  épiscopal  de  941),  les  abbayes  de  S((ini-Aubert  de  Cambrai^  de 
Saint-Quentin-en-V Ile,  de  Saint-Pierre  de  Blandin,  à  Gand,  de 
Saint-Vaast  d'Arras.  Parmi  les  chartes  de  Saint-Vaast,  il  en  est 
une  sur  laquelle  il  convient  d'appeler  l'attention  des  historiens  du 
droit  :  c'est  une  autorisation  donnée  par  l'abbé  à  deux  hommes  de 
l'abbaye  de  passer  d'une  classe  de  tributaires  dans  une  autre,  afin  de 
pouvoir  contracter  mariage  :  «  Duo  fratres  qui  erant  ex  familia  sancti 
Vedasti  de  dimidia  possessione  pro  niortua  manu,  ad  ministerium 
cellerarii  pertinentes,  Ausbertus  et  Stephanus,  me  adierunt  quoniam 
alter  uxorem  accepturus,  nisi  de  lege  duorum  denariorum  fieret  sicut 
femina  erat,  conjugium  assequi  non  poterat.  »  L'abbé  «ionsent  à  ce 
que  les  deux  frères  «  qui  de  dimidia  possessione  saneti  Vedasti  erant  » 
changent  de  loi  ihanc  commutationem  legis  indulgemusjj  et  payent 
désormais  le  cens  de  deux  deniers.  A  la  page  347,  on  remarquera 
une  traduction  française,  du  xiii^ siècle,  des  coutumes  d'Haspres  (1197), 
village  du  Hainaut  qui  appartenait  à  Saint-Vaast.  D'autres  chartes  de 
coutumes  ont  été  tirées  du  Cartulaire  de  la  terre  de  Guise  :  les  fran- 
chises données  à  Hirson  (Aisne),  en  1156,  par  Geoffroy  de  Guise;  celles 
que  Jacques  d'Avesnes  accorda  aux  bourgeois  de  Buironfosse  (Aisne), 
entre  1170  et  1189.  C'est  par  ce  document  que  se  termine  le  recueil 
de  M.  Duvivier,  dont  la  consultation  sera  indispensable  aux  érudits, 
qui  y  trouveront  des  renseignements  les  plus  divers  pour  l'histoire  du 
nord  de  la  France  et  de  la  Belgique  et  des  documents  importants  pour 
les  institutions  des  xi®  et  xii^  siècles.  M.  Prou. 


c.  s(  iim;ii)i:i!  :  ki.oi!i:.\i'i\is( ni-;  it ankiihîs  .    l'^S.")  i:{()|  75 

G.  SciiNKinFR.  —  Die  finanziellen  Beziehungen  der  florentini- 
schen  Bankiers  zur  Kirche  von  1285  bis  1304.  —  Leipzig, 
Duiicker  und  Ilumblot,  189!);  in-8",  x-78  p.  (Staats-  und  social- 
wissenschaftliclie  Forschungen.  XVII,  1.) 

L'auteur  de  cette  dissertation  s'est  proposé  d'esquisser  Ihistoire  des 
relations  financières  de  l'Église  avec  les  maisons  de  banques  italiennes 
de  1285  à  1304.  d'après  les  registres  poutificaux,  en  grande  partie 
publiés  pour  cette  période  de  vingt  ans.  Il  a  consciencieusement 
dépouillé  les  registres  publiés,  noté  tout  ce  qui  concernait  son  sujet, 
et  distribué  ses  fiches  sous  six  rubriques  :  La  curie  et  les  banques  de 
dépôt;  la  curie  et  les  banques  de.  crédit;  les  banques  et  le  collège 
des  cardinaux;  les  banques  et  le  clergé;  situation  juridique  des 
banques  vis-à-vis  de  la  Chambre  apostolique  ;  le  personnel  des 
banques  auprès  de  la  curie.  —  Ces  six  chapitres,  l'auteur  les  a 
encadrés  entre  deux  chapitres  d'introduction  (les  Banques  et  l'Église 
jusqu'à  la  aiort  de  Martin  IV)  et  de  conclusion  îles  Banques  et 
l'Eglise  jusqu'au  temps  des  Médicis;. 

Le  sujet  est  intéressant,  car,  comme  M.  Schneider  le  dit,  après 
d'autres,  l'Église  romaine,  qui  fit  au  xiii^  siècle  d'immenses  levées  de 
fonds  à  l'occasion  des  croisades,  etc.),  fut,  avec  le  commerce  et  la 
guerre,  une  des  forces  qui  ont  suscité  les  grandes  puissances  finan- 
cières des  temps  modernes.  —  Malheureusement  les  documents 
jusqu'à  présent  imprimés  ne  fournissent  que  des  données  insuffi- 
santes sur  les  points  les  plus  intéressants.  L'auteur  confesse,  par 
exemple,  que  l'origine  de  la  fortune  et  de  la  disgrâce  des  Francesi 
auprès  de  Boniface  VIII  est  pour  lui,  comme  pour  nous,  un  mystère 
(p.  22);  que  Ion  ne  sait  pas  bien  comment  la  curie  s'arrangeait  pour 
concilier  les  intérêts  de  ses  a  marchands  »,  qui  prêtaient  de  l'argent 
à  quantité  de  prélats,  et  le  principe  canonique  de  l'interdiction  des 
«  usures  »  (p.  59);  qu'il  est  impossible  de  dresser  la  liste  des  agents  des 
banques  qui  ont  résidé  en  cour  de  Rome  de  1285  à  1304  (p.  67).  «  Et 
de  tous  les  banquiers  de  l'Église,  nous  ne  connaissons  guère  que 
les  noms  ;  l'état  des  documents  interdit  encore  à  l'historien  d'animer 
ces  ombres  »  (p.  68).  —  M.  Schneider  a  été,  cependant,  en  mesure 
d'établir  quelques  faits.  Dans  le  chapitre  u  (la  curie  et  les  banques 
de  dépôt),  il  a  pu  indiquer  assez  précisément  les  Compagnies  finan- 
cières qui  ont  joui  les  unes  après  les  autres  de  la  faveur  des  papes; 
des  Siennois  d'ahord,  puis  (à  partir  de  Martin  IV  ,  des  Florentins: 


76  COMPTES    UENDUS 

SOUS  Boniface  VIII,  le  triumvirat  des  Spini,  des  Mozzi  et  des  Chia- 
reuti;  la  suprématie  des  Spini  de  125)8  à  1301,  etc.  Le  ciiapitre  v 
(les  banques  et  le  clergé),  contient  un  relevé  instructil'  des  prêts,  con- 
sentis à  des  prélats  de  toute  la  chrétienté  par  des  maisons  de  banque 
italiennes,  dont  il  y  a  trace  dans  les  registres  de  la  chancellerie  de 
Boniface  VI 11. 
En  résumé,  tra\ail  bien  conçu,  exécuté  avec  soin'. 

Ch.-V.  Langlois. 

Lefebvre.  —  Leçons  d'introduction  à  l'histoire  du  droit  matri- 
monial français  (Cours  de  1898-1899).  —  Paris,  Larose  ;  in-8'\ 
131  p. 

Nous  avons  eu  la  bonne  fortune  de  recueillir  à  l'Ecole  de  droit 
l'enseignement  de  M.  Lefebvre.  Aussi  sommes-nous  heureux  aujour- 
d'hui de  voir  notre  maître  publier  le  résultat  de  ses  travaux. 

Cet  enseignement  a  porté  tour  à  tour  sur  la  division  des  personnes 
et  la  condition  des  biens,  sur  le  régime  des  successions  et  enfin  sur  le 
droit  matrimonial.  L'auteur  pense  et  avec  raison  que  ce  dernier  sujet 
offre  un  intérêt  tout  particulier  à  l'historien.  L'étude  des  obligations 
et  des  contrats  n'est  qu'un  prolongement  des  études  de  droit  romain. 
—  La  condition  des  personnes,  le  régime  successoral  ont  un  caractère 
plus  national,  liés  d'un  lien  si  étroit  à  l'histoire  politique.  Mais  ces 
institutions  ont  disparu  quand  la  Révolution  a  liquidé  ce  passé  poli- 
tique. Par  contre,  notre  droit  matrimonial,  notre  droit  de  famille  a  été 
édifié  par  les  mœurs  ;  il  a  soutenu  notre  société  «  au  travers  des 
longues  épreuves  du  moyen  âge  et  des  temps  plus  modernes  »,  il  a 
survécu  dans  notre  Code,  et  c'est  un  élément  de  force  pour  la  société 
d'aujourd'hui. 

Telles  senties  raisons  qui  ont  amené  l'auteur  à  publier  son  cours  sur 
l'histoire  du  droit  matrimonial  français.  L'auteur  «  a  laissé  à  son  livre 
la  forme  du  cours  oral  pour  lui  mieux  conserver  son  caractère  d'exposé  )), 
mais  il  a  fait  œuvre  d'historien  «  qui  n'affirme  ou  ne  conjecture  qu'à 
bon  escient  ».  Aussi  consacre-t-il  une  partie  spéciale  à  l'appareil  des 
notes  et  des  documents. 

Le  premier  fascicule  seul  paru  contient  l'Introduction  générale,  très 
étendue  et  pleine  d'intérêt.  L'auteur,  après  avoir  exposé  son  plan  et  sa 
méthode,  nous  y  trace  les  grandes  lignes  de  son  sujet. 

1.  P.  14.  Charles  de  Valois  est  présenté  comme  le  fils  de  Philippe  le  Bel. 


LKFKiu'i!!-::   iNriJontTTiox  a  i/histoikk  nr  hkoit  matimmoniai.     77 

Son  élude  s'ouvre  au  lendemain  des  invasions.  Il  se  demande: 
1"  quels  éléments  ont  pu  en  se  coordonnant  donner  naissance  aux 
coutumes  matrimoniales;  2°  quelles  ont  été  les  causes  directrices  de 
ces  développements  et  de  ces  transformations. 

Ces  éléments  sont  la  tradition  romaine,  les  coutumes  germaniques 
et  surtout  la  doctrine  chrétienne  sur  le  mariage. 

Les  institutions  romaines  ont  eu  une  inlluencc,  mais  négative.  Elles 
ne  reposent  pas  sur  le  mariage,  mais  sur  la  patria  potcsias  :  aussi 
cette  conception  a-t-elle  retardé  de  cinq  siècles  l'avènement  de  cou- 
tumes nouvelles  en  rapport  avec  des  mœurs  nouvelles. 

Les  coutumes  germaniques  nous  laissent  entrevoir  tout  un  ensemble 
de  «  tendances  morales  vers  l'intimité  plus  grande  de  l'union  conju- 
gale ».  Mais  ce  sont  là  des  tendances  et  non  de  vraies  coutumes  iuri- 
diques.  Elles  ont  du  moins  préparé  un  terrain  merveilleusement 
favorable  au  christianisme. 

Ce  fut  Là  l'élément  principal.  S'il  est  un  domaine  où  l'influence  des 
mœurs  devait  être  prépondérante,  c'est  bien  celui  du  droit  matri- 
monial. A  des  mœurs  fortement  chrétiennes  devaient  correspondre  un 
mariage  et  des  institutions  inspirés  de  l'esprit  chrétien. 

Rien  ne  manifeste  mieux  cette  influence  que  l'homogénéité  des 
coutumes  matrimoniales,  opposée  à  la  diversité  extrême  des  coutumes 
féodales  et  successorales.  Pour  cette  unité,  une  direction  dans  le 
développement  est  indispensable.  Dans  une  législation  écrite,  cette 
unité  est  due  à  la  science,  dans  un  droit  coutumier  elle  est  nécessaire- 
ment l'œuvre  d'une  unité  de  direction  morale. 

Pourquoi  cependant  en  pays  de  droit  écrit,  dans  un  milieu  aussi 
chrétien,  trouvons-nous  des  institutions  matrimoniales  si  différentes? 
Pourquoi  le  christianisme  n'aurait-il  pas  ici  imprimé  la  même 
direction  ? 

Cette  objection  ne  serait  pas  exacte  pour  le  Midi  du  haut  moyen 
âge.  Nous  trouvons  chez  les  Gallo-Romains  les  mômes  tendances  vers 
une  nouvelle  organisation  de  la  famille,  et  le  christianisme  y  déve- 
loppait un  droit  matrimonial  semblable  à  celui  du  Nord.  La  renais- 
sance du  droit  romain  au  xii^  siècle,  infiniment  plus  intense  dans  le 
Midi,  vint  changer  ce  cours,  et  c'est  alors  que  s'introduisit  le  régime 
de  méfiance  de  la  dot  et  du  Velléien,  non  toutefois  sans  résistance. 
En  Provence,  les  actes  notariés  du  xiv''  siècle  contiennent  une  renon- 


78  COMPTES    RENDUS 

ciation  si  générale  à  l'inaliénabilité  dotale  et  au  Velléien,  qu'elle  devient 
une  véritable  clause  de  style. 

C'est  donc  le  christianisme  qui  a  dirigé  dans  le  Midi, encore  coutu- 
mier,  le  développement  du  droit  matrimonial. 

Cette  doctrine  chrétienne  était  d'autant  plus  puissante  que  le  moyen 
âge  la  trouvait  formulée  dans  des  textes  précis.  Je  veux  parler  des  textes 
de  la  Genèse,  de  l'Évangile  et  surtout  de  saint  Paul,  d'où  l'exégèse  tirait 
une  théorie  complète  du  mariage  indissoluble.  C'est  sur  l'épître  aux 
Corinthiens,  ch.  vu,  en  particulier,  que  s'appuyaient  les  juriscon- 
sultes et  les  moralistes.  Ils  en  déduisaient  pour  la  femme  son  devoir 
d'obéissance  :  d'où  l'autorité  maritale  et  les  pouvoirs  du  mari  comme 
maître  et  seigneur  de  la  communauté.  Ce  texte  imposait  par  contre  au 
mari  un  devoir  strict  de  dévouement  :  de  là  le  douaire,  le  don  mutuel 
et  le  partage  par  moitié  de  la  communauté.  Sans  doute,  la  femme  con- 
tribue pour  une  moindre  part  aux  acquêts  de  la  communauté,  et  la 
loi  Ripuaire  attribuait  à  la  femme  seulement  un  tiers  de  la  commu- 
nauté. Mais  pour  le  moyen  âge,  homme  et  femme  ne  sont  pas  des 
associés  ordinaires,  chacun  recevant  proportionnellement  àsesapports: 
((  duo  in  carne  una.  »  Ce  sont  ces  raisons  de  sentiment,  étrangères  au 
droit  romain  et  à  nos  idées  modernes,  qui  expliquent  l'extension 
extrême  du  don  nmtuel  et  du  douaire.  Si  la  coutume  intervient,  c'est 
surtout  pour  limiter  la  générosité  du  mari. 

Telle  fut  la  doctrine  chrétienne  du  moyen  âge  sur  le  mariage  et  ses 
effets.  Gomment  cette  doctrine  put-elle  prendre  la  direction  de  la 
coutume?  C'est  qu'elle  s'appuyait  sur  les  mœurs  et  sur  une  répulsion 
extrême  des  Gallo-Romains  aussi  bien  que  des  Barbares  pour  Rome 
et  son  droit  matrimonial.  Une  image  sert  de  conclusion  à  l'auteur  ; 
saint  Jérôme  recouvre  Gains  dans  le  palimpseste  de  Vérone;  dans  le 
droit  matrimonial  c'est  la  coutume  ciirétienne  qui  vient  se  superposer 
au  droit  romain  et  le  recouvrir  complètement. 

Malheureusement,  là  se  termine  avec  l'Introduction,  le  1''''  fascicule^ 
nous  laissant  vivement  désirer  l'apparition  de  l'œuvre  complète. 

J.  Roman. 

II.  Haiskr.  —  Ouvriers   du  temps  passé    X'Ve-XVI^  siècle); 

—  Paris,  F.  Alcan,  l8'JD;  in-8'^  carré,   xxxvii-252  p.  (Bibliothèque 
générale  des  sciences  sociales.) 

((  Bien  des  gens,  écrit  M.  Ilauser  à  la  fin  de  son  ouvrage,  s'ima- 


liALsKi;  :  ouviiiKRs  nu  temps  passé  79 

ginent  qu'il  n'y  a  pas  eu  de  question  sociale  clans  les  époques  an- 
térieures à  la  notre.  Tout  ce  livre  tend  précisément  à  prouver  le  con- 
traire. »  L'auteur,  en  effet,  s'est  proposé  principalement  de  montrer 
que  les  économistes  et  le  public  portent  sur  l'ancienne  organisation 
du  travail  en  France  un  jugement  beaucoup  trop  rapide,  trop  simple 
et  trop  bienveillant.  Cette  organisation  ne  peut  guère  inspirer  une 
appréciation  générale,  car  elle  était  très  variée,  et  le  système  corpo- 
ratif avait  bien  moins  d'extension  et  bien  plus  de  diversité  qu'on  no  le 
croit.  Mais,  tout  compte  fait,  il  n'y  a  pas  lieu,  pour  l'ouvrier  non  plus 
que  pour  le  paysan,  de  regretter  le  temps  passé;  l'injustice,  la  misère 
imméritée,  l'exploitation  de  l'homme  par  l'homme,  sont  des  maux 
anciens,  que  la  grande  industrie,  il  est  vrai,  a  rendus  plus  aigus, 
plus  généraux  et  plus  saisissants.  La  grève  des  ouvriers  typographes 
de  Lyon  au  xvi<=  siècle  est  un  exemple  paticulièrement  typique,  et 
M.  Ilauser  a  pu  écrire  :  «  Rien  ne  manque  à  cette  crise  pour  lui  donner 
tout  l'aspect  d'une  grève  moderne  :  ni  les  demandes  d'élévation  des 
salaires,  ni  les  protestations  contre  l'avilissement  prémédité  de  la 
iiiain-d'(euvre,  ni  le  recours  aux  coalitions,  ni  la  violation  de  la 
liberté  du  travail,  ni  l'intervention  du  pouvoir  communal  d'abord,  du 
pouvoir  central  ensuite.  » 

M.  Ilauser  a  étudié  spécialement  la  période  comprise  entre  les  pre- 
mières ordonnances  de  Louis  XI  sur  la  législation  industrielle,  et 
l'ordonnance  de  1581,  qui  fut  un  vain  effort  pour  imposer  à  tous  les 
métiers  de  France  le  système  des  maîtrises.  Cette  période,  telle  qu'elle 
nous  est  décrite  dans  le  présent  livre,  n'est  peut-être  pas  aussi  typique 
qu'on  pourrait  le  croire  en  lisant  la  préface  de  M.  Hauser.  L'organi- 
sation du  travail  au  xv^  et  au  xvi'-  siècle  est  souvent  décrite  par  lui 
d'après  des  documents  bien  antérieurs,  tels  que  le  Liures  des  Métiers; 
et  d'autre  part  on  ne  voit  pas  que  la  Réforme,  par  exemple,  ait  eu  sur 
l'évolution  industrielle  l'influence  annoncée  d'abord  par  l'auteur.  Ce- 
pendant cette  époque  est  suffisamment  caractérisée  par  des  faits  que 
M.  Hauser  a  bien  mis  en  lumière,  comme  l'intervention  maintenant 
très  active  de  la  royauté  dans  la  réglementation  du  travail,  la  forma- 
tion d'une  oligarchie  patronale  de  plus  en  plus  fermée  et  oppressive, 
enfin  l'apparition  d'une  industrie  mécanique,  l'imprimerie. 

Le  livre  de  M.  Hauser  est  une  heureuse  et  utile  addition  à  ïfJis- 
toire  des  Classes  ourrières  de  M.  Levasseur,  et  conservera  sa  valeur 
alors  mémo  que  M.  Levasseur  aura  publié  la  seconde  édition,  depuis 


80  COMPTES    RENDUS 

longtemps  annoncée,  do  son  grand  ouvrage.  M.  llauser,  en  effet,  ne 
s'est  pas  contenté  de  vulgariser  les  connaissances  acquises,  il  a  fait 
d'importantes  découvertes  aux  Arcliives  Nationales  et  aux  Arcliives 
communales  de  Lyon.  Sou  livre  rendra  de  grands  services. 

Ch.  Petit-Dutaillis. 


Gabriel  Mehcr,  o.  S.  13.  — Catalogus  codicum  manuscriptorum 
qui  in  bibliotheca  monasterii  Einsidlensis  O.  S.  B.  ser- 
vantur.  Tomus  I  complectens  centurias  quinque  priores,  —  Ein- 
sidkv,  sumptibus  monasterii;  Lipsia^,  O.  Ilarrassowitz,  1899;  gr. 
in-8«,  xxiv-422  p. 

La  bibliothèque  abbatiale  d'Einsiedeln  est  une  des  rares  collections 
dont  l'existence  ait  duré  sans  discontinuer  depuis  les  débuts  de  sa 
formation  jusqu'à  nos  jours.  L'abbaye  fut  fondée  au  milieu  du  x^  siècle, 
et  elle  possède  encore  des  manuscrits  écrits  par  ses  moines  à  cette 
époque,  elle  en  possède  même  quelques-uns  antérieurs,  soit  qu'ils 
proviennent  d'autres  établissements,  soit  qu'ils  aient  été  transmis  aux 
moines  bénédictins  par  les  ermites  qui  les  avaient  précédés  au 
ix''  siècle.  Actuellement,  la  bibliothèque  compte  1,500  manuscrits,  le 
présent  volume  du  catalogue  se  réfère  aux  500  premiers,  dont  près  de 
400  remontent  au  moyen  âge.  La  transmission  des  volumes  ne  s'est 
du  reste  pas  faite  du  moyen  âge  à  nos  jours  sans  quelques  accidents, 
le  catalogue  lui-même  en  fournit  l'indice;  on  y  rencontre,  en  effet,  la 
mention  de  quelques  feuillets  palimpsestes  dans  plusieurs  manuscrits, 
feuillets  qui  rappellent  l'existence  d'anciens  volumes  détruits  ;  on  y 
trouve  aussi  décrits  sous  les  n''^  360  à  376  une  série  de  recueils  de 
fragments,  ces  fragments  sont  pour  la  plupart  très  anciens,  certains 
proviennent  de  manuscrits  du  vHi'' siècle,  un  assez  grand  nombre,  de 
manuscrits  du  x*";  enfin  à  signaler  des  feuilles  de  garde,  des  plats  de 
reliure  qui  sont  des  fragments  de  parchemin  portant  trace  d'écriture. 

La  collection  que  fait  connaître  le  premier  volume  du  catalogue  est 
composée,  comme  toutes  les  bibliothèques  du  moyen  âge,  de  bibles, 
d'homéliaires,  de  livres  liturgiques,  de  textes  des  Pères,  de  recueils 
canoniques,  théologiques,  ascétiques,  de  textes  classiques,  de  manus- 
crits historiques  :  les  plus  remarquables  de  ces  mss.  sont  connus  depuis 
longtemps;  le  plus  célèbre  de  tous  les  manuscrits  d'l<>insiedeln  est 
peut-être  le  célèbre  Ilinerarium  du  vin"  siècle  (ms.  326),  qui  a  fourni 


G.    MEIER  :    CODD.    MSS.    EINSIDLliNsES  81 

aux  archéologues  de  si  précieuses  indications  sur  la  topographie  de 
l'ancienne  Rome  et  transmis  jusqu'à  nous  le  texte  d'inscriptions 
antiques;  quelques  manuï:crits  ou  fragments  de  manuscrits  d'auteurs 
anciens  et  du  haut  moyen  âge  sont  intéressants,  par  exemple  un  Sal- 
luste  du  XI''  siècle  (ms.  10,  facs.dans  Châtelain),  des  fragments  d'Ho- 
race (ms.  361)  et  de  Térence(ms.  362)  dux^  siècle.de  Virgile  (ms.  365), 
duix^etduxe  siècle,  de  Végèce  (n"365)  du  x^  siècle,  d'Isidore  de  Séville 
(ms.  3(35)  du  vin"  siècle,  deux  Prudence  (ms.  312,  316)  et  un  Claudien 
(ms.  318)  du  x"  siècle.  —  La  série  des  manuscrits  historiques 
proprement  dits  n'est  pas  extrêmement  remarquable,  mais  elle 
est  complétée  par  les  nombreuses  notes  qui  se  trouvent  sur  les  manus- 
crits d'ouvrages  d  un  autre  genre.  A  signaler  des  fragments  de  Tite- 
Live  (ms.  348)  du  x''  siècle,  un  Eusèbe  (ras.  347)  du  viii^  siècle,  un 
Orose  (ms.  351)  du  x®  (ce  manuscrit  fournit  un  chap.  xlvih  diffé- 
rent de  celui  qui  est  dans  les  éditions),  le  De  Viris  illusiribus  de 
saint  Jérôme  et  de  Gcnnadius  (n"  131),  x'^-xi«  siècles,  un  Réginon 
(ms.  359),  avec  continuation  jusqu'en  939,  un  recueil  des  lettres  de 
saint  Grégoire  (ms.  179  du  x«  siècle,  des  canons  de  conciles  (ms.  199) 
du  vni''-ix'-  siècle.  Les  historiens  de  l'abbaye  ont  eu  beaucoup  à  em- 
prunter à  ses  manuscrits;  certains  contiennent  en  effet  des  notes  anna- 
listiques,  des  relevés  de  biens,  etc.,  par  exemple  les  n"'  29,  319  et  356 
(x®-xi"  siècles),  113  (xiv®  siècle),  83  (xn^-xnie  siècles);  on  trouve  des 
épitaphes  d'abbés  dans  les  n^^  143  et  319  (xi^  siècle)  ;  le  n''236  est  un 
martyrologe  hiéronymien  avec  notes  nécrologiques,  qui  a  été  utilisé 
pour  l'édition  de  Rossi-Duchesne;  deux  autres  martyrologes  avec 
additions  d'obits  sont  dans  les  mss.  116  et  117  ;  à  citer  encore  une  série 
de  manuscrits  de  Vies  de  saints,  dont  quelques-uns  datent  du  x«  siècle 
et  les  autres  pour  la  plupart  du  xii".  Au  point  de  vue  paléographique, 
la  collection  d'Einsiedeln  est  intéressante,  puisqu'elle  présente  quelques 
spécimens  d'écriture  de  la  bonne  époque  carolingienne,  mais  je  n'ai 
relevé  dans  le  catalogue  aucun  manuscrit  ancien  qui  fût  daté;  pour 
l'ornementation,  il  y  a  dans  ces  manuscrits  quelques  morceaux  qui 
paraissent  intéressants,  par  exemple  les  deux  miniatures  d'un  saint 
Grégoire  {Comm.  in  Ezech.)  du  x°  siècle  et  plusieurs  livres  d'heures 
du  xv«  et  du  xvi®  siècles,  très  richement  ornés  et  illustrés  (n''^^  94,  289- 
292).  Il  faut  rappeler  enfin  que  les  manuscrits  liturgiques  de  l'ab- 
baye ont  déjà  fourni  aux  liturgistes  et  aux  historiens  de  la  musique 
des  données  fort  curieuses. 

Moyen  Age,  t.  XIII.  6 


§2  COMPTES  RENDUS 

Quant  à  la  rédaction  du  catalogue,  le  nom  seul  du  P.  Gabriel  Meier 
est  un  sûr  garant  qu'elle  est  excellente:  l'éminent  bibliothécaire  de 
l'abbaye  s'est  depuis  longtemps  fait  connaître  comme  technicien,  en 
exposant  dans  le  CentralblattfurBibliothekswesenlcs  règles  à  observer 
pour  cataloguer  des  manuscrits  ;  comme  bibliographe,  en  publiant  dans 
la  même  revue  une  bibliographie  dos  catalogues  de  manuscrits  de  la 
Suisse;  comme  historien  de  sa  bibliothèque  enfin,  dans  un  volume 
qu'il  a  consacré  à  un  de  ses  prédécesseurs  du  xiv'  siècle,  Henri  de 
Ligerz.  qui  a  annoté  de  sa  main  la  plupart  des  manuscrits  indiqués 
dans  le  catalogue.  Le  P.  Meier  a  décrit  pièce  à  pièce  tout  le  contenu 
des  manuscrits,  donné  les  incipit  et  les  expUcit,  identifié  les  textes  avec 
leurs  éditions,  ce  qui  représente  un  labeur  énorme,  dressé  la  biblio- 
graphie de  chaque  manuscrit  lorsqu'il  a  été  décrit,  utilisé,  vu  par 
quelque  savant.  Les  caractères  extérieurs  des  volumes,  annotations, 
reliures,  anciennes  cotes,  etc.,  ont  été  très  soigneusement  relevés.  En 
somme,  le  volume  est  un  recueil  digne  de  la  bibliothèque,  recueil  qui 
fixe  pour  nous  l'ensemble  d'une  collection  que  les  érudits,  depuis  deux 
siècles,  n'ont  jamais  consultée  sans  profit.  A.  V. 


G.  Daimet.  —  Étude  sur  l'alliance  de  la  France  et  de  la  Cas- 
tille  au  XlVe  et  au  XV^  siècle,  —  Paris,  E.  Bouillon,  1898;  in-S», 
11-273  p.  (Bibl.  de  l'École  des  Hautes-Études,  fasc.  118). 

M.  D.  a  tenté  de  combler  un  vide  regrettable  de  la  littérature  his- 
torique de  la  guerre  de  Cent-Ans.  L'alliance  entre  la  France  et  la  Cas- 
tille,  au  milieu  des  luttes  que  notre  pays  eut  à  soutenir  contre  les  An- 
glais, a  été  longue  et  plusieurs  fois  efficace.  Et  cependant  dans  la  plupart 
des  livres  généraux,  elle  a  été  à  peine  indiquée,  sinon  complètement 
négligée.  Désormais  une  pareille  lacune  sera  tout  à  fait  inexcusable. 

L'étude  de  M.  D.  présente  des  qualités  sérieuses:  elle  est  simple, 
claire,  précise;  elle  fournit  les  éléments  essentiels  à  la  quet^tion.  Mais 
je  ne  la  crois  pas  définitive,  pour  plusieurs  raisons. 

La  recherche  des  documents  paraît  avoir  été  trop  hâtive.  L'auteur 
s'en  excuse  presque  au  début  de  l'introduction.  Les  registres  du  Va- 
tican, un  ms.  delà  Bibliothèque  Nationale,  les  cartons  deCastille  aux 
Archives  Nationales,  voilà  tout  ce  qu'il  a  compulsé  en  fait  de  docu- 
ments manuscrits  pour  compléter  les  grands  recueils  imprimés  et  les 


DAUMET  :    LA    FRANCK    ET    LA  fASTILLE  AUX    XlV   ET    XV    SIÈCLES      SJ-? 

chroniques.  Or.  je  crois  qu'avec  un  peu  de  patience  et  de  flair  on 
pouvait  trouver  bien  davantage.  La  publication  du  livre  eût  peut-être 
(Hé  retardée  de  quelques  mois;  mais  l'œuvre  eût  été  plus  pleine,  plus 
pénétrante.  En  parcourant  les  recueils  de  documents  du  xiv"  et  du 
xv-'  siècle  provenant  de  la  Chambre  des  Comptes  ou  d'ailleurs,  qui 
sont  conservés  à  la  Bibliothèque  Nationale  en  particulier,  on  peut  faire 
d'utiles  trouvailles;  entre  autres  pièces,  je  me  souviens  d'avoir  ren- 
contré dans  un  volume  du  fonds  français  de  très  curieuses  instructions 
données  à  Arnaud  de  Corbie,  Jean  Le  Mercier  et  autres  pour  la  con- 
clusion d'un  traité  avec  la  Castille.  De  tels  documents  eussent  rem- 
placé avec  avantage  certaines  pièces  justificatives  dont  le  résumé  dans 
le  texte  suffisait.  La  bibliographie  présente  également  quelques  lacunes  : 
on  aimerait  par  exemple  à  y  voir  figurer  la  judicieuse  Geschichte  von 
Spanien  de  F.  ^\^  Schirrmacher  (t.  V,  Gotha,  1890  . 

La  conception  du  sujet  est  d'autre  part  singulièrement  étroite  :  énu- 
mération  des  ambassades  envoyées  de  part  et  d'autre  des  Pyrénées  et 
des  traités  conclus  entre  les  rois,  résumé  succinct  des  négociations  et 
des  traités,  voilà  tout  le  livre.  Or,  cette  sécheresse  ne  s'imposait  pas. 
Le  sujet  méritait  d  être  présenté  dans  toute  son  étendue  légitime.  Au 
début,  on  est  fort  surpris  de  ne  pas  trouver  un  court  préambule  sur  les 
relations  de  la  France  et  de  la  Castille  au  xni*'  siècle,  relations  qui 
ont  été  les  préliminaires  efficaces  de  l'alliance  du  xiv"  siècle.  Aux  plus 
beaux  jours  de  l'alliance  la  diplomatie  française  paraît  avoir  été  bien 
servie,  les  affaires  d'Espagne  étaient  traitées  par  les  mêmes  diplomates, 
gens  habiles  et  expérimentés,  tels  que  les  deux  Jean  de  Vienne,  l'ar- 
chevêque de  Reims,  puis  l'amiral  Morelet  de  Montmor,  Thibaut  I  locie  : 
il  eiit  été  intéressant  de  s'arrêter  un  instant  sur  de  tels  personnages, 
de  les  faire  connaître;  ils  eussent  apporté  un  élément  de  vie,  sans 
faire  le  moindre  tort  à  la  rigueur  scientifique.  Les  Espagnols  ont 
été  mieux  partagés  ;  ils  ont  obtenu  quelques  brèves  notices  au  bas  des 
pages.  En  dehors  de  ces  diplomates  ordinaires,  d'autres  nombreux 
chevaliers  français  ont  traversé  les  Pyrénées,  fait  pèlerinage  et  guer- 
royé en  Espagne,  s'y  sont  même  établis  et  y  ont  fait  souche.  Ils  ont 
contribué  pour  leur  part,  comme  au  second  rang,  à  entretenir  et  à 
resserrer  l'alliance.  De  plus,  les  relations  commerciales  étaient  actives 
avec  l'Espagne,  les  navires  castillans  fréquentaient  régulièrement  les 
ports  français  ;  les  marchands  castillans  jouissaient  de  privilèges 
spéciaux,  notamment  dans  les  ports  de  la  Seine  maritime.  Sur  ce  point 


84  COMPTES    RENDUS 

les  documents  encore  inédits  abondent.  Il  eût  été  nécessaire  de 
donner  une  meilleure  place  au  côté  économique  du  sujet.  Volontaire- 
ment les  affaires  du  schisme  ont  été  écartées,  et  c'est  là  encore  une 
lacune  grave;  car  le  schisme  a  réagi  puissamment  sur  toute  une  série 
de  faits  qui  en  ont  été,  dans  le  livre  de  M.  D.,  trop  complètement 
isolés. 

Enfin  on  aurait  pu  désirer  plus  de  soin  dans  le  détail.  Je  ne  m'attarde 
pas  à  des  noms  propres  mal  transcrits  comme  M.  des  Noyers  pour 
M.  de  Noyers  (p.  4)  ou  Jean  Danr/ennes  pour  J.  d'Anr/ennes  ou  (TEn- 
gennes{p.  73),  ni  à  des  inexactitudes  de  date  comme  le  20  septembre 
au  lieu  du  16  pour  la  mort  de  Charles  V  (p.  46).  Mais  à  la  page  27, 
voici  qui  est  plus  grave  :  M.  D.  paraît  avoir  oublié  deux  années 
et  attribué  à  1363  ce  qui  s'est  passé  en  1365.  Après  avoir  parlé  à  la 
page  précédente  du  traité  conclu  entre  Henri  de  Trastamare  et  le 
maréchal  Arnoul  d'Audrehem  à  Clcrmont  le  23  juillet  1362  pour  le 
départ  des  compagnies  vers  l'Espagne  et  de  la  confirmation  que 
Henri  vint  chercher  à  Paris^  auprès  du  dauphin  le  13  août,  l'auteur 
ajoute  aussitôt  :  a  Les  bandes  de  routiers  composées  de  Français, 
d'Anglais  et  de  Bretons  entrèrent  bientôt  en  Espagne  sous  la  conduite 
de  Bertrand  du  Guesclin,  d'Arnoul  d'Audrehem  et  de  Le  Bègue  de 
Villaines...  Les  Compagnies  passèrent  en  Castille.  Pierre  était  venu 
à  Burgos  pour  tenir  tête  aux  envahisseurs,  mais  il  ne  tarda  pas  à  se 
replier  sur  Tolède.  D.  Enrique  pendant  ce  temps...  avait  réussi  à  s'em- 
parer de  Calatrava...  et  se  faisait  proclamer  roi  de  Castille  vers  le 
milieu  de  mars  l"iG3  ».  Or^  les  compagnies  recrutées  en  1363  par  le 
prétendant  ne  traversèrent  pas  les  Pyrénées.  Ce  n'est  qu'un  an  après 
que  Charles  V  et  du  Guesclin,  par  suite  de  l'échec  de  la  tentative  de 
l'Archiprétre  sur  la  Hongrie,  reprirent  le  projet  espagnol  et  organi- 
sèrent un  nouveau  départ.  Par  suite,  l'installation  de  Henri  sur  le 
trône  de  Castille  qui  en  résulta  est  non  de  1363,  mais  de  1365.  Voilà 
qui  est  assez  fâcheux  ;  car  tous  ces  événements  ont  été  le  point  de 
départ  de  l'étroit  resserrement  qui  se  produisit  dans  l'alliance  franco- 
castillane  sous  Charles  V. 

Il  n'en  reste  pas  moins  que  M.  D.  a  fait  œuvre  d'érudit;  et  si  son 
œuvre  eût  gagné  à  être  plus  largement  conçue  et  moins  rapidement 
exécutée,  elle  n'en  rendra  pas  moins  de  réels  services. 

A.    COVILLE. 


I 


CLÉMENT-SIMON  :   LA  UUPTUnt:  Di;  TRAITÉ  DE  URÉTIGNY  EN  LIMOL'SIN      85 

G.  Clément-Simon.  —  La  rupture  du  traité  de  Brétigny  et 
ses  conséquences  en  Limousin,  de  l'appel  des  seigneurs 
Gascons  à  la  trêve  de  Bruges  (13G8-1377,,  d'après  des  documents 
inédits.  —  Paris,  (Jhainpion,  1898;  in-8",  125  p. 

L'opuscule  de  M.  C.-S.  est  une  utile  contribution  à  l'histoire  mili- 
taire de  la  guerre  de  Cent-Ans  dans  le  centre  de  la  France.  Nulle 
région  n'a  été  plus  durement  et  plus  longtemps  éprouvée  par  cette 
guerre  que  la  région  du  massif  central.  Limitroplie  entre  les  posses- 
sions anglaises  et  françaises,  sans  cesse  disputée  entre  les  deux 
adversaires,  hérissée  de  forteresses,  très  propice  grâce  à  son  relief 
mouvementé  pour  la  guerre  de  surprise  et  de  brigandagi',  elle  a  eu 
durant  plus  d'un  siècle  une  histoire  compliquée  et  navrante.  Toutes 
les  pages  de  cette  histoire  paraissent  se  ressembler  ;  toutes  cependant 
sont  intéressantes  et  émouvantes  parce  qu'elles  nous  font  mesurer 
l'abîme  de  misère  où  tombèrent  alors  les  \aillantes  populations  de  la 
France  centrale. 

M.  C.-S.  a  étudié  pour  Tulle  et  le  Bas-Limousin  la  courte,  mais 
importante  période  qui  s'étend  de  1368  à  1377.  Le  point  de  départ  de 
sou  travail,  ce  furent  quelques  lettres  de  rémission  des  Archives 
Nationales  qui  nous  font  connaître  la  prise  de  Tulle,  de  Brive-la- 
Gaillardeet  de  quelques  châteaux  voisins  par  le  duc  de  Lancastre  à  la 
fin  de  1373.  Mais  l'auteur  a  élargi  son  cadre.  Il  a  voulu  montrer 
comment  en  dépit  du  traité  de  Calais,  en  dépit  des  efforts  et  des  che- 
vauchées postérieures  des  Anglais,  ce  pays  est  redevenu  et  resté 
français  sous  Charles  V.  M.  C.-S.  connaît  très  bien  dans  le  passé 
comme  dans  le  présent  le  pays  dont  il  parle  ;  ses  travaux  antérieurs 
l'avaient  déjà  prouvé.  Le  récit  qu'il  fait  des  événements  propres  au 
Limousin  se  présente  avec  beaucoup  de  clarté  et  de  précision.  La  cri- 
tique est  d'ordinaire  judicieuse  et  prudente;  les  notes  en  font  foi  à 
maintes  reprises.  L'auteur  a  notamment  examiné  à  la  loupe  l'annota- 
tion de  S.  Luce  aux  Chroniques  de  Froissart,  et  il  y  a  trouvé  matière 
à  d'intéressantes  rectifications. 

Tout  cependant  n'est  pas  parfait.  M.  C.-S  s'est  aventuré  surtout  au 
début  de  son  travail  dans  l'histoire  générale  de  la  guerre  de  Cent-Ans, 
et  là  il  a  été  beaucoup  moins  heureux.  Son  appréciation  du  traité  de 
Calais  et  de  sa  valeur  juridique  est  assez  grossière;  il  paraît  ignorer 
les  récentes  recherches  sur  cette  célèbre  convention.  Le  jugement 
porté  sur  le  régime  anglais  dans  le  Midi  est  fort  exagéré  :    ((  Puis 


86  COMPTES    RENDUS 

l'Anglais  s'était  fait  haïr.  11  traitait  les  possessions  acquises  parla 
forée  «(  eomnie  la  terre  d'un  autre  »  (Michelct),  chargeait  le  peuple 
d'impôts,  éloignait  systématiquement  les  seigneurs  du  gouvernement  et 
des  honneurs  »  (p.  14).  L'intervention  anglaise  en  Espagne,  les  néces- 
sités d'une  politique  aventureuse  obligèrent  seulement  au  bout  de 
quelques  années  le  prince  de  Galles  à  imposer  assez  lourdement  ses 
nouvelles  possessions,  ce  fut  là  le  pire.  L'administration  et  la  justice 
n'étaient  pas  plus  mauvaises  qu'ailleurs.  Les  seigneurs  ne  furent  pas 
l'objet  de  vexations  systématiques.  Les  villes  virent  souvent  accroître 
leurs  privilèges.  Il  est  vrai  que  l'auteur  fait  intervenir  pour  mieux 
expliquer  le  mouvement  qui,  à  partir  de  13G8,  entraîna  une  partie  du 
Midi  vers  le  roi  de  France,  une  haine  de  race  :  «  Les  deux  races  se 
connaissaient  désormais.  Elles  étaient  contraires,  inconciliables.  » 
Froissart  paraît  en  effet  l'indiquer.  Mais  c'est  là  encore  une  affirma- 
tion excessive  pour  le  temps.  L'initiative  de  la  révolte  fut  le  fait  de 
quelques  grands  seigneurs  gascons  mécontents  pour  des  raisons  per- 
sonnelles et  séduits  d'autre  part  par  l'argent  et  les  belles  promesses  du 
roi  de  France.  Les  villes  suivirent  à  leur  tour  pour  échapper  aux 
subsides  extraordinaires  dont  elles  se  croyaient  affranchies  par  leurs 
privilèges  récents,  tentées  également  par  les  exemptions  et  avantages 
de  toute  sorte  que  leur  offrait  à  son  tour  Charles  V.  C'est  encore  une 
idée  générale  fort  contestable  que  celle-ci  :  «  Charles  V  ne  voulait  pas 
la  guerre  de  parti  pris,  ne  l'avait  pas  préméditée  de  longue  main,  la 
redoutait  »  (p.  17).  Tout  prouve  au  contraire  que  Charles  V  a  médité, 
préparé  de  longue  date  cette  reprise  des  liostilités  :  l'histoire  des  cinq 
premières  années  de  son  règne  le  montre  surabondamment. 

On  peut  encore  reprocher  à  M.  C.-S.  certaines  lacunes  de  sa  biblio- 
graphie :  il  avoue  lui-même  ne  pas  s'être  servi  de  la  dernière  édition 
de  la  Chronirjuedu  bon  duc  Loi/s,  de  M.  Chazaud;  elle  est  cependant 
.acile  à  se  procurer,  puisqu'elle  a  été  publiée  par  la  Société  de  l'His- 
toire de  France.  Sur  le  traité  de  Brétigny,  il  eût  consulté  avec  profit 
I  article  de  M.  Petit- Dutaillis  paru  dans  le  n^  1  du  Moyen  Age, 
année  1897.  Chemin  faisant,  il  eût  pu  également  tirer  parti  des 
Gascons  en  Italie  de  Durrieu,  du  Rouer (jae  nous  les  Anglais  de 
Rouquette,du  Prince  A^oir  en  Aquitaine  de  Moisant, malgré  les  graves 
défauts  de  cet  ouvrage  informe,  du  Livre  de  Vie  de  Labroue  à  propos 
de  Badefol,  etc.  La  littérature  historique  de  la  guerre  de  Cent-Ans 
fçrandit  très  rapidement;  pour  qui  veut  étudier  même  un  coin  bien 


OArDKNZI  :    I.K    SOf  IF.TÀ    OF.I.I.E    ARTI    IN    ROLOONA  >^1 

liniilcî  de  ce  vaste  domaine,  il  est  indispensable  de  se  tenir  au  courant. 
Il  est  enfin  un  point  de  détail  sur  lequel  je  voudrais  attirer  l'atten- 
tion de  l'auteur,  plus  versé  que  moi  dans  les  antiquités  limousines. 
Tulle  fut  occupée  stms  coup  férir  par  le  duc  de  Lancastre  à  la  fin  de 
novembre  ou  au  commencement  de  déceni-hve  1373.  Brive  eut  le 
môme  sort  quelques  jours  après.  Ce  n'est  qu'au  mois  de  juillet  1374 
que  les  troupes  françaises  conduites  par  le  duc  de  Bourbon  vinrent 
reprendre  réellement  possession  du  pays;  ce  n'est  même  qu'au  mois  de 
décembre  1375  que  la  ville  de  Tulle  obtint  des  lettres  de  rémission 
pour  avoir  ouvert  ses  portes  aux  ennemis  du  royaume.  M.  C.-S. 
possède  un  acte  de  vente  dressé  à  Tulle  par  le  notaire  Pierre  Olier, 
daté  du  27  mars  1374,  où  on  trouve  cette  formule  :  Régnante  sere- 
nissimo  domino,  domino  nostro  Eduardo  Dei  gratia  Francie  et 
Anglie  vex.  M.  C.-S.  s'étonne  fort  de  ce  texte  :  comme  il  ramène 
la  date  du  27  mars  1374  au  style  de  Pâques  et  qu'il  la  reporte  par 
conséquent  au  27  mars  1373,  il  ne  peut  s'expliquer  le  maintien  d'une 
telle  formule  après  la  rentrée  des  Français.  Mais  le  style  en  usage 
alors  dans  le  Limousin  pour  le  commencement  de  l'année  était  non 
pas  celui  de  Pâques,  mais  celui  du  25  mars^.  La  date  vraie  est  donc 
bien  le  27  mars  1374  ;  elle  n'est  postérieure  que  de  trois  ou  quatre 
mois  à  l'occupation  anglaise.  Il  est  vraisemblable  qu'à  ce  moment 
l'autorité  du  roi  de  F'rance  n'était  pas  encore  rétablie  à  Tulle  comme 
elle  fut  à  partir  de  l'été.  Peut-être  restait-il  une  garnison  anglaise 
dans  la  ville;  peut-être  en>eore  redoutait-on  un  retour  offensif  des 
Anglais.  Ainsi  se  justifie  d'elle-même  cette  formule  derrière  laquelle 
M.  C.-S.  croit  entrevoir  tant  de  complications  locales. 

A.  COVILLE. 

Gaidenzi  (A.).  —  Le  Società  délie  Arti  in  Bolog-na  nel  secolo 
XIII,  i  loro  statut!  e  loro  matricoli.  —  Schiaparelli  (L.).  — 
Diplomi  inediti  dei  secolilXe  X.  —  Roma,  E.  Loescher,  1899; 
in-8'\  167  p.  \Ihdletino  deW  istitato  siorico  italiano,  n^  21). 

I.  —  M.  Gaudenzi  a  déjà  publié  dans  la  collection  des  Fonti 
per  la  Storiad'Ilalia  le  texte  des  statuts  des  corporations  bolonaises, 

1.  Deloche,  Mode  de  compatation  e/ii/doycù  la  fin  du  Xf II"  et  au  commence- 
ment du  XI V  sié(de  fjoui-  dater  dans  lu  Quercy  et  dans  le  Bas- Limousin,  da.nii 
le  Bulletin  du  Comité  des  tracaux  historiques,  Histoire,  1884,  p.  115.  — 
Guibert,  Des  Formules  de  dates  et  du  commencement  de  l'année  en  Limousin, 
Tulle,  1886. 


88  COMPTES    RENDUS 

et  consacré  dans  le  Bnlletino  delV  ifititiUo  stovico  (n°  VIII)  un  article 
aux  Società  dei  Avm.i.  Il  s'est  proposé,  dans  le  mémoire  que  nous 
signalons  aujourd'hui,  d'étudier  les  conditions  générales  du  déve- 
loppement des  «  Sociétés  des  Arts  »  h.  Bologne.  L'examen  détaillé  des 
statuts  de  chacune  de  ces  Sociétés  doit  faire,  de  la  part  de  l'érudit  ita- 
lien, l'objet  d'un  travail  ultérieur.  II  ne  faut  donc  chercher  dans  celui- 
ci  que  l'exposé  des  caractères  communs  à  toutes  les  associations,  de 
leurs  transformations  générales  durant  le  cours  du  xin''  siècle,  et  des 
circonstances  dans  lesquelles  leurs  statuts  nous  sont  parvenus. 

L'origine  des  corporations  de  métiers,  à  Bologne  comme  ailleurs, 
est  fort  incertaine,  et  il  est  plus  que  conjectural  de  les  rattacher  aux 
collèges  d'artisans  de  l'Empire  romain.  Kn  réalité,  les  premières  asso- 
ciations de  ce  genre  dont  il  soit  fait  mention  à  Bologne,  celles  des 
changeurs  et  des  marchands,  n'apparaissent  dans  l'histoire  qu'en  1174. 
Vn  peu  plus  tard,  à  la  fin  du  xii''  siècle,  une  glose  d'Azon  fait  allusion 
aux  Sociétés  de  métiers,  et  leur  existence  est  constatée  d'une  manière 
plus  certaine  en  1211.  Mais  ce  n'est  qu'en  1228  qu'un  soulèvement 
populaire  leur  assura  une  part  dans  le  gouvernement  de  la  cité  et  que 
leurs  membres  furent  représentés  au  Conseil.  Ce  furent,  du  reste, 
pendant  un  certain  temps  encore,  les  Sociétés  des  changeurs  et  des 
marchands,  puis  celle  des  «  juges  et  légistes  »,  qui  jouèrent,  au  point 
de  vue  politique,  le  rôle  le  plus  important.  La  représentation  dans  le 
Conseil  des  diverses  associations  varia  au  cours  du  xm"  siècle,  et  le 
nombre  même  de  ces  associations  ne  fut  pas  toujours  fixe,  car  il  arriva 
que  certains  métiers  qui,  à  l'origine,  comme  les  ouvriers  du  cuir  ou 
ceux  du  métal,  formaient  une  Société  unique  se  divisèrent  dans  la  suite 
en  plusieurs  corps. 

Il  n'y  avait  pas  seulement,  d'ailleurs,  dans  ces  Sociétés  des  Arts,  des 
artisans  et  des  ouvriers.  Nous  venons  de  parler  des  juges  et  légistes. 
Une  des  plus  importantes,  parmi  les  autres  corporations  bolonaises,  fut , 
celle  des  notaires  qui,  en  1294,  comptait  jusqu'à  deux  mille  membres 
et  jouait  un  rôle  prépondérant  dans  la  direction  des  affaires  \  Notons 
encore  l'importance  spéciale  de  la  corporation  des  parcheminiers,  dont 
la  présence  de  l'Université  assurait  le  développement.  Parmi  les  gens 

1.  Au  point  de  vue  plus  général,  M.  G.  remarque  en  outre  que  l'habitude 
prise  par  ces  nombreux  notaires,  tous  laïques,  de  rédiger  leurs  actes  eu  langue 
vulgaire,  devait  les  amènera  faire  de  celle-ci  l'un  des  objets  de  leurs  études, et 
que  ce  fait  ne  fut  pas  sans  exercer  une  influence  notable  sur  le  développement 
de  cette  langue  vulgaire.  —  Nous  signalerons  encore,  comme  curiosité,  à  propos 


OA^r)F^^•/.l  :  i.r.  fioriF.TÀ  ori.i.f.  aihi  in  noi.ofiNA  89 

de  métiers  proprement  dits,  les  bouchers  furent  les  premiers  à  s'orga- 
niser en  confrérie  militaire  en  même  temps  qu'en  association  profes- 
sionnelle. Les  autres  les  suivirent  durant  le  second  quart  du  xni^  siècle. 
Les  statuts  des  corporations  bolonaises  ne  sont  pas  comme  dans 
d'autres  cités  italiennes,  à  Venise,  par  exemple,  des  lois  imposées  aux 
artisans  par  le  gouvernement  de  la  République.  Ce  sont  des  règlements 
adoptés  par  les  Sociétés  elles-mêmes,  dans  le  but  de  défendre  leurs 
intérêts  et  de  veiller  à  la  bonne  police  de  chaque  industrie.  Ils  ont 
pour  but  à  la  fois  de  réglementer  le  travail  et  d'exiger  pour  l'entrée 
dans  l'association  certaines  conditions,  destinées  à  exclure  les  gens 
tarés,  ou  des  adversaires  politiques  tels  que  les  membres  de  la  noblesse. 
L'organisation  intérieure  de  la  corporation  est  en  général  imitée  de 
celle  de  la  cité,  avec  à  sa  tête  des  chefs  au  nombre  de  trois  ou  de  six, 
puis  de  quatre  ou  de  huit,  designés  d'abord  sous  le  nom  de  consuls, 
puis,  le  plus  souvent,  sous  celui  de  minisd-ali,  et  secondés  par  divers 
oflîciers  (massier,  syndic,  etc.).  Mais  le  pouvoir  souverain,  dans  la 
corporation,  appartient  à  l'assemblée  générale,  qui  seule  a  le  droit  de 
modifier  les  statuts  et  élitlibrement  ses  oflîciers.  Le  principe  que  chacun 
était  libre  d'entrer  ou  non  dans  l'association  fut  respecté  durant  tout 
le  xnie  siècle;  mais,  de  plus  en  plus,  les  corporations  cherchèrent  à 
contraindre  par  des  moyens  indirects  tous  les  artisans  indépendants  à 
se  soumettre  aux  statuts  des  Arts,  et  cette  tendance  ne  fit  que  s'accen- 
tuer à  mesure  que  les  Sociétés  furent  investies  d'une  part  plus  grande 
dans  le  gouvernement  de  la  cité. 

D'autre  part,  les  magistrats  de  Bologne  ne  laissèrent  pas  longtemps 
les  Sociétés  des  Arts  s'organiser  et  fonctionner  en  toute  indépendance; 
Ils  intervinrent  à  leur  tour  pour  soumettre  les  constitutions  et  règle- 
ments à  la  nécessité  d'une  approbation  et  d'un  enregistrement.  C'est 
vers  1240  que  les  Sociétés  commencèrent  à  rédiger  leurs  statuts;  dès 
1250,  elles  furent  contraintes  de  les  présenter  au  contrôle  des  Anciens, 
et,  quelques  années  plus  tard,  durent  faire  enregistrer  également  les 
matricules  ou  listes  de  membres.  La  dernière  partie  du  mémoire  de 
M.  G.  est  consacrée  à  l'inventaire  et  à  l'examen  minutieux  des  docu- 
ments ainsi   enregistrés,  conservés  aujourd'hui  en  partie  à   VArchi- 


de  notaires,  la  description  (p.  J104)  d'un  dessin  illustrant  la  matricule  de  ceux-ci, 
et  dans  lequel  M.  A.,  avec  beaucoup  d'ingéniosité,  a  cru  reconnaître  la  repré- 
sentation (au  xni*  siècle)  du  premier  «  proconsul  »  des  notaires  bolonais,  le 
célèbre  maitre  Rolaiidino  Passasieri. 


90  COMPTES    RENDUS 

rio  di  Siatn  de  Bologne,  en  partie  dans  diverses  collections  particu- 
lières. 11  est  impossible  d'entrer  ici  dans  le  détail  de  cette  étude,  qui 
porte  à  la  fois  sur  les  caractèies  extérieurs  des  textes,  sur  leur  succes- 
sion dans  les  registres,  et  sur  les  particularités  de  leur  formulaire  ou 
les  mentions  qui  les  accompagnent.  De  cet  examen,  M.  G.  a  cru  pou- 
voir déduire  des  conclusions  relatives  à  l'ordre  dans  lequel  ont  été  pré- 
sentés les  statuts  des  diverses  Sociétéset,  par  suite,  à  l'époque  à  laquelle 
ces  corporations  elles-mêmes  ont  été  constituées  ou  réformées,  comme 
aussi  à  la  manière  dont  s'opérait  la  correction  d'anciens  statuts  ou 
l'intercalation  de  dispositions  nouvelles. 

La  publication  in-extenso  des  mentions  de  présentation  et  d'appro- 
bation des  statuts,  de  1256  à  1294,  termine  le  mémoire  qui  constitue 
donc  à  la  fois  une  étude  historique  d'un  caractère  général  sur  les 
Sociétés  d'arts  et  métiers  de  Bologne,  et  un  relevé  descriptif  et  critique 
d'une  série  de  documents  des  plus  intéressants  pour  l'histoire  de  l'or- 
ganisation du  travail  et  de  l'organisation  municipale  dans  l'Italie  du 
Nord  au  xni'  siècle. 

II.  —  En  même  temps  qu'il  annonce  la  publication,  dans  la  série 
des  Fonti,  d'un  Codex  diplomaticus  des  souverains  italiens  de 
l'époque  carolingienne,  M.  L.  Schiaparelli  donne  le  texte  de  huit 
diplômes  inédits  de  cette  période,  rencontrés  par  lui  au  cours  de  ses 
recherches  dans  les  archives  capitulaires  de  Parme  et  dans  celles  de 
l'abbaye  de  Nonantola,  et  qu'il  a  avec  raison  jugé  utile  de  porter  le 
plus  tôt  possible  à  la  connaissance  des  historiens.  Le  plus  ancien  de 
ces  documents  est  un  diplôme  de  l'empereur  Gui  de  Spolète,  de  892, 
en  faveur  de  Wicbod,  évêque  de  Parme;  le  plus  récent,  du  23  juin  953, 
émane  de  Bérenger  II  et  d'Adalbert;  les  n''^  II,  IV  et  V  sont  des  actes 
de  Bérenger  I^»',  le  n°  III  un  précepte  de  Louis  de  Provence,  donné  à 
Pavie  au  début  de  la  première  expédition  de  ce  prince  en  Italie.  Les 
autres  pièces  sont  des  notices  de  plaids  tenus  par  divers  comtes  et  misfti 
royaux. 

Les  diplômes  inédits  du  ix^  et  dux®  siècle,  surtout  les  actes  royaux, 
sont  assez  rares  pour  qu'une  telle  publication  mérite  d'être  signalée 
aux  érudits.  L'intérêt  qu'elle  présente,  au  point  de  vue  diplomatique, 
est  d'autant  plus  grand  qu'à  l'exception  du  n'^  II,  copie  de  la  fin  du 
x®  siècle,  tous  ces  textes  sont  des  originaux.  L'édition  en  a  été  faite 
avec  un  soin,  et  on  peut  dire  avec  une  élégance,  dont  VIstituto  storico 
avait  déjà  donné  l'exemple  dans  le  volume  de  Monumenta  Novalicennia 


f.ASNO^;  :  i,i;s  jriFS^  D.ws  l'.\n<ii:n'  nuorr  i"I!AN(;ais  !)1 

dû  il  M.  Cipolla  :  l'on  voit  au  premier  coup  d'œil  que  M.  S.  s'est 
préoccupé  de  présenter  tout  ce  que  les  ressources  ordinaires  de  la 
typographie  pouvaient  reproduire  au  sujet  des  caractères  extérieurs 
des  originaux.  Chaque  texte  est  en  outre  précédé  d'une  notice  étendue, 
consacrée  à  la  description  matérielle  du  document  dimensions 
du  parchemin,  graphie,  abréviations),  à  l'indication  des  princi- 
pales particularités  qu'il  présente  au  point  de  vue  diplomatique  et 
des  renseignements  historiques  nouveaux  qu'il  peut  apporter.  Nous 
ne  trouvons  malheureusement,  dans  cet  ordre  d'idées,  rien  de  bien 
saillant  à  relever.  Le  n"  III  indique  la  présence  de  Louis,  fils  de 
Boson,  à  Pavie,  un  jour  plus  tôt  seulement  que  l'acte  qui  était  jusqu'à 
présent  considéré  comme  donnant  la  date  de  son  couronnement  dans 
cette  ville  (Bôhmer,  Reg.  n°  1455).  Les  personnages  les  plus  notables 
mentionnés  dans  ces  actes,  en  dehors  des  souverains  dont  ils  émanent, 
sont  l'ex-impératrice  Ageltrude,  veuve  de  Gui  de  Spolète,  et  l'évêque 
Adalard  de  Vérone,  qui  joua  un  certain  rôle  au  temps  de  Bérenger  I' '•, 
dont  il  fut  le  conseiller.  Les  noms  de  personnes  et  de  lieux  ont  presque 
tous  été  identifiés  par  l'éditeur,  ou,  plus  exactement,  un  renvoi  est  le 
plus  souvent  fait  aux  ouvrages  antérieurs,  où  l'on  peut  trouver  les 
renseignements  de  ce  genre,  ce  qui  ne  laisse  pas  que  d'arrêter  un  peu 
le  lecteur.  Mais,  en  dehors  de  cet  inconvénient,  les  textes  de  M.  S. 
peuvent  servir  de  modèle  pour  l'édition  de  diplômes  originaux  de 
l'époque  carolingienne  et  font  très  favorablement  augurer  du  recueil 
annoncé  par  l'érudit  italien,  recueil  dont  il  est  à  souhaiter  que  la 
publication  ne  soit  pas  remise  à  un  avenir  trop  lointain. 

René  Poupardin. 


X.  Gasnos.  —  Étude  historique  sur  la  condition  des  Juifs  dans 
l'ancien  droit  français.  — Angers,  impr.  de  Burdin,  1897;  in-8", 
255  p.  (Thèse  de  doctorat  en  droit). 

Le  titre  de  cette  thèse  nous  faisait  espérer  une  étude  historique  de 
droit  écrite  par  un  juriste;  c'est  plutôt,  croyons-nous,  un  essai  histo- 
rique rédigé  par  un  avocat.  L'avocat  est  tenu  d'aborder  presque  à 
l'improviste  toutes  les  questions;  sa  faculté  d'assimilation  doit  remé- 
dier à  l'insuffisance  d'une  préparation  laborieuse  qui  exige  de  longs 
loisirs.  Or,  la  connaissance  de  l'histoire  ne  s'acquiert  pas  par  la  seule 
lecture  des  livres  qui  traitent  de  celte  science,  elle  exige  une  certaine 


92  COMPTES    RENDUS 

discipline,  une  méthode  de  travail  sévère.  M.  G.  a  pris  assurément 
sa  tâche  au  sérieux  et  consulté  tous  les  ouvrages  qui  pouvaient  l'éclai- 
rer. Mais  on  ne  s'avise  pas  de  tout.  Il  consacre,  par  exemple,  un  long 
chapitre  à  la  condition  fiscale  des  Juifs,  mais  il  ignore  que  Vuitry  a 
écrit  sur  la  matière  des  pages  qu'on  peut  appeler  définitives  (dans  son 
Régime  financier  de  la  France),  et  il  s'expose  ainsi  à  un  parallèle 
dangereux.  —  Il  a  trouvé  dans  une  étude  peu  scientifique  du  chanoine 
Cochard  (La  Jidverie  d'Orléans)  un  long  récit  de  la  trahison  des 
Juifs  d'Orléans  qui,  en  1009,  écrivirent  au  kalife  Ilaken  de  détruire 
l'église  du  Saint-Sépulcre,  mais  il  ne  sait  pas  que  le  comte  Riant, 
auquel  on  ne  saurait  refuser  quelque  autorité  en  ces  matières,  a 
démontré  l'absurdité  de  cette  fable  {Inventaire  critique  des  lettres 
historiques  des  Croisades).  Par  contre,  M.  G.  sait  que  dans  les  écoles 
supérieures  les  élèves  juifs  apprenaient  les  principes  mystérieux  de  la 
Kabbale;  en  quoi  il  fait  preuve  d'une  science  que  lui  envient  ceux  qui 
sont  versés  dans  la  connaissance  de  la  littérature  hébraïque  du  moyen 
âge.  Parle  même  don  de  divination,  M.  G.  a  reconstituéle  langage  tenu 
par  les  Juifs,  à  leur  entrée  en  France, aux  rois  mérovingiens  :«  Laissez- 
nous  libres  de  faire  le  commerce  et  de  pratiquer  la  banque  et  l'usure 
dans  vos  États,  affermez-nous  les  péages  de  vos  frontières  et  chargez- 
nous  de  percevoir  vos  impôts,  nous  ferons  rentrer  dans  vos  coffres  plus 
d'argent  que  vous  n'en  avez  jamais  reçu.  »  C'est  de  l'éloquence,  nous 
n'en  disconviendrons  pas  ;  mais  l'éloquence  n'est  pas  l'ennemie  de  la 
science.  Or,  ce  petit  discours  soulève  quelques  difîicultés.  Première- 
ment, ce  n'est  pas  à  leur  entrée  en  France  que  les  Juifs  ont  pu  s'ex- 
primer ainsi,  puisqu'ils  y  ont  précédé  l'arrivée  des  Francs,  ce  serait 
tout  au  plus  à  l'entrée  des  Mérovingiens  en  Gaule.  Secondement,  les 
Juifs  de  ce  temps  pouvaient  avec  quelque  peine  parler  de  banque  et 
d'usure,  puisque  c'est  après  le  XI"^  siècle  que  pour  la  première  fois  ils 
se  livrèrent  à  ce  métier.  —  On  n'attend  pas  de  nous  que  nous  suivions 
pas  à  pas  M.  G.  dans  son  étude;  il  nous  faudrait  pour  une  critique 
détaillée  tout  un  volume.  Nous  aurions  souvent  à  le  louer  cependant, 
car  s'il  n'apporte  aucun  renseignement  inédit,  ou  n'expose  aucune 
idée  nouvelle,  il  montre  dans  la  discussion  et  la  composition  qu'avec 
une  meilleure  préparation  il  aurait  pu  nous  donner  un  bon  livre. 

I.  L. 


.1.    I  AMIS  :    N'ALKNTINR    VISCONTI  93 

Jules  Camus.  —  La  venue  en  France  de  Valentine  Visconti, 
duchesse  d'Orléans,  et  l'inventaire  de  ses  joyaux  apportés 
de  Lombardie. —  Turin,  Casanova,  1898;  gr.  in-8",  04  p. 

M.  Camus,  séduit  par  l'aimable  figure  de  Valentine  Visconti,  qui, 

A  bon  droit  doit  de  tous  estre  louée, 

comme  le  dit  Eustache  Deschamps,  publie  aujourd'hui  rinvenlaire 
des  joyaux  qu'elle  apporta  avec  elle  en  venant  trouver  en  France 
Louis  de  Valois,  père  de  Charles  VI,  qu'elle  allait  épouser.  Mais  cet 
inventaire,  qui  ne  nous  est  pas  tout  à  fait  inconnu,  puisque  La- 
borde,  Corio,  Muratori,  Lûnig  nous  en  ont  déjcà  parlé,  est  pour 
l'érudit  auteur  l'occasion  de  mettre  en  lumière  autour  de  cette  gra- 
cieuse figure,  les  détails  qu'il  a  patiemment  réunis  et  qui  éclairent 
un  peu  la  biographie  de  la  duchesse  d'Orléans.  Il  détermine  d'abord 
sa  filiation  :  elle  est  bien  fille  (comme  le  dit  Moréri),  de  Jean  Galéas 
Visconti,  comte  de  Vertus,  et  non  sa  sœur,  comme  le  croit  Mura- 
tori. Et  il  pense,  d'après  des  lettres  de  sa  mère  Isabelle,  conservées 
aux  archives  de  Mantouc,  qu'elle  naquit  en  1370  ou  1371,  et  non  en 
1366,  comme  le  dit  Corio. 

M.  G.  la  suit  dans  les  dijfïérentes  négociations  de  ses  mariages; 
d'abord  avec  Charles  Visconti,  puis  avec  un  des  frères  de  Wenceslas, 
roi  des  Romains,  enfin  avec  Louis  de  Valois,  et  il  signale  les  fêtes 
splendides  données  à  Milan  à  cette  occasion,  qui  durèrent  jusqu'au 
22juin  1389,  enfin  l'arrivée  en  France  delà  princesse,  qui  entre  à  Paris 
le  17  aolit.  C'est  à  cette  époque  que  fut  dressé  l'inventaire  qui  suit, 
dont  M.  C.  a  découvert  aux  Archives  Nationales  le  texte  français, 
rédigé  en  présence  de  Philippe  de  Florigny  et  de  Jean  de  Garencières. 

Il  comprend  229  articles;  ils  sont  précieux  pour  les  richesses  qu'ils 
relatent,  mais  ne  contiennent  aucune  mention  de  nature  à  spécialement 
nous  intéresser.  Le  texte  est  bien  édité,  bien  commenté,  je  ne  serai  en 
désaccord  avec  l'auteur  que  sur  trois  points. 

N°  32.  C'est  un  demi-cerf  q\  non  un  demi-cercle  qu'il  faut  lire.  Nous 
sommes  en  effet  dans  les  fermaux  avec  des  animaux  :  biches,  daims, 
pélicans,  tourterelles;  de  plus,  le  cerf  se  retrouve  ici  en  maint  endroit 
comme  pièce  d'armoiries. 

N"  90.  Ce  n'est  pas  vriolez  qu'il  faut  lire.  Ainsi  écrit,  le  mot  a  fait 
longuement  chercher  :  c'est  beaucoup  plus  simple.  Ce  ne  sont  pas  des 


94  COMiniïS    RENDUS 

«  couteaux  à  manche  d'ambre  Ariolez  d'argent  doré  »,  ce  sont  des 
couteaux  rirolés  d'argent,  à  virole  d'argent. 

N^'  211 .  L'argent  rerc  m'a  toujours  paru  être  de  l'argent  recouvert  de 
cet  émail  translucide  comme  du  verre,  d'une  épaisseur  imperceptible, 
qui  conservait  à  la  matière  qu'il  recouvrait  un  brillant  inaltérable. 

F.     DE  MÉLY. 


A.  FiAM.MA/./.o.  —  Il  commento  dantesco  di  Alberico  da  Rosciate, 
col  proemio   e  fine  di  quello   del  Bambaglioli.   Notizia  da 
codice  Grumelli...  —In  Bergamo,  dall'  istituto  italiano  d'arti  gra- 
ficbe,  1895:  in-8^  67  p. 

La  question  de  l'origine  et  de  la  filiation  des  plus  anciens  commen- 
taires de  la  Divine  Comédie  est  une  des  plus  ardues  et  une  des  plus 
intéressantes  de  la  littérature  dantesque;  voici  un  opuscule  qui 
l'éclaircit  sur  un  point  resté  jusqu'ici  assez  obscur. 

Tandis  qu'un  inconnu  traduisait  en  langue  vulgaire  le  commentaire 
latin  de  ser  Graziolo  de'  Bambaglioli,  Alberico  da  Rosciate  tournait 
en  latin  le  commentaire  italien  de  Jacopo  dolla  Lana.  Cette  traduction 
d'Alberico  n'est  pas,  comme  on  a  pu  longtemps  le  croire,  une  repro- 
duction pure  et  simple  de  l'original;  des  différences  plus  ou  moins 
sensibles  entre  les  deux  textes  avaient  déjà  été  aperçues  par  plusieurs 
critiques;  mais  M.  Fiammazzo,  dont  les  études  dantesques  ont  une 
réputation  méritée  au  delà  des  Alpes,  a  poussé  l'examen  de  cette  soi- 
disant  traduction  d'Alberico,  beaucoup  plus  loin  qu'on  ne  l'avait  fait 
jusqu'à  présent.  Nous  ne  pou\ons  ici  le  suivre  dans  les  développements 
qu'il  donne  à  sa  démonstration  ;  mais  nous  en  retiendrons  les  conclu- 
sions, qui  sont  celles-ci  :  Tout  porte  à  croire  que,  tout  d'abord,  Albe- 
rico a  donné  une  traduction  assez  fidèle  de  la  plus  grande  partie  du 
commentaire  de  Jacopo,  peut-être  à  mesure  que  celui-ci  paraissait,  en^ 
y  faisant  passer  à  peu  près  dans  son  entier  le  commentaire  de  Graziolo 
de'  Bambaglioli  sur  V Enfer;  puis,  reprenant  son  travail,  il  aura  con- 
sacré ses  loisirs  à  le  corriger,  à  l'amplifier,  bref  à  le  remanier.  De  là 
deux  rédactions  principales  de  celte  traduction,  représentées,  la  pre- 
mière, par  le  manuscrit  de  la  Laurentiennc,  dont  M.  F.  donne  plusieurs 
extraits,  et  par  cinq  autres  exemplaires,  tous  les  cinq  incomplets;  la 
seconde,  par  le  manuscrit  probablement  unique  de  Bergame,  connu 
sous  le  nom  de  manuscrit  Grumelli,  la  plus  récente  (1401)  et  en  même 


I 
i 


AUNDT  :   DIE  SPUACIlt:  I)EU  BRESLAUER  KANiCLEI  95 

temps  la  plus  précieuse,  à  tous  les  points  de  vue,  des  copies  de  cette 
œuvre  d'Alberico;  et  ainsi,  cette  œuvre,  qui  dans  l'histoire  de  l'exégèse 
dantesque,  viendrait  se  placer  chronologiquement  entre  celle  de  Pietro 
di  l>ante  1340)  et  celle  de  Boccace  (1373),  comblerait  une  grave 
lacune.  A  la  seconde  rédaction  se  trouvent  en  outre  mêlées  certaines 
interpolations  dans  lesquelles,  d'après  M.  F.,  Alberico  ne  serait  pour 
rien. 

Sans  doute  le  dernier  mot  n'est  pas  dit  sur  le  commentaire  d'Albe- 
rico, dont  plusieurs  exemplaires  seraient  encore  à  examiner  de  près, 
pas  plus  que  sur  le  commentaire  original  de  Jacopo  délia  Lana;  mais, 
en  attendant  une  édition  critique  définitive  de  l'un  et  de  l'autre,  le 
travail,  très  précis,  de  M.  Fiammazzo  a  largement  déblayé  le  terrain  ; 
on  ne  pourra  pas  ne  pas  en  tenir  grand  compte. 

L.  AUVRAY. 


Biuno  Arndt.  —  Der  Uebergang  vom  Mittelhochdeutschen 
zum  Neuhochdeutschen  in  der  Sprache  der  Breslauer 
Kanzlei.  —  lireslau,  M.  und  II.  Marcus,  1898;  in-8"',  118  p. 

M.  Bruno  Arndt  fonde  son  étude  de  la  langue  de  la  chancellerie  de 
Breslau  sur  des  chartes  et  autres  documents  officiels  dont  le  plus 
ancien  est  de  1352,  le  plus  récent  de  1560.  Il  en  doinie  une  phoné- 
tique très  détaillée,  puis  les  formes  grammaticales  les  plus  remar- 
quables; l'ouvrage  se  termine  par  l'étude  de  quelques  particules  et 
par  un  glossaire  des  termes  intéressants.  On  consultera  avec  fruit  ces 
relevés  pour  lesquels  M.  B.  assure  avoir  vérifié  sur  les  originaux  la 
véritable  leron,  reproduite  inexactement  dans  des  textes  publiés  au 
point  de  vue  de  l'histoire  des  faits  plus  que  de  l'histoire  de  la  langue. 
La  conclusion,  qu'il  était  facile  de  prévoir,  est  que  les  plus  anciens 
textes  présentent  les  caractères  propres  à  l'allemand  moyen,  et  que 
l'inlluence  de  la  chancellerie  impériale,  qui  a  introduit  des  formes  de 
haut-allemand  (bavarois-autrichien),  d'abord  nulle,  est  devenue 
chaque  jour  plus  forte;  enfin  que  dès  le  milieu  du  xvi^  siècle,  la  langue 
employée  est  déjà  l'allemand  moderne,  c'est-à  dire  l'allemand  moyen 

fortement  imprégné  du  haut  allemand. 

Louis  DuvAU. 

1.  Forme  le  15'  fascicule  des  Gcriaaiiisti.<i:lic  Abhandluiiijcn  publiées  sous  la 
direction  de  V.  Vo"t. 


CHRONIQUE 


La  collection  des  Manuels  Hœpli  s'est  accrue  d'un  nouveau  volume  inti- 
tulé Du^to/if/zv'o  (li  aUhreciai are  latine  ed  italuine  {M.\\aii\o,  Hœpli,  1899; 
in-12,  Lxxi-435  p.)  dû  à  M.  Adriano  Cappelli,  archiviste  à  l'Archivio  di 
Stato  de  Milan.  Le  dictionnaire  contient  plus  de  13,000  abréviations; 
cliacune  d'elles  est  accompagnée  de  sa  transcription  et  de  la  date.  Il  est  suivi 
d'une  série  de  tableaux  reproduisant  les  signes  conventionnels,  les  abrévia- 
tions propres  aux  œuvres  médicales,  les  signes  de  la  numération  romaine 
et  de  la  numération  arabe,  les  principaux  monogrammes  des  souverains,  les 
sigles  et  abréviations  épigraphiques.  Dans  l'introduction,  l'auteur  a  exposé 
le  système  abréviatif  du  moyen  âge.  Il  y  a  joint  les  fac-similés  de  quatre 
documents  des  Archives  de  Milan,  savoir  :  un  acte  de  donation  de  la  com- 
tesse Mathilde,  juin  1114;  un  acte  d'afîranohissement  du  monastère  de 
S.  Maria  de  Bologne,  24  février  1182;  un  acte  d'élection  d'un  professeur  de 
droit  à  l'Université  de  Bologne,  8  juin  1292;  une  page  d'un  manuscrit  du 
Confcssionariuin  de  frère  Antonin  de  Florence,  xv°  siècle. 

M.  P. 

* 

*  * 

M.  K.  Déprez,  membre  de  l'Ecole  française  de  Rome,  a  entrepris  de 
donner  un  catalogue  des  bulles  originales  du  xiv°  siècle,  et  subsidiairement 
du  xiif,  conservées  dans  les  Archives  et  bibliothèques  Italiennes  {Recueil 
des  documents  pontificaux  consercès  dans  dicersrs  Archices  italiennes, 
XIIP  et  XIV'  siècles.  Rome,  E.  Lœscher  e  C",  1900  ;  in-8",  28  p.  Extr.  des 
Quellcn  und  Forschunr/en  ans  italienischen  Archiren  und  Bildiotliehen). 
Ce  catalogue  servira  à  contrôler  les  textes  dérivés  des  Archives  pontificales, 
et  aussi,  lorsqu'il  présentera  un  ensemble  assez  considérable,  permettra  de 
compléter  les  séries  de  documents  fournies  par  les  Archives  du  Vatican  et 
de  reconnaître  quels  sont  les  registres  de  la  chancellerie  pontificale  qui  ne 
paraissent  pas  nous  être  parvenus.  M.  E.  Déprez,  qui  connaît  fort  bien 
les  Archives  du  Vatican,  a  pris  soin,  en  effet,  d'identifier  toutes  les  réfé- 
rences, accompagnant  la  mention  d'enregistrement  qui  figure  au  dos  des 
originaux;  quelques-unes  de  ces  références  ne  sont  plus  identifiables; 
d'autre  part,  bon  nombre  d'actes  ne  portent  aucune  mention  d'enregistrement 
et  ne  se  retrouvent  naturellement  pas  dans  les  registres.  Le  premier  relevé 


ClIKONMQl  li  Ùy 

publié  par  M.  Déprez  se  léfcre  à  l'Archivio  coQiuiiale  de   Pérouse,  il   con- 
tient l'analyse  de  deux  bulles  de  Clément  VII  et  de  61  de  Jean  XXII. 

A.  V. 

* 

La  biographie  de  Guillaume  Du  Breuil,  le  céli-bre  avocat  au  Parlement, 
l'auteur  du  Sti/lus  niri/r  parlanwnti  Fidnriœ,  est  loin  d'être  parfaitement 
connue:  quelques  lettres  pontificales  publiées  parM.  E. Déprez  {CIrinrnf  VI 
et  Guillaume  du  Brcuil .  Rome,  impr.  de  P.  Cuggiani,  1809;  iii-8% 
12  p.  Extr.  des  Mè/aïujfs  d'Arrkrolof/ii'  et  d'Histoire)  ajoutent  d'inté- 
ressants renseignements  à  ceux  qu'on  possédait  déjà  sur  Du  Breuil, 
Avocat  de  Robert  d'Artois,  il  passait  pour  être  rentré  en  faveur  après 
une  disgrâce  momentanée;  il  n'en  est  rien,  car,  en  1340,  il  était  poursuivi 
pour  crime  de  lèse-majesté,  c'est-à-dire  pour  crime  politique,  et,  en  1343, 
il  était  encore  enfermé  dans  les  prisons  royales  ;  le  25  octobre  1343 
Clément  VI  écrivit  à  Philippe  M,  à  la  reine  et  à  Jean,  duc  de  Normandie, 
en  faveur  de  Du  Breuil,  demandant  qu'il  fût  soustrait  à  la  juridiction  du 
Parlement  et  déféré  en  sa  qualité  de  clerc,  à  la  justice  d'Église;  en  1345. 
Du  Breuil  étant  mort,  Clément  VI  écrivit  encore  au  légat,  le  cardinal 
Etienne  Aubert,  plus  tard  pape  sous  le  nom  d'Innocent  \'\,  afin  qu'il 
intercédât  auprès  du  roi  et  de  la  reine  en  faveur  de  la  veuve  et  des  enfants 
de  Du  Breuil.  A.  V. 

* 

*  * 

M.  G.  Des  Marez,  qui  prépare  un  important  travail  sur  les  origines  des 
papiers  de  crédit,  et  spécialement  de  la  lettre  de  foire,  a  eu  l'occasion  d'étu- 
dier environ  8,000  chirographes  du  xm'  siècle  conservés  à  Ypres,  il  a  cons- 
taté que  chaque  acte,  à  partir  de  1283,  portait  au  dos  un  signe  particulier 
qu'il  a  reconnu,  en  rapprochant  les  signes  de  forme  identique  et  en  com- 
parant les  écritures,  être  les  seings  des  clercs  de  la  ville  d'Ypres  qui  instru- 
mentaient dans  la  ville  et  accompagnaient  leurs  compatriotes  dans  les 
foires  de  l'étranger.  M.  Des  Marez  a  relevé  et  fait  reproduire  ces  différents 
seings  (Lf'.s  Seinf/s  manuels  des  scribes  Yprois  au  XIIP  siècle.  Bruxelles, 
impr.  de  Hayez,  1899;  in-S",  18  p.  Extr.  des  Bull,  de  la  Commission 
i-oi/ale  d'Histoire  de  Belgique);  ces  signes  affectent  généralement  la  forme 
d'une  double  croix  ou  d'un  écu  plus  ou  moins  orné;  les  remarques  de 
M.  Des  Marez  méritent  d'attirer  tout  particulièrement  l'attention  des  diplo- 
matistes  et  des  sigillographes.  A.  V. 

* 

*  * 

Tous  les  historiens  belges  ont  accepté  jusqu'ici  que  Richilde,  comtesse  de 
Ilainaut  au  ix°  siècle,  dont  le  second  mariage  lit  passer  le  Hainaut  dans  la 
maison  de  Flandre,  tenait  le  Hainaut  de  ses  ascendants,  tandis  que  son 
mari  aurait  été  originaire  de  Saxe.  Cette  généalogie  ne  repose  cependant 

Moyen  Age,  t.  XIII.  7 


98  CHRONIQUE 

que  sur  les  assertions  d'historiens  du  xiv'  siècle,  comme  J.icques  de  Guise, 
ou  de  la  seconde  moitié  du  xiii°  siècle,  comme  Aubri  de  Trois-Fontaines  et 
(lilles  d'Orval,  étrangers  tous  deux  à  la  région.  M.  L.  Vandei kindere  a 
fait  justice  des  indications  erronées  de  ces  auteurs  (Rir/n'ldr  ot  Honnann 
de  Hainaut.  Bruxelles,  impr.  de  Hayez,  1899;  in-8%  17  p.  Extr.  des 
Bull,  de  l'Acdd.  roi/alc  de  Belgique).  Gislebert,  chancelier  de  Baudouin  V, 
contemporain  de  Richilde,  dit  en  effet  que  Hermann  possédait  le  Hainaut 
Jure  hereditario,  qu'il  épousa  Richilde  étant  déjà  comte  de  Mons,  c'est-à- 
dire  de  Hainaut,  et  que  sa  femme,  après  sa  mort,  posséda  le  comté,  tant 
par  droit  de  douaire  que  comme  tutrice  de  ses  enfants;  Lambert  de 
Hersfeld  indique  également  la  possession  du  comté  par  Richilde, y'?*/-*?  dofa- 
/tV/o;  enfin  une  charte  de  Régnier  V,pour  Saint-Ghislain.  datée  de  1032,  est 
souscrite  par  le  donateur  et  par  son  fils  Hermann.  Quant  à  Richilde,  la 
Fluiidria  Generosa  en  fait  une  parente  de  Léon  IX,  et  la  Continuation 
d'Anchin  de  Sigebert  deGembloux  la  ditde  sang  impérial.  Assertions  qui  se 
complètent,  Léon  IX  étant  cousin  de  Conrad  II.  Richilde  paraît  aussi 
devoir  se  rattacher,  par  ses  ascendants,  à  la  famille  des  comtes  d'Egisheim 
et  de  Dachsbourg.  On  sait  que  Baudouin  V  de  Flandre,  ayant  envahi  le 
Hainaut,  amenaRichilde.  veuve  d'Hermann,  à  épouser  son  fils  Baudouin  VI. 
L'archevêque  de  Cambrai  s'opposa  en  vain  à  ce  mariage,  sous  i)rétexte  de 
parenté  entre  Baudouin  VI  et  Hermann  ;  tous  deux  descendaient  en  effet 
d'Hugues  Capet,  le  premier  par  sa  mère  Adèle,  petite-fille  de  Hugues,  et  le 
second  par  son  aïeule  paternelle,  Mathilde,  fille  du  même  roi;  ils  étaient  en 
outre  tous  deux  issus  des  enfants  de  deux  lits  d'une  princesse  Mathilde  de 
Saxe.  Le  Hainaut  passa  dans  la  maison  de  Flandre,  par  le  second  mariage 
de  Richilde,  au  détriment  du  fils  qu'elle  avait  eu  d'Hermann,  Roger  III; 
évêque  de  Châlons-sur-Marne.  A.  V. 

* 

M.  J.Depoin,qui  avait  signalé  au  Congrès  des  Sociétés  savantes  de  1896  un 
Lirre  de  raison  de  Saint-Martin  de  Pontoise.  a  publié  méthodiquement  de 
notables  extraits  de  ce  recueil  formé  de  1328  à  1603  {Dèpariemeni  de  Seinc- 
et-Oise.  Commission  des  Antiquités  et  des  Arts,  XVIIL  1898,  p.  85-116). 
On  y  trouve  la  formule  du  serment  que  l'abbé  devait  prêter  au  pape,  des 
pièces  relatives  à  un  différend  avec  l'archidiacre  du  Vexin  en  l'église  de 
Kouen,  la  procuration  de  l'abbé  à  ses  représentants  aux  États  généraux  de 
1355.  Pour  la  discipline  monastique,  M.  J.  D.  a  relevé  une  réparation  faite 
à  un  moine  calomnié  par  un  paysan  (1355)  et  la  sentence  rendue  contre  un 
prieur  qui  avait  spéculé  sur  les  denrées  alimentaires  (début  du  xv"  siècle). 
A  signaler  aussi  la  copie  de  deux  rouleaux  mortuaires,  de  1340  à  1391,  qui 
complète  le  Recueil  de  M.  Delisle;  le  Livre  de  raison  contient  encore  divers 
inventaires  des  xiv"  et  xv'^  siècles,  que  M.  Depoin  publiera  ultérieurement, 
de  nombreuses  mentions  d'avances  en  denrées  et  fourrages  faites  aux  officiers 
royaux  durant  le  xiV  siècle,  des  marchés  passés  avec  des  entrepreneurs,  des 


CHRONIQUE  99 

pièces  de  procès  du  xiv"  siècle,  de  curieuses  mentions  de  dépenses  pour  les 
troupeaux,  la  boisson,  la  vaisselle,  les  aliments,  les  réceptions,  les  vêtements, 
les  écoles  (1:338),  les  scribes  (l;}33),  les  péages.  Les  recueils  du  genre  du 
Livre  de  i-aison  de  Saint-Martin  de  Pontoise  ne  sont  pas  nombreux,  on 
saura  beaucoup  de  gré  à  M.  Depoin  de  sa  publication  et  de  l'exposé  métho- 
dique accompagné  de  nombreux  extraits  qu'il  a  donnés  de  ce  manuscrit 
informe,  dont  l'analyse  est  un  utile  complément  de  l'édition  duCartulaire  de 
l'abbaye.  —  Au  moment  où  nous  mettons  cette  notice  sous  presse,  la  publi- 
cation suivante  est  annoncée:  J.  Depoin,  Le  Licrc  de  vaisun  de  rabbai/e 
de  Saint-Martin  de  Pontoise  aux  A'/F"  et  XV  siècles.  Versailles,  impr. 
de  Cerf,  VM)  ;  in- 8",  241  p.  A.  V. 

* 

M.  E,  Merlet,  dans  un  intéressant  article  de  la  Bihiiothè'/ne  de  l'École 
des  Cliartes  (LVI,  1895,  p.  237-273),  a  étudié  les  origines  de  l'abbaye  de 
Saint-Magloire;  sa  dissertation  est  fondée  surtout  sur  le  texte  perdu,  mais 
restitué  par  lui,  de  la  Translatio  sanetiMafjlorii.  Cette  Translatio  raconte 
que,  cliassés  par  les  Normands,  Salvator,  évoque  d'Aleth  (Saint-Malo),  et 
Junan,  abbé  de  Lolion,  s'enfuirent  avec  les  reliques  de  saint  Malo  et  de  saint 
Magloire,  en  ménae  temps  que  des  cleics  des  églises  de  Dol  et  de  Bayeux 
emportaient  les  corps  de  saint  Samson  (de  Dol)  et  des  saints  Senier,  Pair 
et  Scubilion  (d'Avranches).  M.  Merlet  a  considéré  ce  récit  comme  à  peu 
près  contemporain  des  événements  (960),  et  vu,  dans  la  rédaction  isolée 
qu'en  a  publiée  Maliillon.une  forme  moins  ancienne  que  l'interpolation  dont 
il  a  été  l'objet  dans  un  manuscrit  du  Liber  inodernornni  ref/n/n  de  Hugues 
de  Fleury.  M.  Ferdinand  Lot  vient  d'établir,  dans  une  très  remarquable 
dissertation  {Date  de  l'exode  des  corps  saints  hors  de  Brctar/jic.  Rennes, 
impr.  d'Obertliûr  [1899]  ;  in-8",  17  p.  Extrait  des  Annales  de  Bretcu/ne, 
nov.  1809),  que  la  double  translation  de  reliques  par  l'évêque  d'Aleth  et 
l'abbo  de  Lehon,  d'une  part,  et  par  les  clercs  de  Dol  et  de  Bayeux,  d'autre 
part,  ne  sont  pas  contemporaines.  S'il  faut  fixer,  avec  M.  Merlet,  la  pre- 
mière aux  environs  de  960,  la  seconde  doit  bien  plutôt  être  ramenée  vers 
924-930:  en  outre,  la  forme  la  plus  ancienne  de  la  Translatio  semble  se 
retrouver  plutôt  dans  l'édition  de  Mabillon  que  dans  l'édition  du  Liber 
iiiodcrnorani  requin,  donnée  par  Duchesne,  ce  qui  n'empêche  pas,  du  reste, 
le  récit  de  dériver  du  Liber  tnodernoru/n  recjnnt  et  de  faire  reculer  forcé- 
ment sa  rédaction  après  1114.  En  résumé,  tant  à  cause  des  erreurs  qu'elle 
contient  qu'à  cause  de  la  source  d'où  elle  dérive,  il  ne  semble  pas  qu'on  doive 
considérer  la  Translatio  sancti  Maf/lorii  comme  un  écrit  du  x"  siècle. 

A.  V. 

Le  manuscrit  bien  connu  de  l'évangéliaire  slave  de  Reims  vient  d'être 
l'objet  d'une  notice  de  M.  Louis  Léger  (Xotice  sur  l'écanfjéHaire  slacon  de 
Reims,  dit    Texte   du  Sacre.   Reims,   F.    Michaud;  Prague,  F.  Rionac, 


10()  ClilîONlQUË 

lî<9it;  in-4^  47  p.),  qui  lonuo  l'introduction  de  la  reproduclion  héliograpliique 
du  manuscrit  par  M.  Dujardin.  On  sait  que  ce  manuscrit  se  compose  de 
deux  parties,  d'époque  et  de  date  différentes,  et  qu'il  porte  à  la  fin  de  la 
seconde  partie  la  date  de  1395,  avec  mention  du  don  de  la  pi'emière  partie 
par  l'empereur  Charles  I"V  (l;^46-1378).  —  La  première  partie  est  attribuée 
parla  note  du  xiv"  siècle,  à  tort,  selon  M.  Léger,  à  saint  Procope,  liermite 
du  monastère  slave  de  Sazava,  près  Benesov,  au  sud  de  Prague;  si  le  ma- 
nuscrit date  bien  du  xf-xii"  siècle  d'après  les  caractères  paléographiques,  ce 
qui  correspond  à  peu  près  à  l'époque  où  vivait  saint  Procope,  M.  Léger  fait 
remarquer  que  cependant  ce  saint  n'a  jamais  pratiqué  que  la  liturgie  slave 
en  caractère  glagolitique,  tandis  que  le  manuscrit  esten  caractères  cyrilliques; 
aussi  pense-t-il  que  cette  première  partie  avait  probablement  été  apportée, 
peut-être  à  Sazava,  pour  être  transcrite  en  caractères  glagolitiques.  Le  texte 
est  sans  intérêt  philologique,  vu  la  négligence  du  copiste.  La  seconde  partie, 
postérieure  de  plusieurs  siècles  à  la  première,  aété  écrite  à  Saint-Emmaiisde 
Prague,  à  qui  Charles  IV  avait  donné  la  première  partie  du  volume;  on  sait 
que  ce  prince  obtint  le  9  mai  1346  une  bulle  du  pape  Clément  IL  l'autori- 
aant  à  fonder  en  Bohême  un  monastère  où  la  liturgie  serait  célébrée  en 
langue  slavonne,  monastère  qu'il  fonda  à  Prague  le  21  novembre  de  la  même 
année;  les  offices  du  manuscrit  glagolitique  constituent  une  sorte  de  propre 
de  l'église  slave  de  Prague,  il  contient  des  offices  en  l'honneur  de  saint 
Procope,  abbé  de  Saint-Vacslav^  de  saint  Jérôme  (considéré  à  tort  comme 
l'auteur  de  la  première  traduction  de  l'Écriture  en  slave),  des  saints  Cyrille 
et  Méthode.  Le  manuscrit  deSaint-Emmaiis  de  Prague  est  venu  on  ne  sait 
comment  au  xvi'  siècle,  entre  les  mains  du  cardinal  de  Lorraine,  qui  le  donna 
en  1574  à  l'église  de  Reims,  d'où,  après  avoir  excité  la  curiosité  pendant 
plus  de  deux  siècles  et  après  avoir  été  l'objet  de  bien  des  légendes,  il  passa 
dans  la  bibliothèque  de  Reims,  sous  la  Révolution,  ayant  au  préalable  été 
dépouillé  de  ses  riches  ornements.  Le  mémoire  de  M.  Léger,  où  l'auteur  met 
à  profit  et  les  résultats  de  son  étude  personnelle,  et  ceux  de  nombreux  tra- 
vaux antérieurs,  se  termine  par  une  bibliographie  qui  remplit  sept  pages  de 
format  in-4°,  A.  V. 

*  * 

Le  livre  d'heures  de  Jeanne  d'Évreux,  fille  de  Louis  le  Hutin,  présente 
des  tableaux  de  la  vie  de  saint  Louis  qui  ont  été  reproduits  par  M.  Longnon 
pour  la  Société  d'Histoire  de  Paris,  dans  ses  Documents  parisiens  sur  l'ico- 
iio;/rap/iie  de  saint  Louis,  d'après  des  notes  prises  par  Peiresc  lorsque  le 
manuscrit  était  à  Paris,  chez  les  Cordelières  de  la  rue  de  Lourcine;  ce 
manuscrit,  passé  depuis  dans  la  collection  Ashburnham,  a  été  acquis  par 
M.  H.  Y.  Thompson,  qui  a  consacré  à  sa  description  et  à  sa  reproduction 
deux  fascicules  présentés  par  lui  au  lloxburghe  Club  {Thirty-tico  minia- 
tures froni  the  booh-  of  hours  of  Joati  II,  f/ueen  ofNacarre,  a  manuscript 
oftliefourteenthrenturij.  I.  Description .  II.  Illustrations. Londion,\)r'mied 
at  the  Chiswickpress,  1899;  gr.  in-4%  111-I8  p.,  7  pi.  et  vi  p.,  32  pi.).  Pour 


CJIRONIQUE  101 

plus  de  détails  sur  cette  impoitante  publication,  voii'  une  notice  de  M.  De- 
lisje  dans  le  Journal  dos  Saranls  tl'août  1809,  p.  515-516.  A.   V. 

Les  Ecossais  ont  donné  aux  rois  de  France  pendant  le  moyen  âge,  et 
particulièrement  pendant  la  guerre  de  Cent-Ans,  d'éclatants  témoignages 
de  leur  attacliement.  Jean  Stuart  de  Derneley,  connétable  d'Kcosse,  est  un 
des  plus  illustres  parmi  les  seigneurs  écossais  qui  vinrent  servir  Cbarles  VII 
contre  les  Anglais.  En  témoignage  de  sa  vaillante  conduite  à  Beaugé^  il 
reçut  en  1421  la  cbàtellenie  de  Concressault  et  en  1423  celle  d'Aubigny- 
sur-Nère.  Le  connétable  d'Ecosse  et  son  frère  périrent  au  service  de  la  France 
dans  la  «  Journée  des  Harengs  »,  près  Orléans.  M.  J.  Soyer,  archiviste  du 
département  du  Cher,  en  publiant  les  actes  de  donation  octroyés  par  le 
roi  de  France  (Donation  par  C/iarlcs  VII  à  Jean  Stuart,  .srifjnrur  de 
Dcrncicu,  nonnètabic  de  l'arnièo.  d'Ecosse,  des  terres  de  Concressault  et 
d'Aabi(jnj/-sur-Nère,  :i  1  an-lt  1421,  26  mars  1423,  3  drccndii-e  1425. 
Bourges,  impr.  de  H.  Sire,  1899;  in-8",  IG  p.  Extr.  des  Mèm.  de  la  Soc. 
Itist.  du  C/ier),a.  très  utilement  indiqué  comment,  malgré  le  principe  de 
l'inaliénabilité  du  domaine  que  les  cours  souveraines  s'etîorçaient  de  faire 
triompher,  malgré  une  révocation  générale  par  Charles  VII  de  toutes  les 
donations  antérieures,  le  roi,  en  témoignage  de  particulière  reconnaissance 
envers  Jean  Stuart,  consentit,  en  1425,  à  faire  une  exception  en  sa  faveur 
et  à  confirmer  les  donations  à  lui  faites  peu  d'années  auparavant.  On 
trouvera  d'autres  indications  sur  les  rapports  de  la  France  et  de  l'Ecosse  au 
XV' siècle,  dans  un  mémoire  de  M.  de  La  Ménardière  indiqué  précédem- 
ment (Mo^e/i  A;jc,  1899,  p.  402,  n"  633).  A.  V. 

Les  thèses  de  l'École  des  Chartes  ont  été  soutenues  par  les  élèves  de  la 
promotion  de  1900,  le  29  janvier  et  jours  suivants.  Le  recueil  annuel  des 
Positions  contient  le  sommaire  des  Mémoires  suivants,  concernant  lejmoyen 
âge  :  J.  Calmette,  Elude  sur  les  relations  de  Louis  XI  avec  Jean  II 
d'Aragon  et  le  principal  de  Catalor/nc  (1461-1473).  —  F.  de  Coussemaker, 
Thierri/  Gherbode,  premier  (jarde  des  Chaînes  de  Flandre  et  secrétaire 
des  ducs  de  Bourgogne,  Philippe  le  Hardi  et  Jean  Sans  Peur  (13.  .-1421). 
—  P.  Denis,  Le  Droit  de  gave  de  Canihrèsis.  Étude  de  la  protection  des 
princes,  comtes  de  Flandre,  sur  l'èoêque  et  les  églises  de  Cambrai  (1144?- 
1687).  —  H.  EscofEer,  Les  dernières  églises  gothiques  au  diocèse  de 
Paris.  —  Léon  Gauthier,  Les  Juifs  et  les  Lombards  dans  les  Deux-Bour- 
gognes. Étude  sur  le  commerce  de  l'argent  aux  XIIP-XIV"  siècles.  — 
E.  Guillemot,  Étude  sur  les  forêts  du  bailliage  de  Sentis.  —  J.  LeChartier 
de  Sédouy,  La  paroisse  Saint-Gercais  depuis  ses  origines  jusqu'au 
XVIP  siècle.  —  A.  de  Maricourt,  Essai  sur  l'histoire  du  duché  de  Nemours 
de  1404  à  1666.  —  P.  Poinsotte,  Les  abbès  de  Luxeuil  depuis  la  fonda- 


lO'J  ciii;omoi:e 

t ion  (lu  mojmstrro  jusqu'au  XP  siècle.  — E.  Villemsens,  Lr  Vexin  normand 
do  911  à  1204.  Étudo de  ijcofiraphic  féodale.  —  P.  "Vilnet,  L'Hôtrl-Dieu- 
le-Comie  de  Tro;/es  du  XIP  au  XVir  siècle  {llbl-imO). 

Nous  ne  pouvons  que  signaler  la  publication  du  quatrième  et  dernier 
volume  du  livre  de  Weinsberg  qui,  envoyé  à  la  rédaction  du  Moyen  Ar/c, 
échappe  complètement  au  cadre  chronologique  de  la  Revue.  Le  livre  d'Her- 
mann  de  Weinsberg  est  un  journal  historique  de  la  ville  de  Cologne  qui 
s'étend  de  1518  à  1597.  Ce  volumineux  recueil  a  été  publié  par  M.  Fried- 
rich Lau  pour  la  Société  historique  rhénane.  Je  profite  de  l'occasion  qui 
m'est  fournie  de  rappeler  les  importantes  publications  relatives  au  moyen 
âge  qui  font  partie  des  PubUl.atlunen  dcr  GcscllschaJ't  Jïir  Rhcinische 
Geschicldskunde  :  I.  Kôlner  ScJu-einsurhunden  des  12  Jahrhunderts, 
Quellen  .:tir  Rechfs-  und  WiHsch((ftsfjescliic/((e  der  StadtKôln,  publié  par 
R.  Hôniger,  avec  un  glossaire,  par  M.  J.  Franck  (vol.  I  et  II,  fasc.  1).  — 

V.  Der  Kohlen::er  Mauerlxtu  Rechnuuf/m,  1270-128!),  par  M.  Bar.  — 

VI.  Der  Trierer  Ada  Handschrift,  par  K.  Menzel,  P.  Corssen,  H.  Janit- 
sehek,  A.  Schnûtgen,  F.  Hettner,  K.  Lamprecht.  —  Vil.  Die  Ler/ende 
Karls  des  Grossen  im  11  und  12  Jahrhundert.,  par  M.  G.  Rauschen,  avec 
une  introduction  de  M.  H.  Lôrsch  sur  les  diplômes  de  Charlemagne  et  Fré- 
déric I",  pour  Aix-la-Chapelle.  —  VIII.  Die  Mati-iLel  der  Unirersitat 
Kôln,  1389  bis  1559,  par  H.  Keussen,avec  la  collaboration  de  W.  Schmitz 
(vol.  I  :  1389-1466).  —  IX.  Kôlnische  Kilnstlcr  in  aller  and  ncuer  Zeit, 
nouvelle  édition  des  notices  de  J.  J.  Merlo,  publiées  par  M.  E.  Firmenisch- 
Richartz,  avec  la  collaboration  de  M.  H.  Keussen.  —  X.  Alden  .;ur 
Geschiehte  der  Vei-fassiinf/  und  Verwaltuny  der  Stadt  Kôln  un  14  und 
15  Jah7-hundert,'pa,i'  M.  W.  Sfein  (2  vol.).  — XI.  Landtagsalden  ron 
JiUich-Bern,  1400-1610,  publiés  par  M.  G.  von  Below  (vol.  1, 1400-1562). 
—  XIII.  Geschiehte  der  Kôlner  Mfderschule,  recueil  de  100  planches  en 
3  fascicules,  avec  texte,  par  MM,  L.  Scheibler  et  C.  Aldenhoven.  — 
XV.  Die  Kôlner  Sfadtrrchnunf/en  des  Miftelalters  mit  einer  DarstelluiKj 
der  Finan^roriraltunij ,  par  Richard  Knipping(I  et  II).— XVll.  Urhunden 
und  Alden  ^ur  Geschiehte  dcr  Vei-fassrinf/  und  Veriraltunf/  der  StaM 
Koldenz  bis  ;^uin  Jalire  1500.  La  .Société  historique  du  Rhin,  dont  les 
premières  publications  remontent  à  1884  et  dont  l'activité  s'est  surtout 
manifestée  depuis  cinq  ans,  a  son  siège  à  Cologne,  ses  publications  se 
trouvent  chez  les  éditeurs  Behrendt  et  P.  Hanstein  de  Bonn.  A.  V. 

* 
*  * 

Sur  le  règne  de  Pliilippe-Auguste,  les  travaux  relatifs  à  des  questions 
spéciales  sont  relativement  nombreux  et  importants.  D'autre  part,  le 
Catalogue  de  M.  Delisle  offre  une  base  sure  aux  lecherches  des  historiens, 


CniîONIQUE 


103 


pour  tout  ce  qui  concerne  les  documents  diplomatiques.  Il  n'y  a  cependant 
pas  encore  d'histoire  complote  et  critique  du  règne.  M.  A.  Cartellieri  vient 
d'entreprendre  de  combler  cette  lacune.  En  effet,  bien  qu'il  annonce  l'in- 
tention de  diriger  ses  études  principalement  vers  la  question  des  rapports 
du  roi  de  France  avec  l'Empire,  c'est  néanmoins  une  véritable  histoire  de 
Philippe-Auguste  que  commencent  les  deux  fascicules  actuellement  parus, 
qui  conduisent  jusqu'en  118(3  le  récit  des  événements.  Dans  le  premier 
{P/ii/ipp  If  Atif/Kst,  Kôiii/f  von  Fratil.fcicit.  Erstc.s  BucJi .  Bis  :uin  Todr 
Li(diri;/s  VII  (1165-1180),  Leipzig,  F.  Meyer,  1899;  in-8",  xv-92  p.  et 
56  p.),  développement  d'importants  articles  jadis  publiés  par  l'auteur  dans 
laReritc  his/ori'/itr,  M.  C.  montre  le  jeune  souverain  se  substituant  tous 
les  jours  davantage  à  son  père  vieilli  et,  dès  sa  quinzième  année^  faisant 
preuve  d'un  sens  politique  que  les  chroniqueurs  anglais  ont  à  tort  considéré 
comme  une  marque  de  l'intluence  exercée  par  le  comte  de  Flandre.  I.e  second 
(Ziceites  Buch.  Philipp  Aiiijust  iiad  Graf  Pldlipp  cou  Flandern  (1180- 
1186);  p.  93-112  et  77-112),  est  un  exposé  détaillé  des  luttes  entre  le  roi  et 
son  puissant  vassal  jusqu'au  traité  conclu  à  Boves,  sur  la  Somme,  en 
juillet  1185,  confirmé  un  peu  plus  tard  à  Amiens  et  réglant  en  faveur  de 
Philippe-Auguste  la  question  de  l'héritage  d'Aliénor  de  Vermandois. 
Quatorze  appendices  se  rattachent  à  la  partie  déjà  publiée  de  l'ouvrage. 
Nous  citerons  spécialement  parmi  eux  ceux  qui  sont  relatifs  à  l'idée  fausse, 
propagée  par  des  chroniqueurs:  postérieurs,  que  Philippe  d'Alsace,  comte  de 
Flandre,  fut  le  parrain  et  le  tuteur  du  jeune  souverain,  son  homonyme. 
Naturellement,  c'est  surtout  par  la  discussion  de  textes  depuis  longtemps 
connus  et  publiés  que  M.  C.  arrive  à  des  conclusions  nouvelles.  Il  donne 
cependant  quelques  morceaux  inédits,  dont  le  plus  intéressant  est  une  col- 
lection de  lettres  écrites  à  l'occasion  des  affaires  de  Flandre,  et  retrouvées 
par  l'auteur  dans  un  manuscrit  de  Vienne.  —  Nous  signalerons  brièvement 
la  publication  des  divers  fascicules,  à  mesure  que  ceux-ci  seront  envoyés 
dLwMotjcn  Atjc,  réservant  une  étude  générale  pour  l'époque  à  laquelle  sera 
terminé  l'ouvrage,  dont  nous  nous  bornons  à  indiquer  maintenant  l'impor- 
tance, en  même  temps  que  la  haute  valeur  scientifique.  11.  P. 

*  * 

MM.  le  vicomte  de  Caix  et  Albert  Lacroix  ont  publié  le  premier  volume 
d'une  Histoiri'  illustrée  de  la  France  (Paris,  P.  Ollendorff,  1900;  in-8", 
xvi-320  p.,  445  vign.),  qui  ne  comprendra  pas  moins  de  vingt  volumes.  Il 
va  de  soi  que  les  auteurs  ne  se  borneront  pas  à  de  sèches  annales,  et  qu'ils 
entendent  suivre  le  développement  général  de  la  nation  prise  dans  son 
ensemble.  Ils  ont  pensé  avec  raison  qu'il  était  temps  de  synthétiser  en  un 
récit  qui  fut  plus  qu'un  résumé  et  de  mettre  à  la  portée  de  tous,  les  résultats 
acquis  par  l'érudition  moderne.  Mais  avant  de  poser  leurs  acteurs  ils  ont 
décrit  la  scène  où  se  déroulera  le  drame  aux  «  cent  actes  divers  »,  dont  ils 
veulent  nous  faire  connaître  foutes  fes  péripéties.  Aussi  leur  ouvrage  s'ouvre- 


104  cllHONMOrR 

t-il  par  un  aperçu  géologique.  Les  populations  primitives  paraissent;  puis 
les  hommes  de  l'Orient  envahissent  l'Europe;  les  Celtes  s'établissent  en 
Gaule  ;  les  Gaulois  sont  soumis  à  la  puissance  romaine.  Ce  premier  volume 
échappe  donc  à  notre  compétence  comme  au  cadre  de  notre  Revue.  Il  suffit 
de  le  signalor.  Cependant  nous  ne  pouvons  nous  empêcher  de  parler  du 
plan  de  l'illustration.  Il  est  regrettable  que  l'on  y  ait  fait  une  place  aux 
compositions  de  fantaisie  pour  suppléer  à  la  pauvreté  et  sans  doute  racheter 
la  monotonie  des  renseignements  précis  que  fournissent  les  débris  de  la  vie 
matérielle  de  ces  âges  lointains.  Le  grand  public  est  aujourd'hui  assez  rompu 
à  l'archéologie  pour  prendre  intérêt  à  la  reproduction  d'armes  et  d'outils  de 
pierre  et  de  métal,  de  monnaies,  de  mobiliers  funéraires,  sans  qu'on  lui 
présente  des  restitutions  de  batailles,  des  ouvriers  de  l'époque  néolithique, 
l'attaque  d'un  mammouth  et  autres  tableaux  qu'il  convient  de  laisser  aux 
galeries  de  peinture.  Nous  souhaitons  donc  que  dans  les  volumes  suivants, 
où  les  auteurs  n'auront  que  l'embarras  du  choix  entre  tant  de  monuments, 
l'illustration  soit  simplement  fondée  sur  les  documents  contemporains.  Cette 
réserve  n'est  pas  pour  diminuer  la  valeur  de  l'œuvre  de  MM.  de  Caix  et 
Lacroix,  digne  de  recevoir  les  encouragements  de  tous  ceux  qui  désirent 
voir  se  répandre  la  connaissance  de  notre  passé.  M.  P. 

* 
*  * 

Le  tome  IV  des  Abhandiiiiif/cii  /wi-anst/agcbm  von  dcr  Gcsellschaft  fi'ir 
doutsclw  Sprache  in  Zurich  a  pour  titre  :  Die  Ficjur  des  Kiitdes  in  der 
mittellioc/idcntschen  Dichiunf/,  ron  Agnes  Geering  (Zurich,  E.  Speidel, 
120  p.  in-S").  Ce  livre  sur  «  la  Physionomie  de  l'Enfant  dans  la  Poésie 
moyen-haut-allemande  »  intéresse  autant  l'histoire  des  mœurs  du  peuple 
allemand  que  celle  de  sa  littérature  :  le  résultat  en  est,  nous  dit  l'auteur, 
de  nous  faire  voir  les  conceptions  morales  du  temps  se  refléter  dans  la  façon 
dont  les  poètes  ont  représenté  l'enfant.  La  division  de  l'ouvrage,  très  natu- 
relle, comprend  trois  chapitres  :  le  Roman  biographique,  l'Amour  chez  les 
Enfants  et  l'Enfant  dans  la  Légende  chrétienne;  ce  qui  nous  présente  les 
trois  grands  côtés  de  la  vertu  au  moyen  âge,  s'excluant  plus  ou  moins  :  les 
vertus  chevaleresques,  le  culte  de  la  femme  et  l'amour  divin. 

L'auteur  constate  dans  sa  conclusion  la  tendance  du  moyen  âge  à  consi: 
dérer  l'Idéal  mondain  et  l'Idéal  chrétien  comme  inconciliables. 

Le  grand  nombre  d'analyses  de  caractères  épiques  qui  sert  à  établir  cette 
thèse  peut  être  précieux  à  l'étudiant  par  l'exactitude  des  renseignements  : 
il  a  aussi  le  mérite  de  donner  une  idée  générale  juste,  de  la  poésie  alle- 
mande du  moyen  âge. 

En  outre,  la  simplicité  correcte  du  style  en  fait  une  lecture  facile  et 
agréable.  P.  Doin. 


LIVRES    NOUVEAUX  105 


LIVRES   NOUVEAUX 


1.  Albin  (Abbé  Célestin).  La  poésie  du  bréviaire.  T.  V.  Les  liynines.  — 
Lyon,  Vitte,  1899;  in-12. 

2.  Arci  (Filippo).  Cronografia  dantesca,  note  illustrative  sull'  appli- 
caziorie  del  Cronfxjrafo  Dantcsco  dello  stesso  autore.  —  Torino,  G.  R.  Pa- 
ravia,  1899;  in-lS,  80  p.  (1  L  50.) 

3.  AuHERT  (Abbé).  Notes  extraites  de  trois  li\res  de  raison  de  117;}  à  1560. 
Comptes  d'une  famille  de  gentilshommes  campagnards  normands.  — 
Paris,  Impr.  Nationale.  1899;  in-8",  56  p.  (Extr.  du  Bnll.  Jiist.  et  jiliil.  du 
C  oint  te  dos  ira  r .  h  ist .  ) 

4.  Ausstellung  von  Kunst-Werken  des  Mittelalters  und  der  Renaissance 
aus  Berliner  Privatbesitz,  veranstaltet  von  der  kuustgescliiclitliehen 
Gesellschaft,  20  V  bis  3  VIL  1898.  —  Berlin,  G.  Groto,  1980;  in-iol.,  vi- 
178  p.,  grav.  et  (30  pi.  (60  m.) 

5.  AuTRET  (Guy).  Lettres  inédites  de  Guy  Autret,  seigneur  de  Missirien, 
correspondant  de  Pierre  d'Hozier  en  Basse-Bretagne  (1635-1600),  recueillies 
et  publiées  par  M.  le  comte  de  Rosmorduc.  —  Saint-Brieuc,  impr.  do 
Prud'homme,  1899;  in-4",  vii-232  p.  et  pi. 

6.  Bachmann  (A,).  Geschichte  Bôhraens.  L  Bis  1400.  —  Gotha,  G.  A. 
Perthes,  1899;  gr.  in-8°,  xvii-911  p.  (Geschichte  der  europaischen  Staaten. 
59  Lfg.,2  Abth.)   (16  m.) 

7.  Ball\court  (C.  de).  Jehan  Le  Forestier,  seigneur  de  Vauvert,  1464- 
1494.  —  Nîmes,  impr.  de  Chastanier,  1899;  in-8",  47  p. 

8.  Bardenhewer  (O.).  Les  Pères  de  l'Église,  leur  vie  et  leurs  œuvres. 
Édition  française  par  G.  Godet  et  C.  Verschaffel.  —  Paris,  Bloud  et  Barrai, 
1898-1899;  3  vol.  in-8%  vii-399,  497  et  320  p. 

9.  Barnes  (A.  S.).  St-Peter  in  Rome  and  his  tomb  on  the  Vatican  hill. 
—  London,  Swan,  Sonnenscliein  &  C",  1900;  in-8".  (21  sh.) 

10.  Baudon  (A.).  Tablettes  gthiéalogiques  retheloises.  La  famille  Dubus; 
la  famille  Billaudel;  la  famille  Miroy.  —  Paris,  A.  Picard  et  fils,  1899; 
in-8",  14  p.  (Extr.  delà  Rco.  hist.  tn-dcnnaisr.) 

11.  Baumker  (C).  Dominicus  Gundissalinus  als  philosophischer 
Schriftsteller.  —  Munster,  Aschendorfî,  1899;  in-8°,  20  p.  (75  ni.) 

12.  Bazin  (Ilippolyte)  et  P.  Aubin.  Une  vieille  cité  de  France.  Reims, 
monuments  et  histoire.  —  Reims,  F.  Michaud,  1899;  in-4°,  554  p. 

13.  BECKiiR  (W.  M.).  Die  Initiative  bei  der  Stiftung  des  Rheinischen 
Bundes,  1254.  -  Gie.ssen,  J.  Ricker,  1S99;  in-8%iv-86  p.  (1  m.  60.) 

14.  Bellouard  (L.).  Histoire  de  l'abbaye  de  Notre-Dame  de  F'ontgom- 
bault.  -  Paris,  H.  Oudin.  1899;  in-16,  181  p. 

15.  Bergmann  (K.).  Die  Volksdichte  der  grossherzogl.  hessischen,  Prov. 
Starkenburg  auf  Grand  der  Volkszàhlung  vom  2.  XII.  1895.  —  Stuttgart, 


106  LUIIES    NOLUEAUX 

J.    Engellioin.   11*00:    in-8',   72   p.  1     carte    (Forschungen    zur  deutschen 
Landes-  und  Volkskiinde.  XII,  4.) (5  m.  70.) 

IG.  Berjon  y  Vazquez  (A.).  Kstudios  criticosacei-ca  de  las  obras  de  santo 
Toiiiâs  de  Aquino.  —  Madrid,  M.  Tello,  1899;  in-8".  (.'>  pes.) 

17.  Blanc.'^rd  (Louis).  Sur  les  monnaies  du  roi  René.  Explication  de 
textes  relatifs  à  ces  monnaies,  découverts  et  transcrits  par  Charlbs  Mourret. 
—  Marseille,  impr.  de  Barlatier  (1900)  ;  in-8',  20  p. 

18.  Blanchet  (Adrien).  Les  trésors  de  monnaies  romaines  et  les  inva- 
sions germaniques.  —  Paris,  Leroux,  1900;  in-8%  ix-3;}3  p. 

19.  Blanxhet  (Emile).  L'art  en  Flandre.  Les  musées  et  les  églises  de 
Belgique.  —  Paris,  impr.  de  Boullay,  1899;  in-16,  ix-93  p. 

20.  Blay  de  (iaïx  (de).  Histoire  militaire  de  Baronne .  T.  V\  De  l'ori- 
gine de  Baronne  à  la  mort  de  Henri  H'.  —  Bayonne,  impr.  de  Lamai- 
gnère,l899:"  in -8",  v-391  p. 

21.  Bled  (Abbé).  Les  chartes  de  Saint-Bertin  d'après  le  Grand  Cartulaire 
dedom  Charles-Joseph  Dewitte,  dernier  archiviste  de  ce  monastère,  publiées 
ou  analysées  avec  un  grand  nombre  d'extraits  textuels.  T.  IV,  3°  fascicule 
(fin).  —  Saint-Oraer,  impr.  de  Homoiit,  1899;  in-4°,  p.  .367-552  (Soc.  des 
Antiquaires  de  la  Morinie.) 

22.  Blume  (C).  Sequentiœ  ineditic.  Liturgische  Prosen  des  Mittelalters 
aus  Handschriften  und  Wiegendrucke.  4  Folge.  —  Leipzig,  0.  R.  Reis- 
land,  1900;  in-8°,  305  p.  (Analecta  hymnica  medii  cPvi.  XXXIV.)  (9   m.) 

23.  BoiTEL  (A.).  Collection  de  tous  les  sceaux  du  Grand  Cartulaire  de 
Saint  Berlin,  reproduits  en  phototypie  au  nombre  de  plus  de  mille  sept 
cents,  depuis  l'année  648  jusqu'à  l'année  1600,  publiée  sous  les  auspices  de 
la  Société  des  Antiquaires  delà  Morinie.  —  Saint-Oraer,  impr.  deHoraont. 
(1900);  in-4°,  4  p.,  1  pi. 

24.  BooR  (C.  de).  Bericht  iiber  eine  Studienreise  nach  Italien,  Spanien 
und  England  zum  Zwecke  handschriftlicher  Studien  iiber  byzantinische 
Chronisten.  — Berlin,  G.  Reimer,  1900;  in-8",  13  p.  (Extr.  des  SiUmujsltar. 
d.  prct/ss.  A/.ad.  der  Wiss.) 

25.  BoscAWEN  (W.  Saint-Chad).  La  Bible  et  les  monuments.  Traduit  sur 
la  seconde  édition  par  Clém.  de  Faye.  —  Paris,  Fischbacher,  1900;  in-8'', 
xiii-183  p. 

26.  Boule  et  A.  Vermére.  L'abri  sous  roche  du  Rond,  près  Saint- 
Arcons  d'Allier  (Haute-Loire).  —  Paris.  Masson,  1899;  in-8",  16  p.  (Extr.  de 
Y  Anthropolofiie.) 

27.  Boyer  (Jacques).  Histoire  des  malhémaliques.  -  Paris,  G.  Carré  et 
C.  Naud,  1899;  in-8",  226  \).  (Bibliothèque  de  la  Reçue  r/ènèrale  des 
Sciences.)  (5  fr.) 

28.  Bki.vdeau  (Paul).  Excursion  histori(jue  et  arcluVilogiquc  à  Laval  et 
Château-Gontier  (21  juin  1899).  -  Le  Mans,  libr.  de  Saint-Denis,  1899; 
in-8",  20  p.  (Extr.  de  la,Rec.  hist.  et  archcoL  du  Maine.) 

29.  Brossard   (Ch.).    Géographie   pittoresque   et  monumentale   de    la 


LIVRES    NOIVEAl'X  1(  )7 

France.  I.  La  Francodu  Nord.— Paris, E.  Flammarion.  1899;  gr.  in-8".(::^r) IV. ) 

30.  Bruciikt  (Max).  —  Trois  inventaires  du  château  d'Annecy  (1393, 
ir)19,  1585).  -  Chambéry,  ini])r.  de  Vv<'  Menard,  1899;  in-8",  112  p. 
(Kxtr.  des  Mi'in.  de  la  Soc.  Saroisicnac  d'histoire  et  d'ai'r/irolof/ic.) 

31.  Rrumme  (F.).  Das  Dort'  und  Kirchspiel  Friedriciiswertli  im  Ilcr- 
zogtum  Sa(  hsen-Gotha.  —  Oot  ha,  C.  F.  Windaus,  1899;  in-8",  xii-593  p. (1  m.) 

32.  Brutaii.s  (.J.-A.).  L'archéologie  du  moyen  âge  et  ses  méthodes.— 
Paris,  A.  Picard,  1899;  in-8",  xii-234  p.,  3  \A.  (5fr.) 

33.  Calendar  oi'  documents  illustrative  of  the  history  of  Great  Britain 
andlreland.  Vol.   I.  —  London,  Eyre  and  Spottiswoode;  in-8".   (15  sh.) 

3L  Calonne  (Baron  A.  de).  Histoire  de  la  ville  d'Amiens.  T.  IL  — 
Paris,  A.  Picard  et  fils,  1900;  in-8",  630  p. 

35.  Canat  de  Chizy  (Noël).  Étude  sur  le  service  des  travaux  publics  et 
spécialement  sur  la  charge  de  maître  des  œuvres  en  Bourgogne  sous  les  ducs 
de  la  race  de  Valois  (1363-1477).  -  Caen,  Delesques,  1899;  in-8",  83  p. 
(Extr.  du  Bull,  moiiuinental,  1898.) 

36.  Capreolus  (J.).  Johannis  Caprooli  Thobjsani,  Ordiiiis  Pnedica- 
toi-um,  Thomistarum  principis,  defensiones  theologiae  divi  Thomas  Aqui- 
natis.  De  novo  édita  cura  et  studio  RR.  PP.  Ceslai  Paban  et  Thoniae 
Pègues.  L  —  Tours,  Cattier,  1900,  in-l"à  2  col.,  xxxi-416  p. 

37.  Casati  de  Casatis  (C.  Charles).  Villes  et  châteaux  de  la  vieille 
France.  Duché  d'Auvergne  d'après  les  manuscrits  du  chanoine  Audigier  et 
du  héraut  d'armes  Revel.  Avec  une  introduction  et  une  étude  sur  la  pre- 
mière époque  de  l'art  français.— A.  Picard,  1899;  in-8",  212, p.,  36pl.(15tr.) 

38.  Chaludet  (Abbé  M.-D.).  Notice  sigillographique  sur  les  évoques 
d'Auvergne  et  de  Saint-Flour.  —  Aurillac,  Impr.  moderne,  1899;  in-8",  212  p. 

39.  Chevalier  (Chanoine  Ulysse).  La  Renaissance  des  études  litur- 
giques. Deuxième  mémoire.  —  Montpellier,  impr.  de  Firmin  et  Montane, 
1899;  in-8»,  17  p. 

40.  Chevalier  (U.).  Le  Saint-Suaire  de  Turin  est-il  l'original  ou  une 
copie?  étude  critique.  — Chambéry,  impr.  de  Vve  Menard,  1899;  in-8",  31  p. 

41.  Chévelle  (C).  Jeanne  d'Are  àBurey-le-Petit  ou  Burey-en-Vaux.  La 
famille  Laxart.  —  Nancy,  impr.  de  Humblot  et  Simon,  1899,  in-8",  vi-48p. 

42.  Clemen(P.).  Die  Kunstdenkmâler  des  Kreises  Euskirchen,  in  Ver- 
bindung  mit  E.  Renard  bearb.  —  Dûsseldorf,  L.  Schwan,  1900;  in-8°. 
vii-265  p.  (Die  Kunstdenkmâler  der  Rheinprovinz.  IV,  4.)  (7  m.  50.) 

43.  Clément  (Abbé  Joseph-H.-M.).  L'  «  Escu  d'or  »  et  l'Ordre  de 
«  Nostro-Dame  »,  institués  par  Louis  II,  duc  de  Bourbonnais.  —  Moulins. 
Grégoire,  1900;  in-8",  71  p. 

44.  CoLLiGNON  (Albert).  Note  sur  les  monuments,  l'iconographie  et  les 
légendes  de  la  bataille  de  Nancy  (1477).  — Nancy,  impr.  de  Borger-Levrault, 
1899;   in-8",  35  p.  (Extr.  des  Annalos  dr  l'Est.) 

45.  Coupir.NY  (Henri  de).  Du  clia{)itre  de  brief  de  mariage  encombré, 
ou  de  l'inaliénabilité  des  biens  de  la  femme  mariée,  en  coutume  de  Nor- 
mandie. Tliése.  —  Caen,  impr.  de  Valin,  1900;  in-8",  x-256  p. 


lOS  LIVRES    NOUVEAUX 

46.  CouRTAUX  (Théodore).  Généalogie  des  Vannier,  alia«  Le  Vannier, 
Le  Vanier,  Le  Vasnioi*.  Le  Vennier,  Le  Venier  (Normandie,  Maine, 
Poitou,  etc.)  accompagnée  d'un  index  des  noms  de  familles  et  des  localités. 
—  Paris,  93,  rue  Nollet,  1899;  in-8°,  71  p.  (Extr.  de  VHiMoriiuiraphc, 
l'ccuril  de  notices  Jiistoriques  sur  les  /((milles.) 

47.  Cox  (J.-C).  Calendar  of  the  records  ol  ^Mie  county  of  Derby.  — 
London.  Bemrose  and  sons,  1899;  in-8°.  (21  sh.) 

48.  Dacier  (M"""  Henriette).  La  femme  d'après  saint  Ambroise.  —  Paris, 
C.  Amat,  I899;in-12. 

49.  Daguin  (Feruand).  Note  sur  les  fouilles  exécutées  à  Vertault  (Côte- 
d'Or)en  1898.—  Nogent-le-Rotrou,  impr.  de  Daupeley-Gouverneur,  1899; 
in-8°,  15  p.  (Extr.  du  Bull,  de  ht  Société  des  Antiquaires  de  France.) 

50.  Daumet  (Georges).  Lettres  des  papes  d'Avignon  se  rapportant  à  la 
France,  publiées  ou  analysées  d'après  les  registres  du  Vatican.  N"  2. 
Benoît  XII  (1334-1312).  Lettres  closes,  patentes  et  curiales.  l''  fascicule.  — 
Paris,  Fontemoing,  1899;  in-4%  124  p.  (Bibliotlièque  des  Ecoles  françaises 
d'Athènes  et  de  Rome.  3'  série,  II,  1.) 

51.  Dehaisnes  (Abbé)  et  Jules  Finot.  Inventaire  sommaire  des  archives 
départementales  antérieures  à  1790.  Nord.  Archives  civiles.  Série  B. 
Chambre  des  comptes  de  Lille,  art.  1  à  652.  T.  l",  première  partie.  — 
Lille,  Danel(1900);  in-4%  xxix-423  p. 

52.  Delisle  (L.).  Vente  des  manuscrits  du  comte  d'Ashburnham.  «  Cata- 
logue of  a  portion  of  the  collection  manuscripts  known  as  the  appendix  mado 
by  the  late  earl  of  Ashburuham,  etc.»  (Compte  rendu).—  Paris,  Impr.  Natio- 
nale, 1899;  in-4",  40  p.  (Extr.  du  Journal  des  Savants.) 

53.  Denys  le  Chartreux.  Doctoris  ecstatici  D.  Dionysii  Cartusiani 
opéra  omnia  in  unum  corpus  digesta  ad  fidem  editionum  Coloniensium 
cura  et  labore  monachorum  sacri  Ordinis  Cartusiensis.  IX.  In  Jeremiam 
et  Ezechielem.  XL  In  Matthseum  et  Lucam  (i-ix).  —  Montreuil,  impr. 
de  Arnauné,  1899-1900;  2  vol.  in-8",  xii-682  et  742  p. 

,54.  Depoin  (Joseph).  Le  livre  de  raison  de  l'abbaye  de  Saint-Martin  de 
Pontoise,  xiv'  et  xv''  siècles.—  Versailles,  impr.  de  Cerf,  1900;  in-8",  244  p. 

55.  DiEHL  (A.)  und  K.  IL  S.  Pfaff.  Urkundenbuch  der  Stadt  Essling 
I.  Bd.  -  Stuttgart.  W.  Kohhammer,  1899;  in-8%  lv-736  p.  (6  m.) 

56.  DucHESNE  (Abbé  L.).  Fastes  épiscopaux  de  l'ancienne  Gaule.  IL 
L'Aquitaine  et  les  Lyonnaises.  —  Paris,  Fontemoing,  1899;  in-8",  491  p. 

57.  DuvAL  (Louis).  Inventaire  sommaire  des  archives  départementales 
antérieures  à  1790.  Orne.  Archives  ecclésiastiques.  Série  H,  n"'  3352-4738. 
T.  III  :  Abbayes  de  femmes.  —  Alençon,  impr.  Renaut-de-Broise,  1899; 
in-4%  Lxvin-332  p. 

58.  Eue  (G.).  Ai-chitektonische  Raumlehre.  Entwickelung  der  Typen 
des  Innenbaues.  I.  Von  den  altesten  Zeiton  bis  zum  Abscliluss  der  gothi- 
schen  Période.  —  Dresden,  G.  Ruhtmann,  1900;  in-8°,  lx-237  p.  134  grav. 

59.  Eckart(R.).  Urkundliche  Geschichte  des  Peterstiltes  zu  Nôrten.— 
Nôrten,  1899;  in-8",  v-111  p.  (1  m.  80.) 


LIVRES    NOUVEAUX  109 

60.  EcKEL  (A.).  Charles  le  Simple.  —  Paris,  K.  Bouillon,  1899;  iii-8". 
(Biblioth6quodo  l'École  des  Hautes-Études,  CXXIV.)  (5  ir.). 

01.  EcKiiARDT  (H.).  Alt  Kiol  in  \Vort  und  Rild.  --  Kiel,  H.  Eckhardt. 
1899;  in-4".  vin-504  p.  (25  m.) 

62.  Efi-mann  (^^'.).  Die  Glocken  der  Stadt  l-'i-eibuitr  in  dor  Srhweiz.  — 
Strassbmir,  J.  H.  E.  Heitz,  1899;  in-8",  iv-208  p.  31  pi.  (9  m.) 

63.  Effmann  (W.).  Die  Karolingisch-ottonisclien  Bauten  /u  Werden. 
I.  Stephanskirche,  Salvatorski relie,  Peterski relie.  —  Strassbnrir,  J.  H.  E. 
Ileitz,  1899;  in-8",  ix-447  p.,  21  pi.  (18  m.) 

64.  FoRRER  (R.).  Die  Odilienberg,  seine  vorgescliichtliehen  Denknuiler 
und  mittelalterlichen  Baurestc,  seine  Geschielite  und  seine  Legenden.  — 
Strassburg,  K.  J.  Trûbner,  1899;  in-12,  vi-90  p. 

65.  FouRiER  DE  Bacourt  (C'  e.).  Épitaphes  et  moiiunionls  funèbres 
inédita  de  la  cathédrale  et  d'autres  églises  de  l'ancien  diocèse  de  Toul.  X"3. 
—  Bar-le-Duc,  Contant-Laguerre  (1900);  in-8",  p.  87-118,  15  pi. 

66.  FouRNiER  (Chanoine).  La  Papauté  devant  l'histoire.  —  Paris,  A.  Sa- 
vaète,  1899;  2  vol.  in-8°.  (50  fr.) 

67.  Fournier(A.).  Des  noms  de  lieux  ayant  pour  racine  les  noms  du  dieu 
Relen,  Bel.  -  Nancy,  impr,  de  Berger-Levrault,  1899;  in-8",  19  p.  (Extr. 
du  Bail,  de  la  Soc.  de  t/ùoi/raphic  de  ('Est.) 

68.  Fournier  (A.).  Les  Vosges.  1"'  partie;  Le  Donon,  vallées  de  Celles, 
de  Senones,  de  Ravine,  de  la  Bruche.  —  Paris,  P.  Ollendorlî,  1899;  in-4", 
112  p.,  26  pi.  (12  fr.) 

69.  Froger  (Abbé  L.).  De  la  condition  des  lépreux  dans  le  Maine  au 
XV"  et  au  xvi"  siècle.  —  Paris,  5,  rue  Saint-Simon,  1896;  in-8",  21  p.  (Extr. 
de  la  Roc.  des  Questions  hts(orir/iics.) 

70.  Froissart.  Chroniques  de  Froissart.  Deuxième  livre.  Publié  pour  la 
Société  de  l'Histoire  de  France,  par  Gaston  Raynaud.  T.  XI  (1382-1385). 
Depuis  la  bataille  de  Roosebekc  jusqu'à  la  paix  de  Tourna  y.  —  Paris, 
Laurens,  1899;  in-8",  lxxvii-492  p. 

71.  FuNK  (F.  X.).  Kirchengeschichtliche  Abhandlungen  und  Untersu- 
chungen.  —  Paderborn,  1899;  2  vol.   in-8",  v-483  et  xviii-691    p. 

72.  Galabert  (Abbé).  Pratiques  religieuses  autour  de  Verdun  à  la  fin  du 
XIV"  siècle.  —  Toulouse,  impr.  de  Chauvin,  1899;  in-8°,  7  p.  (Extr.  du 
Bull,   de  la  Sor.   (H'chèol.  du  Midi  de  la  France.) 

73.  Gassies  (Georges).  Coup  d'(Tnl  sur  l'archéologie  du  moyen  âge 
d'après  les  monuments  français  et  en  particulier  d'après  ceux  du  départe- 
ment de  Seine-et-Marne  et  de  la  région  avoisinante  (Brie,  Champagne, 
Limousin,  Beauvaisis,  etc.).  —  Meaux,  impr.  de  Le  Blondel.  1899:  in-8", 
171  ]).  (Extr.  du  Bull,  de  la  Soc.  littéraire  et  hist.  de  la  Brie.) 

74.  Gavrilovitch  (M.).  Étude  sur  le  traité  de  Paris  de  1259  entre 
Louis  IX,  roi  de  France,  et  Henri  III,  roi  d'Angleterre.  —  Paris,  Bouillon^ 
1899;  in-8°,  xv-157  p.  (Bibliothèque  de  l'École  des  Hautes-Études.  CXXV). 

75.  GiRGENSoHN  (P.). Die  skandinavische  Politik  der  Hansa,  1375-95.  — 
Upsala,  1899;  in-8°,  viii-200  p. 


110  LIVlîES    NOUVEAUX 

"TG.  (ioLi.  (.1.).  Bolionio  (1895-1898).  —  Noiieiil-le-Holrou,  inipr.  de  Dau- 
peloy-tlouvoniL'ui-.  1899;  in-8",  21  p.  (Extr.  île  la  Rrr .  his(url(juc .) 

77.  CïREcoRio  (Rosai'io).  Doi  roali  archivi  di  Sicilia,  luemoria  inorliia, 
piibl.  G.  La  Mantia.  —  Palonno,  Reber,  1899;  in-8",  8-xv  p.  (11.) 

78.  (iiiNDLAcn  (W.).  Dio  l<]ntstehuiig  des  Kirelioustaates  und  dei-  curialc 
Boin-ilî /?*'.s-  pahltcd  RoiiKdiiiriim.  Kin  Reiti-ag  zum  traiik.  Kirclien- und 
Staatsivelit.  —  Bi-eslau,  M.  und  H.  Mareus,  1899;  vii-121  p.  (Un(ei-su- 
éhuiigen  zur  deutsclieu  Staats  -und  Reehtsgescliiclite.  LIX.)  (4  m.) 

79.  GuNDLACH  (W.).  Karl  der  Grosse  im  Sachssn-Spiegel,  eiue  Inter- 
prétation. —  Rreslau.  M.  und  H.  Marcus,  1899;  in-8",  vi-35  p.  (Unter- 
sucliungen  zur  deutselien  Staats  und  Rechtsgesehichte.  LX.)  (1  m.  60.) 

80.  IIann  (F.  G.).  Kunstgeseliichliiclier  Fùlirer  durcli  den  (lurker 
Dom.  2- Aufl.  -  Klagenfurt,  A.  Raunecker,  1900;  in-12,  48  p. 

81.  Haucour  (Louis  d').   L'Hôtel  de  Ville  de  Paris  à  travers  les  sièeles. 

—  Paris,  V.  Giard  et  E.  Brière,  1899;  in-8",  802  p.,  pi.  (25  fr.) 

82.  Héricault  (C.  d').  Les  grands  saints  de  France  et  leurs  amis.  — 
Paris,  Blond  et  Barrai  (1900) ,  in-8",  xii-329  p. 

83.  Hervieux  (L.).  Les  fabulistes  latins  depuis  le  siècle  d'Auguste  jus- 
qu'à la  fin  du  moyen  âge.  V.  Jean  de  Capoue  et  ses  dérivés.  —  Paris, 
Firmin-Didot,  1899;  in-8",  ii-791  p. 

81.  Heurtebize  (B.)  et  R.  Triger.  Sainte  Scli()lasti(ini\  patronne  du 
Mans  :  sa  vie,  son  culte,  son  rôle  dans  l'iiistoir."  de  la  cité.  —  Paris, 
Retaux,  1897;  in-4",  xii-520  p. 

85.  Holder(A.).  Alt-celtischer  Spraehschatz.  12  Lig.  —  Leipzig,  B.  G. 
Teubner,  1900:  in-8",  col.  669-1024.  (8  m.) 

86.  Holmes  (T.  R.).  Ca^sar's  conquest  of  Gaul.  —  London,  ;Macmillaii 
and  C°,  in-S".  (21  sh.) 

87.  Jarry  (Louis).  Histoire  de  Cléry  et  de  l'église  et  cliapelle  roj'ale 
N.-D.  de  Cléry.  —  Orléans.  Herluison,  1899:  in-8",  430  p.  (15  fr.) 

88.  Kaindl(R.  F.).  Studien  zu  den  ungarisciien  (ieschichtsquellen.  VIII. 

—  Wien,  C.    Gerold's    Sohn,  1899;   in-8",   109  p.    (Extr.   de  l'A/vA .  //?/• 
ôsfciT.  Gcschirhtc.) 

89.  Kerviler  (René).  Répertoire  général  du  bio-biblio.urapliie  iMvtoniie. 
Livre  I"  :  les  Bretons.  T.  XII.  32'  fasc.  fl)eni-Dez).  —  Hennés,  Plilion 
et  Hervé,  1899;  in-8',  p.  1-160. 

90.  Kirsch  (.1.  P.).  Die  Leliri' von  <ler  GemeinschafI  der  Ileiligen  im 
christl.  Alterthum.  —  Mainz,  F.  Kirchlieim,  1909;  in-8",  vn-230  p. 
(Forschungenzur  cliristlichen  Litteratur und  Dogmengeschichte.  1,1.)  (7m .  ) 

91.  Knoke.  Das  Varuslager  beilburg.  —Berlin,  R.  Gartner,  1899;  in-8". 

92.  Kohler  (Ch.).  Mélanges  pour  servir  à  l'histoire  do  l'Orient  latin  et 
dos  croisatles.  Fascicule  I".  —  Paris,  Leroux,  1900;  in-8",  280  p.  (l'Atr. 
de  la  Rec.  de  l'Oricnl  latin.  IV,  5,  6,  7.) 

93.  KoRTH  (L.)  und  P.  I*.  Albert.  Die  Urkunden  des  Heiliggeist- 
spitals  zu  P'reiburg  im  Breisgan.  2  Bd.  1401-1662.  Mit  e.  Anli.  und  Hegistor 
von  E.   Intlekofer.   —    Freiburg  i.  B..  V.  Wagner,  1900;  in-8",  vii-640  j). 


LIVIîES    NOUVEALX  111 

(Vei'ôfîoiitlicliuiiiren   ans  dcin    Aicliix     (l(>i'    St.-ull    I-'ivibur.ir    iiii  Rrcisiiau. 
3  Thl.)  (6  m.) 

91.  Labourasse  (H.)-  Jandeuivs,  abbayo  et  domaiiio.  —  Bai-le-I)iic, 
impr.  de  Contant-Laguorre,  1899;  in-8",  .\v[n-221  p.  (l<Atr.  des  Mrinolrcs 
de  1(1  Soc.  des  lettres,  sct'enrns  et  arts  de  Bar-le-Diic .   3''  série,  VIII.) 

95.  La  Xkolliére-Teueiro  (S.  de).  Saint  Mars,  évoque  de  Nantes, 
527-531.  —  Vannes,  inipr.  de  Lafolyc,  1899;  in-8",  21  j).  (Kxtr.  de  \-ARev. 
hist.  de  l'Ouest.) 

96.  Laurensi.  Histoire  de  Castellane,  ou  Connaissant!  exacte  des  clian- 
genients  survenus  à  cette  ville,  des  dillérentes  parties  qui  la  composent,  des 
lieux  qui  en  dépendent  et  des  événements  qui  la  concernent  par  rapport  au 
gouvernement  ecclésiastique  et  .séculier,  avec  une  suite  chronologique  et 
historique  des  ëvêques  de  Senez.  —  Castellane.  Gauthier,  1899;  in-8°,  562  p. 
(10  fr.) 

97.  Lkcomte  (Maurice).  Note  historique  sur  la  seigneurie  de  Chailly-en- 
Bière.  —  Fontainebleau,  1899;  in-18,  24  p.  (Kxtr.  i\eV Abeille  de  FoiUai- 
neblcau .) 

98.  Lee  (S.).  Dictionary  of  national  bini:i'a[)hy  LXI.  —  London, 
Smith,  Elder  &  C",  1899;  in-8".  (15  sh.) 

99.  Lemcke  (H.)-  Die  Rau-  und  Kunstdenknuiler  des  Heg.-Be/. 
Stettin.  3  Ilft.  Der  Kreis  Uckermïmde.  -  Stettin,  L.  Saunier,  1899; 
in-8",  IV  p.  et  p.  267-312  et  pi.  (Die  Rau- und  Kunstdenknuiler  der  Prov. 
Pommern,  hrsg.  von  der  Gesellscliat't  f.  Pommersciie  Geschichte  und 
Alterthumskunde.  II,  3.)  (5  m.) 

100.  Le  Pale.nc  (C.)  et  P.  Dognon.  Lézat:  sa  coutume,  son  consulat.  — 
Toulouse,  Privât,  1899;  in-8",  lxvii-128  p. 

101 .  Lex  (Léonce).  Cîulde  archéologique  du  congrès  de  Mâcon  (1899).  — 
Paris,  A,  Picard,  1899  :  in-8",  24  p.  (Extr.  du  Bail,  moninnental.) 

102.  Lhomel  (G.  de).  Armoriai  des  maires  de  Montnniil-sar-Mer.  — 
Montreuil-sur-Mer,  impr.  de  Arnauné,  1900;  in-8",  47  p. 

103.  Lhomel  (G.  de).  Le  livre  d'or  de  la  ville  de  Montreuil-sur-Mer 
(Liste  des  olficiers  municipaux,  argentiers,  procureurs  fiscaux  et  greffiers; 
arinorial  des  maires;  ordonnances  et  édits  réglant  la  forme  des  élections 
communales.)  — ■  Montreuil-sur-Mer.  impr.  de  Arnauné,  1900;  in-8",  286  ]). 

104.  Lindner  (A.).  Die  Basler  Galluspforte  und  andere  romanische 
Rildwerke  der  Scinveiz.  —  Strassburg.  J.  II.  Ileitz,  1899,  in-8",  116  p. 
10  pi.  (Studien  zur  deutschen  Kunstgeschiclite.  XVII.)  (4  m.) 

105.  LoMiîARD-DuMAS  (A.).  La  sculpture  préhistorique  dans  le  départe- 
mentduGard.  —  Nîmes,  impr.  coopérative  la  Laborieuse,  1899;  in-8",  31  p. 

100.  Ludwig  (K.).  Das  keltische  und  rômische  Brigantium.  Eine 
gescliichtl.  Studie.-  Bregenz,  J.  N.  Teutsch,  1899;  in-8", xxviii  p.  (0  m.60.) 

107.  LiiTzow  (G.  von).  Die  Kunstschàtze  Italiens  in  geographiscli-his- 
lorischer  Uebersiclit  gosdiildert.  2  Aufl.  nach  dem  Tode  des  Verfassers, 
hrsg.  vouJ.  Dernjac.  —  Gcra,C.  B.  Griesbach,  1899;  in-fol.,  xxin-555  p. 

108.  M.ERCKER  (H.),  (ieschichteder  landlichen  Ortschaften  und  der  drei 


112  Ll\KES    NOUVEAUX 

kloiiieroii  Stadtedos  Kreiscs  Tliurii  iii  seiiiei'  Iruheren  Ausdehnung  vor  der 
Ab/woigung  dos  Kroises  Briesen  i.  .1.  1888.  2  Lfg.  —  l)anzig,T.  Bertling, 
1900;  in-8",  ii  p.  et  p.  133-613.  (Schril'ton  des  westpreuss.  Gescliiclits- 
vereins.)  (6  m.) 

109.  Malo  (Henri).  Petite  histoire  de  Boulogue-sur-Mer.  —  Boulogne- 
sur-Mer,  impr.  de  Baret,  1899;  in-8",  136  p. 

110.  Manitius  (M.).  Beitràge  zur  Gesehiclite  des  Ovidius  uinl  anderer 
romisciier  Schriftsteller  ini  Mittolalter.  —  Leipzig,  Dietericli,  1000;  in-8", 
48  p.  (Extr.  du  Philoloi/us.  7  Suppl.   Bd.)  (1  ni.) 

111.  M.\RBOT  (E.).  Notre  liturgie aixoise,  étude  bibliograpiiiquc  et  histo- 
rique. —  Aix,  Maicaire,  1899;  in-16,  vni-430  p. 

112.  Marque  (M").  Le  Cartulaire  d'OIoron.  —Pau.  Ribaut:  Oloron, 
Marque,  1900;  in-8",  xx-91  p. 

113.  Martin  (Henry).  Histoire  de  la  Bibliothèque  de  l'Arsenal.  —  Paris, 
Pion,  1900;   in-8". 

114.  Marzi  (D.).  Un  cancellieresconoseiutodellaRepubblicaFiorentina. 
ser  Naddo  Baldovini,  1335-1340.  —  Firenze,  Franccschini,  1899;  in-8; 
14  p.  (Per  le  nozze  Martini  Marescotti-Ruspoli). 

115.  MEYER-LiiBKE  (W.).  Grammatik  der  ronianischen  Sprachen.  3  Bd. 
Syntax.  —  Leipzig,  O.  R.  Reisland,  1899;  in-8",  xxi-815  p. 

116.  Meyer-Lûbke  (W.).  Grammaire  des  Langues  romanes.  Traduction 
française  par  Auguste  Doutrepont  et  Georges  Doutrepont.Tome  HI  et  dernier. 
Syntaxe.  V  partie.  —  Paris,  H.  Welter,  1899;  in-8°,  p.   1-464. 

117.  MissET  (Abbé  E.).  Jeanne  d'Arc  Champenoise.  Réponse  à  S.  G. 
M?r  Turinaz.  2''  édition  augmentée  d'une  préface.  —  Paris,  Champion,  1899; 
in-8°,  15  p. 

118.  MooRE  (A.  H.).  Œcumenical  documents  of  the  faith  :  Creed  of 
Niceae,  three  Epistles  of  Cyril,  Tome  of  Léo,  Chalcedonian  définition.  — 
London,  Mcthuen  and  C",  1899  ;  in-8».  (6  sh.) 

119.  MoREL  (Abbé  E.).  Cartulaire  de  l'abbaye  de  Saint-Corneille  de 
Compiègne.  —  Compiègne,  impr.  de  Lefebvre,  1899;  in-4",  p.  161-210. 
(Société  historique  de  Compiègne .  ) 

120.  MoRiz-EiCHBORN  (K.).  Der  Skulpturcyklus  in  der  Vorhalle  des 
Freiburger  Munsters  und  seine  St<;llung  in  der  Plastik  des  Obei-rheins.  — 
Strassburg.  J.  H.  E.  Heitz,  1899;  in-8",  xvi-439  p.  (Studien  zur  deutschen 
Kunstgeschichte.  XVL)  (10  m,) 

121.  MoRTET  (V.).  Étude  archéologique  sur  r('>glise  abbatiale  Notre- 
Dame  d'AIet  (Languedoc,  Aude).  —  Paris,  A.  Picard  et  fils,  1898  ;  in-8", 
56  p.   (Extr.  du  Bull,  monument  al.) 

122.  MoRTET  (V.).  Note  sur  l'architecte  de  l'église  des  Cordeliers  de 
Paris,  au  xiir  siècle.  —  Paris,  A.  Picard  et  fils,  1899;  in-8",  3  p.  (Extr.  du 
Bull,  monumental.) 

123.  MoRTET  (V.).  Les  piles  gallo-romaines  et  les  textes  antiques  de  bor- 
nage et  d'arpentage.  —  Paris,  A.  Picard  et  fils,  1898;  in-8'',  11  p.  (Extr. 
du  Bull,  monumental.) 


LIVRES    NOUVEAl'X  113 

124.  MiiNTZ  (Eugenio).  Fireiize  e  la  Toseaiia  :  imesaggi,  inonumenti,  cos- 
tuini  e  ricordi  storici.  Nuova  ediziono.  — Milanu,  Treven,  1899  ;iji-4'',  516  p. 
(30  1.) 

125.  MussAFiA  (A.).  Dei  codici  vaticani  3195  e  3196  délie  rime  del  Pe- 
trarca.  Studio.  —  Wien,  C.  Gerold's  Sohn,  1899;  in-1",  30  p.  (Extr.  des 
Dcnkscliriftcn  cl.  I, .    Ahad.   Wiss.) 

126.  Nagl  (F.)  und  A.  Lang.  Mittlieiliingeii  aus  dem  Archiv  des 
deutschen  Nationalhospizes  S.  Maria  dell' Anima  in  Rom.  Als  Festgabe 
zu  dessen  50  jàhr.  Jubilàum  dargeboten.  —  Freiburg  i.  B.,  Herder,1900; 
in-8°,  xxvin-156  p.  (Rômische  Quartalschrift.  XI  Suppl.  Hft.)(5  m.) 

127.  NiMAL  (Le  P.  H.).  La  Vie  de  sainte  Catherine  l'Admirable  est-elle 
authentique?  —  Paris,  5,  rue  Saint-Simon,  1899;  in-S",  11  p.  (Extr.  de  la 
Rcc.  des  Questions  Jtisfuriqiics.) 

128.  Noces  (Les)  d'argent  de  la  Société  historique  et  archéologique  du 
Périgord  (1874-1899).  —  Périgueux,  impr.  de  la  Dordogne,  1899;  in-8°,  19  p. 

129.  NuESCH  (A.)  und  Bruppacher  (A.).  Dasalte  Zollikon.  Kulturhis- 
torisches  Bild  einer  zvircher  LandgiMneinde  von  den  àltesten  Zeiten  bis  zur 
Neuzoit.  Festgabe.  —  Ziirich,  Zurelier  und  Furrer,  1899,  iu-8",  xiv-612  p. 
(10  fr.) 

130.  Oeser  (M.).  Die  Stadt  Mannlieim  in  ihren   Sehenswurdigkeiten . 

—  Mannheim,  Haasche  Druckerei,  1899;  in-8",  xxv-114p. 

131.  Omont  (Henri).  Bibliothèque  Nationale.  Catalogue  général  des 
manuscrits  français.  Nouvelles  acquisitionss  françaises.   IL  N"*  3061-6500. 

—  Paris,  Leroux,  1900;  in-8°,  xv-4G4  p. 

132.  Ott  (G.).  Étude  sur  les  couleurs  en  vieux  français.  —  Paris, 
E.  Bouillon,  1899;  in-8°.  (6  fr.) 

133.  Palander  (IL).  Die  althoc-hdoutschen  Tiernamen.  I.  Die  Namen 
der  Sâugetiere.  —  Berlin,  Mayer  und  Muller,  1899;  in-8%  xv-171  p.  (4  m.) 

134.  Papillaud  (G.-E.).  Une  paroisse  de  l'ancienne  Saintonge,  Mont- 
boyer,  du  xiv"  siècle  à  nos  jours.  —  Angoulême,  Barraud,  1899;  in-8", 
380  p.  (5  fr.) 

135.  Pascalein  (E.).  Le  pouvoir  temporel  des  évêques  de  Maurienne. — 
Annecy,  impr.  de  Abry  (1899)  ;  in-8°.  12  p.  (Extr.  de  la  Ror.  Sacotsicnne.  ) 

136.  Peltzer  (A.).  Deutsche  Mystik  und  deutsclie  Kunst.  —  Strassburg, 
J.  H.  E.  Heitz,  1899;  in-8",  vii-244  p.  (Studien  zur  deutschen  Kunst- 
geschichte,  XXI.)  (8  m.) 

137.  Perception  d'une  aide  en  Rethélois  au  xiv^  siècle.  —  Dôle,  impr.  de 
Bernin,  1899;  in-8",  15  p.  (Extr.  de  la  R<'v.  hist.  ardennaisc.) 

138.  Petit  (Joseph).   Les  premiers  journaux  à  la  Chambre  des  Comptes 

de  Paris Nogent-le-Rotrou,  impr.  de  Daupeley-Gouverneur,  1899;  in-8'', 

5  p.  (Extr.  de  la  Bibliothèque  de  V École  des  Chartes.) 

139.  Pfister  (Ch.).  Pierre  Séguin  et  la  vie  érémitique  aux  environs  de 
Nancy.  —  Nancy,  impr.  de  Berger- Levrault,  1899;  in-8",  48  p.  (Extr.  des 
Mèm.  de  l'Acad.  Stanislas .) 

140.  Pflugk-Harttung    (J.  von).    Der  Johanniter-  und  der  deutsche 
Moyen  Afie.  t.  Xlll.  8 


111  LIVRES    iNOUVKAUX 

Oi'dcn  iin  Kainpfe  Lndwigs  des  Baj'ern  mit  dom  Knrio.  —  Leipzig,  Duncker 
und  Jluniblot,  1900;  in-8",  xiii-261  p.  (6  m.) 

141.  Philippon  (E.).  Note  sur  la  famille  du  loi  Raoul.  —  Nogent-le- 
Rotrou,  iiiipr.  de  Daupeley-Gouverneur,  1899;  in-8",  13  p.  (Extr.  de  la 
Bibliothèque  do  l'École  des  Chartes.) 

142.  PiETTE  (Ed.)  et  .T.  Sacaze.  Les  Tertres  funéraires  d'Avezac-Prat 
(Hautes-Pyrénées).  -Paris,  Masson,  1899;  in-fol.,  27  p.,  29  pi.    (25  Ir.) 

143.  A.  V.  Poésies  latines  composées  à  l'École  de  Brioude  au  x'  siècle.  — 
Clermont-Ferrand,  impr.  de  Mont-Louis  (1899);  in-8°,  10  p. 

144.  PouLANiE  (F.).  Les  tombeaux  en  pierre  de  la  vallée  de  la  Cure  et  du 
Cousin  (Yonne).  —  Paris,  Leroux,  1899;  in-8%  24  p.  (Rev.  ni-rhèolofjif/iir.) 

145.  PouPARDiN  (René).  —  La  Vie  de  saint  Didier,  évêque  de  Cahors 
(630-655),  publiée  d'après  les  manuscrits  de  Paris  et  de  Copenhague.—  Paris, 
Picard,  1900;  in-8",  68  p.  (Collection  de  textes  pour  servir  à  l'étude  et  à 
l'enseignement  de  l'histoire.  XXIX.) 

146.  Rahn  (J.  R.).  Das  Fraumiinster  in  Zurich.  Unter  Mitwirkung  von 
II.  Zeller-WerdniûUer.  1.  Ans  der  Geschichte  des  Stif tes.— Zurich, Fàsi  und 
Béer,  1900;  in-4",  36p.,  3  pi.  (Mitteilungen  der  antiquarischen  Gesellschaft 
in  Zurich.  XXV,  1.)  (4tr.  50.) 

147.  Renan  (Ernest).  Études  sur  la  politique  religieuse  du  règne  de  Phi- 
lippe le  Bel.  -  Paris,  C.  Lévy,  1899;  in-8",  ii-489  p. 

148.  Renneville  (Constantin  de).  Anecdotes  bas-normandes  rééditées 
d'après  l'édition  de  1724,  par  Paul  Lecacheux.—  Évreux,  impr.  de  Odieuvre, 
1899;  in-8",  33  p. 

149.  Rey  (R.).  Louis  XI  et  les  États  pontificaux  de  France  au  xv'"  siècle, 
d'après  des  documents  inédits.  —  Grenoble,  impr.  de  Allier  frères,  1899  ; 
in-8°,  x-256  p.  (Extr.  de  VAcadèime  delphinale.  A'  série,  XII.) 

150.  Roy  (J.).  Corrections  et  additions  à  l'histoire  de  Robert  de  Clermont, 
sixième  fils  de  saint  Louis.  —Paris,  E.  Bouillon,  1899;  in-8°.  (Annuaire  de 
l'École  des  Hautes-Études  pour  1900.) 

151.  Saint-Martin  (Abbé  de).  Deux  opuscules  rarissimes  de  l'abbé  de 
Saint-Martin  :  le  Livret  des  voyageurs  de  la  ville  de  Caen  et  le  Supplément 
au  Livret  des  voyageurs  de  la  ville  de  Caen,  publiés  avec  une  introduction 
et  un  essai  bibliographique  par  Fernand  Engerand.  —  Caen,  impr.  de 
Delesques,  1899;  in-8",  120  p.  (Extr.  du  Bull,  de  la  Soc.  des  Antiquairçs 
de  Normandie.) 

152.  Saint- Venant  (J.  de).  Anciens  vases  â  bec,  étude  de  géographie 
céramique.  —  Caen,  Delesques.  1899;  in-8°,  62  p.  et  pi.  (Extr.  du  Btdl. 
monumental.) 

153.  Sallustien-Joseph  (Le  Fr.).  La  grotte  de  Seynes,  canton  de  Vézé- 
n<jbres,  arrondissementd'Alais(Gard).  — Nîmes,  impr.  de  Chastanier,1900; 
in-8«,  10  p. 

154.  Sauvage  (D'  H.-E.).  Séjniltures  franco-mérovingiennes  trouvées  à 
Boulogne-sur-Mer,  —  Boulogne-sur-Mer,  impr.  dcHamain  (1899);  in-8",  9  p. 

1.55.   Save  (^Gastfm).  Les  architectes  de  René  II.  Gérard  Jacquemin  et  le 


LlVni:S    NOLVKAUX  115 

portail  de  Toul,  —  Nancy,  inipr.  coopérative  de  l'Est,  1899;  in-8",  10  p. 
(Extr.  du  Bull,  dos  Sociétés  artistiques  de  l'Est.) 

156.  ScHiFFMANN  (K.).  Elii  Vorlàufor  dos  àltesten  Urbars  von  Krems- 
miinster.  ~  Wien,  C.  Gerold's  Solui.  1899;  in-8",  19  p.  (Extr.  de  VArc/nc 
f.  d.  ôstcrr.  Gesrhirhtc.) 

157.  Schill(E.).  Anleituni:  zui-  Erhaltuiig  und  Ausbesserung  von  Hand- 
schriften,  durch  Zapon-Inipragnirung.  —  Dresden,  F.  Hoffmann,  1899;  in-8'\ 

1.58.  SrHMiTz(W.).  Der  niittolalti'i'liclie  Profanbau  in  Lothi'ingen.;Zuzain- 
nienstellung  der  noch  vorliandenon  Rauworko  au.s  der  Zeit  vom  xii  bis 
zum  XVI  Jahrh.  —  Du:<seldorf,F.  Wolfram, 1899;  fol. ,81  pi.,  xm-23p.(40m.) 

159.  ScHôNFELDER  (A.).  Do  Victorc  Vitcnsi  cpiscopo.  Dissertatio  inau- 
guralis  historico-theologica.  —  Broslau,  Aderholz,  1899;  in-8^52p.  (1  m.) 

160.  Singer  (S.).  Die  mittelliochdeutsclie  Scliriftsprache.  Vortrag.  — 
Zurich,  E.  Speidel,  1900;  iii-8",  23  p.  (Mittcilnngon  der  Gcsellschaft  f. 
deutsche  Sprache  in  Zurich,  V.)  (1  fr.  ) 

161.  Spriet  (Léon).  Bouvignies  et  ses  seigneurs,  l'aniilles  de  Landas,  de 
Mortagne-Landas,  d'OIlehain,  de  Nédonehel,  Warlaing,  —  Orchies,  impr. 
de  Rerjo  et  Balin,  1900;  in-8",  191  p. 

162.  Supplément  au  dictionnaire  du  patois  de  Nuits.  —  Dijon,  impr.  de 
Jobard  (1900);  in-8",  8  p. 

163.  Supplément  aux  Essais  sur  les  étymologies  des  noms  des  villes  et 
des  villages  de  la  Côte-d'Or.  —  Dijon,  impr.  de  Jobard  (1900);  in-8",  10  p. 

164.  Tardif  (J.).  Tcrritorium  penosciac-ense  ou  senesciacense.  —  Nogent- 
le-Rotrou,  impr.  de  Daupeley-Gouverneur,  1899;  in-8",  6  p.  (Extr.  de  la 
Bibliotlièque  de  l'École  des  Châties.) 

165.  TiLLOY  (Mî?""  Anselme).  Traité  théorique  et  pratique  de  droit  cano- 
nique en  français.  —  Paris,  A.  Savaète,  1899,  2  vol.  in-8°.  (15  fr.) 

166.  TuRNER  (J.  M.  W.).  Liber  studiorum  reproduced  in  facsimile  by  the 
autotype  process.  —  London,  Sotheranand  C",  1899;  2  vol.  in-4".  (6^:6  sli.) 

167.  Urvoy  de  Portzamparc  (Louis).  Origines  et  généalogie  de  la  maison 
de  Trogoff.  —  Vannes,  Lafolye,  1900;  in-8»,  458  p.  (Extr.  de  la  Rer.  hist . 
de  l'Ouest.) 

168.  Valois  (Noël).  La  prolongation  du  Grand  Schisme  d'Occident  au 
XV"  siècle  dans  le  midi  de  la  France.  —  Nogent-le-Rotrou,  impr.  de  Dau- 
peley-Gouverneur, 1899;  in-8",  35  p.  (Extr.  de  V Annuaire-Bnllelin  de  la 
Société  de  l'Histoire  de  Feance.) 

169.  Vaulet  (Capitaine).  La  bataille  de Fontanet,  près  Auxerre(25  juin  841). 
—  Paris,  Charles  Lavauzelle  (1900)  ;  in-8",  70  p. 

170.  Viard  (Jules).  Date  de  la  mort  de  Louis  X  le  Hutin.  —  Nogent-le- 
Rotrou,  impr.  de  Daupeley-Gouverneur,  1899;  in-8",  4  p.  (Extr.  de  la 
Bibliotlièque  de  l'École  des  Chartes.,  LX.) 

171 .  Vigie  (A.).  Coutumes  inédites  de  Belvès  (Dordogne).  —  Bar-le-Duc, 
impr.  de  Contant-Laguerre  (1900);  in-8",  32  p. 

172.  ViGOUROUX  (Abbé  F.).  Dictionnaire  de  la  Bible...  Fascicule  16,  pre- 
mière partie.  —  Paris,  Letouzey  et  Ané.  1899;  in-8".  xii  ji.  et  col.  2305-2428. 


116  LIVRKS    NOUVEAUX 

173.  ViTRY  (Paul).  Les  châteaux  historiques  français.  —  Melun,  Impr. 
administrative,  1899;  in-8",  16  p.  (Ministère  de  l'Instruction  publique  et 
des  Beaux-Arts.  Musée  pédagogique,  service  des  projeclions  lumineuses. 
Notices  sur  les  vues.) 

174.  VoNDERAU  (J.).  Pfahll.muten  im  Fuldathale.  —  Fulda,  Fuldàer 
Actieudruckerei,  1899;  in-4°,  36  p.,  2  plans.  7  pi.  (1  Verôffentlichung  des 
Fuldàer  Geschichts-Vereins.) 

175.  VuiLHORGNE  (L.).  Notice  biographique  sur  .lean  Pillet,  historien  de 
Gerberoy,  1651-1691.  —  Beanvais,  impr.  de  Lamiablc,  1899;  in-8 ",  22  p.  etfacs. 

176.  Waltershausen  (A.).  Die  Gernianisicrung  der  llàtoromanen  in  der 
Schweiz,  volkswirtschaftliche  und  nationalpolitische  Studien.  —  Stuttgart, 
Engelhorn,  1900;  in-8",  110  p.;  1  carte (Forschungen  zur  deutschen Landes- 
und  Volkskunde.  XII,  5.)  (5  m.  20.) 

177.  Way  (T.  R.).  Reliques  of  old  London  upon  the  banks  of  the  Tliames 
and  in  the  suburbs  South  of  the  River.  —  London,  G.  Bell  and  sons,  1899; 
in-8".  (21  sh.) 

178.  Weise(0.).  Syntax  der  Altenburger  Mundart.  —  Leipzig,  Breitkopf 
und  Hârtel,  1900;  in-8°,  xii-164  p.  (Sammlung  kurzer  Grammatiken 
deutscher  Mundarten.  VL)(5  m.) 

179.  Weiss.  Erzàhlunge  in  Strassburger  Mundart.  —  Strassburg, 
J.  H.  Heitz,  1899.  (Elsâssische  Volksschriften.)(GO  d.) 

180.  Weller(K.).  Hohenlohisches  Urkundenbuch.  1  Bd.  :  1153-1310.  — 
Stuttgart,  W.  Kohhmammer,  1899;  in-8°,  vii-632  p.  (10  m.) 

181.  WiTTE  (H.).  Urkunden  und  Akten  der  Stadt  Strassburg,  hrsg.  Unter- 
stiitzungder  Landes  und  Stadtverwaltung.  1  Abth.  Urkunderbuch  der  Stadt 
Strassburg.  7  Bd.  Privatrechtliche  Urkunden  und  Rathslisten  von  1332 
bis  1340.  -  Strassburg.  K.  J.  Trubner,  1899;  in-4.  (56  m.) 

182.  WoLF  (C).  Die  Kunstdenkmâler  der  Prov.  Hannover.  I.  Reg.-Bez. 
Hannover.  1.  Landkreise  Hannover  und  Linden.  —  Hannover,  T.  Schulze, 
1900;  in-8%  xvi-138  p.,  8  pi.   (6  m.) 

183.  Wolfsgruber  (C).  Abteien  u.  Klôster  in  Œsterreich.  6  Lfg. — 
Wien,  B.  A.  Heck,  1900;  in-fol.,5  pi. 

184.  WôRTER  (F.).  Zur  Dogmengeschichte  des  Semipelagianismus.  I. 
Der  Lehrinhalt  der  Schrift  de  vocatione  omnium  gentium.  II  :  Die  Lehre 
des  Faustus  von  Riez.  III  :  Die  Lehre  des  Fulgentius  von  Ruspe.  —  Mtinster, 
H.  Schôningh,  1900;  in-8'',  vii-155  p.  (Kirchengeschichtliche  Studien, 
V,  2.)  (3  m.  60.) 

185.  Zanelli  (Agostino).  Del  publico  insegnamento  in  Pistoia  del  xiv 
al  XVI  secolo.  Contributo  alla  storia  délia  cultura  in  Italia.  —  Roma, 
E.  Loescher,  1900;  in-8",  160  p.  (2  1.  50.) 

186.  Zettinger  (J.).  Die  Berichte  ûber  Rompilger  aus  dem  Frankenreiche 
bis  zum  J.  800.  -  Freiburg  i.  B.,  Herder,  1900;  in-8",  xi-112  p.  (Rômische 
Quartalschrift.  XI  Suppl.  Hft.)  (4  m.) 

Le  Gérant  :  V^e  E.  Bouillon. 

CHALON-S-S.,   IMPR.    FRANÇAISE   ET  ORIENTALK  DE   L.    MARCEAU,  E.  BERTRAND,  s' 


LA 

SATIRE  A  ARRAS  AU  XIIP  SIÈCLE 

(suite) 


Chansons  et  Dits  artésiens  du  XIII'  siècle,  publiés  avec  une  Intro- 
duction, un  Index  des  noms  pro))res  et  un  Glossaire,  par  Alfred  Jeanroy,  pro- 
fesseur à  l'Université  de  Toulouse,  et  Henry  Guy,  maitre  de  conférences  à 
l'Université  de  Toulouse  {Bibliothèque  des  Universités  du  Midi,  fasc.  II, 
Bordeaux,  Féret  et  fils,  1898;  in-8%  165  p.). 

Pièce  XX,  p.  81.  —  On  lit  dans  le  Renaldus  vulpes,  rédac- 
tion primitive  de  notre  grand  poème  satirique,  attribuée 
au  xii",  sinon  au  xi®  siècle  : 

Gratia  non  gratis,  quando  rogatur,  adest'. 

Ce  proverbe  déjà  vieux  au  temps  de  Sénèque',  répété  de 
proche  en  proche  par  les  moralistes,  a  traversé  tout  le  moyen 
âge  et  même  la  Renaissance\  "Lq  Roman  de  la  Rose  le  recueille 
au  passage  et  le  commente  *.  Nous  le  retrouvons  ici,  traduit 
littéralement  sauf  l'antithèse  : 

V.  62.     N'a  pas  don  pour  noient  qui  roeve. 

Sur  ce  thème  classique,    un  jongleur  inconnu,  Le  Camus 

1.  Éd.  F.  J.  Mone,  Stuttgart,  1832,  in-S".  -Liv.  II,  v.  1158,  p.  137. 

2.  «  Non  tulit  gratis  qui  quum  rogasset  accepit;  quoniam  quidem  ut 
majoribus  nostris,  gravissirais  viris,  visum  est,  nulla  res  carius  constat 
quam  quse  precibus  erapta  est.  »  —  De  Benef.,  11,1. 

3.  M.  Jeanroy  le  signale  dans  H.  Estienne,  Précell.  (1.579)  :  «  Assez 
achète  qui  demande.  »  —  Chans.,  p.  163. 

4.  Car  bonté  faite  par  prière 

Est  trop  malement  chier  vendue 
A  cuer  qui  suntde  grant  value. 
Moult  a  vaillans  homs  grant  vergoigne 
Quaut  il  requiert  que  l'en  li  doigue,  etc. 
(Éd.  Jubinal,  v.  5433.) 

Moyen  Age,  t.  XIII.  9 


118  A.    GUESNON 

d'Airas,  dont  nous  n'avons  peut-ôtrc  que  le  sobriquet,  a  brodé 
un  dit  ou  conte  moral,  auquel  il  donne  pour  héros  le  marquis 
de  ISIontferrat,  personnage  alors  renommé  pour  ses  hautes 
vertus  chevaleresques  : 

V.  5.    11  est  sages  et  bien  cloutés. 

Le  ms.  porte  «  doutés  »,  c'est-à-dire  bien  morigéné ^ 
((  Doutés  »,  redouté,  ne  serait  pas,  semble-t-il,  précédé  de 
((  bien,  »  mais  de  «  moult  »,  «  très  »,  etc. 

Le  marquis  chevauchait  d'habitude  un  superbe  destrier  lom- 
bard. Or.  il  y  avait  à  sa  cour  un  chevalier  qui  convoitait  la 
monture  et  laissait  paraître  en  toute  occasion  l'ardeur  de  son 
désir,  espérant  qu'un  jour  ou  l'autre  elle  lui  serait  spontanément 
otïerte  : 

V.  15.     /Sou/'- lui  nioroit  de  jalousie. 
11  atendoit  le  cortesie  : 
Li  cevaus  présentés  li  fust. . . 

La  ponctuation  du  second  vers  est  à  supprimer,  le  sens  le 
rattachant  au  troisième  par  un  «  que  »  sous-entendu,  sans 
lequel  on  ne  s'expliquerait  ni  «  fust  »  ni  la  phrase. 

Las  d'attendre,  le  chevalier  surmontant  toute  honte  demande 
le  cheval;  le  généreux  marquis  le  lui  donne  aussitôt. 

Le  voilà  donc  qui  caracole  fier  et  joyeux  sur  le  coursier  de 
son  seigneur;  et  comme  les  passants  ébahis  manifestaient  leur 
surprise  et  l'interrogeaient',  sa  réponse  fut,  à  leur  grand 
scandale  ;  «  Il  me  l'a  vendu.  » 

Informé  de  ce   propos  malsonnant,    le  marquis  manda  son 


1.  Je  n'ai  mie  verge  cueillie 
Por  moi  chastoier  et  donter. 

Méon,  Fabl.,  I,  p.  375. 

2.  La  correction  «  pour  >;  proposée  en  note  ne  semble  pas  nécessaire. 

3.  «  L'empescoient,  »  dit  le  texte,  de  «  erapeskier  »,  forme  picarde  : 
c  dur  —  A-,  imprimé  à  tort  avec  cédille,  «  empesçoient».  C'est  notre  mot 
c<  empêcher»  dans  le  sens  de  questionner  qu'il  avait  alors.  Cf.  «  enpeskent  » 
et  «  enpesquent  »  dans  Méon^  Rcii;  le  noiu:.,  v.  1464,  QtFabl.  et  Contes,  III, 
p.264,v.  232. 


LA  SATlllE  A   AURAS  AU   XIH'    SIÈCLE  119 

vassal  :  «  Vous  me  déshonorez,  lui  dit-il,  en  faisant  de  moi  un 
maquignon  : 

V.  50.  Jou  ne  sui  mie  cauwelaus'  ; 

Aine  ne  voil,  voir,  mon  ceval  vendre... 
Voirs  est  que  je  le  vous  donai.  » 
Et  l'autre  de  répondre:  «  Non,  monseigneur;  ce  cheval,  je 
l'ai  acheté,  car  je  vous  l'ai  demandé  ! 

V.  54.     Sire,  dist-il,  ains  l'acatai  : 

Au  rover  eue  niout  grant  angoisse; 
Ja  n'est-il  nule  poignans  raoisse- 
Envers'  rover  ne  tel  mal  face. 
Li  rovers  fait  rougir  la  face  [;J  ' 

l.Le  Glossaire  suppose  Cauwelal,  dont  on  ne  connaît  pas  d'exemple. Ce 
mot  n'est  relevé  par  Godefroy  (d'après  LaCui'ne)que  dans  cet  unique  passage 
de  notre  pièce,  où  le  contexte  lui  attribue  le  sens  de  marchand  de  chevaux, 
maquignon.  Le  Nècrolof/e  de  la  Confrérie  des  jongleurs  l'enregistre  dix 
fois,  tantôt  comme  sujet  •  «  Pullarius  Jehans  li  Cauelaus,  »  1279,  3^  :  tantôt 
au  cas  régime:  «  Pro  Cauwelau  Leui-in,  »  1280,  1".  Ce  dernier  est  «  Leurins 
li  Cauelaus»  du  Jeu  de  la  fenillèr,\.  820,  que  tous  les  éditeurs  ont  imprimé 
«  Cauelaus  »,  suivant  la  faute  du  ms.l>e  nom  pouvait  prendre  le  féminin: 
«  Li  Cauwelaue  Heluis,  ))1265,  1'".  Un  exemple  remontant  à  1170  se  trouve 
dans  le  pouillé  des  rentes  de  l'abbaye  de  Saint- Vaast  inséré  au  Cartulaivc 
de  Guiman^  p.  286  de  l'impr.:  «  Guillelmus  li  Cauuelaus.  »  Le  Guiman  de 
l'Évêché  (procédures)  inscrit  «  Willelmum  le  Cauwelau  »  parmi  les  éche- 
vins  d'Arras  en  1223.  Les  Hostai/la  de  l'église  N,-D.  mentionnent  en 
1261  «  heredes  le  Cauelaue  »,  f''2  v". 

2.  Le  G/o.s.sof/rdonne  Moisse  sans  l'expliquer,  en  citant  divers  exemples 
qui  l'éclaircissent  jieu.  Dans  celui  de  Godefroy  (au  motPÉNiL).  «  moisse  »  à 
la  rime  est  évidemment  pour  «  mousse».  Dans  celui  de  Remacle,  Dict., 
«  moisse  »,  pierre  d'attente  (parpaing),  rappelle  la  «  moise  »  des  charpentiers, 
de  mcnsn),  traverses  plates  assemblées  et  serrées  deux  à  deux  par  des  écrous 
pour  maintenir  les  pièces  d'un  bâti.  De  là  peut-être  le  sens  métaphorique 
de  contrainte,  serrement,  torture.  Sur  l'usage  technique  de  /iicnsa,  voir  le 
mot  dans  Forcellini  et  Du  Cange.  La  «  broie  »,  instrument  de  supplice, 
était  une  sorte  de  «  moise  ».  Voir  dans  Godefroy,  Dict.,  au  mot  Broion,  un 
extrait  de  Beurcs  d'Hanstonc. 

3.  Le  ms.  porte  «  avers  rouver  »,  leçon  à  rétablir,  «  avers  »  ayant  ici  le 
sens  classique  de  adrrrsus  synonyme  de />/•«•.  Voir  au  mot  Adversus,  For- 
cellini, Lcxic.  §  IV  :  in  conf'i-onto,  a  para;/oue,  et  Godefroy,  Dict.,  au  mot 
Avers. 

4.  Sur  ce  verset  la  suite,  cf.  Sénèque,  De  Bcncf  ,  IL  1;  L  2. 


120  A.    GUESNON 

En  rover  a  mainte  doleur; 

Li  rovers  cange  le  couleur.  » 

Li  chevaliers  dist  :  «  Bien  le  proeve 

N'a  pas  don  por  noient  qui  roeve...   » 

Si  «  Bien  le  proeve  »  signifie  :  Je  le  le  prouve  bien,  les  vingt- 
six  vers  du  développement  formant  un  discours  suivi,  «  Li 
chevaliers  »  devrait,  ce  semble,  être  mis  entre  virgules,  en 
supprimant  les  guillemets.  Mais  on  peut  comprendre  aussi  : 
«  Li  chevaliers  dist  bien  la  proeve,  »  et  rattacher  le  vers  tout 
entier  à  la  narration. 

Quoi  qu'il  en  soit,  le  marquis^  vaincu  par  une  argumentation 
aussi  irrésistible,  reconnaît  qu'il  fut  grandement  coupable  de 
discourtoisie,  et  ce  n'est  pas  sans  trahir  une  secrète  émotion 
que  le  chevalier  entend  tomber  de  ses  lèvres  cet  aveu  naïf  et 
contrit  : 

v.  78.  Ains  dist  bien  c'on  le  deust  fondre 
Quant  de  son  don  tant  demoura'  — 
Li  chevaliers  coulor  mua. 

«  C'est  vrai,  dit-il,  j'ai  mérité  qu'on  m'accable  pour  avoir 
ainsi  fait  attendre  une  largesse.  Ce  cheval,  je  vous  l'ai  vendu. 
Allez  donc  et  choisissez  le  meillleur  de  mon  écurie;  celui-là,  je 
vous  le  donne.  » 

L'auteur  nous  en  avait  prévenus  et  sa  conclusion  le  démontre  : 
cet  amateur  de  chevaux  était  véritablement 

v.  8.     Uns  chevaliers  de  Normandie. 
A  noter  :  v.36,  «  Cascuns  se  saine  ki  l'ooit  »  —  ms.  rauoit, 
de  «  auïr  ».  ^ 

Pièce  XXI,  p.  84.  Les  jongleurs  avaient  d'excellentes  rai- 
sons pour  vilipender  nos  bourgeois  avares  et  prêcher  aux  riches 
la  générosité  :  ils  en  vivaient.  Sur  ce  sujet,  leur  veine  est  inta- 

1 .  Dans  le  Glossaire,  au  mot  Fondre,  M.  Jeanroy  entend  :  «  puisque  son 
cadeau  est  ainsi  rabaissé,  »  faisant  de  «  tant  »  le  sujet  de  «  demora  »,  au 
lieu  de  construire  :  Quant  de  son  don  tant  il  (leraarquis)  demora  (tarda). 

Une  distraction  semblable  intervertit  les  rôles  dans  une  note  relative 
au  vers  suivant,  où  le  chevalier  est  confondu  avec  le  marquis  (p.  83). 


LA  SATIRE  A    ARRAS  AU  XIIl^'  SIKCLE  121 

rissable.  Aussi  le  conte  qui  précède  a-t-il  son  pendant  immédiat 
dans  un  second  apologue  du  même  genre,  encadré  de  préceptes 
généraux  et  d'objurgations  satiriques. 

Partant  de  ce  principe  que  la  bienfaisance  n'est  méritoire 
que  si  un  élan  du  cœur  l'assaisonne,  l'auteur  oppose  la  pitié 
charitable  d'un  saint  Martin,  coupant  en  deux  son  manteau, 
aux  cinquante-quatre  mille  livres  des  dons  et  fondations 
pieuses  de  Philippe-Auguste,  aumône  vraiment  digne  de  la 
munificence  royale, 

V.  10    Mais  ne  fu  mie  en  saison. 

Il  a  droit  à  toutes  nos  sympathies  celui  qui,  la  main  grande 
ouverte,  fait  largesse  du  peu  qu'il  possède.  L'avare  n'a  jamais 
assez  :  il  est  pauvre  ;  aux  libéralités  d'un  cœur  noble  et 
généreux,  ce  peu  suffit  toujours  :  il  est  riche. 

Au  temps  jadis,  alors  qu'il  n'était  pas  rare  de  voir  des  mal- 
heureux à  bout  de  ressources  clore  la  porte  de  leurs  demeures 
et  se  laisser  mourir  de  faim,  deux  enfants  du  même  âge,  mais 
de  conditions  différentes,  s'étaient  liés  d'une  étroite  amitié. 
L'un  était  le  fils  d'un  riche  bourgeois,  l'autre  d'un  pauvre 
paysan. 

Le  paysan  tomba  dans  une  telle  détresse  qu'il  résolut  de 
«  clore  »  et  d'en  finir  avec  la  vie.  Son  enfant  s'associait  à  sa 
pensée  : 

V.  54.     Li  enfençons  ot  tel  meraore^ 
Qu'il  avoit. 

Mais  avant  de  mourir,  il  voulut  faire  ses  adieux  à  son  com- 
pagnon : 

v.  56.     «  A  Diu,  compains,  vos  commant  gié... 
Mes  pères  doit  clore  anquenuit  ; 
De  faim  mor[r]ons  ains  mienuit.  » 


1.  Le   Glossaire  tt&dnit  Memore  par  «  intelligence  ».  La  phrase  lui 
donne  le  sens  de  «  pensée,  dessein  ». 


122  A.  GUESNON 

Bouleversé  par  cette  conlidoiicc.  rcnfant  court  à  son  père  et 
lui  répète  ce  qu'il  vient  d'entendre  : 

V.  71.     «  Sire,  disl  il,  par  Diu  cle  glorc, 
Siro  Wibaus  doit  anuit  clore; 
Las,  j'ai  perdu  men  compaignon  !  » 

Puis,  fondant  en  larmes,  il  raconte  leur  amitié,  dépeint 
leurs  joies  communes,  leurs  ébats  champêtres  V.  et  dans  son 
désespoir  il  s'écrie  : 

V.  88.     «  Foi  que  doi  vos,  u  je  morrai, 
U  jou  men  compaignon  ravrai.  » 

L'émotion  de  l'enfant  gagne  le  cœur  du  père.  Il  envoie 
chercher  le  paysan,  lui  adresse  de  douces  paroles,  le  récon- 
forte, lui  offre  son  assistance  et  le  détourne  de  son  projet  : 

V .  101 .     «  De  clore  ne  soies  si  caus  ; 

De  men  bléavrés  deus  mençaus...   » 

Tout  était  sauvé,  grâce  à  l'opportunité  de  cette  charitable 
intervention. 

Apres  cette  fiction  aussi  naïve  qu'invraisemblable,  l'esprit 
satirique  du  jongleur  se  donne  libre  carrière.  Ce  ne  sont  plus 
les  pauvres  qu'on  voit  aujourd'hui  «  clore  », 

V.  m.  Li  plus  rice  sont  si  tenant 

Ce  sont  cil  qui  or  vont  cloant; 
Par  mi  lor  grant  trésor  d'Arage  - 
Muèrent  de  faim  et  vont  a  rage. 

Ces  gros  bourgeois  d'Arras  vivent  comme  des   loups  ;  ils 

1.  La  bataille  des  chaumes  après  la  moisson,  divertissement  que  rap- 
pellent les  vers  81-84,  est  encore  d'usage  en  Angleterre  (Suffolk)  :  «  An 
amusement  with  boys  who  pelt  each  other  with  the  stubble  of  wheat 
puUed  up  vi^ith  the  earth  about  the  roots.  This  is  called  plcujing  at 
scoitles.  »  —  Voir  ce  dernier  mot  dans  Halliwell's  Z)?'c?!.  ofarchaic  and 
provinc.  voi-ds. 

2.  Ilest  difficile  de  ne  pas  voir  une  intention  plaisante  dans  ces  «  trésors 
d'Arage  »,  ou  d'Arabie,  attribués  aux  avares  Arrageois. 


LA  SATIRE  A  ARRAS  Ai:  XIII«  SIÈCLE  123 

mangent  ù  huis  clos,  laissant  les  pauvres  se  morfondre  à  leurs 
portes;  ils  n'appellent  en  leur  compagnie,  — crime  impardon- 
nable, celui-là, 

V.  119.     Ne  bonnes  gens,  ne  menestreux. 

De  l'hospitalité  même,  ils  font  une  spéculation  gastrono- 
mique : 

V.  124.     Mais  s'iins  bourgois  fait  aportor 
Apres  lui  de  deus  mes  pleniers', 
Celui  prie  aucuns  volentiers 
De  demeurer  avoekes  lui. 

Qu\m  des  leurs  tombe  dans  l'infortune,  ils  l'enverront  à 
l'hôpital  Saint-Jean,  exploitant  ainsi  le  bien  des  pauvres  au 
profit  de  leur  avarice  : 

V.  131.     Car  s'il  aviont  c'uns  leur  parens  ',) 
Ait  tout  perdu  et  k'il  sioce  ens- 
Etke  il  n'ait:  mais  ke  despendre, 
A  Saint  Jehan  le  mainent rendre 
C'on  dist  Saint  Jehan  en  l'Estrêe. 

Ce  n'est  certes  pas  pour  eux  que  le  comte  de  Flandre  fonda 
cette  maison, 

V.  138.     Mais  pour  les  enfers  recevoir, 
Et  por  feraes  gissans  d'enfans'' 
Povres,  ki  onttros  grans  ahans*. 

1.  Le  Glossaire  traduit  Plenier  par  «  précieux  »  :  le  mot  nous  paraît 
avoir  ici  son  sens  habituel  de  «  complet,  entier  ».  Le  «  de  »,  assez  embar- 
rassant comme  partitif,  s'expliquerait  mieux  en  prenant  «  aporter  » 
substantivement. 

2.  «  Seoir  ens  »  que  le  Glossaire  n'enregistre  pas,  non  plus  que  La 
Curneni  Godefroy,  signifie  «  faire  faillite».  —  a  Item,  ne  seront  pris  ne 
receu  en  quelcunques  oiBces  (de  l'échevinage)...  personnes  qui  ayent  fait 
cession  (de  biens),  sis  ens,  ou  pris  dilation.  »  Charte  du  3  mai  1356.  Inn-nf. 
citron,  des  ch .  de  la  rille  d'Arras.  Doc.  CV,  p.  11.5. 

3.  La  maternité  de  l'hôpital  Saint-Jean,  dont  cette  pièce  offre  la  plus 
ancienne  mention,  comprenait  neuf  lits  au  commencement  du  xiv'  siècle. 
Arch.  du  Pas-de-Calais,  A,  899, 

4.  «  Povres  »  s'appliquant  à  la  fois  aux  «  enfers  »  ou  infirmes  du  premier 
vers  et  aux  femmes  du  second,  la  virgule  qui  suit  est  à  reporter  après 
«  en  fan  s  ». 


124  A.    GUESNON 

.  Ces  clirétions  devraient  prendre  exemple  sur  l'esprit  de  soli- 
daritô  des  Juifs,  qui,  lorsqu'un  de  leurs  amis  tombe,  le  relèvent 
jusqu'à  trois  fois  : 

V.  158.     En  çou  est  moût  bone  lorfois; 
A  leur  parens  lor  huis  ne  cloent. 

Et  par  ce  dernier  mot,  qui  est  comme  la  note  dominante  de 
son  sermon,  le  poète  conclut  : 

V.  163.       Or  nos  doinst  Dex  si  en  bien  clore 
K'en  paradis  nos  voelle  enclore. 

Errata:  v.  4,  «  li  premières  bontés  »  —  première;  v.  20, 
«  iert  a  toudis  »  —  ert;  v.  25.  «  en  poverte  »  —  enpoverte; 
V.  45,  «  leur  »  —  lor  ;  v.  54,  «  Li  enfonçons  »  —  enfeçons; 
v.  70,  ms.  «  fourbesisse  »  —  corr.  _ four fesi'sse;  v.  147,  «  j'en 
ait  »  — j'en  ai:  v.  141,  «  diffamer  »  —  dis/amer;  v.  1.52, 
((  deffaire  »  —  desfaire. 

Pièce  XXII,  p.  87.  —  La  fiction  allégorique  du  Moulin  à 
vent,  dont  nous  avons  déjà  vu  une  première  ébauche,  reparaît 
ici  sous  une  forme  plus  achevée^  et  avec  de  nouveaux  acteurs. 
On  connaissait  la  pièce;  Scheler  l'a  incorporée  à  l'un  des 
recueils  de  ses  Trouvères  belges^ ,  violation  de  frontière  litté- 
raire qu'explique,  si  elle  ne  la  justifie,  le  désir  de  révéler  au 
public  le  nom  d'un  soi-disant  poète  jusqu'alors  ignoré  : 

V.  1.     Leurens  Wagons  a  en  couvent 
Qu'il  fera  un  molinde  vent- 
En  le  rue  dame  Sarain. 

Ce  nom  en  vedette  a  séduit  le  savant  philologue.  Il  a  vu  dans 
l'architecte  du  moulin  l'auteur  même  de  la  satire,  tandis  que 
Laurent  Wagon  n'en  est  en  réalité  que  la  première  victime, 
cette  préséance  ironique  n'ayant  pour  objet  que  de  mettre  au 
pilori  la  haute  improbité  du  personnage  et  de  sa  famille. 

1.  Trouv .  helfjf's,  nouv.  série,  1879,  n°  1.3. 

2.  De  même,  XVI,  63,  «  un  muelin  de  vent  »,  ital.  «  mulino  da  vento, 
d'acqua  ». 


LA  SATIRE  A  ARRAS  AU  XIII'^  SIÈCLE  125 

Au  commencement  du  ww  siècle,  les  Wagon  \  comme  leurs 
co-associés  les  Crespin  de  TEstrée',  tenaient  le  premier  rang 
parmi  les  gros  bourgeois  capitalistes,  autrement  dit  les  usuriers 
d'Arras.  Ils  se  succèdent  dans  les  actes  à  partir  de  1221'.  Gré- 
goire IX,  en  1228  et  1231,  fulmina  deux  bulles  contre  les 
exactions  de  Mathieu  Wagon*.  Plus  tard,  les  échevins  de  Douai 
cherchaient  à  reprendre  sur  Tasse  Wagone,  veuve  d'André, 
l'argent  que  leur  avait  extorqué  son  mari'.  Dès  1225,  on  voit 
Laurent  Wagon  en  négociations  financières  avec  la  maison  de 
Béthune  et  la  comtesse  de  Flandre'.  Après  sa  mort,  en  1244, 
les  titres  continuent  de  mentionner  les  Laurent  Wagon,  l'un 
en  1260,  parmi  les  obligataires  de  Montreuil-sur-Mer,  mort 
avant  1279',  un  autre  relevé  dans  l'Index  en  1290',  comme 
créancier  de  l'abbaye  d'Anchin,  mais  qui  ne  peut  être  le  nôtre, 
la  génération  précédente  rentrant  seule  dans  les  vraisemblances 
chronologiques. 

Après  Laurent,  prénom  héréditaire  perpétué  dans  la  famille 

1.  «  Waghes  —  Wagon  »  n'était  pas  un  nom  de  famille,  pas  plus  que 
«  Wis  — Wion  »,  bien  qu'ils  le  soient  devenus  l'un  et  l'autre,  comme  beau- 
coup de  noms  de  baptême.  Kei'vyn  de  Lettenhove  s'y  est  mépris  très 
gravement  en  rattachant  aux  Wagon  de  la  bourgeoisie  un  Waghes  d'Arras 
de  la  famille  de  nos  châtelains,  chevalier  en  1237,  dont  il  fait  un  usurier 
anobli  par  Philippe-Auguste!  Hist.  do  Flandre,  t.  II,  liv.  IX,  p.  363.  — 
C'est  à  la  famille  Wion  qu'appartient  Waghes  Wion,  classé  par  \' Index 
dans  celle  des  Wagon. 

2.  Voir  pièce  XIII,  p.  266. 

3.  Arch.  du  Nord,  Ch.  des  C,  Inc.  c/iron.  des  chartes,  n*  345,  360,  377, 
381.   -  Gaillard,  Chartes  de  Flandre,  n°  740. 

4.  J.   de  Saint-Génois,  Inc.  Rttpehnonde,  n"  27,  43. 

5.  Tailliar,  qui  a  reproduit  cette  pièce,  datée  de  déc.  1245,  dans  son 
Recueil  d'actes,  p.  124,  la  donne  comme  se  rapportant  «  à  la  pêche  »!  Les 
mots  du  texte  «  waaigné  pàrpéchier  »,  c'est-à-dire  gagné  par  péché  (d'usure), 
ont  donné  lieu  à  ce  quiproquo.  —  Onestacien  Wagone  (Anastasie),  que 
l'enquête  de  1247  écrit  Honestacia,  le  Nécrolof/e  Anestaise  (1255,  2^''),  les 
comptes  de  Montreuil-sur-Mer  Onestasse,  devient  familièrement  Tasse 
et  Tassain  pour  nos  chansonniers. 

6.  Arch.  du  Nord,  Ch.  des  C,  Inc.  chron.  des  ch.,  n"'  400,  414,  416. 

7.  J.  de  Laborde,  Lajjettes  dutrès.  des  ch.,  t.  III,  p.  545,  col.  B. 

8.  Arch.  du  P.-de-C,  Inc.  sonim.,  série  A,  t.  V,  p.  55,  col.  B. 


V26  A.  GUESNON 

pendant  plus  de  deux  siècles',  la  satire  nomme  encore  André  et 
Henri  Wagon  %  trois  l)ranches  qu'à  défaut  de  précisions  généa- 
logiques le  choix  de  l'emplacement  assigné  au  nouveau  moulin 
nous  permet  de  rattacher  au  même  tronc. 

Pour  M.  Guy,  la  rue  Dame-Sarain  rappellerait  évidemment  le 
souvenir  de  Dame  Sarain  Lansticre  citée  dans  le  Congé  de 
Fastoul'.  Nous  savons  au  contraire,  par  le  témoignage  de 
nombreux  documents,  qu'il  s'agit  ici  de  la  rue  Dame-Sare- 
Wagone,  l'ancienne  Cruneurue  du  xii^  siècle^  devenue  au  xiii' 
la  rue  des  Balances,  nom  qu'elle  porte  encore  aujourd'hui*. 

Sare  Wagone  eut  une  terre  à  Wanquetin"'.  A  sa  mort,  fin 
décembre  1234,  elle  possédait  un  immeuble  de  chaque  côté  des 
Changes,  à  savoir  une  halle  en  la  Taillerie"  et  un  hôtel  dans  la 
rue  qui  portait  son  nom. 

Là  fut  le  manoir  familial  de  Laurent,  de  Mathieu,  de 
Henri  Wagon^  ainsi  que  ce  dernier  nous  l'atteste  lui-même  par 
acte  du  l'^""  avril  1261,  n.  st.,  sous  le  sceau  de  l'ofïicialité  d'Arras  : 
«  ...rétro  domum  ejusdem  Henrici,  in  qua  idem  Henricus 
[dictus  Wagons,  civis  Attrebatensis,]  commoratur,  que  sita  est 
Attrebati,  in  vico  qui  dicitur  Sarre  quondam  Wagonne".  » 

Dans  la  précédente  application  de  cette  allégorie,  les  person- 

1.  Si  le  prénom  reste,  le  nom  change  :  les  Wagon  deviennent  des  Hauwel. 
((  Leurens  Hauwiaus  »,  dont  le  sceau  porte  Seel  Laurent  Wagon,  cime 
son  écu  d'un  hoyau  (1326).  Un  double  hoyau  se  voit  de  même  au-dessus 
des  armes  des  Wagon,  sur  le  sceau  d'un  autre  Laurent  Hauweb  en  1369, 
n.  st.  La  nature  et  la  signification  de  cet  accessoire  ont  échappé  à  Demay, 
Sceaux  de  Flandre,  n"*  4495  et  1033. 

2.  Vers  113  et  125. 

3.  V.  l'Index,  au  mot  Anstier. 

4.  Voir  nos  Orifjines  d'Arras,  I,  p.  15,  note  2  (1896). 

5.  «  Decimam  de  Wanketig  Sarre  Wagonis.  »  Bulle  conflrmative  des 
possessions  de  Saint- Vaast  de  1216,  dans  le  Cartul.  de  l'abbaye,  pièce  172. 
Arch.  du  Pas-de-Calais. 

6.  0  Domino  de  Waencourt,  pro  hala  inter  duo  fora  que  fuit  Sarre  Wa- 
goune,  »  B.  N.,  Hostagia,  1871,  fol.  21  v".  Cette  halle  occupait  l'empla- 
cement du  n"  4  delà  Taillerie,  dénommé  «  Le  Saint  Esperit  »,  en  face  du 
Petit-Marché. 

7.  Arch.  du  Nord,  Cantimprè,  orig. 


LA   SATIRE  A  ARRAS  AU  XIll"  Slf:CLE  127 

nages  symbolisaient  la  force  motrice  du  moulin,  le  vent;  ils 
constituent  dans  la  seconde  les  pièces  mêmes  du  mécanisme 
avec  les  accessoires  et  le  personnel  de  l'exploitation  : 
r  «  ataque  »,  la  «  suele  »,  1'  «  arcure  »,  les  a  dens  de  la  reue  », 
la  «  clapote  »,  les  «  tourtres  »,  le  «  fusel  »,  le  a  poinile  », 
r  ((  arbre  »,  la  «  tremuie  »,  la  «  puelie  »,  les  «  eles  »,  la  «  mait  », 
la  «  rastiere  »,  Ta  aleron  »,  laa  maison  »,  la  «  keue  »,  la  «  plu- 
mete  »,  1'  «  atemproire  »,  F«  estendart^  »;  déplus,  le  meunier, 
Tânier  et  les  voituriers,  sans  omettre  le  charpentier  et  l'entre- 
preneur. 
Le  devis  commence  par  spécifier  la  nature  des  matériaux  : 

V.  4.  Mais  n'i  avra  bauke  ne  rain 
Ne  soit  faite  d'un  menteeur 
Plain  de  trufïe,  fort  menteeur'^. 

Les  articles  suivants  portent  sur  trente  noms  d'Arras,  dont 
une  douzaine  ont  été  plus  ou  moins  identifiés  dans  V Index.  Si 
la  place  ne  nous  faisait  défaut  pour  discuter  un  à  un  les  pro- 
blèmes que  soulève  l'homonymie,  peut-être  les  inscriptions  du 
Nécrologe,  rapprochées  des  épaves  de  nos  listes  échevinales  et 
autres  éléments  d'information,  aideraient-elles  à  faire  quelque 
lumière  dans  cette  confusion  chronologique.  Contentons-nous, 
pour  abréger,  de  relever  les  noms  d'Eustache  Trauelouce'  et 

1.  Tous  ces  termes  ont  persisté,  sauf  deux  :  le  «  poinile  »  et  la  «  rastiere» 
(Cf.  Enci/cl.  du  XVIir  siècle,  t.  X,  p.  801.  col.  A).  Le  «  poinile  »  est  le 
hérisson  ou  le  rouet  qui  s'engrène  dans  la  lanterne.  Un  titre  de  Saint- 
Vaast  fournit  un  autre  exemple  de  ce  mot  :  «  Li  mauniers  doit  livrer  le  van 
et  le  poinile  et  fusel  et  siu  au  pié  del  fer  »  (Cariiil.  Giiiinan,  ms.  de 
rÉvêehé  d'Arras,  suppl.  n°  616). 

Le  Glossaire  voit  dans  la  «  rastiere  »  tantôt  une  «  pelle  à  enfourner  (?)  », 
tantôt  une  «  vanne  ».  Comme,  dans  les  deux  exemples,  cet  ustensile  accom- 
pagne la  huche  et  le  pétrin,  la  «  rastiere  »  me  paraît  être  la  râcloire. 

2.  Corrig.  «  venteeur  ». 

3.  Trauelouce,  Trawelouce,  et  non  Travelouce;  c'est  un  nom  composé  : 
NccroL,  1262,  3*:  «  Louce  trauwée,  »  cuillère  percée.  —  Eustacius  Trawe- 
louce, civis  Attrebatensis,  tenait  de  Nicholas,  seigneur  de  Fiefs,  chevalier, 
des  terres  à  Izel,  que  celui-ci  céda  à  l'abbaye  d'Etrun,  par  acte  de  février  1239, 
V.  st.  (Arch,  du  Pas-de-Cal.,  Etrun,  orig.). 


128  A.  GUESNON 

Adam  de  Vimi,  dont  la  mort  en  12G3  limite  tout  d'abord  à 
cette  date  la  composition  de  la  pièce. 

Ce  n'est  là  d'ailleurs  qu'un  premier  jalon  :  les  vers  où  il  est 
fait  mention  du  grand  bailli  reculent  cette  limite  extrême  cer- 
tainement jusqu'en  1259,  peut-être  même  au  delà  de  1250, 
selon  l'application  qu'on  en  fait  : 

V.  195.     On  dist  que  c'est  li  grans  baillius, 
Qui  des  mauvais  fait  les  alius 
En  sen  païs  droit  à  Viler; 
Les  gens  n'i  l'ont  fors  que  giler. 

Deux  personnages  répondent  à  cette  désignation  topogra- 
pliique  :  Simon  de  Villers,  grand  bailli  de  1236  à  1250;  son 
neveu  Achard  de  Villers,  qui  lui  succéda,  de  1250  à  1259'. 
Duquel  s'agit-il?  Le  nom  manquant  au  signalement,  l'identi- 
fication reste  indécise,  et  si  la  question  de  date  doit  jamais  être 
résolue,  elle  ne  le  sera  que  par  une  étude  minutieuse  des  autres 
syncbronismes. 

Ce  qu'on  peut  toutefois  affirmer  en  pleine  certitude^  c'est 
que  le  Villers  en  question  n'est  pas  celui  de  V Index,  à  savoir 
Villers-Sire-Simon,  canton  de  Saint-Pol,  Pas-de-Calais;  mais 
bien  Villers-Saint-Paul,  près  de  Creil,  Oise,  comme  on  le 
voit  dans  les  titres  de  l'abbaye  de  Chaalis^ 

C'est  là,  dans  son  pays  d'origine,  que  le  grand  bailli  est 
accusé  par  la  satire  de  recruter  un  personnel  de  fourbes;  du 
moins,  je  comprends  ainsi  «  faire  les  alius  des  mauvais  », 
c'est-à-dire  les  «  aliuer  »  ou  «  aloer»,  les  prendre  à  son  service. 
Scheler  interprète,  sans  grande  conviction,  «  faire  leurs  ca- 
prices ))  ;  M .  Jeanroy  propose  «  se  mettre  en  frais  pour  eux  »  : 
à  la  critique  de  choisir  et  de  décider  \ 

1.  Voir  nos  Origines  d'Arras,  I,  p.  80.  —  A  la  ligne  19,  la  date  mai  1263 
doit  se  lire  1253. 

2.  Voir  ihid.,  p.  87,  une  note  sur  Simon  de  VilIers-Saint-Paul. 

3.  «  Aliu,  alieu,  alieuer,  »  outre  leur  sens  habituel  de  «  dépense, 
dépenser  »,  ont  aussi  celui  de  «  louage,  louer  ».  Adam  de  la  Halle,  Confié, 
V.  125,  emploie»  alieu»   dans  le  premier  sens;   Fastoul,  Conijè,  v.  166, 


LA  SATIltE  A  AURAS  AU  XIII«  SIÈCLE  129 

Népotisme  de  l'oncle  ou  favoritisme  du  neveu,  on  ne  peut 
qu'être  frappé  d'une  liberté  de  langage  qui  s'attaque  aussi 
directement  à  la  première  magistrature  du  pays,  en  même 
temps  qu'elle  bafoue  les  plus  hautes  personnalités  de  l'aristo- 
cratie bourgeoise  :  les  Wagon,  les  Crespin,  les  Faverel,  les 
Loucliart,  etc. 

Cette  dernière  famille  est  représentée  dans  la  fiction  par 
Englebert\  le  claquet  du  moulin,  un  bavard  dont  la  langue 
ne  s'arrête  pas,  dont  la  mâchoire  est  sans  cesse  en  mouvement, 

V.  55.     Tout  ensement  com  li  papoire. 

Le  Glossaire  traduit  ce  mot  par  «  crécelle  »•  La  «  papoire  » 
était  une  figure  grotesque,  le  Manducus  des  Romains,  sorte 
de  croque-mitaine  qu'on  promenait  dans  certaines  fêtes  du 
Nord,  et  qui  se  rencontre  fréquemment  parmi  nos  enseignes 
du  moyen  âge'. 

Le  «  fuisel  »,  ou  l'axe  de  la  lanterne^  ne  porte  pas  de  nom;  on 
est  allé  chercher  son  représentant  eœtra-muros, 

V.  68.     Ens  en  le  mote  Delevigne. 
Ce  petit  castel  ou  «  mote  de  le  Vigne  »,  —  c'est  ainsi  qu'il 
faut  lire,  —  appartenait  alors  aux  Veel,  feudataires  de  l'avoué 
d'Arras,  qui  le  tenaient  de  Saint-Vaast^ 

le  prend  dans  l'autre.  Du  Cange,  AUocatus,  3,  cite  :  «  du  louaige  ou  alieu 
de  son  apprenti/.  »  Ordoiin.  1382.  —  Sur  «  aioer  »,  louer,  mettre  en  ser- 
vice, prendre  à  loyer,  voir  Godefroy,  Dict.,  I,  p.  2.30.  Voir  aussi  Méon, 
FabL,  lY,  p.  210,  v.  176,  et  p.  215,  v.  349,  et  Vers  de  la  mort,  cxlix,  v.  3. 

1.  En  1170,  Ingelbertus  Lucears  tenait  de  Saint- Vaast  un  fief  important 
au  faubourg  de  Saint-Sauveur.  Robert  Loucars,  à  la  même  date,  occupait 
une  des  maisons  de  la  Petite-Place,  vers  le  n°  33,  en  face  des  Changes. 
C'est  donc  sans  raison,  et  par  une  interprétation  illusoire  d'un  acte  de 
1298,  que  Kervyn  de  Lettenhove  fait  descendre  les  Louchart  d'Arras  d'une 
famille  juive  (!)  de  Hongrie.  Hist.  de  Flandre,  t.  II,  liv.  IX,  p.  363. 

2.  Voir  Dom  Grenier,  Intr.  à  l'hist.  de  Picardie,  p.  386.  On  trouvait 
l'enseigne  de  la  Papoire  sur  la  Petite-Place  d'Arras,  à  la  Halle  au  pain, 
n°  32  {Rentes  foraines,  1382);  à  Cambrai,  sur  une  brasserie  de  la  rue  du 
Mail  (Arch.  du  Nord,  Cantimpré,  chirogr.  1336).  Cf.  Arch.  Nat.,  S., 5208, 
n°  45.  —  Inv.  anal,  des  arch.  de  Douai,  BB,  p.  7  et  55. 

3.  Cette  motte  était  située  dans  l'angle  de  la  rue  des  Promenades  et  du 


130  A.    GUESNON 

Pour  les  «  tourtres  »  ou  plateaux  circulaires  de  cette  même 
lanterne,  le  poète  a  mis  en  œuvre  un  «  venteur  »  émérite,  son 
confrère  en  ménestrandie  : 

V.  61.     Pour  bien  soutier  fu  en  cuisine, 
U  en  cornet  u  en  buisine, 
En  orgheneS  en  muse  u  en  fretcl. 
Ne  mis  cangier  Jehan  Bretel. 

Les  huit  sergents  héréditaires  de  Saint- Vaast^  dont  Tun, 
comme  on  l'a  vu^  était  notre  Jean  Bretel,  représentaient  les 
anciens  «  famuli  coquinrc'  ».  C'est  sans  doute  à  cette  domes- 
ticité originelle  que  la  satire  fait  allusion,  lorsque,  dans  sa 
revue  des  instruments  «  à  vent  »,  elle  commence  par  armer 
Bretel  d'un  soufflet  de  cuisine. 

Parlant  plus  loin  de  maître  Adam  de  Vimi,  qu'il  attaque 
avec  violence  :  «  Jamais,  dit  le  poète,  je  ne  suis  allé  à  son 
hôtel,  )) 

V.  171.     Et  si  m'en  proie  moût  sovent, 
Mais  li  proiere  eleest  de  vent. 

Faut-il,  avec  VIndex\  attribuer  ce  langage  à  une  attitude 
de  fierté  dédaigneuse?  Je  n'y  vois  autre  chose  que  l'ironie  du 
dépit  :  la  contre-vérité  du  premier  vers  éclate  manifestement 
dans  le  second. 

La  a  blanque  gent  »  de  l'Estrée  nous  étant  déjà  connue  par 
une  satire  précédente,  on  peut  se  reporter  aux  commentaires', 

boulevard  Crespel,  à  gauche  en  sortant  de  la  ville.  Sur  les  feudataires  de 
l'avoué  d'Arras,  voir  Tailliar,  Rec.  d'actes,  p.  183. 

1.  «  Orghene  »  n'a  que  deux  syllabes  qui  comptent  dans  la  mesure  du 
vers,  la  première  et  la  dernière;  ici  le  dernier  e  est  élidé.  L'c  pénultième 
disparait  de  même  sous  l'influence  de  l'accent  dans  «  virgene,  ordene, 
Estevene  »,  cirr/incin,  ordincm,  Sicpliannni,  etc. 

2.  Carlul.da  Saliit-Vaast  (Guiman),  p.  346,  347, 

3.  Au  mot  Vimi. 

4.  Cf.  v.  4.5.     Blans  est  dehors,  blans  est  dedans. 
Cf.  v.  107.   Me  sanle  bien  oflûsiaus, 

De  blanke  cire  est  ses  seaus. 
Les  actes  de  l'Oflicialité  d'Arras  étaient  scellés  sur  cire  blanche;  de  là 


LA  SATIRE  A  ARRAS  AU  XIII*-"  SIÈCLE  131 

Notons  enlin  que  les  deux  derniers  vers  seraient  inintelli- 
gibles, si  on  ne  lisait  dans  le  second  par  au  lieu  de  «  por  »  : 

V.  215.     Et  por  atcndre  le  voiture 

Par  coi  il  prenderont  meuture. 

Errata  :  v.  12,  «  lign  »  —  ms.  Uikj;  v.  16,  «  ni  »  —  iiH;  v.  42, 
«  Deu  »  —  Dex;  v.  47,  ms.  «  ruée  »  —  reua;  v.  96,  «  Sawalôs  » 
Sawales;  v.  130,  «  quarantaine  »  —  ms.  quarentaine;  v.l36, 
((  Tailleres  »  —  Taillieres;  v.  186  «  face  refaire  »  sace  refaire^  ; 
V.  139,  ((  siere  d'un  bos  »  —  sieré-. 

Pièce  XXIII,  p.  92.  —  La  satire  nouvelle  change  à  la  fois 
de  forme  et  d'objet.  Dans  une  langue  hybride,  travestissement 
thiois  farci  d'équivoques,  elle  présente  une  parodie  des  chan- 
sons de  geste,  appliquée  à  la  chevauchée  burlesque  d'une 
guilde  ilamande  marchant  sous  la  bannière  de  la  commune  à 
l'assaut  d'un  château  féodal. 

La  banclocque  sonne  l'alarme,  Fost  est  crié  par  les  rues.  A 
cet  appel  accourent  en  foule  les  tisserands  de  la  colonie  indus- 
trielle. Les  paladins  de  la  navette  ont  revêtu  l'armure  et 
montent  en  selle.  Simon  Banin,  leur  chef,  les  passe  en  revue  et 
les  harangue.  Trois  mille  communiers  s'apprêtent  à  marcher 
sur  Neuville  à  la  suite  du  châtelain  Hugues,  précédé  de  son 
ménestrel  Grardin  et  de  son  sergent  Wautier  Naimeri,  qui 
porte  l'oriflamme.  Et  maintenant,  â  l'assaut  du  château!  à  bas 
les  usuriers  ! 

l'équivoque.  Sur  les  Crespin  de  l'Estrée,  voir  Mèin.  de  l'Acad.  d'Arras, 
nouv.  série,  t.  XXVI,  p.  240  (1895).  Tirage  à  part. 

1.  La  note  de  Scheler  sur  le  rôle  périphrastique  de  «  faire  »,  tombe  devant 
cette  correction.  Op.  cit.,  p.  350. 

2.  Si  IV,'  final  est  muet  dans  «  sere,  siere  »,  de  sera,  serrure,  il  ne  l'est 
pas  dans  le  part,  passé  «  seré,  siéré  »  qui,  comme  le  part.  prés.  «  serant  », 
prend  le  sens  de  «  près  ».  Citons  à  l'appui  un  arrentement  consenti  par  «  le 
caritei  Saint  Jehan  »  d'une  maison  au  Brulle,  «  serei  l'iretage  demisele 
Perine  Langhardin  »,  le  onze  «  junet  »  1317  (Arcli.de  Saint-Omer,  chirogr. 
orig.)  Autre  exemple  a  :  serey  des  murs  et  fossez  du  castel  »,  1365  {ibid.j 
reg.  du  XIV'  siècle). 


132  A.  GUESNON 

V.69.     Si  que  de  grant  bailon  nous  puist  tos  savoir  gré; 
\Vi  ce  jor  ert  17«oneur  de  Tisterant  sauvé; 
Ces  useriers  poiant  ert  ariere  boité  \ 

De  quels  usuriers  est-il  question?  Contre  qui  et  pourquoi 
cette  chevauchée?  Comment  l'honneur  de  la  guilde  se  trouve- 
t-il  mis  en  jeu  dans  cette  prise  d'armes?  C'est  une  énigme 
dont  rien  ne  peut  nous  faire  soupçonner  le  mot\ 

Après  divers  épisodes,  ironiquement  chantés  en  laisses  mo- 
norimes à  l'instar  des  romans  de  chevalerie,  la  troupe  arrive 
enlin  sur  les  champs,  quand  tout  à  coup,  ô  prodige!  la  foudre 
éclate  et  lui  barre  le  chemin.  Elle  s'arrête  court  —  et  le  récit 
finit  là. 

Victor  Leclerc,  dans  {'Histoire  littéraire  de  la  France,  a 
signalé  le  premier  cette  bouffonnerie  satirique,  dont  il  donne 
une  analyse  et  des  extraits'.  Assimilant  notre  Simon  Banin  à 
Pierre  de  Coninck,  chef  des  tisserands  de  Bruges *j  le  docte 
académicien  estime  que,  par  représailles  contre  les  milices 
communales  souvent  victorieuses  de  la  chevalerie,  à  Courtrai 
comme  à  Bouvines,  quelque  jongleur  aux  gages  d'une  famille 
noble  a  sans  doute  voulu  ridiculiser  dans  ces  vers  les  bourgeois 
des  communes  flamandes . 

L'indication  n'est  pas  restée  inaperçue;  vingt  ans  plus  tard, 
Auguste  Scheler  enrichissait  d'une  nouvelle  pièce  artésienne 
la  seconde  série  de  ses  Trouvères  belges,  en  même  temps  qu'il 
en  expliquait  l'origine  d'après  les  suggestions  du  savant 
français. 


1.  «  De  grant  bailon,  »  le  grand  bailli.  —  «  Wi  ce  jor,  »  aujourd'hui,  — 
«  Poiant,  ))  puant  (note  de  M.  Jeanroy).  —  «  Boité.  »  bouté  (id.). 

2.  Voir  notre  Inifod.  an  Lirrc  roiKjf  de  la  Vliitninc,  j).  25  (Extrait  du 
Btdl.  hist.  et  pldloL,  année  1898). 

3.  T.  XXIII  (1856),  p.  498-501. 

4.  Ihid.^  p.  500.  Dans  la  pensée  de  l'auteur,  il  s'agit,  je  crois,  d'un  rap- 
prochement entre  ces  deux  personnages,  et  non  de  leur  identification, 
comme  je  l'avais  pensé  à  la  première  lecture  de  ce  paragraphe  quelque  peu 
ambigu.  Introd.  au  Licre  rouge  de  la  Vintaine,  p.  26. 


LA   SATIRE  A  ARRAS  AU  XIIl»  SIÈCLE  133 

Leur  conception  du  sujet  diffère  d'ailleurs  essentiellement. 
Selon  Scheler,  la  scène  se  passerait  au  village;  c'est  à  une 
poignée  de  villageois  flamands  qu'il  attribue  cette  tentative 
avortée  contre  on  ne  sait  quel  château  de  Neuville.  Des  tisse- 
rands, il  n'en  est  plus  question  ;  le  mot  «  Tisterant  »  prend  dans 
son  texte  une  majuscule  et  devient  le  nom  présumé  d'un  grand 
bailli  quelconque  ^ . 

On  conçoit  qu'en  présence  de  ces  incertitudes,  M.  Guy  mé- 
connaisse à  son  tour  le  caractère  historique  de  la  pièce,  fan- 
taisie purement  littéraire,  pense-t-il,  dont  le  but  unique  serait 
de  ridiculiser  le  lourd  patois  flamand  et  d'amuser  l'auditoire 
en  parodiant  les  chansons  de  geste  * . 

Telle  n'est  pas  notre  opinion.  L'objet  politique  et  personnel 
de  la  satire  nous  paraît  indiqué  par  la  nature  même  des  allu- 
sions; sa  forme  étrange  n'est  qu'un  moyen  spécial  approprié 
à  certains  incidents  de  la  vie  communale  dont  elle  fait  son 
thème.  Ces  incidents  n'ont  laissé  aucune  trace;  on  ne  peut  donc 
en  contrôler  le  récit.  Mais,  quelque  part  qu'on  y  fasse  à  l'in- 
vention des  détails,  la  matérialité  du  fond  est  liée  à  la  réalité 
des  personnages,  comme  à  celle  du  cadre  où  ils  se  meuvent. 

Ces  personnages  sont  des  Flamands,  confrères  de  la  guilde 
des  tisserands  de  draps;  le  cadre  n'est  ni  la  Flandre  ni  un 
village,  c'est  Arras,  et  dans  Arras,  le  quartier  des  «  Basses 
rues  »  habité  de  tout  temps  par  la  colonie  industrielle,  c'est- 
à-dire,  en  partant  de  la  porte  Méaulens  et  de  la  Poterne,  les 
districts  ou  «  pouvoirs  ))  du  Pré  et  du  Jardin,  y  compris  les 
rues  adjacentes  de  la  paroisse  Sainte-Croix. 

Toutes  ces  délimitations  se  trouvent  reproduites  dans  la  pièce: 

V.  55.     Nos  intrames  ensanle  par  purte  de  Meidens, 
Alueques  vos  dona  bon  fromage  flamenc. 

1.  Troue,  bchj es,  deuxième  série,  Louvain,  1876.  Introd.,  pièce  XIV  et 
note,  p.  351.  Dans  ce  même  recueil,  Scheler  insère  les  chansons  de  Cara- 
saus,  que  l'on  prétend  originaire  d'Arras  (V.  Dinaux,  Tronc,  artcs.,  p.  125). 
Un  fait  certain,  et  qu'on  n'a  pas  encore  relevé,  c'est  que  ce  ménestrel 
était,  avant  1244,  au  service  de  Bauduin  III,  comte  de  Guines. 

2.  Introd.,  p.  27. 

Moyen  Age,  t.  XIII.  10 


134  A.    GUESNON 

V.  61.     Je  warde  de  Pusterne  et  quan  k'il  i  s'apcnt; 
La  stront  min  l'iretage  et  tout  min  casement. 

V.  19.     Riqueiore  du  P/r 

V.  15.     Le  vile  s'unt  stoumie  la  jua  en  ce  Gardins. 

V.  113.  Il  fait  de  eapelier  van  Sinte  Croc  mander. 

Sur  l'attribution  à  Arras  de  cet  ensemble  topographique,  il 
ne  peut  y  avoir  aucun  doute. 

Le  but  de  Texpédition  n'est  pas  moins  nettement  indiqué 
que  son  point  de  départ.  Qu'importe,  en  effet,  qu'il  y  ait  dans 
le  Nord  une  foule  de  Neuville?  Celui  qui  nous  intéresse  n'est  à 
chercher  ni  en  Flandre,  ni  sur  la  Canche,  ni  sur  l'Escaut;  les 
vraisemblances  marquent  sa  place  aux  environs  d' Arras  \  Or, 
il  n'exista  jamais  que  deux  Neuville  dans  toute  la  châtellenie, 
et,  de  ces  deux,  un  seul  avec  castel  féodal,  celui  des  Eustache 
de  Neuville,  aujourd'hui  Neuville- Vitasse  :  le  choix  ne  peut 
donc  s'égarer. 

Quant  à  savoir  quel  conflit  entre  le  seigneur  du  lieu  et  la 
commune  a  pu  servir  de  prétexte  au  metteur  en  scène  de  cette 
ridicule  épopée,  et  en  quoi  le  succès  de  l'expédition  intéressait 
la  candidature  des  chefs  aux  honneurs  de  l'échevinage,  c'est  un 
problème  historique  dont  on  chercherait  en  vain  la  solution. 

Bornons-nous  donc  à  signaler  quelques  noms  dont  le  sou- 
venir n'est  pas  complètement  effacé.  Quatre  sont  inscrits  au 
Néci'ologe  des  jongleurs  :  Hues  Audeuare,  1228,  V  ;  Dierequin 
li  pondères  %  1241, 3'%  et  1260  2'  ;  Esconars  Wautiers,  1243,  2''  ; 
Wautiers  Naimeris%  1244,  2''*.  Le  crieur  Grardin  rappelle 
Gérard,  ménestrel  du  châtelain  d'Arras  en  1239^  et  Hues  van 

1.  Index,  au  mot  Neuville. 

2.  Ce  nom  de  deux  anciens  bourreaux  d'Arras,  inconnus  jusqu'ici,  est 
aussi  celui  d'une  famille  de  notaires.  P.  Fournier^  L<>s  OlJicuilitrs,  p.  303, 
note  3,  1248-1278.  Arch.  du  P.-de-C,  Trinlt (tires,  1292,  orig.  —  Cf.  Baude 
Fastoul,  Corif/é,  v.  677,  etNêcrol.  Crestelot  pendere,  1206,  3-'. 

3.  Cf.  pièce  XIX,  v.  27. 

4.  ((  Gerardus,  ministerellus  castellani  Attrebatensis,  de  donc  XX  sol.  ad 
Gisortium.  »  Itinei-a,  dona  et  /lernesla,  ann.  M. CC. XXXIX,  dans  le  Rcc. 
des  Histor.  de  La  France,  t.  XXII,  p.  597. 


LA  SATIRE  A  ARRAS  AU  XIIl'^  SIÈCLE  135 

Castelain,  notre  châtelain  chansonnier  Hugues  d'Arras,  dont 
on  ne  trouve  plus  de  traces  après  1220'.  Les  autres  person- 
nages, acteurs  ou  comparses,  sont  désignés  par  des  prénoms^ 
des  sobriquets,  ou  des  noms  déguisés  qui  ne  nous  permettent 
pas  de  les  reconnaître'. 

L'intelligence  du  texte  n'a  pas  moins  à  souffrir  de  ces  bizarres 
travestissements.  Malgré  les  gloses  de  Scheler  et  les  recherches 
complémentaires  de  M.  Jeanroy,  bien  des  mots,  même  des  vers 
entiers  restent  encore  inexpliqués  On  peut  s'en  consoler  en 
pensant  que  le  déchiffrement  de  ces  rébus  ne  saurait  avoir 
qu'un  mince  intérêt  philologique.  La  preuve  en  est  dans  les 
remarques  qui  suivent  : 

V.  24.     S'i  fu  escacecant  William  Scovelin, 

Au  lieu  de  «  chevauchant  »,  le  mot  ne  se  rattache-t-il  pas 
plutôt  à  «  cavéce,  caveçon  »,  licou  ?  —  Ital.  scaoe;s^are, 
secouer  le  caveçon  (Veneroni)'. 

V.  26.     Que  parent  de  Quemuse  et  quelarmant  cousin. 

Je  lis  «  quemuse  »,  nom  commun,  et  je  comprends  ((chemise»: 
parents  par  alliance  et  cousins  germains*. 

1.  Si  c'est  de  lui  qu'il  est  question,  la  composition  du  poème,  ou  tout 
au  moins  le  fait  sur  lequel  il  roule, devrait  remonter  au  temps  de  Philippe- 
Auguste,  ce  qui  n'est  guère  vraisemblable.  D'autre  part,  il  paraît  difficile  de 
s'expliquer  le  nom  et  le  rôle  du  personnage,  s'il  n'est  pas  le  châtelain 
d'Arras  :  on  ne  sait  comment  sortir  de  ce  dilemme. 

2.  Simon  Banin  ne  se  rattache  ni  de  près  ni  de  loin  à  aucun  nom  que 
nous  connaissions;  c'est  peut-être  un  pseudonyme  ou  sobriquet,  comme 
Kaquinoghe,  Mordenare,  Hondremarc.  Bauduin  Makesai  (Makeset)  pourrait 
être  Bauduin  Make  inscrit  au  Ncrrolof/c  en  1258,  2'.  A  défaut  de  Vinçan 
le  Barbier,  ce  même  document  enregistre  sa  fille  en  1228,  2-'  :  «  Fille  Vinçan 
Barbiere  .»  Scovelin,  Stalin,  Moussekin  n'y  figurent  pas  ;  ce  dernier  nom, 
Jakemon  Musekin,  se  rencontre  à  Douai  en  1248  (Tailliar,  Rcc.  d'actes, 
p.  162).  Boidekin,  Claiequin,  Oitin,  Liepin,  Roelin,  sont  des  prénoms  : 
Baude,  Nicolas,  Eudes,  Philippe (?),  Raoul. 

3.  En  cherchant  dans  le  Glossaire  «  escavecant  »  (le  mot  est  expliqué  au 
bas  du  texte,  p.  95,  note  24),  on  rencontre  «  Esbatre,  III,  55;  esbatre  une 
verge,  cueillir  une  ver  (je  ».  —  «  Esbatre  »  n'est  pas  cueillir,  mais  af/iter 
riccmentj  comme  «  s'esbatre  »  est  s'agiter,  se  donner  du  moucenient. 

4.  Si  c'est  là  le  sens,  l'expression  triviale  équivaudrait  à  la  définition 


136  A.    GUÉSNON 

V.  38.      De  frère  de  saint  Jake  a  ce  caperon  grant, 
Il  ont  pie(,'a  surti,  il  de  troevent  lissant, 
Jou  sera  eskepin  ains  feste  saint  Joant. 

«  Les  frères  de  Saint- Jacques  au  grand  chaperon  l'ont  pro- 
nostiqué déjà,  ils  le  trouvent  en  lisant'  (dans  le  livre):  je 
serai  échevin  avant  la  Saint- Jean .  » 

V.  105.     Mi  ne  croi  corcorié  un  denier  moneé. 

La  note  de  Scheler,    p.  354,  reproduite  par  M.  Jeanroy, 
p.  98,  explique  «  corcerié  »  par  «  courroucé  ».  La  leçon  «  corcerie 
sorcerie  »  donne  le  sens  qu'appelle  le  contexte. 

V.  121.     Un  broque  de  millier  n'i  poroit  passer  mie. 

«  Graine  »  proposé  pour  Tun  et  «  millet  »  pour  l'autre  sont 
peu  satisfaisants.  Ne  pourrait-on  comprendre  par  «  broque  » 
un  clou  minuscule  (broquette),  une  pointe  de  mille  à  la  livre? 

V.  170.     Et  Grardin  le  kiiere  qui  l'aloit  tuletant 

Ce  dernier  mot  me  parait  une  onomatopée  imitant  l'instru- 
ment du  ménestrel,  comme  plus  haut  «  babin  balant  »  le  tocsin 
de  la  banclocque  communale. 

Errata  :  v.9,  «  Li  ver  istront»  —  Liveri  stronV;  v.  11,  o  Ce 
fut  ))  —  Ce  fa;  v.  70,  «  l'honeur  »  —  l'oneur;\.  87,  «  d'estré  » 
—  (Vestrés?  (abrév.);  v.  92,  «  Baiart  fu  reveleus  »  —  ruveleus; 
V.  110  «  sin  a  ))  —  s'in  a;  v.  124,  «  Aine  Deus. . .  tant  fut  »  — 
Ai7ic  Dex...  tantfu;  v.  139, 137,  171,  166,  a  Deus  »  —  Dex; 

canonique  de  l'affinité  :  «  Personarum  proximitas  ex  coitu  proveniens.  »  — 
Corpus  jiiris  canon.,  éd.  Aemil.  Friedberg,  t.  I,  p.  1434. 

1.  Cf.  XXIV,  206  et  Grn/don,  f°  V  v%  dans  La  Curne. 

La  treuve  l'on  ceste  estoirc  lisant. 

2.  En  lisant  ici  «  istront  »,  au  lieu  de  «  i  stront  »,  M.  Jeanroy  voit  dans 
ce  mot  le  futur  du  verbe  «  issir  »,  de  même  que  plus  loin,  annotant  «  dont 
ne  stront  jo  vo  niés  »,  il  rectifie  «  n'istrai  jo  »  (p.  97,  n.  42).  Ce  n'est  pas  à 
«  issir  »,  mais  à  «  estre  »  que  la  satire  emprunte  cette  grossière  équivoque 
franco-flamande  «  estront,  stront  »,  complaisaniment  répétée  v.  9,  35, 
42,  51,  78,  sans  parler  de  l'abréviation  «  sont»,  v.  9,  et  10,  qui  pourrait 
s'interpréter  de  même. 


LA  SATIRE  A  ARRAS  AU  XIJI«  SIÈCLE  137 

V.143,  «canovele» — canouele;\. 164,  n  qui  nasquit»  —  nasqui; 
V.  172,  «  nn  fain  si  grant  »  —  faim;  v.  173,  «  tro  pain  blanc  » 
—  paim  blanc. 

Pièce  XXIV,  p.  97.  —  Par  l'étendue  de  son  cadre,  l'entrain 
de  sa  verve  railleuse  et  surtout  par  sa  portée  documentaire, 
cette  pièce  se  distingue  entre  toutes  dans  l'œuvre  satirique 
dont  elle  forme  le  couronnement. 

Son  objet  nous  ramène  à  l'affaire  de  la  taille  et  au  scandale 
de  ces  fausses  déclarations  qui  permettaient  aux  riches  bour- 
geois d'esquiver,  du  moins  en  partie,  la  taxe  proportionnelle 
assise  par  l'échevinage  sur  les  membres  de  la  communauté. 

Le  pamphlet  revêt  la  forme  d'une  contre-vérité  humoris- 
tique. L'auteur  feint  de  croire  que  le  roi  vient  de  rapporter 
ses  prohibitions  antérieures  contre  les  jeux\  Sont  désormais 
autorisés  la  «grieske»,  les  échecs,  les  tables,  le  a  galet  », 
l'escrime,  a  poire  faucon  »,  les  billes,  la  crosse^ 

V.  13.      Or  oies  con  faites  lubavea^  : 

Li  rois  veut  bien  c'on  jeté  as  aves. 

Comme  plus  haut,  pièce  II,  53  (Cf.  remarque  sur  cr'paves, 

1.  La  Curne,  Dict.  hist.,  au  mot  Gazées,  a  fait  remarquer  le  premier 
l'allusion  de  cette  pièce  satirique  à  une  ordonnance  de  Louis  IX  au  sujet 
des  jeux  (Ord.  de  1254). 

2.  La  «  griesche,  gryache,  grijoise  »  (grégeoise)  était  un  jeu  de  dés.  Les 
0  tables  »  (ms.  «  a  ju  des  tables  »)  équivaut  au  gammon  ou  trictrac.  Le 
«galet»  était  un  jeu  de  palet  sur  table.  L'installation  de  ces  jeux  ou 
«  galetoires  »  avait  donné  leur  nom  à  deux  rues,  dont  l'une  le  porte  encore. 
Les  auteurs  des  Rues  d'Arras,  II,  p.  13,  en  ont  en  vain  cherché  l'étymo- 
iogie.  —  a  Poire  faucon»  reste  inexpliqué;  M.  Jeanroy  corrige  :  «  Escremir 
à  poire  u  faucon  ».  La  «crosse»  consiste,  comme  on  sait,  à  lancer  contre  un 
but  une  «  choie  »,  ou  boule  de  cornouiller,  avec  un  bâton  ayant  pour  croi- 
sillon une  sorte  de  petit  sabot  de  fer.  Sur  la  «  choule  »  à  Arras,  voir  Arch. 
comm.  Reg.auxèdits,  ILf'lS  v°,55r°,98v°.  De  Laborde,  Ducs  de  Bourg. ^ 
l,  p.  251.  Cf.  Congé  de  Fastoul,  v.  438. 

3.  «  Con  faites  lubaues  »  quelles  lubies!  —  Godefroy,  Dict.,  donne: 
«  BuBAUE  oie,  bonheur  ;  »  c'est  une  fausse  lecture  avec  traduction  de 
fantaisie 


138  A.    GUESNON 

p.  30,  XIX,  31),  la  leçon  correcte  est  a  lubauos  »  et  celle  de  la 
rime  «as  aues  »  —  ad  aucas  jacere,  «jeter  as  aues  »,  tirer 
l'oie.  Ce  divertissement  populaire  de  la  région  du  Nord,  dans 
lequel  le  Glossaire  voit  aune  sorte  de  jeu  de  dés'  »,  était  un 
exercice  de  force  et  d'adresse  encore  en  vogue  au  xviii''  siècle  : 
le  souvenir  en  est  â  peine  effacé  \ 
11  n'en  est  pas  de  môme  du  suivant  : 

V.  22.       Il  a  juré  sen  doit  manel' 

K'il  veut  c'on  jut  au  hrionel. 

Ce  dernier  mot  n'a  été  jusqu'ici  relevé  nulle  part  ailleurs  et 
la  signification  spéciale  en  demeure  inconnue. 

La  liberté  des  jeux  est  donc  proclamée.  La  bourgeoisie 
reprendra  ses  passe- temps  accoutumés  ;  tous  lui  sont  rendus. 
Un  seul  pourtant  n'a  pu  trouver  grâce  devant  le  roi,  et  celui-là, 
il  l'interdit  sous  les  peines  les  plus  sévères  :  c'est  le  jeu  du 
((  dire  vrai  ». 

v.  33.     Ki  voir  dira  il  ert  bonis 
Et  hors  de  le  vile  banis . 

1.  Au  mot  AvES. 

2.  11  consistait  à  abattre  à  distance,  à  l'aide  d'un  iauchet,  d'une  serpe, 
même  d'un  simple  bâton,  une  oie  ou  quelque  autre  volaille  suspendue  par 
le  cou.  —  «  Isti  fuerunt  qui  ad  aucas  jecerunt  super  Heilant  et  fuerunt 
quilibeteorum  in  forisfactodecem  solid.  judicati  per  judicium  scabinorum.  » 
Ascens.l280(\Varnkônig,  Flandr.Staats  a.R>-c/i(s;/.,B.  111,1  Abth.,S.7G). 
—  «  On  a  défendu  les  awes  et  les  oiseaus  a  jeteir  dedens  la  banliewe,  sor 
LX.  s.  »  xiif  s.  (Archiv.  de  Saint-Omer,  Re;/.  aux  bans,  t"  4  r").  V.  Du 
Cange,  au  mot  Anette;  Littré,  au  mot  Oie.  —  Aux  environs  d'Arras,  cer- 
tains villageois  substituaient  à  l'oie  un  petit  cochon  :  c  Pour  ce  que  un  des 
sergens  de  la  gaiende  de  mond.  sg'  le  duc  avoit  mis  main  à  un  pourchel 
pendu  à  une  estacque  par  pluiseurs  des  subgetz  desd.  relligieux  (de  Saint- 
Vaast)  en  la  ville  de  Pevle  pour  jecter  de  fauchilles,  comme  il  est  accous- 
tumé  au  lieu  et  au  pays,  par  manière  d'esbatement. . .  »  Accord  en  par- 
lement du  7  mai  1386  (Arch.  du  Nord,  Deux"  cavtul.  d'Artois). 

3.  Le  Glossaii-p  traduit  manel  par  a  annulaire  ».  Le  doigt  «  de  la 
main  »,  qu'on  étendait  en  signe  de  prestation  de  serment,  était  l'index, 
comme  on  le  voit  dans  l'enluminure  d'un  ms.  auquel  renvoie  Haltaus, 
Gloss.,  au  mot  Finger.  On  étendait  aussi,  soit  les  deux  premiers  doigts,  soit 
la  main  tout  entière.  V.  du  Cange,  au  mot  Digitus. 


LA  SATIRE  A  ARRAS  AU  Xlll'  SIÈCLE  139 

Cette  nouvelle  provoque  par  toute  la  ville  des  scènes  de 
désespoir  d'un  haut  comique  : 

V.  147.     En   Arras  a  cinc  cens  brievès' 
Cascuns  descire  ses  huvès 
De  maltalent,  de  duel  et  d'ire 
Por  (;ou  que  n'ose  nus  voir  dire. . . 

Les  honnêtes  bourgeois,  qu'ils  sont  à  plaindre!  Mais,  puis- 
qu'on n'y  peut  que  faire,  ils  se  résigneront. 

Jean  le  Borgne  et  Colart  Liénart  '  donnent  l'exemple  du 
sacrifice;  d'un  trait  de  plume,  ils  biffent  de  leur  brevet  la 
moitié  de  leur  avoir. 

Jean  Hukedieu'  et  Jean  Cosset  usent  d'un  stratagème.  Ces 
deux  compères  en  fourberie,  après  avoir  «  juré  de  cosse  en 
favet  », 

v.  45.     En  lieu  de  bon  nues''  artisiens 
I  ont  mis  de  vies  doueziens. 

Le  denier  douaisien  valait,  en  1251,  le  quart  de  l'artésien'". 
«  Nues  ))  oppose  le  nouveau  type,  celui  de  Robert  I'-'  et  de 
Robert  II,  aux  anciennes  fabricatior^s  surannées,  dont  plu- 
sieurs furent  abolies  par  les  réformes  monétaires  de  saint  Louis 
en  1263  \  Une  distinction  analogue  existait  entre  les  deniers 

1 .  Ce  chiffre  est  la  seule  donnée  que  nous  ayons  sur  le  nombre  des 
notables  familles  bourgeoises  de  ce  temps-là. 

2.  [.'un  et  l'autre  moururent  en  1270,  vers  la  fin  de  Tannée.  Ce  Jean  le 
Borgne  n'est  pas  celui  de  Vliidcx,  surnommé  Biauparésis,  qui  fut  mêlé  aux 
fraudes  électorales  de  1304,  et  mourut  en  1311,  3''  (Cf.  Nécrol.,  1318,  1''). 

3.  Jean  Ilukedieu  l'ut  échevin  en  1265.  Il  est  inscrit  au  AVr/'o/.  en  1287, 
1'',  et  ne  peut  être  celui  que  VIndcx  signale  en  1302.  Jean  Cosset  reviendra 
plus  loin. 

4.  Corr.  «  bon[s]nues))  ;  l'.s  manque  dans  le  ms. 

5.  Arch.  de  Douai,  ban  du  5  juillet  1251  et  essai  de  monnaies  de  1265. 
Tailliar,  Rec  d'actes^  p.  193  et  268.  Voir  ces  textes  rectifiés  et  commentés 
par  M.  Prou,  dans  la  Reçue  de  Nuiniainaiique,  4"  série,  t.  II  (1898), 
p.  314,  317. 

6.  Ord.  des  vois  de  Frmiee,  I,  p.  93.  Cf.  C/woniques  de  S.  Mar/loire  : 

L'an  mil  deux  ceus  soixante  trois 
Furent  abatus  11  Mansois, 
Li  escuciau,  li  Angevin, 
Ausi  furent  11  Poitevin. 

(Méon,  FabL,  II,  p.  227.) 


\.\Q  A.    GUESNON 

mnnsois  a  vies  »  et  «  noes  »,  c'est-à-dire  anciens  et  nouveaux'. 
Appliquer  respectivement  ces  deux  termes  à  l'état  de  «  neuf  » 
et  à  l'usure  des  pièces  semble  ici  hors  de  propos'. 

V.  47.     Meïsmc  Tumas  de  CasteP 
El  parkemin  dedens  se  pel 
Quinze  cens  livres  eut  vaillant. . . 
On  dist  bien  k'il  en  a  trois  tans. 

Le  Glossaire  traduit  «  dans  sa  bourse  ou  sur  son  parche- 
min ».  On  cherche  en  vain  «  bourse  »  parmi  les  mots  ci-dessus; 
«  pel  »  veut  dire  peau  :  donc  «  sur  la  peau  de  son  parchemin  ». 

Dans  le  brevet  de  Heuvin  le  Clop'',  les  marcs  d'argent  se 
changent  en  livres  :  au  prix  du  métal,  c'était  une  soustraction 
de  plus  de  cinquante  pour  cent. 

Audefroi  Louchart'  ne  se  contente  pas  de  si  peu,  —  un 
banquier  !  De  vingt  mille  livres  il  fait  sept  cents.  Mais  ne 
voilà-t-il  pas  qu'une  distraction  le  rend  victime  de  sa  propre 
fraude!  Le  voleur  volé  en  est  tout  abasourdi  : 

V.  63.     Por  parezis  a  mis  besans% 

S'en  est  Audefrois  trop  pesans. 

1.  Voir  M.  Prou,  loc.  cit.,  p.  .317. 

2.  Index,  aux  mots  Huquedieu  2";  et  Doueziens. 

3.  Inscrit  au  AVc/'o/.  en  1271,  vers  novembre.  Il  était  fils  de  Nicolas, 
échevin  en  1255  (Bibl.  d'Arras,  ms.  316,  p.  189). 

4.  Mort  au  commencement  de  l'année  1273. 

5.  Audefroi  Louchart  fut  échevin  en  1253,  selon  le  ms.  de  Cl.  Dores- 
mieux,  t.  I,  p.  407  (Bibl.  d'Arras,  hors  catalogue,  jadis  aux  Arch .  comm.). 
Ce  banquier  prêtait  à  Edouard,  fils  du  roi  d'Angleterre,  au  comte  de 
Flandre,  au  comte  de  Guines,  au  comte  d'Artois,  aux  villes  de  Flandre,  e^c. 
(V.  les  inventaires  de  1260  à  1277).  Gillebert  de  Berneville,  dans  un  jeu- 
parti  avec  Thomas  Hérier,  parle  de  la  grande  a  manantie  »  (richesse)  d' Au- 
defroi (Scheler,  Troiir .  beU/es,  II,  p.  125).  Bodel,  Corifjè,  v.  349,  salue 
ses  deux  fils,  nommés  Jaquemon  et  Andriu  dans  les  chartes  de  la  Chambre 
des  comptes  de  Lille,  1276-1277,  mêmes  prénoms  que  ceux  des  fils  d'En- 
glebert,  Con;jè,v.  loi.  Audefroi  Louchart  mourut  en  1273,  vers  septembre. 

6.  —  Au  commencement  du  xiii"  siècle,  le  besant  équivalait  à  sept 
sous  (Du  Cange,  Byzanthus).  Plus  tard,  on  le  voit  compté  pour  huit  sous 
(P.  Fabre,  La  perception  du  cens  apostol.  en  France,  École  fr.  de  Rome, 
Mélanges  d'archéol.  etd'hist..  1897,  p.  2.33). 


LA  SATIRH:  a  auras  au  XIII''  SIÈCLE  141 

De  ce  personnage,  la  pièce  XIII,  32,  a  dit  de  même  : 

Trop  mus 
En  est  sire  Audefrois  [et trop']  camus. 

JosielEsturion^  a-t-il  donc  si  peu  de  mémoire  qu'il  ait  oublié 
vingt  mille  livres?  Omission  volontaire,  dont  lui  tiendra 
compte  la  justice  du  roi. 

V,  73.     Et  sire  Jakes  de  Monchi 
Un  peu  de  rente  a  ainchi. 
Or  est  keùs  en  povreté 
Souvent  en  pleure  de  pité. 

Outre  cjue  a  ainchi  »  est  une  forme  inconnue,  —  car  on  ne 
peut  guère,  même  dans  le  dialecte  artésien,  la  rattacher  à 
a  ainsi  »,  —  le  vers  se  trouve  amputé  d'une  syllabe,  ce  qui 
indiquerait  quelque  faute  de  lecture  ou  de  transcription. 

M.  Jeanroy,  sans  essayer  de  justifier  «  ainchi  »,  cherche  à 
rétablir  la  mesure  en  supposant  un  hiatus  anormal  de  Ve 
muet  : 

Un  peu  de  rente  "^  a  ainchi  '' . 

La  solution  de  cette  difficulté  est  beaucoup  plus  simple;  il 
suffit  de  lire  : 

Un  peu  de  rente  a  à  Inchi, 

Inchy  en  Artois,  canton  de  Marquion,  où  l'on  sait  par  ailleurs 
que  cette  famille  bourgeoise  possédait  des  terres*. 

1.  Chans.  et  Dits,  p.  61  et  note. 

2.  Josiel  Esturion,  échevin  en  1255  (Arch.  du  Nord,  Inc.  des  ch.  de  la 
Ch.  des  comptes),  était  créancier  du  comte  de  Flandre  en  1265  (/ne.  des 
rli.  de  Rupelin.,  n"  116).  Il  avait  marié  sa  fllie  Catherine  à  «  Baude  Crespin 
li  père,  bourgois  de  Cité  »  (Arch.  du  P.-de-C,  Saint-Vaast,  acte  orig. 
de  1294.  Voir  Bibl.  d'Arras,  ms.  333,  mai  1294).  Josiel  Estuiion  mourut 
en  octobre  1267. 

3.  Chansons  et  Dits,  note  additionnelle,  p.  32. 

4.  Jacquemart  de  Monchi  figure  en  tète  de  l'échevinage  de  1253,  d'après 
le  ms.  de  CI.  Doresmieux,  lac.  cit.  he Nèc/-olofje  inscrit  son  décès  en  1269, 
après  la  Pentecôte.  Par  acte  de  mars  1270,  n.  st.,  le  comte  d'Artois 
confirma  la  vente  faite  par  Thibaut  Crespin  à  Jean  de  Monchi,  bourgeois 
d'Arras,  fils  de  Jacques  de  Monchi,  de  dix-huit  mencaudées  de  terre  à 


142  A.  GUESNON 

Englebert  Louchart',  le  claquet  du  moulin  symbolique, 
pièce  XXII,  53,  n'a  déclaré  que  quatorze  cents  livres.  On  a 
informé  le  roi  de  ce  parjure  ;  il  doit  être  satisfait. 

Willaume  as  Paus  ",  autre  menteur  émérite,  n'est  pas  moins 
digne  de  sa  faveur, 

V.  87.     Car  il  est  fins  preudom  loiaus  : 
Tesmoins  en  a  de  deus  muiaus. 

Ce  témoignage  oral  rendu  par  deux  muets  rappelle  un 
autre  certificat  de  loyauté  délivré  ci-devant  sur  enquête  de 
commune  renommée,  pièce  II,  4  : 

Jou  l'oï  dire  Floevent. 

Le  sel  humoristique  est  le  même  :  indice  d'une  commune 
origine. 

Henri  Wagon  %  personne  ne  Tignore,  s'est  taillé  une  fortune 
dans  l'exécution  testamentaire  d'Adam  Esturion*;  il  la  dissi- 

Buissy-les-Baralle,  dont  six  près  de  la  terre  du  seigneur  d'Inchy.  —  Buissy 
et  Inchy  sont  contigus.  —  Arch.  du  Nord,  Prcm.  cart.  d'Art.,  pièce  234. 
Il  existe  un  autre  Inchy  dans  le  Cambrésis. 

1.  Englebert  Louchart  est  inscrit  au  A^'éc/'o/or/t'  en  1269,  vers  Pâques. 
Par  acte  du  1"  janvier  1285,  n.  st.,  «  Jakemon  Louchart  d'Arras,  adont 
sergant  le  roy  de  Franche,  fil  jadis  Englebiert  Louchart  qui  mors  est  », 
donne  cent  livres  de  rente  aux  pauvres  de  Lille  pour  son  âme  et  celle  de 
Margueritain,  sa  femme.  —  Roisin,  Couttimes  de  Lille  (éd.  Brun-Lavainne), 
p.  303.  Fastoul,  Congé,  v.  157,  salue  ses  fils  a  Jaquemon  Loucart  et  An- 
driu  ».  Un  autre  Englebert  Louchart,  échevin  d'Arras  en  févr.  1276,  n.  st., 
mourut  en  1305,  vers  Pâques.  Un  troisième  Englebert,  moine  de  Saint- 
Vaast,  est  inscrit  au  Nérrolo;je  â  la  fin  de  1340.  Ce  prénom  était  porté  par 
un  Louchart  dès  1170.  Il  se  perpétua  dans  la  famille;  on  l'y  trouve  encore 
au  XV'  siècle. 

2.  Willaume  as  Paus^  échevin  en  janvier  1267,  n.  st.,  mourut  en  1268, 
après  la  Pentecôte  (et  non  1269,  erreur  de  ïindcx  au  mot  Paus,  reproduite 
ci-dessus  pièce  II). 

3.  V.  sur  les  Woj/on  les  notes  de  la  pièce  XXII. 

4.  Adan  Esturion,  comme  nous  l'avons  dit  plus  haut,  pièce  IV,  mourut 
en  1257,  le  3  sept,  d'après  les  obituaires  de  l'église  N.-D.  (Bibl.  d'Arras, 
mss.  305  et  290).  Outre  son  manoir  de  Bellemotte  à  Blangy,  il  en  possédait 
un  autre  à  Arras  près  de  l'église  Sainte-Croix,  peut-être  d'héritage,  car,  dès 
1170,  un  Adam  Sturiuns  figure  parmi  les  habitants  du  quartier  (Guiman, 


LA  SATIRE  A  ARRAS  AU  XIII^  SIÈCLE  143 

mule  et  voudrait  faire  accroire  qu'une  spéculation  malheureuse 
l'a  ruiné  : 

V.  102.    En  Engletere  envoia  laine; 

Mais  li  nos  fu  trop  tost  perie. 

Envoyer  des  laines  en  Angleterre!  le  joli  roman!  Ce  serait 
porter  l'eau  à  la  rivière.  L'invraisemblance  choquante  de  l'im- 
posture trahit  la  fourberie  de  son  auteur.  Cela  ne  signifie  donc 
pas,  comme  le  dit  l'Index,  «  qu'il  prétendit  avoir  fait  passer 
une  partie  de  sa  fortune  en  ce  pays  »,  ni  que  «  la  laine  figure 
ici  des  sommes  d'argent  »,  pas  plus  d'ailleurs  que  dans  la 
pièce  XIX\ 

Wagon  Wion*  renchérit  sur  son  devancier,  en  alléguant 
un  prétexte  ridiculement  frivole  pour  simuler  l'indigence  : 

V.  124.      Il  est  keûs  en  grant  poverte  ; 
Avant  ier  perdi  deus  oisiaus. 

Plus  avisé,  Bertoul  Verdière  présente,  sans  dire  mot,  un 
brevet  illisible;  c'est  un  grimoire  auquel  personne  ne  comprend 
rien  : 

V.  126.  Hé  Diex,  ki  est  uns  damoisiaus 
C'on  apele  Bertoul  Verdière. . . 
En  son  brievet  eut  trop  de  vent. 

Au  lieu  de  séparer,  comme  on  le  fait  ici,  les  vers  qui  pré- 
cèdent en  deux  phrases  indépendantes  à  partir  de  «  Hé  Diex  », 

Cartnl.  de  S.-V.,  p.  238).  Dans  cette  propriété,  du  consentement  de 
l'évêque,  de  l'abbé  de  Saint- Vaast  et  de  Rémi,  curé  de  la  paroisse,  Adam 
fonda,  en  1243,  une  chapelle  qu'il  dota  d'un  revenu  annuel  de  quinze  livres 
(Charte  conflrmative  de  l'évêque  Jacques  de  Dinant,  oct.  1248.  Rogist. 
cliartar.,  etc.,  f°  182  v").  C'est  la  chapelle  Saint-Jacques  en  Sainte-Croix, 
vendue  en  1494  par  Martin  de  Rely  à  la  confrérie  des  pèlerins  de  Saint- 
Jacques  et  démolie  en  1788.  Le  souvenir  du  fondateur  s'est  conservé,  sous 
un  travestissement,  dans  le  nom  de  Chapellc-dc-l'Escourf/oon,  donné  à  une 
maison  de  la  rue  Guinegatte  :  c'était  la  maison  du  chapelain,  le  presbytère, 
mais  non  la  chapelle,  comme  on  le  prétend  dans  Les  Rues  d'Arras, 
t.   II,  p.  87. 

1.  Index,  au  mot  Wagon,  2°.  —  Introd.,  p.  24. 

2.  Waghes  Wion  était  échevin  en  1265;  il  mourut  en  décembre  1272 
ou  le  mois  suivant. 


144  A.   GUESNON 

la  ponctuation  du  texte  imprimé  les  réunit  en  une  seule.  La 
raison  nous  en  est  donnée  par  V Index,  qui  voit  dans  le  rappro- 
chement du  deuxième  et  du  troisième  vers  (125-126),  une 
plaisanterie  sur  a  Verdière  »,  à  la  fois  nom  de  famille  et  nom 
d'oiseau  \ 

Il  est  cependant  bien  difficile  d'admettre  qu'un  seul  «  damoi- 
siaus  »  puisse  être  à  la  fois  «  deus  oisiaus  ».  On  ne  s'explique 
guère  non  plus  comment  Wagon  Wion  a  pu  perdre  Bertoul 
Verdière,  puisque  celui-ci  n'est  pas  mort,  et  pas  davantage 
en  quoi  cette  perte  l'aurait  éventuellement  appauvri. 

La  rencontre  des  mots  «  oisiaus  »  et  «  Verdière  »  est. 
croyons-nous,  purement  fortuite,  et  ce  passage  n'éclaire  nul- 
lement les  vers  115-120  de  la  pièce  III,  encore  que,  dans  ceux- 
ci,  le  mot  ((  verdière  »  paraisse  cacher  sous  un  jeu  de  mots 
quelque  allusion  personnelle  encore  inexpliquée". 

Quant  au  ki  du  vers  12G,  il  ne  peut  être  qu'interrogatif, 
à  moins  d'y  voir  une  faute  de  copie  pour  chi,  ce  qui  serait  plus 
clair,  mais  n'est  qu'hypothétique. 

Passons  rapidement,  pour  abréger,  sur  Jean  d'Estanfort, 
Ermenfroi  de  Paris,  Jacques  JoiCj  Hugues  le  Conte  (li  Quens)% 
Robert  Aurri,  Etienne  de  Souches,  Grart  Faverer,  Jacques  le 
Cornu  %  nous  bornant  à  citer  pour  mémoire  ces  représentants 
de  l'oligarchie  communale. 

1 .  Index,  au  mot  Verdière.  1". 

2.  «  Ces  deux  textes  rapprochés,  ajoute  M.  Guy,  tendraient  à  prouver 
que  Bertoul  Verdière  fut  mis  en  prison.  »  .le  croirais  bien  plutôt  que  le 
coup  de  filet  de  «  cil  de  Givenci  »  (III,  109)  fut  une  lucrative  spéculation 
financière,' comme  celle  de  Gui,  comte  de  Saint-Pol,  dont  elle  est  le^ 
pendant. 

3.  Ermenfroi  de  Paris  mourut  en  1276,  à  la  fin  de  l'année;  Jacques  Joie 
en  1270,  vers  novembre;  Hugues  le  Conte  en  1271.  vers  septembre. 

4.  Robert  Aurri,  échevin  en  1267,  janv.,  n.  st.,  est  porté  au  Nècrolof/c 
en  1272,  après  la  Pentecôte;  Etienne  de  Souches  en  février  1273,  n.  st.,  et 
Grart  Faverel  «  le  vieux  »,  en  1278,  vers  la  fin  de  l'année.  Ce  «  Grars 
Faveriaus  li  ainsnés,  bourgeois  d'Arras  »,  avait  acheté  de  Jakemon,  fils  de 
feu  Gerart  Faverel,  la  vavassorie  de  Méaulens,  qu'il  rétrocéda,  en  1275,  à 
l'abbaye  de  Saint- Vaast  (Bibl.  d'Arras,  ms.  316,  p.  131). 

5.  L'Index,  au  mot  Cornu  (Jaques  ou  Jaquemon),  rencontrant  ce  nom 


LA  SATIRE  A  AURAS  AU  XIll''  SIÈCLE  145 

Dans  le  catalogue  des  brevets  parjurés,  la  satire  n'a  eu 
garde  d'oublier  nos  riches  bourgeoises  : 

V.  167.     Et  dame  Tasse  H  Auslierc  [,] 
Ele  seut  bien  trover  manière 
De  mentir  a  ceste  besoigne.  [:] 
Li  Cakcmare  li  tesmoigne,  [.] 
Ces  deus  coururent  d'une  laisse. .  . 

«  Courir  d'une  laisse  »,  c'est-à-dire  «  couplés  à  la  même 
laisse  »,  terme  de  vénerie,  c'est,  au  figuré,  s'associer  pour 
atteindre  un  but.  Le  Glossaire  traduit  :  elles  coururent  a  en 
hâte'  »,  d'où  M.  Guy  infère  à  son  tour  l'exil  volontaire  ou 
forcé  des  deux  comi)lices  !  En  histoire,  l'exégèse  trop  subtile 
peut  mener  loin^ 

L'//ic/ej3  signale  deux  Tasse  Lanstière  contemporaines,  — ses 
références  en  supposent  une  troisième,  —  mais  il  ne  dit  rien  de 
«  li  Cakemare'  »,  ici  vraisemblablement  nom  de  femme,  que 
l'absence  de  prénom  laisse  indéterminé.  Ce  nom  est  inscrit 
cinq  fois  au  Nécrologe  entre  1225  et  1316.  On  le  rencontre 
aussi  parmi  les  riches  bourgeois  de  la  Cité*. 

dans  les  actes  pendant  toute  la  seconde  moitié  du  xiif  siècle,  en  conclut 
que  le  personnage  de  cette  satire  fut  «  mêlé  à  la  vie  publique  de  1254  à 
1302  ».  C'est  une  erreur  due  à  Thomonymie.  Deux  Jacques  le  Cornu  se 
partagent  cette  longue  période,  l'un,  qui  est  le  nôtre,  signalé  dès  1253,  mai 
(B.  N.,  Rcgistrum  capelL,  f  17  r"),  propriétaire  d'immeubles  contigus  au 
manoir  de  Chaulnes  en  l'Estrée  (ildd.,  t"  106  r"),  d'autres  maisons  reprises 
dans  un  chirogr.  de  mai  1261  (Arch.  de  l'hôp.  Saint-Jean),  de  terres  à 
Gouy,  1254-1268  (Inv.  som.  du  P.-de-C,  A,  16,  p.  29,  col.  A),  mourut 
en  1270,  vers  novembre.  Le  second,  un  des  quatre  gouverneurs  intérimaires 
de  l'échevinage  en  1280,  échevin  en  1282...  1289,  1290,  1292,  1294..., 
mourut  peu  après  la  Pentecôte  1301. 

1.  Au  mot  Laisse,  sans  doute  expliqué  par  «  eslais  ». 

2.  H.  Guy,   Essai  sur  la  rie  et  les  œucrcs  d'Adan  de  le  Haie,  p.  114. 

3.  L'article /t,  masculin  et  féminin,  précédait  souvent  le  nom  propre; 
exemples  tirés  du  Nécrologe  :  Li  Bretels  Jachemes,  1229,  3''  ;  Li  Ilancarde 
Sare,  12.52,  3"  ;  Li  Prée  Oede,  1252,  3'^  ;  Li  Crespins,  1263,  2"^  ;  Li  Crespins 
Ermenfrois,  1277,  1';  L'Esturion  Simon,  1263,  3^;  Li  Doucete  Agnes, 
1263,  3";  Li  Patoule  Maroie,  1271,  3^  Li  Boinehane  Maroie,  1273,  2^"; 
Feme  le  Naimmeri  Ansel,  1274,  3\  etc.  —  Au  Hesselin  Jehan,  1266,  2'; 
Au  Cosset  Jehan,  1271,  2'  ;  Au  Turpin  Renier,  1272,  3'\  etc. 

4.  Associé  à  André  Wagon,  bourgeois  d'Arras,  fils  de  feu  Laurent  Wagon 


146  A.    GUESNON 

«  Dame  Marote  li  Mairesse  déclare  un  chiffre  insigniliant: 
c'est  braver  l'opinion,  car  chacun  la  sait  riche  :  l'argent  remplit 
ses  coffres,  elle  mène  un  train  de  comtesse^  —  qu'importe? 

V.  179.     Li  rois  n'a  pooir  de  li  nuire 

Car  ses  brievès  le  doit  conduire. 

On  le  Yoitj  de  par  le  roi  et  sous  sa  sauvegarde,  la  fraude  est 
devenue  la  loi  d'Arras;  le  mensonge  y  règne  en  maître,  bour- 
geois et  bourgeoises  se  parjurent  à  l'envi.  Est-il  donc  vrai  que, 
dans  ce  naufrage  de  la  moralité  publique,  on  ait  vu  surnager 
d'honnêtes  consciences,  résolues  à  sacrifier  quand  même  l'intérêt 
au  devoir?  L'auteur  le  dit;  il  en  cite  jusqu'à  trois  !  Mais  à  peine 
a-t-on  lu  ces  noms,  flétris  ailleurs  comme  synonymes  de  four- 
berie^  qu'éclate  aux  yeux  la  contre-vérité  sarcastique  de 
l'assertion,  trait  final  d'un  genre  d'ironie  conforme  au  caractère 
de  la  première  partie  de  cette  satire. 

V.  189.     Hé  Dex,  con  j'en  conois  teus  trois 
Dont  cascuns  est  forment  destrois. 
Il  n'ont  mie  aie  au  mares  : 
Robers  Crespins  et  cil  Garés 
Et  li  tiers  est  Henris  Nazars  ^  ; 
Cascuns  dit  k'il  est  droit  musars, 
K'il  ont  jué  au  dire  voir 
Or  i  tairont  de  leur  avoir  ^ . 

(V.  la  pièce  XXII),  Nicholas  Kakemare,  bourgeois  de  l'Évêché,  prêtait  de 
l'argent  au  comte  de  Flandre,  en  1279  et  1280  {Inx .  des  ch.  dcRupctniondc, 
n"  245,  261,  262).  Il  était  échevin  de  la  rue  des  Maus  en  Cité,  en  oct,  1289 
(B.  N.,  Moreau,  ch.  t.  210,  f"  30).  —  La  femme  d'Adam  Kakemare,  fut, 
mise  à  l'amende,  en  1.308,  pour  parjureraent  de  brevet.  Voir  Note  sur  le 
registre  de  la  Confrérie  des  Jongleurs  dans  les  Comptes  rendus  de  l'Acad. 
des  Inscript,  et  Belles-Lettres  (1899),  t.  XXVII,  p.  474. 

1.  Le  A^ècro/o^/e  enregistre  Robert  Crespin  en  12.37,  2*.  Son  fils  Robert 
continuait  ses  affaires  de  finance  en  déc.  1242  (Du  Chesne,  Béthune, 
preuves,  p.  373).  C'est  apparemment  ce  même  Robert  qui  figure  dans  les 
échevinages  de  janvier  1263,  n.  st.  (Hop.  Saint- Jean,  chirogr.),  et  de  1265 
(Bibl.  d'Arras,  ms.  316,  p.  261).  —  Sur  Garet  (Jacques  Louchart)  et  Henri 
Nazart,  voir  ci-dessus  la  pièce  IL 

2.  Lire  d'après  le  ms.  :  dist  —  druis  —  are. 


LA  SATIRE  A  AURAS  AU  XIII°  SIÈCLE  147 

«  Aller  au  marais  »  signifie,  d'après  le  Glossaire  «  s'em- 
bourber »,  au  figuré  «ne  pas  y  voir  clair  dans  ses  intérêts^  ». 
D'où  Ton  doit  nécessairement  conclure  que,  puisque  «  il  n'ont 
mie  aie  au  mares  »,  nos  trois  personnages  seraient  parvenus  à  se 
tirer  d'affaire,  —  contradiction  llagrante  avec  les  deuxième  et 
dernier  vers  de  la  citation. 

Le  Congé  de  Fastoul  donne  à  cette  expression  un  tout  autre 
sens  : 

Ne  doi  mais  aler  au  mares, 
Servir  m'estuet  d'un  autre  mes 
Ke  de  mokier  et  de  cifler, 
Car  Danekins  et  Véélès. . . 
Mal  m'ont  apris  à  behourder. 

[Méon,Fahl.,  I,  p.  131). 

A  Arras,  comme  ailleurs  dans  la  région,  le  «  marais  »  c'est 
le  communal,  terrain  tout  indiqué  pour  les  jeux,  luttes,  exer- 
cices et  cbattements  populaires.  Le  lépreux  gémit  de  devoir 
y  renoncer  pour  toujours,  a  Aller  au  marais  »  serait  donc,  au 
figuré,  folâtrer,  se  divertir,  être  en  liesse  ^ 

Là  s'arrête  l'ironie  du  «  dire  vrai  ».  L'auteur  jette  lemasque^ 
et  renonçant  aux  détours  de  la  fiction,  il  attaque  de  front 
les  membres  d'un  échevinage  antérieur  dont  les  malversations 
ont  ruiné  la  ville  et  déchaîné  la  discorde: 

V.  199.     Li  eskevin  devant  l'abé 

Comment  k'il  nos  aient  gabé 
Ne  mené  par  faumonement, 
Et  trespassé  leur  sairement, 

1.  Au  mot  Mares. 

2.  On  trouve  dans  deux  jeux-partis  «  aller  au  marescoi  »,  que  Schcler 
interpr(^te  par  «  s'embourber  ».  L'explication  semble  très  satisfaisante  dans 
l'espèce,  mais  elle  ne  peut  convenir  à  nos  deux  exemples.  Faut-il  donc  en 
conclure,  malgré  les  apparences,  que  ces  deux  locutions  n'ont  aucun  rapport 
idéologique?  Ou  bien  «  aller  au  marescoi  »  ne  serait-il  pas  l'équivalent  du 
«  mokier  et  cifler  »  de  Fastoul  ? 

3.  Aux  Additions  et  corrections,  p.  164  :  «  XXIV,  200,  Lire  : 
conmcnt.  »  —  Le  ms.  écrit  conient. 


148  A.  GUESNON 

S'ont  il  d'avoir  vint  el  set  tans 
K'il  ne  nomaissent  en  leur  tans  ; 
Eutour  vint  et  set  mile  livres 
Troeve  on  lisant cns  en  leur  livres. 

Autant  que  l'on  peut  comprendre,  il  s'agissait  d'une  dissimu- 
lation ou  d'un  détournement  de  vingt-sept  mille  livres  sur  le 
produit  des  tailles  : 

V.  207.     Trop  maleraent,  voir,  s'avillierent 
Quant  a  leur  tans  ensi  taillierent  : 
Par  leur  mesfais^ren^^  tel  taille 
Dont  Arras  est  en  tel  bataille. 

Ce  scandale  mit  la  ville  en  grand  émoi.  Les  éclievins  furent 
cités,  enquêtes,  confrontés.  En  fin  de  compte,  l'accusation 
aurait  succombé;  les  inculpés  parvinrent  à  se  justifier,  tout 
au  moins  devant  la  cour,  sinon  devant  l'opinion  populaire.  De 
là  «  le  deuil  et  l'ire  »  au  cœur  du  poète,  qui  vient  à  son  tour 
venger  l'opinion,  dénoncer  les  méfaits  de  la  haute  bourgeoisie 
et  rendre  le  roi  responsable  des  fraudes  et  malversations  que 
sa  justice  laisse  impunies  : 

v.  211.     Li  abés  en  fu  mal  baillis, 
Et  a  le  cour  trop  assaillis  ; 
S'il  avoit  cuer  de  lui  deffendre 
Il  les  poroit  trestous  reprendre. 

Quel  est  cet  abbé,  a  le  bon  abbé  »  déjà  mentionné  dans  les 
pièces  II,  69  et  XIII,  58  relatives  au  même  objet?  Quel  rôle 
joue-t-il  dans  l'affaire?  Nos  satires  sont  malheureusement  le 
seul  témoignage  qui  nous  reste  sur  ce  conflit,  et  l'imprécision 
de  leur  texte  ouvre  carrière  aux  conjectures  les  plus  diverses, 
sans  permettre  de  rien  affirmer. 

En  revanche,  nous  trouvons  là  un  document  chronologique 
d'une  importance  capitale,  la  liste  des  douze  membres  de 
1  echevinage  accusé  de  prévarication  : 

V.  224.     .Jel  di  por  voir  et  sans  cuidier% 

1 .  Ms.  Jiscni . 

2.  Le  Glossaire  traduit  «  sans  cuidier  »  par  «  sérieusement,  pour  de 


LA  SATIRE  A  ARRAS  AU  X1II«  SIÈCLE  149 

déclare  l'accusateur,  de  ces  douze,  huit  sont  encore  vivants  : 
Pierre  Wion,  Jean  Cosset,  Audefroi,  Jacques  de  Monchi, 
Michel  le  Waidier,  Raoul  au  Grenon,  Thomas  de  Castel  et 
Colart  de  Courcelles^;  quatre  sont  morts  :  Jean  le  Vinier, 
Robert  Maraduit,  Grard  Revcl  et  Copin  Doucet. 

La  liste  de  l'éclievinage  une  fois  clouée  au  pilori  de  la  satire, 
le  trouvère  conclut  en  lançant  une  suprême  injure  à  ce  «  cla- 
pier »  dont  l'effondrement  a  révélé  des  dessous  immondes  et 
fait  choir  Arras  dans  la. . .  «  cendrée  »  : 

V.  234.     Or  ne  voel  plus  parler  de  ces 
K'il  sont  en  estrange  pais  ; 
Se  j'en  di  plus,  iere  haïs, 
Mais  nequedenl  dirai  je  :  «  bouse  » 
De  ces  eskevins  trestout  douze'. 
Oreesl  II  clapoire  effondrée^ 
Dont  Arras  est  en  le  cendrée  ' . 


m 

C'est  Paulin  Paris  qui  a  révélé  le  premier  la  portée  histo- 
rique de  nos  satires,  en  les  rattachant  à  la  biographie  d'Adam 

bon  »,  ce  qui  supposerait  à  «  cuidier  »  uu  sens  approchant  de  «  rire,  plai- 
santer »  qu'on  ne  lui  connaît  pas.  Le  «  cuidier  »,  penser,  présumer,  est 
opposé  au  «  savoir  »  de  science  certaine  :  d'où  «  sans  cuidier  »,  c'est-à-dire 
en  toute  certitude,  sans  hésiter. 

3.  Les  noms  des  huit  échevins  encore  vivants  sont  inscrits  au  Sécroloçjc 
dans  l'ordre  suivant  :  Pierre  Wion  (Guido),  1268,  2'  ;  Jacques  de  Monchi, 
1269, 1*;  Colart  de  Courcele  (Courcelois),  1269,  2'  ;  Jean  Cosset,  1271,  2'  ; 
Thomas  de  Castel,  1271.  2"'  :  Raoul  au  Grenon,  1272,  3'  ;  Audefroi  Louchart, 
1273,  1"  ;  Waisdier  Michel?  1274.  2\ 

Pierre  Wion,  Jean  Cosset  et  Colart  de  Courcele  étaient  échevins  en  avril 
et  mai  1263.  Jacques  de  Monchi,  Jean  Cosset.  Nicolas  de  Courcele  et  Aude- 
froi Louchart  figurent  dans  la  liste  échevinale  de  1253. 

4.  Ms.  trcstous  doiisc. 

5.  Ms.  esfondree. 

6.  Inapplicable  à  la  pièce  ci-dessus,  X.  15-18,  le  sens  indiqué  par  le 
Glossaire  au  mot  Clapoire.  d'après  Texemple  de  1398  dans  Du  Cange, 
Claperius,  parait  convenir  à  cet  endroit.  L  epithète  de  «  clapoire  »,  X,S.II, 
56.  j)récise  l'euphémisme  «  cendrée  ». 

Moyen  Age,  t.  XIII.  1^ 


150  A.    GUESNON 

de  la  Halle  \  Monmerqué  le  suit  de  près  ;  comme  son  devancier, 
il  essaya  de  reconstituer  à  l'aide  de  ces  pamphlets  le  milieu 
politique  et  social  où  le  célèbre  trouvère  avait  vécu,  et  comme 
lui,  il  crut  y  voir  l'explication  de  son  exil  et  de  son  séjour  à 
Douai  ^ 

Les  biographes  suivants  n'ont  guère  fait  que  tourner  dans  le 
cercle  tracé  par  ces  deux  initiateurs  :  ils  leur  empruntent  cadre 
et  canevas,  sauf  à  combiner  et  broder  de  diverses  manières  les 
faits  et  les  dates,  sans  apporter  d'ailleurs  aucun  élément  nouveau 
à  la  solution  du  problème. 

M.  Henry  Guy  vient  de  reprendre  le  sujet  dans  son  Essai 
sur  Aclan  de  le  Hale\  travail  considérable,  où  tout  ce  qui 
touche  de  près  ou  de  loin  â  la  vie  et  à  l'œuvre  du  trouvère 
artésien  est  exposé,  discuté,  développé  dans  des  proportions 
inconnues  aux  notices  antérieures.  Le  contraste  de  cette  abon- 
dance avec  la  pénurie  des  sources  documentaires  met  en  lumière 
l'art  ingénieux  de  l'écrivain  et  la  remarquable  fécondité  de 
sa  critique  historique  et  littéraire. 

Ce  n'est  pas  ici  le  lieu  de  soumettre  à  une  épreuve  d'ensemble 
la  solidité  de  cette  brillante  évocation  biographique.  Les  satires 
n'ayant  trait  qu'à  une  des  phases  de  l'existence  agitée  du  poète, 
son  implication  dans  l'affaire  de  la  taille,  l'examen  doit  s'en 
tenir  là  pour  le  moment. 

M.  Guy  consacre  à  ce  sujet  deux  chapitres  de  son  livre.  11 
se  demande  d'abord  comment,  au  XIll"  siècle,  se  faisait  à 
Arras  la  perception  de  cet  impôt  communal;  en  second  lieu, 
quand  éclatèrent  les  troubles;  enfin  quelle  fut  la  répression 
des  fraudes  dénoncées  dans  les  pamphlets. 

Sur  le  premier  point,  nettement  déterminé  quant  au  temps 

1.  Notice  sur  Adam  de  la  Halle  dans  ÏEnci/clopcdic  caf/iolir/nr,  t.  I, 
p.  .337  (1838). 

2.  Théâtre  franrah  au  fiini/rn  fh/c,  parL.-.T.-N,  Monmerqué  et  Fran- 
cisque Michel  (1839). 

3.  Essai,siir/f(  rie  cl.  les  /l'iirrrs  lit  tri  •dires  (tu,  troiici're  Aduiide  le  H((te, 
par  Henry  Guy,  maître  de  conférences  à  la  Faculté  des  lettres  de  l'Univer- 
sité de  Toulouse.  —  Paris,  Hachette^  1898,  605  p. 


LA  SATIKE  A  ARRAS  AU  Xlll"^  SIÈCLE  151 

et  quant  au  lieu,  le  biographe  a  cru  pouvoir  suppléer  aux  la- 
cunes des  documents  artésiens  de  l'époque,  à  l'aide  de  témoi- 
gnages empruntés  à  ceux  d'un  autre  temps  ou  d'un  autre  pays'. 

Nous  avons  signalé  déjà  le  péril  de  ces  inductions  analo- 
giques et  rétroactives  :  l'institution  desVingt-Quatre,  confondue 
avec  la  Vingtaine  de  la  draperie,  et  par  suite  antidatée  d'un 
siècle,  en  a  fourni  un  premier  exemple.  Nous  en  trouvons  un 
autre  dans  V Essai  sur  Adan\  où  on  lit,  non  sans  quelque 
surprise  :  «  Les  échevins  avaient  usurpé  ces  fonctions  (de  ré- 
partiteurs de  la  taille)  que  la  démocratique  ordonnance  du 
pieux  roi  ne  leur  attribuait  aucunement.  » 

Ces  derniers  mots  visent  une  prescription  réglementaire  ins- 
tituant dans  les  villes,  —  on  ne  sait  lesquelles,  —  des  commis- 
sions de  répartiteurs  élus  :  acte  informe,  sans  intitulé,  sans  date, 
que  de  Laurière  a  classé  néanmoins  parmi  les  ordonnances 
de  saint  Louis,  en  y  joignant  en  note  un  passage  de  Beau- 
manoir  tiré  des  Coutumes  du  Beauvoisis.  Au  point  de  vue 
général^  ces  textes  ont  leur  importance;  mais  en  quoi  con- 
cernent-ils Arras?Les  villes  privilégiées  du  comté  échappaient 
à  l'action  directe  des  ordonnances  du  roi  sur  la  police  de  ses 
domaines.  Elles  étaient  régies  par  leurs  chartes  constitution- 
nelles, en  même  temps  que  par  leurs  coutumes,  celles-ci  con- 
temporaines de  leur  première  organisation  politique.  La  taille 
s'y  rattachant  devait,  comme  le  reste,  rentrer  dans  les  attri- 
butions de  leur  suprême  organe  administratif.  L'échevinage 
n'avait  donc  rien  usurpé. 

Nos    satires,    d'ailleurs  muettes   sur  ce  grief,  ne  nous  en 


1.  M.  Guy  renvoie  fréquemment  à  une  charte  des  Archives  du  Pas-de- 
Calais  cotée  A,  108,  sans  en  indiquer  la  date.  Le  lecteur  poui-rait  croire 
qu'il  s'agit  d'un  document  du  temps.  C'est  une  ordonnance  de  Philippe  le 
Hardi,  duc  de  Bourgogne  et  comte  d'Artois,  du  20  avril  1.387,  réformant  la 
perception  de  la  taille  communale  pour  l'adapter  aux  nécessités  budgétaires 
du  moment.—  La  C/troniquc  de  ht  cilln  d'Arras,  du  greffier  Bâcler,  publiée 
en  1766,  peut  encore  moins  éclairer  la  question.  V.  Essai  sur  Adan  de  le 
Halo,  p.  90,  note  2. 

2.  Ch.  iiL  p.  90. 


152  A.    GUESNON 

disent  guère  plus  sur  la  nature  et  l'importance  du  subside  qui 
souleva  ces  débats.  Un  chiffre  de  vingt  mille  livres  s'y  heurte 
à  une  somme  de  vingt-sept  mille,  sans  qu'on  s'explique  d'où 
vient  la  différence.  On  ne  sait  pas  davantage  s'il  s'agissait  de 
la  taille  ordinaire  ou  d'une  taille  extraordinaire.  D'après  la 
charte  de  1270'  costuma  que  vintena  Docatur,  la  «  vintaine  » 
de  la  pièce  II,  32,  semblerait  désigner  une  taille  permanente. 
Cependant  M.  Guy  n'hésite  pas  à  la  déclarer  extraordinaire, 
et  il  part  de  cette  donnée  pour  expliquer,  comme  il  suit,  l'en- 
chaînement des  faits: 

On  sait  que  Louis  IX  leva  des  aides  en  1267,  à  cause  de  la 
chevalerie  de  Philippe,  son  fils,  et  de  la  croisade.  En  1268,  son 
neveu  Robert  fit  à  son  tour  appel  aux  bonnes  villes  d'Artois 
pour  l'expédition  d'outre-mer.  Ces  subsides  réclamés  d'une 
seule  fois  grevèrent  les  contribuables  et  suscitèrent  de  nom- 
breux mécontentements.  De  là  les  troubles  d'Arras.  Ils  écla- 
tèrent en  1269,  et,  cette  même  année,  «  le  fils  de  maître  Henri 
fut  banni')).  Telle  est  la  conclusion. 

La  date  de  1269  assignée  par  M.  Guy  à  l'affaire  de  la  taille 
n'est  pas  une  hypothèse  nouvelle;  elle  avait  été  proposée  par 
P,  Paris',  bien  que  le  savant  académicien,  ait  montré  quelque 
préférence  pour  1260  \  —  car  on  peut  néghger  la  date  1280 
qu'il  a  hasardée  plus  tard,  à  la  suite  d'un  historien  local  mal 
informé'.  Monmerqué,  au  contraire,  avait  fixé  son  choix  sur 

1.  Inc.  chron.  des  c/i.  de  (a  cille  d'Arras,  Doc.  XXXVII,  p.  36. 

2.  Essai,  p.  142. 

3.  Les  Manuscrits  français  de  la  Bihl.  du  roi.  t.  III,  p.  2.35  (1840). 

4.  Enci/cl.  ralhol^,  t,  I,  p.  338  (18.38).  et  Hist.  lilt.,  t.  XX,  p.  661. 

5.  «  En  1280,  il  y  eut  une  taille  mal  assise,  mal  distribuée,  mal  perçue... 
Nous  gardons  encore  à  la  Bibliothèque  du  Roi  de  nombreuses  pièces  sati- 
riques sur  le  scandale  de  la  taille  mal  assise.  »  —  (V.  art.  Arras  dans 
Aristide  Guilbert,  Hisi.  des  cilles  de  France,  t.  III,  p.  322  (1845).  P.  Paris 
emprunte  cette  date  et  le  reste  du  paragraphe  à  Dom  Devienne,  qui  a  commis 
en  cet  endroit  les  plus  étranges  confusions,  prenant  Marguerite  de  France, 
comtesse  de  Flandre,  d'Artois  et  de  Bourgogne  en  1380,  pour  Mahaut, 
comtesse  d'Artois,  qu'il  place  en  1280,  et  rapportant  à  celle-ci  des  événements 
qui  n'eurent  lieu  qu'un  siècle   plus  tard  (Dom  Devienne,  Hist.   d'Artois, 


LA  SATIRE  A  ARRAS  AU  XIII*  SIÈCLE  153 

1265-1266',  opinion  généralement  adoptée  par  les  érudits. 
Si  Arras  possédait,  comme  certaine  ville  voisine,  les  séries 
de  ses  échevins  pendant  la  seconde  moitié  du  xur  siècle,  la 
satire  nous  donnant  les  noms  des  inculpés,  on  aurait  vite  ré- 
solu le  problème.  Mais  jusqu'ici  cette  longue  période  n'a  fourni 
à  nos  recherches  que  des  fragments  clairsemés  et  très  peu  de 
listes  complètes.  Encore  est-on  fort  heureux  d'avoir  à  peu  près 
celle  de  1264-65,  et,  pour  chacune  des  années  suivantes, 
quelques  noms  disséminés  dans  de  trop  rares  chirographes,  jus- 
qu'en février  1268,  n.  st.  A  partir  de  là,  plus  rien  avant  sep- 
tembre 1270'. 

trois'  partie,  p.  8).  Dans  le  récit  de  ces  mêmes  événements,  qu'il  emprunte 
à  son  tour  à  P.  Paris,  E.  Lecesne  se  contente  de  substituer  ciironologique- 
ment  Robert  II  à  Mahaut,  sa  fille  (Hist.  cl' Arras,  t.  I,  p.  135).  Cf.  Inc. 
chron.  des  ch.  de  la  rille  d' Arras,  Doc.  CXXXII,  charte  de  Marguerite, 
du  23  juillet  1379. 

1.  Tiicàtre  fr.  an  inoj/pn  àf/r,  p.  25. 

2.  Voici  les  échevins  que  j'ai  relevés  de  1260  à  1270  :  1260,  rien.  —  1261, 
mai  :  Andrieus  Louchars  et  Jehans  li  Waidiers  ;  octobre  :  Henris  de  Castel  et 
Ghilebers  Belins  (Hôp.  Saint- Jean-en-l'Estrée,  Saint-Jacques).—  12Q2,  fév., 
n.  st.  :  Tibaus  Reviaus  et  Andrieus  Loucars  ;  octobre  :  Andrieus  Louchars, 
TibausReviaus,  Henris  de  Castel  etTumasli  Normans.  —  1263,  janv.,  n.st.: 
Jakemes  Trauelouehe,  Jakeines  li  Taillieres  et  Robers  Crespins  (ihid.)  ; 
28  mars  :  Johannes  Cosses,  Petrus  Guidonis,  Nicholaus  de  Courcellis, 
Willelmus  Vitulus,  Jacobus  li  Caudreliers,  Johannes  Parens,  Johannes  de 
Hees  (Bibl.  d'Arras.  Le  Pez,  ms.  316,  p.  204);  avril:  Jehans  Parens  et 
Tibault  du  Bos  (Inc.  des  c/t.  de  la  Ville,  Doc.  XXXVII)  ;  mai  :  Nicholes 
de  Courceles  et  Jehans  Cosses  (Hôp.  Saint-Jean).  —  1264,  rien.  —  1265, 
28  févr.,  n.  st.  :  Robers  Auris  et  Adans  li  Markaans  ;  avril  :  Hues  Louchars 
et  Adans  li  Markaans  (Hôp.  Saint-Jean);  avril  :  Watiers  de  le  Vigne^ 
Jehans  Huquediu.  Robers  li  Normans,  Baudes  Bêchons,  Baudes  Fastous, 
Waghes  Wions,  Pierres  li  Waisdiers,  Mahias  d'Anzain,  Robers  Crespins 
(Bibl.  d'Arras,  Le  Pez,  ms.  316,  p.  261).  —  1266,  juin  :  Robers  li  Normans 
et  Wautiers  de  le  Vigne.  —  1267,  janv.,  n.  st.  :  Gilles  li  Rois,  Robers 
Auris,  Pieres  li  Anstiers,  Willaume  as  Paus  ;  juin  :  Tumas  li  Normans  et 
Jehans  Naimmeris  (Hôp.  Saint-Jean).—  1268,  n.st.,  1'"  semaine  de  février  : 
Estevenes  de  Souces,  Robers  Auris,  Jakemes  li  Caudreliers  (Collection  Gilet, 
chirogr.  orig.).  —  1269,  rien.  —  1270,  sept.  :  Jakemes  Foubers,  Pieres  li 
"Waisdiers  et  Tumas  li  Normans  ;  octobre  :  Estievenes  de  Souces  et  Pieres 
li  Waidiers  (Arch.  de  l'hôp.  Saint- Jean-en-1'Estrée,  Saint-Jacques^ 
chirogr.). 


154  A.    GUESNON 

Or,  de  Pâques  1265  à  février  1268,  période  d'ailleurs  exten- 
sible %  nulle  part  on  ne  trouve  place  pour  la  liste  de  la  satire; 
elle  est  partout  en  discordance  avec  les  données  des  cliiro- 
graplies.  Reste  l'intervalle  qui  suit,  où,  jusqu'à  présent,  elle 
ne  rencontre,  de  ce  chef,  aucune  fin  de  non  recevoir.  Théo- 
riquement donc,  l'échevinage  qu'elle  représente  pourrait  être 
supposé  à  cheval  sur  1268-1269,  ou,  si  l'on  veut,  sur  1269-1270  ; 
mais  alors  surgit  une  autre  difficulté. 

On  a  vu  que,  lorsque  la  satire  dernière  fut  composée,  l'éche- 
vinage en  cause  avait  perdu  le  tiers  de  son  effectif;  quatre 
membres  sur  douze  étaient  morts.  Il  avait  dû  conséquemment 
s'écouler  un  certain  laps  de  temps  entre  la  sortie  de  charge  de 
ces  douze  échevins  et  les  récriminations  dont  les  survivants 
sont  ici  l'objet.  D'autre  part,  saint  Louis  mourut  le  26  août  1270. 
Faudrait-il  donc  renvoyer  au  temps  de  Philippe  le  Hardi  une 
manifestation  littéraire  dont  toutes  les  allusions  portent  le 
cachet  incontestable  du  règne  précédent?  La  conséquence 
condamne  l'hypothèse. 

Malgré  tout,  ce  n'est  encore  là  qu'un  argument  d'invrai- 
semblance, qui,  s'il  était  isolé,  risquerait  fort  de  laisser  des 
chances  à  quelque  échappatoire.  Mais  on  n'a  pas  que  des  con- 
jectures à  opposer  au  choix  de  l'année  1269;  le  Nécrologe  nous 
fournit  une  preuve  directe  autrement  décisive  dans  les  actes 
de  décès  des  personnages  mêmes  de  cette  revue  satirique. 
Voici  entre  autres  dates  celles  qu'on  y  relève: 

Pierre  Wion  (Guido),  un  des  huit  échevins  survivants,  mort 
vers  octobre  en  1268  (2"')^;  Guillaume  as  Paus,  si  souvent  men- 
tionné dans  nos  pièces,  même  année,  peu  après  la  Pentecôte 
1268  (1')  ;  Josiel  Esturion,  qui  les  précéda,  en  octobre  1267  (2')  ; 

1 .  La  durée  de  l'échevinage  était  de  quatorze  mois  ;  et,  dans  les  relevés 
qui  précédent,  on  ne  peut  savoir  à  quelle  partie  de  cette  période  correspond 
la  mention. 

2.  Le  chiffre  qui  suit  une  date  tirée  du  Nècrologe  est  celui  du  terme  de 
l'année  auquel  le  nom  appartient  :  1,  de  la  Pentecôte  à  la  Saint-Rémi; 

o2,  de  la  Saint-Rémi  à  la  Purification  ;  3,  de  la  Purification  à  la  Pentecôte. 
Le  chiffre  minuscule  indique  le  numéro  d'ordre. 


LA  SATIRE  A  AURAS  AT  X1II«  SIÈCLE  155 

enfin  Bertoul  Verdière,  cet  usurier  que  les  Vers  de  la  Mort 
nous  représentent  un  pied  dans  la  tombe,  sinon  les  deux,  tré- 
passé vers  octobre  en  1266  (2*)  \ 

L'autorité  des  chiffres  force  donc  la  composition  de  la 
satire  à  rétrograder  d'un  certain  nombre  d'années,  et  ce  mou- 
vement de  recul  entraînant  tout  le  reste,  l'édifice  si  artistement 
construit  autour  de  1269  s'écroule  de  fond  en  comble. 

Ce  n'est  pas  tout:  après  cette  première  étape  en  arrière,  l'hy- 
pothèse va  devoir  en  franchir  une  seconde.  On  a  lu  plus  haut 
les  noms  des  quatre  échevins  décédés  avant  que  la  satire  fût 
écrite.  De  ces  quatre  décès  nous  avons  les  dates,  trois  cer- 
taines et  une  approximative.  La  dernière  résulte  d'une  charte 
de  mars  1265,  n.  st.,  où  il  est  fait  mention  de  feu  Copin  Doucet, 
autrement  dit  Jacques  Doucet".  Voici,  maintenant,  dans  un 
ordre  rétrograde,  celles  des  trois  autres  échevins  d'après  le 
Nécrologe  :  GrartRevel  (Reviaus),  1262,  2'';  Robert  Maraduit, 
1262,  1'  ;  Jean  le  Vinier  1260,  l^ 

Donc,  à  moins  de  récuser  le  témoignage  du  registre  de  la  con- 
frérie, ou  de  s'inscrire  en  faux  contre  le  caractère  nécrologique 
que  nous  lui  avons  attribué,  on  sera  forcé  de  conclure  :  1°  que 
l'échevinage  incriminé  siégea  antérieurement  à  la  Pentecôte 
1260;  2°  que  la  composition  de  la  satire  où  on  l'invective  est 
postérieure  à  la  Pentecôte  1262. 

l\  nous  reste  un  dernier  point  à  examiner,  celui  des  répres- 
sions. 

Elles  auraient  été    terribles,   d'après  le   récit   dramatique 

1,  Les  douzains  CIV  et  CV  des  Vers  de  la  mort  sont  relatifs  à 
Bertoul  Verdière.  Le  premier  nous  le  montre  accablé  de  vieillesse  et  fait 
allusion  à  son  testament,  le  second  semble  dire  qu'il  est  mort.  Le  poème 
serait  donc  de  la  fin  de  cette  année  1266. 

2.  En  mars  1259,  v.  st.,  Jakemon  Doucet  reçoit  quittance  d'une  rente 
sur  son  manoir  de  Demencourt  (Duchesne,  Bùtlnine,  preuves,  p.  .38.3). 
C'est  le  manoir  «  ultra  pontem  de  Miaulens  »,  inscrit,  en  1261,  au  nom  de 
Copinus  Douces  dans  les  Hostaf/ia  de  l'église  N.-D.,  f  38  (B.  N.,  lat. 
10972).  Le  Doc.  XXXIl  de  VInv.  chron.  des  rhartos  de  Ui  ville  d'Arras 
est  un  acte  de  vente  consentie  par  la  veuve  de  Copin  Douchet,  avec  la 
garantie  de  ses  enfants,  31  mars  1265,  n.  st. 


156  A.    GUESNON 

qu'en  a  fait  M.  Guy.  Non  seulement  «  les  inculpés  furent  pour 
la  plupart  complètement  dépouillés  ^  »,  —  ce  qui  est  déjà  une 
singulière  aggravation  de  la  pénalité  fiscale  alors  en  usage, — 
mais  ils  durent  prendre  le  chemin  de  l'exil  : 

((  Une  longue  caravane  de  proscrits  quittait  le  territoire. 
L'échevin  fuyait  à  côté  du  membre  de  la  Vintaine  et  le  bour- 
geois parjure  accompagnait  le  magistrat  partial.  Contrôleurs  et 
contrôlés,  taillés  et  tailleurs  subissaient  semblable  sort,  et  se 
rencontrant  hors  des  frontières  du  pays,  ils  se  réconciliaient 
dans  la  communauté  du  malheur,  oubliaient  leurs  griefs  réci- 
proques afin  de  maudire  et  de  combattre  le  même  adversaire, 
c'est-à-dire  le  seigneur  ou  le  souverain.  —  Voilà  précisément 
ce  qui  advint  à  Arras  lorsque  Adam  en  fut  chassé.  La  haute 
société  sévit  mutilée  d'un  seul  coup,  édiles  et  contribuables^  » 

Il  est  au  moins  étrange  qu'aucun  chroniqueur,  qu'aucun 
document  d'archives  ne  rappelle  un  si  gros  événement,  —  je 
passe  sur  la  conspiration  des  émigrés,  fantaisie  historique  em- 
pruntée, comme  accessoire,  à  des  souvenirs  beaucoup  moins 
anciens.  Mais  la  proscription,  qui  donc  en  parle  ?  Ce  n'est  pas 
la  satire  :  l'auteur  ne  cesse  de  crier  vengeance,  il  appelle  la 
répression,  il  l'annonce,  il  menace,  et  la  répression  ne  vient 
pas.  C'est  précisément  cette  impunité  scandaleuse  qui^  jus- 
qu'au dernier  vers,  lui  a  mis  «  le  deuil  et  l'ire  »  au  cœur  et  l'in- 
jure à  la  bouche'. 

1.  Essai  sur  Adan  de  le  Halo,  p.  9.3,  note  4. 

2.  Ihid.,  p.  94. 

3.  Je  ne  vois  dans  la  dernière  satire  qu'un  passage  susceptible  de  fournir 
un  argument  à  la  thèse  de  l'exil  des  échevins,  et  M.  Guy  ne  l'a  pas  relevé. 
Le  voici  : 

V.  234        Or  ne  vuel  plus  parler  de  ces 
K'il  sont  en  estrange  païs; 
•Se  j'en  di  plus  iere  haïs. 

En  se  reportant  à  la  lin  de  notre  analyse  de  la  pièce  XXIV,  on  voit  que 
ces  vers  suivent  l'énumération  des  douze  échevins  inculpés,  dont  quatre 
sont  morts:  «  Je  ne  veux  plus  parler  de  ces  (coupables),  puisqu'ils  sont  en 
pays  étranger.  »  A  qui  rapporter  ces  ?  Aux  huit  survivants  ou  aux  quatre 
trépassés?  —  car  ce  serait  un  non-sens  de  l'entendre  à  la  fois  des  deux 
groupes.   Dans  la   première  alternative,   l'absence  des   anciens   échevins 


LA  SATIRE  A  ARRAS  AU  XIII®  SIÈCLE  157 

Le  Motet  d'Adam  est-il  plus  explicite  ?  Son  thème  le  rattache 
au  Confié:  les  doux  font  pendant,  c'est  le  môme  son  de  cloche. 
On  les  a  disjoints,  arl)itrairement  otàtort;  nous  verrons  pour- 
quoi. En  attendant,  que  disent-ils  ?  Qu'Arras  est  «  fourmenés  », 
—  quand  ne  le  fut-il  pas?  —  qu'on  n'y  fait  que  mentir;  qu'il 
n'y  «  court  ni  droit  ni  loi  »  ;  qu'on  n'y  aime  que  l'argent;  que 
la  convoitise  des  gouvernants  a  épuisé  la  bourgeoisie;  que  les 
riches  (Pierre  Poucin  par  exemple)  désertent  Arras  pour  la 
Cité;  que  la  \'ille  dépérit  et  se  dépeuple  au  profit  de  sa  voisine; 
qu'enfin,  abandonnant  tout,  foyer,  afïaires,  amis,  les  opprimés 
s'en  vont  tristement,  «  ça'Meux,  ça  trois  )),  chercher  hors  d' Arras 
un  séjour  moins  inhospitalier. 

Ce  spectacle  n'était  pas  rare  dans  notre  bourgeoisie  indus- 
trielle. Quand  les  charges  imposées  à  l'association  devenaient 
intolérables,  une  crise  éclatait,  la  lutte  des  classes  passait  à 
l'état  aigu,  on  rompait  le  pacte  et  l'exode  commençait  \ 

On  comprend  qu'émigrant  lui-même,  le  trouvère  ait  pu  forcer 
quelque  peu  la  note  de  l'émigration;  il  aura  sans  doute  poussé 
au  noir  le  fond  du  tableau  pour  que  sa  personnalité  ressorte 
mieux  au  premier  plan.  Mais  parle-t-il  de  bannissement?  Nulle 
part.  Où  se  voit  donc  «  cette  longue  caravane  de  proscrits  » 
qui  semble  vouloir  rappeler  l'expulsion  en  masse  des  habitants 
d'Arras  par  Louis  XI  en  1479  ?  Dans  l'imagination  des  bio- 
graphes, pas  ailleurs. 

pourrait  s'expliquer  par  une  absence  volontaire,  sans  qu'il  soit  néces- 
saire de  les  supposer  bannis.  Dans  la  seconde,  la  pensée  de  l'auteur  serait 
qu'il  se  tait,  parce  que  s'acharner  contre  ceux  qui  sont  partis  pour  l'autre 
monde,  «  en  estrange  païs  )),  peut  paraître  odieux.  L'itinéraire  équivoque 
tracé  par  le  poète  à  l'âme  d'Adam  de  Vimi  pour  ce  grand  i-o;iagc  est  dans 
le  ton  de  cette  périphrase.  J'ajoute  qu'il  n'était  pas  nécessaire  d'aller  bien 
loin  pour  être  en  «  pais  estrange  »  ;  Baude  Fastoul  appelle  ainsi  la  mala- 
drerie  où  il  doit  se  rendre,  aux  faubourgs  d'Arras.  Courir,  v.  519. 

1.  A  partir  de  1280,  on  voit  se  reproduire  les  mêmes  luttes  entre  «  le 
commun  et  les  grands».  Nous  avons  de  cette  époque  des  dénonciations  où 
l'on  trouve  formulés  en  prose  les  mêmes  griefs  que  nos  satires  exposent  en 
vers,  et  contre  les  mêmes  noms  de  l'oligarchie  financière.  L'analogie  est 
tellement  frappante,  qu'à  première  vue  ces  documents  semblent  se  rapporter 
à  une  seule  et  même  affaire. 


158  A.    GUESNON 

Ce  sont  eux  qui,  dès  le  début,  ont  établi  une  corrélation 
entre  les  satires,  le  Motet  d'Adam  et  le  Congé  de  Fastoul  ;  la 
subtilité  des  commentaires  a  fait  le  reste.  L'exil  du  trouvère 
artésien  et  son  séjour  à  Douai,  tel  est  le  fait  initial  qui,  par  un 
groupement  artificiel  de  témoignages  disparates,  a  déterminé 
l'orientation  de  la  critique  et  l'a  fourvoyée. 

M.  Guy  consacre  à  la  question  de  l'exil  tout  le  quatrième 
chapitre  de  son  ouvrage.  Après  avoir  établi  qu'il  eut  lieu  sous 
saint  Louis,  à  une  époque  que  les  satires  laissent  indéterminée, 
il  trouve  cette  détermination  dans  les  Vers  de  la  Mort.  D'une 
part,  ces  vers  font  allusion  à  l'affaire  de  la  taille;  de  l'autre, 
ils  ne  peuvent  être  que  de  l'année  1269  :  donc  il  faut  dater 
de  cette  même  année  le  Motet,  le  Congé  de  Fastoul,  le  bannis- 
sement des  parjures  et  celui  du  trouvère. 

On  connaît  déjà  la  réponse  du  Nécrologe  en  ce  qui  concerne 
cette  date  et  l'exil  des  bourgeois. 

Pour  celui  d'Adam  en  particulier,  une  autre  question  se 
posait  à  son  biographe,  celle  de  sa  durée.  Elle  n'aurait  guère, 
pense-t-il,  excédé  deux  ans.  Le  nouveau  roi  Philippe  III  vint, 
en  effet,  visiter  Arras  en  septembre  1271.  Il  ne  pouvait  faire 
moins  que  de  gracier  le  futur  ménestrel  du  comte  d'Anjou.  Il 
fit  mieux  :  tous  les  bannis  furent  compris  dans  une  amnistie 
générale.  Rapprochant  de  cette  date  certaines  lettres  de  janvier 
1272,  M.  Guy  conclut  qu'Adam,  exilé  en  1269^  gracié  en  sep- 
tembre 1271,  dut  revenir  de  Douai  entre  cette  dernière  date  et 
le  mois  de  janvier  suivant  \ 

Rien  de  plus  logique.  Il  n'y  a  qu'un  malheur,  c'est  que  toute 
cette  histoire  est  un  pur  roman.  Adam  ne  revint  pas  de  Douai, 
par  Texcellente  raison  qu'il  n'y  était  jamais  allé, — en  exil, 
s'entend.  Cette  fable  répétée  depuis  soixante  ans  par  tous  les 
biographes  n'a  d'autre  fondement  qu'une  méprise.  L'erreur 
provient  de  deux  strophes  du  Congé  de  Fastoul  mal  inter- 

1.  Les  lettres  en  question,  datées  de  janvier  1272,  sont  en  réalité  de  1273, 
date  qu'elles  portent  dans  notre  Inc.  chivnoL,  Doc.  XLIII.  On  a  omis  ici 
de  rectifier  le  style. 


LA  SATIRE  A  ARRAS  AU  XIII'  SIÈCLE  159 

prêtées.  Deux  personnages  différents  ont  été  fondus  en  un  ; 
en  voici  la  preuve: 

V.  469.     Cuers  en  cui  grans  anuis  s'aaire, 

Droit  à  Douai  te  convient  traire 

A  ceus  ki  d'Arras  sont  eskiu  ; 

Segneur  Henri  di  mon  afaire 

Et  Adan  son  fil,  puis  repaire, 

Si  pren  congiéà  Bertremiu. 

V.  493.     Anuis  que  je  sueffre  et  endure 

Me  fait  au  fil  maistre  Henri, 
Adan,  et  à  Lambert  Ferri 
Prendre  congié 

On  a  cru  que,  dans  ces  deux  passages,  l'auteur  se  répétait. 
Or,  nulle  part  dans  les  Congés  on  ne  voit  Bodel,  Fastoul, 
ni  Adam  adresser  une  seconde  fois  leurs  adieux  à  un  person- 
nage précédemment  salué.  Cette  réflexion  devait  suffire  à  elle 
seule  pour  faire  distinguer  les  deux  Henri  ci-dessus  et  les 
deux  Adam,  leurs  fils,  malgré  l'homonymie. 

Mais  il  y  a  plus  ;  la  distinction  saute  aux  yeux  à  la  simple 
lecture  :  l'un  est  seigneur  Henri,  l'autre  maître  Henri,  le  pre- 
mier un  laïc,  le  second  un  clerc.  Comment  a-t-on  pu  les 
confondre?  Le  père  de  notre  Adam  est  connu  partout  sous 
le  nom  de  maître  Henri.  Ce  n'est  donc  pas  son  fils  qui  était 
«  eskiu  »  à  Douai,  c'était  un  autre.  Le  trouvère  demeurait  tou- 
jours à  Arras,  puisque  c'est  à  Arras  que  Fastoul  le  salue 
en  compagnie  de  Ferri,  son  confrère  en  Apollon. 

Si  l'on  demande  quels  étaient  les  deux  transfuges  alors 
séjournant  à  Douai,  il  sera  naturellement  impossible,  sans  le 
nom  de  famille,  de  répondre  avec  certitude.  On  peut  cepen- 
dant supposer  entre  autres  Henri  de  Castel  et  son  fils  Adam  : 
le  premier,  échevin  en  1257,  poursuivi  à  cette  date  par  le  comte 
de  Saint-Pol,  comme  on  l'a  vu  ailleurs,  échevin  de  nouveau  en 
1262,  décédé  en  1275,  2'  ;  le  second,  reconnu  titulaire  d'une 
créance  sur  la  ville  de  Gand  à  la  mort  de  son  père,  témoin 
d'une  resaisine  en  1277,  mort  en  1298,  1'. 


160  A.    GUESNON 

Et  maintenant  que  reste-t-il  de  cet  ingénieux  échafaudage 
d'hypothèses  chronologiques  s'étayant  les  unes  les  autres  et 
soutenues  en  l'air  par  celle  d'un  bannissement  imaginaire  ?  L'il- 
lusion s'évanouit  et  l'obscurité  plane  de  nouveau,  aussi  épaisse 
que  jamais,  sur  cette  période  de  la  vie  du  trouvère  artésien. 

La  défiance  légitime  qu'inspire  cette  constatation  étend  l'in- 
certitude à  d'autres  points  de  la  biographie.  On  se  demande, 
par  exemple,  si  le  Congé  porte  une  date  plus  sûre  que  celui  de 
Fastoul,  —  que  celui  deBodel  surtout;  si  la  paternité  du  Jeu  de 
la  feuillée  est  aussi  certaine  qu'on  veut  le  croire;  si  le  Puy 
d'Arras  a  été  «  restauré  »  d'après  des  données  bien  incon- 
testables. 

Il  ne  saurait  entrer  dans  notre  pensée  d'examiner  incidem- 
ment des  questions  aussi  complexes  ;  elles  sont  d'ailleurs  en 
dehors  de  notre  sujet.  Mais,  puisque  maître  Henri  nous  a 
entraîné  à  les  poser,  nous  ne  terminerons  pas  sans  donner  sur 
ce  clerc  d'Arras  un  renseignement  inédit  qui  fournira  un  point 
de  repère  de  quelque  importance  pour  reconstituer  la  bio- 
graphie du  fils  :  «  Maistre  Henri  Bochu»  mourut  en  1291,  vers 
la  fin  de  mars.  Voir  le  Nécrologe. 


Additions  et  Corrections.  —  Sous  ce  litre,  M.  Jeanroy,  revenant 
page  163,  sur  le  vers  28  de  la  pièce  XVI  : 

Nus  menestreus  ne  doit  plakier, 
Mais  as  mauvais  grans  cols  dakier, 

modifie  la  ponctuation  en  ajoutant  une  virgule  après  mauvais.  Comme 
d'autre  part  le  Glossaire  traduit  ((  plakier  »)  par  appliquer,  assener,  la 
dernière  interprétation  serait  :  Nul  ménestrel  ne  doit  assener,  sauf 
aux  méchants,  de  grands  coups....  Mais  que  devient  dakier,  sur 
lequel  le  Glossaire  reste  muet?  Faut-il  comprendre //rans  cols  d'akierf 
Xous  pensons  que  la  première  ponctuation  est  la  bonne  ;  que  dakier 
est  un  verbe  à  expliquer  par  daca,  dague;  que  plakier  ne  signifie  pas 
«  assener  »,  mais  recouvrir  d'un  enduit,  au  figuré,  farder,  masquer, 
dissimuler.  C'est  ainsi  que  Fastoul  l'emploie  pour  affirmer  la  sincérité 
de  son  affection,  Congé,  v.  212  : 

Car  jes  aim  de  cuer  sans  plakier, 
Onques  ne  seuc  amer  a  gas. 


LA  SATIPxE  A  ARRAS  AU  XIII''  SIÈCLE  161 


APPENDICE 


LE   CONGE   DE   JEAN    BODEL 


Le  Congé  de  Bodel,  personne  n'en  doute,  fut  écrit  à  la  veille 
d'une  de  nos  grandes  expéditions  d'outre-mer,  soit  celle  de 
Constantinople,  1201-1204,  soit  celle  d'Egypte,  1248-1250'. 
Arthur  Dinaux  adopte  cette  dernière  date.  Paulin  Paris^  dans 
un  travail  plus  documenté,  s'était  prononcé  en  faveur  de  la 
première,  et  son  opinion  fut  admise  par  la  plupart  des  cri- 
tiques, depuis  M.  Gaston  Raynaud  jusqu'à  M.Wilhelm  Cloëtta. 

La  question  paraissait  donc  résolue,  lorsque  M.  Henry  Guy 
a  repris  dernièrement  pour  son  compte  la  thèse  de  Dinaux,  en 
reportant  la  date  du  Congé  à  1249  et  même  1250'.  Voici  les 
raisons  qu'il  oppose  à  l'argumentation  contraire  : 

1°  «  Avoeresse  de  Bétlume  et  dame  de  Tenremonde  »  n'est 
pas,  comme  le  prétend  P.  Paris  ',  une  qualification  s'appliquant 
exclusivement  à  Mahaut,  femme  de  Guillaume  le  Roux,  avoué 
d'Arras  sous  Philippe-Auguste.  On  la  retrouve  identiquement 
semblable  sur  le  sceau  d'une  autre  Mahaut,  celle-ci  femme  de 
Gui  de  Dampierre,  avoué  d'Arras  au  temps  de  saint  Louis. 

2"  Ansel  de  Beaumont,  celui  du  Congé,  ne  peut  être  non 
plus  identifié  sans  invraisemblance  avec  Anseau  de  Beaumont, 
cité  par  Henri  de  Valenciennes  au  nombre  des  seigneurs  de 
marque  qui  se  croisèrent  en  1202. 

3**  La  Pastourelle  de  Bodel,  où  P.  Paris  croit  voir  des  allu- 
sions aux  dissensions  tournaisiennes  de  1187,  s'applique  bien 

1 .  Moimierqué,  Théâtre  français  au  inot/rn  âfjr,  p.  158,  non  seulement 
fait  de  Bodel  «  le  contemporain  et  le  rival  d'Adam  de  la  Halle  et  de  Baude 
Fastoul  »,  mais  rattache  le  Congé  à  la  dernière  croisade  de  saint  Louis! 

2.  Essai  sur  la  cie  et  les  œuvres  du  trouvère  Adan  de  le  Haie,  appen- 
dice, p.  565. 

3.  Hist.  litt.,  t.  XX,  p.  610. 


182  A.    GUESNON 

plus  vraisemblablement  aux  dévastations  de  la  campagne  de 
Philippe- Auguste  dans  le  Nord  en  1213. 

4"  Les  personnages  du  Congé  relevés  par  M.  G.  Raynaud 
dans  divers  documents,  soit  à  la  fin  du  xii*',  soit  au  commence- 
ment du  xiii"  siècle,  se  retrouvent  cités  ailleurs  à  des  époques 
plus  récentes,  ce  qui  frappe  d'incertitude  les  identifications 
proposées. 

Le  terrain  une  fois  déblayé  par  cette  argumentation  néga- 
tive, M.  Guy  cherche  à  réunir  un  faisceau  de  vraisemblances 
favorables  à  sa  thèse,  commentant  habilement  diverses  parti- 
cularités du  texte,  invoquant  certaine  date  de  fondation  de  «  la 
tour  du  petit  marchié'  »,  alléguant  surtout  la  mention  d'un 
Bretel  et  d'un  Bauduin  Fastoul  dans  le  Congé,  pour  faire  de 
Bodel  le  contemporain  des  deux  trouvères  leurs  homonymes 
et  ramener  à  la  première  croisade  de  saint  Louis  la  date  de 
cette  composition. 

L'examen  du  problème  nous  parait  conduire  à  une  solution 
toute  différente. 

Sur  le  premier  point,  rappelons  d'abord  que  P.  Paris  a 
devancé  la  critique  en  corrigeant  lui-même  en  note  ce  qu'il  y 
avait  de  trop  absolu  dans  l'affirmation  contestée  ^  Mais  il  n'en 
est  pas  moins  vrai  que  son  flair  avait  rencontré  juste.  En 
dehors  des  qualifications  officielles  qui,  grâce  à  l'homonymie, 
semblent  confondre  aujourd'hui  la  grand'mcre  avec  sa  petite- 
fille,  l'usage  vulgaire  des  surnoms  d'origine  permettait  aux  con- 

1.  La  date  vraie  de  l'érection  de  cette  pyramide  est  1200,  comme  le  dit 
Paulin  Paris,  d'après  l'antique  inscription  lapidaire  relevée  lors  de  la 
démolition  de  l'édifice,  en  1791,  et  dont  le  fac-similé  est  conservé  à  la  Bibl. 
Nat.,  Cabinet  des  Estampes,  topographie  du  Pas-de-Calais.  Arnould  de 
Raisse  (Raissius)  l'a  publiée  deux  fois,  en  1628  et  1634.  Les  bénédictins 
D.  MartèneetD.  Durand,  lors  de  leur  Voi/ki/c,  ont  lu  comme  lui  1200.  Dans 
cette  même  inscription,  Gazet,  prenant  l'abréviation  onciale  de //rrr  pour  XV, 
Imprima  1215.  Le  p.  Fatou  a  copié  l'erreur,  et  la  fausse  date,  pieusement 
recueillie  parles  modernas  historiens  de  la  Sainte-Chandelle,  conti'e-balaiice 
aujourd'hui  la  vraie  dans  la  chronologie  officielle  de  l'institution.  C'est  là  ce 
qui  a  trompé  M.  Guy. 

2.  Hist.  li.t(.,  t.  XX,  p.  795. 


LA  SATIRE  A  ARRAS  AU  XIll''  SIECLE  163 

temporains  de  distinguer  du  premier  coup  une  Mahaut  de 
Tenremonde  d'une  Mahaut  de  Bcthune.  C'est  d'après  cet 
usage  que  l'expression  de  Bodel  nous  parait  devoir  s'inter- 
préter. 

Est-il  besoin  d'ajouter  qu'il  n'exista  jamais  d'avouerie  de 
Bétliune,  mais  seulement  une  seigneurie  de  ce  nom,  titulaire 
de  l'avouerie  d'Arras?  «  Avoué  deBéthune  »  n'est  qu'une  abré- 
viation courante  pour  a  seigneur  de  Béthune,  avoué  d'Arras  ». 
Le  «  châtelain  de  Beaumés  »,  ainsi  désigné  v.  446,  était  a  sei- 
gneur de  Beaumés,  châtelain  de  Bapaume  ».  On  disait  de 
même  «  le  vidame  de  Picquigni  »  pour  «  le  seigneur  de  Pic- 
quigni,  vidame  d'Amiens  ».  «  Avoeresse de  Béthune»  ne  prêtait 
alors  à  aucune  ambiguïté. 

Pour  Ansel  de  Beaumont,  la  critique  est  dans  le  vrai.  Non 
seulement  l'Anseau  en  question  n'a  rien  de  commun  avec  la 
bourgeoisie  d'Arras,  ni  son  Beaumont  avec  le  Beaumont  d'Ar- 
tois, mais  il  y  a  plus  :  de  ce  qu'au  nom  de  Wibert  de  Beau- 
mont Bodel  accole  celui  d' Ansel,  il  ne  s'ensuit  nullement  qu'on 
doive  joindre  au  second  le  complément  toponymique  du  pre- 
mier. Wibertus  de  Bellomonte  nous  est  connu  ;  il  faisait  partie 
de  l'échevinage  en  1201.  L'autre  bourgeois,  bien  que  plus 
incertain,  parait  être  Ansel,  frère  du  maire  d'Arras  Sauwalon, 
témoin  d'une  transaction  en  juillet  1206,  décédé  en  1247',  l'\ 

1.  M.  Wilhelm  Cloetta  n'admet  pas  non  plus  l'identification  supposée^ 
mais  pour  une  raison  toute  particulière.  D'après  le  critique  allemand, 
l'Ansel  du  Conr/ô  et  l'Anselme  ou  Anciaume  de  la  chronique  porteraient 
deux  noms  «  absolument  différents  »  (Die  beiden  Namen  sind  durchaus 
verschieden.  Av chic  fur  das  Stndluin  der  ncucrcn  Sprachen  und  Littcra- 
turcn,  t.  XCI  (1893),  p.  30).  Cette  opinion  nous  paraît  insoutenable;  Ansel- 
mus,  Ansellus,  Ansiauine,  Aiisicus,  An.srl,  Anseaa  ne  sont  que  les  formes 
diverses  d'un  seul  et  même  nom.  Il  suffit  pour  s'en  convaincre  de  consulter 
le  Rec.  des  Hlstor.  de  la  France^  t.  XVII-XXIV,  où  l'on  rencontre  notam- 
ment Anselmus,  Ansellus,  Anscaii,  évêque  de  Meaux,  1197.  —  Anselmus, 
Ansiaus,  Ansials,  Anslel  de  Kaieu,  1203-1221.  —  Anselmus  de  Insula, 
Ansiaus,  sires  de  Lille,  dans  le  texte  bilingue  de  Guillaume  de  Nangis, 
1239  (Cf.  Mousket  en  1234).  —  Anselmus  de  Triangulo,  Anseau  de 
Traijnel  (Cf.  OJim,  1259-1260).  —  Anselmus  de  Capriosa,  A /iscau  de  Che^ 
vveuse,  1304,  etc.  Les  sceaux  des  seigneurs  d'Aigremont,  1227-1330,  portent 


164  A.    GUESNON 

L'interprétation  de  la  Pastourelle  n'est  pas  moins  sujette  à 
controverse.  Il  est  incontestable  que  l'hypothèse  de  1187  s'adapte 
mal  aux  allusions   historiques   et  topographiques    des    deux 

couplets  : 

En  ceste  contrée.  . . 
Li  François  i  ont  esté 

Ki  trop  l'ont  gastée. 

Sire,  estes  vous  des  eschis 

Ki  J'iaue  ont  passée, 
Qui  de  l'autre  part  le  Lis 

Font  lor  assamblée  ? 
Trecheor  et  foimentis 

Etgent  parjurée! 


Mais  est-il  donc  nécessaire,  pour  expliquer  ces  vers,  de  des- 
cendre avec  M.  Schultz  jusqu'à  la  campagne  de  Bouvines,  en 
1213  et  1214'  ?  Jene  le  crois  pas.  Les  événements  politiques  et 
militaires  auxquels  ils  ont  trait  sont  évidemment  ceux  de  1197- 
1198,  que  relatent  tous  nos  historiens:  l'invasion  de  l'Artois 
par  Baudouin,  comte  de  Flandre,  la  prise  de  Saint-Omer,  d'Aire 
sur  la  Lys,  de  Lillers,  le  siège  d'Arras;  puis  l'entrée  en  cam- 
pagne de  Philippe-Auguste,  la  délivrance  d'Arras,  le  passage 
de  la  Lys  par  les  Français  auprès  d'Aire,  la  tentative  sur 
Ypres,  etc". 

indifféremment,  comme  les  textes,  Anselmus,  Anso.l,  Anslel  (Demay, 
Sceaux  do  Flandre).  —  Le  frère  du  maire  d'Arras  est  appelé  Anselmus  au 
Cnrtiil.  du  chapiire  en  1206  et  dans  un  titre  de  1225  aux  Arch.  nat., 
S,  5208,  Ansellus  à  l'obituaire  (ms.  305,  23  avril)  (ms.  .305,  23  avril); 
Ansiaus  dans  un  acte  original  d'entreravestisseraent  de  1246  aux  Arch.  du 
Pas-de-C,  Ansel  axiNècrologc,  1247,  1-*. 

1.  Zelischriftfur  romanischc  Philolofjie,  t.  VI,  p.  387-390. 

2.  Jac.  Meyer,  Annales  reriun  Flandr.,  p.  61.  —  Hennebert,  Hist.  ;/ên. 
d'Artois,  t.  II,  p.  293.  —  Dom  Devienne,  HisL  d'Artois,  seconde  partie, 
p.  127.  —  Achmet  d'Héricourt^  Les  Sièges  d'Arras,  p.  34.  —  E.  Lecesne, 
Hist.  d'Arras,  t.  I,  p.  113.  L'opinion  de  M.  Cloëtta,  qui  fl.<e  au  printemps 
de  l'année  1199,  la  composition  de  la  Pastourelle,  n'a  donc  rien  que  de  très 
vraisemblable.  V.  Archio  fur  das  Stud.  d.  n.  Sprachcn,  t.  XCI,  p.  46. 
Cf.  Essai  sur  Adan  de  le  Haie,  p.  551. 


LA  SATIRE  A  ARRAS  AU  XlII''  SIÈCLE  16o 

Sans  s'arrêter  à  ces  discussions  collatérales,  M.  Gaston  Ray- 
naud  a  pensé,  non  sans  raison,  que  la  solution  directe  du  pro- 
blème doit  se  trouver  dans  l'identification  des  personnages 
cités  au  Congé.  C'est  dans  ce  sens  qu'il  a  dirigé  ses  recherches; 
et  si  elles  n'ont  pas  abouti,  du  moins  quant  aux  précisions, 
la  faute  en  est  à  l'erreur  commune  sur  le  véritable  caractère  du 
Registre  de  la  confrérie. 

Reprenant  donc  l'enquête  d'après  les  nouvelles  données 
nécrologiques,  nous  allons  demander  à  une  statistique  rigou- 
reuse quels  sont,  parmi  les  personnages  du  Congé,  ceux  dont 
la  mort  certaine  est  antérieure  à  1248,  et  quels  sont  ceux  qui 
survivaient  à  cette  date.  La  balance  des  chiffres  décidera 
entre  les  deux  systèmes  contraires. 

Le  Congé  comprend,  au  maximum,  cinquante  indications 
personnelles,  dont  treize  consistent  en  titres,  prénoms  et 
autres  signalements  trop  vagues  pour  qu'on  puisse  reconnaître 
et  affirmera  priori  l'identité  de  ceux  auxquels  ils  s'appliquent  '. 

Dix  autres  personnages,  plus  clairement  désignés,  n'ont  laissé 
aucune  trace  au  Nécrologe,  non  plus  que  dans  les  autres  docu- 
ments du  temps  :  ce  qui  porte  à  vingt-trois  le  chiffre  des 
récusations  préalables". 

Reste  donc  à  recueillir  vingt-sept  témoignages.  Ils  se  répar- 
tissent de  la  manière  suivante  : 

Dix  noms  inscrits  dans  les  listes  mortuaires  de  la  première 


1.  DansMéon.  Vers  26  :  L'oncle  et  le  neveu.  —V.  218  :  Baudeet  Tumas. 
—  V.  229  :  Le  monoier.  —  V.  2.5.3  :  Baude.  —  V.  .322  :  Li  markeant.  — 
V.  .3G2  :  Bernart.  —  V.  403  :  Signor  Mahiu.  —  V.  424  :  Le  castelain  de 
Biaumés.  —  V.  446  :  Le  castelain  d'Arras  et  Bauduin  son  fils.  —  V.  4.59  : 
Le  maire  d'Arras.  —  V.  475  :  L'avoeresse  de  Béthune. 

2.  Vers  73  :  Robert  Werri .  —  V.  169  :  Waignet.  —  V.  157  :  Waubert  le 
Clerc.  —  V.  180  :  M'"  Renaut  de  Biauvais.  —  V.  316  :  Pieron  Wasket.  — 
V.  319  :  Huon  Durant.  —  V.  350  :  Baude  Bolard.  —  V.  362  :  Robert  al 
Dent.  —  V.  410  :  Jofroi  le  Mire.  —  V.  437  :  Wibert  de  le  Sale. 

M'  Renaut,  ce  trouvère  ignoré,  me  paraît  être  l'auteur  du  très  remar- 
quable serventois  publié  par  Jubinal  sous  le  nom  de  maître  Renas  {Hist . 
lut.,,  XXIIl,  705).  Waignet  rappelle  «  Caignés  vielère  »  f  1200,  2'  et  Baude 
Bolart  pourrait  être  à  «  Bodart  Baldus  »  f  1203,  3^ 

Moyen  Age,  t.  XIII  12 


166  A.    GUESNON 

partie  du  siècle  se  retrouvent  également  dans  la  seconde,  de 
sorte  que  l'homonymie  en  laisse  tout  d'abord  l'attribution 
llottante  entre  les  deux  hypothèses \ 

Deux  noms  seulement  sont  postérieurs  à  1250'. 

En  revanche,  il  y  a  dans  le  Cofujc  quinze  mentions,  toutes 
antérieures  à  1248^  qu'on  ne  rencontre  plus  à  Arras  après  cette 
date,   ni   dans  le  Nécrologe   ni  ailleurs'.   Le  poids  de  cette 

1.  Vers  16  :  Jehan  Bosket,i- 1227,  3'*,  peut-être  oncle  ou  neveu  (v.  26)  de 
Balduinus  Bosket,  échevin  en  1201.  Un  autre,  échevin  en  1247,  f  1252,1"'. 
—  V.37  :  Simon  Disier,  lisez  d'Isier(f/r'  /.sr7'o,Izel-les-Equerchin),  71245,1'''. 
Ms.  740,  Obit,  29  août.  Un  autre  -|- 1261,  l^  avait  des  maisons  à  l'entrée  de 
la  rue  de  la  Warance,  d'après  les  Hostarjia  de  1261,  f"  22.  —  V.  121  : 
Robert  Cosset,  cité  dans  le  pouillé  des  rentes  de  Saint- Vaast  en  1170;  dans 
le  Cartul.  du  chapitre,  acte  du  3  avril  1212  ou  1213  (année  incertaine)  ; 
comme  clerc  dans  le  Cartul.  de  l'Évcchè  en  1222.  Un  autre  f  1272, 
3\  etc.  —  V.  133  :  Warins  (li  joglere),  1203, T'.  Autres  f  1234,  3''',  1236,  3', 
1271,  1'*.  —  V.  193  :  Nicole  le  Carpentier -|-  1210,  3-.  Autre  aux  comptes 
du  bailliage  d'Arras,  1300,  1305.  —  V.  241  :  Bertel;  Jacques  Bretel,  échevin 
en  1223,  f  1229,  V\  Jehan  Bretel,  t  1244,  2'".  Jehan  Bretel,  le  trouvère 
Y  1272,  1^'.  —  V.  265  :  Baudouin  Fastoul  et  sa  femme  Marie,  bourgeois 
d'Arras  en  1212-13  (Bibl.  d'Arras,  Cartul.  dcMareull,  dans  Le  Pez,  p.  130), 
«  Bauduwin  Fastoul  «.échevin  d'x\rras  en  1213  (Arch.  nat.,  S,  5208).  Fasto- 
lius  Baudes,  f  1213,  2'.  Autre  Bande  Fastoul,  échevin  en  1265 (Bibl.  d'Arras, 
ms.  .316,  p.  261).  —  V.  289  :  Robert  Piédargent,  f  1228,  2-"  ;  autre,  f  1230, 
2-«  (Cf.  Robert  Piédargent,  dansGuiman,  en  1170,  f  1196,  3^"  (Voir  Obit. 
ms.  740,  28  nov.  et  18  oct.).  M.  Guy  relève  un  Robert  Piédargent  de 
l'hôtel  de  Charles  d'Anjou,  à  Naples.  —  V.  .329  :  Bertran?  Bertran  fils 
Tieson,  7  1200,  3'\Bertran Nicole,  t  1234,  3".  Bertran,  f  1275, 3^  -  V.  400  : 
Ansel,  Anselmus  f  rater  majoris,  témoin  avec  Robertus  Louchars  (v.  339), 
dans  une  charte  de  1206  {Cartul.  du  chapitre,  f"  156-157).  «  Ansel  frère 
le  maieur  »  dans  un  acte  de  1225  (Arch.  nat.,  S,  5208):  «  Pro  Ansel  frère  le 
maieur   1247,  V'.  »    Autres   Anselme    au    Xrcrol..    1212,   1'''',   1252,   2", 

1285, 2\  ' 

2.  Vers  97  :  Henri  Bougier.  —  V.  327  :  Martin  Vredière  (voir  ces  noms 
dans  l'Es.s<(i  sur  A'iau  de  le  Haie,  p.   559). 

3.  Vers51  :  BauduinSoutemont.Zotemont,tl218, 3"-''  (Zotemonde,  7  1220, 
2').  —  V.64  :  Girartd'Espaigne  (Epagne,  canton  d'Abbeville),  «  Espaigne 
Gérars  »  71205,  2'".  Cf.  ms.  740,  l"  février,  (Jb.  Gerardnsde  Hispania.  — 
V.85  :  Berart,  7  1220,  2",  12.32,  'S'\  1240,  3''  (Beiarde,  1270,  3=').  -V.  97: 
Henri  le  Noir,  7  1202,  2'.  -  V.  109  :  Jakes  au  Dent,  1 1217,  1''.  -  V.  121  : 
Mahiu  Cosset,  témoin  de  l'acte  de  1212-1213  relevé  dans  la  note  précédente, 
au  vers  121,  à   propos  de  Robert  Cosset.  Cosses  Matheus,  f  12.37,  3'.  — 


LA    SATIRE  A  AlUtAS  Al'   XIU"  S1K(  I.E  1C)7 

dernière  constatation  entraînant  logiquement  les  identifications 
indécises  dans  le  sens  indiqué  déjà  par  les  vraisemblances,,  la 
croisade  de  Constantinople  obtient,  à  deux  noms  près,  l'unani- 
mité des  su  tirages. 

Les  deux  noms  dissidents  sont  ceux  de  Henri  Bougier  et  de 
Martin  \'redière.  M.  Guy  les  a  relevés  et  s'en  fait  un  argu- 
ment contre  la  thèse  adverse.  Mais  il  convient  de  remarquer 
que,  d'après  les  manuscrits,  HenriBougier  n'est  qu'une  variante, 
assez  incertaine  d'ailleurs,  de  Henri  le  Noir,  mort  en  1202,  2\ 
Si  donc  on  veut  voir  là  deux  personnages  distincts,  encore 
faudra-t-il,  malgré  tout,  les  supposer  contemporains. 

Il  en  est  de  même  pour  «  Martin  Vredière — de  là  fors  ». 
N'habitant  pas  Arras,  il  n'a  pas  dû  trouver  place  au  Nécrolorje. 
L'inscription  de  1261),  3",  se  rapporterait  donc  à  quelque  autre, 
peut-être  à  son  iils.  Dans  les  deux  cas,  l'exception  d'homo- 
nymie paraît  trop  I)ien  justifiée  pour  que  ce  détail  équivoque 
puisse  infirmer  les  conclusions  de  rensembie. 


V.  115  :  \'aast  Hucbedeu  n'est  pas  au  Xrrroloiji'.  Il  était  fils  de  Sauwaloii 
Huchedeu,  VOfficialis  du  feu  comte  Philippe  de  Flandre,  et  chevalier  en 
1201,  d'après  une  charte  du  mois  de  février  de  cette  même  année,  n.  st., 
datée  de  Saint-Jean -d'Acre  (Arch.  nat..  S,  5208,  n"  38).  —  V.  205:  Tiebaut 
de  le  Piere  était  échevin  en  sept.\2\2  (Cai-f  ni. /lu  rjt(ipi.(re,\nèee  CLXXVII), 
témoin  de  lettres  de  Névelon  le  maréchal  en  avril  1217  (Teulet,  Lai/r/(/'s, 
p.  178);  «  Ad  Petram  Tiebaut,  7  1221,  2'''  ».  Le  a  mansus  Theobaldi  de 
Petra  »  est  mentionné  en  nov.  1233  (Supp.  au  Guiman  de  l'Évèché,  n"  492). 

—  V.  277  :  Raoul  Ravouin,  maire  de  la  confrérie.  «  Rabuin  Raol», -1-1204,  V^ 
Cf.  Rabuine  Hehiis,  f  1203,  2'.  —  V.  303  :  Aliaume  Piédargent,  cité  dans 
Guiman,  p.  204.  échevin  en  1201.  a  Alelmes  »,  7  1217.  2-'?  Cf.  ms.  740, 
4  juin  :  Ob.  Alelmus  Pes  argenti.  —  V.  331  :  Mahiu  le  Fort,  f  1235,  V. 

—  V.  ,339  :  Robert  Locart  ou  Louchart,  témoin  d'une  charte  de  février  1205, 
n.  st.,  n°  530  du  supp.  de  Guiman  (cf.  ms.  31G,  p.  110),  et  avec  Ansel  d'une 
autre  charte  de  1206  déjà  citée  plus  haut.  Loucardus  Robert,  7  1222,3''.  Voir 
ms.  740,  y  août  :  Ob.  Rob.  Loucars  et  Hugo  nepos.  —  V.  374  :  Baude  Wis- 
tronaue  :  a  Non  clericus  Raudes  Wistrenaue  »,  7  1240,  2\  Cf.  Guiman, 
p.  201  :  Domus  Balduini  Wistre.  —  V.  396  :  Gérart  Joie,  «Gaudium  Ghe- 
rars  »,  7  1229,  3'".  — V.  400  :  Wibert  de  Biaumont,  de  Bclloinonte, échevin 
en  1201,  est  cité  en  1219  comme  témoin  d'une  convention  entre  le  chapitre 
de  Saint- Vaast  au  sujet  de  Hachicourt  (Supp.  au  Guiman  de  l'Evêché, 
n"  465)  :  «  Montbel  Wibers,  »  f  1234,  2\ 


168  A.    GUESNÔN 

Au  surplus,  il  est  une  dernière  date  qui  domine  tout  le  débat 
et  tranche  souverainement  la  question,  c'est  la  mort  de  Bodel. 
On  s'est  prévalu  de  l'absence  de  son  nom  dans  les  listes  du 
Nécrologe,  ei,  de  part  et  d'autre,  les  raisons  n'ont  pas  manqué 
pour  en  expliquer  la  cause.  Or,  le  nom  s'y  trouve  inscrit  en  toutes 
lettres,  folio  6  verso,  à  l'avant-dernière  ligne  de  la  première 
colonne.  Bodel  mourut  peu  de  temps  après  la  Purification, 
c'est-à-dire  vers  la  fin  de  février  ou  au  commencement  de  mars 
de  l'année  1210. 

Le  Congé  est  donc  bien  de  1200  à  1202,  comme  le  pensait 
Paulin  Paris\  et  non  de  1248,  comme  l'avait  supposé  Arthur 
Dinaux. 

1.  Loc.  cit.,  p.  796. 


DEUX  CHANTIERS  BORDELAIS 

(1486-1521) 

F»ar    J.-A.    BRXJTAILS 


CHAPITRE  III 

LE   PERSONNEL  ET  SES    ATTRIBUTIONS 

I.  —  Le  personnel  :  les  maîtres  d' œuvre  de  pierre  ;  ils  ne  sont 
généralement  pas  Bordelais  ;  ce  qu'était  un  maçon  ;  les 
divers  ouvriers. 

II.  — La  préparation  des  projets  ;  les  commissions.  Les  attribu- 
tions du  maître  d' œuvre:  ce  que  Von  appelait  tailler  le  moule. 
Les  attributions  des  ouvriers,   compagnons  et  manœuvres. 

I.  —  Il  serait  téméraire  de  dresser  d'après  nos  documents 
un  état  complet  du  personnel  occupé  sur  les  chantiers.  Par 
contre,  nous  pouvons  utilement  étudier  sa  condition. 

Nous  avons  vu  que  le  maître  d'œuvre  du  clocher  de  Saint- 
Michel  s'appelait  Jean  Lebas.  Il  convient  de  dire  dès  à  présent 
que  le  Jean  Lebas  engagé  en  1464  et  à  qui  revient  l'honneur 
d'avoir  conçu  le  projet  du  monument  et  d'en  avoir  commencé  la 
construction,  fut,  au  cours  des  travaux^  remplacé  par  son  fils, 
également  appelé  Jean  Lebas'.  Les  Lebas  étaient  de  Saintes*. 

1.  Baurein,  Variétés  bordelaises,  t.  V,  p.  178  ;  nouv.  éd.,  t.  III, 
p.  102. 

2.  Voy.  à  la  fin  du  présent  travail  l'engagement  de  Lebas  père.  —  J.  Lebas 
père  était  marié  à  Peyronne  Maleta,  laquelle  est  nommée  dans  une  recon- 
naissance de  dette  reçue,  le  22  novembre  1469,  par  Bracony,  notaire  à 
Bordeaux.  Le  23  octobre  1479  ("?),  Lebas,  maître  de  l'œuvre  de  Saint-Michel, 


170  .I.-A.     BRITAH.S 

Le  fils  y  roviïit  quand  il  cessa  d'être  attaché  de  façon  perma- 
nente à  la  fabrique,  le  28  septembre  1494.  La  flèche  était  alors 
terminée  depuis  deux  ans;  mais  on  n'en  avait  pas  fini  avec 
certaines  constructions  accessoires.  En  décembre  1494,  Lebas 
fut  appelé  pour  donner  des  épures  \  De  la  construction  des 
chapelles,  des  réparations  soit  de  la  flèche,  soit  des Jilloles, 
d'autres  maîtres  furent  chargés,  Ramonin  ou  Romanin  et  un 
Bertrand  Champdavena,  qui  devait  en  réalité  s'appeler  Champ- 
davoine. 

Ces  divers  noms  n'appartiennent  pas  au  Bordelais.  Aussi 
bien  notre  pays  ne  fut  jamais  un  foyer  de  l'art  gothique: 
ouvriers  et  formules  venaient,  celles-ci  apportées  par  ceux-là, 
des  provinces  de  langue  française;  les  grands  édifices  gothiques 
ne  pouvaient  être  élevés  dans  nos  régions  du  Midi  que  par 
des  ouvriers  étrangers.  Pendant  la  période  romane,  la  contrée 
qui  répond  au  département  actuel  de  la  Gironde  fut  tributaire 
delà  Saintonge:  faut-il  voir  dans  l'origine  saintongeaise  des 
Lebas  une  continuation  de  ce  courant  artistique?  Est-ce  une 
coïncidence  pure?  Je  pose  la  question  sans  la  résoudre. 

D'une  façon  générale,  maîtres  et  compagnons  portaient  des 
noms  inusités  dans  le  pays:  a  GuillermusGeraldi,  »  Guillaume 
Géraud,  maître  d'œuvre  de  Saint-André  en  1420%  Botarel, 
maître  d'œuvre  de  Saint-Michel  en  1448',  étaient  peut-être 
Bordelais;  mais  Colin  Trenchant,  maître  d'œuvre  de  Saint- 
André  et  de    Saint-Seurin  en  1425'',    Henri  Colas,    Imbert 

procéda  au  partage  de  ses  biens  entre  ses  deux  flls^  l'un  et  l'autre  nommés 
Jean  ;  au  premier,  il  attribua  les  biens  de  Bordeaux  et  du  Bordelais  : 
«  hostelz,  terres,  vignes,  utenciiles,  or  et  argent;  »  le  second  reçut  les  pro- 
priétés de  Saintonge.  Sur  la  part  de  l'aîné,  le  père  se  réserva  100  fr.  bor- 
delais (Dartiguemale,  notaire). 

1.  2.3  décembre  1494.  «A  mestre  Johan  Lobas,  demorant  à  Sanctes,  per 
certans  jorns  que  abe  obrat  en  l'obre  et  jjer  balhar  los  treytz  per  acabar 
lo  pilar  de  las  letrines  et  per  far  l'uteu  de  !a  bouta  dedens  lo  carney,  V  fr.  » 

2.  6  août  1420.  G  284,  f  2  v". 

3.  L'engagement  de  Botarel  a  été  publié  dans  les  Arc/ticcs  historù/ucs 
de  la  Gironde,  t.  VL  pp-  52-56. 

4.  G  284,  fol.  10  v";  Archioes  historiques  de  la  Gironde^  t.  VII,  p.  439. 


DEUX  CHANTIERS  RORDELAIS  (1486-1521)  171 

Boaclion,  Mathelin  Galopin,  maîtres  de  Saint-André  dans  les 
premières  années  du  x  vr  siècle,  appartenaient  à  d'autres  contrées. 
On  en  peut  dire  autant  de  la  plupart  des  ouvriers.  A  Saint- 
Michel  :  Petit  Jean  do  Fougères,  Grand  Jean  de  Niort,  le 
Picard,  Miclieau,  Georges  Clissonneau,  Yvonet  Alain,  André 
Balliveau,  Huguet  Bauducheau,  François  Bauduclieau,  Colas 
Baluteau,  Guillaume  Legay,  Jean  Moureau.  A  Saint-André  :  le 
Normand,  Jean  d'Anjou,  le  Baron,  Pierre  de  Tours,  le  Poi- 
tevin, Jean  Gomet,  Antoine,  maître  Jacques,  maître  Boileau, 
Bortheau,  Simon  Meschin,  maçons;  Jean  de  la  Saussaye^ 
et  Robert  Paperoclie,  verriers  ;  Jean  Savoy  e,  Rochelle,  le  More, 
faiseurs  de  mortiers,  etc.VImbert  Boaclion  employait,  à  un 
moment  donné,  un  compagnon  allemand^ 

Les  maîtres  d'œuvre étaient  qualifiés  m«r?o/?s;  «Maistre  Ma- 
thelin Galopin,  maistre  masson  de  ^esglise^))  Ce  mot  n'avait 
pas  une  signification  aussi  précise  qu'à  présent,  ou  plutôt, 
suivant  la  marche  habituelle  de  la  spécialisation  du  travail, 
le  maçon  de  nos  jours  a  des  occupations  beaucoup  moins  variées 
que  le  maçon  de  jadis.  Les  maçons  payés  par  P.  du  Grava 
étaient  employés  tantôt  à  tailler  les  pierres,  tantôt  à  les  poser: 
l'un  d'eux,  en  1487,  était  chargé  de  faire  l'arc  de  l'orgue, 
«  tantper  tailhar  que  pousar*  )),  Ainsi  en  est-il  â  Saint-André, 
où  les  mêmes  ouvriers  sont  dits  maçons  et  tailleurs  de  pierres: 
les  comptes  nous  montrent  indifféremment  des  «  massons  » 
occupés  à  tailler  la  pierre'  et  des  «  latomi  »  qui  maçonnent  des 


1.  Les  registres  des  notaires  du  temps  signalent  à  Bordeaux  d'autres 
ouvriers  qui  sont  d'origine  française,  par  exemple:  Jean  Ravel  et  Jean  Le 
Bargavel,  maçons,  de  la  paroisse  Saint-Michel  (24  janvier  1466;  Jouan, 
notaire);  Jolîrion  Taupin,  maçon,  Gervais  de  Melin,  charpentier  (26  mars 
1478;  Dartiguemale^  notaire);  Jean  Giraud,  alias  de  Saumur,  charpentier 
(12  avril  1480;  Dartiguemale,  notaire). 

2.  .31  mai  1510.  G  505. 

3.  11  février  1521.  G  509. 

4.  21  juillet  1487. 

5.  21  mars  1518.  «  Lors  les  massons  ne  faisoit  que  tailler  la  doelle  » 
(G  508). 


172  J-A.    BRUTAILS 

fondations'.  Ces  ouvriers  étaient,  en  d'autres  termes,  à  la  fois 
tailleurs  de  pierre  et  maçons,  à  la  façon  de  ces  artisans  dont 
les  armoiries  portaient  un  marteau,  une  bretture,  une  équerre 
et  une  truelle*.  Botarel,  maître  d'œuvre  entré  au  service  de 
Saint-Michel  en  1448,  est  également  qualifié  maçon,  et  cepen- 
dant son  apprenti  devait,  pour  être  agréé,  «  savoir  tailler  suffi- 
samment». Au  XVII''  siècle  encore,  les  maçons  àoni  M.  Roborel 
de  Cl i mens  a  recueilli  les  seings  manuels  '  signaient  en 
dessinant  une  bretture,  un  profil  mouluré,  une  équerre,  un 
compas  ou  enfin  des  signes  étranges,  qui  étaient  peut-être  la 
marque  de  tâcheron  qu'ils  traçaient  sur  la  pierre". 

Les  maîtres  d'œuvre  étaient  donc  des  tailleurs  de  pierre 
ou  plutôt  des  appareilleurs.  Dans  la  construction  gothique, 
dont  l'ossature,  savamment  équilibrée,  est  réduite  au  volume 
minimum,  la  perfection  du  trait  constitue  une  qualité  essen- 
tielle. Aussi  le  chef  du  chantier  est-il  tailleur  de  pierre,  lato- 
mus,  suivant  le  terme  appliqué  à  Jean  de  Chelles';  tailleur  de 

1.  24octobre  1511.«Magister  Imbertus  et  sex  latomi  qui  fecerunt  pillare 
usque  ad  summitatem  terrarum  o  (G  505).  —  5  janvier  1512.  Ibid.,  etc. 
—  Aux  termes  des  statuts  de  juillet  1673,  quand  un  compagnon  maQon 
se  présentait  pour  faire  un  chef-d'œuvre,  on  lui  donnait  «  une  pièce 
de  trait  et  une  pièce  de  main  ».  Les  maîtres  étaient  dits  «  maistres  massons 
et  architectes»  (Anciens  et  nouceaux  Statuts  de  Bordeaux,  éà.  àQVlQil^ 
p.  119). 

2.  Lance,  Dictionnaire  des  architectes  français,  t.  L  introduction. 
pi.  VI  et  VIII,  flg.  42  et  54.  —  M.  Schneegans  a  cependant  noté  à  Strasbourg 
la  distinction  entre  maçons  et  tailleurs  de  pierre  {Annales  archéologiques, 
t.  VIII,  p.  149). 

3.  M.  Roborel  de  Climens,  qui  a  publié  partie  de  ces  signatures  curieuées 
dans  le  t.  XXXI  des  Archices  historiques  de  la  Gironde  (pi.  V),  a  bien 
voulu  me  communiquer  celles  de  ces  signatures  qu'il  n'avait  pas  repro- 
duites. 

4.  On  trouve  des  marques  de  tâcherons  bien  en  deçà  de  la  date  assignée 
à  leur  disparition.  Il  y  en  a,  sur  l'abside  de  la  cathédrale  d'Aire,  qui  doivent 
être  du  xviii'  siècle. 

5.  VioUet  le  Duc,  Dictionnaire  d'architecture,  t.  IV,  p.  347.  — Pour 
tout  ceci,  cf.  V.  Mortet,  Maurice  de  Sully,  pp.  112  et  suiv.  —  Je  n'ai 
qu'une  réserve  à  faire:  à  Bordeaux,  Voperarius,  obrer,  n'est  pas  un  em- 
ployé, mais  un  délégué  de  Vœurre,  de  la  fabrique. 


DEUX    CHANTIERS    BORDELAIS    (1486-1521)  17.3 

pierre  ou  a  maître  en  géométrie  »,  comme  s'intitule,  en  1425, 
Colin  Trenchant'.  Lorsque,  en  1416-1417,  le  chapitre  de 
Girone  convoqua  les  maîtres  d'(uuvre  de  la  contrée  pour  prendre 
leur  avis  en  vue  de  l'achèvement  de  la  cathédrale,  tous  ces 
maîtres  d'œuvre,  sauf  deux,  dont  la  profession  n'est  pas  spéci- 
fiée, sont  dits  lapicida.  Canet,  le  maître  d'œuvre  de  la  Séo 
d'Urgel,  taillait  non  des  blocs  deconstruction,  mais  des  statues*. 
11  est  vrai  que  la  cathédrale  d'Urgel  était  à  cette  époque 
terminée  depuis  longtemps,  et  le  rôle  de  Canet  devait  se  borner 
aux  travaux  d'entretien  \ 

Dans  un  passage  du  commentaire  qu'il  a  consacré  à  l'Album 
de  Villardde  Honnecourt*,  Lassus  distingue  du  maître  d'œuvre 
l'apparcilleur,  et  de  celui-ci  le  tailleur  de  pierre:  le  premier 
aurait  arrêté  et  dessiné  les  projets  ;  le  second  aurait  tracé  les 
épures;  le  troisième  aurait  donné  aux  blocs  la  forme  prescrite 
par  le  maître  et  Tappareilleur.  En  réalité,  le  maître  d'œuvre 
était  lui-même  un  ouvrier. 

Le  personnel  du  chantier  de  Saint-Michel  comprend,  d'une 
part^  un  chef  maçon,  qui  est  le  maître  d'œuvre  ;  d'autre  part, 
des  maçons.  Nous  ne  voyons  pas  à  Bordeaux  cette  hiérarchie 
des  maîtres  mages,  maîtres  de  pierre  et  peyrers  que  l'on 
trouve,  par  exemple,  à  Montpellier\  Toutefois,  dans  lenombre 
des  maçons  de  Saint-Michel,  il  en  est  qui  sont  vraisembla- 
blement l'âme  du  chantier  :  les  deux  calets  de  Lebas,  comme 
l'apprenti  et  le  maçon  de  son  prédécesseur  Botarel,  doivent 
être  des  façons  de  contre-maîtres,  communiquant  autour  d'eux 
la  pensée  du  chef  ouvrier  et  veillant  à  ce  qu'elle  soit  fidèlement 


1 .  Cf.  Renouvier  et  Ricard,  Dos  Maîtres  de  pierre  de  Montpellier, 
p.  19. 

2.  Espana  saf/rada,t.  XLV,  pp.  227-244. 

3.  Il  y  eut,  il  est  vrai,  des  remaniements  opérés  à  la  cathédrale  romane: 
on  ajouta,  par  exemple,  des  arcs-boutants.  Je  n'ai  plus  les  détails  assez 
présents  à  la  mémoire  pour  juger  si  ces  arcs-boutants  peuvent  être  du 
xv"  siècle  et  du  temps  de  Canet. 

4.  P.  148. 

5.  Renouvier  et   Ricard,  Des  Maîtres  de  pierre  de  Montpellier,  p.  26. 


174  J.-A.     nUUTAILS 

interprétée.  Parmi  les  compagnons  maçons,  certains  avaient 
leur  valet  ^:  d'autres  avaient  été  amenés  par  le  maître  d'œuvre, 
tel  son  neveu \  ou  étaient  depuis  longtemps  embauchés.  Ils 
devaient  maintenir  les  traditions  du  cliantier,  comprendre  les 
ordres  à  demi-mot  et  avoir  sur  le  reste  des  ouvriers  une 
certaine  autorité  de  fait.  C'est  le  cas  d'Huguet  Bauducheau, 
que  Baurein'  et  l'abbé  Corbin  ''  ont  pris,  celui-là  pour  un  archi- 
tecte, celui-ci  pour  un  entrepreneur.  Bauducheau  était  un 
compagnon  maçon  aux  gages  de  l'œuvre;  il  était  particuliè- 
rement courageux  et  dévoué,  et  de  son  zèle  il  donna  une  preuve 
le  jour  où  il  consentit  à  maçonner  le  faîte  de  la  flèche  avec 
GuiHaume  Le  Reynart,  que  l'abbé  Corbin  donne,  j'ignore 
pourquoi,  comme  un  appareilleur''.  Le  jour  où  futclos  le  dixième 
exercice  de  la  gestion  de  P.  Du  Grava  et  de  Grimon  Eyquem, 
le  31  août  1496,  Bauducheau  reçut  une  gratification,  en 
reconnaissance  des  services  par  lui  rendus  pendant  dix  ans,  «  de 
nuit  et  de  jour  ». 

Les  comptes  de  Saint-André  ne  m'ont  pas  laissé  l'impression 
d'un  chantier  aussi  fortement  organisé.  Ils  mentionnent  une 
fois  le  «  garson  »  du  maître  de  l'œuvre^;  mais  nous  ne  savons 
ni  ce  qu'était  ce  «  garson  )),ni  à  quel  titre  il  est  partie  prenante. 
Quant  aux  servitores  du  maître,  si  souvent  nommés  dans  ces 
comptes,  ce  sont  simplement  les  compagnons  dont  était  com- 
posée l'équipe  travaillant  sous  ses  ordres.  Quelquefois,  assez 

1.  21  juillet  1488.  «  Au  veylet  de  Pyerres  Charretier,  masson,per  V  jorn. 
que  ave  obrat  en  l'obre.  » —  8  janvier  1497.  «  A  Colas,  per  son  veylet,  per 
aber  talhat  LXIll  pes  de  queyria,  monta  I  fr.  II  (sic) ard.  » 

2.  16  décembre  1488.  «  Au  nebot  de  mestre  Johan  Lobas,  per  XVII  jor- 
naus.  » 

3.  Variétés  bordelaises,  t.  V,  p.  159;  nouv.  éd.,  t.  III,  p.  90. 

4.  Saint-Michel  de  Bordeaux,  p.  132. 

5.  Ibid. 

6.11  février  1521.  a  A  maistre  Mathelin  Galopin,  maistre  raasson  de 
l'esglise,  pour  son  garson,  »  15  liv.  tourn.  (90fr.).(G  509).  —Le  15  sep- 
tembre 1511,  le  16  du  m('me  mois  et  le  16  du  mois  suivant,  le  registre  de 
comptes  de  Saint-André  signale  le  charretier  de  maître  Imbert,  maître  de 
l'œuvre,  et  le  charretier  de  maître  Henri,  ancien  maître  de  l'œuvre  (G  505). 


DEi;x  CHANTIERS  RORDELAis  (  1-186-15::21)  175 

rarement  d'ailleurs,  les  registres  signalent  d'autres  maçons  en 
dehors  de  ce^servitores^;  peut-être  le  maître  avait-il  embauché 
ceux-ci  et  non  ceux-là;  peut-être  aussi  les  premiers  travaillaient- 
ils  aune  autre  besogne  que  celle  qui  retenait  le  maître  et  ses 
servants. 

Parmi  les  ouvriers  des  autres  corps  d'état  il  faut  énumérer 
un  chaufournier,  qui  fut  employé  â  Verteuil  à  faire  la  chaux 
pour  la  fabrique";  des  baradiers  ou  terrassiers',  chargés  de 
creuser  les  fosses  de  fondation;  les  manœuvres,  manobras,  ma- 
nobveys;  les  ouvriers  de  bois,  qui  se  distinguaient  en  menuisiers 
et  en  charpentiers,  à  rencontre  de  ce  qui  se  passait  dans  certaines 
provinces,  où  les  uns  et  les  autres  étaient  confondus  sous  la 
dénomination  de  fastiers  *  ;  les  plombeurs ,  recouvreurs  de 
plomb  ou  estaigniers,  qui  faisaient  les  couvertures  de  plomb  ""; 
les  recouvreurs  de  tible,  couvreurs  de  tuile,  bien  distincts  des 
plombeurs  et  des  couvreurs  d'ardoise,  etc. 

II.  — L'élaboration  du  projet  de  construction  était  le  premier 
travail  du  maître  d'œuvre.  Le  28  juin  1429,  le  chapitre  de 
Saint-André  adopta  le  dessin  qui  lui  était  soumis  par  le  maître 
d'œuvre  pour  le  clocher  dit  de  Pey-Berland\  Quelques  années 
auparavant,  en  1416,  Tévêque  et  le  chapitre  de  Girone  avaient 
décidé  de  confier  le  soin  de  tracer  un  dessin  pour  l'achèvement 
de  la  cathédrale  à  deux  des  maîtres  d'œuvre  qu'ils  appelaient 
à  donner  leur  avis  sur  cet  achèvement'. 

1.  1511.  G  505,  passim. 

2.  28  août  1511.  G  505. 

3.  17  juillet  1519.  «  A  six  baradiers,  qui  avoient  besoingné  à  faire  la 
fosse  du  pilier  »  (G  509). 

4.  Renouvier  et  Ricard,  Des  Maîtres  de  pierre  et  des  autres  artistes 
t/ot /i if/ lies  de  Montpellier,  Tp.  57.  —  Cf.  mon  Étude  arc/iéoloi/ique  sur  le 
Cdstillet  de  Notre-Dame  de  Perpignan,  p.  65. 

5.  1515-1516.  Pierre  Biguet,  «  maistre  plumbeur  »  (G  508).  —  T' sep- 
tembre 1519.  «  Au  plumbeur,  en  déduction  de  son  marché  »  (G  509). 

6.  G  284,  fol.  15.  —  Le  7  février  1511,  le  chapitre  de  Saint-André  décide 
de  payer  un  écu  d'or  à  l'ancien  maître  d'œuvre  «  pro  certis  laboribus  per 
ipsum  adhibitis  in  ordinacione  pillarium  fiendorum  in  ecclesia  »  (G  505). 

7.  Espaiia  sar/rada,  t.  XLV,  p.  229. 


176  J.-A.    BRUTAILS 

Quand  le  problème  à  résoudre  était  délicat,  on  recourait  aux 
lumières  d'un  ou  plusieurs  maîtres  étrangers;  on  provoquait 
Tavis  d'un  constructeur  ayant  fait  ses  preuves  ou  de  plusieurs. 
En  1521,  on  paya  16  livres  tournois  (96  fr.)  «  au  maistre  de 
Condon  pour  la  visite  qu'il  avoit  faicte  en  l'esglise  »  de  Saint- 
André'.  En  1493,  trois  maîtres  reçurent  mandat  de  vérifier  la 
solidité  du  clocher  de  Saint-Michel,  au  sujet  de  laquelle  des 
bruits  fâcheux  couraient  dans  le  public.  Les  chanoines  de 
Saint-André  nommaient  très  fréquemment  des  commissions 
de  ce  genre  :  le  18  mai  1508,  commission  de  trois  charpentiers, 
de  trois  maçons  et  du  maître  d'œuvre  pour  visiter  un  échafau- 
dage'; le  8  avril  1510,  commission  de  quatre  maîtres  maçons 
pour  examiner  la  rosace  du  transept  nord  et  les  arcs-boutants  ; 
le  6  juin  de  la  même  année,  commission  de  cinq  maîtres  pour 
voir  la  même  rosace;  le  26  novembre,  commission  de  trois 
experts  pour  évaluer  un  échafaudage  ;  le  4  janvier  1511,  com- 
mission de  deux  maîtres  pour  fixer  la  place  d'une  pile  d'arc- 
boutant  ;  le  14^  commission  de  cinq  maîtres  pour  juger  le 
projet,  «  patronum  »,  de  pilier  dressé  par  le  maître  d'œuvre  : 
ils  proposent  d'élever  deux  piliers,  et  ils  les  estiment,  fonda- 
tions non  comprises,  à  1,400  livres  tournois  (8,400  fr.);  le  24, 
commission  qui  amène  le  chapitre  à  construire  trois  piles; 
le  9  octobre  1511,  commission  de  quatre  maîtres  et  du  maître 
d'œuvre  pour  examiner  une  fosse  de  fondations  ;  le  1"''  juin  1512, 
commission  pour  évaluer  les  travaux  exécutés  par  l'entrepre- 
neur des  piles  en  dehors  du  devis. 

Enfin,  le  clergé,  pour  le  compte  de  qui  étaient  faits  les  tra- 
vaux, pouvait  intervenir  et  décider  par  lui-même.  Dans  la  nuit 
du  2  décembre  1511,  un  éboulement  se  produisit  dans  la  tran- 
chée faite  pour  fonder  une  pile  à  Saint- André;  le   lendemain^ 


1.  9  avril  1.521.  G  509. 

2.  Ces  dates  sont  celles  des  mentions  qui  sont  laites  desdites  commissions 
dans  les  registres  des  comptes.  Il  faut  ajouter,  en  ce  qui  concerne  Saint- 
Michelj  une  commission  donnée  à  Jean  Lebas  et  à  un  maître  charpentier 
pour  visiter  le  beffroi  des  cloches  (l::^  décembre  1495). 


DEUX  CHANTIERS  BORDELAIS  (1486-1521)  177 

les  chanoines  se  rendirent  sur  le  chantier  et  prescrivirent 
d'engager  vingt-quatre  hommes  pour  hâter  l'épuisement'. 

Le  traité  conclu  en  1448  entre  Bolarel  et  la  fabrique  de 
Saint-Michel  spécifie  qu'il  était  chargé  d'embaucher  les  maçons. 
Il  en  était  vraisemblablement  de  même  des  autres  maîtres 
d'oeuvre,  dont  certains  paraissent  avoir  payé  la  main-d'œuvre, 
qui  leur  était  ensuite  remboursée  ^  Pour  la  surveillance  des 
travaux,  le  pointage  des  fournitures  à  l'entrée,  etc.,  on  délé- 
guait un  homme  de  confiance  \ 

Les  divers  corps  d'état  n'étaient  pas  soumis  a  une  direction 
unique,  comme  ils  sont  aujourd'hui  soumis  à  la  conduite  de 
l'architecte  :  Jean  Lcbas,  par  exemple,  était  «  maître  après 
Dieu  des  œuvres  de  pierre  de  Saint-Michel»;  charpentiers, 
couvreurs,  fondeurs,  besognaient  indépendamment  de  lui. 
V^ioUet  le  Duc  a  signalé  ce  manque  d'unité  dans  les  chantiers 
du  xv"  siècle,  où  «  chaque  corps  de  métier  travaille  de  son 
côté  »  sur  un  projet  préalablement  dressé  dans  ses  grandes 
lignes*.  C'est  un  maître  menuisier  au  service  de  Saint-Seurin, 
maître  Thierry  du  Proys,  qui  fit  deux  dessins  pour  les  boiseries 
du  chœur  de  Saint-Michel  ' . 


1 .  G  505 . 

2.  9  août  1511.  En  marge,  après  l'indication  du  prix  de  la  journée  des 
manœuvres:  «  Imbertus  dabat  lasd.  manobres  illo  precio  »  (G  505).  — 
17  avril  1517.  «  Compté  les  maneuvres  à  Xard.  pour  journée,  que  maistre 
Mathelindit  en  payer  aultant  »  (G  508).  —  C'est  au  maître  d'œuvre  qu'on 
paye  le  salaire  de  ses  compagnons.  .30  juin  1508.  a  Magistro  Henrico,  ma- 
gistro  operis,  pro  quinque  jornalibus  per  ejus  servitores  factis  »  (G  504).  — 
Cf.  18  janvier  1511,  G  505;  etc. 

3.  17  octobrel511.  Arnaud  de  Basterot  a  visité  de  nuit  et  de  jour  les  ouvriers 
travaillant  à  fonder  les  piles  des  arcs-boutants;  son  serviteur  a  passé  des 
nuits  à  compter  les  charretées  de  sable  et  de  terre  apportées  ou  enlevées 
par  les  charretiers  (G  .505).  —  C'est  le  portier  du  chapitre  qui  fut  chargé, 
en  1511,  de  suivre  la  fabrication  de  la  chaux  à  Verteuil(G  505). 

4.  Dictionnaire  d'archtfrctiwe,  t.  1,  p.  11.3.—  Cf.  Lance,  Dictionnaire 
des  architectes  français,  introduction,  p.  xi. 

5.  12  octobre  1494.  «  A  mestre  Tierri  du  Proys,  menuzey,  mestre  de 
Sanct-Seurin,  per  aber  feyt  dos  pertreytz  per  le  cor  de  la  gleysa  de  Sanct- 
Miqueu,  monta  I  [escut]  ausorelh,  II  fr.  XXV  arditz.  » 


178  J.-A.    BRUTAILS 

Toutefois,  le  maître  des  œuvres  de  pierre  était  par  excellence 
le  maître  d'œuvre.  Ayant  élaboré  le  projet  d'ensemble  de  l'édi- 
fice, il  était  consulté  quand  il  s'agissait  d'en  exécuter  les  di- 
verses parties  '  :  lui  seul  savait  exactement  la  raison  d'être  des 
formes  auxquelles  il  s'était  arrêté,  et  il  devait  avoir,  en  fait, 
la  haute  main  sur  tout  le  chantier". 

Le  maitre  n'avait  pas  seulement  à  faire  fonction  d'architecte. 
Lebas  était  astreint  par  son  contrat,  sauf  le  cas  de  maladie,  à 
travailler  de  ses  mains,  à  faire  œuvre  d'appareilleur  :  il  donnait 
le  trait,  et  quand  il  ne  fut  plus  là,  les  maîtres  d'œuvre  qui  le 
remplaçaient  ordonnaient  les  molles'. 

Quicherat  a  écrit  sur  les  molles,  dans  l'architecture  du 
moyen  âge,  une  page  fort  curieuse''.  Il  s'agissait  d'expliquer 
un  dessin  et  d'interpréter  une  légende  de  Villard  de  Honne- 
court.  Le  dessin  représente  des  demi-cercles  concentriques; 

les  deux  demi-cercles  extérieurs  sont 
inachevés  et  ils  sont  réunis  par  une 
Jauge  en  bois.  La  légende  porte  : 
«  Par  ehu  tail  om  le  mole  d'on  grant 
arc  dedens  111  pies  de  tère  '.  » 
«  Ainsi  taille-t-on  le  mole  d'un  grand  arc  dedans  3  pieds  de 
terre.  »«  Tailler  le  mo?^/e,  dit  Quicherat,  c'est  découper  avec 
ses  élévations  et  profils,  c'est  sculpter  un  claveau  qui  pourra... 

1.  C'est  ainsi  que  Jean  Lebas  fut,  nous  l'avons  vu,  adjoint  à  un  mattre 
charpentier  pour  visiter  le  beffroi  (12  décembre  149Ô).  —  Il  existe  à  Bor- 
deaux une  église  récente  dont  le  clocher  est  menacé  parce  que  les  charpentiers 
ont  établi  le  beffroi  un  étage  plus  haut  que  ne  l'avait  prévu  l'architecte. 

2.  Le  maître  d'œuvre  pouvait  aussi  être  chargé  des  achats  de  matériaux 
f3  juillet  1.519.  G  509).  —  8  août  1519.  «  Au  maistre  masson  pour  avoir 
du  ribotpour  lespiliers,  «20  liv.  tourn.  (120 ir.).  (G.509).  — Le  maître  d'cnuvre 
de  Saint-André  était,  au  xv"  siècle,  chargé  d'entretenir  l'iiorloge  (9  oc- 
tobre 14.31, 1.3  février  1432,  etc.  G  .503). 

3.  5  novembre  1495.  «  A  mestre  Rauionla  et  mestre  Bertrau  Chanip- 
dabena,  per  ordenar  la  place  deu  pilar  qui  se  fey  devert  Sancta-Susanna  et 
perordenar  lo  molle  deud.  pilar.  » 

4.  Mèlanf/es,  t.  H,  p.  260.  —  Cf.  l.cnoxwVArchlterini-cmonasdiinc, 
t.  n,  p.  272-273. 

5.  Cf.  Lassus,  Alhwndc  ViUard  de  Honnccoiirt,  pi.   XXXVIII. 


DEUX    CHANTIERS    RORDELAIS    (1486-1521)  179 

servir  de  modèle  à  tous  les  autres  claveaux  du  même  arc. 
Maintenant,  que  les  mots  dedans  trois  pieds  déterre  indiquent 
la  surface  ou  le  volume  de  terre  suffisant  pour  l'exécution  du 
modèle;  que  trois  pieds  soit  une  quantité  réelle  ou  seulement 
un  indéfini  synonyme  de  peu  considérable  ;  que  les  trois  demi- 
cercles  concentriques  de  la  figure^  placés  sous  le  segment  que 
l'opération  a  pour  but  de  produire,  soient  là  pour  enseigner  la 
marche  de  l'opération  ou  à  toute  autre  fin  :  peu  importe;  l'exé- 
cution du  modèle  en  relief  est  mise  hors  de  doute.  »  En  consé- 
quence, Quicherat  considère  comme  acquis  «  le  fait  d'un  relief 
préliminaire...  La  figure  le  prouve  par  \iijaiir/e  qui  est  appli- 
quée sur  son  segment  extérieur  » . 

Il  me  semble  que  dans  cette  dissertation  Quicherat  s'est 
mépris  et  sur  le  sens  des  mots  et  peut-être  sur  la  signification 
du  dessin.  Débarrassons-nous  d'abord  de  la  difficulté  philolo- 
gique. 

Tailler  le  mole  peut  se  dire  de  l'opération  qui  consiste  à 
découper  un  panneau  pré.sentant  le  profil  adopté  pour  un 
membre  de  construction.  Le  10  décembre  1495,  la  fabrique  de 
Saint-Michel  payait  «  maitre  Gilet  »,  Gillet  Barau,  menuisier, 
«  per  talhar  lo  molle  deu  pilar  qui  es  devert  S*'-Susanna  », 
pour  tailler  le  molle  du  pilier  placé  du  côté  de  la  chapelle  de 
Sainte-Suzanne.  Tous  les  molles  dont  il  est  question  dans  ce 
compte  de  Saint-Michel  sont  faits  par  le  menuisier  \  ce  qui 
indique  bien  que  c'étaient  des  panneaux  de  bois.  Ce  mot  se 
retrouve  d'ailleurs  à  plusieurs  reprises  dans  l'Album  de  Villard 
de  Honnecourt,  et  je  ne  crois  pas  qu'il  ait  jamais  là  le  sens  de 
modèle  en  relief  :  les  «  molles  des  chapiéles»  de  Reims',  par 
exemple,   sont  les   patrons  des  membrures  de  ces  chapelles. 

1.  14  octobre  1487;  10  décembre  1495;  2  janvier  1496;  11  août  1496: 
6  novembre  1496.  —  Les  prix  sont  de  13  liards  (0  fr.  97),  54  liards  (4  fr.  05), 
10  liards  (0  fr.  75)  et  12  liards  (Ofr.  90).  Le  salaire  d'un  menuisier  étant 
de  24  liards  (1  fr.  80),  le  prix  de  54  liards  est  bien  élevé  pour  un  simple 
patron  de  bois.  Sans  doute,  le  menuisier  fournit  plusieurs  exemplaires 
d'un  molle. 

2.  Lassus.  pi.  LXII;  Quicherat,  Mélanges,  t.  II,  p.  279. 


180 


J.-A.    HHL'TAILS 


Encore  au  temps  do  Philibert  de  L'Orme,  les  ouvriers  appe- 
laient moules  des  panneaux  «  suivant  lesquels,  dit  cet  auteur, 
ils  trassent  le  pourfil  d'une  corniche,  d'un  architrave,  d'une 
basse,  ou  autre  sorte  de  moulures'  )).  Et  pour  qu'il  n'y  ait  pas 
d'erreur,  Philibert  de  L'Orme  ajoute  que  «  se  font  lesdicts 
moules  de  cuivre,  de  bois,  de  fer  blanc  ou  papier  de  charte  ». 
Ainsi  donc,  tailler  le  mole  exprime  tout  autre  chose  que  sculpter 
un  modèle  en  relief. 

La  présence  de  HJaitge  sur  le  croquis  de  Villard  n'implique 
pas  davantage  la  nécessité  d'un  relief.  Quicherat  a  compris  que 

le  petit  côté  de  l'angle  donné  par 
l'évidement  de  la  jauge  est  appliqué 
sur  la  face  d'extrados  du  claveau,  tan- 
dis que  le  grand  côté  adhère  à  la  face 
de  tête.  Je  ne  vois  pas  du  tout  pourquoi 
la  jauge  serait  ainsi  placée  au  lieu 
d'être  posée  à  plat. 
D'autre  part,  rien  dans  les  traditions  de  nos  chantiers  n'ap- 
puie l'explication  de  Quicherat.  Un  pareil  modèle  en  relief 
n'aurait  été  d'aucune  utilité.  En  un  mot,  toutes  les  raisons  sont 
contre  cette  théorie.  Aussi  Lassus  et  Darcel  se  sont-ils,  sur  ce 
point,  séparés  du  maître  ^ 

Quelle  est  donc  la  pensée  que  Villard  a  voulu  exprimer? 
Quel  est  le  procédé  dont  il  a  fixé  le  souvenir  par  ce  croquis 
mnémotechnique?  Voici  ce  que  j'ai  compris. 

La  jauge  indiquée  dans  ce  croquis  n'est  pas  un  biveau  à 
branche  courbe,  comme  le  verrier  en  a  figuré  un  sur  le  vitrail 
de  Chartres  où  sont  groupés  les  outils  des  ouvriers  de  pierre'  : 
la  branche  courbe  serait  beaucoup  plus  développée,  et  d'ailleurs 
le  texte  ne  s'accommode  pas  de  cette  explication.  Cherchons 
donc  autre  chose. 


1.  L'Avchito.cturc,  liv.  III,  ch.  iv,  Rouen,  1648,  f.  56  i>". 

2.  Album  de  Villard  dp  Honnccourt^  p.  146. 

3.  Publié  dans  les  Annales  nrchcologir/iu>s,t.  VIII, p.  49.  —  Cf.  Philibert 
de  L'Orme,  op.  cit.,  t.  56  v°. 


DEUX  CHANTIERS  BORDELAIS  (1486-1521)  181 

Il  faut  se  rendre  compte  d'abord  que  dans  ses  «  estrasces  de 
géométrie  )),  dans  ses  recettes  empiriques  à  l'usage  des  appa- 
reilleurs,  Villard  se  préoccupe  à  plusieurs  reprises  des  moyens 
de  décrire  l'une  des  courbes  du  voussoir,  l'autre  courbe  et  les 
rayons  étant  connus  :  fol.  20  v",  moyen  de  tailler  les  voussoirs 
«  par  esscandelon'  »  ;  fol.  21  r°,  moyen  de  donner  au  voussoir 
«  se  tumeie'  »,  sa  courbe,  ou,  pour  serrer  le  sens  de  plus  près, 
sa  courbe  convexe,  sa  courbe  d'extrados.  La  première  de  ces 
deux  formules  est  particulièrement  intéressante  :  la  courbe 
intérieure  et  les  rayons  étant  donnés,  on  parvient  à  tracer  un 
arc  de  cercle  concentrique  à  cette  courbe  en  se  servant  d'une 
règle,  d'une  jauge  de  longueur  égale  à  la  distance  ménagée  entre 
Tune  et  l'autre  courbe. 

Cela  étant,  si  un  traceur  en  possession  de  ce  procédé  veut 
obtenir  l'épure  d'un  claveau  dans  une  aire  très  restreinte, 
«  dedens  3  pies  de  tère  »,  comment  s'y  prendra-t-il?  Il  com- 
mencera par  décrire  un  arc  avec  un  rayon  aussi  grand  qu'il  'e 
pourra  sur  cette  aire;  c'est  ce  qu'indiquent  dans  le  croquis  les 
demi-cercles  achevés.  Après  quoi,  à  l'aide  de  la  formule  dont 
il  vient  d'être  question,  il  décrira  un  segment  de  cercle  con- 
centrique à  cet  arc;  puis  un  second  segment  concentrique  au 
précédent,  un  troisième  con-  » 

cen trique  au  second,  et  ainsi 
de  suite  jusqu'à  ce  qu'il  soit 
arrivé  à  la  courbure  convenable 
pour  l'intrados  de  son  claveau; 
il  fera  alors  une  dernière  fois 
la  même  opération,  en  prenant 
soin  de  laisser  entre  les  deux 
segments  concentriques  un  intervalle  exactement  égal  à  l'épais- 
seur du  claveau.  Tout  cela  peut  être  faitdans  un  très  petit  espace, 
parce  que  rien  n'oblige  à  conserver  sur  le  terrain  tous  ces  seg- 
ments. Si,  par  exemple,  on  procède  de  droite  à  gauche,  quand  on 

1.  Lassus,  pi.  XXXIX  et  p.  158  ;  Quicherat,  p.  261. 

2.  Lassus,  pi.  XL  et  p.  163;  Quicherat,  p.  261. 

Moyen  Age,  t.  XIIL  13 


182  J.-A.    BRUT  AILS 

manquera  de  place,  on  reportera  le  dernier  tracé  AB  à  l'extré- 
mité droite  de  l'aire,  et  on  poursuivra.  Dira-t-on  que  c'est  un 
amusement,  une  devinette^  plutôt  qu'une  méthode  pratique  et 
courante  ?  Tel  n'était  pas  l'avis  de  VioUet  le  Duc,  qui  fait 
observer  «  que  lorsqu'il  s'agissait  d'élever  une  cathédrale 
comme  celle  d'Amiens  ou  de  Reims,  il  eût  fallu  pour  tracer, 
grandeur  d'exécution,  toutes  les  épures  simultanément  néces- 
saires, un  emplacement  plus  vaste  que  n'était  la  surface  occupée 
par  le  monument...  L'album  de  Villars  de  Honnecourt,  dit-il 
ensuite,  indique  plusieurs  procédés  propres  à  tracer  des  pan- 
neaux de  claveaux  d'arcs  sans  le  secours  d'une  épure 
d'ensemble'  ».  Au  surplus^  je  n'ai  pas  trouvé  d'explication  qui 
répondît  de  façon  aussi  satisfaisante  au  croquis  et  à  la  légende 
qui  l'accompagne. 

Le  maître  d'œuvre  de  Saint-Michel,  quand  il  ordonnait  le 
molle,  arrêtait  donc  les  profils  et  en  traçait  l'épure;  après  quoi, 
le  menuisier  taillait  le  molle,  c'est-à-dire  que  suivant  cette 
épure  il  découpait  dans  des  planches  des  panneaux  destinés  à 
être  remis  aux  maçons. 

Ces  maçons,  nous  l'avons  vu,  étaient  à  la  fois  tailleurs  de 
pierre  et  maçons. 

Quant  aux  manœuvres,  on  les  employait  à  éteindre,  estuyav, 
la  chaux,  à  détremper  le  mortier,  à  le  faire,  à  servir  les  maçons, 
à  ramasser  la  pierre,  à  descendre  les  échafaudages,  à  tordre 
les  liens  d'osier  pour  les  lier,  sans  aucun  doute  aussi  à  manœu- 
vrer les  engins  pour  le  levage  des  pierres,  ce  qui  explique 
pourquoi  ils  sont  si  nombreux  quand  on  maçonne  haut.  Ils  sont 
également  chargés  de  tirer  l'eau  des  tranchées,  d'en  extraire 
les  pierres  et  la  terre,  de  passer  les  terres  à  la  claie,  de  combler 
les  fosses  quand  les  fondations  sont  faites,  etc. 

1.  Dictionnaire  d'arc/iitcclurc,  t.  VI,  p.  439. 


DEUX    CIIANTIEKS    BORDELAIS    (1486-1521)  183 


CHAPITRE  IV 

SITUATION    SOCIALE  ET    CONDITION   DES  OUVRIERS 

I. — Situation  sociale:  difficulté  de  V information;  quelques 
faits  ;  avances  aux  entrepreneurs. 

II.  —  Conditions  du  contrat:  différences  suivant  les  chan- 
tiers ;  une  grève.  Le  maître  d'œuvre:  engagement  viager  ; 
obligation  en  matière  de  résidence  ;  la  maison  de  l'œuvre; 
garantie  contre  un  renvoi  arbitraire  ;  retraite  pour  la 
vieillesse;  assurance  en  cas  de  maladie.  Compagnons  et 
manœuvres  ;  condition  inférieure  des  manœuvres. 

I.  — Avant  de  rechercher  hi  condition  faite  au  personnel  du 
chantier,  il  serait  d'un  incontestable  intérêt  de  déterminer 
quelle  était  la  situation  sociale  des  ouvriers  \ 

Siméon  Luce  a  fait  un  tableau  très  riant  de  la  vie  des  mi- 
neurs au  xv^  siècle^;  il  dit  notamment  que  les  mineurs 
possédaient  des  biens-fonds.  En  était-il  de  même  des  ouvriers 
dont  nous  nous  occupons?  A  priori,  ce  n'est  guère  probable, 
étant  donné  les  habitudes  nomades  des  compagnons  de  jadis, 
qui  voyageaient  de  chantier  en  chantier. 

Huguet  Bauducheau^  Yvonet  Alain  étaient  des  fidèles  du 
chantier  de  Saint-Michel  :  le  premier  était  embauché  avant 
septembre  1485,  puisque  le  précédent  trésorier  lui  devait  6  fr.b. 
10  liards  (27  fr.  75);  il  reçut,  le  16  juin  1497,  27  fr.  b.  24  liards 
(123  fr.  30)  pour  solde  de  son  compte.  Mais  bien  des  ouvriers 
ne  font  qu'apparaître  dans  les  registres:  on  les  embauchait, 

1.  Des  comptes  plus  anciens  signalent  le   recrutement  des  charpentiers 
parmi  les  lépreux.  «  [("ar]penteriis,  videlicet  leprosis,  »  dit  un  compte  de 
l'Archevêché,  de  1383  (G.  236,  f.  228  v").    Je   n'ai  rien    trouvé   d'analogue 
pour  les  chantiers  de  Saint-Michel  et  de  Saint-André. 
,    2.  La  France  pendant  la  Guerre  de  Ccnt-Ans,  2'  édition,  pp,  374-375, 


184  J.-A.    BRUTAILS 

ils  travaillaient  quelques  jours  ou  quelques  mois,  et  ils  conti- 
nuaient leur  voyage. 

J'ai  déjà  fait  observer  que  les  noms  des  ouvriers  décèlent  une 
origine  étrangère  à  nos  provinces.  Ils  pouvaient  avoir  des 
biens  chez  eux  :  Colas  Baluteau  était  propriétaire  dans  le 
diocèse  de  Poitiers,  d'où  il  était  sans  doute;  il  était  fixé  dans 
le  Bordelais,  et  il  y  mourut.  Un  certain  nombre  parmi  les  ou- 
vriers avaient  évidemment  une  résidence  stable  à  Bordeaux  : 
Botarel,  le  prédécesseur  des  Lebas,  était  tenu  d'employer  de 
préférence  les  maçons  de  la  paroisse. 

Ceux-là  surtout  devaient  subir  la  force  d'attraction  qui^  dans 
Tancienne  France,  retenait  l'homme  au  sol.  Pour  eux,  la  terre 
devait  exercer  la  mission  de  paix  et  de  stabilité  sociales  qui 
lui  fut  si  longtemps  dévolue.  C'est  un  instinct  naturel  que 
celui  de  la  possession  :  or,  la  fortune  mobilière  n'avait  pas 
acquis  le  développement  énorme  que  nous  lui  voyons  présente- 
ment ;  on  ne  connaissait  pas  ces  combinaisons  trop  savantes 
qui  permettent  à  tant  d'oisifs  agités  de  percevoir  les  revenus 
de  valeurs  en  papier  sans  arrêter  leur  perpétuel  exode.  On  ne 
possédait  pas  sans  un  objet  réel,  tangible,  de  possession,  et 
c'est  pourquoi  tout  le  monde  ou  presque,  propriétaire  ou  te- 
nancier, puissant  baron  ou  laboureur,  était  par  des  liens  divers 
attaché  à  un  fonds.  Nombre  d'artisans  bordelais  avaient  une 
maison,  et  avec  la  maison  un  jardin  et  une  petite  vigne  \ 

Il  est  malheureusement  difficile  d'arriver  à  un  résultat  précis 
en  ce  qui  concerne  les  ouvriers  d'un  chantier  déterminé;  sur 
ceux  même  qui  résidaient  à  Bordeaux  nous  n'avons  que  des 
moyens  d'information  très  limités. 

Dans  le  testament  du  17  avril  1504,  par  lequel  il  institue  la 
fabrique  héritière,  Colas  Baluteau,  l'un  des  maçons  employés 
par  la  fabrique  de  Saint-Michel^  dispose  de  divers  biens  dans 
les  diocèses  de  Bordeaux  et  de  Poitiers". 

1.  Voir  mon  introduction  au  Ca/'^w/ai/'c  de  Salnt-Scurin  de  Bordeaux, 

p.    XLI. 

2.  G  2171.  —  Cf.  du  même  un  legs  à  la  confrérie  N.-D.  des  Maçons», 


DEUX    CHANTIERS    BORDELAIS    (1486-1521)  185 

Jean  Lebas,  qui  avait  sa  maison  d'habitation  et  son  jardin 
du  côté  de  la  rue  Colombeyre\  possédait  d'autres  pro- 
priétésj  ((  hostelz,  terres,  vignes,  utencilles,  or  et  argent  », 
tant  à  Bordeaux  et  en  Bordelais  qu'en  Saintonge'.  Jean  Lebas 
fils  nous  apparaît  en  1485  comme  créancier  de  deux  marchands 
auxquels  il  avait  vendu  cinq  tonneaux,  soit  vingt  barriques  de 
vin'. 

Les  registres  du  notaire  Pierre  Dubosc  renferment  plusieurs 
actes  sur  Harry  Avelot,  le  maître  charpentier  et  un  au 
moins  concernant  Guillaume  Gauteyron,  ce  maçon  qui  tailla  et 
posa  l'arc  des  orgues  de  Saint-Michel.  Gauteyron  acquit,  le 
27  février  1497  (n.  st.),  un  jardin  sis  rue  Permentade.  Ce 
paraît  être  le  même  Guillnume  Gauteyron,  mort  dans  les  pre- 
mières années  du  xvi''  siècle,  qui,  «  à  la  fin  de  ses  jours, 
estoit  vestu  de  plusieurs  beaulx  biens,  tant  meubles  que  in- 
meubles*)). 

Quant  cï  maître  Harry  Avelot,  c'était  un  homme  aisé,  un 
personnage.  Il  était,  dès  1491,  vistor,  regardeur,  visiteur  de  la 
villes  c'est-à-dire  inspecteur  chargé  de  veiller  à  l'observation 
des  règlements  de  police  municipale  en  fait  de  charpenterie\ 

érigée  en  l'église  des  Carmes  de  Bordeaux  (l""  mai  1504  ;  G  2185)  ;  uu 
échange  de  biens  immeubles  (7  décembre  1487;  G.  2266,  fol.  6  v°);  enfin, 
un  acte  relatif  au  contrat  de  mariage  de  sa  femme  avec  un  précédent  mari 
{ibid.,  in  fine). 

1.  27  juillet  1471.  G  2266,  fol.  15  v".  —  C'est  sans  doute  le  même  jardin 
qui  est  signalé,  le  16  janvier  1484,  n.  st.,  parmi  les  confronts  d'une  maison 
de  la  rue  des  Menus  (G  2653).  —  La  maison  de  Jean  Lebas  est  également 
indiquée  dans  des  actes  de  1474-75  et  du  7  mars  1477,  n.  st.,  que  renferment 
les  registres  du  notaire  Dartiguemale. 

2.  Voy.  plus  haut  p.  168,  note  2. 

3.  G  2266,  fol.  27. 

4.  19  juillet  1513.  G  2172. 

5.  30  avril  1491.  a  Raymon  Macip  et  Hanrri  Havelot,  mestres  vistors  de 
la  ville  de  Bordeu  »  (Registre  du  P.  Dubosc,  notaire).  —  4  et  5  juin  1495. 
«  A  mestre  Harry  Havelot  et  a  mestre  Guilhemin,  carpenteys,  vistors  de 
la  ville .  » 

6.  Sur  les  attributions  des  vistors,  voy.  les  serments  des  cistors  du  cor- 
dage et  du  merrain  {Registres  do  la  Jurade,  t.  I,  p.  6),  et  surtout  les 
Anciens  et  nouveaux  Statuts  de  Bordeaicx,  passiin. 


180  J.-A.    RRITAILS 

Il  lit  les  pèlerinages  de  Rome  et  de  Jérusalem,  d'où  il  rapporta, 
nous  le  savons,  des  indulgences  pour  l'œuvre.  Enfin,  il  laissa 
55  fr.  b.  (247  fr.  50)  aux  bénéficiei^  de  Saint-Michel  pour  la 
fondation  d'un  anniversaire  \ 

Ces  données  se  réduisent  malheureusement  à  bien  peu  de 
chose,  et  j'ignore  si,  même  en  tenant  compte  des  lacunes  iné- 
vitables de  l'information,  elles  légitiment  une  conclusion  ^  Nous 
savons  que  les  maîtres  d'œuvre  n'avaient  pas  grand  crédit  et 
que  le  chapitre  de  Saint-André,  par  exemple,  faisait  des  avances 
de  fonds  à  son  maître  d'œuvre  quand  il  avait  traité  avec  lui 
pour  un  travail  de  quelque  importance'.   Cela  résulte  sans 

1.  24  avril  1493.  Registre  de  P.  Dubosc,  notaire,  —  Le  25  mars  1495, 
Harry  Avelot  fit  un  échange  d'immeubles  :  il  céda  une  échoppe  et  une 
soulte  de  100  fr.  b.  (450  lv.).{tl>id.).  —  d  janvier  1496,  n.  st.  Reconnaissance 
pour  une  maison  sise  rue  des  Menus  et  touchant  par  derrière  au  jardin 
d'Henri  Avelot,  charpentier  (G  2653).  —  13  avril  1507.  Reconnaissance 
par  l'héritier  de  Henri  Avelot  (G  2615,  fol.  131). 

2.  Voici,  dans  le  même  ordre  d'idées,  quelques  faits  glanés  au  hasard  et  sans 
recherche  préalable  :  23  mars  1411,  n.  st.  Mention  de  la  vente  d'une  maison 
par  "Vidal  de  Martres,  maître  d'œuvre  de  Saint-André  (G  1176,  fol.  37  v").— 

10  février  1448,  n.  st.  Mention  d'une  aubarède  appartenante  Robert  Bertran, 
maçon  (G.  fonds  de  Saint-Pierre  de  Bordeaux).  —  1497-98.  Mention  d'une 
vigne  appartenant  aux  héritiers  de  Pierre  Charretier,  tailleur  de  pierre  de 
la  paroisse  Saint-Michel;  d'une  maison  avec  jardin,  tenue  par  Jean  Du 
breuil,  tailleur  de  pierre:  d'une  maison  tenue  par  Pierre  Sourget,  tailleur 
de  pierre  (G  491).  —3  mai  1508.  Vente  d'une  moitié  indivise  d'une  maison, 
par  Jean  de  Pout,  menuisier  (G  2727,  f.  65).  —  18  juin  1513.  Reconnaissance 
pour  une  vigne  par  Masse  Boyn,   maître  menuisier  (G  2615,  fol.  22).  — 

11  juin  1517.  Reconnaissance  par  Nicolas  Baudroux,  maçon,  de  la  paroisse 
Saint-Michel,  pour  des  biens  sis  à  Tresses  (G  2798).  —  J'ai  eu  sous  les  yeux 
un  exemple  de  cette  alliance  de  la  vie  industrielle  et  de  la  petite  propriété 
rurale  :  mon  enfance  s'est  écoulée  dans  une  gare  de  chemin  de  fer  où  bien 
des  employés  étaient  petits  propriétaires.  L'équipe  de  nuit  était  en  grande 

■  partie  fournie  par  un  village  voisin  ;  ces  hommes  prenaient  sur  leur  journée 
quelques  heures  pour  cultiver  leur  bien. 

3.  24  décembre  1511.  Avance  de  100  livres  à  maître  Imbert,  en  vue 
d'acheter  des  pierres  pour  la  construction  des  piles  d'arcs-boutants  (G  505). 
—  16  juillet  1515  et  suiv.  Avances  à  maître  Imbert  Boachon  et  Mathelin 
Galopin  pour  acheter  de  la  pierre,  pour  payer  les  ouvriers,  du  bois,  etc. 
(G  507).  —  22  décembre  1516.  Avance  d'un  écu  soleil  â  maître  Fichon, 
menuisier,  pour  acheter  du  bois  (G  507). 


DEUX    CIIANTIEHS    nORDELAIS    (1186-1521)  187 

doute,  d'abord  de  ce  que  tel  était  l'usage,  ensuite  de  ce  que  la 
fortune  manquait  totalement  de  souplesse  et  de  mobilité  :  les 
institutions  de  prêt  n'existaient  qu'à  l'état  rudimentaire;  la 
rente  constituée  elle-même  ne  parait  pas  être  entrée  dans  les 
mœurs  avant  le  xvi*'  siècle,  et  pour  gager  une  dette  le  pro- 
priétaire foncier  n'avait  guère  d'autre  ressource  que  de 
convertir  un  alleu  en  censive  au  profit  du  créancier' . 

A  un  autre  point  de  vue,  les  tendances  égalitaires  des  an- 
ciens chantiers  provoqueront  peut-être  quelque  surprise.  Ces 
admirables  maîtres  d'œuvre,  qui  ont  produit  tant  de  merveilles, 
sortaient  des  rangs,  et  ils  restaient  ouvriers:  l'église  Saint- 
André  a\^ait  en  1515-1517  deux  maîtres  associés,  dont  l'un  resta 
seul  à  dater  du  0  juillet  1517'.  C'était  Mathelin  Galopin,  ou, 
comme  on  disait  couramment,  maître  Mathelin.  Je  trouve  en 
1512  un  manœuvre  qui  portait  le  même  prénom  dans  le  chantier 
de  la  même  église',  et,  comme  ce  prénom  est  rare'',  on  peut  se 
demander  avec  vraisemblance  si  le  manœuvre  de  1512  et  le 
maître  de  1517  ne  sont  pas  le  même  personnage.  Ses  fonctions 
avaient  pris  de  l'importance,  sa  rétribution  avait  augmenté 
sensiblement;  mais  sa  situation  sociale  n'avait  pas  beaucoup 
changé,  et,  en  1519,  le  trésorier  payait  3  livres  18  deniers  tour- 
nois (18  fr.  45)  «  à  la  femme  de  maistre  Mathelin,  maistre 
masson,  pour  avoir  faict  gecter  la  terre  et  aultres  ordures 
qu'estoient  au-devant  du  logis  de  l'œuvre  jusques  à  l'Arce- 
vesché'  ». 

TI.  —  Le  registre  de  compte  de  la  fabrique  Saint-Michel 
laisse  entrevoir  la  cordialité  des  rapports  entre  employeurs  et 

1.  Voir  mon  introduction  au  Caiiulairo  do  Saint-Sourin,  p.  lxxix 

2.  G  507  et  508. 

3.  H  août  1512.  G  506. 

4.  Les  registres  signalent  cependant,  à  la  date  du  12  février  1517,  a  maistre 
Matlielin  le  charpentier  »  (G  507).  Ce  dernier  ne  peut  pas  d'ailleurs  être 
confondu  avec  le  maître  d'œuvre,  qui  était  maçon  :  1515-1517.  Imbert 
Boachon  et  Mathelin  Galopin,  «  maistres  massons  »  (G  508). 

5.  29  juin  1519.  G.  509. 


188  J.-A.    BRLTAILS 

employés,  le  dévouement  de  ceux-ci,  la  bienveillance  de  ceux- 
là.  Il  était  d'usage  que  l'œuvre  traitât  les  ouvriers  le  jour  de 
l'Ascension',  qui  est  encore  la  fête  des  compagnons  maçons'; 
elle  invitait  parfois  «  les  Messieurs  qui  entretiennent  les  ou- 
vriers )).  Le  2ô  octobre  1492,  quand  furent  démontés  les  écha- 
faudages de  la  flèche,  elle  convia  le  maître  d'œuvre,  le  maître 
charpentier,  le  maître  fondeur  de  cloches  et  les  compagnons 
maçons  et  charpentiers. 

Ici  encore  les  documents  de  Saint-André  laissent  une  im- 
pression moins  favorable  :  le  chapitre  respecte  les  usages  reçus; 
il  donne  aux  maçons  un  mouton  et  même  le  pain  et  le  vin,  le 
jour  de  l'Ascension,  «  parce  que  c'est  leur  feste^  »  ;  il  paye  à 
boire  aux  ouvriers,  soit  qu'ils  aient  une  tâche  pénible'',  soit 
qu'ils  commencent  un  ouvrage '.  Mais  des  difficultés  se  produisent 
trop  souvent  sur  ce  chantier  :  en  1517,  les  chanoines  plaident 
contre  le  maître  d'œuvre'  ;  en  1511,  une  véritable  grève 
éclate  parmi  les  manœuvres.  On  était  en  novembre,  et  on 
creusait  une  tranchée  pour  le  fondement  d'une  pile  d'arc-bou- 
tant.  La  tranchée  s'emplissait  d'eau;  le  travail  était  dur  en 
même  temps  que  périlleux.  Les  manœuvres  refusèrent,  le  10  no- 
vembre, de  continuer  au  prix  ordinaire;  on  porta,  le  12,  de  10 
à  15  liards  (0  fr.  75  à  1  fr.  12)  le  salaire  des  hommes  qui 
tiraient  l'eau  nuit  et  jour.  Le  23  novembre,  l'équipe  n'eut  à 
travailler  qu'une  partie  de  la  nuit  ;  le  trésorier  diminua  le  sa- 

1.  1487.  «  Au  mestre  et  aus  compagnons  massons,  lo  jorn  de  Ascencion, 
per  ung  dinar,  com  es  de  bona  costuma.  »  —  1493.  «  Lo  jorn  de  Assen- 
sion,  per  lo  dynar  qui  fo  feyt  a  mess"  qui  tenen  los  massons  a  l'obra  et 
aus  compa[n]hons  massons,  et  argent  que  donney  aus  carpenteys  de  mestre 
Harry,  monta  IlII  fr.  XXXVI  arditz.  » 

2.  C'était  aussi  le  jour  de  la  fête  des  maçons  à  Montpellier  (Renouvier  et 
Ricard,  Des  Maîtres  de  pierre,  etc.,  pp.  17  et  18). 

3.  15  mai  1518.  G  508.  —  16  mai  1520.  G  509.  Etc. 

4.  6  octobre  1511.  Vin  donné  aux  hommes  qui  tiraient  de  l'eau  (G  505). 

5.  10  octobre  1511.  Don  de  2  fr.  28  liards  b.  (11  fr.  10)  donnés,  «  pro  eorum 
vino  »,  aux  maçons  qui  commencent  à  fonder  une  pile  d'arc-boutant 
(G  505). 

6.  G  507. 


DEUX    CHANTIERS    BORDELAIS    (1486-1521)  189 

laire  pour  ce  jour-h'i.  Les  ouvriers  mécontents  brisèrent  nuitam- 
ment la  machine  établie  pour  épuiser  la  fosse.  Les  chanoines 
achetèrent,  le  lendemain,  des  bottes  de  paille  pour  les  ouvriers 
qui  passaient  la  nuit,  et  ils  paj'èrent  à  part  ce  travail  de  nuit\ 

Il  est  un  ouvrier  pour  qui  les  chanoines  furent  très  bons, 
parce  qu'ils  avaient  besoin  de  lui:  celui-là  fut  réellement  choyé. 
C'était  un  chaufournier  très  habile,  Menjolet  de  Poey,  «  qui 
bene  scit  calcem  facere  »  :  on  l'envoya  chercher  chez  lui,  on  le 
défraya  pendant  son  séjour  à  Bordeaux,  on  lui  paya  le  voyage 
dans  son  pays  pour  aller  prendre  ses  outils  et  son  fils,  on 
l'installa  enfin  à  Verteuil  avec  des  provisions*. 

Mais  passons  de  ces  indications  un  peu  vagues  que  four- 
nissent les  comptes  aux  renseignements  plus  positifs  et  plus 
précis  qui  sont  donnés  par  les  contrats  de  louage.  Ce  qui  frappe 
le  plus  dans  le  contrat  de  Lebas,  c'est  la  rigueur  de  son  en- 
gagement, c'est  le  lien  étroit  qui  l'attache  à  l'œuvre.  Non 
seulement  il  promet  de  rester  au  service  de  l'entreprise  jusqu'à 
la  mort;  mais  encore  il  s'astreint  à  résider  sur  le  territoire  de 
la  paroisse,  sans  pouvoir  s'absenter,  sauf  une  fois  par  an,  pour 
visiter  sa  famille  à  Saintes.  En  1425,  le  chapitre  métropolitain 
de  Bordeaux  avait  été  plus  loin  :  il  avait  imposé  à  Colin  Tren- 
chant,  son  maître  d'oeuvre,  l'obligation  d'habiter  la  maison  de 
l'œuvre  et  avait  spécifié  qu'il  y  devait  coucher  \  Il  existait  à 
Saint-Michel  une  maison  de  l'œuvre  :  mais  elle  servait,  à  ce 
qu'il  semble,  de  dépôt  de  matériaux  et  d'atelier*.  Lebas  n'était 

1.  G  505. 

2.  Juin-septembre  1511.  G  505. 

3.  G  284,  fol.  10  v";  Avcldces  historiques  de  la  Gironde,  t.  VII,  p.  439.  — 
Cf.  Lassus,  Album  de  Villard  de  Honnecoiirt,  p.  17.  —  Des  articles  des 
comptes  de  Saint-André  aux  dates  des  9  septembre  1517  et  11  décembre  1519 
permettent  de  constater  que  le  «  maistre-masson  »  habitait  «  la  maison 
de  l'œuvre  »  (G  508  et  509).  — Dès  le  XIV  siècle,  cette  maison  de  l'œuvre  de 
Saint-André  est  signalée  :  «  In  gisqueto  hostii  quod  est  inter  offic[ialatum] 
et  domum  magistri  operis  ecclesie  Sancti  Andrée  »  (G  236,  f .  252  v°).  Le 
6  mars  1396,  n.  st.,  l'archevêque  entra  «  in  hospicio  magistri  operis  Sancti 
Andrée  ad  videndum  operari  »  (G  236,  f.  310  v°). 

4.  31  octobre  1488.  Dépenses  pour  journées  de  manœuvres  occupés  à  porter 


190  .i.-A.  nniTAiLs 

pas  tenu,  aux  termes  de  son  contrat,  à  y  faire  son  domicile;  il 
résidait,  nous  l'avons  vu,  à  proximité  du  chantier,  vers  la  rue 
Colombeyre. 

Le  maître  d'œuvre  n'avait  pas  toujours  des  devoirs  aussi 
étendus.  «  Chargés  seulement  de  la  direction,  moyennant  un 
traitement  fixe,  les  maîtres  de  l'œuvre  pouvaient  conduire 
plusieurs  enti'eprises  à  la  fois\  «En  1410,  le  maître  d'œuvre  de 
Minorque,  qui  avait  mission  de  bâtir  une  église  à  Manresa, 
songeait  à  solliciter  de  cette  ville  l'autorisation  nécessaire  pour 
se  mettre  à  la  tête  des  travaux  de  la  cathédrale  de  Girone^ 
Colin  Trenchant  lui-même  dirigeait  simultanément  la  cons- 
truction de  Saint-André  et  de  Saint-Seurin''  ;  Guillaume  Géraud 
y  ajoutait  l'église  Saint-Michel*;  mais  ces  trois  églises  étaient 
à  Bordeaux,  et  on  pouvait  les  surveiller  sans  quitter  la  ville. 
Martin  de  Lonay,  l'architecte  de  Saint-Gilles  en  Languedoc, 
en  1281;,  avait  la  liberté  de  s'absenter  depuis  la  Saint-Michel 
jusqu'à  la  Pentecôte,  pourvu  qu'il  se  rendît  à  tout  appel  des 
moines'.  Jacques  de  Favières,  l'architecte  narbonnais chargé  de 
la  cathédrale  de  Girone  vers  1320,  était  mieux  partagé  encore, 
puisqu'il  lui  suffisait  de  visiter  le  chantier  cinq  ou  six  fois 
l'an".  Lebas  se  réservait  la  faculté  de  conduire  d'autres  tra- 
vaux à  Bordeaux,  à  condition  de  n'y  pas  consacrer  plus  d'une 
heure  par  jour;  mais  il  s'interdisait  d'abandonner  l'entreprise 
pour  une  autre  plus  rémunératrice  :  il  contractait  un  engage- 
ment viager,  comme  avait  fait  Botarel  avant  lui,  en  1448. 

Le  traité  de  Lebas  règle  diverses  difficultés  qui  sont  aujour- 
d'hui encore  l'objet  des  préoccupations  législatives  :  garantie 


le  bois  à  la  maison   de  l'œuvre.  —  24  novembre  1494.  Port  de  pierres  de 
ladite  maison  au  cimetière. 

1.  Lassus,  A//ya^/*  (/e  Villat-d  dr  Honm-rouH,  p.  17. 

2.  Espana  sagrada,t.  XLV,  p.  237. 

3.  8  juin  142.5  (G  284,  fol.  10  v°;  Arcldces  Jiistofi'/ucs  do  la  Gironde, 
t.  VII,  p.  439). 

4.  G  284,  fol.  2  v°. 

5.  Quicherat,  Mélanrjcs,  t.  II,  p.  181. 

6.  Viollet  le  Duc,  Dictionnaire  d'architecture,  t.  I,  p.  112. 


DEUX    CHANTIF.RS    BORDELAIfi    (1486-1521)  191 

de  l'employé  contre  un  renvoi  arbitraire,  retraite  pour  la 
vieillesse,  assurance  contre  la  maladie.  Sur  le  premier  point, 
la  solution  est  très  humaine  :  tant  qu'ils  feront  leur  dû,  Lebas 
et  ses  deux  valets  ne  pourront  être  congédiés;  si,  par  vieillesse 
ou  maladie,  Lebas  est  trop  faible  pour  travailler  et  pour  ins- 
pecter les  chantiers  et  s'il  n'a  pas  de  quoi  vivre,  la  fabrique 
devra  en  conscience  pourvoir  à  son  entretien.  Sur  le  troisième 
point,  la  fabrique  est  un  peu  moins  généreuse  :  si  Lebas  con- 
tracte sur  le  chantier  une  maladie  qui  Tempêche  de  travailler, 
mais  non  de  surveiller,  lui  et  ses  valets  conserveront  leur  salaire 
pendant  trois  semaines  ou  un  mois.  En  1448,  Botarel  avait  été 
plus  favorisé  :  un  article  un  peu  obscur,  il  est  vrai,  de  son 
contrat,  portait  que  ses  gages  lui  seraient  servis  pendant  ses 
maladies,  à  moins  qu'il  ne  fût  malade  par  sa  faute.  C'est  le  prin- 
cipe de  \?k  faute  lourde,  dont  Tapplication  est  si  malaisée ^ 

J'ignore  quelles  étaient,  en  cas  d'accident  et  de  maladie,  les 
obligations  de  l'employeur  envers  les  simples  ouvriers.  Un 
maçon  de  Saint-Michel  ayant  été  tué  par  une  pierre,  le  tréso- 
rier déboursa  1  fr.b.  (4  fr.  50)  pour  le  faire  ensevelir'.  Les 
registres  de  Saint-André  signalent  aussi  deux  accidents;  mais 
les  victimes  furent  des  ouvriers  aux  gages  d'un  entrepreneur  : 
l'un  était  «  une  maneuvre  des  massons  qui  ceestoit  gasté  et 
rompu  les  espaules  à  la  besonhe  de  lad.  église  »  ;  on  lui  donna 
10  sols  tournois  (3  fr.)  «  pour  charité  du  pouvre  home'  ». 
L'autre  était  le  servant  du  chaufournier,  lequel  était  tombé 
dans  la  fosse  de  la  chaux  ;  on  lui  donna  3  fr.  b.  (13  fr.  50)  «  pour 
l'amour  de  Dieu*  ». 

Parmi  les  ouvriers  maçons,  les  manœuvres  étaient  moins 
considérés  que  les  compagnons  :  ils  n'étaient  pas,  comme  ces 

1.  En  1579,  Henri  Maubr  un,  maçon  et  superintendant  des  travaux  de 
Saint-Michel,  demanda  qu'on  lui  payât  les  gages  de  deux  ans,  «  en  consi- 
dération de  sa  vieillesse  et  longue  maladie».  Il  fut  fait  droit  à  sa  requête 
(G  2241). 

2.  22  août  1490. 

3.  4  décembre  1517.  G  508. 

4.  22  octobre  1511.  G  505. 


19?  J.-A.    BRUTAILS 

derniers,  invités  au  repas  de  l'Ascension;  on  les  louait  parfois 
au  marché';  ils  avaient  un  salaire  journalier  et  moins  élevé; 
enfin,  les  comptes  les  traitent  comme  des  unités  anonymes  : 
ils  ne  les  nomment  presque  jamais.  Il  est  fait  rarement  exception 
à  cette  règle;  ainsi,  deux  manœuvres  de  Saint-Michel  sont 
désignés  par  leur  nom  :  Pierre  Goudalez  ou  Goudalem  et 
Etienne  GueheP.  Ces  deux  noms  ont  une  physionomie  étran- 
gère^  espagnole  peut-être.  Les  comptes  plus  récents  montrent 
des  Morisques  employés  à  des  travaux  de  peine  '  :  il  y  a  peut- 
être  entre  les  deux  faits  une  corrélation. 

Nous  savons  peu  de  chose  sur  la  condition  des  ouvriers 
autres  que  les  maçons.  C'est  qu'en  effet,  si  les  maçons  étaient 
au  service  de  l'œuvre,  sous  la  surveillance  d'un  maître  ouvrier, 
la  fabrique  s'adressait,  pour  la  charpenterie,  par  exemple,  à  un 
patron.  Le  patron  charpentier  de  Saint-Michel,  Harry  Avelot, 
avait  ses  ouvriers:  «  les  charpentiers  de  maître  Harry  *^  »  comme 
dit  le  compte.  Avelot,  comme  le  couvreur  et  le  forgeron,  four- 
nissait généralement  les  matériaux  et  la  main-d'œuvre. 

Pour  que  ces  notes  sur  la  situation  des  ouvriers  fussent 
moins  incomplètes,  il  faudrait  encore  étudier  dans  les  statuts 
des  confréries  et  corporations  les  institutions  d'assistance  mu- 
tuelle, les  gages  de  sécurité  et  de  solidarité  qui  tenaient  une 
place  importante  dans  l'organisation  des  classes  laborieuses; 
mais  les  statuts  ne  sont  pas  arrivés  jusqu'à  nous  et  cette 
recherche  est  impossible. 

1.  19  octobre  1486.  «  Per  V  manobras  qui  toren  logadas  au  marcat, 
XLII  arditz.  » 

2.  16  mai  1490.  —Pierre  Goudalez  est,  de  plus,  cité  eu  juillet  1488,  le 
6  octobre  149.3  et  en  avril  1494 . 

8.  1629.  G  2256,  fol.  64  et  65.  -  12  octobre  1488.  Réconciliation  du 
cimetière  de  Saint-Michel,  «  qui  era  estât  polut  per  lo  Moro.  »  —  L'un  des 
faiseurs  de  mortier  avec  lesquels  le  chapitre  Saint-André  passa  marché, 
le  22  juin  1512,  s'appelait  lo  More  (G  500). 

4.  1491.  «  Paguey,  lo  jorn  de  Assencion,  que  donneren  aus  massons  et 
carpenteys  de  mestre  Harry,  com  es  de  bona  costuma»,  2  fr.  b.  50  liards. 


COMPTES  RENDUS 


Bertrand  de  Brolssillon.  —  Cartulaire  de  l'abbaye  de  Saint- 
Aubin  d'Angers.  T.  I  et  II.  —  Angers,  Lachèse,  1896-1899; 
2  vol.  in-S",  454  et  428  p.  Documents  historiques  sur  l'Anjou,  publiés 
parla  Société  d'agriculture,  sciences  et  arts  d  Angers.  I-II). 

Le  cartulaire  de  l'abbaye  de  Saint-Aubin  d'Angers  est  un  de  ceux 
que  les  historiens  ont  le  plus  anciennement  utilisés.  Des  extraits  en 
ont  été  donnés  soit  dans  les  glossaires,  depuis  celui  de  Du  Cange,  soit 
dans  les  recueils  de  chartes,  tels  que  les  Miscellanea  de  Baluze  ou  le 
Spicilegium  de  d'Achery,  soit  encore  dans  les  histoires  du  droit;  mais 
ce  n'était  que  pour  en  faire  souhaiter  la  publication  intégrale.  Des 
documenls,  isolés  de  l'ensemble  dont  ils  font  partie,  n'ont  jamais  toute 
leur  valeur  ;  il  arrive  même  qu'on  en  donne  une  interprétation  erronée, 
faute  d'avoir  les  documents  qui  les  complètent  et  les  éclairent.  On  ne 
saurait  donc  trop  louer  la  Société  d'agriculture,  sciences  et  arts 
d'Angers,  d'avoir  fait  place  au  cartulaire  de  Saint-Aubin,  si  impor- 
tant pour  l'histoire  de  nos  institutions,  dans  sa  précieuse  collection  de 
documents  historiques,  et  d'en  avoir  confié  la  publication  à  un  savant 
que  ses  études  sur  les  chartes  de  la  région  mettaient  à  même  d'en 
dresser  un  texte  correct  et  d'en  donner  une  excellente  édition.  Nous 
ne  connaîtrons  l'économie  du  recueil  formé  par  M.  Bertrand  de 
Broussillon,  que  lorsque  l'introduction  aura  paru.  En  attendant,  l'on 
peut  dire  que  le  premier  volume  correspond  au  cartulaire  du  xn^  siècle, 
et  que  le  second  comprend  les  chartes  de  Saint-Aubin  qui  ne  figurent 
pas  dans  ce  cartulaire  et  que  l'éditeur  a  recherchées  dans  les  archives 
ou  dans  les  recueils  manuscrits  et  imprimés.  Le  classement  suivi 
dans  ce  volume  complémentaire  est  méthodique  et  géographique, 
comme  celui  qui  avait  été  adopté  par  le  compilateur  du  cartulaire  du 
XII®  siècle. 

La  plupart  des  chartes,  en  tout  946,  datent  du  xi®  siècle,  quelques- 
unes  des  ix%  x<^  et  xn"^  siècles.  Les  renseignements  de  toutes  sortes 


194  COMPTES    RENDUS 

abondent,  et  d'autant  plus  intéressants  que  les  chartes  du  cartulaire 
se  présentent  le  plus  souvent  sous  la  forme  de  notices,  relatant  toute 
la  suite  d'une  affaire.  Et  si  les  actes  de  vente  et  de  donation  sont 
nombreux,  je  ne  sais  s'ils  le  sont  plus  que  les  actes  judiciaires. 

Au  X''  siècle,  l'église  de  Saint-Aubin  était  desservie  par  des  cha- 
noines. En  966,  le  comte  d'Anjou,  Geoffroy  Grisegonelle,  y  établit  des 
moines  à  la  tête  desquels  il  plaça  comme  abbé  un  certain  Widbod  ; 
mais  après  la  mort  de  celui-ci,  son  successeur  devait  être  élu  par  les 
moines,  réserve  faite  de  l'assentiment  du  comte  :  «  post  obitum 
quandoque  ipsius  cum  nostro  generisque  nostri  futuri  assensu,  suc- 
cessorei,qui  afratribusejusdem  locielectionis  privilegioaptusinventus 
fuerit,  subsiituatur  »  (n^  II).  Cependant,  à  la  mort  de  l'abbé  en  970, 
ce  fut  le  comte  qui  désigna  lui-même  son  successeur  :  «  delegamus 
abbatem  (dit  le  comte)  in  monasterio  sancti  Albini,  nomine  Albertum, 
salva  voluntate  monachorum  ibidem  degentium  eisque  licentiam 
concedimus  talem  ut  post  obitum  ejus  quemcumque  melius  voluerint 
abbatem  eligendi  habeant  potestatem  »  (n"  XXI).  Ainsi  c'était  le 
comte  qui  désignait  l'abbé  et  les  moines  qui  donnaient  leur  assen- 
timent à  ce  choix,  au  lieu  que  ce  fût  le  contraire.  Il  est  vrai 
que  la  charte  qui  constatait  la  désignation  de  l'abbé  était  en  môme 
temps  une  charte  de  non-préjudice  :  «  post  obitum,  etc.  »  Le  môme 
fait  se  renouvela  en  977  (n"  XXII).  En  988,  il  n'y  eut  pas  encore 
d'élection  régulière  ;  l'abbé  Gontier  devant  se  rendre  à  Rome  et  à 
Jérusalem,  se  choisit  lui-môme  un  successeur,  avec  le  consente- 
ment des  moines  et  celui  du  comte  Foulque  (n°  XXlIIj.  En  994 
:n«  XXIV),  en  l'an  1000  (n«  XXV),  en  1027  (n"  XXVI),  nous  voyons 
le  comte  d'Anjou  désigner  l'abbé  et  continuer  à  reconnaître  pour 
l'avenir  le  droit  des  religieux  à  élire  leur  abbé.  Il  faut  venir  à  l'année 
1038  pour  trouver  une  élection  régulière.  Les  moines  obtiennent 
d'abord  de  l'évoque  et  du  comte,  et  avec  l'assentiment  des  nobles,  des 
clercs  et  des  laïques  notables  de  l'un  et  l'autre  sexe,  la  permission  de 
procéder  à  l'élection  ;  ils  élisent  un  de  leurs  frères,  Gautier,  puis  ils 
adressent  une  pétition  (probablement  au  comte)  pour  que  l'élection  soit 
ratifiée  et  implorent  l'évêque  afin  qu'il  consacre  l'élu  (no  XXVII).  Une 
autre  élection  a  lieu  en  1056,  avec  l'intervention  de  l'abbé  de  Mar- 
moutier.  Le  procès-verbal  de  cette  élection  est  intéressant  (no  XXVIII), 
car  il  nous  donne  la  raison  de  l'intervention  du  comte,  seigneur  tem- 
porel du  monastère,  en  même  temps  qu'il  nous  offre  une  solution  de 


B.   DE  BROLSSILLON  :  CARTULAIRE  DE  ST-AUBL\  d'aNGEHS  195 

la  querelle  des  investitures,  celle-là  même  qu'Ive  de  Chartres  proposera 
quelques  années  plus  tard.  L'abbé  de  Marmoutier  présente  l'élu  au 
comte  Geoffroy,  u  sub  cujus  ditione  locus  ipse  consistit,  a  quo  etiam 
donum  rerum  temporalium  ad  idem  pertinentium,cenobium  suscepit». 
Puis  il  le  présente  à  l'évêque,  «  ut  oui  cornes  exterius  tradiderat  aucto- 
ritate  sua  dominium,  episcopus  débita  benedictione  consecrans  ex 
more  ecclesiastico  curam  committeret  animaruni  ».  On  ne  peut  pas 
mieux  distinguer  le  temporel  du  spirituel  ni  délimiter  plus  nettement 
les  droits  du  comte  et  ceux  de  l'évâ^que. 

Les  moines  devaient  défendre  pied  à  pied  leurs  domaines  contre 
les  envahissements  des  laïques  et  contre  les  exactions  des  seigneurs 
et  de  leurs  officiers.  De  là,  d'incessantes  comparutions  en  justice.  Les 
chartes  de  Saint-Aubin  fourniraient  matière  à  une  étude  intéressante 
de  l'administration  de  la  justice.  Lorsqu'on  étudie  la  procédure  du 
haut  moyen  âge,  il  faut  d'abord  se  défaire  des  idées  modernes  sur  la 
justice.  Il  semble  qu'on  ne  peut  conclure  à  priori  de  la  nature  d'une 
cause  au  tribunal  devant  lequel  elle  devait  être  portée.  En  d'autres 
termes,  la  compétence  des  cours  de  justice  n'était  pas  nettement  déter- 
minée. 11  semble  que  le  plaignant  pouvait  choisir  entre  diverses  cours 
pour  déposer  sa  plainte.  Le  plus  souvent,  les  deux  parties  convenaient 
de  soumettre  leur  procès  à  tel  ou  tel  tribunal  ;  par  exemple  un  différend 
s'étant  élevé  entre  les  chanoines  de  Saint-Martin  d'Angers  et  les  moines 
de  Saint-Aubin,  à  propos  de  la  possession  d'une  curds,  les  chanoines 
demandèrent  à  l'abbé  de  Saint- Aubin  de  soumettre  leur  cause  à  un 
tribunal  ecclésiastique.  L'abbé  y  consentit  (i\°  CLXXX).  Il  était 
essentiel  que  les  parties  fussent  d'accord  sur  le  choix  des  juges,  car 
une  sentence  n'était  définitive  que  si  la  partie  condamnée  en  recon- 
naissait la  validité  (Voy.  Esmein.  La  chose  jugée,  dans  Noucelle  Revue 
histor.  du  droit,  t.  XL.  Aussi  les  juges  s'assuraient-ils  d'avance,  avant 
d'entamer  la  procédure,  que  demandeur  et  défendeur  se  soumettraient 
au  jugement.  Ainsi,  en  1074,  les  moines  de  Saint-Serge  contestaient  à 
ceux  de  Saint-Aubin  la  propriété  de  la  curtis  et  de  l'église  de  Cham- 
pigné.  L'abbé  et  la  congrégation  de  Saint-Aubin  consentirent  à  aller  en 
jugement  devant  les  abbés  de  la  province  de  Tours;  il  fut  convenu 
que  le  plaid  se  tiendrait  dans  le  monastère  de  Saint- Florent  de  Saumur. 
Cinq  abbés  furent  choisis  comme  juges,  qui  s'entourèrent  de  conseillers. 
Les  juges  demandèrent  aux  deux  adversaires  s'ils  voulaient  croire  au 
jugement  qui  serait  rendu  par  toute  l'assemblée  :  «  interrogaverunt 


196  COMPTES    RENDUS 

ambos  abbates  et  monachos  eorum  quorum  causa  erat,  utruin  vellent 
utrumque  credere  judicamento  quod  ibi  concordantor  lotus  ille 
conventus  judicaret.  »  La  question  fut  posée  non  seulement  aux  abbés, 
mais  aux  moines  qui  s'étaient  joints  à  eux  pour  représenter  les  deux 
monastères.  Et  tous  répondirent  :  «  Sachez  que  nous  sommes  prêts  à 
suivre  et  à  tenir  la  sentence  de  votre  jugement.  Nous  vous  le  pro- 
mettons, parce  que  nous  sommes  venus  pour  cela.  »  La  notice  nous  fait 
ensuite  assister  au  développement  de  la  procédure  et  en  rapporte  les 
moindres  détails  jusqu'à  la  sentence  avec  ses  considérants.  I!  y  a  un 
point  dans  ce  procès  qui  ne  manquera  pas  d'intéresser  les  diplomatistes 
et  qui  prouve  que  les  juges  de  ce  temps-là  avaient  plus  d'esprit  critique 
qu'on  ne  serait  généralement  porté  à  le  croire.  Les  moines  de  Saint- 
Serge  pour  soutenir  leurs  droits  produisaient  deux  chartes.  Les  juges 
se  retirèrent  pour  les  examiner  et  prirent  avec  eux  deux  experts,  l'un 
que  la  notice  qualifie  «  gramaticus  Andecave  civitatis  »,  et  qui  n'était 
autre  que  Rainaud,  archidiacre  de  Saint-Maurice,  auteur  d'une 
chronique,  le  second,  Robert,  doyen  de  la  même  église,  tous  deux 
jurisconsultes  d'expérience.  L'une  des  chartes  produites  était  un 
diplôme  du  roi  Robert,  où  il  était  question  de  la  donation  de  Campi- 
niacus.  Les  juges,  après  avoir  délibéré  revinrent  dans  le  lieu  où  se 
tenait  le  plaid  et  s'adressant  aux  moines  de  Saint-Serge,  dirent  : 
«  Vous  nous  montrez  deux  chartes,  l'une  récente  (celle  du  roi  Robert), 
l'autre  ancienne.  Celle-ci  vous  ne  la  produisez  qu'à  l'appui  de  la  plus 
récente.  Mais  il  y  a  une  grande  difficulté.  Dans  la  plus  ancienne  est 
mentionné  le  nom  d'un  de  vos  prieurés,  c'est  à  savoir  Campaniacus 
que  vous  possédez  ;  dans  la  plus  récente  il  est  question  de  Campiniacus ; 
une  lettre  a  été  changée,  i  pour  a.  Puisque  dans  l'ancienne  charte 
nous  voyons  Campaniacum  et  dans  la  nouvelle,  Campiniacum,  nous 
sommes  obligés  de  penser  que  l'erreur  de  la  nouvelle  charte  a  été 
commise  sciemment  «  ex  industria  »  ou  qu'elle  provient  de  l'ignorance 
du  scribe.  »  Puis  les  juges  examinaient  l'affaire  au  fond  et  concluaient 
en  déboutant  Saint-Serge  de  ses  prétentions  (n°  CVI). 

Ily  adanslecartulairede  Saint -Aubin  un  autre  procès  qu'il  convient 
de  signaler  à  l'attention  des  diplomatistes'.  Cette  fois,  il  s'agissait  de 
la  propriété  d'un  bois  sis  à  Pruniers  et  que  l'abbaye  de  Saint-Nicolas 

1.  Le  regretté  M.  Giry  a  consacré  au  diplôme  de  Charlemagiie  dont  nous 
allons  parler  un  mémoire  qui  paraîtra  prochainement  dans  les  Mémoires  de 
l'Académie  des  Inscriptions  et  Belles-Lettres. 


B.   DE  BrxOUSSILLOX:  CARTILAIUÉ  DE  ST-AL  BIX  DAXGEUS  lî)7 

contestait  à  Saint-Aubin  (iv>  CVIII  .  Les  moines  de  Saint-Aubin  pro- 
duisirent un  diplôme  de  Charlemagne  qui  fut  reconnu  authentique. 
Cela  se  passait  en  1098.  Quelques  années  après,  en  1104  n"  CX),  un 
moine  fugitif  de  Saint-Aubin,  à  l'instigation  de  certains  clercs  d'An- 
gers, qui  voulaient  troubler  l'accord  entre  les  deux  abbayes,  alla 
trouver  le  comte  Foulques  et  son  fils  Geoffroy,  et  leur  présentant 
la  charte  royale  qu'il  avait  soustraite,  se  fit  fort  d'en  prouver  la 
fausseté.  Les  comtes  obligèrent  l'abbé  de  Saint-Aubin  et  ses  moines 
à  comparaître  à  un  plaid  qu'ils  devaient  tenir  avec  l'évêque  d'Angers, 
l'archevêque  de  Tours,  d'autres  évoques  et  abbés.  Au  jour  fixé,  ni  le 
moine  fugitif,  ni  aucun  autre  accusateur  ne  se  présenta.  La  charte  fut 
donc  déclarée  bonne.  Adiré  vrai,  le  moine  fugitif  devait  avoir  raison, 
et  si  nous  revisions  aujourd'hui  le  procès,  il  est  probable  que  nous 
devrions  conclure  sinon  à  la  fausseté  du  diplôme,  tout  au  moins  à  son 
interpolation.  En  efïet,  le  compilateur  du  carlulaire  nous  a  conservé 
deux  textes  du  diplôme  de  Charlemagne,  l'un  sous  le  n"  X  dans  le 
chapitre  des  actes  royaux,  l'autre  sous  le  n°  CIX  qui  est  le  texte 
produit  au  plaid  de  1098,  ((  cujus  exemplum  infrascribendum  judica- 
vimus  ».  Or,  les  deux  textes  diffèrent,  et  en  un  point  essentiel.  Dans 
le  premier  texte,  les  cillœ  données  à  l'abbaye  sont  énumérées  som- 
mairement (p.  22)  :  «  Maironnus,  Clementiniacus,  Papirius,  Pra- 
nariuH...  »  et  dans  le  second,  leurs  dépendances  sont  indiquées  : 
«  Maironus,  cum  silva  qua*  vocatur  Lanthoniuni  ;  Priinarius,  cum 
silca  adjacente,  quantum  ionet  unam  leqam^  qufn  deserviat  coquine 
fratrum.  »  11  est  possible  que  les  moines  réclamaient  justement  le 
bois  de  Pruniers,  parce  que  le  diplôme  portait  que  les  fillœ  étaient 
données  «  cum  omni  integritate  «,  mais  ils  ne  pouvaient  fonder  leur 
prétention  sur  un  texte  interpolé. 

Le  cartulaire  de  Saint-Aubin  nous  offre  au  moins  un  exemple  de 
jugement  faussé.  Un  procès  s'était  élevé  entre  un  certain  Roaldus  de 
Luigné  et  les  moines  de  Saint-Aubin.  La  cause  vint  devant  la  cour 
de  l'évêque  d'Angers.  Roaldus  commença  par  exiger  de  l'évêque  la 
promesse  de  lui  faire  droit  contre  les  abbé  et  moines.  La  sentence 
une  fois  prononcée,  Roaldus  chercha  à  s  y  soustraire.  L'évêque  et  les 
juges  qu'il  avait  choisis,  se  déclarèrent  prêts  à  jurer  qu'ils  avaient  fait 
droit  jugement,  «  rectum  judicamentum  ».  Comme  Roaldus  protestait, 
deux  des  juges  laïques  s'offrirent  à  prouver  par  le  combat  la  rectitude 

Moyen  Age,  t.  XIII.  14 


198  COMPTES    RENDUS 

du  jugement.  Mais  ni  l'adversaire  ni  aucun  des  siens  ne  se  leva  pour 
soutenir  par  le  combat  la  fausseté  du  jugement  (n»  CCIII). 

Ces  quelques  analyses  de  chartes  suffisent,  croyons-nous,  à  montrer 
la  précision  et  la  variété  des  renseignements  que  fournit  le  carlulaire 
de  Saint-Aubin  sur  l'administration  de  la  justice  au  .\i«  siècle. 

Nous  signalerons  encore  quelques  documents  relatifs  à  des  fon- 
dations de  bourgs.  De  tout  temps  l'on  a  cherché  à  peupler  les  lieux 
inhabités  et  à  provoquer  la  formation  de  nouveaux  groupements. 
Ainsi,  à  l'époque  mérovingienne  l'on  rencontre  des  bourgs  appelés 
Nocus  vicus  et  dont  la  fondation  remonte  soit  à  la  période  gallo- 
romaine,  soit  au  vi"^'  ou  VII"  siècle.  11  y  a  eu  des  villes  neuves  établies 
au  ix^  siècle.  Le  mouvement  s'est  continué  jusqu'au  xii''  siècle,  oîi  il  a 
eu  son  plein  épanouissement,  lui  97G,  l'abbé  de  Saint-Aubin  acheta 
d'un  chevalier  une  terre,  sise  sous  les  murs  d'Angers,  tenue  en 
arrière-fief  du  comte,  pour  y  fonder  un  bourg;  le  comte  ratifiant  la 
cession,  autorisa  les  moines  à  y  recevoir  comme  hôtes  tous  ceux  qui  y 
viendraient  (n»  XXXl'Vj.  Entre  1098  et  1106,  Gandin  de  Malicorne, 
qui  devait  aux  moines  trente  livres  de  deniers  qu'il  ne  pouvait  rendre, 
acquitta  sa  dette  en  cédant  à  ses  créanciers  une  terre,  libre  de  toute 
coutume,  sise  devant  la  porte  de  son  château  pour  y  créer  un  bourg. 
Gaudin  n'imposait  aux  hôtes  que  l'obligation  de  moudre  leurs  grains 
à  ses  moulins  (n"  CCCXXVI).  En  1097,  Bellay,  seigneur  de  Montreuil, 
donna  à  Saint-Aubin,  une  terre  à  Brossay  avec  faculté  d'y  élever  une 
église,  une  maison  pour  les  moines,  un  bourg  pour  leurs  hommes.  Il 
déclare  que  les  hommes  seront  libres  de  toute  coutume  et  de  vicavia  ; 
s'ils  achètent  quelque  objet  pour  leur  usage,  ils  ne  payeront  aucun 
droit;  ils  ne  devront  de  péage  que  s'ils  vendent  quelque  chose;  et  si 
dans  ce  cas  ils  ne  payent  pas  le  droit,  ni  le  prévôt  ni  le  viguier  de 
Montreuil  ne  pourra  les  arrêter  ni  mettre  leurs  biens  sous  sa  main  ; 
mais  l'officier  du  seigneur  devra  s'adresser  au  moine,  administrateur 
de  la  terre  de  Saint-Aubin  à  Brossay,  qui  fera  rendre  le  péage  sans 
amende.  Ce  nouveau  bourg  devait  s'appeler  Francheville.  Il  y  a  là 
comme  une  ébauche  des  chartes  de  coutumes  et  de  franchises  du 
XII''  siècle. 

Xous  ne  saurions  multiplier  les  extraits  de  ce  beau  (^artulaire  sans 
empiéter  sur  l'introduction  que  M.  Bertrand  de  Broussillon  imprimera 
dans  un  troisième  volume.  Il  nous  promet  aussi  une  table  alphabé- 
tique. Xous  nous  permettons  d'exprimer  un  souhait,  c'est  que  l'éditeur 


F.    DAllN  :   DIE  KU.NIGt:  DIÎK  GKlîMANEN  199 

n'omette  pas  de  dresser  la  table  des  mots  techniques  et  non  pas  seule- 
ment des  vocables  rares,  en  d'autres  termes,  un  index  rerum  dont  on 
regrette  l'absence  dans  un  trop  grand  nombre  de  recueils  de  documents. 

M.  Prou. 


Félix  Dahn.  —  Die  Kônige  der  Germanen.    Achter  Band.  Die 

Franken   unter   dcr  Kai-oiingen.    Zweite,    drittc,     vierte,    fûnfte 

Abtlieilung.  —  Leipzig,  Breitkopf  und  Hârtel,  1899;  in-8",  xvi-265, 

296,  vni-260,  vi-359  p. 

M.  Félix  Dahn  a  publié  la  fin  du  huitième  volume  de  son  ouvrage 
considérable  intitulé  :  lea  Rois  des  Germains.  Nous  avons  annoncé 
précédemment  la  première  partie  de  ce  huitième  volume  qui  traitait 
de  l'histoire  politique  des  Carolingiens. 

Les  autres  parties  sont  consacrées  aux  institutions.  Et  comme  le 
titre  pourrait  faire  croire  que  l'action  seule  de  la  royauté  dans  ce 
domaine  y  est  étudiée,  il  est  utile  de  faire  remarquer  que  nous  sommes 
en  présence  d'un  tableau  complot  du  droit  public  aux  vni*î  et  ix"  siècles. 
L'auteur  est  au  courant  de  la  plupart  des  travaux  récents,  encore  que 
l'on  puisse  signaler  dans  sa  bibliographie  générale  des  lacunes  impor- 
tantes et  aussi  des  erreurs,  comme  par  exemple  cette  étrange  mention 
de  la  nouvelle  édition  de  l'Histoire  de  Languedoc  :  «  Robert,  Histoire 
de  Languedoc.  Nouvelle  édition  »  (2'  part.,  p.  xni)  ;  mais  ce  sont  là 
des  fautes  de  peu  d'importance,  puisque  M.  Dahn  a  fait  des  documents 
une  étude  directe.  Ses  références  aux  textes  sont  nombreuses,  presque 
aussi  nombreuses  que  ses  assertions  ;  dans  une  matière  aussi  vaste  il 
ne  pouvait  songer  à  transcrire  en  note  les  textes  eux-mêmes  ;  il  n'a 
donné  que  les  passages  des  documents  ou  très  caractéristiques,  ou 
dont  il  proposait  une  interprétation  nouvelle,  différente  de  celle  qu'a- 
vaient donnée  les  auteurs  les  plus  autorisés,  et  spécialement  Waitz  et 
M.  H.  Brunner.  Un  livre  aussi  considérable  échappe  à  l'anah'se  ;  car 
le  résumer  ce  serait  ne  rien  apprendre  de  nouveau  à  nos  lecteurs, 
parce  que  les  grandes  lignes  de  l'histoire  constitutionnelle  de  l'Empire 
carolingien  n'en  sont  pas  changées  et  que  les  nouveautés  ne  portent 
que  sur  le  détail. 

M.  Dahn  a  pris  un  soin  tout  particulier  de  la  définition  des  termes 
techniques.  Aussi  est-il  à  désirer  qu'il  dresse  un  index  alphabétique 
des  mots  latins  dont  il  a  déterminé  la  signification. 

La  deuxième  partie  traite  des  divisions  territoriales,  de  la  condition 


200  COMPTES    RENDUS 

des  personnes  et  des  terres;  et  spécialement  la  question,  capitale 
pour  l'intelligence  de  la  société  du  moyen  âge,  du  bénéfice  et  de  la 
vassalité  y  est  examinée  à  fond  ;  il  semble  que  l'obscurité  du  sujet 
ait  eu  quelque  influence  sur  l'exposition  qui  n'est  pas  aussi  précise  — 
les  phrases  incidentes  et  les  parenthèses  s'y  multiplient  —  que  dans 
le  reste  du  volume;  on  peut  se  demander  encore  si  M.  Dahn  n'a  pas 
donné  une  importance  trop  grande  à  la  sécularisation  des  biens  d'église 
pour  l'origine  ou  plutôt  le  développement  du  système  bénéficiaire. 

La  troisième  partie  est  consacrée  aux  officiers,  les  provinciaux  et 
ceux  de  la  couronne,  et  à  l'organisation  militaire. 

La  quatrième  partie  est  consacrée  à  la  justice,  à  la  procédure,  au 
droit  pénal  et  au  droit  privé.  Enfin  la  cinquième  partie  traite  des 
finances  et  de  l'Église. 

On  n'examinera  ici  que  les  paragraphes  relatifs  aux  monnaies. 
M.  Dahn  s'en  tient  à  l'hypothèse  d'après  laquelle  le  sol  d'argent, 
monnaie  idéale  ou  de  compte,  équivalant  à  douze  deniers  d'argent, 
aurait  remplacé  le  sol  d'or  de  quarante  deniers.  C'est  là  une  théorie 
que  nous  avons  déjà  essayé  de  réfuter.  D'abord,  on  sait  que  le  sol  d'or 
de  quarante  deniers  ne  figure  que  dans  la  loi  Salique  ;  et  que  le  sol 
de  douze  deniers,  qui  apparaît  dans  la  loi  des  Ripuaires,  s'est  perpétué 
jusqu'à  nos  jours. 

Le  sol  de  la  loi  Salique  et  celui  de  la  loi  des  Ripuaires  sont  une 
même  monnaie.  Les  deniers  de  la  loi  Salique  sont,  au  contraire, 
différents  de  ceux  de  la  loi  des  Ripuaires.  Si  le  sol  de  la  loi  Salique, 
estimé  à  quarante  deniers,  et  le  sol  de  la  loi  des  Ripuaires  estimé  à 
douze  deniers,  étaient  deux  monnaies  différentes,  l'on  ne  s'expliquerait 
pas  comment  l'on  aurait  pu  transporter  dans  la  seconde  de  ces  lois 
une  partie  du  tarif  d'amendes  de  la  première.  Il  s'agit  du  solidus 
romain,  qui,  aussi  longtemps  qu'il  a  été  frappé,  l'a  été  en  or.  Pour 
déterminer  la  nature  des  deniers  de  la  loi  des  Francs  Saliens,  il 
importe  de  ne  pas  perdre  de  vue  que  cette  loi  représente  un  état  de 
choses  bien  antérieur  à  l'époque  de  sa  rédaction,  et  qu'en  ce  qui  touche 
le  tarif  des  amendes  elle  n'est  que  la  consignation  par  écrit  d'une 
ancienne  coutume.  Waitz  a  établi  l'antériorité  du  compte  en  deniers 
par  rapport  au  compte  en  sols;  nous  croyons  avoir  ajouté  quelques 
preuves  à  celles  qu'il  avait  données. 

Les  compositions  et  amendes  sont  toujours  exprimées  de  la  façon 
suivante  :  «  Tant  de  deniers  qui  font  tant  de  sols.  »  Ce  n'est  donc  que 


F.   DAIIN  :   DIK    KÔMGK  DER   GEUMANKN  201 

lorsque  les  Francs  établis  sur  les  rives  de  l'Escaut  et  de  la  Meuse  se 
sont  trouvés  en  contact  direct  et  en  relations  suivies  avec  les  Romains, 
et  même  établis  sur  le  territoire  de  l'Empire,  qu'ils  ont  été  obligés  de 
convertir  les  deniers,  dans  lesquels  d'ancienneté  s'exprimaient  leurs 
amendes,  en  sols  d'or,  c'est-à-dire  à  substituer  à  une  ancienne  unité 
monétaire,  l'unité  monétaire  nouvelle.  Or,  si  l'on  admet  que  le  tarif 
des  compositions  de  la  loi  Salique  reflète  d'aniiques  usages,  les  mon- 
naies qui  y  sont  mentionnées  ne  peuvent  être  que  celles  dont  on  se 
servait  dans  la  Germanie  indépendante,  les  deniers  de  la  République 
romaine  et  de  l'Empire,  de  l'ancien  système,  taillés  à  raison  de  96  à 
Ja  livre,  et  qui  chez  les  Francs  restèrent  en  usage  jusqu'au  temps  de 
Childéric,  comme  en  témoigne  le  trésor  du  tombeau  de  ce  roi. 

Lorsqu'il  s'est  agi  de  convertir  en  monnaies  courantes  les  deniers  de 
la  loi  Salique,  l'on  a  pris  pour  base  le  rapport  de  l'or  à  l'argent.  L'on 
m'objectera  qu'une  équivalence  de 40 deniers  d'environ  3  gr.  40  pour  un 
sol  d'or  de  4  gr.  55  donne  un  rapport  singulier  de  1/30.  Mais  l'écart 
réel  entre  la  valeur  de  l'or  et  celle  de  l'argent  n'était  pas  si  grand  que 
l'indique  ce  chiffre.  Car  les  deniers  impériaux  n'ont  pas  toujours  été 
taillés  à  raison  de  96  à  la  livre  ;  de  plus,  à  la  fin  du  ii^  siècle  ce  n'étaient 
plus  que  des  pièces  de  billon;  enfin  ceux  dont  se  servaient  les  Francs  au 
v«  siècle  devaient  être  très  usés.  Ajoutons  que  ces  vieux  deniers  n'avaient 
plus  cours  dans  l'Empire,  que  leur  cours  limité  aux  régions  habitées  par 
les  Francs  devait  les  déprécier  ;  qu'au  contraire  le  sol  d'or  venait 
d'apparaître  chez  les  Francs,  qu'il  y  était  d'autant  plus  rare  que  les 
Romains  évitaient  le  plus  possible  de  payer  les  Barbares  avec  des 
monnaies  d'or.  11  n'y  a  jamais  eu  de  système  monétaire  oîi  le  sol  ait 
valu  quarante  deniers  ;  c'est  une  simple  équivalence  propre  au  tarif 
d'amendes  de  la  loi  Salique  et  qui  répond  à  une  situation  particulière 
et  temporaire. 

Cette  estimation  du  sol  à  quarante  deniers  a  continué  d'être  usitée 
entre  Saliens  pour  le  payement  des  amendes  jusqu'au  ix"^  siècle  ;  nous 
avons  montré  ailleurs  qu'on  n'en  comprenait  plus  la  signification. 

C'est  qu'en  effet  dès  le  vu^  siècle  paraît  dans  la  monarchie  franque 
un  sol  de  douze  deniers.  Ce  n'est  pas  un  nouveau  sol  ;  c'est  le  sol 
romain,  mais  avec  une  valeur  différente.  De  plus,  le  sol,  eu  tant  que 
monnaie  réelle,  devient  rare  dans  la  seconde  moitié  du  vu»  siècle  ;  on 
ne  frappe  plus  guère  en  Gaule  que  des  tiers  de  sol.  Le  compte  de  douze 
deniers  au  sol  se  rattache  au  système  monétaire  romain  du  iv"  siècle  ; 


202  COMPTES    RENDUS 

dans  lequel  la  pièce  d'argent  dite  miliarense,  valant  deux  siliques, 
était  le  douzième  du  sol.  Comme  la  silique  rappelait  par  son  module 
l'anciiMi  denier.  \o  po|)ulaire  lui  conserva  ce  nom.  Il  est  probable 
même  que  ce  nom  fut  appliqué  aussi  au  miliarense  et  sûrement  à  la 
demi-silique  ;  faire  la  différence  entre  la  silique  et  sa  moitié  était  à 
première  vue  très  difficile.  Une  fois  établis  en  Gaule,  les  Francs  n'ont 
pas  modifié  le  système  monétaire,  qui  était  siliqual.  Les  preuves  ne 
manquent  pas  qu'ils  ont  connu  la  silique,  le  nom  et  la  chose.  Mais  ils 
n'ont  pu  entrer  dans  les  finesses  compliquées  de  la  monnaie  romaine. 
Ils  n'ont  retenu  que  ceci,  que  le  sol  valait  douze  monnaies  d'argent  ; 
et  quand  eux-mêmes,  après  avoir  imité  les  siliques  au  vi<^  siècle,  ont 
commencé  de  frapper  des  monnaies  d'argent  d'un  type  nouveau,  ils 
les  ont  appelées  deniers,  parce  que  c'était,  même  dans  l'Empire,  le 
nom  générique  des  monnaies  d'argent. 

Au  cours  du  vn''  siècle,  la  frappe  du  sol  d"or  devint  en  Gaule  excep- 
tionnelle. Le  sol  resta  l'unité  de  compte  ;  mais  on  put  le  payer  en 
donnant  soit  trois  triens,  soit  douze  deniers  d'argent.  Au  vni«  siècle, 
l'or  se  raréfia.  Alors,  comme  le  débiteur  devait  craindre  que  son 
créancier  n'exigeât  le  payement  en  or,  il  avait  soin  de  faire  spécifier 
dans  les  actes  qu'il  pourrait  s'acquitter  en  argent.  De  là  l'expression 
sol  d'argent. 

Nous  pouvons  apporter  diverses  preuves  de  l'existence  d'une  seule 
espèce  de  sol.  C'est  d'abord  ce  fait  que,  dans  la  plupart  des  actes  du 
viii^  et  du  ix°  siècle,  les  sols  ne  sont  pas  qualifiés.  En  second  lieu, 
dans  un  acte  de  vente  de  l'an  785,  il  est  question  de  sols  d'or  et  de  sols 
d'argent;  mais  le  vendeur  après  avoir  déclaré  qu'il  a  reçu  un  premier 
payement  de  cinq  sols  d'or,  puis  un  second  de  douze  sols  d'argent, 
remarque  que  ces  deux  sommes  ajoutées  l'une  à  l'autre  font  dix-sept 
sols.  On  ne  saurait  additionner  des  sols  d'espèces  différentes.  Dans  les 
formules  des  vue  et  vni«  siècles,  il  est  question  de  sommes  évaluées  en 
sols  et  payées  tant  en  or  qu'en  argent.  Pour  nous,  sol  d'argent  «  solidus 
argenteus  »  ou  a  solidus  argento  »  est  l'équivalent  de  ((  solidus  argento 
adpretiatus  ».  D'une  façon  analogue,  la  loi  des  Bavarois  mentionne 
les  Holidi  aura  adpretiati. 

Il  ny  a  donc  eu  dans  la  monarchie  mérovingienne  qu'un  seul  sol, 
d'abord  monnaie  d'or  réelle,  puis  qui,  par  une  série  d'étapes,  s'est 
réduite  à  n'être  plus  qu'une  monnaie  de  compte  exprimant  une  somme 
de  douze  deniers  d'argent. 


F.   DAllX  :   DIE  KO.NIGE  DEU  GERMANEN  20'i 

Les  Arnulfings  auraient,  d'après  M.  Dahn,  étendu  à  tout  leur  empire 
l'antique  usage  du  compte  en  argent  restreint  jusque  là  aux  Francs 
du  littoral  de  la  mer  du  Nord  et  des  rives  du  Rhin.  Les  Arnulfings 
n'ont  rien  à  faire  dans  la  substitution  progressive  des  monnaies  d'argent 
aux  monnaies  d'or.  Et  d'ailleurs,  c'est  en  Austrasie  que  paraissent  les 
plus  anciens  sols  et  tiers  de  sol  d'or  mérovingiens  ;  et  dans  la  seconde 
moitié  du  vii^  siècle  ce  sont  surtout  des  ateliers  du  Centre  et  de  l'Ouest 
de  la  Gaule  qui  ont  émis  des  deniers.  La  disparition  des  monnaies 
d'or  est  un  phénomène  purement  économique.  M.  Dahn  dit  que  l'on 
ne  conclut  à  la  raréfaction  de  l'or  dans  l'Empire  franc  au  vii«  siècle 
que  parce  que  l'on  constate  la  frappe  exclusive  de  l'argent.  C'est 
imputer  gratuitement  aux  numismatistes  une  pétition  de  principe.  Il  va 
d'autres  indices  que  l'or  devint  rare  en  Gaule  au  yuV'  siècle  ;  cela 
devait  être,  car  la  Gaule  recevait  de  l'Orient  plus  qu'elle  ne  lui  donnait  ; 
les  marchands  byzantins  pour  les  denrées  qu'ils  livraient  n'acceptaient 
en  payement  que  des  monnaies  d'or.  Il  y  a  même  à  ce  sujet  des  lois 
impériales.  L'or  était  drainé.  Et  il  n'y  avait  pour  les  Francs  aucun 
moyen  de  renouveler  leur  provision  :  la  (îommunication  directe  avec 
les  mines  d'or  était  coupée.  Ne  faut-il  pas  aussi  tenir  compte  de  la 
quantité  considérable  d'or  transformée  en  reliquaires  et  vases  sacrés? 

M.  Daiin  ne  fait  qu'effleurer  la  réforme  pondérale  de  Charlemagne, 
intimement  liée  à  la  réforme  monétaire. 

Charlemagne  substitua,  dit-  il,  à  la  livre  romaine  de  327  grammes, 
une  livre  de  367  ou  une  livre  de  408  grammes.  Le  chiffre  de  408  gr. 
proposé  par  Guérard  est  à  laisser  de  côté.  Restent  en  présence  la 
solution  proposée  jadis  par  Le  Blanc,  reprise  par  Soetbeer,  et  récem- 
ment par  M.  Blancard,  de  367  gr.,  c'est-à-dire  d'un  poids  égal  à  celui 
de  la  livre  de  12  onces  du  poids  de  marc  ;  et  la  solution  proposée  par 
M.  Desimoni  et  par  l'auteur  du  présent  compte  rendu,  de  489  gr. 
environ,  c'est-à-dire  d'un  poids  égal  à  celui  de  la  livre  de  16  onces  du 
même  poids  de  marc.  Si  M.  Dahn  ne  voulait  pas  examiner  cette 
question  au  moins  eût-il  pu  indiquer  les  principaux  ouvrages  de 
l'abondante  littérature  à  laquelle  elle  a  donné  lieu. 

En  revanche,  M.  Dahn  a  justement  insisté  sur  le  lien  qui  unissait 
la  monnaie  et  le  marché.  Il  a  exactement  défini  le  caractère  des  conces- 
sions de  monnaies  faites  par  les  souverains  carolingiens  aux  églises 
épiscopales  et  monastiques.  Enfin,  il  a  dégagé  des  capitulaires  la 
législation  pénale  relative  aux  faux-monnayeurs,  et  il  a  bien  expliqué 


204  COMPTES    RENDUS 

la  signification  des  capitulairos  prescrivant  des  châtiments  contre  ceux 
qui  refusaient  les  bonnes  monnaies.  Les  gens  du  peuple  ne  voulaient 
recevoir  que  les  monnaies  qu'ils  connaissaient,  celles  des  ateliers  établis 
dans  la  région  oîi  ils  habitaient  ;  l'empereur  dut  donner  cours  forcé  à 
toutes  les  monnaies  portant  son  nom.  Des  peines  sévères  étaient  pro- 
noncées contre  ceux  qui  refusaient  les  bons  deniers  impériaux.  Et 
parce  que  dans  une  même  situation  des  gouvernements  différents  sont 
amenés  à  prendre  des  mesures  législatives  analogues,  nous  trouvons 
quelques  lumières  pour  expliquer  ces  capitulairesdans  un  codejaponais 
du  vin''  siècle  dont  la  traduction  a  été  publiée  par  M.  G.  Appert  dans 
la  Nouvelle  Revue  historique  de  droit,  en  1893.  Je  me  contenterai  de 
signaler  une  ordonnance  de  l'an  714  portant  :  «  Celui  qui  refusera  les 
monnaies  du  Gouvernement,  les  sachant  de  bon  aloi,  recevra  100 coups 
de  bâton.  »  M.  Prou. 


1).  Rafaël  Altamira  y  Crevea.  —  Historia  de  Espana  y  de  la 
civilizacion  espanola.   Tomo  I.  —  Barcelona,  1899. 

M.  Altamira,  professeur  à  la  Faculté  de  droit  de  l'Université 
d'Oviédo,  vient  de  publier  le  premier  volume  d"un  manuel  classique 
d'histoire  d'Espagne,  dont  le  besoin  se  faisait  impérieusement  sentir 
dans  les  Instituts  de  la  Péninsule.  Ce  manuel  mérite  d'être  signalé 
aux  lecteurs  du  Moyen  Age  qui  y  trouveront  des  notions  exactes  et 
précises  sur  la  législation  et  l'état  social  de  l'Espagne,  depuis  le  vi^ 
jusqu'au  xv^  siècle.  La  partie  juridique  du  livre  de  M.  Altamira  est, 
à  notre  avis,  la  plus  soignée  et  la  meilleure. 

L'auteur  étudie  avec  soin  la  formation  du  premier  code  national,  le 
Forum  Judicum,  qui  resta  la  loi  des  Mozarabes  jusqu'au  moment  de 
la  réoccupation  chrétienne,  et  que  saint  Ferdinand  fit  traduire  en 
langue  vulgaire,  sous  le  nom  de  Fuero  Juzgo. 

Du  vni*  au  xiu*  siècle  se  créent  les  différents  États  chrétiens  de  la 
Péninsule  :  Oviédo,  Léon,  Castille,  Portugal,  Navarre,  Aragon,  Cata- 
logne. M.  Altamira  nous  renseigne  sur  l'état  des  terres  et  des  per- 
sonnes, sur  le  caractère  que  prit  le  régime  féodal  dans  les  différents 
États  de  l'Espagne,  sur  le  droit  nouveau  qui  se  dégagé  des  innom- 
brables privilèges, /«eros  locaux,  etcnrtas  pueblas  émanés  des  petits 
souverains  régionaux. 

Au  xiir-  siècle,    l'Espagne  moderne  est  déjà  esquissée  dans   ses 


o.  PROCKSn  :  butijaciik  ni:i  ni:\  vorn.sLAMisfUKN  auabern     205 

grandes  lignes  ;  l'expulsion  des  Mores  est  certaine,  la  suprématie  de 
la  Castille  s'affirme,  le  Portugal  est  rejeté  vers  l'Océan,  l'Aragon  vers 
la  Méditerranée  ;  les  Etats  hispaniques  s'organisent,  Alphonse  X 
réintroduit  le  droit  romain  en  Castille  iivec  les  Sietc  Partidas;  un 
peu  plus  tard,  Philippe  d'Evreux  publie  le  Ftwro  r/enerai  de  Navarre, 
la  Catalogne  a  déjà  ses  U.satges.  Un  état  social  compliqué  par  l'exis- 
tence de  trois  religions  et  de  cinq  ou  six  races  sur  le  même  territoire, 
une  vie  municipale  très  intense,  une  variété  inouïe  de  coutumes  et  de 
législations  font  de  l'Espagne  de  cette  époque  un  des  pays  les  plus 
intéressants  de  l'Europe,  et  le  résumé  de  M.  Altamira  est  très  propre 
à  attirer  sur  les  origines  espagnoles  l'attention  des  historiens  du  droit. 

G.  Desdevises  du  Dezert. 


0.  Procksh.  —  Ueber  die  Blutrache  bei  den  vorislamischen 
Arabern  und  Mohammeds  Stellung  zu  ihr.  —  Liepzig,  Teubner, 
1899;  in-8",  92  p.  (Leipziger  Studien  aus  dem  Gebiet  der  Geschichte. 
Funfter  Band,  vierter  Heft). 

La  vendetta  ou  droit  du  talion  résume  presque  tout  le  droit  criminel 
des  tribus  nomades  ou  même  des  groupements  sédentaires  qui  vivent 
sous  le  régime  du  patriarcat.  L'essence  de  la  justice  et  de  l'arbitrage 
est  de  ne  pouvoir  régler  les  différends  qu'à  la  condition  expresse  d'être 
reconnus  par  les  deux  parties  ou  tout  au  moins  de  leur  être  imposés 
par  l'opinion  d'une  majorité  contre  laquelle  elles  ne  peuvent  songer  à 
lutter  ;  leur  exercice  suppose  une  organisation  sociale,  dans  laquelle, 
la  famille  ou  la  tribu,  qui  n'est  que  la  plus  grande  famille,  ne  jouissent 
pas  d'une  autonomie  complète  et  du  droit  de  haute  et  basse  justice  sur 
leurs  membres,  en  d'autres  termes,  il  exige  l'existence  d'un  État 
qui  ait  depuis  longtemps  substitué  son  autorité  à  celle  du  pater- 
familias. 

Bien  que  l'on  connaisse  fort  peu  de  chose  de  l'histoire  des  tribus 
arabes  avant  l'Islamisme,  et  que  les  récits  des  chroniqueurs  soient 
pour  cette  époque  aussi  vagues  qu'incomplets,  il  est  certain  que  la  fa- 
mille arabe,  dont  le  groupement  formait  la  tribu,  vivait  sous  le  régime 
du  patriarcat  le  plus  sévère,  avec  un  culte  du  foyer  aussi  intense  qu'à 
Rome  ou  que  dans  l'ancienne  Chine;  le  matriarcat  des  tribus  du 
Yémen  ou  de  Hadramaut  n'a  jamais  existé  que  dans  l'imagination  des 
islamisants.  Les  tribus  arabes,  qui  cependant  reconnaissaient  toutes 


20fi  COMPTES    RENDUS 

une  origine  commune,  n'avaient  guère  de  rapports  que  pour  se  voler, 
se  tuer  des  hommes  ou  s'enlever  des  femmes;  la  tribu  lésée  ne 
pouvait  songer  à  remettre  la  défense  de  ses  intérêts  à  un  arbitre  ou  à 
un  juge  qui  n'existait  pas  et  force  lui  était  de  recourir  à  la  lutte  à 
main  armée  pour  tirer  vengeance  de  l'attentat  dont  elle  avait  été  la  vic- 
time. Quelle  que  fût  l'issue  de  cette  lutte,  on  comprend  que  le  conflit 
devait  fatalement  s'éterniser,  et  que  l'agresseur  cliàtié  ne  manquait  pas 
de  se  considérer  à  son  tour  comme  la  victime  de  ceux  qu'il  avait 
dépouillés,  et  qu'il  n'attendait  que  le  moment  de  prendre  une  revanche 
souvent  terrible.  Cela  explique  comment  les  tribus  arabes  éparses  dans 
l'immensité  du  désert,  et  qui,  commeon  le  saitdéj.à  par  Hérodote,  n'ont 
jamais  voulu  reconnaître  l'autoritéd'unohef  quelconque,  vivaient  dans 
un  état  de  guerre  continuel,  à  peine  interrompu  par  quelques  trêves 
qu'elles  employaient  à  aiguiser  leurs  lances.  L'étude  de  M.  Procksli 
est  une  bonne  contribution  à  l'histoire  de  ces  mœurs  barbares  qui 
ensanglantèrent  si  fréquemment  le  désert  pierreux  de  l'Arabie.  Après 
avoir  exposé  la  constitution  intime  de  la  famille  arabe,  sur  laquelle  il 
y  a  encore  tant  à  dire,  l'auteur  étudie  la  vendetta  en  elle-même,  e  la 
place  que  Mahomet  dut  lui  faire  dans  la  nouvelle  religion  qu  il  venait 
imposer  au  nom  d'Allah  aux  populations  errantes  du  Yémen.  Ces  cou- 
tumes violentes  et  sauvages  répugnaient  visiblement  au  prophète  de 
l'Islam,  et  tout  comme  le  Christ,  il  eût  voulu  apporter  aux  hommes  une 
loi  de  paix  et  de  miséricorde;  mais  là  encore,  comme  sur  tant  d'autres 
points,  il  ne  pouvait  obliger  les  farouches  pasteurs  du  désert  à  aban- 
donner du  jour  au  lendemain  des  coutumes  séculaires  qu'ils  consi- 
déraient comme  la  seule  sauvegarde  de  leur  honneur. 

E.  Blochet. 

Arsène  Darmesteter.  —  A  historical  french  Grammar,  edited 
by  Ernest  Muret  and  Leopold  Sudre.  Authorized  english 
édition  by  Alphonse  llartog.  —  London  Macmillan  and  C»,  1899; 
in-8",  XLVIH-93G  p. 

La  grammaire  d'Arsène  Darmesteter  vient  d'avoir  l'iionneur  d'être 
traduite  en  anglais.  Elle  le  méritait  à  tous  les  points  de  vue  :  d'abord 
parce  qu'elle  est  extrêmement  simple,  claire  tout  en  étant  scientifi- 
quement faite,  et  parce  qu'elle  est  bien  supérieure  à  celle  de  Brachet, 
dont  jusqu'ici  les  étudiants  anglais  devaient  se  contenter. 

L'éloge  de  cette  grammaire  n'est  plus  à  faire,  surtout  ici  où  elle  a 


A.  i.RRorx  :  MAS«;jF  centrai.  207 

6ié  l'objet  do  comptes  rendus  aussi  bienveillants  que  justes.  Quant  à 
l'édition  anghiiio,  elle  est  supérieure  à  Tédition  française  et  —  ceci  n'est 
pas  un  mince  éloge  pour  le  traducteur  —  beaucoup  plus  agréable  à 
lire  que  l'édition  Delagrave.  D'ailleurs,  elle  se  présente  avec  un  air  plus 
aimable,  ce  qui  tient  aux  caractères  de  Macmillan,  et  ensuite  elle  est 
plus  commode,  parce  qu'elle  contient  quelques  additions  très  ingé- 
nieuses, et  quelques  modifications  que  M.  Muret  ne  pouvait,  comme 
il  le  dit  lui-même  page  ix,  faire  sur  le  manuscrit  de  Darmesteter, 
mais  que  l'on  pouvait  introduire  dans  une  traduction.  Et  c'est  pour- 
quoi, comme  le  dit  encore  M.  Muret,  page  x,  on  peut  dire  que  la 
Phonetics  est  une  troisième  édition  de  la  phonétique,  soigneusement 
revue  et  corrigée. 

La  partie  la  plus  délicate,  celle  qui  concerne  la  traduction  des 
exemples,  a  été  faite  avec  beaucoup  de  tact  par  M.  Hartog  :  il  n'a  pas 
voulu,  ce  qui  eût  été  absolument  insipide,  les  rendre  tous  en  anglais  : 
et  d'ailleurs  l'étude  de  la  grammaire  historique  présuppose  une 
connaissance  déjà  étendue  du  français.  Il  ne  l'a  fait  que  pour  les 
mots  peu  familiers  dans  le  livre  I,  et  dans  les  livres  II  et  III  de  très 
rares  passages  sont  seuls  traduits.  Au  contraire,  dans  la  syntaxe 
(livre  IV),  tout  est  traduit  avec  la  plus  grande  précision. 

M.  A.  Hartog  a  dressé,  avec  l'aide  de  MM.  M.  et  P.  Hartog,   une 

bibliographie   tenue  à  jour  et  plus  complète  que  celle  de  l'édition 

Delagrave.  Un  index  des  mots  et  des  phrases  très  complet  et  très 

pratique  clôt  d'une  façon  heureuse  cette  traduction  de  toute  première 

valeur. 

Louis  Brandin. 

Alfred  Leroux.  —  Le  Massif  central,  histoire  d'une  région  de 
la  France.  —  Paris,  E.  Bouillon,  1898;  'A  vol.  in-8",  xxvii-432, 
387  et  311  p. 

Si  quelqu'un  était  capable  de  faire  un  excellent  livre  sur  le  Massif 
central,  c'est  à  coup  sûr  M.  Alfred  Leroux.  Il  a  des  idées  person- 
nelles, son  érudition  est  très  vaste,  et  il  écrit  d'une  langue  facile  et 
claire.  Par  les  archives,  par  les  livres,  par  les  voyages,  il  a  tâché  de 
connaître  son  sujet  aussi  complètement  que  possible.  Avec  toutes  ces 
qualités,  avec  tous  ces  efforts,  il  n'a  pas  fait  un  bon  livre,  et  il  ne  l'a 
pas  fait  parce  que  personne  ne  pouvait  le  faire. 

On  peut  en  effet  étudier  le  Massif  central  au  point  de  vue  géologique 


208  COMPTES    RENDUS 

et  gt^ograpbique,  parce  qu'il  constitue  à  cet  égard,  par  sa  formation 
comme  par  sa  disposition,  un  entité  réelle  ;  on  ne  peut  le  considérer 
comme  une  région  historique,  car  les  populations  qui  l'habitent  ne 
sont  pas  de  même  race,  ne  parlent  pas  la  même  langue,  ne  se  ressemblent 
ni  par  leurs  mœurs  ni  par  leurs  usages,  ont  eu  enfin  des  destinées 
historiques  différentes  et  sou\ent  opposées. 

La  montagne  ne  réunit  pas,  elle  sépare.  Nulle  part  cette  observation 
ne  se  vérifie  plus  exactement  que  dans  le  Massif  central  de  la  France. 
Il  est  absolument  artificiel  de  réunir  dans  une  même  région  Idstorique 
le  Limousin  et  le  Gévaudan,  le  Forez  et  le  Quercy.  En  tant  que  sujet, 
au  sens  où  l'entend  M.  A.  Leroux,  le  Massif  central  n'en  est 
pas  un. 

C'est  la  raison  essentielle  de  l'échec  final  de  son  très  grand  et  très 
méritoire  effort;  il  y  en  a  une  autre  secondaire.  C'est  que  les  travaux 
faits  sur  les  différentes  parties  du  Massif  sont  très  inégaux  comme 
nombre  et  comme  valeur.  Telle  province,  tel  pays,  a  été  l'objet  de 
publications  nombreuses  et  sérieuses;  sur  d'autres,  tout  est  à  faire  ou 
peu  s'en  faut. 

En  choisissant  comme  sujet  d'une  étude  historique,  le  Massif  central 
de  la  France,  M.  Alfred  Leroux  se  condamnait  donc  d'avance  à  écrire 
un  livre  sans  unité,  un  livre  où  les  répétitions  et  les  inégalités  étaient 
fatales,  et  c'est  en  effet  ce  qui  est  arrivé. 

Malgré  tous  ses  mérites  et  tout  son  travail,  M.  Alfred  Leroux  n'a 
ni  tout  lu,  ni  tout  vu,  comme  il  en  convient  lui-même  de  bonne  grâce. 
Il  en  est  résulté  que  son  livre  est  trop  détaillé  pour  une  vue  d'ensemble 
sur  une  région  géographique,  et  qu'il  est  forcément  incomplet  au  point 
de  vue  de  l'histoire  locale  des  subdivisions  historiques  de  cette  région. 
Les  érudits  spéciaux  de  chaque  province,  de  chaque  pays,  pourront 
y  relever  et  y  relèveront  de  nombreuses  erreurs  de  détail.  L'auteur  n'a 
pas  vu  qu'en  dehors  d'une  série  d'aquarelles  minutieuses  et  précises, 
il  ne  pouvait  songer  qu'à  une  sorte  de  fresque  à  larges  traits,  ne  visant 
à  donner  qu'une  impression  générale  des  éléments  essentiels  ;  il  a 
peint  —  avec  quelle  conscience  et  quel  labeur  !  —  un  de  ces  grands 
tableaux  à  l'huile,  —  que  délaissent  les  collectionneurs  et  qui  déses- 
pèrent les  conservateurs  de  musées,  —  où  tout  est  si  bien  traité  avec  un 
égal  souci  de  la  perfection,  que  l'idée  générale  disparaît  tandis  que  le 
détail  reste  encore  insuffisamment  soigné  et  poussé. 

Car,  c'est  le  cas  pour  M.  A.  Leroux  ;  il  n'a  ni  tout  lu,  ni  tout  vu,  et 


HONNEU   HEITUaGI':  /i  i<   angi.istik  •20f) 

comme  il  a  voulu  parler  de  tout,  les  inexactitudes  abondent.  Je  n'en 
citerai  que  quelques  exemples,  empruntés  à  l'exposé  géographique. 

«  Encore  aujourd'hui  couverts  de  forêts,  »  dit-il  des  monts  d'Aubrac 
(p.  29  ,  et  l'impression  qu'on  rapporte  de  ce  pays  —  les  forets  garnissant 
des  vallées  plutôt  encaissées  —  est  au  contraire  celle  d'une  immense 
étendue  dénudée,  couverte  de  pâturages,  sans  un  arbre,  sans  un 
buisson,  où  les  routes  sont  jalonnées,  en  prévision  des  neiges  d'hiver, 
de  hautes  bornes  de  granit  ;  paysage  d'un  aspect  désertique,  dont  la 
tristesse  infinie  n'est  du  reste  pas  sans  grandeur. 

Il  parle  du  cirque  du  Cantal  et  la  caractéristique  du  Cantal  est  d'être 
un  cône  très  surbaissé. 

Il  place  la  région  des  puys  dans  la  Haute-Auvergne,  tandis  que  ce 
dernier  pays  n'a  jamais  compris,  même  administrativement,  que  le 
massif  du  Cantal  (p.  68j,  laissant  en  dehors  la  région  du  Cézallier  et 
du  Luguet,  à  plus  forte  raison  la  chaîne  des  Dômes,  qui  constitue 
essentiellement  la  région  des  puys. 

Il  méconnaît  limportance  du  vignoble  du  Puy-de-Dôme  (p.  77). 

Je  ne  parle  pas  d'erreurs  de  moindre  importance,  comme  celle  qui 
consiste  à  placer  sur  la  Dordogne  la  cascade  formée  près  de  Bort  par 
la  Rhue. 

Toute  la  partie  géographique  serait  ainsi  à  reviser. 

J'arrête  là  ces  observations  qu'on  pourrait  appliquer  à  tout  l'ouvrage. 
M.  Alfred  Leroux  a  écrit  :  «  Quand  on  a  serré  de  près  l'étude  de 
chacun  de  ces  pays,  on  aperçoit  encore  mieux  combien  l'histoire  et  la 
géographie  tendent  à  diverger  »  (p.  1.30). 

On  ne  saurait  mieux  dire,  et  il  est  permis  de  regretter  qu'il  n'ait  pas 
dès  lors  renoncé  à  un  sujet  qui  n'en  était  pas  un,  et  auquel  il  a 
consacré,  pour  un  résultat  vraiment  en  disproportion  avec  ses  efforts, 
infiniment  de  science,  de  conscience,  de  labeur  méritoire  et  intelligent. 

Louis   Farges. 


Donner  Beitràge  zur  Anglistik,  Hefte  III-IV.  —  Bonn,  P.  Han- 
stein,  1899;  in-8^ 

Nous  avons  précédemment  rendu  compte  [Moyen  Afje,  t.  XII, 
p.  432)  des  deux  premiers  fascicules  de  la  collection  dirigée  par 
iM.  le  professeur  M.  Trautmann  ;  il  vient  d'en  paraître  deux  autres, 
intéressant  tous  deux  la  lexicographie  anglo-saxonne. 


210  COMPTES    RENDUS 

L'un  lleft  III;  164  p.i  a  pour  auteur  M.  Richard  Simons  ; 
c'est  un  lexique  des  œuvres  pouvant  être  attribuées  avec  le  plus  haut 
degré  de  probabilité  à  Cynewulf.  Les  mots  anglo-saxons  sont  accom- 
pagnés de  leur  traduction  allemande,  et  de  renvois  au  texte  de  Cyne- 
wulf. Ce  travail  nous  a  paru  fait  avec  soin.  Mais  il  eût  été  infiniment 
plus  instructif  do  donner  une  traduction  latine  et  non  allemande  des 
mots  cités.  C'est  sur  un  fond  latin  que  s'est  modelé  le  vocabulaire  de 
toutes  les  langues  de  l'Occident  :  cela  est  vrai  surtout  (mais  ne  l'est 
pas  seulement  des  textes  ecclésiastiques  comme  ceux  dont  il  s'agit 
ici.  Une  traduction  allemande  ne  répond  pas  à  la  nature  des  choses  ; 
elle  ne  serait  à  sa  place  que  dans  un  lexique  manuel  à  l'usage  des 
étudiants. 

L'auteur  reconnaît  dans  sa  préface  ce  qu'il  doit  à  la  direction  et  aux 
conseils  de  M.  Trautmann.  Nous  regrettons  que  le  savant  directeur 
de  la  collection  n'ait  pas  usé  de  son  autorité  pour  empêcher  M.  S.  de 
livrer  à  un  jeu  fort  à  la  mode  chez  les  érudits,  et  qui  est  vraiment 
agaçant  :  M.  S.  renvoie  au  texte  de  ItxBibliothek  der  niu/elsàchsischen 
Poésie  de  Wiilcker,  mais  il  en  modifie  la  numérotation;  c'est  ainsi 
que  l'indication  A  1777  renvoie  non  pas  au  poème  qui  porte  chez 
Wûlcker  le  titre  d'Andréas  (A),  et  qui  ne  comprend  que  1722  vers, 
mais  à  la  pièce  immédiatement  suivante,  qui  a  chez  Wûlcker  un  titre 
différent  (Die  Schicksale  des  Aposiels)  et  une  numérotation  indé- 
pendante. Il  faut  faire  la  soustraction  1777 — 1722  pour  retrouver  le 
passage  en  question  au  vers  55  des  Schicksale. 

Le  fascicule  IV  (xii-112  p.)  a  pour  titre  Old  english  musical 
Ternis,  by  Frédéric  Morgan  Padelford.  C'est  un  glossaire  alphabé- 
tique des  termes  anglo-saxons  se  rapportant  à  la  musique,  avec  renvoi 
aux  sources  et  citations  in-extenso.  Le  glossaire  est  précédé  d'une 
introduction  étendue  sur  l'histoire  de  la  musique  en  Angleterre  et 
d'une  étude  sur  les  différents  instruments  en  usage.  M.  P.  signale 
avec  raison  l'influence  prépondérante  de  la  musique  irlandaise  ;  il  eût 
pu,  sans  risquer  de  l'exagérer,  y  insister  encore  davantage. 

Des  lexiques  partiels  d'une  langue,  tels  que  celui-ci  sont  singuliè- 
rement instructifs,  tant  pour  l'histoire  de  la  langue  que  pour  celle  de 
la  civilisation.  Ils  le  sont  autant  par  ce  qu'ils  contiennent  que  par  ce 
dont  ils  révèlent  l'absence  :  c'est  ainsi  qu'on  notera  que  l'anglo-saxon 
làc,  d'où  l'on  a  voulu  tirer  le  français  lai,  ne  figure  pas  —  et  à  juste 
titre  —  dans  le  glossaire  de  M  .  P.  Làc  en  effet  n'a  pas  en  anglo-saxon 


U.   POIPAKDIN  :  VIE  DE  SAINT  UlDiEU  211 

tous  les  sens  de  son  congénère  allemand  leiJt  ;  il  lui  manque  en  parti- 
culier ceux  qui  caractérisent  le  français  lai. 

L'ouvrage  de  M.  P.  se  termine  par  deux  listes  qui  seront  fort  utiles; 
elles  donnent  l'équivalent  anglo-saxon,  la  première,  des  termes  latins, 
la  seconde,  des  termes  de  l'anglais  moderne,  relatifs  à  la  musique. 

L.  D. 


Uené  PoupARDiN.  —  La  Vie  de  saint  Didier,  évêque  de  Cahors 
(630-655),  publiée  d'après  les  manuscrits  de  Paris  et  de  Co- 
penhague. —  Paris,  A,  Picard  et  (ils,  1900;  in-8",  xx-64  p. 

Les  sources  particulières  de  l'histoire  de  la  Gaule  méridionale  sont 
très  peu  nombreuses  pour  l'époque  mérovingienne;  de  là  vient  l'im- 
portance de  la  Vie  de  saint  Didier.  Ce  texte  qui  complète  si  heureu- 
sement le  recueil  des  lettres  du  saint  n'ayant  pas  été  comme  ce  recueil 
l'objet  d'une  édition  excellente  dans  les  Monumenta  Germaniœ,  et,  en 
attendant  que  les  BoUandistes  atteignent  le  15  novembre,  M.  Poupar- 
din  a  pensé,  avec  raison,  qu'il  y  avait  lieu  de  substituer  à  l'édition 
médiocre  de  Labbe  une  édition,  revue  sur  les  manuscrits,  particuliè- 
rement sur  un  ms.  de  Paris,  provenant  de  Moissac,  qui  suffirait 
presque  à  lui  seul,  à  fournir  un  texte  correct.  M.  Poupardin,  néan- 
moins, a  pris  la  peine  de  reconstituer  par  ses  succédanés  le  manuscrit 
utilisé  par  Labbe,  manuscrit  aujourd'hui  perdu,  et  de  consulter  direc- 
tement un  manuscrit  du  xiv^-xve  siècle,  provenant  de  Saint-Géry  de 
Cahors,  et  conservé  à  Copenhague.  Pour  la  date  de  la  rédaction  de  la 
Vie,  au  lieu  de  formuler  une  opinion  de  pur  sentiment  fondée  sur  le 
style  et  la  langue,  critérium  auquel  on  est  trop  souvent  réduit  pour 
l'hagiographie  mérovingienne,  M.  Poupardin  a  pu  proposer  une  dé- 
monstration tendant  à  fixer  cette  date  à  la  fin  du  vin"  ou  au  commen- 
cement du  ix«  siècle;  cette  démonstration,  dont  la  conclusion  est  sinon 
d'un  certitude  complète,  du  moins  très  vraisemblable  en  l'état  de  la 
question,  est  fondée  sur  la  date  qu'il  convient  d'assigner  à  un  évoque 
de  Cahors,  Agarnus,  mentionné  dans  la  Viia .  Quanta  l'auteur,  il 
semble  qu'il  faille  y  reconnaître  un  moine  anonyme  de  Saint-Géry  de 
Cahors.  L'intérêt  de  la  Vita  n'est  pas  seulement  de  nous  faire  con- 
naître la  vie  d'un  grand  évêque  du  vu''  siècle,  ami  et  conseiller  de 
Clotaire  II  et  de  Dagobert  I^»",  mais  aussi  de  nous  transmettre  le  texte, 
d'un  certain  nombre  de  documents  reproduits  en  entier  ou  analysés 


212  COMPTES   RENDUS 

par  l'auteur.  Telles  sont  les  lettres  d'Hcrkanfreda  à  Didier,  son  fils, 
un  précepte  de  Dagobert  T'"  relatif  à  la  consécration  de  Didier  comme 
évoque  de  Cahors,  un  indiculus  du  même  roi  à  Sulpicius  de  Bourges 
ayant  le  même  objet,  le  testament  de  saint  Didier,  un  catalogue  épis- 
copal.  Grâce  aux  sources  connues  et  bien  utilisées  par  le  biographe, 
la  Vie  de  Didier,  quoique  n'étant  pas  contemporaine,  est  une  des  plus 
dignes  de  foi  et  des  plus  intéressantes  parmi  les  Vies  de  saints  qui  se 
réfèrent  au  règne  de  Dagobert  V.  L'abus  que  l'édification  fait  des 
textes  hagiographiques  a  pour  conséquence  d'inspirer  une  extrême 
défiance  aux  érudits  à  l'égard  de  ces  mêmes  textes,  mais  cette  défiance 
très  légitime  ne  doit  pas  tomber  dans  un  excès  tel  qu'elle  fasse  sacrifier 
le  bon  par  crainte  du  mauvais,  conséquence  trop  fréquente  d'une  cri- 
tique excessive.  11  faut  préférer  évidemment  les  sources  contempo- 
raines des  événements  auxquels  elles  se  réfèrent,  à  des  sources  de 
date  postérieure  à  ces  événements;  mais  ce  principe  général  est  loin 
d'être  absolu  !  D'abord,  c'est  à  nous  qu'incombe  le  soin  de  dé- 
terminer si  le  texte  est  contemporain  ou  non,  et  l'on  sait  que  les 
questions  de  date  sont  de  celles  sur  lesquelles  les  érudits  tombeiit  le 
moins  facilement  d'accord;  en  outre,  un  texte  contemporain  rédigé 
par  un  auteur  ou  mal  informé,  ou  désireux  d'induire  en  erreur,  ou 
plus  inspiré  par  la  rhétorique  que  par  l'histoire,  est  de  portée  nulle,  ou 
même  dangereuse;  au  contraire,  un  texte  postérieur  rédigé  avec  soin 
et  conscience  d'après  des  sources  contemporaines,  souvent  difficiles  à 
déterminer  pour  nous,  mais  dont  l'influence  est  visible,  constitue  une 
excellente  source  historique.  Avec  des  ouvrages  de  ce  genre,  la  cri- 
tique ne  doit  pas  être  tranchante  et  absolue,  elle  doit  distinguer  le 
bon,  le  mettre  en  lumière,  le  faire  passer  dans  le  domaine  acquis  de 
la  science  historique,  et  elle  fait  ainsi  œuvre  féconde.  Le  travail  de 
M.  Poupardin  fournit  un  excellent  exemple  de  cette  méthode  appliquée 
avec  prudence  par  un  esprit  très  fin  et  très  bien  informé.  L'origine  do 
la  publication  de  ce  volume  dans  la  Collection  de  Textes  pour  servir 
à  Vétitde  et  à  V enseignement  de  Vhistoire ,  est  une  conférence  faite 
par  l'auteur,  à  l'École  des  Hautes-Études,  sous  la  direction  de 
M.  A.  Molinier.  A.  V. 


CHRONIQUE 


M.  H. -F.  Delaborde  a  publié  en  1880,  d'après  les  documents  originaux 
conservés  aux  Archives  de  Palerme,  un  recueil  de  chartes  de  l'abbaye  de 
Notre-Dame  de  la  Vallée-de-Josaphat  en  Terre-Sainte  (BibUoih(-<iiu>  des 
Écoles  françaises  d'Athènes  et  de  Rome,  XIX).  C'est  en  effet  en  Sicile,  à 
Messine,  que  les  Bénédictins  de  Palestine  s'étaient  réfugiés  à  la  fin  du 
xui'  siècle.  Mais  les  archives  du  monastère  de  Sainte-Madeleine  de  Messine 
ont  subi  de  nombreuses  déprédations,  et  M.  Delaborde  n'a  pu  connaître 
de  nos  jours  qu'un  nombre  de  documents  assez  restreint.  Heureusement,  au 
début  du  xvif  siècle.  Antonio  Amico  avait  fait  une  copie  des  documents 
conservés  dans  les  archives  de  Sainte- Marie-Madeleine,  émanant  de  l'abbaye 
de  Notre-Dame  de  la  Vallée-de-Josaphat  ou  la  concernant;  de  cette  copie 
conservée  à  la  bibliothèque  de  Palerme,  une  transcription  avait  été  exécutée 
pour  feu  le  comte  Riant;  c'est  de  cette  transcription  que  M.  Kohler  vient 
de  se  servir  pour  nous  faire  connaître  les  chartes  non  publiées  par  M.  De- 
laborde (Reçue  de  l'Orient  latin,  VU,  p.  108-222).  Ce  travail  comprend 
l'analyse,  avec  extraits,  souvent  copieux,  de  88  documents  (1108  à  1291), 
qui  sont  du  plus  haut  intérêt  non  seulement  pour  l'histoire  de  l'abbaye 
même,  mais  encore  pour  la  topographie  de  la  Terre-Sainte,  pour  la  chrono- 
logie et  pour  la  généalogie  d'un  grand  nombre  de  familles.  M.  Kohler  a 
rédigé  ses  analyses  avec  le  plus  grand  soin,  commenté  les  dates  quand  il 
y  avait  lieu,  identifié  les  personnages  ;  il  ne  considère  cependant  pas  son 
travail  comme  définitif  et  nous  fait  espérer  une  publication  in-extenso 
des  documents  lorsqu'il  aura  pu  consulter  directement  le  ms.  de  Palerme. 

A.  V. 

*  * 

M.  H.  Pirenne,  l'éminent  professeur  d'histoire  du  moyen  âge  à  l'Université 
de  Gand,  vient  de  publier  Tédition  française  de  la  remarquable  Histoire  de 
Belf/ique  (  Tome  I.  Des  origines  au  commencement  duXIV'  siècle.  Bruxelles, 
H.  Lamertin,  1900;  in-8°,  431  p.),  dont  l'édition  allemande  a  été  l'objet  d'un 
compte  rendu  dans  notre  fascicule  de  septembre-octobre  1899.  Cette  édition 
française  ne  diffère  de  la  précédente  que  par  quelques  légères  corrections  de 
détail  et  par  Tadjonction  en  appendice  de  tableaux  chronologiques.  A  la  fin 
de  l'avant-propos  une  note  est  à  relever;  M.  Pirenne  annonce  qu'une  seconde 
édition  considérablement  augmentée  de  sa  Bibliographie  de  l'Histoire  de 
Belgique  est  sous  presse. 

*  * 

Moyen  Age,  t.  Xlll.  l5 


214  CHRONIQUE 

Pierre  BuUioud,  magistrat,  puis  jésuite  de  la  première  moitié  du 
xvii'  siècle,  a  compilé  un  Lii(/dimiini  sacra  prophanuni  en  9  volumes 
dont  les  érudits  lyonnais  font  quelque  cas.  Cet  ouvrage,  après  la  dispersion 
de  la  bibliothèque  La  ^'alette.  échoua  à  Auxerre  avec  le  Liif/daniiinpiisctiin 
de  Claude  Bellièvre  et  les  Titres  et  Gèncaloi/ios  de  Guichenon  ;  il  lut  ensuite 
envoyé  à  la  Faculté  de  médecine  de  Montpellier  par  Chaptal,  désireux  de 
témoigner  de  son  attachement  à  son  ancienne  Université.  Là,  ne  s'arrêta 
pas  l'infortune  des  érudits  lyonnais,  toujours  en  peine  du  fameux  recueil; 
le  liasard  voulut  que  le  rédacteur  du  Catalogue  des  mss.  de  Montpellier 
l'ayant  vu  trop  rapidement  le  crût  incomplet  du  tome  VIII,  que  M.  Allut, 
bien  qu'ayant  utilisé  le  même  recueil  dans  ses  Titres  de  Guichenon,  l'eût, 
après  ledit  catalogue,  déclaré  également  incomplet,  et  que  Monfalcon  dans  ses 
notes  manuscrites  conservées  à  la  Bibliothèque  de  Lyon  eût  reproduit  la 
même  assertion.  M.  l'abbé  Sachet,  s'est  rendu  à  Montpellier,  pour  examiner 
le  recueil  page  à  page,  et  il  confond  aujourd'hui  ceux  qui,  avant  lui,  ont 
vu  ou  prétendu  voir  le  Liif/danum  de  Bullioud  (Les  Manuscrits  dit  «  !.?<//- 
diinum  sacro prophaniun  ))  de  Pierre  Bullioud,  S.  J.  —  Montbrison,  impr. 
de  E.  Brassart,  1899;  in-S",  75  p.  Extrait  du  Bulletin  de  la  Diana,  X).  Si 
le  tome  II  est  relié  à  la  suite  du  tome  I,  de  même  le  tome  VIII  est  relié  à  la 
suite  du  tome  VII;  l'ouvrage  est  donc  complet  et  forme  9  toiues  reliés  en 
7  volumes.  L'étude  de  M.  l'abbé  Sachet  n'aboutit  pas  seulement  à  corriger 
ceux  qui  l'ont  précédé;  comme  il  a  pris  la  peine  d'analyser  page  à  page 
chacun  des  neuf  tomes,  il  a  reconnu  que  Montpellier  ne  possède  qu'une  copie 
annotée  par  l'auteur,  copie  dont  Lyon  possède  les  matériaux,  les  minutes, 
un  peu  incomplètes  sur  certains  points,  mais  plus  complètes  sur  d'autres. 
En  concluant,  M.  l'abbé  Sachet  doit  reconnaître  que,  quant  au  fond,  les 
manuscrits  de  Bullioud,  minutes  et  copie  annotée,  sont  d'un  intérêt  limité 
et  d'une  valeur  très  relative.  A.  V. 


Gachard,  en  1864.  a  publié  une  notice  des  manusciits  relatifs  à  l'Histoire 
de  la  Belgique,  conservés  à  la  Bibliothèque  de  Berlin.  Les  collections  de 
cet  établissement  s'étant  notablement  accrues  depuis  cette  époque,  il  a  paru 
à  M.  Huisman  qu'il  utiliserait  fructueusementun  séjour  à  Berlin  en  mettant 
au  courant  le  travail  de  Gachard  (Inrentctirc  des  nouccauj-  niaiiuscrits 
concernant  l'histoire  de  la  Belgique  acquis  par  la  Bihliothèque  roi/ale  de 
Berlin.  Bruxelles,  1899;  in-8",  68  p.  Extrait  du  t.  IX,  n"  3,  5'=  série,  des 
Bulletins  de  la  Conutdssion  roj/a le  d'Histoire  de  Belgique).  LeS  manuscrits 
décrits  par  lui  sont  pour  la  plupart  des  compilations  historiques  postérieures 
au  moyen  âge  ou  des  recueils  de  documents  du  xvf  siècle,  A  signaler  des 
Annales  de  Rolduc  (xii"  siècle),  une  Cronica  hrecis  pontijlcuni  Leodien- 
siuhi,  abrégée  de  Gilles  d'Orval  (xv"  siècle);  le  Chevalier  délibéré,  d'Olivier 
de  la  Marche;  le  Pawillart  liégeois  (xv"  siècle);  la.  Cronica  Clirensiiiin 
et  Marchiœ D oininorant  (xv'siècle) ;  le Bréviaiie d'Alaric(vn'-viii'  siècles) ; 


CHRONIQUE  215 

la  Loi  Salique  (x"  siècle);  les  Grandes  Chroniques  (xiv'-xv"  siècles);  le 
Voyage  de  Jean  de  Mondeville  (xv'' siècle)  ;  un  Évangéliaire  de  Stavelot 
(viii'-ix"  siècles)  ;  un  Froissart,  troisième  livre  (xv"  siècle).  Les  plus  remar- 
quables parmi  les  mss.  qui  viennent  d'être  cités  appartiennent  aux  col- 
lections l^hillipps  et  Hamilton.  A.  V. 

*  * 

La  collection  de  manuscrits  de  Peterhouse  est  restée  jusqu'ici  assez  mal 
connue.  T.  James,  en  1600,  a  publié  un  inventaire  sommaire  dans  son 
Eclof/a  Oxonio-Cantabrùjiensis ;  cet  inventaire  a  été  réimprimé  assez 
incorrectement  par  Bernard  dans  ses  Catalof/t  mss.  Anrjliœ  et  Hiherniœ  en 
1697;  depuis,  M.  Schenkl  a  décrit  quelques  volumes  de  cette  bibliothèque 
dans  sa.  Bihliot/icrd  Patmin  hitinorKin  lirHannicc .  M.  M.  R.  James,  à  qui 
l'on  doit  déjà  tant  de  bons  inventaires  de  manuscrits,  vient  de  publier  un 
catalogue  définitif  de  cette  collection  qui  compte  439  numéros  (A  descriptive 
Catahf/ite  oft/te  manuscripts  in  the  librartj  of  Peterhouse.  Withan  Essai/ 
on  the  hisiori/  ofthe  Hhrarrj  bi/  J.  W.  Claris.  Cambridge,  at  the  University 
Press,  1899;  gr.  in-8",  xxxii-391  p.).  Les  volumes  décrits  contiennent  les 
ouviages  qu'on  rencontre  le  plus  communément  ;  à  signaler  cependant  des 
comptes  du  xiv'^  siècle,  des  mss.  de  la  Légende  dorée,  de  Virgile,  Juvénal, 
Perse,  de  THistoire  tripartite  de  Cassiodore,  des  Tragédies  de  Sénèque  et 
surtout  le  ms.  bien  connu  de  Maugis  d'Aigremont  et  des  Quatre  fils  Aymon 
(n°  281).  L'introduction  historique  est  accompagnée  de  concordances  avec 
les  inventaires  publiés  antérieurement  et  avec  un  inventaire  ms.  rédigé  en 
1760:  l'on  y  trouve  aussi  le  texte  d'un  catalogue  de  1418.  A.  V. 

if.    ^ 

M.  E.  Hubert,  archiviste  de  l'Indre,  à  qui  l'on  doit  déjà  entre  autres 
publications,  un  Recueil  des  chartes  françaises  du  xiii'  siècle  des  archives 
de  l'Indre,  un  Obituaire  des  Cordeliers  de  Châteauroux,  un  Dictionnaire 
historique  de  l'Indre,  un  Répertoire  des  documents  concernant  ce  département 
conservés  aux  Archives  nationales,  vient  de  publier,  à  l'usage  de  ceux  qui 
s'occupent  de  l'histoire  du  Berry,  un  JRecneil  (jènèral  des  chartes  intéressant 
le  dcpartenient  de  l'Indre,  VP-XP  siècles  (Châteauroux,  A.  Mellottée;  Paris, 
A,  Picard  et  fils,  1899:  in-8",  paginé  81-272.  Extrait  de  la  Rmie  archrido- 
f/i>litc  du  Berri/).  M.  Hubert  a  reproduit  dans  ce  volume  tous  les  textes 
imprimés  antérieurement  dans  les  ouvrages  les  plus  divers,  il  les  a  traduits 
et  longuement  commentés,  il  a  emprunté  à  d'anciens  inventaires  l'analyse 
d'actes  perdus  ;  il  a  en  outre  publié  pour  la  première  fois  un  certain  nombre 
de  documents  restés  inédits,  notamment  des  bulles  de  Jean  XI,  Léon  VII, 
Etienne  VIII,  Léon  IX,  Grégoire  VII  et  Urbain  II,  pour  Déols,  des  actes  de 
Robert  et  Eudes  deVatan  pour  le  chapitre  de  Saint-Laurian  deVatan, d'Eudes, 
de  Raoul  V  de  Déols,  d'Audebert  et  Léodegaire,  archevêques  de  Bourges,  et  de 
divers  autres  personnages  pour  Déols,  d'Aimon,  archevêque  de  Bourges  pour 
Saint-Pierre  de  Meobec,  de  Giroire  de  Vatan  pour  le  prieuré  de  Reuilly, 


216  CHRONIQUE 

de  Durand,  prOtrede  Crozon,  d'Elie  de  Sainte-Sévère,  de  Ganelon  et  Hervé 
de  Saint-Aignan,  de  Bernard,  meunier  d'Ardentes,  pour  Marmoutiers,  de 
Gcraud  de  Rongères  pour  Aigurande,  d'Audebert,  archevêque  de  Bourges, 
pour  Saint-Jean-d'Aureil  en  Limousin,  de  Robert  de  Buzanoais  et  de  Lucie  de 
Mézières,  pour  Fontgombault.  Ces  documents  sont  pour  la  plupart  publiés 
d'après  des  originaux  conservés  aux  Archives  de  l'Indre  et  aux  Archives 
Nationales,  ou  d'après  des  copies  de  la  Biliothèque  Nationale.  On  doit  savoir 
gré  à  M.  Hubert  d'avoir  misià  la  disposition  des  érudits  un  recueil  général  de 
textes  relatifs  à  une  région  déterminée,  et  aussi  de  leur  avoir  fait  connaître  un 
nombre  assez  considérable  de  documents  intéressants  antérieurs  au  xii"  siècle. 

A.  V. 

*  * 

Sous  le  titre  :  Yulc  and  Chris/mas,  t/ieir  Place  in  the  Germanie  Year 
(Londres^  D.  Nutt,  1899;  petit  in-4°.  218  p.),  M.  Alexander  Tille,  que  nous 
connaissons  comme  l'auteur  d'une  bonne  traduction  allemande  delà  Gunn- 
lau(/ssatja  ornistun;/u  (Leipzig,  1890),  traite  une  des  questions  les  plus 
controversées  de  l'histoire  de  la  civilisation  germanique,  la  subdivision  de 
l'année  en  deux,  trois,  ou  quatre  saisons,  et  en  mois,  et  la  date  des  principales 
fêtes  païennes,  de  celle  en  particulier  qui  s'est  confondue  avec  la  Noël 
chrétienne,  le  Jôl  des  anciens  Scandinaves.  Les  documents  ne  manquent 
pas  :  mais  ils  sont  ou  obscurs  ou  contradictoires  :  le  calendrier  des  Goths 
n'est  pas  exactement  celui  des  Anglo-Saxons,  et  celui-ci  n'est  pas  identique 
au  calendrier  Scandinave.  Chez  tous,  un  fonds  commun  a  été  altéré  par 
différentes  causes.  Il  est  dans  la  nature  des  choses  que  le  commencement 
des  saisons  ait  été  fixé  à  des  dates  différentes  suivant  les  climats.  D'autre 
part,  le  calendrier  romain,  influencé  lui-même  par  des  traditions  nouvelles 
venues  de  l'Orient,  a  pu,  de  très  bonne  heure,  modifier  dans  une  certaine 
mesure  le  calendrier  de  certaines  tribus  germaniques,  mais  non  pas  de 
toutes,  ni  toujours  de  la  même  façon.  Enfin,  dans  tout  le  cours  du  moyen 
âge,  la  fusion  partielle  de  certaines  fêtes  chrétiennes  avec  quelques-unes  des 
anciennes  fêtes  romaines  s'est  compliquée  de  confusions  avec  les  fêtes  du 
paganisme  germanique  qu'elles  supplantaient.  Malgré  une  exposition  parfois 
un  peu  lâche,  on  lira  avec  intérêt  le  travail  de  M.  Tille,  moins  pour  ses 
conclusions,  qui  restent  sujettes  à  controverse,  que  pour  les  matériaux  qui 
y  sont  réunis  et  commentés.  L.  D. 

* 

*  4( 

La  bibliothèque  d'Orléans  possède  une  dizaine  de  nécrologes  de  l'église 
Sainte-Croix,  —  le  plus  ancien  écrit  en  1421,  —  qui  n'avaient  été  jusqu'à 
présent  que  très  imparfaitement  utilisés.  M.  Charles  Cuissard,  le  laborieux 
conservateur  de  la  bibliothèque,  a  été  bien  inspiré  en  dressant  un  état  de 
tous  les  chanoines  et  dignitaires  de  la  cathédrale  mentionnés  dans  ces 
différents  manuscrits  {Les  Chanoines  et  Dif/nitaires  de  la  cathédrale  d'Or- 
léans, d'après  les  nècrolorjes  manuscrits  de  Sainte-Croix .  Orléans, 
Herluison,  1900;  in-8°,  197  p.).  On  trouvera  dans  cette  publication  autre 


CHRONIQUE  217 

chose  qu'une  pure  et  simple  nomenclature  de  noms  propres;  M.  Cuissard, 
en  effet,  a  rédigé  des  notices  plus  ou  moins  étendues  sur  ceux  de  ces  chanoines 
et  dignitaires  qui  ont  joui  de  quelque  célébrité,  et  indiqué,  quand  il  y  avait 
lieu,  leurs  ouvrages  imprimés  ou  manuscrits,  ainsi  que  les  sources  où  l'on 
devra  puiser  sur  ces  peisonnages  de  plus  amples  renseignements;  c'est  là 
comme  l'amorce  d'une  bio-bibliographie  orléanaise  depuis  longtemps 
projetée  et  dont  on  ne  peut  que  souhaiter  l'achèvement.  Parmi  les  notices 
qui  méritent  d'être  signalées,  je  citerai,  pour  le  moyen  âge,  celles  d'Amisius 
ou  Ami  d'Orléans,  de  Jean  des  AUeuds,  d'Etienne  de  Garlande;  pour  les 
temps  modernes,  celles  des  deux  Jacques  Alleaume,  de  Jacques  Amyot,  de 
Jean  Bruneau,  du  fougueux  prédicateur  Hugues  Burlat,  du  P.Campigny,ce 
Célestin  dont  la  vie  fut  si  agitée,  de  Marin  Groteste  Desmahis,  de  l'abbé 
A.  Dubois,  bien  connu  par  son  Histoire  du  sirr/r  d'Orléans,  de  l'historien 
Orléanais  Charles  de  La  Saussaye,  de  Jean  Rousse.  M.  Cuissard  a  publié, 
à  la  suite  de  ses  notices,  un  certain  nombre  de  documents  intéressant  le 
chapitre  de  Sainte-Croix,  —  un  acte  de  Charles  le  Chauve,  de  856,  un  diplôme 
de  Louis  VI,  de  1116,  plusieurs  actes  de  confraternité,  de  1060,  1312,  1603, 
un  catalogue  de  reliques,  de  1329,  etc.,  —  qui,  à  vrai  dire,  n'étaient  pas 
tous  inédits,  L.  A. 

* 

*  n^ 

Il  est  parfois  utile  de  savoir  pour  quelle  raison  un  certain  mot  manque  au 
vocabulaire  d'un  auteur  donné  :  on  arrivera  à  des  conclusions  fort  différentes 
pour  l'étymologie,  la  critique,  etc.,  suivant  que  l'auteur  n'aura  pas  eu  à 
exprimer  l'idée  représentée  par  ce  mot,  ou  bien  qu'il  l'aura  exprimée  par 
un  autre  mot.  C'est  à  ce  point  de  vue  que  le  petit  Lexù/tie  aUrmand  et. 
l'ieux-has-allemand  de  M.  Osker  Priese  {Der  Wortschatz  des  Hâliand, 
Sarrebruck,  1899  ;  in -8°)  pourra  rendre  des  services  aux  germanistes 
et  aux  linguistes.  L'auteur,  il  est  vrai,  se  place  à  un  point  de  vue  assez 
différent  :  son  but  est  surtout  de  lutter  contre  la  Venrelschiinr/  de  la  langue 
allemande,  en  remettant  en  honneur  les  vieux  mots  germaniques  abolis. 
Qu'il  nous  soit  permis  alors  de  regretter  pour  lui-même  qu'il  ait  dû  employer 
dans  sa  préface  un  mot  comme  Bresche  qui  est,  quelle  que  puisse  être  son 
origine  en  français,  un  mot  welsch  en  allemand.  —  Rappelons,  en  terminant, 
que  M.  P.  avait  précédemment  fait  paraître  un  Lexique  allemand  fjothiquc 
{Deutsch-Gotisches  Wôrterbiich,  Leipzig,  1890),  fondé  sur  le  même  principe 
que  son  Lexique  bas-allemand,  et  qui  peut  rendre  les  mêmes  services. 

L.  D. 

*  * 

Gust.  Rydberg,  Zur  Geschichte  des  fransôsischen  d.  I.  Die  Entstehung 
des  d-Lautes.  II.  Ûbersicht  der  f/eschichtlichen  Entivickelunf/  des  a  in 
ait- und  nenfran.;ôsischer  Zeit  bis  Ende  des  17  Jahrunderts.  Leipzig, 
O.  Harrasowitz,  1896-1897;  in-8%  202  p.  II.  2.  Ûbersicht  der  fjeschicht- 
lichen  Enticickelunfj  des  i>  in  ait-  und  neufran.-ôsischer  Zeit.  Die  Vorlit- 


218  CHRONIQUE 

trrarisr/ic  Enfirir/.rlun;/  (1er  fv.::.  MonoajiJJdba.  Upsala,  1898;  in-8°, 
p.  203-408.  Nous  avons  là  les  deux  premières  parties  de  l'excellent  travail 
de  M.  Rydberg.  Nous  attendons  les  deux  dernières  (III  et  IV),  annoncées 
dès  1896  comme  devant  paraître,  soit  en  l'an  1896,  soit  en  1897,  pour 
donner  de  cette  étude  un  compte  rendu  général  et  qui  complétera  les  critiques 
déjà  nombreuses  parues  sur  chacun  des  fascicules  de  l'ouvrage  en  question. 

L.  B. 

Dans  son  édition  des  Goita  Karoli  {GcstaKitroli  Mdfjni  ad  Carcassonaw 
et  Narhonam,  lateinischer  Text  und  provenzalische  Einleitung.  Halle, 
1898:  in-12,  75-270  p.,  Rommnschc  Bibliote/,-,  n"  15)  M.  Schneegaris 
représente  les  idées  qu'il  avait  exposées  dans  sa  thèse  de  docteur  :  Die 
QucUcn  des  sofjcnannteti  Pseiido-P/iiloineiui  und  des  Olficinins  von 
Gerona  ;;n  Ehren  Karls  des  Grosscn  (Strasbourg,  Heitz,  1891  ;  in-8°, 
85  p.),  où  il  essaye  de  distinguer  l'élément  monacal  et  l'élément  épique 
de  ces  Gesta.  Cf.  p.  21  de  cette  dissertation.  Bien  que  l'auteur  n'ait  pas 
toujours  réussi  —  ce  qui  est  particulièrement  difficile  —  à  séparer  ces  deux 
éléments,  il  a  partout  fait  preuve  d'une  grande  pénétration  d'esprit  et  s'est 
montré  très  bien  informé  sur  tout  ce  qui  concerne  ces  Gesta. 

L'étude  sur  la  langue  est  trop  écourtée.  Le  texte  est  généralement  bien 
établi.  Et  l'édition  est  très  commode,  nous  donnant  le  texte  latin  en  face  du 
provençal.  Le  glossaire,  p.  249-263,  est  très  court,  mais  suffisant,  d'après 
la  méthode  suivie  par  l'auteur  (Cf.  note  de  la  p.  249).  Un  recueil  des  noms 
propres  se  trouvant  dans  les  Gesta  termine  le  livre  (p.  263-270). 

L.  B. 

*  * 

M.  Rich.  Eduard  Ottmann,  dont  nous  avons  analysé  ici-même  (Moyen 
Af/Cf  t.  III,  p.  217)  un  intéressant  travail  sur  les  prétérits  germaniques  à 
redoublement,  vient  de  faire  paraître  une  adaptation  en  vers  allemands 
modernes  de  la  Chanson  d'Alexandre  du  prêtre  Lamprecht  (Das  Alexan- 
dcrlled  des  Pfaffen  Lamprecht,  in  neuhochdeutscher  Uebertragung,  nebst 
Einleitung  und  Kommentar.  Halle  a.  d.  S.,  O.  Hendel,  in-8°,  lxvii-436  p. 
et  1  facs.).  L'indigence  poétique  de  Lamprecht  n'est  rendue  que  plusf 
apparente  par  les  chevilles  introduites  par  M.  O.  pour  remplir  la 
mesure  du  vers  moderne  :  une  simple  traduction  en  prose  n'eût-elle  pas 
mieux  valu  ?  Quoi  qu'il  en  soit,  on  lira  avec  profit  l'introduction  développée 
qui  précède  l'adaptation  de  M.  O.  et  les  notes  abondantes  qui  l'accompagnent. 
L'aspect  du  volume  ne  manque  pas  d'élégance.  L.  D. 


LIVRES    NOUVEAUX  219 


LIVRES  NOUVEAUX 


187.  Abraham  (F.).  Cbor  Quellen  und  Munclart  des  dolphinatisclien 
Mysteriums  Istoria  Pétri  et  Pauli.  —  Halle,  M.  Niemcyer,  1900;  in-8„, 
66  p.,  4  pi.  (3  m.) 

188.  André  (Marius).  Le  Rienheui-eux  Raymond  LuUe  (1232-13Ï5).  — 
Paris,  Lccoffre,  1900;  in-18,  iv-220  p.  (Les  Saints.)  (2  fr.) 

189.  Arbellot.  Vie  de  saint  Martial,  apôtre  de  l'Aquitaine.  —  Limoges, 
impr.  de  V^«  Ducourtieux,  1899;  in-16,  17  p. 

190.  Ariès  (Abbé  Saturnin).  Histoire  du  Bourg  Saint-Bernard.  2"  éd.  — 
Toulouse,  E.  Privât.  1899;  in-8",  455  p. 

191.  AsHLEV  (W.  J.).  Histoire  des  doctrines  économiques  de  l'Angleterre. 
n.  La  fin  du  moyen  âge.  Traduit  sur  la  3'' édition  anglaise  revue  par  l'au- 
teur, par  Savinieu  Bouyssy.  —Paris,  V.  Giard  et  E.  Brière,  1900;  in-8". 
(Bibliothèque  internationale  d'économie  politique.)  (10  fr.) 

192.  AvALLE  (Giuseppe).  Le  antiche  chioseanonime  ail'  Infernodi  Dante, 
secondoil  testo  Marciano.  —  Città  di  Castello,  S.  Lapi,  1900;  in-16,  188  ]i. 
(CoUezione  di  opuscoli  danteschi.  61-62.)  (1  1.  60.) 

193.  Bahrfeldt  (E.).  Das  Miinz-  und  Geldwesen  der  Furstenthiimer 
Hohenzollern.  -  Berlin,  A.  Weyl,  1900;  in-8%  vu-184  p.,  11  pi. 

194.  Bar  (M.).  Gesehichte  de  kônigl.  Staatsarehiv  zu  Hannover.  —  Leip- 
zig, S.  Hirzel,190Û;  in-8".  83  p.  (Mitteilungen  derk.  preussischen  Arcliiv- 
verwaltung,  IL)  (1  m.  60.) 

195.  Barbier  DE  Mont.\ult  (H.).  La  tapisserie  des  saints  Gervais  et 
Protais  à  la  cathédrale  du  Mans.  —Laval,  A.  Goupil,  1900;  in-8",  38  p. 

196.  Bardon  (Acliille).  Un  registre  de  M'  Eustache  de  Nîmes,  notaire  à 
Nîmes  (1380-1388).  —  Nîmes,  impr.  de  Chastanier,  1900;  in-8",  52  p. 

197.  Batiffol  (P.).  Tractatus  Origenis  de  libris  SS.  Scripturarum, 
detexit  et  edidit  Petrus  Batiffol,  sociatis  curis  Andrese  Wilmart.  —  Paris, 
A.  Picard  et  fils,  1900;  in-8°,  xxiv-226  p. 

198.  Baumont  (IL).  Histoire  de  Lunéville.  Préface  de  Ch.  Pfister.  — 
Lunéville,  Bastien,  1900;  in-8",  xiii-769  p.  et  plan. 

199.  Bayet  (C).  Précis  d'histoire  de  Tart.  Nouvelle  édition.  —  Paris, 
May  (1900);  in-8",  352  p.  (Bibliothèque  de  l'enseignement  des  beaux-arts.) 

200.  Becker  (J.)-  Gesehichte  der  Pfarreien  der  Dekanates  Mûnstereifel. 
—  Bonn,  P.  Hanstein,  1900;  in-8",  xxii-356  p.,  2  cartes.  (Gesehichte  der 
Pfarreien  der  Erzdiôcese  Koln,  hrsg.  von  K.  Th.  Dumont.  XXXIV.)  (5  m.) 

201.  Bédier  (J.).  Spécimen  d'un  essai  de  reconstruction  conjecturale  du 
Tristan  de  Thomas.  —Halle,  M.  Niemeyer,  1900;  in-8°,  40  p.  (Extr.  de  la 
Zcitschviftfûr  votnanische  Philologie.)  (1  m.  20.) 


220  LIVRES    NOUVEAUX 

20:2.  Berliner  (A.).  Aus  dem  Leben  doi-deutschen  Juden  ini  Mittelalter 
zugleich  als  Beitrag  fiir  deutsche  Culturgeschichte  nach  gedruckten  uiid 
ungedruckten  Quellen.  —  Berlin,  N.  Poppelauer,  1900;  in-8",  v-142  p. 
(4  m.) 

203.  Berthou  (P.  de).  Inventaire  sommaire  des  archives  communales  de 
Nantes  antérieures  à  1792,  rédigé  par  S.  de  la  Nicollière-Teijeiro,  t.  II, 
Séries  EE,  FF,  GG.  Compte  rendu.  —  Vannes,  impr.  de  Lafolj^e,  1900; 
in-8°,  27  p.  (Extr.  de  la  Rcv.  de  Broiafjvc,  do.  Vendée  et  d'Anjou.) 

204.  Besson-Léaud  (T.).  La  coutume  du  Poitou,  son  passé,  ses  vestiges 
dans  le  droit  français.  —  Niort,  impr.  de  Mercier,  1900;  in-8°,  19  p. 

205.  Beyssac  (J.).  Notes  pour  servir  à  l'histoire  de  l'Église  de  Lyon.  Saint 
Ismidon  de  Sassenage,  chanoine  de  Lyon,  évêque  de  Die.  —  Lyon,  impr. 
deVitte,  1900;  in-8",  14  p. 

206.  Blanquart  (Abbé  F.-M.-A.).  La  Chapelle  de  Gaillon  et  les  fresques 
d'Andréa  Solario.  —  Évreux,  impr.  de  Herissey,  1899;  in-8°,  31  p.  (Extr. 
du  Bull,  de  1(1  Soc.  des  Amis  des  arts  de  VEure.) 

207.  Bligny-Bondurand.  Inventaire  sommaire  des  archives  départemen- 
tales antérieures  à  1790.  Gard.  Archives  civiles.  Série  E.T.  I-II.  Seigneu- 
ries. Familles.  Notaires.  —  Nîmes,  impr.de  Chastanier,  1894-1900;  2  vol. 
in-4".  xi-461  et  xi-475  p. 

208.  Boisgelin  (De).  Alayer,  seigneurs  de  Champourcin,  Costemore,  le 
Poil.  —  Digne,  impr.  de  Chaspoulet,  V^*^  Barbaroux,  1899;  in-8%  9  p, 
(Extr.  du  Bidl.  de  la  Soc.  scientifique  et  littéraire  des  Basses- Alpes.) 

209.  Bonaventura  (A.).  La  poesia  neolatina  in  Italia  dal  sec.  xiv  al 
présente.  —  Città  di  Castello,  S.  Lapi,  1900;in-16.  (4  1.) 

210.  Bonnet  (Emile).  Bibliographie  du  diocèse  de  Montpellier.  Anciens 
diocèses  de  Maguelone,  Montpellier,  Béziers,  Agde,  Lodève  et  Saint-Pons- 
de-Thomières .  — -  Montpellier,  impr.  de  Firmin  et  Montane,  1900;  in-8", 
150  p. 

211.  Borrmann  (R.).  Die  Alhambra  zu  Granada.  —  Berlin,  W.  Spe- 
mann,  1900;  in-fol.,  18  p.,  6  pi.  (Die  Baukunst.  2"  Série,  3  Hft.)  (4m.). 

212.  BossEBŒUF  (L.-A.).  Comptes  de  Louis  XI,  Louis  XII  et  Catherine 
de  Médicis.  —  Tours,  impr.  de  Bousrez,  1900;  in-8°,  24  p.  (Extrait  du 
Bull,  de  la  Soc.  archéol.  de  Tour-aine.  —  La  Touraine  historique.  Do- 
cuments inédits.) 

213.  Boudin  (Abbé  Jean-Louis).  Renseignements  divers  sur  la  foire  de 
Beaucaire,  marchandises  qui  s'y  vendaient,  voies  par  lesquelles  on  y  arri- 
vait. —  Caen,  impr.  de  Delesques  (1900);  in-8°,  8  p.  (Extr.  du  Compte 
rendu  du  64'  Congrès  archéologique.) 

214.  Boulanger  (C).  Les  monuments  mégalithiques  de  la  Somme, 
2'  édition.  —  Paris,  Leroux,  1900;  in-16,  139  p. 

21.5.  Boulanger  (C).  Les  Muches  d'Heudicourt.  —  Paris,  Leroux,  1900; 
in-8",  42  p.,  5  plans. 

216.  Boullenger  (G.).  Les  sépultures  gallo-romaines  de  Pierrepont-sur- 
Avre  (Somme).  —  Paris,  Lechevalier,  1900;  in-8°,  48  p. 


LIVRES    NOUVEAUX  221 

217.  BouRNON  (Fernand)  et  Gaston  Duval.  Bibliographie  des  travaux  de 
M.  A.  de  Montaiglon,  professeur  à  l'École  des  Chartes.  Supplément.  — 
Paris,  H.  Lee  1ère,  1900;  in-8°.  (4fr.) 

218.  Braune  (W.).  Abriss  der  althochdeutschen  Grammatik,  mit  Be- 
rûcksiehtigung  des  Altsâchsischen.  3' Aufl.  —  Halle,  M.  Niemeyer,  1900; 
in-8°,  64  p.  (Sammlung  kurzer  Grammatiken  germanischer  Dialekte.  I.) 
(1  m.  50.) 

219.  Braune  (W.).  Die  Handschriften  Verhàltnisse  des  Niebelungen- 
liedes.  —  Halle,  M.  Niemeyer,  1900;  in-8%  222  p.  (Extr.  des  Bcitrdrje  x;ur 
Gcschichtc  der  dcutsch.  Sprache  iind  Litteratur.)  (6  m.) 

220.  Bréard  (Charles).  Vieilles  rues  et  vieilles  maisons  de  Honfleur,  du 
XV  siècle  à  nos  jours.  —  Mâcon,  Sescau,  1900;  in-16,  354  p.  (Publica- 
tions de  la  Soc.  normande  d'ethnograpliie  et  d'art  populaire  «  le  Vieux  Hon- 
neur ».   N''2.) 

221.  Brun-Durand  (J.).  Dictionnaire  biographique  et  biblio-icono- 
graphique  de  laDrôme.  I  :  A-G.  —  Grenoble,  H.  Falqueet  F.  Perrin,  1900; 
gr.  in-8°. 

222.  Buisson  (G.).  Le  canton  de  Donnemarie.  Aperçu  d'ensemble, — 
Lagny,  imp.  de  Colin,  1900;  in-18  Jésus,  75  p. 

223.  Bulletin  de  la  Société  littéraire  et  historique  de  la  Brie,  1"  série.  — 
Meaux,  impr.  Laffltteau,  1894;  in-S",  xxxiv-123  p. 

224.  Campagne  (Maurice).  Histoire  de  la  maison  de  Madaillan,  1076-1900. 
—  Bergerac,  impr.  de  Castanet,  1900;  in-4%  xi-440  p. 

225.  Canzoni  d'  amore  e  madrigali  di  Dante  Alighieri,  di  M.  Cino  da  Pis- 
toia,  di  M.  Girardo  da  Castelfiorentino,  di  M.  Betrico  da  Reggio,  di 
M.  Ruccio  Piacente  da  Siena,  riproduzione  délia  rarissima  edizione  del 
1518,  per  cura  di  Jarro.  Nuova  edizione.  —  Milano,  G.  Agnelli,  1900; 
in-8".  (5  1.) 

226.  Cartailhac  (Emile).  Quelques  souvenirs  de  la  Société  archéologique 
du  Midi.  —  Toulouse,  impr.  de  Chauvin,  1900;  in-8°,  11  p. 

227.  Cazauran  (Abbé).  Ville  de  Mirande.  Topographie-toponymie  de 
la  voirie  urbaine.  —  Paris,  Maisonneuve,  1900;  in-8°,  50  p. 

228.  Chadeyras  (F.).  Superstitions  et  légendes  d'Auvergne.  —  Draguignan, 
impr.  de  Olivier- Joulian,  1900;  in-18,  45  p. 

229.  Chauvet  (G.).  Sépultures  préhistoriques  de  la  Charente  et  de  l'Egypte 
(comparaison).  —  Angoulême,  inij^r.  de  Chasseignac,  1900;  in-8°,  9  p.  (Extr. 
des  Proccs-vcrbaux  de  la  Société  ai'c/téologiqtie  et  historique  de  la  Cha- 
rente, 1899.) 

230.  Chevalier  (Abbé  Ulysse).  Répertoire  des  sources  historiques  du 
moyen  âge.  Topo-bibliographie,  3"  fascicule  :  E-J.  —  Montbéliard,  Société 
anonyme  d'imprimerie  Montbéliardaise,  1889;  in-4°,  col.  1057-1592. 

231.  Colomb  (Christophe).  «  Lettera  rarissima  »  de  Christophe  Colomb 
sur  la  découverte  de  la  terre  ferme,  accompagnée  de  l'itinéraire  de  Diego 
de  Porras  et  d'une  partie  de  la  relation  de  Diego  Mendez.  Traduction  nou- 
velle extraite  des  Documents  de  la  Colombie,  —  Angers,  impr.  de  Burdin, 
1899;  in-4°.  42  p. 


22~  LIVRES    NOUVEAUX 

232.  CoRLiEu  (D'A.).  Les  Bâtiments  de  raucieiine  Faculté  de  médecine 
de  Paris,  rue  do  la  Bucherie.  —  Nogent-le-Rotrou,  irapr.  de  Daupeley-^ 
Gouverneur,  1900;  in-8%  14  p.  (Extr.  du  Bull,  de  In  Société  de  F  Histoire 
de  Paris  et  de  l'Ile-de-France .  ) 

233.  CouRTAUx  (Théodore)  et  C"  de  Lantivy  de  Trédion.  Histoire 
généalogique  de  la  maison  de  Lantivy,  de  ses  alliances  et  des  seigneuries 
qu'elle  a  possédées  (Bretagne,  Maine,  Anjou  et  Languedoc),  suivie  des  gé- 
Déalogies  des  maisons  de  l'Estourbeillon  (Bretagne)  et  de  Richemont  de 
Richard'son  (Ecosse  et  France).  —  Paris,  Cabinet  de  a  l'Historiographe  » 
1899;  m-i\  451  p. 

234.  Coutil  (L.).  Les  figurines  en  terre  cuite  des  Éburovices,  Véliocasses 
et  Lexovii.    Etude  générale  sur  les  Vénus  à  gaines  de  la  Gaule  romaine. 

—  Évreux,  imp.  de  Hérissey,  1899;  iu-8°,  84  p.  et  atlas  de  23  pi. 

235.  Cramer  (F.).  Inschrlften  auf  Glàsern  des  rômischen  Rheinlandes. 

—  Diisseldorf,  E.  Lintz,  1900;  in-8",  35  p.  (Extr.  du  UJahrb.  d.  Diissel- 
dorfor  Geschichtstereins.) 

236.  CzoBOR  (B.).  Die  historischen  Denkmàler  Ungarns  un  der  Mille- 
niums-Ausstellung.  9-10  Lfg.  —  Wien,  Gerlach  und  Schenk,  1900;  p.  161- 
200,  8  pi. 

237.  Davidsohn  (R.).  Forschungen  zur  Geschichte  von  Florenz.  2  Thl. 
Ausden  Stadtbùchern  und  Urkunden  von  San  Gimignano.  —Berlin,  E.  S. 
Mittler  und  Sohn,  1900;  in-8%  iv-352  p.  (9  m.) 

238.  Davis  (H.  W.  C).  Charlemagne.  —  London,  G.  P.  Putnam's 
sons,  1900;  in-8».  (5sh.) 

239.  Déchelette  (Joseph).  Inventaire  général  des  monnaies  antiques  re- 
cueillies au  mont  Beuvray  de  1867  à  1898.  —  Autun,  impr.  de  Dejussieu 
(1900);  in-8'',  45  p.  (Extr.  des  Mèm.  de  la  Soc.  Êduenne.) 

240.  Delisle  (L.).  Fragments  d'un  poème  historique  du  xiv'  siècle.  — 
Nogent-le-Rotrou,  impr.de  Daupeley-Gouverneur  (1900);  in-8",  6  p.  (Extr. 
de  la  Bibliothèque  de  V École  des  Chartes.) 

241.  Despatys  (Pierre).  Les  Musées  de  la  ville  de  Paris.  —  Paris,  Bou- 
det(1900);  in-4",  104  p.  (12  fr.). 

242.  DiDiOT  (Chanoine  Jules).  Saint-Thomas  d'Aquin  est-il  socialiste? — 
Paris,  Sueur-Charruey,  1900;  in-8",  15  p.  (Extr.  delà  Rec.  de  Lille.) 

243.  Diplomatarium  Veneto-Levantinum,  sive  Acta  et  diplomata  res  ve- 
netas,  graecas  atque  Levantis  illustrantia,  1331-1454.  Pars  2.  —  Venezia, 
F.  Visentini,  1900;  in-4°.  (25  1.) 

244.  DoBENECKER  (O.).  Rcgcsta  diplomatica  necnon  epistolsitia  historiée 
Thuringise.  II  Bd.  2  Thl.  1210-1227.  -  lena,  G.  Fischer,  1900;  in-4°,  vi  p. 
et  p.  273-556.  (15  m.) 

245.  Douais  (C).  La  Procédure  inquisitoriale  en  Languedoc  au  xiv'  siècle, 
d'après  un  procès  inédit  de  l'année  1337.  —  Paris,  A.  Picard  et  fils,  1900; 
in-8%  89  p. 

246.  DuLON  (J.).  Saint-Germain-en-Laye  (Seine-et-Oise).  Capitaines  et 
gouverneurs;  maîtrise  et  gruerie.  —  Saint-Germain,  Lévêque,  1899;  in-16, 
xvi-210  p. 


LIVRES    NOUVEAUX  223 

247.  Du  Pin  de  La  Guériviére  (V"  E.).  Une  famille  d'épée  sous 
l'ancien  régime.  Maison  de  Russy  d'Ogny  (1203-1696).  —  Vannes,  impr. 
de  Lafolye,  1900;  in-8°,78  p.  (Extr.  delà  Rmic  des  Questions  liéraldù/acs.) 

248.  Durand  (Vincent).  Excursion  archéologique  de  la  Société  de  la  Diana 
à  Saint- Germain-Laval,  Notre-Dame  de  Laval,  Grezolles,  Aix  et  Saint- 
Marcel-d'Urfé,  le  18  juillet  1894.  Compte  rendu.  —  Montbrison,  impr.  de 
Brassart,  1899;  in-8°,  94  p.  et  pi.  (Extr.  du  Bull,  de  la  Diana,) 

249.  Durand  (Vincent).  Trois  sceaux  inédits  de  la  cour  de  Forez,  des 
xiif,  xv'  et  XVI'"  siècles.  —  Montbrison,  impr.  de  Brassart,  1899;  in-8",  8p. 
1  pi.  (Extr.  du  Bull,  de  la  Diana.) 

250.  DuvAU  (L.).  «  Formation  de  la  mythologie  Scandinave.  Sophus 
Bugge,  Studier  over  de  nordiske  Gude-og  Heltesagns  oprindelse,  Anden 
Raokke  :  Helge  Digtenei  den  aeldre  Edda,  deres  Hjem  og  Forbindelser. 
(Études  sur  la  formation  de  la  mythologie  norroise,  2"  série:  le  cycle  de  Helgi 
dans  l'ancienne  Edda,  sa  provenance  et  ses  .sources.)  Copenhague,  G.  E. 
Gad,  1896.  »  (Compte  rendu.)  —  Paris,  Impr.  Nationale,  1899;  in-4°,  15  p. 
(Extr.  du  Journal  des  Savants.) 

251.  Église  (L')  de  Montmorency,  ses  verrières.  —  Montmorency,  impr. 
de  Gaubert,  1900;  in-18,  24  p. 

252.  EiTNER  (R.).  Biographisch-Bibliographisches  Quellen-Lexikon  der 
Musiker  und  Musikgelehrten  der  christlichen  Zeitrechnung  bis  zur  Mitte 
des  19  Jahih.  1  Bd.  :  Aa-Bertali.  —  LeijDzig,  Breitkopf  und  Hartel,  1900; 
in-4°,  480  p.  (12  m.) 

253.  EsMEiN  (A.).  Trois  documents  sur  le  mariage  par  vente.  —  Paris, 
Larose  (1900);  in-8%  11  p.  (Extr.  de  la  Noue.  Rec.  hist.  de  droit  français 
et  étranger.) 

254.  Espérandieu  (Capitaine  E.).  Inscriptions  antiques  du  musée 
Calvet  d'Avignon.  —  Paris,  A.  Picard  et  fils;  1900;  in-8%  265  p.  (10  fr.) 

255.  Eubel  (K.).  Die  avignonesi.sche  Obedienz  der  Mendikanlen-Orden, 
sowie  der  Orden  der  Mercedarier  und  Trinitarier,  zur  Zeit  des  grossen 
Schismas.  Beleuchtet  durch  die  von  Clemens  VII  und  Benedikt  XIII  an 
dieselben  gerichteten  Schreiben.  —  Paderborn,  F.  Schôning,  1900;  in-8°, 
xx-231  p.  (Quellen  und  Forschungen  aus  dem  Gebiete  der  Geschichte,  in 
Verbindung  mit  ihrem  historischen  Institut  in  Rom,  hrsg.  von  der  Gorres- 
gesellschaft.  I  Bd.,  2  Thl.)  (9  m.) 

256.  Fabre  (Abbé  François).  Notes  historiques  sur  Servières,  près  Saugues, 
—  Le  Puy,  impr.  de  Prades-Freydier,  1900;  in-8%  38  p. 

257.  Fester  (R.).  Hegesten  der  Markgrafen  von  Baden  und  Hachberg, 
1050-1515.  Hrsg.  von  der  bail,  histor.  Commission.  9-10  Lfg.  —  Innsbruck, 
Wagner,  1900;  in-4°,  v  p.  et  p.  529-661  (du  t.  l").  (10  m.  40.) 

258.  Forschungen  zur  romanischen  Philologie,  Festgabe  fur  Hermann 
Suchier  zura  15,  111,  1900.  —  Halle,  M.  Niemeyer,  1900;  in-8% 
V-646-XXXVI  p.  (18  m.) 

259.  FoRSTEMANN.  Altdeutsches  Namenbuch.  Bd.  I.  2'- Aufl.  1  Lfg.  — 
Bonn,  P.  Hanstein,  1900.  (4m.) 


224  LIVRES    NOUVEAUX 

260.  FouRNiER  (A.).  Topographie  ancienne  du  département  des  Vosges. 
V  :  Bassin  de  la  Moselle,  2"  partie.  VI  :  Des  noms  de  lieux  dans  le  dépar- 
tement des  Vosges.  VII-VIII  :  La  Plaine.  —  Épinal,  impr.  de  Klein  (impr. 
de  Hugnenin),  1896-1899,  4  vol.  in-8°,  196,  249,  61  et  207  p.  et  carte.  (Extr. 
des  Annales  de  la  Sociètc  (rènuilatioa  dos  Vosi/cs.) 

261.  FouRNiER  (A.).  Les  Vosges.  Illustrations  par  V.  Franck.  II  :  Sainte 
Odile.  —  Paris.  P.  OUendorf,  1900;  in-4",  88  p.  (12  fr.) 

262.  Fr.^nklin  (A.).  La  Vie  privée  d'autrefois...  Les  Animaux.  T.  IL 
Du  xv°  au  XIX"  siècle.  —  Paris,  Pion  et  Nourrit,  1899;  in-8%  xix-307  p. 

263.  Freixe  (Jacques).  Charte  du  roi  de  France  Charles  le  Chauve  en 
faveur  du  monastère  d'Arles  (année  869).  Extrait  du  cartulaire  du  monas- 
tère d'Arles.  Texte  latin,  traduction  française.  Réimpression  textuelle.  — 
Perpignan,  impr.  de  1'  «  Indépendant  n,  1900;  in-8%  7  p. 

264.  FRiEDENseaRG  (F.).  Nachtrâge  und  Berichtigungen  zu  Schlesiens 
Miinz-Geschichte  im  Mittelalter.  —  Berlin,  A.  Weyl,  1900;  in-8",  36  p., 
2  pi.  (2  m.) 

265.  Fùhrer  durch  das  historische  Muséum  in  Basel,  hrsg.  von  der 
Verwaltung  des  Muséums.  —  Basel,  Historisches  Muséum,  1900:  in-8°, 
v-66  p. 

266.  Gastoué  (Amédée).  La  Tradition  ancienne  dans  le  chant  byzantin. 
—  Paris,  bureaux  de  la  Schola  cantorum^  15,  rue  Stanislas,  1899;  in-8% 
16  p.  (Extr.  de  la  Tribune  de  Saint-Gcrvais.) 

267.  Gatin  (L.-A.).  Essai  historique.  Un  village.  Saint-Martin-la-Garenne 
(Seine-et-Oise).  —  Paris,  Soc.  d'édition  et  de  librairie  (1900);  in-8% 
xviii-247  p. 

268.  Geigy  (A.).  Katalog  des  historischen  Muséums  in  Basel.  IL  Katalog 
der  Basler  Mûnzen  und  Medaillen  der  im  historischen  Muséum  zu  Basel 
deponierten  Ewig'schen  Sammlung.  —  Basel.  Historisches  Muséum,  1900; 
in-8%  xvii-171  p.,  44  pi. 

269.  Géographie  (La)  gauloise  du  Bas-Poitou,  principaux  points  archéo- 
logiques des  cantons  de  Sainte-Hermine  et  de  l'Herm^enault,  par  A.  B.  — 
Vannes,  impr.  de  Lafolye,  1900;  in-8%  10  p.  (Extr.  de  la  Revue  du  Bas- 
Poitou.) 

270.  Girard  (E.  de).  Histoire  de  l'économie  sociale  jusqu'à  la  fin  du 
xvi"  siècle.  Antiquité.  Moyen  âge.  Renaissance.  Réforme.  —  Paris, 
V.  Giard  et  E.  Brière,  1900;  in-8". 

271.  GoiFFON  (Abbé).  Monographies  paroissiales.  Paroisses  de  l'archiprêtré 
du  Vigan.  2°  édition.  —  Nîmes,  impr.  de  Ducros,  1900;  in-8%  441  p. 

272.  GoTTHELF  (F.).  Das  deutsche  Altertum  in  den  Anschauungen  des 
16  und  17  Jahrhundert.  —  Berlin,  A.  Duncker,  1900;  in-8%  vii-68  p. 
(Forschungen  zur  neueren  Litteratur-Geschichte.  XIII.)  (1  m.  50.) 

273.  Graxdidier.  Nouvelles  œuvres  inédites  publiées  sous  les  auspices 
de  la  Société  industrielle  de  Mulhouse.  V  :  Ordres  militaires  et  Mélanges 
historiques  (Strasbourg).  — -  Colmar,  H.  Hùffel,  1900;  in-8%  ix-446  p. 
(6  m.) 


LIVRES    NOUVEAUX  225 

274.  Grettis  Saga  Asraundarsonar,  hrsg.  von  R.  C.  Boer.  —  Halle, 
M.  Niemeyer,  1900;  in-8",  lh-348  p.  (Altnordische  Saga-Bibliothek.  Vlll.) 
(10  m.) 

275.  Grosse-Duperon  (A.).  Souvenirs  du  vieux  Mayenne.  Les  sieurs  de 
Beauchesne  et  les  Calvairiennes  de  Mayenne.  —  Mayenne,  impr.  de 
Poirier-Bealu.  1900  ;  in-8%  483  p. 

276.  Queneau  (Victor).  Dictionnaire  biographique  des  personnes  nées  en 
Nivernais  ou  revendiquées  par  le  Nivernais.  —  Nevers,  Mazeron,  1899; 
in-4\  184  p. 

277.  GuÉRY  (AbW  C).  La  Conimanderie  de  Chanu  (Eure).  —  Évreux, 
impr.  d'Odieuvre,  1900;  in-8",  47  p. 

278.  GuiLLAUD  (D'  J.-A.).  De  l'emplacement  du  «  Castrum  Facta- 
botura  ».  —  La  Rochelle,  impr.  de  Texier,  1900;  in-8^  7  p.  (Extr.  du 
Bull,  de  la  Soc.  des  Avchicc.s  hist.  de  la  Sainionge  et  del'Aiinis.) 

279.  GuMBix  (Th.).  Geschichte  des  Fiirstent.  Pfalz-Veldenz.  —  Kaisers- 
lautern,  E.  Crusius.  1900;  in-8",  vi-378  p.  (4  m.  50.) 

280.  H.^-:bler  (K.).  Sur  quelques  incunables  espagnols  relatifs  à  Chris- 
tophe Colomb.  —Besançon,  impr.  de  Jacquin,  1900;  in-S",  24  p.  (Extr.  du 
Bt'hliorjraphe  moderne.) 

281.  Hagen  (P.).  Der  Gral.  —  Strassburg,  K.  .1.  Triibner,  1900;  in-8", 
v-124  p.  (Quellen  und  Forschungen  zur  Sprach-  und  Culturgeschichte  der 
germanischen  Vôlker.  LXXXV.)  (3  m.). 

282.  Harnack  (A.).  Geschichte  der  kônigl.  preussischen  Akademie  der 
Wissenschaften  zu  Berlin.  Im  Auftrage  der  Akademie  bearb.  —  Berlin, 
G.  Reimer,  1900;  3  vol.  in-S",  vii-vi-1091,  xii-660  et  xiv-588  p.  (60  m.) 

283.  Harnack  (A.).  Die  Pfaifschen  Irenâus-Fragmente  als  P'àlschungen 
Pfafis  nachgewiesen.  Miscellen  zu  den  apostol.  Vàtern,  den  Acta  Pauli, 
Apelles,  dem  Murator.  Fragment  den  pseudocyprian.  Schriften  und 
Claudianus  Mamertus.  —  Leipzig,  J.  C.  Hinrichs,  1900;  in-8°,  iii-148  p. 
(Texte  und  Untersuchungen  zur  Geschichte  der  altchristlichen  Litteratur. 
N.  Folge.  V,  3;  der  ganzen  Reihe,  XX,  3.)  (5  m.). 

284.  Hauser  (K.).  Winterthur  zur  Zeit  des  Appenzellerkrieges.  —  Win- 
terthur,  Alb.  Hoster,  1900;  in-8°,  132  p. 

285.  Heldmann  (K.).  Der  Kôlngau  und  die  Civitas  Kôln.  Historisch- 
geographisch  Untersuchungen  ûber  den  Ursprung  des  deutschen  Stadte- 
wesens.  Mit  geograph.  Index  und  eine  Karte.  —  Halle,  M.  Niemeyer, 
1900;  in-8%  vii-136  p.  (6  m.) 

286.  Herluison  (H.).  Coup  d'oeil  sur  le  musée  historique  d'Orléans.  — 
Orléans,  Herluison,  1900;  in-8°,  15  p.  (Extr.  du  Bull,  de  la  Soc.  archèol. 
et  hist.  de  l'Orléanais.) 

287.  Hermet  (Abbé).  Statues-menhirs  de  l'Aveyron  et  du  Tarn.  —  Paris, 
Impr.  Nationale,  1899;  in-8",  39  p.  (Extr.  du  Bull,  archèol.  du  Comité 
des  travaux  hist.) 

288.  Hommey  (Abbé  L,).  Histoire  ecclésiastique  et  civile  du  diocèse  de 
Séez.  T.  III,  —  Alençon,  impr.  de  Renaut-de-Broise,  1900;  in-8",  482  p. 


2-26  LIVRES   NOUVEAUX 

289.  Hubert  (Eugène).  Bulletin  histoiiquo  de  la  Belgique.  —  Nogent-le- 
Rotrou,  impr.  de  Daupeley-Gouverneur,  1900;  in-8",  50  p.  (Extr.  de  la 
RocKC  historique.) 

290.  HuET  (P.)  et  A.  de  Saint-Saud.  Généalogie  de  la  maison  de  La  Paye 
en  Périgord.  —  Paris,  A.  Picard  et  fils,  1900;    in-4",  306  p.,  7  pi.  (25  fr.) 

291.  IIuRTAUD  (Le  P.  Jourdain).  Lettres  de  Savonarole  aux  princes  chré- 
tiens pour  la  réunion  d'un  concile,  étude  doctrinale.  —  Paris,  impr.  de 
Levé,  1900:  in-8%  50  p.  (Extr.  de  la  Rcr.  thomiste.) 

292.  Ibn  Ibischam  (Abd  el-Malik).  Das  Le?)cn  Muliammed's  nach  Muhara- 
med  Ibn  Ishàk  bearb.  Aus  den  Handschrit'ten  zu  Berlin,  Leipzig,  Gotha  und 
Leyden  hrsg.  von  F.  Wùstenfeld,  1  Bd.  2  Thl.  und  2  Bd.  (Anastatischer 
Xeudruck).  —  Leipzig,  Dieterich,  1900;  in-8^  480  et  Lxxn-286  p.  (20  m.) 

293.  Jacoby  (A.).  Ein  neues  Evangelien-Fragraent.  —  Strassburg, 
K.  J.  Trûbner,  1900;  in-8",  v-55  p.  et  4  pi.  (4  m.). 

29 i.  Kahn  (Salomon).  Les  juifs  de  Tarascon  au  moyen  âge.  —  Paris^ 
Cerf,  1899;  in-8%  59  p.  (Extr.  de  la  Rer.  des  Études  jtiircs.) 

295.  Katcheretz  (G.).  Notes  d'archéologie  russe,  monuments  chrétiens  de 
Chersonèse.  —  Paris,  Leroux,  1899;  in-8%  7  p.  (Extr.  de  la  Rcv.  archèol.) 

296.  Keiffer  (Jules).  Précis  des  découvertes  archéologiques  faites  dans  le 
grand-duché  de  Luxembourg  de  1845  à  1897.  —Paris,  Leroux,  1899  ;  in-8°, 
14  p.  et  carte  (Extr.  de  la  Rer.  archéolof/ique.) 

297.  Keh.er  (W.).  Die  litterarischen  Bestrebungen  von  Worcester  in 
angelsàchsische  Zeit.  —  Strassburg,  K.  J.  Trûbner,  1900;  in-8'',  vm-104  p. 
(Quellen  und  Forschungen  zur  Sprach-  und  Culturgeschichte  der  germa- 
nischen  Vôlker,  LXXXIV.)  (2  m.  50.) 

298.  KoHLER  (Charles).  Chartes  de  l'abbaye  de  Notre-Dame  de  la  Vallée- 
de-Josaphat, analyses  et  extraits.  —Paris,  Leroux,  1900:  in-8",  119  p.  (Extr. 
de  la  Rer.  de  l'Orient  latin,  VII,  1-2.) 

299.  KosER  (R.).  Ueber  den  gegenwârtigen  Stand  der  archivalischen 
Forschung  in  Preussen.  —  Leipzig,  S.  Hirzel,  1900;  in-8%  40  p.  (Mittei- 
lungen  der  k.  preussischen  Archivverwaltung,  1.)  (0  m.  80.) 

300.  Labat  (Gustave).  Le  vieux  la  Teste  et  le  château  des  eaptaux  de 
Buch.  —  Paris,  Libraires  associés,  1900;  in-8°, xiii-97p. 

301.  La  Bessière  (L.-F.).  Chalonnes-sur-Loire,  un  mariage  de  grands 
seigneurs  en  1422.  —  Angers,  Germain  et  Grassin,  1900:  in-8",  19  p.  (Extr. 
de  la  Rev.  de  l'Anjou.) 

302.  La  Bouraliére  (A.  de).  L'imprimerie  et  la  librairie  à  Poitiers 
pendant  le  xvi"  siècle,  précédé  d'un  chapitre  rétrospectif  sur  les  débuts  de 
rimprimerie  dans  la  même  ville.  —  Paris,  Paul  et  fils  et  Guillemin,  1900; 
in-8°,  Lxx-399  p. 

303.  Lafenestre  (G.).  La  peinture  italienne.  T.  1".  Depuis  les  origines 
jusqu'à  la  fin  du  xv'  siècle.  Nouvelle  édition.  —  Paris,  May  (1900);  in-8°, 
360  p.  (Bibliothèque  de  l'enseignement  des  beaux-arts.) 

304.  Lang  (A.).  History  of  Scotland  from  the  roman  occupation.  Vol.  I. 
—  London,  Blackwood,  1900;  in-8°.  (15  sh.) 


LIVRES    NOUVEAUX  227 

305.  Langlois  (Ernest).  Anciens  proverbes  français.  —  Nogcnt-le- 
Rotrou,  impr.  de  Daupeley-Gouverneur,  1899;  in-8°,  33  p.  (Extr.  de  la 
Bibliothèque  de  l'Ecole  des  Chartes .  ) 

306.  Lapixi  (Agostino).  Diario  fiorentino,dal  252  al  1596,  ora  per  la  prima 
volta  pubbl.  da  Gins.  Odoardo  Corrazzini.  —  Firenze,  G.  C.  Sansoni, 
1000;  in-16.  (3  1.   50.) 

307.  Lehfeldt  (P.).  Einfiihrung  in  die  Kunstgeschichle  der  thûringischen 
Staaten.  -  lena,  G.  Fischer,  1900;  in-8",  viii-199  p.  (4  m.) 

308.  Lessing  (J.).  Wandteppiche  und  Decken  des  Mittelalters  in  Deut- 
schland(In  5  Lfgn).  1  Lfg.  -  Berlin,  E.  Wasmuth,  1900;  gr.  in-fol.  10  p. 
et  10  pi.  (10  m.) 

309.LEVITICUS  (F.).  Laut- und  Flexionslehre  der  Sprache  der  St.  Serva- 
tius-Legende  Heinrichs  von  Veldeke,  nach  dem  Leidener  Ms.  Mit  Heran- 
ziehung  der  iibrigen  handschriftlichen  Fragmente.  —  Haarlem,  de  erven 
F.  Bohn,  1900;  in-8". 

310.  LixDET.  Les  origines  du  moulin  à  grains.  —  Paris,  Leroux,  1899'; 
in-8",  12  p.  (Extr.  de  la  Rec.  arehèolof/i'/ue.) 

311.  LuTHMKR  (F.).  Gothische  ornamente  in  Beispielen  aus  Baudenkma- 
lern  des  xiii  bis  xvi  Jahrh.—  Frankfart  a.  M.,  H.  Keller,  1900;  gr.  in-fol,, 
30  pi,  (30  m.) 

312.  Mackinnon  (J.).  History  of  Edward  111.  —  Longmans  &  C\  1900; 
in-8".  (10  sh,) 

313.  Mailhet  (André).  Observations  sur  une  Histoire  de  la  ville  de  Die. 

—  Valence,  impr.  Valentinoise,  1900;  in-8°,  79  p, 

314.  Maître  (Léon).  Beauvoir-sur-Mer  au  xf  siècle,  d'après  un  décret 
épiscopal  inédit  d'Isambert,  évoque  de  Poitiers  vers  1040.  —  Vannes,  impr. 
deLafolye,  1900;  in-8",  15  p.  (Extr.  de  la  Rer .  du  Bas-Poitou.) 

315.  Marchand  (Alfred).  Moines  et  nonnes.  Histoire,  règles,  costume  et 
statistique  des  Ordres  religieux.  Nouvelle  édition.  —  Paris,  Fischbacher, 
1900;  in-18  Jésus,  vi-305  et  4.34  p.  (7  fr.  50.) 

316.  Marcou  (Edmond).  De  l'autorisation  maritale  au  xiif  siècle,  com- 
parée à  celle  du  Code  civil,  thèse.  —  Paris,  Rousseau,  1899;  in-8",  182  p. 

317.  Markisch  (R.),  Die  altenglische  Beaibeitung  der  Erzâhlung  von 
Apollonius  von  Tyrus  Grammatik  und  latein.  Text,  —  Berlin,  Mayer  und 
Millier,  1900  ;  in-8%  62  p.  (Palaestra,  VI.)  (1  m.  60.) 

318.  Martin  (AbbéJ.-B.).  Incunables  de  bibliothèques  privées,  2°  série. 

—  Paris,   Le  Clerc  et  Cornuau,   1899;   in-8",  24   p.  (Extr.  du  Bull,    du 
bibliophile.) 

319.  Marucchi  (Orazio).  Éléments  d'archéologie  chrétienne.  Notions 
générales.  —  Roma,  Desclëe,  Lefebvre  e  C,  1900;  in-8"   (6  1.) 

320.  Maurel  (Abbé  M.-J.).  Le  Péage  de  Peypin  et  les  péages  des  Basses- 
Alpes.  —  Digne,  impr.  de  Chaspoul  et  V^e  Barbaroux,  1900;  in-8°,  91  p. 
(Extr.  du  Bull,  de  la  Soc.  scienti/u/ue  et  littéraire  des  Basses- Alpes.) 

321.  MÉLY  (F.  de).  Les  Reliques  de  la  sainte  couronne  d'Aix-la-Chapelle 
et  de  Saint-Denis.  —  Paris,  Leroux,  1899;  in-8%  7  p.  (Extr,  de  la  Rec. 
archéologique.) 


228  LIVRES   NOUVEAUX 

322.  Mentienne.  Mémorandum  ou  guide  nécessaire  à  ceux  qui  voudront 
écrire  les  monographies  des  communes  du  département  de  la  Seine.  — 
Paris,  Champion,  1899;  in  18,  143  p. 

323.  Meyer  (A.  G.).  Die  Certosa  di  Pavia.  —  Berlin,  W.  Spemann, 
1900;in-fol..20  p. ,7  pi.  (Die  Baukunst,  2'  Série.  2  Hft.)  (4  m.) 

324.  Meyer  (Paul).  Notice  sur  trois  légendiers  français  attribués  à  Jean 
Belet.  —  Paris,  Impr.  Nationale,  1900;  in-4°,  82  p.  (Tiré  des  Notices  et 
Extraits  des  manuscrits  de  la  Bibliot/irr/iic  Nationale  et  antres  biblio- 
thèques.) 

325.  Millet  (Gabriel).  Monuments  de  l'art  byzantin.  1  :  Le  Monastère 
de  Daphni,  histoire,  architecture,  mosaïques.  —  Paris,  Leroux,  1899; 
in-4",  204  p.,  19  pi.  (25  fr.) 

326.  MoNTESsoN  (G"  Charles-Raoul  de).  Vocabulaire  du  Haut-Maine. 
3'  édition.—  Paris,  E.  Paul  et  fils  et  Guillemin,  1900;  in-8",  541  p. 

327.  MooRE  (Edward).  Gli  accenni  al  tempo  nella  Divina  Commedia  e 
loro  relazione  con  lapresunta  data  e  durata  délia  visione.  Versione  italiana 
di  Cino  Chiarini.  —  Firenze,  G.  C.  Sansoni,  1900;  in-16.  (1  1.  20.) 

328.  MoREL  (Abbé  E.).  Le  mouvement  communal  au  xii"  siècle  dans  le 
Beauvaisis  et  aux  environs.  —  Beauvais,  impr.  de  Avonde  et  Bachelier, 
1899;  in-8°,  24  p.  (Extr.  du  Bull,  de  la  Soc.  académique  de  l'Oise.) 

329.  MoREL  (Octave).  La  grande  Chancellerie  royale  et  l'expédition  des 
lettres  royaux,  de  l'avènement  de  Philippe  de  Valois  à  la  fin  du  xiv'  siècle. 

—  Paris,  A.    Picard  et  fils,  1900;   in-8%  xiii-592  p.,  2  pi.  (Mémoires  et 
documents  publiés  par  la  Société  de  l'École  des  Chartes,  III.)  (20  fr.) 

330.  MoRO  (Gi.).  S.  Antonino  in  relazione  alla  riforma  cattolica  nel 
sec.  XV.  —  Firenze,  B.  Seeber,  1900;  in-8».  (1  1.  50.) 

331.  MouRRET  (Charles).  Documents  inédits  sur  le  chcâteau  deTarascon. 

—  Caen,    Delesques,    1899;  in-8°,   16   p.    (Extr.   du    Compte   rendu   du 
64*  Conf/rès  archcolof/ique  de  France.) 

332.  MiJLLENHOFF  (K.).  Deutsche  Altertumskunde.  4  Ed.  2  Hàlfte.  — 
Berlin,  Weidmann,  1900;  in-8»,  xxiv  p.  et  p.  385-751.  (10  m.) 

333.  MûLLER  (J.).  Untersuchungen  zur  Lautlehre  der  Mundart  von 
Aegidienberg.  —  Bonn,  P.  Hanstein,  1899;  in-8°,  v-62  p.  (1  m.  50.) 

334.  Naegle  (A.).  Die  Eucharistielehre  des  hl.  Johannes  Chrysostomus 
des  Doctor  Eucharistiae.  —  Freiburg  i.  B.,  Herder,  1900;  in-8°,  xiii-308p. 
(Theologische  Strassburger  Studien,  III,  4-5.)  (5  m.  40.) 

335.  Palmieri  (D.).  Commento  alla  Divina  Commedia  di  Dante  Ali- 
ghieri.  —  Prato,  Giachetti,  1900;  3  vol.  in-8°.  (15  1.) 

336.  Paquier  (J.).  De  Philippi  Beroaldi  junioris  vita  et  scriptis  (1472- 
1518).  -  Paris,  Leroux,  1900;  in-8°.  127  p. 

337.  Paris  (Gaston).  Les  Danseurs  maudits,  légende  allemande  du 
xr  siècle.  —  Paris,  Bouillon,  1900;  in-4",  17  p.  (Extr.  du  Journal  des 
Savants,  lSd9.) 

338.  Pellot  (Paul).  Fragment  généalogique  et  Documents  sur  les 
familles  de  Creil  et  d'Auquoy.  —  Vannes,  impr.  de  Lafolye,  1900;  in-S", 
15p.  (Extr.  de  la.  Reime  des  Questions  héraldiques.) 


LIVRES    NOUVEAUX  229 

339.  Perez-Villamil  (E.).  Estudios  de  historia  y  arte.  La  catedral  de 
Sigiienza  erigida  en  el  sigio  XII.  —  Madrid,  Murillo,  1900;  in-4°.  (8  pes.) 

340.  Petit  (Ern.).  Les  Bourguignons  de  l'Yonne  à  la  Cour  de  Piiilippe 
de  Valois.  —  Paris,  A.  Picard,  1900;  in-8",  91  p.,  1  pi.  (4  fr.) 

341.  Petit  (Joseph).  Mémoire  de  Foulques  de  Villaret  sur  la  Croisade. 

—  Nogent-le-Rotrou  (1900);  in-8",  9  p.  (E.xtr.  de  la  Bibliotliôqac  de  l'École 
des  Chartes.) 

342.  Peyron  (Abbé  Edouard).  Histoire  de  Vieil-Biioude,  depuis  les  ori- 
gines jusqu'à  nos  jours.  —  Vieil-Brioude,  l'auteur,  1900;  in-18,  xvii-400p. 
(3  fr.  50.) 

343.  Photius.  Photii,  Constantinopolitani  patriarchœ,  operum  pars 
prima.  Exegetica.  In  Amphilochia  Photii  prolegomena.  —  Paris,  Garnier 
(1900);  gr.in-8",v  iii-648  p.  (Patrologite  Cursus  completus.Patrologiae  grœcae 
tomus  CI.) 

344.  PiRENNE  (H.).  Histoire  de  Belgique,  des  origines  au  commencement 
du  XIV'  siècle.  —  Bruxelles,  H.  Lamertin,  1900;  in-8%  xii-430  p. 

345.  Plumptre  (E.  H.).  Life  of  Dante.  Edited  by  A.  J.  Butler.  —  London, 
Isbister  and  C°,  1900;  in-12.  (2  sh.  6  d.) 

346.  Poli  (V"  Oscar  de).  La  Royauté  de  la  fève.  —  Paris,  45,  rue  des 
Acacias,  1900;  in-8",  23  p.  (Extr.  de  la  Reçue  des  Questions  /léi-aldlques.) 

347.  Porée  (Abbé).  Le  premier  Président  Boivin-Cham peaux,  historien 
normand.  —  Brionne,  Amelot,  1899;  in-8",  22  p. 

348.  PouL.\iNE  (F.).  Le  Camp  de  Chora  à  Saint-Moré  (Yonne).  —  Paris, 
Leroux,  1900;  in-B*",  8  p.  (Extr.  de  la  Rcc.  archéologique.) 

349.  Poupardin  (R.).  Les  grandes  familles  comtales  à  l'époque  carolin- 
gienne. —  Nogent-le-Rotrou,  impr.  de  Daupeley-Gouverneur,  19(X);  in-8", 
24  p.  (Extr.  delà  Reo.  historique.) 

350.  Prior  (E.  s.).  History  of  gothic  art  in  England.  —  London, 
G.  P.  Putnam  sons,  1900  ;  in-fol.  (31  sh.  6  d.) 

351.  Prothière  (E.).  Les  Armoiries  de  Tarare.  —  Charlieu,  impr.  de 
Charpin,  1899;  in-8°,  15  p.,  2  pi.  (Extrait du  Bull,  delà  Soc.  des  sciences 
naturelles .) 

352.  QuESVERS  (P.)  et  H.  Stein.  Inscriptions  de  l'ancien  diocèse  de  Sens, 
publ.  d'après  les  estampages  d'Ed.  Michel.  Tome  II  :  Inscriptions  de  la 
banlieue  de  Sens,  des  doyennés  de  Vanne,  de  l'rainel  et  de  Saint-Florentin. 

—  Paris,  A.  Picard,  1900;  in-4°,  787  p.  (25  fr.) 

353.  Recueil  d'actes  et  de  documents  concernant  la  famille  dite  d'Eeckhout, 
du  xii'  au  commencement  du  xvn'  siècle.  —  Saint-Omer,  impr.  de  Homont, 
1900;  in-4%  vii-332  p. 

354.  RÉGNIER  (Louis).  Brionne  :  le  donjon,  les  églises,  le  musée.  —  Caen^ 
Delesques,  1899;  in-8°,  38  p.  (Extr.  de  V Annuaire  de  l'Association  nor- 
mande.) 

355.  RÉGNIER  (Louis).  La  chapelle  de  la  coramanderie  de  Chanu  (diocèse 
d'Évreux).  —  Évreux,  impr.  d'Odiouvre,  1899;  in-S",  10  p.  et  pi. 

356.  RÉGNIER  (Louis).  Pont-Audemer  et  Quillebœuf .  Notes  archéologiques. 


'230  LIVRES    NOUVEAUX 

—  Caen,  Delesques,  1899  ;  in-8",65  p.  (Extr.  deïAnnufdrc  de  l'AssocîaCioa 
norniai}dr.) 

357.  Rcii  (P.)-  Die  Facultatsstatuten  und  Ergiinzungen  zu  den  allgemeinen 
Statuten  dei'  Universitiit  Frankf urt  a.  O.—  Breslau,  M.  und  H.  Marcus.  1900 ; 
i»-8%  v-100  p.  (Akten  uud  Urkuuden  der  Universitiit  Frankfurt  a.  O., 
hrsg.  von  G.  Kaufmann  und  G.Bauch  unter  Mitwirkung  von  P.  Reh.  III.) 
(3m.) 

358.  Relave  (Abbé).  Notes  historiques  sur  le  prieuré,  la  société  de  prêtres 
et  la  paroisse  de  Sury-le-Comtal.  —  Montbrison,  impr.  deBrassart,  1899; 
iu-8%  49  p.  (Extr.  du  Bull,  de  la  Diana.) 

359.  RiGAULD(Jean).  La  Vie  de  saint  Antoine  dePadoue,par  JeanRigauld, 
frère  Mineur,  évêque  de  Tréguier.  Publié  pour  la  première  fois,  texte  latin 
et  traduction,  d'après  un  manuscrit  de  la  bibliothèque  de  Bordeaux,  avec 
une  introduction  sur  les  sources  de  l'histoire  antonienne  et  un  appendice 
sur  les  légendes  de  saint  François  et  de  saint  Antoine^  du  frère  Julien  de 
Spire,  par  le  P.  Ferdinand-Marie  d'Araules.  —  Ligugé,  impr.  de  Bluté, 
1899;  in-8%  XL-206p. 

360.  RiGAUx  (E.).  Quelques  noms  de  lieux  du  cartulaire  de  Folquin.  note. 

—  Boulogne-sur-Mer,  impr.  de  Hamain  (1900);  in-8",  8  p. 

361.  Sachet  (Abbé  A.).  Les  manuscrits  da  Litf/dnnnm  .sacro-prop/iainiia 
de  Pierre  BuUioud,  S.J.  —  Montbrison,  impr.  de  Brassart, I899,in-8",7y  p. 
(Extr.  du  Bull,  de  la  Diana.) 

,  362.  ScHLÂGER  (G.).  Ueber  Musik  und  Strophenbau  der  franzôsischen 
Romanzen,  mite,  musikal.  Anhang.  —  Halle.  M.  Niemeyer,  1900;  in-8% 
46-xxvii  p.  (Extr.  des  Forsclnin(jen  .:nr  roman.  PJiilolotjie,  Festfjahe  J'ur 
H.  Such{er.)\2  m.  40.) 

363.  ScHMiDT  (F.).  Namen-  u.  Sachregister  zur  Geschichte  der  Erziehung 
der  pfàlzischen  Witteisbacher.  —  Berlin,  A.  Hofmann,  1900;  in-8",  81  p. 
(Monumenta  Germanise  pcodagogica,  XIX.)  (1  m.  50.) 

364.  ScHMiDT  (J.  von).  Die  Altâre  des  Guillaume  des  Perriers  und  ver- 
wandte  Werke,ein  Beitrag  zur  Geschichte  der  rom.  Quattrocento  Plastik. — 
Saint-Pétersbourg,  R.  Jaflé,  1900;  in-4°,  v-36  p.,  20  pi. 

365.  ScHôxE  (A.).  Die  Weltchronik  des  Eusebius  in  ihrer  Bearbeitung 
durch  Hieronymus.  —  Berlin,  Weidmann,  1900:  in-8'',  xiii-280  p.  (8  m.) 

,  366.  ScHREiBER  (W.  L.).  Manuel  de  l'amateur  de  la  gravure  sur  bois  et 
sur  métal  au  xv"  siècle.  Tome  VIII,  contenant  la  deuxième  partie  des  fac- 
similés  des  livres  xylograpliiques.  —  Berlin,  A.  Cohn,  1900  ;  in-fol  ,  xi  p., 
32  pi.  (12  m.) 

367.  Schuchardt  (H.).  Romanische  Etymologien,  II.  —  Wien,  Cari 
Gerold's  Sohn,  1900;  gr.  in-8",  222  p.  (Extr.  des  Sit.;nn;i.'ibci-lchtc  der  kôn. 
A /.ad.  der  Wiss.)  (3  m.  10.) 

368.  SÉBiLLOT  (Paul).  Légendes  locales  de  la  Haute-Bretagne  II.  L'histoire 
et  la  légende.  —  Nantes,  Société  des  bibliophiles  bretons  et  de  l'histoire  de 
la  Bretagne,  190O;  in-18,  iv-212  p.  (Petite  Bibliothèque  bretonne.) 

:569.  Seymour  de  Riccl  Répertoire  épigraphique  des  départements  de 


UVKES    NOUVEAUX  231 

l'Aisne  et  de  l'Oise.  —  Paris,  Leroux,  181)9;  in-S",  23  p.  (Extr.  de  la  lîev. 
archruloi/ifjiic.) 

370.  Simon  (Joseph).  Catalogue  des  manuscrits  de  la  bibliothèque  de  la 
ville  de  Nimes.  T.  II.  —  Nîmes,  impr.  de  Chastanier,  1899;  in-4\  172  p. 

371. Smith  (J.  H.). Troubadours  at  home.—  London,  G.  P.  Putnam's  sons; 
2  vol ,  in-8". 

372.  SoMMERVOGEL  (Le  p.  C).  Bibliothèque  de  la  (-ompagnie  de  Jésus. 
Bibliographie,  tome  IX.  Supplément  :  Casalicchio-Zweisig,  anonymes,  pseu- 
donymes, index  géographique  des  auteurs  et  domiciles.  —  Paris,  A.  Picard, 
1900;  in-4'',  1816  coï.  (10  fr.) 

373.  Stkyert  (A.).  Note  sur  l'histoire  de  Lyon.  I  :  les  noms  de  lieux  dans 
la  région  lyonnaise  aux  époques  celtique  et  gallo-romaine^  par  l'abbé 
A.  Devaux.  Réplique  et  observations.  —  Lyon,  Bernoux  et  Cumin,  1899; 
in-8",  114  p.  avec  cartes. 

374.  T.'\BARii';s  df.  Graxds.\ignes  (E.).  Étude  sur  l'origine  du  nom  de  lieu 
«  Auteuil  ».  —  Paris,  impr.  de  Andrieu,  1900;  in-8",  18  p. 

375.  Thomas  (Stanislas).  Études  rétrospectives.  Nancy  avant  et  après 
1830.  —  Nancy,  impr.  de  Crepin-Leblond  (1900);  in-8°,  336  p. 

37G.  ToBLER  (A.).  Der  provenzalische  Sirventes  :  Senher  n'eniants  s'il 
vos  ])latz  (Barthschs  Grundriss  461,  219).  —  Berlin,  G.  Reimer,  1900:  in-8", 
8  p.  (Extr.  des  Sit^un;isber.  cl.  prcuss.  A/iad.  dcr  Wiss.) 
■  377.  TuETEY  (Alexandre).  Inventaire  analytique  des  livres  de  couleur  et 
bannièies  du  Chàtelet  de  Paris.  I"  fascicule:  Livre.s- de  couleur.  —  Paris, 
Impr.  Nationale,  1899;  in-4",  135  p.  (Ministère  de  l'Instruction  publique. 
Archives  Nationales.) 

378.  Uslar-Gleichen  (E.  Frhr.  von).  Die  Abstammung  der  Grafen  von 
Northeim  und  Katlenburg  von  den  Grafen  von  Stade,  nebst  biogiaph. 
Xachrichten  liber  die  àlteren  Glieder  dieser  Hàuse.  —  Hannover,  M.  und 
H.  Schaper,  1900;  in-8°,  64  p.  (Verofîentlichungen  zur  niederschiisischen 
(Jescliichte.  —  P]xtr.  des  Htinnur.  Grsc]iiscldbJ'"(tier.)  {\  m.) 

379.  Vaesen  (J.).  et  Jos.  Vingtrinier  Une  commune  du  Lyonnais. 
ÉcuUy;  son  histoire  depuis  les  temps  les  plus  reculés  jusqu'à  nos  jours, 
publ.  d'après  les  notes  et  documents  recueillis  par  G.  Poidebard.  —  Paris, 
A.  Picard  et  fils,  1900;  in-8",  .374  p.  (7  fr.  50.) 

380.  VmAL  (A.)  et  Jeanroy  (A.).  Comptes  consulaires  d'Albi  (1359-1360). 
—  Toulouse,  E.  Privât:  Paris,  A.  Picard  et  (ils,  1900;  in-16,  (1-271  p. 
(Bibliothèque  méridionale.  1"  série,  V.) 

381.  Vietor.  Das  angelsâehsische  Runenkastchen.  —  Marburg,  N.  G. 
Elwert,  1900;  in-8".  (6  m.) 

382.  Voretzsch  (C).  Zur  Geschichte  der  Diphtongierung  iui  Altproven- 
zalischen.  —  Halle,  M.  Niemeyer,  1900;  in-8",  vi-79  p.  (Extr.  des  Foi- 
sr/iuiu/cn  .;ur  roman.  l'/i((olo;/i(',  Fcitr/abe  JTi/-  H.  Sifcliier.)  (2  m.  40.) 

383.  Wadstein  (E.).  Kleineie  altsachsische  Sprachdenkmaler,  mit 
Anmerkungen  und  Glossar.  —  Norden,  D.  Soltau,  1900;  in-8",  xv-250  p. 
(Niederdeutsche  Denkmàler,  hrsg.  vom  Verein  fur  niederdeutsche  Sprach- 
[orschung,  VI.)  (7  m.  20.) 


232  LIVRES    NOUVEAUX 

384.  Wallon  (H.).  Notice  sur  la  vie  et  les  travaux  du  comte  Jacques- 
Mario-Joseph-Louis  de  Mas-Latiie,  membre  libre  de  l'Académie  des  inscrip- 
tions et  Itelles-lettres.  —  Nogent-le-Rotrou,  impr.  de  Daupeley-Gouverneur, 
1899;  in-8°,  23  p.  (Extr.  de  la  Bibliothèque  de  l'École  des  Chartes.) 

385.  W.ARNKE  (K.).  Die  Quellen  der  Esope  der  Marie  de  France.  —  Halle, 
M.  Niemeyer,  1900;  in-8",  iv-123  p.  (Extr.  des  ForschuiKjcn  fur  roman. 
Philolo;/i(\  Fcstfjabc  fur  H.  Suc/u'rr.   (3  m.  60.) 

386.  Weber  (C).  Italienische  Màrchen  in  Toscana,  aus  Volksmund 
gesammelt.  —  Halle,  M.  Niemeyer,  1900;  in-S",  40  p.  (Extr.  des  Forschun- 
;jt'n  ^ur  romanischcn  Philologie,  Fcstf/abc  fur  H.  Suchier.  (1  m.  20.) 

387.  \Vechssler(E.).  Giebtes  Lautgesetze"?  —  Halle,  M.  Niemeyer,  1900; 
in-8°,  ni-190  p.  (Extr.  des  Forschiin;jen  .:ur  roiuanlsc/ien  Philolor/ie, 
Fesfrjabefiir  H.  Suchier.  (5  m.) 

388.  WiESE  (A.).  Die  Cistercienser  in  Dargun,  von  1172  bis  1300.  Ein 
Beitragzur  mecklenburg-pommerschen  Colonisationsgeschichte.  2"  Aufl.  — 
Gustrow,  H.  Kitzing,  1900;  in-8",  96  p.  (1  m.  40.) 

389.  WiTTMANN  (M.).  Die  Stellung  deshl.  Thomas  von  Aquin  zu  Aven- 
cebrol  (Ibn  Gabirol)  untersucht.  —  Munster,  Aschendorlï,  1900;  in-8°,  vii- 
79  p.  (Beitràge  zur  Geschichte  der  Philosophie  des  Mittelalters.  HI,  3.) 
(2  m.  75.) 

390.  WûLFiNG.  Die  Syntaxe  in  den  Werken  Alfreds  des  Grossen.  2  Bd. 
2  Abthlg.  —  Bonn,  P.  Hanstein,  1900;  in-8". 

391.  WiiscHER  Becchi  (H.).  Italische  Stàdtesagen  und  Legenden  nach 
alten  Quellen  neu  erzàhlt.  —  Leipzig,  W.  Friedrich,  1900;  in-8",  210  p. 
(3  m.) 


Le  Gérant  :  V^e  E.  Bouillon, 


CHALON-S-S.,  impr.  française  et  ORIE.NTALE  de  L.    MARCEAU,  e.  BERTRAND,  s' 


LES  STATUTS  D'ADALHARD 

Par  L.  LEVILLAIN 


L'abbé  de  Corbie,  Aclalhard,  avait  été  exilé  en  815  par 
l'empereur  Louis  le  Pieux.  Il  ne  revint  qu'en  821  du  mona- 
stère de  Noirmoutier,  où  il  avait  été  relégué.  Dans  l'intervalle, 
l'abbaye  de  Corbie  avait  été  gouvernée  par  Adalhard  le  Jeune, 
qui  prit  le  titre  d'abbé  alors  qu'il  en  exerçait  les  fonctions. 
L'administration  de  Tabbé  intérimaire  fut  sans  doute  mauvaise  : 
un  relâchement  préjudiciable  à  la  vie  régulière  des  moines  et 
au  bon  renom  de  la  maison  s'introduisit  dans  l'exercice  des 
fonctions  journalières  et  dans  les  mœurs.  A  son  retour, 
Adalhard  le  Vieux  voulut  remédier  au  mal,  remettre  chaque 
chose  en  sa  place  et  chacun  à  son  rang.  Il  promulgua  au  mois 
de  janvier  822  (xv^  indiction  et  8*^  année  de  l'empereur)  un 
bref  que  les  érudits  ont  accoutumé  d'appeler  les  Siatuta 
Adalhardi. 

Ce  bref  fut  publié  pour  la  première  fois  par  dom  Luc 
d'Achery  d'après  une  copie  très  défectueuse  \  Les  savants 
qui  entreprirent  de  donner  une  seconde  édition  du  Spicilège 
eurent  à  leur  disposition  de  meilleurs  manuscrits  qu'ils  trou- 

1.  D'Achery,  Spicilcgium,\^^l-\%11 ,  ïn-A",  t.  IV,  p.  1-20.  Mabillon,  qui 
cependant  fut  moine  à  Corbie,  n'a  pas  connu  d'autre  texte  que  celui-ci 
(Annalfs  urdinis  S.  Bcncdicti,  liv.  XXIX,  c.  16,  t.  II,  p.  465  et  466).  — 
Il  nous  a  fourni  sur  le  manuscrit  des  renseignements  qui  nous  ont  permis 
d'affirmer  que  nous  ne  le  possédions  plus.  «  In  eodem  codice  membraneo,  ex 
quo  hsec  statuta  descripta  sunt,  habentur  Capitula  doinni  Adalhardi 
abbatis  de  admonitionibus  in  con;jrc(jationc. ..  (Acta  Sanctorum  ordinis 
S.  Benedicli,  sœc.  IV,  t.  L  p.  308,  Obsercationcs prœciœj. 

Moyen  Age,  t.  XIII.  17 


334  L.    LEVILLAIN 

vèrent  dans  la  Bibliothèque  de  Corbie,  mais  qu'ils  ne  dési- 
gnèrent pas  autrement'.  Ils  rejetèrent  en  note  les  mauvaises 
leçons  de  la  publication  antérieure.  L'abbé  Migne  se  contenta 
de  réimprimer  les  statuts  d'après  cette  nouvelle  édition';  mais, 
je  ne  sais  pourquoi,  dans  la  courte  notice  qu'il  mit  en  tête  de 
cette  reproduction,  il  attribua  à  Canisius  la  révision  de  l'œuvre 
de  dom  Luc  d'Acliery '.  Enfin  M.  Benjamin  Guérard  publiait 
en  183G  un  texte  des  statuts  beaucoup  plus  étendu '' ,  d'après 
deux  manuscrits  inédits. 

Toutes  ces  éditions  n'ont  point  une  égale  valeur.  L'exem- 
plaire du  Spicilège  (édition  de  1723),  mis  à  la  disposition  des 
lecteurs  au  département  des  manuscrits  de  la  Bibliothèque 
Nationale,  porte  des  notes  marginales  au  crayon  écrites  pro- 
bablement au  XVIII*'  siècle  par  un  moine  de  Saint-Germain 
pour  prévenir  le  lecteur  que  le  texte  des  statuts  est  partiel  :  on 
a  signalé  les  endroits  où  d'Achery,  et,  après  lui,  Louis  de  la 
Barre  et  ses  collaborateurs,  dom  Edmond  Martène  et  Etienne 
Baluze,  auraient  fait  des  coupures.  Peu  après,  un  Bénédictin 
dressait  pour  dom  Martène  le  texte  des  passages  omis,  d'après 
deux  manuscrits  de  Corbie'.  Ces  deux  manuscrits  furent  uti- 


1.  D'Achery,  Spicilegiuni,  édit.  Louis-Fr.-Jos.  de  la  Barre,  1723,  in-f°, 
t.  I,  p.  586-592. 

2.  Migne,  Patrolo;/ic  latine,  t.  CV^  p.  537  et  suiv. 

3.  Canisius  n'a  pas  composé  un  Spicilège,  mais  des  Antiquœ  Lcctiones, 
et  ces  Antiquœ  Lectioncs  ne  contiennent  pas  les  Statuts  d'Adalhard.  En 
outre,  Canisius  n'a  pas  collaboré  à  la  nouvelle  édition  du  Spicilège  entre- 
prise sous  la  direction  de  Louis  de  la  Barre.  L'abbé  Migne  a  nécessaire- 
ment commis  une  erreur  d'attribution. 

A.  B.  (ju.éïa.td,  Polijptrj'juc  de  l'abbù  Irininon,  1"  livraison^  partie  latine 
(Paris,  1836,  in-4  j;  appendice,  p.  306-335.  Cette  édition  a  été,  pour  ainsi 
dire,  perdue  dans  cette  publication  et  a  passé  presque  inaperçue.  A.  Potthast 
ne  signale  que  l'édition  de  Migne  ;  James  Darling  (Cijclopœdia  hibliofjtv.- 
phica,  1854,  in-4")  ne  mentionne  que  la  seconde  édition  du  Spicilcfje  ;  l'abbé 
Ulysse  Chevallier  ne  parle  même  pas  des  statuts. 

o.BiM.  Xat.,  lat.  17190,  fol.  66  (anc.  Blancs-Manteaux,  n"  84  b):  Addenda 
ad  antiqua  statuta  S.  Adalhardi  abbatis  Corbeiensis  édita  Spicilegii  tomo4. 
—  En  marge  :  ex  duobus  mss.  Corbeiensis  monasterii.  —  Indiqué  par 
M.  H.  Cocheris,  Notices  et  Extraits. . .,  1. 1,  p.  47.  —  On  ne  trouve  toute- 


LES    STATUTS    DADALIIAKIJ  335 

lises  par  B.  Guérard,  qui  se  contenta  de  fondre  en  une  seule  les 
rédactions  connues,  sans  se  préoccuper  de  leur  valeur  respec- 
tive'. C'était,  je  crois,  une  faute  grave. 

Si  nous  ne  connaissons  pas  le  manuscrit  dont  s'est  servi 
d'Achery  et  qu'a  vu  Mabillon,  ni  ceux  de  La  Barre,  nous  avons 
heureusement  conservé  les  deux  manuscrits  anciens  dans  un 
volume  de  la  Bibliothèque  Nationale*.  Venu  de  Corbie  à  Saint- 
Germain-des-Prés  au  xvii"  siècle,  ce  volume  passa  avec  tous  les 
autres  documents  de  cette  abbaye  à  la  Bibliothèque  Nationale, 
où  il  reçut  d'abord  la  cote  :  anc.  Saint-Germain,  964%  puis, 
lors  de  la  refonte  des  fonds,  lat.  13908. 

Dans  son  état  actuel,  le  ms.  lat.  13908,  est  formé  de  116  folios 
de  parchemin  in-4*'  et  contient  : 

1°  Une  rédaction  des  Statuts  cV Adalhavd  (fol.  2 —  fol.  26  v°)\ 

2°  Une  série  de  règlements  relatifs  au  miel,  à  la  cire,  à 
l'huile  que  l'abbaye  doit  recevoir'. 

3"  Un  livre  des  pastes^ 

4*^  Une  liste  des  abbés  de  Corbie  (fol.  27  v°)'. 


fois  pas  trace  de  cette  copie  faite  pour  lui  dans  les  travaux  de  Martène 
( Amplissiina  Collcctio,  —  Comme ntarl us  in  rcrjulam  S .  P.  Bcnedlcti  — 
De  antiquis  EcclesiœRUibus,  t.  VI:  de  antiquis  monachorum  ritibus). 

1.  «  HaecAdalhardi  statutabis  fereque  continuatim  scripta  sunt  in  nostro 
codice;  prior  transcriptio  cum  lacunis,  posterior  cum  itinerationibus,  im- 
perfecta  tamen,  utraque  parum  congruens  et  inordinata.  Ideoque  modo 
unam  modo  alteram  secuti  sumus,  prout  haec  aut  illa  magis  genuina  prae- 
bere  videbatur,  spuriis  ad  oram  conjectis  cum  variantibus  ex  Acherio  lec- 
tionibus,  quas  tamen  ipsas  quoque  in  textum  interdum  inseruimus.  » 
B.Guérard,  op.  cit.,  p.  306,  j'ajouterai  même  que,  à  cet  égard,  l'édition  de 
Guérard  n'est  pas  à  l'abri  de  la  critique. 

2.  Les  deux  manuscrits  ont  été  reliés  ensemble  au  xvii"  siècle,  lorsque 
les  moines  firent  «  envoluminer  »  leurs  documents. 

3.  C'est  sous  cette  cote  que  M.  H.  Cocherisle  signale  dans  ses  Notices  et 
Extraits.  La  description  qu'il  en  donne  est  insuffisante. 

4.  Le  ms.  lat,  17190  de  la  Bibl.  Nat.,  indique  bien  que  là  s'arrêtent  les 
statuts  (fol.  73). 

5.  B.  Guérard,  Pobjptijque  de  l'abbù  Ivmiiion,  p.  335. 

6.  Ibid.,  p.  336. 

7.  Ibid.,  p.  338. 


336  L.    LliVlLLAIN 

5°  \5ïiQ Narratio  litis  inter  comitem  Ambianensem  ctmonas- 
ierium  Corbeiense  composita  (fol.  28)  \ 

'    6"  Une  seconde  rédaction  des  Statuts  d'AdalIiard{io\.  29  — 
53  v°)'. 

7°  Un  traité  de  musique. 

C'est  un  recueil  factice  formé  de  trois  parties  difïérentes. 
Les  cinq  premiers  numéros  appartiennent  à  un  même  manus- 
crit (A).  La  seconde  rédaction  du  bref  d'Adalhard  constituait  à 
elle  seule  un  autre  manuscrit  (B).  Le  traité  de  musique  était 
primitivement  indépendant  {C)\ 

Les  manuscrits  A  et  B,  à  en  juger  par  l'écriture,  sont  con- 
temporains. L'écriture  est,  en  effet,  dans  l'un  et  dans  l'autre, 
une  belle  minuscule  Caroline  régulière;  elle  n'est  pas  cependant 
du  ix*^  siècle,  comme  on  pourrait  le  croire  de  prime  abord  et 
comme  le  dit  M.  Coclieris;  elle  est  au  plus  tôt  de  l'extrême 
fin  du  x*^  siècie\  Il  est  facile  de  le  prouver.  Le  manuscrit  A 
renferme  le  livre  des  pastes,  et  ce  livre  des  pastes  contient  une 
charte  du  camérier  Jean,  datée  de  986  et  portant  création  de 
Tanniversaire  de  l'abbé  Ratold^  C'est  l'indication  chronolo- 
gique extrême  fournie  par  cette  partie  du  manuscrit  :  nous  en 
pouvons  conclure  légitimement  que  le  livre  des  pastes  a  été 
composé  sous  l'abbatiat  de  Maingaudus,  successeur  de  Ratold, 
et  peut-être  même  par  le  camérier  Jean  en  personne.  D'autre 
part,  la  Narratio  litis  nous  a  transmis  deux  chartes  du  comte 
d'Amiens,  Vautier  V^;  ces  chartes  seigneuriales  sont  l'une 


1.  B.  Guérardj  Polupturiue  de  t'ahbè  Irminon,  p.  339-340. 

2.  Les  folios  41  v%  42  et  42  v"  sont  en  blanc. 

3.  Dans  ce  qui  va  suivre,  nous  laissons  de  côté  la  liste  des  abbés,  qui  est 
une  addition  du  xii"  siècle  faite  sur  un  feuillet  resté  en  blanc.  J'ai  montré, 
dans  ma  thèse  d'archiviste  aujourd'hui  sous  presse,  que  cette  liste  avait  été 
composée  entre  le  23  juillet  1184  et  le  11  février  1187.  Je  ne  m'occuperai  pas 
non  plus  de  C,  dont  l'écriture  est  du  xiii"  siècle. 

4.  Cela  prouve  que  dans  l'école  calligraphique  de  Corbie,  déjà  célèbre 
au  viii'  siècle,  les  traditions  de  la  renaissance  Caroline  se  conservèrent  très 
longtemps. 

5.  B.  Guérard,  op.  cit.,  p.  336. 


LES    STATUTS    D'ADALIIAUn  387 

de  985  et  l'autre  do  987,  entre  le  1"'' juin  et  le  31  décembre'. 
Dès  lors,  le  manuscrit  A  a  été  écrit  après  987  et  â  une  date 
voisine  de  celle-ci. 

Si  nous  comparons  entre  eux  les  textes  des  statuts  donnés  par 
les  manuscrits  A  et  B,  et  chacun  d'eux  avec  celui  du  Spicilège 
(édit.  de  1723),  nous  constatons  sans  peine  que  nous  sommes 
en  présence  de  trois  rédactions  qui  olïrent  des  divergences  de 
texte,  des  variantes  de  mots  et  des  différences  dans  l'ordre 
des  chapitres  ^  La  moins  étendue  des  trois  est  celle  du  Spicilège, 
et  dans  la  partie  qui  lui  est  commune  avec  les  deux  autres, 
elle  fournit  généralement  les  meilleures  leçons;  elle  se  donne 
pour  les  statuts  rédigés  en  822,  et  Mabillon  lui  dénie  cette 
valeur'.  Les  deux  autres  se  donnent  aussi  pour  les  statuts 
composés  par  Adalhard.  Pour  résoudre  le  problème  ainsi  posé, 
nous  déterminerons  tout  d'abord  quelle  est  celle  des  deux  ré- 
dactions fournies  par  les  manuscrits  qui  est  la  plus  ancienne, 
et  nous  comparerons  celle-ci  avec  le  texte  imprimé  qui  jus- 
qu'alors, et  malgré  l'opinion  de  Mabillon,  a  passé  généralement, 
à  tort  ou  à  raison,  pour  la  rédaction  authentique  des  statuts 
d' Adalhard.  Nous  pourrons  alors  savoir  si  nous  possédons 
encore  le  bref  d' Adalhard  tel  qu'il  fut  publié  en  822. 

Les  manuscrits  A  et  B  ne  dérivent  pas  l'un  de  l'autre  ;  ils 
ne  dérivent  même  pas  d'un  manuscrit  commun:  tous  deux 
présentent  des  fautes  inintelligibles  de  copie,  mais  ce  ne  sont 
pas  les  mêmes;  ils  bouleversent  l'ordre  des  chapitres  ;  enfin 
chacun  d'eux  contient  des  passages  qui  font  défaut  dans 
l'autre.  C'est  l'examen  attentif  de  ces  passages  qui  nous 
permettra  de  nous  prononcer  sur  la  question  de  l'ancienneté. 


1.  B.  Guérard,  op.  c//.,  p.340.  J'ai  établi  ces  dates  dans  ma  thèse  d'archiviste. 

2.  B.  Guérard  n'a  pas  tenu  compte  de  tout  cela,  ou  n'en  a  pas  vu  l'impor- 
tance pour  l'établissement  de  son  texte.  Voy.  plus  haut,  p.  335,  note  1. 

3.  «  Exstat  in  Spicilegii  tomo  4  liber  de  Statutis  Monasterii  Corbeiensis 
Adalhardi  mandato  conditus,  in  editis  imperfectus  interpolatusque...» 
Acta  Sanctoruui  ordiais  S-  Bmedictl,  sœc.  VI,  t.  I,  p.  308 (observationes 
prsevise). 


338  L.    LEVILLAIN 

Le  ms.  Anous  en  donne  quatre  omis  dans  B.  L'un  n'a  aucune 
importance \  Un  second  qui  commence  par  De  laicis  autenv, 
a  été  remplacé  dans  B  par  une  série  de  chapitres  qui  dé- 
butent par  les  mots:  De  vino  autem^; nous  y  reviendrons  plus 
loin.  Enfin  les  deux  autres  doivent  nous  arrêter  présentement. 
En  voici  la  teneur  : 

Tecta  vero  et  cooporiura  tectoram,  ubi  annone  reconduntur , 

ad  prepositum  pertineat  qui  disponat  qualiter  congrue  haec 

Jîevi possint  ;  Jiobis  quoque  videtur  quod  aptissime  ex  Verno 

et  Saliaco  et  Cirisiaco  et  GaliacoJieiH  possit  nisl  melius  aliter^ 

invenen't. 

Et: 

De  molendinis,  que  habet  Lupus  in  suo  ministerio,  possunt 
omnibus  annis  venire  inpinguati  porci  XLI.  Freskingias  ad 
donaun  injirmoruni  danius  a  missa  sancti  Johannis  Babtiste 
usque  ad  missam  sancti  Maj^tini. 

L'omission  dans  B  du  premier  de  ces  deux  passages  ne  peut 
s'expliquer  que  de  cette  façon:  ou  bien,  ce  serait  une  inter- 
polation de  A,  ou  bien  la  disposition  prise  ici  n'ayant  plus  sa 
raison  d'être  fut  volontairement  supprimée  par  B.  Mais  pour 
admettre  cette  seconde  hypothèse,  il  faudrait  croire  que  les 
granges  n'étaient  plus  placées  sous  la  surveillance  du  prévôt, 
ce  que  rien  ne  légitime,  ou  encore  que  Ver,  Sailly,  Cerisy  et 
Gailly  n'appartenaient  plus  à  l'abbaye,  ce  que  tout  contredit*. 
Il  semble  donc  préférable  de  voir  là  une  interpolation  de  A. 
Cette  conclusion  me  paraît  étayée  par  l'examen  du  second  texte 


1.  P.  381  :  c'est  une  incise  que  le  scribe  a  laissé  tomber  par  suite  d'un 
bourdon  occasionné  par  la  répétition  en  un  de  phrase  du  même  mot, 
ludioi. 

2.  P.  363. 
ï  [3.  P.  355. 

4.  Deux  autres  passages  que  nous  trouvons  dans  le  Spicilèfjc  et  dans  B 
rendent  cette  hypothèse  inadmissible:  «  Et  veniat  ipsa  annona  de  illis 
villis  quas  praepositus  specialiter  in  ministerio  habet...  »  (p.  356).  — 
«  Si  ipse  aliara  rationem  meliorem  ad  hoc  probandum  invenire  potest, 
cum  Dei  gratia,  faciat  »  (p.  358). 


LES    STATUTS    d'aDALHARD  339 

transcrit  ci-dessus.  Si  le  rédacteur  de  B  avait  de  parti  pris  omis 
ce  texte,  c'est  qu'il  n'eût  plus  su  de  quels  moulins  on  parlait, 
Loup  étant  mort  depuis  longtemps  déjà.  Mais  alors  pourquoi, 
au  début  des  statuts,  eût-il  cité  nommément  des  personnages 
qu'il  n'aurait  pas  dû  connaître  davantage?  En  outre,  pourquoi 
eût-il  supprime  la  donation  faite  à  rinfirmerie?Si,au  contraire, 
le  rédacteur  de  A  a  interpolé  cette  mention,  tout  s'éclaire.  En 
la  replaçant  dans  le  contexte,  nous  sommes  amenés  à  nous 
demander  pourquoi  l'on  a  inscrit  spécialement  cette  redevance 
des  moulins  que  Loup  avait  dans  son  ministerium.  En  effet, le 
chapitre  où  se  trouve  ce  passage  est  intitulé  \Hic  est  numerus 
et  haec  est  divisio porcoram  qui  occiduntur  in  anno  ad  cella- 
rium  nostrum.  Le  nombre  total  des  porcs  tués  chaque  année 
était  de  600  au  moins;  on  en  faisait  quatre  parts  :  60  porcs 
étaient  attribués  au  service  de  la  porte,  370  au  cellier,  120  aux 
provendiers,  et  les  50  derniers  étaient  réservés  à  l'abbé,  qui  en 
pouvait  disposera  son  gré.  Les  statuts  spécifient  comment  et 
dans  quelle  mesure  le  cellerier  distribuera  la  viande  de 
porc. 

Nulle  part  il  n'est  dit  comment  l'abbaye  s'approvisionnait  de 
cochons.  Il  est  vraisemblable  que  les  meuniers,  avec  les  déchets 
de  la  mouture,  nourrissaient  des  porcs  et  contribuaient  ainsi 
doublement  à  l'alimentation  de  l'abbaye.  Pourquoi  donc  fut-il 
nécessaire  de  fixer  le  nombre  de  têtes  à  fournir  par  les  moulins 
que  Loup  avait  dans  son  ministerium,  sans  en  même  temps 
déterminer  la  part  contributive  des  autres  moulins?  C'est  que 
les  moulins  de  Loup  devaient  avoir  été  récemment  établis  ;  ils 
n'existaient  pas  très  probablement  à  Tépoque  d' Adalhard  ;  ou 
du  moins  à  l'époque  où  B  fut  écrit.  Les  moulins  de  l'abbaye 
avaient  été  sans  doute  détruits  à  l'époque  des  invasions  nor- 
mandes et  des  guerres  civiles'.  Le  livre  des  pastes  rapporte  que 


1.  Diplôme  de  Charles  le  Simple  en  faveur  de  Corbie,  10  nov.  901.  — 
Bulle  du  pape  Christophe,  en  faveur  de  la  môme  abbaye.  La  rédaction  B 
nous  apprend  que  l'abbaye  possédait  15  moulins. 


310  I..    LEVILLAIN 

les  abbés  Francon',  Bodo*  et  Bérenger^et  le  prévôt  Grimold*, 
qui  vécurent  au  x''  siècle,  construisirent  des  moulins. 

Il  est  à  noter,  d'autre  part,  que  Loup  n'était  pas  moine  de 
Corbie  au  temps  d'Adalhard.  Il  est  dit  que  les  moulins  sont 
dans  le  ministerium  de  Loup.  Le  mot  ministerium,  qui  a 
donné  le  vieux  mot  français  mesiier_,  aie  sens  d'office,  de 
service  public.  Loup  est  donc  un  moine  de  l'abbaye  auquel  on 
avait  confié  l'administration  des  moulins  :  pour  qu'on  l'ait 
chargé  d'un  service,  il  était  sans  doute  assez  âgé  et  devait 
depuis  longtemps  faire  partie  de  l'abbaye.  Or^  nous  ne  trouvons 
pas  dans  la  liste  des  moines  de  Corbie  que  nous  possédons 
pour  l'époque  d'Adalhard,  un  personnage  de  ce  nom\ 

En  résumé,  les  deux  mentions  relatives  aux  granges  et  aux 
moulins  me  paraissent  être  des  additions  dues  à  A.  Ce  dernier 
texte  des  statuts  aurait  donc  subi  des  remaniements. 

Cette  conclusion  est  confirmée  par  l'examen  des  passages 
que  B  est  seul  à  nous  donner.  De  ces  pas.sages,  au  nombre  de 
deux^  l'un  (p.  378)  manque  dans  A,  probablement  par  suite 
d'un  bourdon,  et  ne  peut  nous  servir.  L'autre  est  la  longue 
suite  de  chapitres  qui  commence  par  De  vino  autem. 

Les  deux  manuscrits  A  et  B  contiennent  ici  des  versions  tota- 
lement différentes.  La  partie  commune  aux  deux  textes  s'arrête 
au  milieu  du  règlement  relatif  à  l'hospice  des  pauvres.  Après 
avoir  parlé  de  la  nourriture  à  donner  aux  indigents,  les  statuts 
passent  à  la  boisson:  on  faisait  communément  des  distributions 


1.  Kal.  augusti,  ad  vincula  sancti  Pétri,  debent  habere  pastum  deduobus 
molendinisquos  construxitabbas  Franco  super  fluvium  Corbeie,  in  locoqui 
vocatur  Pons  Petrinus,  unum  superius,  alterum  inferius.  —  B.  Guérard, 
op.  cit.,  p.  337. 

2.  In  transita  sanctç  Mariç  debent  habere  pastum  pro  abbate  Bodone  de 
molendino  quem  construxit  in  villa  que  Vallis  dicitur.  Ibid. 

3.  In  nativitate  sanctç  Mariç  pascere  debetur  pro  Berrengario  abbate  de 
molendinis  quos  çdificavit  et  construxit  ad  portam  sancti  Albini.  Ibid. 

4.  In  festivitate  sancti  Martini  pastum  habere  debent  pro  Grimoldo 
preposito  de  molendino  quem  construcxit  (sic)  in  Cerisiaco.  Ibid. 

5.  Liber  confraternitatis  S.  Galli,  da.na  Mon.  Germ.  Hist., in-4\ 


LES    STATUTS    d'aDALHARD  H41 

de  bière.  Le  manuscrit  B  ajoute:  Devino  autem,  erit  in  arbi- 
trio prioris;  puis  il  continue:  le  portier  chef  {senior por tarins) 
sera  chargé  de  pourvoir  à  la  nourriture  et  à  la  boisson  des 
malades.  au\  besoins  des  voyageurs  (peregrini)  ;  comme  le 
nombre  de  ceux-ci  peut  dépasser  les  prévisions  et  que  l'on  ne 
doit  pas  prélever  leur  nourriture  sur  la  quantité  journalière 
attriljuée  à  chacun,  on  ajoute  du  pain,  des  légumes^  du  fromage, 
du  lard,  etc.,  pour  faire  face  aux  nécessités  urgentes.  Enfin,  le 
portier  chef  donnera  à  l'hôtelier  la  5^  partie  de  l'argent  qui 
revient  au  service  de  la  porte,  pour  que  l'aumône  journalière 
faite  par  ses  soins  s'élève  à  quatre  deniers  au  moins  ;  il  pour- 
voira au  bois,  au  linge  de  couchage,  aux  vases,  etc.,  que 
l'on  a  accoutumé  de  distribuer  aux  pauvres.  En  outre,  le 
camérier  remettra  à  l'iiôtelier  les  vieux  vêtements  et  les  vieilles 
chaussures  des  frères  qui  seront,  selon  lacoutume,  répartis  entre 
les  pauvres.  L'auteur  delà  rédaction  B  termine  ainsi:  «Nous 
prions  tous  ceux  à  qui  dans  ce  monastère  incombera  le  soin 
d'ordonner  les  largesses  et  distributions  de  se  conformer  à  la 
volonté  de  Dieu  plutôt  qu'à  l'exemple  de  notre  pauvreté, 
puisque  chacun  doit  rendre  compte  à  Dieu  de  ses  actes  \  » 
On  voit  que  B  expose  les  choses  dans  un  ordre  logique; 
et  si  je  comprends  bien  la  pensée  de  l'auteur,  la  prière 
adressée  aux  abbés  qui  peuvent  seuls  décider  et  ordonner  a 
pour  but  de  proportionner  les  aumônes  à  la  richesse  de  l'ab- 
baye ;  autrement  dit,  les  statuts  ne  prétendent  pas  fixer  une 
fois  pour  toutes  le  tarif  de  la  charité.  Mais  il  est  bien  certain 
que,  pour  satisfaire  aux  exigences  d'une  charité  large  et  hono- 
rable, l'abbaye  devait  être  riche.  Il  dut  nécessairement  arriver 
que,  aux  époques  difficiles  de  son  histoire,  quand  le  monastère 
fut  détruit  et  ses  terres  ravagées,  quand  les  revenus  ne  ren- 
trèrent plus,  ces  prescriptions  charitables  devinrent  un  fardeau 
que  l'abbaye  ne  put  porter.  On  fut  conduit  à  supprimer  les 
charges  les  plus  lourdes  ou  le  superflu,  c'est-à-dire  les  distri- 

î.  V.  plus  loin,  356. 


342  L.    LEVILLAIN 

butions  de  vin,  d'argent,  de  vêtements,  de  linge.  Or,  ne 
semblc-t-ii  pas  que  la  rédaction  A  traduise  un  état  précaire  des 
atïaircs  de  Corbie?  Elle  remplace  toute  la  fin  du  chapitre 
relatif  à  Thospice  par  des  prescriptions  moins  onéreuses  et  qui 
ne  font  pas  corps  avec  le  reste  du  chapitre^  comme  nous  pou- 
vons nous  en  convaincre  par  une  succincte  analyse  :  on  fait  un 
don  annuel  de  deux  setiers  de  bière  ou  d'un  setier  de  vin  aux 
vassaux  de  l'abbaye,  c'est-à-dire  aux  laïcs,  qui  pro  beneficio 
quem  tenent  abbati  aut  priori  vclprepositis,  intus  autforis,  vel 
equitando  vel  aliud  servitium  Jaciendo  serviunt;  encore,  ce 
don  est-il  purement  gracieux;  le  vassal  n'y  a  pas  droit\  On 
doit  observer  le  silence  à  l'église  et  au  réfectoire.  Enfin,  on 
édicté  un  règlement  pour  le  cliaufïage,  pour  le  dortoir  et  pour 
le  séchoir'.  Si  nous  ne  nous  trompons  pas,  nous  sommes  amenés 
à  conclure  que  le  manuscrit  A  nous  reporte  à  l'époque  où 
l'abbaye  eut  à  soulïrir  des  invasions  normandes  et  des  guerres 
civiles,  où  les  moulins  avaient  été  détruits.  Il  y  a,  comme  il 
semble,  corrélation  évidente  entre  les  additions  que  nous  avons 
signalées  dans  A  et  les  modifications  apportées  ici  par  l'auteur 
de  ces  statuts  remaniés. 

Restent  les  quatre  chapitres  suivants  de  B,  auxquels  rien  ne 
correspond  dans  le  manuscrit  A  :  l*'  le  chapitre  intitulé  :  Ratio 
veliiumerus  annone  seupanis,  qualiter  vel  unde  vel  quantum 
ad  monasterium  debeat  annis  singulis  venire  vel  qualiter 
custos  panis  illud  debeat  dispensare;  —  2°  le  chapitre  De 
molinis  vel  cambis  talis  volumus  ut  sit  ratio;  —  3°  VOrdi- 
natio  hortorum; — 4"  VOrdinatio  refectorii  sive  coquine  fra- 
truni^.  Nous  ne  voyons  pas  de  raisons  valables  pour  que  B  les 

1.  Non  hcredttario  jure,  sedpro  carltate,  seu  loci  honore,  p.  363. 

2.  Nous  traduisons  le  mot  pisclus  ou  piseluni  par  séchoir,  comme  cela 
ressort  du  contexte. Du  Cange  (Plsalts,piscUo, piseluni)  traduitpar  vestiaire. 
Cf.  Du  Cange  au  mot  Gjjneceu/n.  Guérard  l'interprète  par  poêle. 

3.  Je  signale  pour  mémoire  les  trois  additions  :  Isii  sunt  dics...,  — 
De  raeiris  ,  —  ConiinemorcUio  de  refectionibus,  que  nous  donne  le  manus- 
crit B,  et  qui  ne  font  pas  partie  intégrante  des  statuts,  comme  cela  est 
évident.  M.  B.  Guérard  les  a,  à  tort,  introduites  dans  son  édition. 


LES    STATUTS    d'aDALHARD  343 

ait  ajoutés;  nous  en  trouvons,  au  contraire, d'acceptables  pour 
que  A  les  ait  supprimés.  D'après  le  Ratio  oel  numerus  annone, 
les  quinze  moulins  de  l'abbaye  doivent  fournir  750  corbeilles 
de  farine,  chaque  corbeille  contenant  douze  muids,  bene  coa- 
gitataet  rasaadistumnoviun  modium  quem  domnus  inipei-ator 
posuit.  Suit  un  long  calcul  pour  établir  le  nombre  de  pains 
dont  on  pourra  disposer  annuellement.  Ce  calcul  assez  em- 
brouillé, parce  qu'il  n'est  pas  rigoureux,  mais  approximatif, 
n'était  assurément  plus  compris  à  la  fin  du  x''  siècle,  quand  le 
scribe  qui  a  copié  les  statuts  (B)  l'a  reproduit:  les  erreurs  de 
chiffres  que  nous  avons  relevées  prouvent  suffisamment  cette 
assertion.  Le  fait  même  de  le  trouver  transcrit  avec  des  erreurs 
qui  vicient  le  résultat  plaide  en  faveur  de  l'authenticité  du 
chapitre.  La  mention  répétée  du  nouveau  muid  impérial  me 
paraît  être  un  argument  non  moins  sérieux  à  l'appui  de  l'au- 
thenticité de  ce  passage.  Voici  ces  textes  :  Volumus  ut 
annis  singulis  veniantde  spelta  bene  ventilata  atque  mundata 
corbi  DCCL,  unusquisque  corbus  habens  modia  XII,  bene 
coagitata  et  rasa,  ad  istuni  novum  modium  quem  domnus  im- 
perator  posuit\  Et  plus  loin  :  Volumus  etiam  ut  illa  modia 
anteriora  coram  illis  molinariis  ad  istum  novum  modium  esti- 
mare  Jàciat\  Ce  serait  là  une  indication  précieuse,  si  nous 
possédions  tous  les  capitulaires  des  empereurs  carolingiens. 
Quoi  qu'il  en  soit,  les  capitulaires  de  Charlemagne  nous  font 
savoir  que,  avant  794,  peut-être  même  dès  789,  Charles  avait 
établi  un  muid  royal  dont  l'étalon  était  déposé  au  palais,  et 
qu'il  insista  pour  qu'on  usât  dans  tout  le  royaume  de  mesures 
et  de  poids  uniformes^   La  nouvelle  mesure  supplanta  diffici- 

1.  P.  356. 
•  2.  P.  359. 

3.  Admonitio  geiirralts  (23  mars  789),  c.  73:  Omnibus.  Ut  aequales 
mensuras  et  rectas  et  pondéra  justa  et  aequaha  omnes  habeant,  sive 
in  civitatibus  sive  in  monasteriis,  sive  ad  dandum  in  illis  sive  ad  acci- 
piendum,  sicut  et  in  legeDomini  praeceptum  habemus,  item  in  Salomone^ 
Domino  dicente:  pondus  et  pondus,  mensuram  et  mensuram  odit  anima 
mea  (Boretius,    CapituL,   t.  I  p.  60).    —  Cap.    Francofurt.  (794),  c.  4  : 


844  L.    LF.VILLAIN 

lement  l'ancienne,  parce  qu'elle  avait  à  vaincre  les  habitudes 
prises.  De  nos  jours,  où  l'instruction  pénètre  jusqu'au  fond  des 
campagnes,  le  système  métrique,  après  cent  ans  d'existence,  n'a 
pas  encore  triomphé  complètement  des  anciennes  mesures.  Au 
IX®  siècle,  a/o/"//o/7,  le  système  carolingien  des  poids  et  mesures 
dut  rencontrer  de  nombreuses  résistances.  Les  souverains  ont 
eu  sans  doute  à  confirmer  et  à  renouveler  les  décrets  antérieurs 
qui  en  prescrivaient  rétablissement.  «  L'abbé  Adalhard,  écrit 
M.  Maurice  Prou,  l'abbé  Adalhard,  dans  les  statuts  qu'il  ré- 
digea pour  l'abbaye  de  Corbie  vers  822,  prescrit  de  substituer 
à  tous  les  anciens  muids  le  muid  nouveau  établi  par  l'em- 
pereur. Louis  le  Pieux  aurait-il  introduit  de  nouvelles  modifi- 
cations dans  le  système  des  poids  et  mesures  établi  par  Charle- 
magne  ?  Cela  est  possible;  mais  il  est  plus  probable  qu'il  n'avait 
fait  que  confirmer  et  renouveler  les  décrets  de  son  père.  En 
mars  856,  l'empereur  Louis  II,  roi  d'Italie,  ordonne  à  ses  missi 
de  rechercher  dans  chaque  cité  la  mesure  ancienne  et  d'en 
prescrire  l'emploi;  or^  que  pouvait  être  cette  ancienne  mesure, 
sinon  celle  qu'avait  établie  Charlemagne' ?  »  Nous  pensons 
avec  M.  Prou,  que  les  mots  quein  domnus  imperator  posuit 
font  allusion  à  un  capitulaire  de  Louis  le  Pieux,  renouvelant  et 
confirmant  le  capitulaire  de  Charlemagne.  C'est  là  un  indice 
que  le  passage  entier  appartient  à  la  rédaction  primitive  des 
statuts. 

Statuit  piissimus  domnus  noster  rex...  ut  nuUus  homo...  nunquam  carius 
vendat  annonam...  quam  modium  publicum  et  noviter  statutum...  (IbicL, 
p.  74).  —  Cap.  de  Villis,  c.  9:  Volumus  ut  unusqui^que  judex  in  suo 
ministerio  mensuram  modiorum^  sextariorum,  et  situlas  per  sextaria  octo, 
et  corborum  eo  tenore  habeant  sicut  et  in  palatio  habemus.  —  C.  44:  Ut 
aequales  mensuras  et  rectas  et  pondéra  justa  et  aequalia  omnes  habeant 
(Ibid.,  p.  84  et  p.  104).  Tous  ces  textes  ont  été  cités  par  M.  Maurice  Prou, 
à  qui  je  les  emprunte,  dans  son  étude  La  Licre  de  Charlemagne,  in-8°, 
1895,  tirage  à  part,  p.  1  et  2,  en  note  (Extrait  des  Mémoires  de  la  Société 
nationale  des  Anti/iuaircs  de  France,  t-  LIV).  —  Le  muid  nouveau  était 
au  muid  ancien  comme  3  est  à  2;  il  valait  donc  1  muid  1/2  (ancienne 
mesure),  a  Et  qui  antea  dédit  très  modios,  modo  det  duos»  (Boretius, 
op.  cit.,  t.  I  p.  104).  Cf.  Prou,  op.  cit.,  p.  2. 
1.  M.Prou,  ojo.  cit.,  p.  3,  et  note  1. 


LES    STATUTS    d'aDALHARD  345 

Une  mention  commune  aux  deux  manuscrits  va  nous  per- 
mettre de  préciser  la  date  de  rédaction  de  B;  il  s'agit  de  la  ré- 
partition de  la  viande  et  du  lard  chaque  mois  :  .Sï  aulem  aiiquid 
defuerit  ei,  addat  de  illo  tertio  mense,  qui  tune  est,  quantum 
necesse  Juerit\  Les  mots  qui  tune  est  appliqués  au  troisième 
mois  ne  peuvent  appartenir  au  bref  qui  fut  rédigé  par  Adalliard 
au  mois  de  janvier,  quel  que  soit  le  comput  utilisé.  Le  ms.  B 
antérieur  à  A  ne  donne  donc  pas,  lui  non  plus,  le  texte  authen- 
tique des  statuts.  Mais  parmi  les  nombreux  domaines  que 
mentionnent  les  deux  manuscrits^  un  est  à  retenir  :  le  domaine 
de  Wailly.  Il  ne  peut  s'agir  ici  des  biens  sis  à  Wailly  en  Sois- 
sonnaisj  que  Charles  le  Chauve  donna  aux  moines  de  Corbie 
entre  le  8  septembre  843  et  le  mois  d'avril  844%  mais  de  la 
terre  de  Wailly^  mentionnée  dans  le  diplôme  de  fondation 
concédé  à  l'abbaye  de  Corbie  par  Clotaire  IIP.  Comme  le 
rédacteur  du  bref  ne  spécifie  pas  de  quel  Wailly  il  s'agit,  et 
qu'ailleurs  il  ne  parle  que  des  biens  de  l'abbaye  situés  dans 
les  trois  pagi  d'Amiens,  d'Arras  et  de  Beauvais,  on  en  peut 
conclure  que  Wailly  en  Soissonnais  n'appartenait  pas  encore 
à  l'abbaye  et  que  la  rédaction  B  fut  composée  avant  844. 

Je  crois  avoir  établi  :  1"  que  le  manuscrit  A  ne  nous  donne 
pas  une  rédaction  antérieure  au  x®  siècle;  2°  que  le  ms.  B^  qui 
ne  nous  donne  pas  les  statuts  authentiques  d'Adalhard,  nous 
fournit  une  rédaction  qui  ne  peut  être  postérieure  à  844. 

On  n'invoquera  pas  contre  cette  dernière  conclusion  l'auto- 
rité du  passage  qui  contient  une  liste  des  repas  commémoratifs 
auxquels  le  cellerier  doit  subvenir.  Voici  ce  passage  : 

«  De  Curtilis,  unam  [pro]  Hilmerado  episcopo  et  fratre  suo 
[Isjengario,  xvi  kal.  junii.  Altéra  autem,  pridie  nouas  junii, 
pro  He[ir]rado  et  Gundrad[a]ne.  xni  kalendas  maii,  anniver- 
sarius  ludit.  Idus  junii,  nativitas  Karoli  régis,  xiii  kal.  junii, 
antiiversarius  Lodowici  imperatoris.  » 

1.  Cf.  p.  380. 

2.  Diplôme  de  Charles  le  Chauve,  Compiègne,  entre  8  septembre  843  et 
avril  844. 

3.  Wailly,  canton  et  arrondissement  d'Arras  (Pas-de-Calais). 


346  L.    LEVILI.AIN 

Constatons  en  premier  lieu  que  Louis  le  Pieux,  qui  mourut 
le  20  juin  840,  et  l'impératrice  Judith,  qui  mourut  en  843  (le 
19  avril,  d'après  notre  texte),  sont  morts,  puisqu'on  célèbre 
leur  anniversaire.  Il  est  évident  aussi  que  le  roi  Charles  dont 
il  est  ici  question  est  Charles  le  Chauve,  qui  naquit  le 
13  juin  823.  Nous  savons  que  les  moines  de  Corbie  avaient 
une  dévotion  spéciale  à  Charles  le  Chauve,  et  qu'ils  avaient 
institué  une  messe  quotidienne  en  sa  faveur.  Le  sacramentaire 
qui  nous  l'apprend  avait  été  rédigé  par  Rodrade  vers  853\ 
Quand  cette  mention  du  repas  comméraoratif  fut  écrite,  Charles 
n'était  pas  mort;  bien  plus,  il  n'était  pas  encore  empereur, 
puisqu'il  est  qualifié  rex  :  or,  il  prit  la  couronne  impériale  le 
25  décembre  875.  En  outre,  dans  un  diplôme  de  Charles  le 
Chauve  des  premiers  mois  de  843,  diplôme,  il  est  vrai,  suspect 
sous  la  forme  où  il  nous  est  parvenu,  mais  dont  le  fond  me  paraît 
authentique,  le  roi  demande  des  prières  pour  lui  et  sa  femme'. 
Dece  quelenom  delà  reine  Irmentruden'estpointaccoléàcelui 
du  roi,  il  semble  en  résulter  que  Charles  le  Chauve  n'était  pas 
encore  marié  ;  son  mariage  eut  lieu  le  13  ou  le  14  décembre  842. 
Enfin  le  nom  de  Tévêque  Hilmerade  fixe  notre  attention. 
Hilmcrade  fut  évêque  d'Amiens.  Élu  vers  le  mois  de  juin  849', 
il  siégeait  encore  en  871.  On  ne  trouve  mention  de  son  succes- 
seur Geroldus  qu'en  875.  Il  nous  faut  admettre  qu'Hilmerade 
n'était  pas  encore  mort  à  la  date  où  fut  rédigée  cette  mention  : 
le  livre  des  pastes  place  son  anniversaire  le  17  des  kalendes  de 
janvier  (16  décembre),  et  non  pas  le  16  des  kalendes  de  juin 
(17  mai).  Le  repas  que  l'on  prenait  le  17  mai  commémorait  un 
bienfait  quelconque  dont  l'abbaye  était  redevable  à  Hilmerade 
et  à  son  frère  Isengarius.  A  la  mort  d'Hilmerade,  ce  repas  dut 


1.  Bibl.   Nat.,  lat.   12050.    Cf.   Léopolcl  Delisle,  Méin.  sur  d'anciens 
sacrameniaires,  p.   124. 

2.  Donation  du  ton  lieu  prélevé  sur  le  pont  de  Daours,   en  faveur  de 
Corbie. 

3.  Lettres  de  Loup  de  Ferrlèrcs,  éd.  Baluze,  n"  79;  éd.  Desdevises  du 
Dezert,  n°  81. 


LES  STATUTS  D  ADALHAUD  347 

être  transporté,  comme  c'était  la  coutume,  au  jour  anniversaire 
du  décès.  Il  ressort  évidemment  de  ces  considérations  que  cette 
commémoration  fut  inscrite  entre  le  mois  de  juillet  849  au  plus 
tôt  et  le  16  décembre  874  au  plus  tard,  date  extrême  qu'on  peut 
attribuer  à  la  mort  de  l'évoque  Hilmerade.  En  conséquence, 
cette  liste  de  repas  est  le  résultat  de  notes  inscrites  au  jour  le 
jour,  et  nous  sommes  en  présence  d'une  de  ces  nombreuses 
mentions  que  les  moines  avaient  accoutumé  de  transcrire  dans 
les  blancs  des  manuscrits  pour  économiser  le  parchemin.  Cette 
liste  a  passe  dans  le  texte  par  l'inadvertance  d'un  scribe;  nous 
n'avons  pas  le  droit  d'arguer  de  cette  interpolation  maladroite 
pour  contester  que  la  rédaction  B  soit  antérieure  à  844.  Mais 
nous  pouvons  légitimement  inférer  de  ce  qu'elle  est  transcrite 
tout  au  long  dans  le  manuscrit  B  que  ce  manuscrit  a  été  copié 
sur  un  autre  qui  la  contenait,  soit  à  l'état  de  notes,  si  c'était 
l'original,  soit  déjà  à  l'état  de  transcription,  s'il  y  a  un  inter- 
médiaire entre  B  et  l'originar. 

Ce  qui  est  plus  important  à  retenir,  c'est  que  cette  liste  se 
trouve  aussi  dans  le  texte   du  Spicilège.  Le  manuscrit  connu 

1.  La  mention  d'Heirradus  et  de  Gundradana  ne  nous  est  d'aucune  utilité. 
On  pense  tout  d'abord  à  identifier  Heinadus  avec  Herradus,  22°  abbé  de 
Corbie  qui  régit  le  monastère  du  21  février  911  au  21  février  914.  Cette 
identification  me  parait  impossible.  Il  faudrait  admettre  qu'Herradus  n'était 
pas  mort,  car  son  anniversaire  était  célébré  par  une  paste  le  21  février,  et 
non  au  mois  de  juin  ;  que  le  repas  dont  il  s'agit  ici  avait  pour  but  de  rap- 
peler aux  moines  un  bienfait  de  leur  abbé;  ne  serait-il  pas  étonnant  qu'on 
eût  omis  sa  qualité  d'abbé?  Je  ne  vois  pas  en  outre  qu'on  ait  célébré  eu 
l'honneur  d'un  abbé  vivant  une  fête  de  ce  genre.  Selon  toute  vraisemblance, 
il  ne  s'agit  pas  de  l'abbé  Herradus.  Une  autre  identification  s'offre  à  nous  : 
celle  d'Herradus,  le  correspondant  de  Loup  de  Ferrières,  qui  fut  archevêque 
de  Tours  de  855  environ  à  871  {Lettres  de  Loup  de  Ferrières,  éd.  Baluze, 
n"  118  et  124  ;  éd.  Desdevises  du  Dezert,  n"  107  et  122.  —  Cf.  Gallia  Chris- 
tiana,  t.  XIV,  39).  Si  elle  était  admise,  elle  restreindrait  les  limites  chro- 
nologiques dans  lesquelles  la  liste  fut  rédigée.  Toutefois, quel  que  soit  notre 
désir  d'arriver  à  une  détermination  plus  exacte  du  temps,  nous  la  repous- 
sons comme  la  précédente.  Ce  nom  (Heirradus  ou  Herradus)  devait  être 
assez  commun  au  ix'  siècle,  et  je  suppose  qu'il  s'agit  ici  d'un  bienfaiteur  de 
l'abbaye  autrement  inconnu,  que  Gundradana  était  sa  femme  associée,  selon 
l'usage,  à  l'œuvre  pie  de  son  mari. 


348  L.    LEVlLLAIiV 

par  d'Acliery  etMabillon  n'était  pas  par  conséquent  l'original  ; 
parmi  les  manuscrits  dont  se  servirent  les  auteurs  de  la  nou- 
velle édition  du  Spicilècje,  il  n'y  avait  pas  l'original,  car  je 
ne  pense  pas  que  ces  savants  eussent  été  capables  d'introduire 
dans  le  texte  ces  notes,  presque  contemporaines,  il  est  vrai, 
mais  faciles  à  dater  \ 

Cette  constatation  a  une  très  grande  importance,  car  le  texte 
du  Spicilège  nous  donne  à  la  suite  l'un  de  l'autre  le  passage  De 
vùio  autem  de  B  et  le  passage  De  laïcis  autem  de  A.  Je  ne  vois 
pas  de  raison  pour  que,  si  ce  texte  est  le  plus  ancien,  B  ait 
laissé  tomber  le  chapitre  De  laïcis  autem  :  il  faudrait  sup- 
poser que  la  règle  de  saint  Benoît  n'était  plus  suivie,  relati- 
vement au  silence  à  observer  dans  l'église,  dans  le  réfectoire  et 
dans  le  dortoir,  et  que  les  prescriptions  des  statuts^  devenant 
par  le  fait  même  lettre  morte,  le  rédacteur  du  texte  A  les  aurait 
supprimées.  Combien  cela  serait  invraisemblable  !  Si  l'hypo- 
thèse était  vraie,  n'eût-il  pas  été  au  contraire  nécessaire  d'in- 
troduire des  prescriptions  nouvelles  dans  les  statuts  primitifs 
muets  sur  ce  sujet?  Et  c'est  là,  je  crois,  qu'il  faut  en  venir. 
Les  statuts  rédigés  en  822  ne  devaient  point  traiter  ces  ques- 
tions, parce  que  l'abbé  Adalhard  en  faisait  l'objet  de  ses 
admonitions  aux  moines  \  C'est  après  coup  qu'on  a  introduit 
le  passage  De  laïcis  autem,  et  B  qui  ne  le  contient  pas  repré- 
sente donc,  dans  le  cas  présent,  l'état  ancien  des  statuts. 

Mais,  d'autre  part,  le  début  de  ce  passage  n'est  pas  semblable 

1.  Je  dois  rappeler  ici  que  le  texte  du  Spicilèfje  donne  comme  A  et  B  les, 
§§/s^t  suni  dies,  —  De  meiris,  comme  s'ils  faisaient  partie  intégrante  des 
statuts. 

2.  Capitula  doinni  Adalhardl  abbatis  de  Adnwnitionibus  in  Congrega- 
iione,  dans  Mabillon,  Acia  Sanctorum  ordinis  sancti  Benedicti,  sœc.  IV, 
t.  I  (Monumenta  historica,  XI),  p.  757  et  758  (ex  ms.  codice  Corbeiensi)  ; 
et  particulièrement  §  III  :  De  silcntio  in  secrctario,  seu  in  ecclcsiis... 
§  XXIV  :  De  dor-mitorio  ;  %  XXV  :  De  alla  locutione;  %  XXVI  :  De  concentu 
duoruia  tel  triumj%  XXVII  :  De  oinni  strcpitu  cel  excussione,  siccsonitu; 
§  XXVIII  :  De  refectorio;  §  XXXIV  :  De  silcntio  in  domo  [infwniovum], 
tel  quando  aliquis  moritur;  §  XLIII  :  De  horis  incompetentibus,  id  est  de 
silcntio. 


LES   STATUTS    d'aDALHARD  340 

dans  le  Spicilcge  et  dans  A\  Tandis  que  le  Spicilège  rappelle 
par  ses  formules  les  Capitula  Adalhardi,  A  fait  intervenir  les 
vassaux  de  l'abbaye.  Il  me  semble  dès  lors  que  le  Spicilège 
nous  présente  un  texte  intermédiaire  entre  B  et  A.  Il  est  vrai 
que  le  passage  Depane  autem  qui  nous  est  fourni  par  les  deux 
manuscrits  A  et  B  manque  dans  le  Spicilège ;m?i\^  c'est  là 
nécessairement  une  omission  imputable  à  un  scribe,  car  le 
texte  du  Spicilège  reprend  à  la  phrase  :  His  ita  eliam  specia- 
liler  de  lig/io/'uni  provideiitia,  i/rinseanius  ad  cetera,  qui  est 
la  conclusion  naturelle  du  paragraphe  omis,  comme  on  peut 
facilement  s'en  convaincre  à  la  simple  lecture  ^  Ce  passage 
appartient  au  chapitre  De  porta  monasterii,  dont  toute  la  fin 
manque  dans  le  Spicilège. 

Nous  possédons  dans  le  Spicilège  un  texte  «  imparfait  et 
interpolé  »,  comme  l'avait  très  justement  dit  Mabillon.  Il  était 
bon,  n'est-il  pas  vrai?  de  déterminer  en  quoi  il  était  imparfait 
et  où  il  était  interpolé.  Le  manuscrit  qui  le  contenait  fut  écrit 
entre  844  et  la  Un  du  x®  siècle.  Il  est  possible  que  A  soit  un 
remaniement  de  ce  manuscrit  et  de  B,  avec  des  interpolations 
nouvelles. 

En  résumé,  des  trois  rédactions  que  nous  possédons,  la  plus 
ancienne  est  celle  de  B  écrite  entre  822  et  844;  celle  du  Spici- 
lège fut  composée  entre  844  et  le  x°  siècle;  celle  de  A  date  du 
courant  du  x"  siècle.  Nous  n'avons  plus,  en  conséquence,  les 
statuts  authentiques  d'Adalhard. 

Note  relative  au  texte 

Nous  avons  distingué,  par  des  procédés  typographiques,  les  trois 
rédactions  :  la  rédaction  B  est  représentée  par  des  caractères  romains  ; 
les  passages  communs  au  Spicilège  (S.)  et  à  A  sont  en  plus  petits 
caractères  ;  les  additions  de  A  sont  en  italiques.  Quant  aux  passages  qui 
n'appartiennent  pas  au  texte  des  statuts,  nous  les  avons  mis  en  petit 
texte  et  entre  crochets.  Nous  avons  conservé  les  divisions  établies  par 

1.  Cf.  p.  363.  Ce  passage  de  A    paraît  avoir  été  récrit  d'autre  main. 

2.  Cf.  p.  370. 

Moyen  Age,  t.  XIII.  Ig 


350 


L.    LE VILLA  IN 


d'Achcry  et  par  B.  Guérard,  bien  qu'elles  ne  nous  paraissent  pas 
toujours  fondées.  Les  chapitres  du  livre  I  sont  les  mêmes  dans  les 
deux  éditions.  Ceux  du  livre  II  sont  disposés  et  coupés  difléremment. 
II  est  nécessaire  d'en  établir  ici  la  concordance. 


Livre  II 


[Édition  d'Achery) 


Ch. 

I. 

Ch. 

II. 

Ch. 

III. 

Ch. 

IV. 

Ch. 

v. 

Ch.  VI. 

Ces    chapitres    manquent    dans 
d'Achery. 


[Edition  B.  Guérard) 


Ch.  I. 

Ch.  II. 

Ch.  III  et  la  majeure  partie  du 
ch.  V. 

Fin  du  ch.  v  et  ch.  vi. 

Ch.  vu,  VIII  (moins  la  fin),  1'°  par- 
tie du  ch. IX. 

Ch.  IV. 

Fin  du  ch.  ix,  ch.  x,  ch.  xi, 
ch.  XII,  ch.  XIII,  cil.  XIV,  ch.  xv, 
ch.  XVI,  ch.  XVII. 


TEXTE  DES  STATUTS  D'ADALHARD 


Sources.  R,  Bibl.  Nat.,  ms.  lat.  13908,  anc.  Saint-Germain,  n"  964, 

fol.  29-53  v°,  xe  siècle. 
S,  édition  du  Spicilège  (éd.  1723),  t.  I,  p.  586  et  sq. 
A,  Bibl.  Nat.,  ms.  lat.  1308,  fol.  2-26  v»,  x^  siècle. 
C,  Bibl.  Nat.,  ms.    lat.   17190,  fol.   m  et  sqq.  (partiel), 

d'après  B  et  A. 

ÉDiT.  a)d'Achery,  Spicilegium,   in-4'"   (1667-1677),  t.    IV,  p.   1-20 
(d'après  un  ms.  de  Corbie  perdu). 

b)  d'Achery,  SpicHef/ium,  in  f"  (1723),  d'après  a  et  des  manus- 
crits de  Corbie  perdus. 

c)  B.  Guérard,  Polyptyque   de  l'abbé  Irminon,  partie   latine 
(1836,  in-4''),  p.  306-335,  d'après  A  et  B. 

d)  Migne,  Patrologie  latine,  X.   CV,  p.  537  et  sq.,  d'après  6. 

B.  S.A. 

Brevis"  quem  Adaluardus  senex  'j,  ad  Corbeiam  regressus,  anno 
incarnationis  domini  dcccxxii,  mense  (^  januario  '' ,  indictione 

QUINTA  DECIMA,  IMPERII  VERO  GLORIOSI  ChLUDUICI    AuGUSTI^^  VIII", 
FIERl  JIJSSIT. 

I.  —  Isti  sunt  provendarii  qui  omni  tempore  aequaliter  et  plcniter 
in  nostris  diebus  esse  debent;  et  si  unus  exeis  mortuus  fuerit,  statim 
alter  restituendus  est,  ut  ille  numerus  semper  sit  plenus,  et  nullus 
amplius  in  illo  numéro  addatur.  Et  quamvis  modo  sint  alii  clerici 
superllui,  sicut  est  Savaricus  c  et  aliquanti  alii  ad  illam  cellam,  vel 
laïci  aliqui  sicut  sunt/  ibi  ad  ipsam  cellamry  et  sicut  sunt  l^  illi  Vui- 

a.  Brève,  B.  —  b.  omis  dans  B.  —  c.  mensis  januarii,  S.  —  d,  Agusti,  A.  — 
c.  Salvaricus,  A.  — /.  omis  dans  S  et  B.  —  g.  omis  dans  B  et  A.  —  h,  omis 
dans  S. 


352  L.    LEVII.LAIX 

nedi  et  Gorola"  et  Bruningus  Saxo  vel  Gcrnianus  Biluradi  ;  vel,  si 
alii  adhuc  raittaniur  ''  clerici  vel  laïci,  non  tamen  ad  illum  nume- 
rum  CL  adjungendi  sunt;  sed  semper  separatim  habendi  et  tune  c 
liberandi  sunt,  secundum  quod  tune  temporis  ille  qui  praeesf^'  eis 
singulis  dare  jusserit.  Isti  vero  CL  uno  semper  tenore  in  nostris  die- 
bus  liberandi  sunt,  sicut  hodie  per  singulas  officinas  liberantur.  Alii, 
sic;  alii  vero  sic.  Quod  ideo  hic  scribere  necesse  non  fuit,  quia  ex 
usu  quotidianof  tam  dantibus  quam  accipientibus  notissimum  est,  et 
ipsi  ministeriales  habet  inde  singuli  brèves  suos,  id  est  camerarius  /", 
cellerarius  3  et  senescalcus. 

De  CLERicis.  Puisantes,  duodecim.  Alii  clerici,  septem;  ex  bis,  ad 
cellarium^',  duo;  ad  laveudariam  fratrum,unus;  ad  curticulam  abba- 
tis,  unus;  ad  domum  infirmorum,  très.  Aliae  vero  nécessitâtes,  quas 
clerici  facere  ^  debent  S  per  puisantes  fiant.  Et  ideo  necesse  est,  ut 
taies  ibi  ponantur,  qui  omnes  nécessitâtes  interiores  facere  possint,  et 
de  familia  nostra  sint  ne  7  contradicere  quicquam  audeant,  et,  juxta 
quod  esse  potest,  ut  officiales  sint  et  de  ipso  ofïîcio  ''•  vel  religione  sua 
post  praepositum  et  decanum  ad  custodem  ^  sancti  Johannis  respi- 
ciant,  nec  omnino  sine  custodia  relinquantur,  ne,  propter  aliquam 
turpitudinem  illorum,  religio  monasterii  blasphemetur. 

Item  de  laïcis.  Matricularii,  duodecim.  Laïci,  triginta.  Ad  primam 
canQeram"^,  sex;  sutores,  III;  cavalarii  ",  II;  fullo,  I.  Ad  secundam 
cameramo,  decem  et  septem /';  ex  bis,  ad  cameram  f',  unus;  fabri- 
grossarii,  sex;  aurifices,  duo;  sutores,  duo;  scutarii,  duo;  pargamina- 
rius,  I;  saminator?,  I;  fusarii,  très.  Ad  tertiam  cameram  »,  III.  Ad 
cellarium  et  dispensam;  partarii  duo.  Ad  domum  infirmorum  ;  I  ; 
gararii,  duo.  Ad  liguarum  in  pistrino,  unus.  Ad  portam  medianam, 
unus.  Ad  portam  sancti  Albini,  unus''.  Carpentarii  «,  quattuor. 
Mattiones  ^  quattuor.  Medici,  duo.  Ad  casam  vassallorum  ",  duo. 

ISTI    SUNT  INFRA  MONASTERIUM. 

IsTi  VERO  EXTRA  MONASTERIUM  :  ad  molinum,  duodecim;  ad  pisca- 


a.  Geriola.  S.  —  b.  milluntur,  A.  —  c.  omis  dans  B,  A.  —  d.  proest,  B,  A. 
—  e.  cotidiano,  B,  A.  — /.  camararius,  B,  A.  —  g.  cellararius,  B,  A.  —  h.  cella- 
rarium,  -S",  B.  —  i.  faceiebcnt,  A.  —  j.  nec,  S,  B.  —  U.  offitio,  A.  —  l.  cus- 
torem,  A.  —  m.  camaram,  B,  A.  —  n.  cavalos,  B,  A.  —  o.  camaram,  A.  — 
p.  quatuordecim,  S.  Il  faudrait  à  n'en  pas  douter  deccm  et  octo  avec  l'addition 
de  A.  —  g.  samiator,  A.  —  r.  cet  article  manque  dans  S  et  dans  B.  —  s.  car- 
pentatarii  B.  —  t.  mationes,  A.  —a.  vasallorum,  B;  vasalsallorum,  A. 


LES    STATUTS    DADALHARn  85)i 

riam,  sex;  ad  stabulum,  duo;  ad  bortos",  octo;  ad  buriam  septem  ; 
ad  vineam,  unun^;  ad  arboretam  novam,  duo.  Berbicarii,  duo.  Ad 
vivarium,  quinque<". 

II.  —  Isti  autem  sunt  dies  tredecim  in  quibus  eis,  propter  amorem 
Dei  et  honorera  f^  sanctorura  dierum,  excepto  provenda  sua,  si  non 
amplius,  vel  talis  consolatio  danda  est;  id  est,  inter  duos,  panis  unus 
vasallorum  talis  qui  fiunt  ex  raodio  uno  triginta  et  unicuique  cujus- 
libet  genoris  pulmenti  média  libra  et  unicuique  plenus  calix,  si  fuerit 
unde,  de  vino  ;  sin  autem,  de  cervisa  fratrum  : 

Nativitas  Domini.  Theophania^.  Missa  domnae/  Balthildae,  et 
ipso  die  de  ministerio  caraerarii.  Purificatio  sanctae  .7  Mariae  0.  Die 
dominica,  initium^^  quadragesimae  '.  Cena  Domini.  Paschay  As- 
censio  Domini.  Pentecoste /•'.  Missa  sancti  Johannis  Baptistae  ^; 
sancti  Pétri;  sancti  Martini;  sancti  Andreae'". 

Similiter  etiam  ",  isti  sunt  dies  quibus  eis  ab  opère  dominico  par- 
cendumo  est,  excepto  illud  quod/*  ad  victum  praeparandum  9  per- 
tinel '■  :  Nativitas  Domini;  sancti  Stephani;  sancti  Johannis.  Natale 
Innocentum.  Octabas  Domini.  Sancto  Theophaniae  -".  Missa  dom- 
nae^ Balthildae  ^.  Purificatio  sanctae  3  Mariae.  Primo  die  lunis  in 
quadragesimae  ',  ideo  ut  spatium  «  habeant  confessiones  suas  reno- 
vare.  Cena  Domini.  Parasceven.  Sabbato  sancto.  Quarta  feria  in 
Pascha.  Rogationes  triduo.  Ascensio  Domini.  Sancti  Johannis  Bap- 
tistae' Sancti  Marcellini.  Sancti  Firmini.  Sancti  Martini.  Sancti 
Andreae"^.  Vigilia  natalis  Domini  ;  et  illos  dies  de  quattuor  temporibus. 

III.  — Haec"  sunt  quae  clericis  nostris  canonicis  suprascriptis, 
qui  specialiter  puisantes  •»  dicuntur  dari  debeut  :  de  vestimento,  tuni- 
casi/  duas  albas  et  tertiam-  de  alia  colore,  et  caligas  IIII,  femoralia 
duo,  soccos  filtrinos  II,  calcearios  «'  IIII  cum  solis  novis,  exceptis  ^' 

a.  ortos,  B.  —  b.  mauque  dans  S  et  B.  —  c.  ces  trois  derniers  mots  sont 
placés  après  ad  cineam  unus  dans  A.  A  et  B  donnent  unus  au  lieu  de  qulnque. 

—  d.  horum,  A,  B,  —  e.  sancto  Teophaniae,  B.  A.  — /.  domnç,  B.  A.  — 
g.  sancto  Marie,  B,  A.  —  A.  inicium,  B.  —i.  quadragesimç,  B.  —  j.  sancto 
Pasche,  B,  A.  —  k.  Pentecosten,  B,  A.—  t.  Baptistç,  B.  —m.  Andrée,  B.  — 
n.  aetiam,  A.  —  o.  peut-être  vaudrait-il  mieux  dire  :  pascendum  que  donne  B. 
Nous  avons  conservé  la  leçon  parcendum,  parce  que  plus  loin  B  dans  un  cas 
analogue  la  donnera  comme  le.s  autres  sources.  —  p.  omis  dans  S.  —  q.  pre- 
paraudum,  B.  A.  —  r.  <•  donne  ici  une  variante  que  nous  retrouverons  plus  loin, 
p.  b61,  et  rejette  la  bonne  leçon  en  note.  —  s.  Theophauiç,  B,  Teophanie,  A. 

—  t.  domuç  Balthildç,  A;  domue  Bathilde,  B.  —  u.  spacium,  B.  —  c.  Hçc,  B.  — 
œ.  pulsanti,  A,  B,  C—  y.  tonicas.  A,  B.  —  s.  terciam,  B.  —  a',  calciarios.  A; 
caltiarios,  B.  —  b'.  exceptis,  B. 


354  L.    LEVILLAIX 

denariis  VII  «  ad  calciamentum  '',  wantos  ^  II  et  mulfolas  f^  II, 
Haec^  omnio,  aniio.  Cappam  vero  de  sago  et  pelliciani/,  cottum 
aut  lectariuni  sive  sagum,  in  tertio  anno  accipiant.  Ista  omnia  de  illo 
vestimento  debcnt  accipere  quod  fratres  redduiit  dura  accipiunt 
novum;et  taliatf  de  his  eligantur  illis  qualia  inveniri  possunt  uti- 
liora.  Ceterum  cappella /',  hroccus  sive  cucuUa  de  sago  nnde  hroccus 
fieri  possit,  ad  arbitrium  prioris  erit. 

IV.  —  Constituimus  ad  hospitalem  '  pauperum  quotidien  dare 
panes  de  mixtura  factos  XLV,  libraruni  trium  et  dimidiae  et  de  fru- 
mento  vel  spelta  panes  quinque  quales  vassalli  ^-^  accipiunt  ut  fiant 
simul  L.  Ipsi  vero  panes  isto  modo  partiantur  ^,  ut  XII  pauperes  qui 
supra  nocteui  ibi  manent,  accipiant  singuli  unusquisque  panemsuum 
et  in  crastino'"  unusquisque  dimidiura  ad  viaticara.  Hospitalarii 
autem  duo  qui  ibi  deserviunt,  de  suprascripto  numéro  unusquisque 
panem  unum.  Nam  panes  V  frumentarii  «■  debent  partiri  inter  pere- 
grinos  clericos  «  qui  in  refectorium  ducuntur  ad  viaticum  et  infirmes 
qui  ibi  sustentantur.  Ipsam  tamend  istributionem  panum  arbitrio  com- 
mittimus  hospitalarii;  ea  videlicet  ratione  ut,  si  venerit  major  numerus 
pauperum  aut  plus  aut  minus  indigentes  sicut  inedia  P  defecti  aut 
pueruli  '7  parvuli,  ipse  discernât  juxta  quod  oportet,  Quod  si  conti- 
gerit  aliquo  tempore  minus  venire  pauperes,  ipse  hospitalarius  et 
magister  ejus,  senior  portarius,  in  memoriam  omnimodis  habeant, 
quanto  '"  de  suprascripto  numéro,  propter  paucitatem  venientium, 
minus  dispensatur  ut  iterum,  cum  plures  venerint,  quod  remansit 
dispensetur.  Ceteris  «  vero  pauperibus  venientibus  et  eadem  die  rece- 
dentibus  solet  dari  quartarius,  vel,  sicut  diximus,  juxta  quod  hospita- 
larius ^  praeviderit  "  in  majori  vel  minori  numéro  aut  necessitate 
corapedire  ".  Conpanaticus  autem  ^  sccundum  consuetudinem  tri- 
buatur.  De  potu  autem  quotidie  II  detur  cervisia[e]  ^  modius  dimidius 
id  est  f*'  sextarii  ^'  VIII  de  quibus  dividuntur  sextarii  Ilil  inter 
illos  XII  suprascriptos,  ita  ut  unusquisque  accipiat  calices  II.    Ex 

a.  VIII,  B.  —  b.  caltiamentum,  B.  —  c.  vaiitos,  A.  —  d.  muffolas.  A.  — 
e.  Hçc,  B.  —  /.  pelliliam,  A.  —  g.  tali,  B.  —  h.  capelle,  S,  A.  —  i.  ospi- 
talem,  A.  —  /.  cotidie,  A,  B.  —  I:.  vasalli,  B.  —  l.  parcianlur,  B.  —  Ce  mot 
est  suivi  daus  A  de  :  id  est  qui  est  inutile.  —  m.  crastinum,  B.  —  n.  frumen- 
laoii,  B,  S,  c.  frumeutatii,  A.  —  o.  clericos  peregrinos,  A.  —  p.  S  place  avant 
ce  mot  sunt;  B  le  fait  suivre  de  de  qui  n'a  pas  de  sens.  —  q.  pueroli,  A.  — 
/•.  quantum,  A.  —  s.  cçteris,A.  —  t.  hospitularius,  B.  —  u.  previderit,  B;  prç- 
viderit,  A.  —  c.  expedire.  A.  —  œ.  aut,  S,  B.  —  y.  colidie,  B;  cotidie,  A.  — 
z.  omis  daas  S.  —  a',  sunt,  B,  A.  —  b'.  se.vtaria.  S,  C. 


LES    STATrTfi    n'ADALHARD  355 

aliis  quoquo  quattuor  sextariis  «,  datur  «  clcricis  quibus  pcdes 
lavantur  a  fratribus  unicuique  calix  unus,  et  Vuillerauno  servitori 
calix  unus.  Quod  residuum  fuerit,  in  arbitrio  hospitalarii  ^  relin- 
quinuis,  quomodo  illud  sive  infirmis  sive  aliis  pauperibus  dividat. 

De  vino  autem,  eril  in  arbitrio  prioris.  Infirraorum  autem  necessi- 
tatem  senior  portarius  débet  juxta  possibilitatem  providere  sive  in 
cibo  sive  in  potu,  in  his  rébus  quae  hospitalario  desunt  ad  opus  infir- 
naorum.  Si  conligerit  venire  peregrinos  de  longinquis  provineiis  qui 
suprascriptum  numerum  excédant,  portarius  provideat  eis  quae  ^ 
necessaria  sunt,  ita  ut  non  minuatur  quidquam'^^  de  his  quae  «  quo- 
tidianis^  diebus  deputata  sunt. 

V.  —  Addimus  etiam  de  companatico  in  cibos  pauperum  adpensas 
XXX  quae  ''  dantur  inter  caseum  et  lardum,  et  modios  XXX  de  legu- 
minibus,  quintam  partem  de  décima  quam  accipit  portarius  a  cellera- 
rio/  de  anguillis  vel  caseo  récente,  qui  constitutus  est  dare  de  decem 
berbicariis  a,  necnon  et  de  illo  qui  de  villis  dominicis  datur  in  deci- 
mam;  similiter  oranem  quintam  decimae/i  de  pecudibus,  id  est  in 
vitulis,  in  berbicibus  vel  omnibus  que  dantur  de  gregibus  portario, 
etiam  in  caballis  ''.  Insuper  disposuiraus  dare  ipsi./  supra  comrae- 
morato  hospitalario  de  omni  argento  quidquid  ^■'  ad  portam  venerit 
quintam  partem  per  manus  portarii  senioris;  de  quo  argento  talem 
voluimus  ^  fieri  distributionem  "^  ut  non  minus  quotidie  "-  quam 
IlIIoro  denarii  dentur;  et,  si  minor  fuerit  numerus  de  ipsa  quinta, 
quam  suffîccre  possit  ad  hanc  distributionem  quotidianam/"  facien- 
dam,  abbas,  si  vult,  suppléât  aliunde;  et,  si  ultra  creverit,  non  subtra- 
hatur.  Ligna  autem  provideat  portarius  pauperibus,  secundum  consue- 
tudinem,  vel  cetera  quae  (7  hic  scripta  non  habentur,  sicut  sunt  panni 
in  lectulis  vel  vasa  et  cetera  quaeque  ''.  IIaec~'"  omnia  suprascripta 
de  his  quae  9  ad  portam  veniunt,  propter  illud  supplementum  argenti, 
sicut  supra  commemoratum  est,  dentur.  Insuper  accipiat  hospitala- 
rius  a  camerario  vestimenta  vel  calciamenta  fratrum  vetera  paupe- 

a.  sex  dautur,  S;  sex  datur,  B.  —  b.  ospitalarii.  B.  —  c.  quo,  6.  —  cl.  quic- 
quam,  B.  —  e.  cotidianis,  B.  —  /'.  cellarario,  B.  — g.  berbicariciis,  B,  C.  — 
/;.  décime,  B.  —  l.  caballo,  B.  —  j.  ipso,  B.  —  h.  quicquid,  B.  —  l.  volumiis,  S. 
—  m.  disposilioiiem,  S.  — n.  cotidie,  B.  — o.  quatuor.  S;  quattuor,  A.  — /).  coti- 
diauam,  fî,  C.  —  q.  que,  B.  —  /•.  queque,  B.  —  .-*.  Hçc,  B. 


'AÔG  I,.    I.F.VILLAIN 

libus  tiibuenda  secundum  consuetudinem,  Obsecramus  igitur  omnes 
quibus  ordinandi"  fuerit  officiuni  in  hoc  monasterio,  vel^  in  largi- 
tate  ac  distributione,  Dei  pocius  attenda[n]t  voluntatem  quam  nostrç 
parcitatis  exeniplum.  (juoniam  unusquisquc  est  pro  so  redditurus 
rationeni . 

VI.  —  Ixatio  vol  numerus  annonae  seu  panis,  qualiter  vel  unde  vel 
quantum,  ;kI  monasterium  dcbeat  aanis  singulis  venire,  vel  qualiter 
custos  panis  illud  dcbeat  dispensare.  —  Volumus  ut  annis  singulis 
reniant  de  spclta  bene  ventilata  atque  mundata  corbi  DCCL,  unus- 
quisquc corbus  liabens  niodia  XII  bene  coagitata  et  rasa,  ad  istum 
novum  modiuni  quem  domnus  imperator  posuit' ;  et  veniat  ipsa 
annona  de  illis  villis  quas  prepositus  specialiter  in  ministerio  habet; 
si  necesse  fuerit,  do  omnibus;  sin  autem,  de  illis  quibus  ipse  cura 
abbate  consideraverit.  Istum  numerum  ideo  taliter  ordinavimus  ut 
per  dies  singulos  anni  qui  sunt  CCCLXV  seraper  duos  corbos  habeat 
qui  simul  sunt  corbi  DCCXXX.  Ideo  autem  XX  addere  fecimus  ut 
antea  supercrescat  quam  deficiat.  Et  quamvis  ipsa  annona  inter- 
dum  melior,  interdum  deterior,  et  aliquando  amplius,  aliquando 
minus,  de  farina  reddere  soleat,  nos  tamen  mediocriter  estimantes 
speramus  quod  de  illis  duobus  corbis  semper  X  haberi  modia 
possint.  Sic  «  ergo  singula  modia  XXX  panes  CGC.  Quia  ergo 
certi  sumus  quod  omni  tempore  non  minus  quam  CGC  et  aliquid 
amplius  semper  intus  assidue  manentes  et  supervenientes  in  monas- 
terio erimus,  cum  tantummodo  «^^  non  magis  quam  GGCL  simus, 
nos  tamen,  quia  aliquando  minus,  aliquando  amplius,  quam  GGGG 
fortasse  sumus,  ita  ordinare  volumus,  ac  si  omni  tempore  GGCG 
simus,  ut,  ex  eo  quando  minus  quam  GGGG  sumus,  supercrescit, 
habeat  unde  abundantiam  <^  dari  possit  quando  amplius  sumus.  Rare 
tamen  fit  quod  amplius  simus,  cum  hoc  saepissime  o/' fiât  quod  multo 
minus  quam  GGGG  simus.  Addamus  ergo  ex  eo  quod  de  molinis 
venit  quotidie  5  modia  lll!'^''  et  fiunt  panes  GXX.  Junge  simiil 
etiam  /*,  sunt  panes  GGGGXX.  Ecce  habemus  non  solum  ad  GGGG 
qui  raro  sunt  sed  etiam  quotidie  9   ad  XX  supra  qui  rarissime  fiunt; 

a.  ordinatum,  S.  —  h.  ut,  B,  C.  —  c.  si,  D,  corr.  de  B.  Guérard.  —  d.  tamen 
modo,  C.  —  e.  habuadant[er],  B;  abundaûter,  C.  —  /.  sçpissirae,  B.  —  g.  co- 
lidie,  B.  —  h.  et  C. 

1.  Sur  la  valeur  du  muid,  voy.  B.  Guérard,  Polyptyque  de  l'abbé  Irminon, 
prolégomènes,  p.  183-185;  et  A.  Longnon,  Polyptyque  de  l'abbaye  de  Saint- 
Germaln-dee-Prés  rédigé  au  temps  de  l'abbé  Irminon,  t.  1,  introduction,  p.  26. 


LES    STATUTS    n'ADALUARn  857 

sed,  quia  omnis  substantia  nostra  quae"^  per  rainistios  nostros  dis- 
pensanda  est,  semper  magis  volumus  ut  supercrescat  quam  deficiat. 
Addimus  adhuc  ex  eo  quod  de  molinis  venit  modium  I.  et  fiunt  quo- 
lidie  ^  panes  CCCCL  de  molinis  XV.  Collecto  igitur  numéro  per  sin- 
gulosdies,  fiunt  iutotum  in  annomodiaV,  CCCCLXXV  '-.  Addamus 
etiam  XXV  illis  molinis  et  fiunt  VD  '"  ex  quibus  IIIDCL  de  speita. 
Reliqua  vero  TdCCCL  molinis  venire  debent,  quia  ergo,  sicut  supra- 
diximus,  magis  ut  supercrescat  quam  deficiat  volumus.  Idcirco  primo 
corbos  XX  et  insuper  quotidie  ^  panes  supra  illos  CCCC  provenda- 
rios  et  adhuc  modia  XXV  addere  feciraus.  Cum  tamen,  supradictum 
est,  saepius  ''  minus  quam  aut  CCCC  aut  certe  ultra  CCCC  esse  so- 
leamus  ;  et  quia  ad  ipsum  molinum  boves,  porci,  aves  diversae  e, 
canes  et  intordum  caballi  pascendi  sunt,  addimus  adhuc  de  ipsis 
molinis,  modia  CL  et  fiunt  in  totum  quod  de  molinis  venire  débet 
modia  W /.  Haec  r?  intérim  ita  dicta  atque  servata  sint  quousque 
pariter  considerare  valeamus  utrum  addere  aut  subtrahere  aliquid 
necesse  sit,  verumtamen  monemus  atque  obsecramus  custodem 
panum  ut  quidquid  1^  exinde  per  mensuram  vel  numerum  dierum, 
septimanarum  vel  totius  anni  mensium  '•  sciri  potest,  cum  ouini 
diligentia  scire  non  neglegat  j  quemadmodum  cum  lempus  muta- 
tionis  venerit  I',  nobis  renuntiare  sciât  qualiter  presentem  annum 
administrando  transeat.  Et  ut  hoc  levius  scire  possit,  separei  inde 
primo  illos  provendarios  qui  perpensas  semper  aequaliter  et  haben- 
tur  et  liberantur  quorum  numerus  semper  aequalis  est,  nisi  forte  ali- 
quando  minor,  nam  nunquam  fit  l  major,  deinde  perpendat  panem 
fratrum  quando  semel  vel  quando  bis  in  die  manducant,  et  ponat 
semper  semotim  illum  qui  ad  illorum  opus  deputatus  est,  et  consi- 
deret  quantum  eo  tempore  quando  semper  semel  quantum  eo  quando 
semper  bis  in  die  manducant  et  quantum  in  una  septimana  in  utroque 
tempore  quando  minime  et  quantum  in  una  maxime  inpendit  "^;  et 
arbitremur  prope  eum  invenire  posse  de  quanlo  valeat  pane  vel 
modus  ad  eorum  opus  transire.  In  isto  numéro  ponendi  sunt  omnes 
qui  panem  fratrum  accipiunt,  excepto  hospites"^  qui  hune  quotidie^ 

a.  que.  B.  —  b.  cotidie,  B.  —  c.  la  barre  placée  sur  le  premier  chiffre  romain 
signifie 'mille.  B  et  S  ne  la  donnent  pas.  B.  Guérard  l'interprète  bien.  —  d.  se- 
pius,  B.  —  e.  diverse,  B.  ~ /.  B  porte  simplement  II.  C'est  aussi  ce  qu'on 
trouve  dans  5.  B.  Guérard  a  restitué  justement  miilia.  — g.  hçc,  B.  — h.  quic- 
quid,  B.  —  /.  mensuum,  B.  —  /.  pour  negligat.  —  /.'.  n  erit,  B.  —  l.  sit,  A .  — 
m.  C  a  lu  impendit.  —  n.  ospites,  B. 


358  L.    I.KVILLAIN 

non  accipiunt.  Observot  autom  ne  tanlum  pariter  de  pane  fratrum 
faciat  ut  remanendi  uimium  obdurescat;  quod  si  fecerit,  eo  tempore 
quando  ille  illum  numerum^robat,  ipse  panis  tollendus  est  et  aller 
pro  eo  ponendus;  quia  vero,  ut  diximus,  modo  semel,  modo  bis  in  die 
manducamus,  et  nunc  plurcs  nunc  pauciores  sumus  et  numerum 
nostrum  quanti  esse  debeamus  definire  nunquam  possumus.  Si  ipse 
aliam  rationem  meliorem  ad  hoc  probandum  invenire  potest,  cum 
Dei  gratia  faciat.  Similiter  de  vasallis  nostris;  similiter*^  etiam  ad 
portam  quorum  numerus  certus  esse  non  potest,  sieodem  sensu,  quem 
supra  diximus,  per  dies,  per  septimanas,  per  menses,  quando  minime, 
quando  mediocriter,  quando  maxime  dat,  estimare  cçperit,  putaraus 
cum  omni  non  invenire  posse  unde  per  totum  annum  valeat  transire. 
Nam  de  pulsanti[bus]  ^,  de  scolariis,  de  reliquis  clericis  seu  laïcis 
nostris  vel  extraneis,  facile  sciri  potest  qualiter  eos  liberare  potest. 
Monemus  etiam  ut  lioc  considerare  non  neglegat  <^  quod  panis  ille 
qui  datur  non  ad  unam  mensuram  omnibus  sed  quibusdam  major, 
quibusdam  vero  minor  datur.  Et  ob  hoc  necesse  est  ut  de  singulis 
mensuris  panum  consideret,  quanti  de  majoribus,  mediocribus  vel 
minoribus,  de  uno  modio  fieri  possunt;  et  speramus  quod  hoc  facto 
ei  cuncta  aperte  patebunt.  Ecce  ut  potuimus,  non  ut  ita  semper 
tenendo  firmemus,  set  ut  incipiendo  probare  valeamus,  qualiter 
inanlea  tenere  debeamus  hoc  quod  ad  monasterium  de  annona  venire 
débet;  sub  has  divisiones  quas  supra  possumus  hoc  bene  invenire 
posse  speramus:  id  est,  prima  famulorum  nostrorum  et  matricula- 
riorum  ^''  qui  semper  aequaliter  habendi  sunt,  secunda  fratrum, 
tertia  vasallorum,  quarta  hospitum  f,  quinta  pulsantium/ et  scola- 
riorumû',  sexta  singulorum  hue  illucque  provendariorum  ;  ex  quibus 
tamen,  ut  diximus,  nullum  qui  semper  aequaliter  habeatur  definire 
numerum  possumus. 

VII.  —  De  molinis  vel  cambis,  talis  volumus  ut  sit  ratio.  Primo, 
ut  unicuique  molinario  mansus  et  VI  bonuaria  de  terra  dentur, 
quia  volumus  ut  habeat  unde  ea  quae  ei  jubentur  perficere  valeat  et 
illam  molturam  salvam  faciat;  id  est,  ut  boves  etreliquam  pecuniam 
habeat  cum  quibus  laborare  possit  unde^*  et  ^  ipse  et  omnis  familia 
ejus  possit  vivere,  porcos,  aucas  et  puUos  nutrire,  molinum  compo- 

a.  semiliter,  B.  —  b.  pulsanlis,  fi,  C.  —  c.  pour  nogli,//at.  —  d.  matricula- 
tiiorum,  B.  —  e.  ospitum,  B.  —  /".  pulsatura,  B.  —  g.  vel  scolar.  récrit  sur 
grattage  dans  B.  —  A.  ut  de,  B.  —  i.  omis  dans  fi. 


LES    STATUTS    DADALIIARI)  359 

nere  et  omne  matriamen  «  quod  ad  illud  molinum  cmendandum 
pertinet  adducere,  sclusara  emendare,  molas  adducere  et  omnia  qiuc  '^ 
ibidem  ad  habendum  vel  facicndiim  necessaria  suiit  et  habere  possit 
et  facerc.  Et  ideo  nolumus  ut  uUum  alium  servitium,  Dec  cum  carro, 
nec  cum  caballo,  nec  manibus  opérande  nec  arando  nec  seminando, 
nec  messis  <^  vel  prata  colligendo,  nec  braces  faciendo,  nec  hum- 
lonem,  nec  ligna  solvendo  nec  quicquam  aliud  ad  opus  dominicum 
faciat,  sed  tantum  sibi  et  suo  molino  serviat.  Porcos  autem,  aucas  et 
puUos  quos  de  suo  molino  incrastiare  f^  débet  de  suo  nutriat  et  ova 
solvat,  et  ea,  ut  diximus,  quae  ^  vel  molino  necesse  est  facere  vel 
qua3  ^  de  molino  debent  exire,  illa  tantum  studeat  procurare.  Quod 
vero  supra  diximus,  ut  II  «  modiorum  ad  opus  nostrum  de  molinis  ad 
monasterium  venire  debuissent,  non  hoc  ideo  diximus  ut  illam  aliam 
molturam  ab  illo  granario  separemus,  sed  ut  ipse  hoc  anno  probare 
studeat,  utrum  addere  vel  subtrahere  necesse  sit,  et  ad  tantos  proven- 
darios  et  ad  ea  opéra  qua?/  omni  anno  in  monasterio  fiunt,  ut  sunt 
vendemiae  9,  orti,  prata  /'  et  his  similia,  cum  tanto  numéro  per 
totum  '  annum  transire  valeat.  Volumus  etiam  ut  illa  modia  ante- 
riora  coram  illis  molinariis  ad  istum  novum  modium  estimare  faciat 
cum  omni  aequalitate  quanta  modia  de  illis  faciant  istaeJ  et  secundum 
haec/''  modia  quantum  cis  convenit  sic  solvant  inanteaeorumcensum 
sivc  de  annona  sive  de  brace.  Volumus  autem  ut  ipsi  molinarii  singuli 
integram  causam  habeant  ad  providendum  cum  rôtis  VI  ;  quod  si 
noluerint  habere  VI,  si  medietatem  de  illa  causa,  id  sunt  rotae  ^  III, 
non  habeat  nisi  medietatem  de  illa  terra  que  ad  illum  mansum 
pertinet,  id  est  bonuaria  III,  et  socius  ejus  alia  III,  et  inter  illos 
duos  et  integram  molturam  reddant  et  integrum  servitium  faciant 
quantum  ad  illum  unum  molinum  pertinet,  vel  de  opère,  vel  de 
sclusa,  vel  de  ponto,  vel  de  omnibus  quantum  singulis  molinis 
deputatum  est. 

Livre  II 

I.  —  IIec  est  ORDiNATio  HORTORUM.  Ut  fratrcs,  qui  eos  laborare 
debent,  sine  moleslia  vel  aliqua  incommoditate  inhonesta  possint  in 
eis  officium  sibi  commissum  ad  communem  explere  utilitatem,  cons- 

a.  ce  mot  a  le  même  sens  que  materiatio.  —  b.  quç,  B.  —  c.  pour  messes. 
-  d.  pour  incrassiare.  —  e.  II.  S,  B.  —  J.  que,  B.  —  g.  vendemie,  B.  — 
h.  parata,  B.  —  i.  tantum,  JB.  —  /.  ista,  B,  C.  —  h.  hçc,  B.  —  l.  rôle,' B. 


360  I--    LEVILLAIN 

tituimus  ut  mansiones,  quœ  ibi  neccssariae  «  sunt,  et  sepes  faciant 
quaudocumquc  necesse  fuerit  et  emendent  majores  de  bis  villis  :  ad 
primum  ostium  ^  qui"^  est  juxta  vivarium,  de  Waniaco'  et  Cipiliaco-; 
ad  secundura,  de  Villa^;  ad  tertium.  de  Albiniaco*  et  Cerisiaco';  ad 
quartum,  de  Vernis*  etTaziaco'.  Et  idem  ipsi  dent  unusquisque  ad 
hortum"'  oui  deservit,  in  tertio  anno  aratrum  I,  jugum  cura  amblacio 
et  conjuuclis  quando  necesse  fuerit  et  in  quarto  erptiam  in  hortum  ^^ 
excolendum  seraper  ad  missam  sancti  Marcellini.  Et  postquam  tem- 
pus  venerit  quo  necessarium  fuerit  hortos  c  a  noxiis  purgare  herbis, 
id  est  a  medio  apreli,  usque  médium  octobrium  omnimodis  absque 
negligentia  /  vel  aliqua  subtractione  semper  finitis  viginti  diebus, 
veniat  unusquisque  de  ipsis  majoribus  ad  illum  fratrem  hortolanum  9, 
cui  ipse  adjutorium  facere  débet,  videre  et  interrogare  quando  necesse 
fuerit  sarculatores  in  illo  mittere.  Porricini  autem  et  porri  postquam 
transplantati  fuerint,  ascoloniae ''^  quoque  allia  ^  atque  cepaeJ,  haec /•" 
tantum  debent  majores  quandocumque  necesse  fuerit,  sicut  dictum 
est,  purgare;  et  quandocumque  familia  ad  eandem  convenerint  ^  pur- 
gationem,  major  ipse  per  se  sive  decanus,  unus  ex  illis  duobus,  omni- 
modis ibi  sit  ad  providendum  ut  studiose  et  utiliter  operarii  expleant 
opus  suum.  Carra  vero  accipiant  hortolani  '"  de  bura"  omni  anno 
secundum  consuetudinem.  Omnia  utensilia  ferrea'^  debent  acci père 
ex  0  camerario  qui  fabros  providet  secundum  consuetudinem  commu- 
nem.  Idem  si  fracta  fuerint,  ostendat  illa  camerario  et  ipse  faciati" 
ea  reparare  aut  det  illi  aliud  ferramentum  î  et  recipiat  illud  fractura. 
Similiter  quocunque  modo  necesse  fuerit  reparari  ea,  a  camerario 
requirantur.  Et  unusquisque  habeat,  ad  hortum  ''  excolendum  sive 

a.  necessarie,  D.  —  b.  hostium,  B.  —  c.  pour  quod.  —  d.  ortum,  B.  — 
e.  ortos,  B.  — /.  ueglegenlia,  B.  —  g.  orlolaiium,  B.  —  h.  ascolouio,  B.  — 
i.  alii,  B;  corr.  de  li.  Guérard.  —  j.  cèpe,  B.  —  /c.  hçc,  B.  —  l.  11  laudrait 
logiquement  cunoenerit  mais  le  sujet JdniUia  étant  un  mot  collectif,  le  pluriel 
concencrint  s'explique  suffisamment  pour  que  nous  n'ayons  pas  proposé  de 
corriger  la  leçon  du  manuscrit.  —  m.  ortolani,  B.  —  n.  ferre,  B.  —  o.  a  B,  et  C. 
—  p.  faciet,  B.  —  (j.  audet  illi  allud  ferrameiitum,  B.  —  r.  ortum,  B. 

1.  Gagny,  dépendance  de  Moyencourt.  canton  de  Poix,  Somme. 

2.  Chipilly,  canton  de  Bray-sur-Somme,  arr.  de  Féronue,  Somme. 

3.  Vilie-sous-Corbie,  canton  de   Bray-sur-Somme. 

4.  Aubigny,  canton  de  Corbie,  arr.  d'Amiens,  Somme. 

5.  Cerisy-Gailly,  canton  de  Bray-sur-.Somme. 

6.  Ver  ?' 

7.  The.sy-Glimont,  canton  de  Sains,  arr.  d'Amiens,  Somme. 

8.  Sur  le  sens  de  ce  mot,  voir  B.  Guérard  {Polyptyque  de  l'abbé  Irminon, 
1"  livraison,  p.  449)  de  préférence  à  Du  Gange. 


LES    STATUTS    d'aHALHAUD  361 

ad  alias  nécessitâtes  explendas,  fussorios  «  VI,  bessos  II,  secures  II, 
dolatoriam  I  '',  aratra  «^  II  majus  et  minus,  scalprum  I,  gulbium  I, 
falcilia  II,  falcem  I,  truncos  II,  cultrum  I,  serra ^^  I,  cetera  autem 
vasa  ad  ipsum  officium  pertinentia  sicut  sunt  vanni,  banstae^  vel 
alia  quaelibet/ hujusmodi.  Quandocumque  vetera  defecerint,  dicat 
hortolanus  .7  abbati  et  ipse  det  ei  adjulorium  unde  possit  alia  ad- 
quirere.  Constiluinius  etiani  illis  dare  ad  conducendos  homines  qui 
areas  levant  in  autumno  et  plantationes  primo  tempore  facere  adjuvent, 
necnon  et  sarcolare  herbulas  ^'  in  ajstate  '"  cum  necosse  f uerit,  uni- 
cuique  fratri  horlolanoy  per  vices  panes  C  provendaricios  quos  panes 
débet  dare  frater  qui  panem  providet  fratrum;  et  non  simul,  sed /-^ 
juxta  quod  hortolanoJ  nece[s]se  fuerit.  Sic  distribuât  dispensator  illi 
ipsum  panem  donec  numerus,  si  necesse  fuerit  hortolano./,  completus 
fiât.  Detur  etiam  unicuique  hortolano  y  a  cellerario,  de  ccrvisa  mo- 
dium  I.  Eodem  modo  sicut  et  panis  datur,  id  est  non  simul,  sed  per 
partes,  quando  et  quantum  hortolano 7  necesse  fuerit,  et  ipse  eam 
requisïerit,  donec  mensura  predicta  compleatur.  Et  débet  unusquisque 
modium  I  accipere  de  legumine.  Et  unicuique  debent  dari  ab  abbate 
solidi  V  per  annum,  ad  conducendos  homines,  sicut  diximus,  qui 
conducticii  non  sunt  necessarii  quaerere  ^  aliubi  nisi  infra  monaste- 
rium.  De  cetero,  unusquisque  frater  quidquid  de  horto  "^  suo  potuerit 
adquirere  supra  servidas  quas  fratribus  facere  debent,  pleniter  absque 
aliqua  deminoralione  déférant  oportuno  tempore  abbati.  Bovem  dis- 
posu[i]mus  habere  unumquemque  suum,  quibus  sine  impedimento 
hoc  solum  excolant  quae"^  ad  hortos  o  necessaria  sunt.  Hoc  precipuc 
commonemus  hortolanos  /',  ut  lucri  facere  aliquid  turpiter,  aut  petere 
vicinos  omnimodis  déclinent. 

[Isti  9  sunt  dies  in  quibus  provendariis  nosti'is,  piopter  amorem  Dei  et 
horum  sanctorum  dierum,  excepte  provenda  sua,  si  non  arapliusvel  talis, 
consolatio  danda  est.   Idest:  inter  duos,  panis  unus  vasallorum  qui  fiunt, 

a.  pou r/ossor/os.  —  b.  t,  B.  —  c.  Du  Cauge  et  B.  Guérard  ont  rapproché  de 
ce  mot  le  t  qui  suivait  le  mot  dolatoftam  et  qu'on  doit  interpréter  par  un  I  ro- 
main. Ils  ont  donc  lu  taratra  (tarière),  ce  qui  est  inadmissible.  Le  mot  cul- 
tram  que   l'on  trouve    plus  loin  permet  d'expliquer  leur  commune  erreur.  — 

d.  sccrurn,  B.  Cette  forme  n'est  pas  signalée  dans  le  Glossaire  de  Du  Cange.  — 

e.  banste,  B.  — /.  quelibet,  B.  —  g.  ortolanus,  B.  —  h.  herbolas,  B.  —  i. 
osiate,  B.  — J.  ortolano,  B.  —  k.  set,  B.  —  /.  quçrere,  B.  —  m.  orto,  B.  — 
n.  que,  B.  —  o.  ortos,  B.  —  p.  ortolanos,  B.  —  q.  Pour  tout  le  passage  qui  suit, 
M.  B.  Guérard  écrit  :  «  Post  haec  proxime  succedit  in  Cod.  cap.  ii  lib.  I,  quod 
jam  supra,  w  11  y  a  là  une  erreur. 


362  I..    LEVII.LAIM 

ex  uiodio  I.  xxx,  et  unicuique  plenus  calix,  si  fuerit  inde,  de  vino  ;  sin 
auteai,  de  cervisa  fratruni;  et  unicuique  libra  cujuslibet  generis  pul- 
menti. 

Nativitas  Domini.  Sancto  Teophanie.  Missa  domne  Balthildis  et  ipso 
die  de  ministerio  camerarii.  Purificatio  sancte  Marie.  Die  dominica,  ini- 
tium  quadragesime.  Cena  Domini.  Sancto  Pasche.  Ascensio  Domini. 
Pentecosten.  Missa  sancti  Johannis  Baptiste;  sancti  Pétri;  saneti  Martini; 
sancti  Andrée. 

Et  isti  sunt  dies  in  quibus  eis  ab  opère  publiée,  excepte  necessitate 
preparandi  victus,  parcendum  «  est;  diesxxini. 

Nativitas  Domini.  Sancti  Stephani.  Sancti  Johannis.  Innocentura. 
Octavas  Domini.  Teophanie.  Missa  domne  Balthilde.  Puriflcatio  sanct<; 
Mariv.  Dieiunis  primo  in  quadragesimo,  ut  etiam  moniti  sintet  habeant 
locum  omnes  confessiones  suas  renovandas.  Cena  Domini.  Parasceven. 
Sabbato  sancto,  si  non  amplius  mi  feria  infra  ipsa  ebdomada.  Très  dies 
rogationes.  Ascensio  Domini.  Sancti  Johannis  Baptiste.  Sancti  Pétri  et 
Pauli.  Sancti  Mathei  vel  sancti  Marcellini  qui  uno  die  b  sunt.  Sancti 
Firmini.  Sancti  Martini.  Sancti  Andren.  Vigilia  natalis  Domini. 

IL—  De  meiris  in  festivitatibus  sanctorum.  Innativitate  Domini,  III. 
In  sancti  Stephani,  II.  In  sancti  Johannis,  II.  In  natale  Innocentum^  I. 
In  sancti  Silvestri,  I.  Octavas  c  Domini,  I.  In  Epiphania,  d  \i.  Octavas 
Epiphanie,  I.  Sanctç  Agnetis^  I.  Dedicatio  sancti  Johannis  et  Baltildis,  I. 
Puriflcatio  sanctç  Marie,  II.  Sanctç  Agathe,  I.  Sancti  Vedasti,  I.  Sancti 
Gregorii.  I.  Sancti  Benedicti,  I.  Adnuntiatio  sancte  Marie,  I.  Philippi  et 
Jacobi,  II.  Sancti  Johannis  Baptiste,  I.  Sancti  Pétri,  II.  Sancti  Pauli,  I. 
Sancti  Martini,  I.  .Sancti  Jacobi,  I.  Dedicatio  sancti  Pétri,  I.  Dedicatio 
sancti  Stephani,  I.  Sancti  Laurenti[s],  I.  Assumptio  sanctç  Mariç,  I. 
Sancti  Bartholomei,  I.  Sancti  Johannis,  I.  Nativitas  sanctç  Mariç,  I, 
Sancti  Mathei,  I.  Sancti  Mauritii,  I.  Sancti  Firmini.  I.  Sancti  Michaelis, 
I.  Sancti  Dionisii,  I.  Symonis  et  Jude,  I.  Omnium  Sanctorum,  II.  Sancti 
Quintini,  I.  Sancti  Martini,  I.  Sanctç  Ceciliç,  I.  Sancti  Andrée,  I.  Fus- 
ciani  et  Victoris,  l.  Sancti  Thome,  I.  In  Cena  Domini,  II.  In  sabbato 
sancto,  I.  In  sancto  Pascha,  III;  et  per  totam  ebdomadam,  meros  II.  In 
Ascensionem  Domini,  II.  In  Pentecosten,  III.  Post  vindemias,  I.  Dies 
Domi[niJci,  XLVIII.  Sabbatum,  similiter.  Festivitates  sanctorum,  L. 

III.  —  COMMEMORATIO  DE  REFECTIONIBUS  QUAS  CELLERARIUS  DEBET  FACERE. 

De  curtilis,  unam  ]pro]  Ililmerado^  episcopo  et  fratre  suo  Isengario  f^,  xvi 
kai.  junii.   Altéra  autem,  pridie  nonas  junii,  pro  Heirrado/'et  Gundra- 

a.ll  faudrait  peut-être  lire  :  pascendum.  —  h.  B  porte  dies.  —  <•.  octava,  S. 
—  cl.  Theophania,  S.  —  e.  Heiigario,  8.  —  t'.    Hcrirado,  S. 

1.  Év.  d'Amiens  849  —  16  déc.  874. 


LES    STATUTS    D  ADALllAKl)  363 

dane 'ï.    xiii   kalendas  maii,  anniveisaiius  Judit'.   Idus  junii,   nativitas 
Kaioli-  régis,  xii  kal.  julii,  anniversaiius  Lodowici^  imperatoris'.] 


S*  A 

IV  (Guérard).  —  De  laicis  autem.  De  laïcis  autem  qui  pro  hcnoficio 

Haec  quoque  breviter  de  his  quae  qucin  tencnt  ahbati  aut  priori  tel 
infia  ecclesiani  horis  quibus  opus  prcpositis,  intus  autforis  tel,  equi- 
Dei  celebratur  strictim  commemo-  tando  tel  aliud  scrvitium  facicndo 
ratis,  salva  ut  semper  et  antcposita  scrtiunt,  constituimus  ut  in  Natali 
diligentiore,  seu  praestantiore,  cui  Domini  et  Pascha  habeant  aut  duo 
Dominus  dedeiit,  ratione  vel  ordine,  scxtaria''  certise  aut  unuin  sexia- 
haec  non  ab  re  adjungenda  videntur.      riuin  vini,  non  hereditario  jure  scd 

pro  caritate  seu  loci  honore.  Hoc 
tamen  sit  in  voluniate  abbatis,  ra- 
tione vel  ordine,  haec  non  ab  re  ad- 
jungenda videntur. 


S  et  A 

Si  aestivum  tempus  fuerit,  peractis  his  horis  post  quas  continue  in  refec- 
torio  generaliter  eundum  est,  oportet  ut  onines  cum  silentioin  ecclesia  sub- 
sistant quousque,  audito  signe,  caute  reverentiam  Deo  dantes  exeant;  et 
cum  praefato  silentio  intrantes  et  résidentes  et  exeuntes  de  refectorio  sin- 
guli  ad  ea  quv  tune  secunduna  tempus  ratio  docuerit  vel  jussum  fuerit  ad- 
tendant.  Si  autem  hyems  c  fuerit  et  calefaciendi  f^  nécessitas  ingruerit  prout 
ei  qui  proest  visum  fuerit,  sive  ante  seu  post  peractum  officium  aliquod 
intervallum  fiât  quando  se  calefacere  possint;  sin  autem,  in  ecclesia  ex- 
pecîent  *',  ut  supra.  Haec  etiam  de  his. 

De  dormitorio.  In  hoc  omnia  apud  eos  qui  hoc  digne  intellegere  /'  volunt, 
complecti  possunt,  quod  nullo  tempore  aliquid  ibi   inhonestum  vel  inho- 

a.  Gundradoue,  S.  —  b.  Ce  chapitre  est  le  vi«  du  livre  II  dans  S.  Nous  avons 
pu  sans  incouvéuieut  le  mettre  ici  pour  conserver  à  notre  texte  la  physionomie 
du  manuscrit  A;  nous  indiquerons  par  uu  renvoi  la  place  qu'il  occupait  dans  S. 
—  C'est  à  tort  que  B.  Guérard  a  laissé  tomber,  sans  nous  en  avertir,  la  rédaction 
de  A.  —  <;.  hyeraps,  A.  —  d.  calefatiendi,  A.  —  e.  expectent,  A.  —  d.  pour 
intelUr/erc. 

1.  Judith  de  Bavière,  femme  de  Louis  le  Pieux,  mourut  à  Tours  le  19  avril 
843. 

2.  Charles  le  Chauve,  né  le  13  juin  823. 

3.  Louis  le  Pieux,  mort  le  20  j uni  840  à  lugelbeim. 

4.  M.  B.  Guérard  fait  remarquer  que  ce  chapitre  n'appartient  pas  aux  statuts. 
Cela  est  trop  évident.  Il  eût  dû  étendre  cette  remarque  aux  deux  précédents. 

5.  Sur  la  valeur  du  setier,  voy.  B.  Guérard,  op.  cit,^  p.  185, 187  ;  et  A.  Lon- 
gnou,  op.  cit.,  p.  27. 


o61  L.    LEVILLAIX 

neste  lieri  débet  et  ut  aliqua  ex  his  ad  memoriam  reducantur  per  quo  ce- 
tera his  similia  nequaquam  obliviscendo  contempnantur  ;  quando  loqui 
licet.  quia  locutio  semper  ibi  servanda  est,  sive  duo,  seu  très  otiam  plures, 
sicuti  fleri  solet  quando  de  capitule  surgunt,  conjungantur.  Quando  vero 
dorniiendi  tempus  fuerit,  sive  iii  die,  sive  in  nocte,  sicut  silentium  fun- 
ditus  in  ore,  ita  in  incessu  ut  nullus  injuiiam  patiatur,  summa  cautela  esse 
débet.  Nemo  vestimenta  sua  excutere,  nemo  incaute  ascendere  vel  des- 
cendere  de  lecto débet;  vel  cetera  his  similia,  quo  strepitu  vel  cujuslibet in- 
commodum  sonitum  reddat  incaute  agere  débet.  Sed  et  omni  tempore,  ut 
predictum  est,  omnis  ibi  cautela  servanda»  est,  vel  propter  honestatem 
vel  propter  infiruiorum  requiem,  ne  si  forte  aliquis  ibidem  nccessitate 
coactus  requiescere  obtat  '' ,  alterius  iu  piobitate  turbetur.  Quod  si 
aliquis  etiam  ad  legendum  in  lectulo  suo  resederit  nequaquam  alterum 
sibi  ibidem  ad  colloquium  conjungat.  Sed  si  necessitatem  loquendi 
diutius  habuerint,  exeant  foras  et  ibi  loquantur.  Nani  longe  alterum  c 
ab  aliero  positum  propter  sonum  nec  duos  consedentes  vel  stantes, 
propter  domus  ipsius  honestatem  vel  consuetudinem,  colloquium  ha- 
bere  nequaquam  oportet.  Haec  etiam  inter  cetera  plurima  que  in 
dormitorio  servanda  sunt  breviter  dicta  ne  quasi  pro  nichilo  a  quibus- 
libet  insipientibus  vel  ultra  quam  debent  premeutibus  contempnantur, 
non  solum  a  preposito,decano  seu  ceteris  decanis,  omni  tempore,  non  medio- 
criter,  sed  ab  ipsis  etiam  circinnatoribus,  horis  quibus  vacant  fratres  lec- 
tioni'^  observanda  et  inventa  artius  castiganda  sunt.  In  piselo^  vero, 
tempore  quando  illo  uti  necesse  est,  eadem  pêne  in  omnibus,  excepte  quod 
addormiendum  pertinet,  cautela  ethonestas  servanda  est,quç  de  dormitorio 
diximus;  et  si  forte  quedam  ad  eandem  domum  spetialiter  <"  pertinent,  ut 
est  de  pannis  infusis  qui  suspenduntur,  de  pigritantibus  et  somnelentis  et 
propter  caloris  suavitatem  minus  adtente  /'legentibus;  etsiqua  his  similia, 
ex  usu  quotidiano?  quid  exinde  faciendum  sit  nullus  ignorât,  qui  hujus- 
modi/î^  ad  previdendum  sollicitudinem  impositam  i  quantulamcumque 
portât.  Cum  vero  horç  incompétentes  transierint,  et  iamJ  colloquendi 
quam  conjungendi  tempus  licitum  advenerit,  semper  tamen  ibi,  sicut  et  in 
ceteris  omnibus  locis,  sive  pauciores  sive  plures  fuerint,  iu  loquendo  et 
agendo  saepe  ^  commemorata  honestas  servanda  est,  nequaquam  '  postpo- 
nendaaut  contempnenda. 


a.  servandum,  A.  -  b.  pour  optât.  —  c  aller,  A.  —  d,  lectionem,  A.  — 
e.  pour  speciallter.  —  /".  pour  attente.  — g.  cotidiano,  A.  — h.  le  ms.  porte  huis 
(pour  hujus)  régi.  La  correction  est  de  B.  Guérard.  —  i.  impositam,  A.  — 
j.  etiam,  A;  corr.  de  B.  Guérard.  —  k.  sepe,  A.  —  L  B.  Guérard  a  lu  nec 
unquam . 

1.  Sur  la  signification  de  ce  mot,  voir  plus  haut,  p.  342,  note  2. 


LES    STATUTS   DADALFIAUn  365 


D,  S  et  A 

V  (Guérai'd).  —  Oudinatio  refectorii  sive  coquine  fratuum'*. 
In  administrationc '^  aute ni  refectorii.  intérim  quousque  aliter,  sicut 
et  in  ceteris  habitaculis  nostris  diximus,  melius  aliquid  invenitur 
talis  fortasse  non  inconvenienter  débet  servari  ratio.  In  primir, 
cellerarius  junior  omnibus  fratribus  eminam  ''  suam  sub  equali 
mensura  anteponat.  Deinde  si  propter  aliquam  necessitatem  cujus- 
libet  temporis,  hospitum,  et  inaequalitate^^  aeris,  necesse  fuerit,  de- 
putetur  ei  talis  frater^  maturus  de  cujus  conscientia  onines  securi 
sint  ut  nuili  quicquam  debeat  nisi  legit.imam/  mensuram/  addere 
vel  subtrahere.  Si  vero  domnus  abbas  aut  prepositus  vel  decanus, 
propter  cujuslibet  infirmitatem,  die,  duobus,  tribus  vel  aliquando.'/ 
amplius,  ei  potum  mutare  preceperit,  non  tamen  ullo  modo  ipse  junior 
cellerarius  aut  ille  qui  ei  solatium  prestat  aut  alteri  dare  /*  aut  ultra 
denominatos  dies  eidem  id  ipsum  dando  protendere  présumât.  Cetera 
autem  omnia  ad  legitimam  honestatem  pertinentia  que  f-  vel  causa 
hospitum  vel  mensç7  seniorum  vel  generaliter  fratrum  omnium  ad- 
ministranda  vel  procuranda  sunt,  ad  ejusdem  curam  junioris  celle- 
rarii  pertinere  debent,  ne  aliquid  ibi  intrantes,  exeuntes  aut  commo- 
rantes,  sive,  ut  dictum  est,  supervenientes,  in  usu  vel  qualibet  minus 
digna  procurata  munditia  offendat.  Ea  autem  que^-^  specialiter  ^  ad 
cocos  pertinent,  ipsi  quidem  cum  summo  studio  eadem  providere 
debent.  Si  "^  tamen  prefatus  cellerarius  nequaquam  predictam  >^  sol- 
licitudinem  potsponere  débet,  sed  semper  caute  providere  et  admo- 
nere  ne  praefati  coci  ea  quç  ^  sibi  commissa  sunt  nullatenus  présu- 
mant quousque  ebdomada  expleta,  secundum  quod  Régula  precipit, 
vasa  ministerii  sui  munda  et  intégra  restituant. 

Senior  autem  cellerarius,  tam  interius  quam  exterius,  id  est,  vel  in 
refectorio,  vel  in  coquina,  vel  in   his  habitaculis,  quç  ed  coquinam 

a.  Ce  litre  nous  est  fourni  par  A  seul.  —  Li.  amministralione,  B.  —  c,  gemi- 
iiam,  B.  —  d.  iuequalitate,  B.  —  e.  fater,  .4.  — /.  ligitima  meusura.  B,  — 
g.  aliquaulo,  B.  —  h.  A  répète  le  mot  darc.  —  i.  que,  A.  —  j.  mense,  B.  — 
/.■.  que,  B.  —  l.  spetialiter,  A.  —  m.  sed,  A,  C.  —  n.  prefatam,  B. 

Moyen  Age,  t.  XIII.  10 


3(l(î  L.    LEVILLAIN 

pertinent,  in  omnibus"  et  pro  omnibus  soUicitudincm  gerat,  ne*  quis 
ibi  aliter  agendo  '",  loquendo  intemperanter,  vol  se  vel  ea  que  f'  agit, 
tractare  présumât  nisi  secundum  quod  religioni  nostrae^  omnino  con- 
veniat.  Nec  querendum  nec  exigendum  ab  eodem  cellerario  est,  ut 
ipse  acsi  propria  devotione/  in  9  preparandis  ,9  pulmentis  se  ingérât, 
et  prefatam  soUicitudinem  ob  hoc  in  aliquo^^  postponat,  sed  '•  potius 
secundum  regulae./  auctoritatem  aliud  solatium,  si  opus  fuerit,  re- 
quirat  ut  ipse  quidem  semper'''"  hinc  et  inde  ad  ea  que  ^  Dei  sunt  pro- 
videnda  liber  remaneat. 

IV  (d'Achery).  —  Haec  "^  non  ideo  dicimus  ut  ejus  devotioni, 
quando  absque  offendiculo  prefati'^  sollicitudinis  fieri  potest,  obsis- 
tamus,  sed  nedum  se  in  his  que  ^  ad  eum  eo  tempore  non  pertinent, 
acsi  devotius  o  inmergit  certam  sibi  inpositam  providendi  necessi- 
tatem  postponere  présumât. 

VI  (Guérard).  —  Sed  ne  cellerarius  P  dicat  nescire  se  de  qui- 
bus  et  in  quibus  prefati  ceci  admonendi  sint'y,  ut  agant  vel  non 
agant,  haeC"  inter  cetera  principaliter  observanda  sunt.  In  primis,de 
omni  re  que  ^  ad  hoc  officium  eo  tempore  non  prodest  ut  silentium  te- 
neatur.  Deinde  ut  ipsum  silentium  cum  fructu  alterius  mercedis  ab  om- 
nibus illis  ibi  servari  possit,  psalmi  ''  sine  -"  intermissione  ^  cantandi 
sunt,  et,  quamdiu  duo  ex  "  illis  adsunt,  numquam  idem  psalmi  prç- 
termittendi  ";  et  cum  contigerit  ut  aliqui  ex  ipsis  propter  quamlibet^ 
necessitatem  administrandam  longius  discesserit etob hoc  solus fortasse 
inchoatum  psalmum  cantarenon  poterit,  mox  ut  reversus  fuerit  in  loco 
in  quo  ceteros  psallentes  invenerit  ingrediatur,  et  cumeis  quamdiu  cum 
ipsis  est  cantare  studeat.  Similiter  quoque,  si  i/  aller  tertiusve  ^  dis- 
cesserit"', revertens  psallentibus  se  conjungat.  Quod  si  etiam  talis 
evenerit  causa,  sicut  nonnunquam  fieri  solet,  ut  omnes  quidem  ita  oc*^ 
cupentur  ut  nullus  memoria  *'  cantando  percurrere  liceat,  mox  [ut]  cui- 
libet  vacaverit  inlermissum  psalmum  in  loco  quo  eum  dimiserit,  repe- 


a.  inooinib,  A.  —  /*.  nç,  B.  —  c.  agenda,  A.  —  d.  omis  dans  A.  —  c.  nostre, 
B.  —  /.  devotionem,  B.  —  q.  increpandis,  A.  —  /i.  alico,  A.  —  L  set,  B.  — 
7.  régule,  B.  —  k.  super,  B.  —  L  que,  B.  —  m.  Hec,  B.  — n.  praefatae,  S.  — o. 
devotus,  A.  —  p.  cellarius,  A.  —  q.  sunt,  A.  —  /-.  psalmis,  B.  —  s.  inter  me, 
B.  —  t.  intermissione,  A.  —  u.  et,  A.  —  c.  pretermitendi,  B.  —  ce.  qualibet,  B. 
—  y.  omis  dans  B.  —  <.  tertius  de,  B.  —  a',  similiter  quoque  alter  terlius,  si  inde 
decesserit,  S.  —  b'.  nuUius  memoriam,  Ai  B.  Gorr.  de  B.  Guérard. 


LI£.S    STATUTS    l/ADALHAIin  367 

tat,  et  ceteri  «  omncs  quibus  vacat  cum  eo  pariter  iii  laude  Domini 
ora '^  permoveant.  Sed  etsi  ita  forte  evenerit,  ut  nulli  occurrat  quo 
Ipco  inchoatum  "^  psalnium  dimiserit,  ubi  vicinius  rétro  cecinisse 
memoriae''^  oceurrit,  ibi  incipiat,  et  opus  coeptume  non  neglegant/ 
quoiisque  consumraalis  omnibus  cum  quibus  .7  et  in  quibus  idem 
studium  servari  poluit;  et  tune  singuli,  prout  ratio  docet,  ad  ea  quç'* 
restant,  servato  semper,  quantum  possibile  fuerit,  silentio  S  redeant. 
Sed  ne  oui  haecy  propter  priorem  sermonem  a  mente  ceciderint,  idcirco 
breviter  repetimus  tria  esse  in  quibus  haec^  omnia  constant  ^-^^  :  id  est, 
ut  aut  a  non  ^  necessariis  lacère  aut  necessaria  dicere  aut  psalmos 
cantare.  Sed  et  hoc  nequaquam  quasi  propter  servandum  ordinem 
neglegendum '"  est.  Cum  fortasse  "•  idem  ordo  juniores  omnes,  aut 
etiam  minus  sapientes  vel  constantes,  in  coquinam  mittere  »  po- 
poscerit /'  ut,  pretermisso  eodem  loco,  aliquis?  junioribus  senior 
constans  addatur  qui  et '"  se  et  ceteros,  zelo  Dei  ductus,  custodire 
studeat;  et  transacto  servitutis  sue  tempore,  iterum  ille  qui  tune 
propter  talem  rationem  transilitus  est,  mixtus  cum  *'  senioribus  in- 
grediatur,  ac  sic  omni  tempore  omnimodis  observetur,  ut  nunquam 
tantummodo,  sive  propter  defessam  aetatem  ^  fatui,  sive  propter  ju- 
ventut»m  minus  «  perfecli,  illi  solummodo  mittantur  de  quibus  in 
nullo  ejusmodi  conservandi  justitiam^'  fiducia  habeatur.  Sed  semper, 
ut  premissum  est,  unus  aut  duo  ita  maturi  ^  ebdomadis  singulis 
mittantur,  ut  et  interius  voluntas  Dei  y  et  exterius  condigna  semper 
sobrietas  custodiatur.  A[tJ^  si  quis  dicere  voluerit  non  ita  oportere 
fieri,  sed  secundum  ordinem  quomodo  per  mensas  sedent,  ita  semper 
ordo  tenendus  est  :  nequaquam"'  ille  audiendus  est,  sed  fortiter  cur 
aliter '''  sentiat  objurgandus;  et,  si  non  ab  hac  temeritate  quieverit '■'. 
et  patienter  obocdiens  fuerit,  acrius  coerceatur  '^'  quousque  saniori 
consilio  ^  oboediat.  Haec  j  idcirco,  propter  simpliciores/'  vel,  quod 
majus  est,  ut  ita  dicam,  stultiores,  sic  aperte  et  multipliciter  dicimus, 
ne  quis  se  de  ignorantia  excuset.  Ut  autem  haec  y'  ita  servari  possint, 


a.  ceteri,  B.  —  b,  hora,  A,  B.  —  c.  inichoatum,  A.  —  d.  memoriç,  B;  me- 
moria,  S.  —  e.  ceptum.  A.  — /.  pour  negligant.  —  g.  que,  A.  —  li.  que,  B.  — 
/.  silentium,  B.  —  j.  bçe,  B.  —  /.'.  constrant,  A.  —  l.  omis  dans  B.  —  m.  pour 
negligendum.  —  n.  coinfortasse,  A;  —  coufortasse,  B.  —  o.  mitte,  B.  —  p.  po- 
poscerat,  A.  —  q.  aliquem  ex,  B.  —  r.  omis  dans  A.  —  s.  com  A.  —  t.  etatem, 
B. —  u.  manus,A.  —  c.  justiiia,  fî.  — œ.  matures,  B;  maturis,  A.  —  y.  B.  ajoute 
ici  les  mots  tu  fili  qui  n'ont  pas  de  sens.  —  s.  Ad,  A,  B.  —  a',  nequam,  B.  — 
b'.  quuraliter,  A.  —  c' .  quiesceret,  S,  quiescerit,  B.  —  cl',  cohercealus,  A.  — 
e'.  consio,  A.  — /'.  simpliores,  B.  —  g',  hrc,  B. 


3G8  L.     LliVlLLAlN 

senper  decanus  et  celleravius  per  plures  dies  antea  provideant,  quo- 
niodo  ista  disposition  nullatenus  turbetur,  neque  per  occasionem 
infirmitatis  alicujus,  neque  propler,  si  evenerit,  itineris  causam,  vel 
propter  quamlibet  novam  surgentem  necessitatem,  vel  etiam  propter 
domni  abbatis  aut  prepositi  quamcuraque  jussionem.  His  ita  propter 
perpetuam  custodiam  premissis,  illud  quoque  postponendum  non  est, 
ut  cellerarius  semper,  quando  ei  vacat,  illas  administrationes  manu 
propria  singulis  anteponat;  ne  aller  ei  iiiajus  minusve  quam  debeat, 
propter  cujuslibet  gratiam  dando,  excédât.  Et  ipse,  qui  ^  singulorum 
infirmitates  vel  nécessitâtes  scire  débet,  prout  certa  et  recta  néces- 
sitas poposcerit,  cuncta  '"  distribuât.  Si  vero  ei  non  vacaverit,  tune 
ille^^  cui  ipse  jusserit  vice  sua  hoc  faoiat  s,  cavens  semper  ne  aliquid 
vitium  ibi  oriri  incipiat,  Haec/etiam;?  de  bis^'. 

V  (d'Achery);  VII  (GuérardJ.  —  De  laïcis  autem  haec  ^  est  una 
et  definita  sententia.  Ut,  quaradiu  ibi  aut  pulmentaria  prepa- 
rautur  aut  preparata  ministrantur,  sive  quando  fratres  prius  gene- 
raliter  sive  quando  postmodum  ministri  reficiuntur ,/,  nullus  ingre- 
diatur.  Si  vero  talia  aliqua  aut  prius  preparanda  aut  postmodum 
mundanda  vel  curanda  fuerint  que^''  laïcis  deputata  sint,  fenestra 
aut  locus  aut  ostium  ^,  extra  coquinam  talis  constitutus  sit,  ubi 
fratres  vel  preparanda  suscipiant  vel  mundanda  référant  ubi  ea 
illi  vel  ponere  vel  posita  recipere  possint,  ut  tamen  nullam 
occasionem  ^,  pro  qua  coquinam  ingrediantur,  habeant '^.  De 
quibus  haec  ''  intérim  memoriae  »  occurrunt,  ut  sunt  herbç  P  cujus- 
libet generis  unde  pulmentarium  fîeri  debeat  afïerendç  <?,  mundandç  ^, 
ordinandç  «;  similiter  pisces,  quando  opus  fuerit  exinterandi,  exqua- 
mandi;  ligumina  diversi]^  generis  lavanda  vel  preparanda,  sive 
cetera  vel  his  similia  quç  tamen  omnia  extra  coquinam,  in  locis  sibi  de- 
putatis,  plenissime  et  honestissime,  quotiens  necesse  fuerit,  agere  stu- 
deant;  et  in  loco  apto  ubi  a  fratribus  congrue  suscipi  possint  studio- 
sissime  ponere  vel  cumponere  studeant  ;  et  tamen,  ut  dictum  est,  ab 
ingressu  coquinç"  predictis  temporibus  funditus  abstineant.  Ligna 
quoque  similiter  quç''  conportanda,  scindenda-»  vel  congrue  i/  prçpa- 

a.  dispotitio,  A.  —  b.  que,  B.  —  c.  omis  dans  fî  et  S.  —  d.  ei,  A,  B.  —  e. 
fatiat,  A.  — ./'.  hec,  A.  —  (j.  eliam  a,  B.  —U.  les  mots  Haec  etiam  de  his  man- 
quent dans  S.  —  i.  hec,  B.  —j.  refitiuntur,  B,  A.  —  h.  que.  B.  —  l.  hostium.  A, 
B.  —  m.  occansionen,  B.  —  n.  habeamns,  A.  —  o.  memorie,  B.  —p.  herbe,  i5. 
—  q.  adferende,  B.c.  —  r.  muudande,  B.  —  s.  ordinande,  B.  —  t.  diversis,  .4, 
B.  —  u.  coquine,  B.  —  c.  que,  B.  —  x.  sindeuda,  A.    —y.  congruç,  A. 


r.RS    STATUTS    D'AnAF-IIARn  869 

randa  sunt,  per  fenestrani,  ut  diximus,  aut  per  oportunum  introitum 
ita  habundanter  «  inmittantur'^  ut  nec  illis  introire  ad  fratres  nec 
fratresobc  hoc  ad  eos  exire  necesse  sit.  Forsitan  enim  haec  f'  alicui 
tam  niultipliciter  dicta  increscunt,  sed  nos  ^  magis  elegimus  singula, 
prout  necessaria  videntur,  singulariter  ordinando  dicerc  quam  alicui, 
acsi  nescial  quid/  facere  dobeat,  occasionem  y  excedcndi  relinquere. 
Cellerarius  autoin  haec '''  omnia,  prout  ei  vacaverit,  diebus  singulis, 
ne  quid  ibi  vitium  nascatur,  providere  studeat  quousque,  Deo  auctore, 
quicquid  ibi  rite  et  honeste  agendum  est  in  consuetudinem  veniat,  ut 
nullus  quamlibet  novitius  propter  ignorantiam  excédât.  Idcirco  aulera 
haec^'î  omnia  ad  providentiam  cellerarii  reflectinms/'  quia  ei  nullumin 
ipso  offîcio  vel  ofiicina  rebellem  aut  contradicentem  esse  volumus 
aut  permittimus.  Sed  et  si,  quod  absit,  contigerit  ut  ipse  cellerarius, 
senior  aut  ^  junior,  haec^^  et  his  similia  quae^  ad  hoc  pertinent  caute 
non  servaverit,  et  secundum^''  regulam^  admonitus  non  se  correxerit, 
ipse  quidem,  si  ad  permanendum  dignus  non  fuerit,  cura  condigna 
invectione  exeat,  ordo  vero  inconfusus  et  imperturbatus"*  permaneat. 

VIII  (Guérard).  —  De  provendarhs  «.  De  porta  autcm  monasterii, 
vel  que  ad  eam  pertinent. 

Idcirco  inter  haec  quço  superius  conplexa  sunt,  nil  inserere  volui- 
mus,  quia  quçcumque/'  ad  eam  vel  ministres  ejus  pertinent  de  deci- 
mis.  Domino  insinuante,  per  se  semotim  disponendum  judicavimus; 
unde  primo  loco  illud  commemorandum  est,  ut  de  provendariis,  qui 
ibi  servire  debent,  certa  discretio  ?  servetur,  ut  et  sufficienter '"  sint, 
et  ultra  quam  necesse  est  nuUo  modo  sint,  quia  ipsi  de  eadem 
décima  et  pascendi  et  vestiendi  sunt,  ea  mensura  que  eis  com petit, 
ita  ut  nec  penuriam  patiantur  **  nec  aliqua  superlluitate  disten- 
daniur.  Visum  est  igitur  nobis  in  decem  ^  provendariis  ad  eos 
qui  hospites  suscipere  et  eis  servire  debent  sufficere  posse;  si- 
militer  ut  ipsi  provendarii  eadem  qualitate  et  quantitate  cibi  et  potus, 
sicut  ceteri  provendarii  nostri,  sustetitentur  ",  id  est  ut  "  pensam  " 
quidem  secundum  ceterorum  consuetudinem  per  mensem  ^,  similiter 
panem  et  potum,   secundum  eorumdemi/   consuetudinem,  accipiant. 

a.  pour  abundanter.  —  b.  iumiUanter,  A.  —  c.  ah,  A. —  d.  bec,  B.  —  S  ajoute 
devant  le  moi  non.  —  e.  Ut  si  nos,  S.  —  f.  qui,  B.  —  g.  occassionem.  A.  — 
II.  refectimus,  A;  tleclimus,  B,  —  i.  au,  A.  —  j.  que  B.  —  h.  secundo,  S. 
—  l.  omis  dans  B  et  S.  —  m.  inperlubatus,  A.  —  n.  Ce  titre  manque  dans 
B  et  A.  —  o.  quç,  B.  —  p.  quçcumque,  B.  —  q.  discrecio,  B.  —  /•.  sufficient,  6; 
suftitienter,  A.  —  .s.  paciantur,  B.  —  t.  decim,  A.  —  u.  suslentur,  B,  A.  — 
c.  inpensa,  B.  —  x.  meuse,  B.  —  y.  eorundem,  B. 


MtO  L.    I.EVILLAIN 

Veslimenta  autem  et  calciamenta,  sicut  supradictum  est,  mensurate 
accipiaut,  ita  ut  nec  «  nudilate  '^  nec  aliqua  turpitudine  squaleant, 
nec  tamen  contra  ^  ultra  mensuram  suam  exigere  présumant.  Haec  c 
de  provendariis. 

BetA 

Do  pane  autem  et  cervisa  ista  erit  consideratio  '',  ut,  sicut  ipsi 
portarii  de  decimis  que  '^  eis  dantur  annonam  et  braces  de  suo  dant, 
ita  quoque  ligna/  similiter  dent,  juxta  quod  in  utroque  ad  suum  opus 
preparandi  ipsi  cum  ceteris  ministris  consideraverint  necessarium 
esse.  Undc  necesse  erit  ut  omnia  ligna,  quç  «  familia  nostra  genera- 
liter  ad  annualem  necessitatem  admonasteriumadducit,  sicut  cetera  5' 
omnia,  decimata  fiant  et  semotim  f^  ponantur  in  ipsa  tamen  clausura. 
Et  hoc  ideo,  ne  forte  cum  portariis  ligna  ad  alios  '  usus  quç  «^  ipsi  ex 
sua  J  soUicitudine  providere  debent,  deficere  ceperint,  ipsi  ad  ea  que 
supradiximus  manum  mittantetin  utraque  parte  decepti^  fiant,  sicut 
hoc  anno  factum  vidimus.  Et  ideo  ligna  que  «  ad- suscipiendos  hos- 
pites  vel  ad  ceteras  omnes  nécessitâtes  ad  totius  anni  spatium  ^  ad 
portam  necessaria  fuerint,  estivo  tempore  erga  portam  monasterii  ^'^ 
conparata  fiantetinlocis  oportunis  servanda  collocata,  utsemper  eis  qui 
nierilo  accipere  debent  in  omnihcspitio'^  sufficiant^  et  tamen  ab  omni 
fraude  tuta  permaneant.  Idcirco  autem  eadeni  ligna,  licet  carius  sit, 
circa  monasterium  comparare  diximus,  ne  vagandi  acsi  ad/'  con- 
ducendum  et  hoc  levius  conparandi  occasionem  ç  dédisse  vidercmur. 
His  ita  etiam  specialiter  '"  de  lignorum  providentia  dispositis,  tran- 
seamus  ad  cetera  *=. 

B,SetA 

IX  (Guérard).  — Videtur  igitur  nobis,  si  omnis  décima  de  omnibus 
et  in  omnibus,  sicut  ^  constitutum  est,  datur,  ut  omnino  ad  omnes 
hujusmodi  nécessitâtes  divitum  vel  pauperum  sufiicere  debeat  ;  id  est, 
vel  de  his  que"  ad  monasterium,  elemosyne  ''  causa,  ecclesiis  ^  vel  fra- 

a.  necdum  deitate.  B.  —  b.  e  contra,  B.  —  c.  hec,  B.  —  d.  consideracio,  B. 
—  e.  que,  B.  —  /.  ligni,  A.  —  g.  celerara,  B.  —  h.  semoti,  B.  -  L  alias,  B.— 
j.  [sjua,  B.  —  k.  decepta,  A.  —  /.  spacium,  B.  —  m.  monasteriis,  B.  —  n.  hos- 
picio,  B.  —o.  suffitiant,  A.— /j.  omis  dans  A.  —q.  occassionetn,  A,  occansioaem' 
B.  —  r.  spetialiter,  A.  —s.  cetçra,  A.  —  t.  si,  A.—  u.  que,  B.  —  c.  elimosinç, 
B.  —  00    ecclçsiis,  B. 


LES    STATUTS    d'aDALHARD  371 

tribus  in  diversis  corporalibus  speciebus  «  vel  mobibilus  rébus  sponte 
condonanlur '',  similiter  quicquid  in  diversis  laborationibus  quolibet 
modo  adquiritur,  vel  in  variis  pcculiumc  generibus  enutritur  vel  in 
ipsis  peculiis,  Deo  dispensante  sine  humana  providentia,  sponte  pro- 
ducitur,  ut  est  lac  et  lana;  similiter  fenum  vel  quç  in  arboribus  gratis 
nascuntur  ut  est  pastio  ^^  vel  diversi  generis  fructus,  quantum  possi- 
bilitas  admittit,  data  fuerint,  secundum  qualitatem  vel  quantitatem 
singularum  rerum,  juxta  quodtempus  permiserit,  sufficere  possint.  Et 
ut  manifestius  quod  dicimus  ^  elucescat,  primo  de  nostris  villis,  quae  / 
in  Ambianensev  \  Atrapatinse*.  seu  Belvacense  ^'^  sitç^  sunt,  pleni- 
ter  omnia,  sicut  supra  commemoratum  est,  denture  ;  deinde  ^%  si  forte 
propter  longiorem  viam,  possibilitas  adducendi  familiae  ^  non  fuerit, 
bonum  exinde  restât,  Domino  insinuante,  consilium  ut  propter  hoc 
nec  décima  remaneat  nec  uUum  in  pauperibus  generetur  peccatum; 
{Ici  se  place  dans  S  le  chapitre  VI  que  nous  aoons  reproduit  p.  302.) 

B  eiA 

idest,  ut  omnis  illa  quantitas  vel  qualitas  iaborationis,  quae'"  in 
longioribus  '^  locis  adcreverit  et  ob  hoc,  quamvis  in  spelta  ficri  possit, 
in  garbas  tamen  et  feno  impossibile  fuerit,  restât ''  tamen,  Deo  inspi- 
rante, ex  alia  parte  salubre/^  consilium,  ut  nec  familia  conteratur 
nec  décima  retrahatur.  Sed  antequam  id  ipsum  quomodo  rationa- 
biliter*?  fieri  possit  dicamus,  obsecramus  bonitatem  omnium  qui  hec 
administrarc  debent,  ne  ea  illis  aut  inpossibilia  appareant,  aut  in 
fastidium  veniant.  Si  aliquid  propter  satisfaclionem  presontium  \el 
futurorum  paulo  longius  dicendo  et  ratiocinando  ''  extendimus  dum 
premissam  est,  per  hoc  qualiler  et  secundum  [regulam]  •'  sine  ^  pec- 
cato  et  secundum  seculum  sine  aliquo  detrimento  fieri  possit  satisfacere 
querimus.  Videtur  igilur  nobis  nullum  esse  malum,  immo  propter 
rationem  "  superius  premissam,  non  modicum  es^e  bonum,  si  omnis  '' 

a.  spetiebus,  A,  Fi. —  b.  condonamur,  .A.  —  r.  peculum,  S.  —  ri.  partio.  B.  — 
e.  dilimus,  B.  —  f.  que.  B.  —  .7.  Ambiaainse,  S.  —  h.  Belvacinse,  B.  —  i.  sito,  B. 
—  j.  dantur,  c.  —  /.-.  denique,  B.  —  l.  familie,  B.  —  m.  que,  B.  —  n.  langiori- 
bus,  B.  —  o.  rectat,  B.  —  p.  salubrae,  A.  —  g.  racionabiliter,  B.  —  r.  ratioli- 
uando,  B.  —  .?.  Deum,  C.  —  t.  sene,  A.  —  u.  racionem,  B.  —  r.  illa,  A,  C. 

1.  Pagus  d'Amiens. 

2.  Pagus    d'Arras. 

3.  Pagus  de  Beauvais. 


X 


372y  L,    LEVILLAIN 

hiboralio.  quae  '^  per  nianipulos  decimari  potest,  ut  pleniter  singule  ^ 
annoiK;  '"  in  suo  génère  deciniate  fiant  et  insuper  per  veram  exac- 
tionem  f'  probata  fiant  quanli  nianipuli  niodium  ''reddant,  [decimetur]. 
Similiter  illud  omnino  observanduni  est  ut  de  singulis  campis  sin- 
gulae  ''  annone''  per  se  deciniate/  fiant,  quia,  quamvis,  sicut  omnes 
novimus  unius  gencris  sint,  non  tamen  equaliter  bonç  r/  vel  fructuose 
in  omnibus  campis  fiunt.  Et  idée  necesse  est  ut  homines,  in  villis  sin- 
izulis.  ad  hoc  agendum,  Deum  timentes  eligantur  eisque  a  raagistris 
suis  fortissimo  precipiantur  ut  nullara  hinc  aut  inde  fraudem  facere 
présumant  ut  vel  majus  vel  minus  quam  sicut  veritas  est  dicant.  Hœc 
auteni  ideo  prosecuti  sumus  ut,  cum  per  veram  rationem  /'  probatum 
fuerit  quanta  modia  de  singulis  annonis,  si  omnes  manipuli  decimati 
excutiuntur,  ad  decimam  venire  debuissent,  nuUa  remaneat  dubi- 
tatio  '  qualiter  in  alio  loco  restaurari  possint.  Similiter  de  feno  dili- 
p-enterJ  et  equaliter  considerandum  et  numerandum  est  quanta  carra 
ad  decimam  veniant  ut  ea[njdem/f  qualitatem  ^  in  alio  loco  restitui 
valeant.  Quur  ^  autem  talem  rationem  ^\  que  «  forsitan  quibusdam  su- 
perflua  videri  potest,  describendo  premisimus?  Melius  oslendimus  si 
per  villas  nominatas  "^  id  ipsum  plenius  demonstramus.  Ecce  etenim 
cuncti  ^^  novimus  quod,  de  Waliaco  '  et  Monciaco  «  %  de  Haiono  quoque 
Villare''  et  Domno  Aglino/'^  sicut  et  in  ceteris  quibusdam  locis,  non 
solum  grave  sed  etiam'i  pêne  inpossibile  est  ut  illç  ''  annonç-*^  que  f' 
in  manipules  colliguntur  aut  fenum  quod  ibidem  collectum  reconditur 
ad  monasterium  deduci  possit  sine  gravi  valde  afflictione"  familiae. 
Quod  si  ibidem  excutitur  et  tantummodo  annona  aut  venundatur  aut 
adducatur,  palea  omnis,  que  eis  similiter  in  hieme  secundum  suam 
qualitatem,  necessaria  est,  inutilis  remanet  cujus,  ut  diximus,  pro- 
fectus  pêne  '"  similiter  necessarius  esset.  Quamobrem  si  hinc  et  inde, 
vel  juxta  villarum  magnitudinem,  vel  singulorum  annorum  frugum 

a.  que,  B.  —  b.  singule,  B.  —  c  annone,  B.—  d.  exaccionem,  B.  —  e.  rao- 
dicum,  A.  — /.  décimale,  B.  —  g.  boue,  B.  —  h.  racionem,  B.  —  i.  dubi- 
tacio,  B.  — j.  répété  dans  A.  —  /..  eadem  qualitatem,  A;  eadem  qualitate,  B. 
l.  pour  cur.  —  m.  den[o]minatas,  B.  —  n.  omis  dans  B.  —  o.  Montiaco,  B. 
—  p.  Aglano,B.  —  q.  eciam,  B.  —  /■.  ille,  fî.  —  s.  annone,  B.  —  t.  que,  B.  — 
u.    adflictione,  B.  —  o.  penç,  B. 

1.  Wailly,  canton  et  arr.  d'Arras,  Pas-de-Calais. 

2.  Monchy-aux-Bois,  canton  de  Beaumetz-les-Loges,  ;irr.  d'Arras,  Pas-de- 
Calais. 

3.  Hainvillers,  canton  de  Ressous,  arr.  de  Compiègne,  Oise, 

4.  Le  Donacre,  comm.  de  Wimille,  canton  et  arr.  de  Boulogne-sur-Mer,  Pas- 
de-Calais. 


LES    STATUTS    D'AnALIlARD  373 

quantitatem,   causa   perpenditur,   fortasse   non   inconvenienter  «  de 
propinquioribus   villis  duplex  décima  dalur,  et  illa  supra  onumerata 
\el  décime  deniinoratio  '-'  vel  familiçadliclio  facillime  decliuatur.  Sed 
ne  obscurum  sit  (|uod  dicimus,  aut  ad  ''  quem  finem  dicendo  perve- 
nire  volumus,  necesse  est  ut  villas  aliquas  denorainemus  intcr  quas 
talis  conimutatio  sine  detrimento  fieri  potest.  Jungamus  ergo  W'alia- 
cum  </  et  Vernum  ut,  cum  illa  décima  data  fuerit  et  perducta  ad 
monasterium  quç  de  Verno  ^  est,  tune  veniat  ille  missus  et  brevis  qui 
illam  decimara  in  Waliaco  dinumeravit  et  faciat/  de  ipsis  manipulis 
per  diversa  gênera  7  annone  probationem^i  in  Vernis  quantum  ad 
aequalitatem  '    ejusdcm  décime  7   que  ^^    ad  Waliacum  dinumerata 
est  cum  veniat  ^  et  tune  ipsa  décima  ad  monasterium  deducta,  sive  in 
manipulis  integris  et  non  excussis  sive  in  feno  pleniter,  veniat.  Hoc 
tamen  sciendum  '"   quia  ^  nullatenus  volumus  ut   illa  familia   per 
imperium  ipsam  secundam  decimam  ad  monasterium  deducat,  sed 
ipse  portarius  sibi  carra  cum  pretio  o  conducat,  secundum  quod  tune 
tempus  fuerit,  et  ipsa  carra  locare  potuerit.  Et  haec  non  ita  dicimus  ut 
ipse  portarius  aut  illam  decimam  ad  Waliacum  examinandam  vel 
ad  istam  iterum  ad  equalitatem  ejus  estiraandam/*  perse  ipsumvadat 
et  faciat,  sed  ut  per  prepositum  et  per  actorem  villarum  taies  ministri 
Deum  timentes  et  fidem  in  omnibus  fideliter  servantes  eligantur  qui 
hoc  et  ibi  et  hic  absque  uUa  fraude  perfitiant,  et  portarius  inde  nullam 
sollicitudinem,  excepto  ad  suscipiendum  ^,  habeat.  Per  brevem  tamen 
de  singulis  locis  omni  anno  semper  omnia  suscipiat,  ut,  si  necesse 
fuerit,  cognosci  possit  utrum  ipsi  ministri  hoc  fideliter  peregissent. 
Haec'',  exempli^  causa,  de  his  duabus  villis  dicta  sufRciant  ^  ut  ad 
hanc  similitudinem  cetere  ville"  due  (^  et  duc'",  una  ^  longius  ^  et 
altéra  vicinius  posita,   conjungantur,  prout.*/    oportunius  et  aptius 
conjungi  possunt  ^,  ut  eo  modo,  sicut  supra  intimatum  est,  de  vici- 
nioribus  duplex  décima  detur  ut  et«'  eadem  sepedicta  décima  pleniter 
ad  monasterium  absque  uUo  detrimento  vel  deminoratione  '^'  perdu- 
catur  et  familia  nullatenus  affligaturC.  Id  est  :  Montiacus  <^'  et  Albi- 


a.  inconvenientur,  B.  —  b.  deminoracio,  D.  —  c.  a,  B.  —  cl.  Walliacum,  A .  — 
e.  Verna,  B-  — f-  fatiat,  A.  —  g.  geaara,  B.  —  h.  probaciouem,  B.  —  i.  equa- 
litatem. A.  —y.  décime,  B.  —  h.  que,  B.  —  /.  conveniat,  B.  —  m.  sieodum,  B. 

—  n.  qi,  B.  —  o.  precio,  B.  —  p.  aestimandaiu,  A.  —  q.  susscipieudum,  B.  — 
r.  Hec,  B.  —  s.  exempla,  B.   —  t.  suffitiaut,  A.   —  u.  ville,  B.   —  c.  due,  B. 

—  X.  una    logiu,   B.   —  y.   hut,  B.  —  s,   possint,  A.   —  a',  omis  dans  A.  — 
b' .  deminoracione,  B.  —  c'.  adfligatur,  B.  —  d.  Motiacus,  B. 


374  L.    LEVILLAIN 

niacus,  Templum  Martis'  et  Villa,  Habronaslus^  cum  Campania' 
et  Waniacus,  Fortiaca «-Villa <  cum  Walhono-Curte  et  Saliacus', 
Filcono-Villaris  "  ctTittonomontis,  Haiono-Villaris  et  Tanedas',  Dom- 
nus  Aglinus  et  Domnus  Audoinus'.  Paliortus  vero,  Alas,  Haiono ''- 
Curtis^'et*  Arvilaris  ^  ^*,  Cipiliacus,  Cirisiacus,  Galliacus'^"^',  Wa- 
doni-Curtis^\  unusquisque  tantum  decimam  suam  simplicem  solvat. 
Ideo  autem  easdem  villas  ita  diraisimus  quia  nec  tam  longe  sunt,  ut 
décimas  suas  adducere  non  possint,  aut,  si  forte  in  aliquof'  loco  e 
laboratio/noncreveritettempestas  abstulerit  et  in  ipsis  remanseritut 
aliquid  semper  supersita',  unde  hoc  restaurari  possit-  Quod  si  alius 
ordo  vel  alia  conjunctio  predictarum  villarum  melius  inveniri  potest, 
non  recusamus^i  ut  fiât,  ita  tamen  ut,  sicut  supradiximus,  predicta 
ratio  '  firmiter  permaneat  et,  quantum  esse  potest,  ipsa  duplex  décima 
in  propinquioribus  villis  fiât,  propter  gravationem  portarii,  qui  ipsa 
carra,  sicut  premissum  est,  conducere  débet.  De  pretio  j  autem  unde 
illa  carra  conduci  debent,  portarius  per  discipulum  suum  quicquid 
agendum  est  agat,  quia  turpe  est  ut  ipse  hoc  per  se  faciat^'^  quasi 
nullum  hominem  invenire  valeat  cui  merito  credere  debeat.  Spelta 
autem  [et]  '  ordeum,  qui  similiter  cum  medula  sicut  spelta  colligitur, 
de  singulis  villis  ubi  "^  nascuntur,  ex  jussione  dominica,  adducantur; 
similiter  linum,  lana,  naves  et  omnia  ligumina  quç  "^  universa,  prius- 


a.  Forciaca,  B.  —  b.  omis  dans  B.  —  c.  Galiacus,  B.  —  d.  alico,  A.  —  c.  omis 
dans  A  qui  ajoute  :  aut.  —  f.  laboratus.  A,  B,  c.  —  (j.  swmpsit,  B.  —  h.  recus- 
samus,  A.  —  L  racio,  B.  —  /.  precio,  S.  —  k.  fatiat,  A .  —  /.  omis  dans  A  ; 
aut,  B.  —  m.  ibi,  A.  —  n.  que,  B. 

1.  Talmas,  canton  de  Domart,  arr.  de  Doullens,  Somme. 

2.  Havernas,  canton  de  Domart. 

3.  Campagne,  dépendance  de  Quesnoy-le-Montaut,  canton  de  Moyenneville, 
Somme. 

4.  Forceville,  canton  d'Acheux,  arr.  de  Doullens,  Somme. 

5.  Sailly-aux-Bois,  canton  de  Pa«,  arr.  d'Arras,  Pas-de-Calais  :  ou.  de  préfé- 
rence, .Sailly-le-Sec,  canton  de  Bray,  arr.  de  Péronne,  Somme. 

6.  Fienvillers  {i]  canion  de  Bernaville,  Somme. 

7.  Thennes,  canton  de  Moreuil. 

8.  Demuin,  canion  de  Moreuil. 

9.  Hénencourt,  canton  de  Corbie,  arr.  d'Amiens,  Somme. 

10.  Arvillers,  canton  de  Moreuil. 

11.  Gailly,  hameau  dépendant  de  Cerisy-Gailly. 

12.  Vadencourl,  canton  de  Villers-Bocage,  arr.  d'Amiens,  Somme. 


LES    STATUTS    D  ADALIIARD 


375 


quam  inde  sementia  «  separetur  ^,  decimanda  sunt  ut  nihil  in 
singulis  locis  non  decimatum  remaneat.  De  hortis  «  vero  juxta  ''^  quod 
consuetudo  in  singulis  locis  f  laborandum  est,  sicut  sunt  porri,  asca- 
loniç/,  algi,  vel  cçtera.7  his  similia  quç'*  rationabiliter ^  venundari 
possunt,  venundetur7  aut  contra  denarios  aut  contra  annonam^»'  et 
ad  portarium  deferatur.  De  fructuquoque,  ubi  et  unde  rationabiliter  '■ 
fieri  potest,  similiter  fiât,  vel  si  quç  aliœ  ^  quocunque  'n  minute  " 
laborationes  ^  fiunt  similiter  ex  eis  faciendum  est. 


Tecia  vero  et  cooportura  iectorum,  ubi  annonç  recojiduntur,  ad 
prepoaiium  pertineat  qui  disponat  qualiter  congrue  haec  fieri  possint; 
nobis  quoque  videtur,  quod  aptissime  ex  Verno  et  Saliaco  et  Cirisiaco 
et  Galiaco  fieri  possit  nisi  melius  aliter  invenerit. 

B  et  A 

X  (Guérard).  —  Haec  intérim  de  his  satis  dicta  sunt/'.  Nunc  de 
omni  poculio  et  nutrimento  videndum  est.  Sed  antequara  aliquid  inde 
specialiter  7  de  singulis  pecudibus  discernatur,  hoc  generaliter  de 
omnibus  servari  volumus  ut  quanto''  decadç  «  de  omni  nutrimento 
quadrupedum  fuerint  ^  decimus  detur.  Si  vero  ultra  decadas  novem 
remanserint,  nonus  detur.  Similiter  si  octo,  octavus  ;  si  septem, 
septimus;  atque  ita  usque  ad  unum.  Et  si  amplius  ultra  decadas  quam 
unus  non  fuerit,  ipse  unus  detur.  In  qua  decimatione,  illud  pre- 
ceptum  domini  diligenter  servandum  est  ut  non  eligatur]  nec  mu- 
tetur  u  alter  pro  altero,  id  est,  nec  bono  inferius,  nec  inferiore  melius, 
sed  quale;  unum  post  unum  per  foramenf'  cujuslibet  clausure  trans- 
euntes  decimum  occurrerit,  illud  detur.  Si  vero  decim  non  fuerint, 
detur  nonum,  vel  octavum  vel  ipsum  unum,  si  amplius  non  fuerit, 
sicut  supradictum  est. 


a.  semencia,  B.  —  h.  separet,  B.  —  c.  ortis,  A,  B.  —  d.  dans  le  seus  de  si- 
militer. —  e.  6  répète  non  decimatum  remaneat  qu'il  a  pris  dans  la  phrase 
précédente,  à  tort  certainement.  —  /.  ascolonie,  B.  —  g.  cetera,  B.  —  h.  que 
B.  —  t.  racionabiliter,  B.  — j.  venundeutur,  A,  B,C.  —  k.  annona,  A,  B. —  l. 
alie,  B.  —  m.  quecunque,  B.  —  n.  minuta,  A.  —  o.  laboraciones,  B.  — p. 
sint,  B.  —q.  spetialiter,  A.  —  /•.  quante,  B.  —  s.  décade,  B.  —t.  fierint,A,  C.  — 
u.  mutatur,    B.  —    c.   perforamus,    B. 


376  L.    LEVILLAIN 

Primo  autem  de  jumentis.  Mox  ut  omnes«-  ejusdem  anni  puUetri 
nati  fueriïit,  decimandi  sunt;  et  ita  a  pastore  gregis  usque  dum 
annuni  habeant,  sicui  ceteri  ^  diligenter  servandi,  Siiniliter  si  por- 
tarius  voluerit  usque  dum  duos  annos  liabcant  f^,  custodiendi  sunt.  Si 
vero  prius  eos  portarius  toUere  voluerit,  in  ejus  potestate  sit.  Ultra 
tamen  duos  annos  eos  ibi  non  dimittat,  sed,  aut  venundando  aut  quo- 
libet modo  commutando,  in  obsequium  prefate  porte  convertere  studeat. 
Idcirco  aulem  eos  non  multo  postquam  nati  f uerint  decimari  volumus 
ut,  si  forte  aliquis  ex  eis  per  humanam  neglegentiam^''  perierit,  sciât 
ille  per  cujus  neglectum  evenerit,  quia  portario  hoc  componere^  et 
non  actori  vel  majori  débet.  Similiter  autem  in  decimando  vel  per 
biennium  in  nutriendo  vel  conservando,  de  vitulis  omnibus  agendum 
est.  Lactis  vero  fructus  ad  monasterium  decimandus  est.  De  agnis 
quoque  decimandis/  vel  usque  biennium  nutriendis,  similis  per 
omnia  forma  serveturr/.  Lana  vero  illorum  tota  portario  reddatur. 
Reliqua  autem  lana  in  ipsa  tonsura  ovium,  sive  majorum  sive  mi- 
norum,  seu  agnorum,  absque  ulla  electione^^  bonitatis  vel  coloris  vel 
magnitudinis,  mox  per  ipsa  vellera  decimetur  ei  portario  ad  monas- 
terium '  deferatur.  Lac  autem,  ut  supra  de  vaccis  diximus,  ad  mo- 
nasterium decimetur.  De[haedulis]y  quoque  decimandis  et  nutriendis, 
similis  ratio,  sicut  de  agnis  diximus,  per  omnia  servetur;  et  si  lac 
caprarum  ad  monasterium  defertur  ibi  decimetur.  Sin  autem,  in  ipsa 
villa  ubicumque  câpre  f  uerint  actor  et  major  provideantutomnino  per 
caseos  juste  decimatum  fiât,  et  quicquid  inde  decimum  adcreverit 
simile  ''s  mensibus  ad  portam  delatum  fiât.  Nec  ^  ultra  servatum 
inutile  proveniat. 

De  porcis  autem,  quia  '"  difïicilis  ratio  "  est,  propter  necessaria  et 
incerta  tempora  illorum  generandi  et  pariendi,  ut  ita  ordinari  possint 
sicut  de  ceteris  pecudibus  supra  ordinatum  est;  ideo  bonum  nobis 
visum  est  ut,  in  hac  ordinatione  o,  magis  P  ad  necessitatem  totius 
anni  considerandam  animum  convertamus,  et  prout  estimamus  sufïî- 
cere  posse  numerum  certum,  statuamus  quantum  annis  singulis  de 
porcis  non  minus  quam  bene  mediocritcr  crassis  ad  portam  dentur, 

a.  omnis,  B.  —  b.  et  celere,  A.  —  c.  abeant,  B.  —  d.  neglegenciara,  B.  — 
e.  conpouere.  B.  — /.  de  decimaudis,  A.  —  g.  servet,  B.  —  h.  eleccione,  B.  — 
i.  monasterio,  A,  B.  —  j.  edibus,  A;  hçdibus,  B.  Nous  avons  préféré  le  dimi- 
nutif hœduLus  à  hœdus,  parce  que  hœdulis  a  pu  être  lu  par  un  scribe  ignorant 
/uf'(HI/Uf>.  B.  Guérard  a  imprimé  hwdibus.  —  k.  similis,  A,  B.  —  l.  ne,  B.  — 
m.  qi,  B.  --  n.  racio,  B.  —  o.  ordinacione,  B,  —  p.  magnis,  A. 


LES    STATUTS    D'ADALIIAIîn  377 

sive  sit  paslio,  sive  non  sit.  Quod  si  pastio  abundantcr  fuerit  et 
porci  pleniter  incrassali,  pleniter  ctiam  ad  portara  incrassati  donentur. 
Quia  igitur,  sicut  omnibus  notura  est,  quinquaginta  etdue  cbdomades 
in  anno  sunt,  videiur  "  nobis  quantum  ad  hanc  rationem  '^  pertinet 
duo  poi'cos'"  per  septimanas  singulas  sufficere  posse,  exceptis  his 
quos  ipse  sibi  portarius  nutrire  voluerit. 

De  porcellis  autera,  qui"  annonam,  Deo  auctore,  pleniter  habebit, 
ipse  sibi  provideat  et  prcvideat  ut  juxta  quod  esse  potest  de  suo  nutri- 
mento  unde  hospitibus  hujusmodi  honorandis  sufficienterc  habeat. 

De  agnis  auteni,  dum  tempus  illoruni  fuerit,  in  sua  potestate  erit 
quantum  de  /"  décima  sua  sumere  voluerit. 

De  arielibus  vero,  dum  similiter  tempus  illorum  utendi  fuerit,  ipse 
de  decem  .7  berbicariciis  /',  unde  fratribus  estivo  tempore  caseum 
procuratur,  quantum  voluerit  suraat.  Quia  de  ipsis,  sicut  de  ceteris 
omnibus,  decimus  agnus  ipsius  est;  et  cum  de  ceteris  gregibus  ipsi 
dccimi  agni  absquc  matribus  sine  dctrimento  vivere  possunt,  in  ipsius 
potestate  sunt,  si  aliquos  ex  eis  ante  biennium  illorum  tollere  voluerit 
ut  eos  infra  decim  prefatos  grèges  qui  ad  monasterium  deserviunt 
mittere  voluerit  ut  eos  ad  manura  habeat,  et  quando  vel  quantum 
voluerit  tollat.  Intérim  vero  quousque  prefati  agni  qui  hoc  anno 
decimandi  sunt,  bimi  vel  trirai  facti  fuerint,  ipse  de  decim  supradictis 
gregibus,  secundum  quod  inter  se  et  magistrum  gregum  convenerit  S 
tollat,  ita  tamen  ut  nec  ultra  mensuram  desolentur  grèges  nec  neccs- 
sitatem  nec  indigentiam  contra  rationem  patiantur  hospites. 

De  décima  j  autem  agnorum  de  cunctis  gregibus,  ideo  illos  in 
illos  decim  grèges  mittere  diximus,  qui  estivo  tempore  ad  monaste- 
rium de  caseo  serviunt -''',  ut  ibi  semper  ad  manum  sufRcienter  habeat 
unde  hospitibus  abundanter  ^  ministrare  possit,  et  non  sit  nécessitas 
propter  longitudinem  villarum,  aut  portarium  autpastorem  autquem- 
cumque  hominem  pro  hoc  sepius  fatigari.  Ipsa  autem  adductio  agno- 
rum non  ad  portarium  sed  ad  majorem  pertinere  débet,  ut  ipse,  cum 
portarius  jusserit,  eos  ad  prefatos  grèges  adducere  faciat'".  Si  autem 
cum  ad  bennium  vel  triennium  venerint,  ipsi  predicti  decimati  agni 
plus  creverint   quam  ipsi   decim  grèges  aut"'  pastores    sustentare, 

a.   videmur,  C.  —    b.  racioiiem,   B.    —  c.    porci,   A,   B,  C.    —    d.   quia,  A. 

—  e.   sufficieut,  B.  — f.   omis  dans  B.  —  g.  decim,  B.   —  h.  bervicariciis,  £«'. 

—  i.  B  oïïre  uue  rédaciioa  diSérenle  :  secundum  quod  port  (lisez  :  portario) 
et  maistro  gregum  convenerit.  — j.  decim,  A.  —  k.  deserviunt,  B.  —  L,  liabun- 
dauter,  B.  —  m.  fatiat,  A.  —  n.  ad,  A. 


378  L.    LEVILLAIN 

possint.  consideret  portarias  cura  magistro  «  grcguin  quid  exinde 
fat.iat,  aut  venundando  aut  occidendo  et  suspendcndo  aut  ccrte  porcos 
comnjutando,  unde  iterum  co  tempore  quando  berbices  non  prosnnt 
friskingas  habere  possit,  sicut  de  ceteris  friskingis  supradictum  est. 
Vel  si  annonam  tantum  non  habuerit  unde  eos  per  totum  hiemem 
pascere  possit,  partira  ex  eis  occidat  et  suspendat,  partira  ut  seraper 
aliquid  de  friskingas  habere  possit,  Aavos  reservet.  Ita  faciat^  quali- 
ter  omnia  quçf  vel  ad  necessitateni  vel  honestatem  prefate  porte^  et 
monasterii  in  susceptione  hospitum  providenda  vel  previdenda  sunt, 
tempore  congruo  procurentur  f'  ut  semper  tempore  congruo  habean- 
lur/.  Et  quamvis  forsitan  aliquibus  haec,'/  superflua  videantur,  nos 
tamen  magis  elegimus  minus  intellegentium/'  verba  patienter  ferre 
atque  per  hoc  quod  scribimus  ^  omnes  occasiones;  non  necessarias 
auferre,  quam  portarium  in  aliquam  non  necessariam  et  incongruam 
religioni  nostrae  ^'  occasionem  ^  incurrere.  Et  ideo  prefatum  magis- 
trura  decem'"  gregum  eidem  portario  in  hac  parte  conjungimus  ut 
omnem  utilitatem,  que  "  congrue  de  ipsis  decimis  ordinare  possunt, 
cum  communi  consensu,  disponant  atque  »,  una  cum  discipulis  laicis 
ejusdem  portarii,  cuncta  perficiant,  ut  non  sit  nécessitas  prefatum  por- 
tarium vel  quemcumque  monachorum  pro  hac  re  extra  monasteriuui 
hue  illucque  discurrere,  sed,  secundum  prefatas  rationes/J,  universa 
ordinare  et  ordinale  recipere  et  Ipsum  tamen  ab  hoc  exteriore  tu- 
multu  in  monasterio  quietum  residere. 

XI  (Guérard).  —  Hic  est  numerus  et  haec?  est  divisio  porcorum 
qui  occiduntur  in  anno  ad  celiarium  nostrum.  Numerus  ut  minus  si 
uUatenus  habentur  quam  DC  non'"  occidantur  '';  divisio  in  quattuor 
partes  erit.  In  primis  ad  portam  dentur  LX  cum  «  omni  «  integri- 
tate,  excepto  sungias;  ad  cellarii  dispensationem  ^  CCCLXX;  ad 
provendariorum  opus  qui  pensas  accipiunt  CXX;  L  vero  qui  super- 
fuerint  ad  quod  abbas  voluerit  reserventur.  De  tribus  autem  partibus 
quç  cellarario  ^  rémanent  talis  erit  dispensatio  ;  de  CCCLXX,  inde 
débet  cellararius  "  omnia  providere,  quantum  ad  carnem  pertinet  f', 
infirmis,  vasallis  et  cetera-^,  ut  diximus,  omnia,  excepto  ad  portam  et 

a.  maistro,  B.  —  b.  fatiat,  A.  —  c.  que,  B.  —  r/.  porte,  B.  —  e.  procurrentur, 
A.  —  /.  habeant,  A.  —  7.  hec,  B.  —  h.  pour  intellù/entium.  —  i.  sribimur,  B. 
—  j.  ocoansioues,  B.  —  k.  nostrç,  B.  —  L.  occassionem,  A;  occansionem,  B.  — 
m.  decim,  B,  —  n.  que  B.  —  0.  utque,  C.  —  /i.  raciones,  B.  —  q.  hec,  .1.  — 
r.  omis  dans  A  ,C.  —  s.  cummuni,  A.  —  t.  dinspensationem,  B.  —  u.  cellerario, 
cellerariuSi  A.  —  c.  omis  dans  A.  —  £g.  ci;tera,  B. 


LES    STATITS    nADAI.IIARn  379 

ad  illos  provendarios  qui  pensas  «  accipiunt.  Ideo  autora  CCCLXX 
ad  hoc  dcputati  sunt,  ut  per  singulos  dies  in  anno  qui  sunt  CCCLXV 
singulos  baccones  cum  minutia  eorum  habeat;  et  insuper  quinque 
ut  CCCLXX  compleantur  addere  fecimus,  quia  magis  volumus  ut 
remaneat  quam  deficiat.  Sed  et  ipsi  CCCLXX  taliter  volumus  ut  dis- 
pensentur.  Quando  primitus  suspensi  fiunt,  separentur  sempcr  XXX 
baccones  cuni  ^  plena  minutia  eorum,  ita  ut  per  duodecim^  menses 
semper  unusqwisque  mensis  XXX  habeat  cum  minutia  eorum  semotim 
suspensa;  et,  si  esse  potest,  volumus  ut  semper  per  singulos  menses 
cum  illis  XXX  baccones  d  cum  minutia  eorum  liberet  et  secundum 
quod  illi  homines  fuerint  quibus  dare  débet  aut  lardum  aut  carnem 
ita  provideat  ut  eis  congrue  donare  studeat.  Si  autem  ei  lardus  de- 
fecerit,  toUat  de  illis  L  porcis  quos  ad  opus  nostrum  servari  '^  jus- 
simus  et  impleat  illum  mensem  /. 

B 

Similiter  si  ei  minutia  defecerit,  tollat  ex  ipsa  per  numerum  et 
impleat  ipsum  mensem. 

D  Qi  A 

Observet  autem  ne  ad  illam  aliara  carnem  vel  lardum  transeat  qui 
ad  sequentem  mensem  deputatus  est  ante  kalendas  mensis  sequcntis. 
Si  autem  ei  lardus  vel  minutia  remanserit  de  illo  primo  mense,  dimit- 
tatfl'  eam  in  ipso  loco  esse  et  ad  illas  alias /«  kalendas  incipiat  de  illo 
alio  mense,  et,  sicut  supradiximus,  liberet  ipsum  mensem;  et  si,  ei 
defecerit,  répétât  iterum  quod  ei  necesse  fueritaut  lardum  aut  carnem 
aut  ^  [etiam]  J  utrumque  de  illo  mense  anteriore  quod  remansit. 
Quod  si  etiam  ibi  satis  non  habuerit,  recurrat  iterum  ad  illos  L  qu[i]  '^ 
separatim  positi  sunt  ad  opus  abbatis.  Expleto  autem  secundo  mense  ^ 
si  viderif^  inter  duos  menses  qui  rétro  sunt  hoc  sibi  remansissc 
aut  de  lardo  aut  de  carne  aut  de  utroque  unde  tertium  mensem  libe- 

a.  dispensas,  A,  C.  —  b.  com,  A.  —  c.  XI,  B.  —  cl.  baccouibus,  B.  La  variante 
provient  de  ce  que  le  copiste  de  /3  a  pris  ciiin  pour  une  préposition,  alors  que 
c'est  le  conjonciif.  ce  qui  prouve  évidemment  qu'il  copiait  sans  comprendre. 
B.  Guérard  l'a  reproduite.  —  e.  servare,  B.  —  /.  mensen,  A.  —  (j.  demitlal, 
B.  —  //.  alios,  B.  —  i.  autem,  B^  A.  —  j.  Nous  avons  restitué  ce  mot  parce 
que  les  mss.  portent  autem  pour  aut.  —  />,■.  que,  A,  fl,  C.  —  l.  meuse,  B.  -^ 
m.  videris,  A. 


38Ô  L.    LEVILLAIN 

rare  possit,  accipiat  et  faciat.  Si  autcm  aliquid   defuerit  ei,  addat  de 
illo  tertio  mense,  qui  tune  est,  quantum  necesse  fuerit,  et  quod  de 
tertio  remanet  servet  adquartuni;   de  quarto  ad  quintura,   atque  ita 
inantea  semperper  singulos  menses  faciat:  hoc  omnino  observans,  ut 
numquam  de  future  mense  in  preteritum  sed  de"  preterito  si  ei  rema- 
net accipiat  in  futurura.    Nec  volumus   ut  illam  carnem  aut  illum 
lardum  qui  ei   remanet,  per  singulos  menses  de  loco  ad  locum  eat 
pendendo,  sed    ut  in  suo  loco  ubi^  fuit  tamdiu  pendere  permitiat, 
donec  illam  in  secundo  aut  in  tertio  mense  future,  sicut  supradictum 
est,  expendat.  Nec  volumus  ut  ipse«ellararius  hocquaerat<^  ut  equa- 
liter  (l^  per  singulos  menses  aut  minutia  cum  lardo  aut  lardus  cum 
minutia  currat.  Sed  lardus  secundum  suam  et  minutia  secundum 
suam  rationem  currat,   quia  hoc  aliter  bene  esse  non  potest.  Scimus 
enim  quod  lardum  et  minutiam  unius  anni  non  débet  equaliter  '^  vel 
simul  ad  dispensandum  incipcre  qui  illam  débet  providere,  quia  mi- 
nutia, statim  cum  facta  fuerit, ad  dispensandum  bona  est,  et  quantum 
plus  servatur  semper  deterior  habetur.  Lardus  vero  nec  statim  cum 
factus  fuerit  bene  coctus,  nec  ante  Pascha  bene  comedi  potest  cru- 
dus  ;  et  ideo  etiam  exinde  talis  volumus  ut  sit  ratio,  utille  cellararius 
qui  intrat  kal.  januarii  sic  incipiat   illam  novam  carnem  dispensare 
per  illos  UU°^  menses  et  tamen  illum  novum  lardum  non  tangat  ante 
kal.  maii  sed  habeat  reservatum  ab  anno  priore  de  veteri  ^  lardo, 
unde  illos  1111°^  menses,  sicut  supradictum  est,  secundum  uniuscu- 
jusque  mensis  rationem  dispensare  possit  usque  kal.  maii.  A   kal. 
autem  maii    per    illos    VIII   menses    usque    iterum  kal.  januarii, 
utrumque/'  simul  et   carnem  et  lardum  novum  dispense!,  et  ita  fiât 
ut  semper  minutia  de  kal.  in  kal.  januarii,  lardus   vero  de  kal.    in 
kal.  maii  currat.  Nec  volumus  ut  ille  lardus  vel  illa  minutia  que  de 
illis  porcis  fit,  qui  de  molinis  veniunt,  nec   illa   minutia  quç  de  illis 
porcisfit  unde  alabum  fit,  in  isto  numéro  ponantur;  similiter  nec  illa, 
si   secundum  consuetudinem,  quando  porci  de  pastione  boni  sunt, 
minutia  supercrescere  solet  super  illum    numerum  qui  de  singulis 
porcis   redditur.  Haecû'  autem  omnia  ideo  separatim  superesse  vo- 
lumus, si  forte  necesse  fuerit,  ut  cellararius  /^  habeat  unde  cum  omni 
plenitudine  ministrare   quibuscumque   débet  possit,    et  tamen  ipsa 
administratio  in  omnibus  locis  semper  cum  ratione  sit,  ut,  cum  tem- 

a.  omis  dans  B.—b.C  ajoute  sui.    —  c.  querat,  B.    —    d.  equaliter,  B.  — 
—  t'.  vçteri,  B.  —  f.  utrumque  que,  A.  —  g.  Hec,  B.  —  h.  pour  cellerariug. 


LES    STATUTS    DAnALHARD  381 

pus  miitationisa  fuerit  ^,  pleniter  de  singulis  rationein  dediicere 
possit,  quantum  vel '^  qualiter  in''  preterito'^  expeudit  vel  quantum 
ex  veteri  ad  futurum  annum  rcservatum  habet  <?. 


Excepta  novo  quod  tune  vel  in  carne  vel  in  larda  susceptum  habet. 

BeiA 

Et  illud  omnino  volumus,  sicut  supradiximus.  Observet  ne  f  iHo 
numerus  qui  sequenti  cellarario  reddi  débet  aut  de  veteri  aut  de  novo 
Inrdo  vel  carne  ullatenus  confusus  sit,  sed  quicquid  inde  fuerit  et  per 
ordinem  per  brevem  dicatur,  et  per  ordinem  ubi  et  ubi  sit  demons- 
tretur. 

XII  (Guérard).  —  Scdr/  autem'''  de  ipsa  carne  in  quocunque  loco 
dispensanda  est  etiam  aliqua  ratio  quam  volumus,  ut  minisîeriales 
nostri  intendant  atque  studiose  intellegant.  Si  enim  computamus 
illos  XL  dies  in  quadragesima  quando  nemo  carnem  manducat  S  et 
insuper  illas  sextas  ferias  que  extra  quadragesimam  XLVI  quando 
etiam  vix  ullus  carnem  manducat,  invenimus./  dies  LXXXVI.  Est 
etiam  consuetudo  multishominibus  ante  natalem  Domini,  et  vix  ullus 
est  perfecte  aetatis  ^^  qui  non  aliquantam  a  carne  abstinentiam  faciat. 
Haec  l  idcirco  ad  memoriam  reducere  "^  voluimus  rt  quia,  si  eve- 
nerit  aliqua  nécessitas  aut  ad  iter  aut  ado  opéra  aut  ad  aliam  quam- 
libet  necessitatem,  ut  integri  baccones  P  aut  minutia  detur,  aut  ut  cel- 
lararius  O*  ad'"  amplius  dispensandum  quam  supra  ordinavimus 
aliqua  necessitate  constringatur,  non  tamen  necesse  esse[t]  -^  aliqua  si 
non  nimis  datur  ut  ratio  quam  supra  ordinavimus  destruatur.  Quod 
si  talis  nécessitas  aut  parva  aut  nuUa  evenerit,  multo  minus  ut  des- 
truatur necesse  erit,  sed  magis  ad  fructum  futurum  crescere  po- 
terit.  Hoc  iterum  atque  iterum  monemus  ut  quicquid  exinde  qui- 
cumque  débet    facere  quantum  potest,  et  Deo  placite '^  et  hominibus 

a.  mutacionis,  B.  —  b.  veuerit,  B.  —  c.  et  S.  —  d.  omis  daus  A.  —  e.  ha- 
betur,  A.  — /.  nec,  A,  B.  —  g.  Est,  A,  B,  c.  —  Ii.  aut,  A.  —  i.  omis  dans  A. 

—  j.  iuveniemus,  A.  —  /e.  çtatis,  B.  —  l.  Hçc,  B.  —  m.  redure,  A.  —  n.  volu- 
mus, A.  —  0.  omis  dans  A.  —  p.  bacories,  B.  —  q.  pour  cellerarius.  —  /•.  id,  B. 

—  .s.  les  mss.  et  c  portent  esse,  ce  qui  nous  a  conduit  à  adopter  la  correction 
esset.  Erit  vaudrait  peut-être  mieux.  —  t.  placitç,  B. 

Moyen  Age,  t.  XIII.  20 


382  L.    LEVILLAIN 

grate«  studeat  agere.  Et  semper  ex  singulis  divisionibus  singulas 
noverit  rationes  deducere. 

De  secunda '^  au  te  m  <^  parte  ubi  CXX  sunt  ad  opus  provenda- 
riorum'^'  qui  illas  pensas  accipiunt  débet  per  singulos  menses  X  bac- 
conos  accipere  ad  decem  pensas  faciendum.  De  singulis  bacconibus 
singulas  pensas  facere,  et  si  illi  baccones  singuli  singulas  pensas  non 
faciunt  postea  ei  dicturi  sumus  unde  illas  compleat.  Si  autem  aliquis 
plus  habet,  toUat  et  mittat  ad  illum  qui  non  habet;  sic  faciat  per  sin- 
gulos menses  ita  ut  numerum  suum  numquam  perdat.  Quem  tamen 
lardum  secundum  superiorera  rationem  a  kal.  maii  incipere  débet,  et 
ita  per  singulos  menses  X  et  X  dare  qualiter  post  illam  mutationem  ^ 
remaneat  sequenti  cellarario  unde  ille  iterum  usque  ad  kal.  maii 
habere  possit.  Illam  minutiam  vero/  de  ipsis  CXX  porcis  salvam 
faciat  doncc  ei  ab  abbate  aut  preposito  vel  decano  precipiatur  quid 
exinde  faciat.  Quodr/  si  forte  talis  fuerit  causa,  ut  ei  minutia^' 
sua  et  insuper  de  illis  L  porcis  defecerit,  dicat  hoc  magistris  suis  et 
quantum  necesse  fuerit  accipiat  exinde  per  numerum.  Idcircovero 
istam  minutiam,  nisi  necessitate  cogente,  nullo  loco  deputamus  quia, 
si  nobis,  Domino  donante,  aliquid  superfuerit,  magis  istam  ^  dispen- 
sationem  de  veteri  /  lardo  aut  de  veteri  minutia  facere  speramus 
quam  de  novo. 

De  tertia  parte  ubi  L  sunt,  si  ad  aliquem  mensem,  secundum  quod 
supradictum  est,  necesse  fuerit,  accipiat  i\  Sin  autem,  cum  omni 
integritate,  ad  ^  abbatis  arbitrium  serventur. 

Prima  autem  portio  "^  que  ad  portam  esse  débet.  Omnes  quidem 
LX  infraipsumlardarium  suspendantur.  Et  secundum  illam  rationem 
quomodo  cellararius  facit  de  mense  in  mensem  per  XXX  et  XXX, 
ita  portarius  per  singulas  septimanas  faciat  "  per  unum  et  unum  ;  et, 
sicut  cellararius  non  im pendit '^  quod/^  roraanet?  de  loco  in  locum, 
ita  nec  portarius  faciat,  sed  quod  necesse  fuerit  ad  portam  portet  et 
quod  remaneat  ^  ibi  dimittat.  Ideo  autem  VIII  porcos  supra  nu- 
merum septimanarumanni  quç  sunt  LU  addere  fecimus,  ut  si  necesse 
fuerit,  inde  accipiat  et  illas  futuras  septimanas  non  tangat. 


a.  gratp,   B,    —  b.  secundo,  B.    —    c.  aut,  A,  B.  —    d.  prowandariorum.  B. 

—  e.  mutacionem,  B.  — ,/'.  voro,  A.  —g.  Quo,  A.  —  h.  minua,  A.  —  i.  islis,  B. 

—  j.  vçteri.  —  /.'.  accipiatur,  B.  —  L  aut,  A.  —  m.  porcio,  B.  —  n.  fatiat,  A.  — 
o.  pendit,  A.  ~  /).  omis  dans  A.  —  g.  omis  dans  A.  —  r.  remanct,   B. 


LES   STATUTS    DADALHARD  383 


De  molendinis,  que  habet  Lupus  in  suo  ministerio,  possunt  omnibus 
annis  cenire  inpinguati  porci  XLI.  Freskingias  ad  domum  injir- 
morum  damus  a  missa  sancti  Johannis  Babtiste  usque  ad  missam 
sancti  Martini. 

Ba  QiA 

XIII  (Guérard).  —  Haec  ita  de  berbicibus  dicta.  Non  idem  de  pul- 
letris  ^,  de  vitulis  et  de  c  haedulis^^  ordo  servandus  est.  Sed  lantura- 
raodo,  si  non  ante,  post  biennium  portarius  eos  non  servando,  sed,  ut 
dictum  est,  venundando  vel  comrautando  ad  utilitatem  e  hospitalis, 
prout  ratio  docuerit  et  melius  potuerit,  eos  convertere  studeat.  Aucas 
autem  et  pulli  quç/  in  tuninis  dominicis  nutriti  fuerintr?,  semper 
deciiiius  portario^*  reddatur.  De  ceteris  ^  pullis  quos  familia  solvit  y, 
si  ad  raonasterium  deducuntur,  decimus  ibidem  portario  detur;  si 
autem  pretio  redimuntur,  de  ipso  pretio  decimum  eidem  reddatur. 
Similiter,  quantum  esse  potest,  de  ovis  fiât,  sive  ad  monasterium 
deducantur,  sive  in  villis  redimantur.  Precamur  autem  ut  nemo  haec  ^ 
aut  superflua  aut  non  necessaria  ad  ^  conservandum  judicet,  quia  in 
hoc  nihil  superfluum  queritur;  ubi  non  tantum  hominis  quantum  Dei 
causa  exigitur,  sicut  ipse  auctor  humani  generis  phariseis  de  decima- 
tione  mente  et  aneti  inter  cetera  dicere  dignatus  est  :  Et  haec  ^'  opor- 
TuiT  FACERE  ET  iLLA  NON  OMITTERE  ^  ;  quç  quia  omnibus  legentibus 
et  intellegentibus  "^  cur  ^  dicta  sint  o  nota  sunt.  Ideo  a  nobis  non 
prolixe/'  extendi  sed  breviter  tangi  debuerunt,  unde  magis  oportet  ut 
hoc  cujusque  sapientis  et  intellegentis  9  sludium  provideat,  nealiquid 


a.  Dans  B  tout  le  passage  qui  suit  jusqu'aux  mots  sLcut  de  reliquis  oillis 
nostris  ordinatuin  est  obscrcetur  est  rejeté  à  la  fin  des  statuts.  Nous  l'avons 
reproduit  ici  où  il  paraît  mieux  à  sa  place.  —  b.  pulleris,  A.  —  c.  omis  dans  B, 

—  d.  et  de  edibus,  A.hçdibus,  C,  C.  —  e.  ultilitatem,  A.  — /,  que,  A.  — g.  Cette 
phrase  est  mal  construite;  nous  avons  répété  la  leçon  des  2  manuscrits  :  il 
faudrait  corriger:  De  aucis  et  pullis  quae  in  tuninis  dominicis  nutrita  fuerint. 

—  h.  portarius,  A,  B.  —  i.  cçteris,  B.  —j.  omis  dans  A.  —  Ar.  hec,  B.  —  l.  aut, 
A,  B.  —  m.  pour  intelligentibus.  —  n.  quur,  A.  —  o.  sunt,  B.  —  p.  prolixe,  B, 

—  q.  pour  intelligentis. 

1.  Matth.,  xxni,  23. 


384  L.    LEVILLAIX 

inde  remaneat  «,  quam  ut  de  bis  que  dari  Deo  jubentur  vel  admo- 
nentur  ac  si  ridiculosa  sint  subsannare  présumant. 

XIV  (Guérard).  —  Insuper  etiam  volumus  omnino,  quamvis  usque 
modo  consuetudo  non  fuisset,  ut  de  omnibus  molendinis  nostris  ad 
portam  ''  décima  pleniter  detur,  et  semper  prius  detur  quam  aliquid 
inde,  vel  propter  viduas,  vel  propter  quamlibet  aliam  utilitatem  aut 
comparationem  vel  '^  venundationem  seu  cujuslibet  provendam,  distri- 
buatur;  sed  quicquid  agendum  est,  in  aliis  partibus  postea''^  agatur. 

De  adductione  autem  ^  ejusdem  décime/  ad  portarium  propriç  3 
pertinebit  ut  ipse  discipulum  suum  mittat  qui  banc  aut  cum  bubus 
suis  ^i  adducat  aut  certe  alia  sibi  carra  cum  pretio  suo  conducat. 

XV  (Guérard).  —  De  cambis  quoque  et  bracibus,  quae  ^  de  cambis 
fiunt,  similiter  volumus  ut  decimus  modius  de  bracibus,  postquam 
factçi  fuerint,  portario  dandus,  priusquam  monasterio  1^  deducantur 
separetur;  et  si  forte  tantum  non  restât  unde  illa  servita  dominica  plena 
sit  nec  de  ipsis  cambis  ^  impleri  possit^  de  annona  dominica  quae  ' 
decimata  est  compleatur,  et  inde  portario  décima  non  detur.  Portarius 
autem,  ut  supradictum  est,  demalatura  braces  suas  persuam  soUici- 
tudinem  ad  se  venire  faciat.  Si  vero  ibi  satis  non  habuerit  ipse  sibi 
scientem  hominem  conducat  qui  tantum  ei  braces  faciat  quantum 
sufïiciat.  De  bumlone  quoque,  postquam  ad  monasterium  venerit  dé- 
cima, ei  portio  de  singulis  servidis  per  singulos  menses  detur.  Si  vero 
hoc  ei  non  sufïîcit,  ipse,  vel  comparando  vel  quolibet  alio  modo,  sibi 
adquirat  "^  unde  "  ad  o  cervisas  suas  faciendasP  sufficienter  habeat. 
Similiter  prepositus,  si  ei  necesse  fuerit,  de  dominica  substancia  faciat 
ut  propter  hoc  nequaquam  ipsam  familiam  supra  suum  legitimum 
censum  affligat  7.  Hoc  tamen  sciendum  quod  omnem  panem,  quantum 
ad  portam  necessarium  est,  ipsi  pistores  dominici  coquere  debent. 
Similiter  ad  omnes  cervisas  bratsare  ''  bratsatores  ''  dominici  «.  Por- 
tarius autem  annonam  et  braces  de  suo  dare  débet,  et  quotiens  aut  in 
cervisa  aut  in  panibus  numerus  ejus  quem  ^  dédit  "  consumptus  fuerit, 
iterum  alium  augeat  ut  semper  de  suo  et  non  de  dominico  fiât. 

XVI(  Guérard).  —  De  vestiario  autem  fratrum  de  bis  villis  quç  aut  in 

a.  ramaneat,  A,  B.  —  b.  porta,  B.  —  c.  omis  dans  A.  —cl,  postaea,  A  — 
e.  omis  dans  A.  —  /.  deoime,  A.  —  g.  proprie,  A.  —  h.  suus,  B.  —  i.  quç, 
B.  —  /.  facte,  A.  — *  /.■.  monasterium,  B.  —  l.  carapis,  A.  —  m.  adquurit,  A. 
—  n.  inde,  A.  —  o.  at,  A.  —  p,  faiiendas,  A.  —  g.  adfligat,  B.  —  r.  bartsare, 
bartsatores,  B.  —  s.  domini,  B.  —  t.  qun,  B.  —  u.  dédit  cum  consumptus,  B. 


LES    STATUTS    d'aDALHARD  385 

Ambianense  aut  Bellovacense  «  aut  in  Atrapatinse  sita[e]^  sunt,  ita 
per  omnia,  sicut  de  reliquis  villis  nostris  ordinatum  est,  observeiur. 

XVII  (Guérard).  —  De  decimis  autem  quas  vassi  vel  casati  c 
homines  nostri  dare  debent,  talis  est  ratio.  Omnia  enim  quocumque^^ 
ad  opus  suum  in  terra  laboraverint,  sicut  est  annona,  vinum,  legu- 
niina^  horti /,  vel  ceteral/,  quçque  majora  vel  minora  laboraverint  ex 
omnibus  décimas  et  dare  et  ad  monasterium  adducere  debent.  Simi- 
liler  etiam  ea  que  sponte  nascuntu)-,  sicut  sunt  poma,  fenum  I' 
vel  reliqua,  in  quibus  homo  non  tantum  laborare  cernitur  quantum 
omnipotentis  Dei  providentia  non  solum  homines  sed  etiam  pecudes 
pasci  voluit,  decimare  studeanl  et,  ut  dictum  est,  ad  monasterium  sua 
etiam  pia  voluntate  ante  '■  perducant.  De  omni  génère  autem  diver- 
sorum;  animalium  simile  studium  mittant  ut,  a  jumentis  usque  ad 
pullos  vel  ova,  quicquid  vivum  nutrierint,  aut  a  familia  sua  eis '•', 
sive  l  de  bis  que  supra  enumeravimus  sive  de  istis  que  nunc  dicimus, 
ex  annali  debito  datur  ;  nihil  in  sua  domo,  quantum  provideri  et 
rationabiliter  fieri  potest,  non  decimatum  remaneat.  Si  quis  vero  hçc 
pleniter  non  intellexerit,  vel  animus  ejus  dubitaverit  quo  ordine 
vel  qualiterhaec"^  impleri  debeant,  veniat  ad  monasterium  et  interroget 
magistros  monasterii  quomodo  ibi  de  rébus  monasterio  servientibus 
impleri  jussa  sunt,  sic  et  ipse  de  rébus  suis  faciat.  Si  vero  beneficium 
ejus  paulo  longius  positum  f^  fuerit  quam  ut  manipuli  aut  fenum  » 
sine  nimio  labore  adduci  possint,  sciât  quantum  de  décima  est  et 
convenientia  cum  portario  faciat  quo  tempore  hçc  eadem  utiliter 
venundare  possit  et  absque  ulla  fraude  vel  subtractione  venundatum 
pretium  P  ejus  portario  deferatur.  Si  vero  portarius  cum  suo  magis 
carra  conducere  Q  voluerit  unde  hoc  ad  monasterium  perducat  quam 
ibi  venundatum  fiât,  in  ejus  potestate  sit.  Sciendum  etiam  quod  illi 
decimam  suam,  eo  ordine  quo  supradictum  est,  ad  monasterium 
solvere  debent  qui  usque  quattuor  mansos  de  beneficio  habent;  nara 
qui  minus  habent,  eodem  quidem  ordine,  décimas  suas  pleniter  dare 
debent  non  tamen  ad  monasterium  sed  ad  illam  ecclesiam  '■  vel 
presbiterum  ubi  illa  «  familia,  quam  habet,  decimam  suam  dare 
consueverunt  ^. 

a.  Belloacense,  B,  c.  —  b.  sita,  A,  B.  — c.  cassali,  A. —  d.  quecumque,  B.  — 
e.  ligumiaa,  A,  c  —y.  orti,  A,  B.  —  g.  cçtera,  A.  —  h.  fenum,  B.  —  i.  omis  dans 
B.  —  j.  diversarum,  A,  B.  —  k.  ei.  A,  B.  ~  l.  omis  dans  B.  —  m.  hec,  B. 
—  n.  possitum,  A.  —  o.  fçaum,  B.  —  p.  prçciura,  B.  —  q.  cumducere.  —  r. 
çcclesiam,  B.  —  s.  omis  dans  A.—  t.  c  corrige  consueverit. 


386  L.    LEVILLAIN 

Istum  brevem  tantum  omnes  beneficiarii  sancti  Pétri  habere  debent, 
ut  sciant  quomodo  facere  debeant  et  nuUus  se^  de  ignorantia  excu- 
sare  possit.  Si  quis^tamen,  ut  premissum  est,  dubitaverit,  ad  monas- 
terium  recurrat  ubi  illa  omnia  que  de  decimis  ordinata  sunt  per 
ordinem  digesta  sunt,  et  ibi  discat  quomodo  facere  debeat  ^■ 

a.  omis  dans  B.  —  b.  quid,  A,  B,  C.  —  c  B  donne  pour  la  seconde  fois  les 
passages  Istisunt  dies...  et  Et  istl  sunt  dies  que  l'on  trouvera  ci-dessus,  p.  361 
et  362. 


COMPTES   RENDUS 


Cari  Albrecht  Bernoulli.  —  Die  Heiligen  der  Merovinger.  — 
Tùbingen,  Freiburg  in  Brisgau  und  Leipzig,  Mohr,  1900;  in-S», 
xvi-336  p. 

La  littérature  hagiographique  a  été  extrêmement  abondante  durant 
l'ère  mérovingienne  ;  des  centaines  d'écrivains,  pour  la  plupart  ano- 
nymes, ont  composé  la  biographie  d'une  foule  de  saints,  évêques, 
abbés  et  solitaires,  et  enregistré  les  miracles  opérés  autour  des  tom- 
beaux ou  par  les  vertus  de  tous  ces  bienheureux.  Les  chroniques  étant 
alors  assez  rares  et  pour  la  plupart  fort  sèches  et  concises,  c'est  à 
cette  source,  d'un  emploi  difficile,  qu'ont  dû  puiser  le  plus  souvent 
ceux  qui  ont  raconté  l'histoire  des  temps  barbares.  Malheureusement 
on  n'a  pas  encore  fait  la  critique  de  toutes  ces  productions  ;  les  uns  les 
utilisent  sans  trop  rechercher  quelle  date  il  faut  assigner  à  chacune 
d'elles:  c'est  leur  accorder  trop  de  confiance;  d'autres,  par  compensa- 
tion; font  montre  d'une  sévérité  excessive  et  sont  trop  enclins  à  sus- 
pecter la  sincérité  de  tous  ces  pauvres  écrivains,  et  à  ne  voir  dans  leurs 
compositions  que  des  faux  littéraires.  C'est  là  un  excès  contre  lequel 
il  faut  réagir,  et  M.  l'abbé  Duchesne,  dans  de  nombreux  articles  sur 
les  éditions  de  M.  Bruno  Krusch,  a  donné  à  tous  les  érudits  un  excel- 
lent exemple.  Les  Vies  de  saints  peuvent  rendre  à  l'historien  les  plus 
grands  services,  s'il  sait  les  utiliser  et  ne  pas  y  chercher  ce  que  les 
auteurs  n'ont  pas  voulu  y  mettre.  La  plupart,  ceux-là  même  qui  étaient 
contemporains,  n'ont  que  rarement  eu  le  souci  de  l'exactitude  maté- 
rielle ;  leur  objet  a  été  tout  autre,  ils  ont  voulu  édifier  leurs  lecteurs, 
montrer  la  Divinité  et  ses  disciples  toujours  prêts  à  défendre  la  vertu 
persécutée,  terrifier  les  méchants  en  rapportant  les  châtiments  réservés 
au  vice.  De  là  cette  abondance  de  traits  miraculeux  qui  remplissent 
leurs  récits,  et  mille  traits  utiles  pour  peindre  l'âme  humaine  durant 
les  premiers  siècles  de  l'ère  moderne. 


388  COMPTES    RENDUS 

C'est  à  ce  dernier  point  de  vue  que  s'est  exclusivement  placé  M.  Ber- 
noulli  ;  il  s'est  attaché  à  rechercher  les  causes  de  ce  développement 
du  surnatuiel.  et  il  a  voulu  étudier  à  travers  tous  ces  écrits  les  senti- 
ments et  les  idées  de  la  société  mérovingienne.  Il  n'a  utilisé  qu'un 
nombre  limité  de  textes,  et  ceux-là  seulement  dont  l'authenticité 
n'était  point  douteuse.  Il  en  a  extrait  tous  les  traits  un  peu  saillants 
et  composé  du  tout  un  livre  à  la  fois  utile,  intéressant  à  lire  et  fort 
bien  présenté. 

L'Église  franque  mérovingienne  n'a  jamais  travaillé  aux  progrès  de 
la  science  théologique;  elle  n'a  produit  à  peu  près  aucun  ouvrage  dog" 
matique  de  valeur,  et  pourtant  elle  a  eu  sur  la  société  de  son  temps  une 
inllueuce  extraordinaire.  C'est  par  les  saints  que  cette  influence  s'est 
exercée  ;  le  saint,  en  efïet,  est  la  complète  antithèse  du  vice  triomphant  ; 
il  incarne  l'idéal  de  justice  et  de  vertus  que  s'est  forgé  le  peuple,  et  qui 
reste  ignoré  des  puissants  du  monde.  Des  théologiens  experts  au- 
raient sans  doute  hésité  à  favoriser  l'éclosion  de  ces  créations  sponta- 
nées de  l'âme  populaire,  n'auraient  pas  encouragé  cette  fâcheuse  habi- 
tude de  faire  intervenir  la  Divinité  et  ses  ministres  dans  les  actions  les 
plus  ordinaires  de  la  vie  et  n'auraient  pas  fait  de  leurs  ouailles  un 
troupeau  de  païens  ayant  changé  de  dieu,  mais  non  d'esprit.  Le  clergé 
mérovingien,  dont  la  culture  était  en  somme  assez  faible,  ne  vit  à  ce 
mouvement  aucun  danger  et  s'y  associa  sans  réserve. 

L'ouvrage  de  M.  Bernoulli  se  divise  en  deux  livres  :  le  premier,  la 
Vie  des  saints,  traite  de  la  littérature  hagiographique  ;  le  second,  la 
Tombe  des  saints,  du  culte  posthume  des  bienheureux.  Cette  littérature 
hagiographique  compte  plusieurs  genres  d'écrits.  Tout  d'abord,  les 
mémoires  ou  souvenirs  personnels  et  les  panégyriques,  puis  les  Vies 
proprement  dites,  les  recueils  de  miracles,  les  légendes  étrangères  ou 
indigènes,  enfin  la  biographie  de  quelques  saints  historiques.  La  pre- 
mière classe  comprend  notamment  les  écrits  de  Sulpice  Sévère  sur 
saint  Martin.  Le  célèbre  historien  a  moins  voulu  composer  une  bio- 
graphie complète  de  son  ami  défunt,  que  tracer  le  portrait  idéal  d'uu 
héros  du  Christ  à  opposer  aux  héros  du  paganisme  ;  mais  incapable, 
malgré  sa  réelle  habileté  littéraire,  de  faire  la  psychologie  de  son  héros, 
il  a  eu  recours  à  l'anecdote  et  a  raconté,  sans  aucun  ordre,  en  reve- 
nant plusieurs  fois  sur  chaque  point,  tous  les  faits  dont  il  se  souvenait, 
prouvant  la  sainteté,  l'influence  exercée  par  saint  Martin,  la  puissance 
miraculeuse  du  thaumaturge.  Il  connaissait  probablement  les  écrits 


C.  A.   BERNOULLI  :    DIE  IlEILIGEN  DER  MEROVINGER  389 

analogues  do  saint  Jérôme  sur  la  vie  des  solitaires  d'Kgypte;  il  était 
comme  hanté  par  ces  réminiscences,  et  il  a  voulu  faire  de  l'évêque  de 
Tours  le  moine  idéal  tel  qu'on  se  le  figurait  alors.  L^ouvrage,  de  forme 
excellente,  ne  fut  pas  tout  d'abord  goi^té  de  tous  ;  le  monachisme  comp- 
tait déjà  beaucoup  d'ennemis,  et  c'est  pour  répondre  à  ces  critiques 
que  Sulpice  ajouta  à  la  Vie  même  de  saint  Martin  ses  fameux  dia- 
logues, visiblement  imités  de  ceux  de  Cicéron.  Mais  ces  dissentiments 
furent  vite  oubliés,  et  plus  tard  l'œuvie  de  Sulpice  jouira  d'une  vogue 
extraordinaire,  servira  de  modèle  à  quantité  d'écrivains  et  inspirera 
une  foule  de  poètes  et  de  prosateurs.  De  nos  jours  cette  vogue  n'a  point 
entièrement  cessé,  mais  on  a  eu  trop  souvent  le  tort  de  prendre  l'écrit 
de  Sulpice  pour  une  œuvre  d'histoire;  c'est  avant  tout  un  ouvrage 
d'édification,  et  dans  un  certain  sens  de  polémique,  où  l'auteur  a 
montré  un  dédain  absolu  de  la  réalité. 

Plus  historiques  sont  les  panégyriques,  imités  des  anciens  ouvrages 
de  ce  nom,  dont  nous  avons  un  recueil  célèbre,  formé  en  Gaule. 
Le  plus  connu  est  dxi  à  un  rhéteur  gaulois,  Ennodius,  qui  a  raconté 
avec  recherche  et  emphase  la  vie  du  célèbre  Epiphanius,  évêque  de 
Pavie.  C'est  une  œuvre  bien  composée,  malgré  un  style  ampoulé  et  qui 
abonde  en  renseignements  précis.  Beaucoup  plus  historiques  encore 
sont  des  écrits  comme  les  Vies  de  saint  Séverin  de  Norique,  par  Eugyp- 
pius,  ou  de  saint  Césaire  d'Arles,  par  les  amis  et  disciples  de  ce  grand 
évêque;  toutes  ces  biographies  ont,  il  est  vrai,  le  caractère  apologé- 
tique, il  n'y  a  pas  lieu  de  s'en  étonner,  mais  les  auteurs  parlent  de 
choses,  de  pays,  de  personnes  qu'ils  ont  connus,  et  on  y  trouve  des 
tableaux  toujours  cités  de  la  vie  des  derniers  colons  romains  dans  les 
terres  de  l'Est  lors  des  invasions  et  de  l'existence  des  Gaulois  proven- 
çaux au  temps  de  la  domination  burgonde. 

Sincères  et  bien  informés,  c'est  ainsi  qu'on  peut  qualifier  ces  der- 
niers ouvrages  ;  ces  qualités  manquent  aux  œuvres  en  prose  du  célèbre 
Fortunat.  Il  serait  malaisé  de  faire  la  critique  détaillée  de  toutes  ces 
biographies^  mais  on  peut  comparer  l'une  d'elles,  celle  de  sainte  Rade- 
gonde,  avec  ce  que  le  même  Fortunat  nous  a  dit  de  la  célèbre  abbesse 
dans  ses  œuvres  en  vers.  M.  Bernoulli  montre  combien  banale  et  inco- 
lore est  cette  Vie  en  prose  ;  Fortunat,  rhétoricien  émérite,  imitateur  de 
ses  devanciers,  notamment  de  Sulpice  Sévère,  s'y  est  montré  inférieur 
à  lui-même,  et  qui  veut  connaître  Radegonde,  l'une  des  rares  figures 
sympathiques  du  vi«  siècle,  doit  lire  les  poésies  du  bel  esprit  italien  ; 


390  COMPTES    RENDUS 

c'est  à  ces  poésies  que  l'auteur  emprunte  les  éléments  d'un  excellent 
portrait  de  cette  princesse  thuriiigicnne,  élevée  sur  le  sol  gaulois,  qui 
sut  se  montrer  à  la  fois  chrétienne  zélée,  sage  directrice  d'un  couvent 
de  femmes,  amie  dévouée  et  cœur  délicat. 

Autrement  utiles  pour  l'histoire  sont  les  (envres  hagiographiques  de 
Grégoire  de  Tours  ;  l'auteur  partage  tous  les  préjugés  de  ses  ouailles; 
commeeux,  il  croit  vivre  au  milieu  du  surnaturel,  mais  il  est  historien 
et  il  est  sincère,  il  enregistre  avec  le  même  soin  les  faits  merveilleux 
qu'on  lui  rapporte  ou  dont  il  a  été  témoin  et  les  actions  sauvages  des 
princes  francs.  Il  a  l'esprit  curieux,  et  en  dépit  de  sa  faible  culture  lit- 
téraire, il  est  bien  supérieur  à  un  Fortunat  et  même  à  un  Sulpice 
Sévère.  C'est  aux  Virtutes  S.  Martini  et  S.  Juliani  que  M.  Bernoulli 
Remprunté  les  éléments  de  son  second  livre.  De  plus  en  plus,  d'ail- 
leurs, l'hagiographie  tend  à  devenir  un  genre  historique,  et  la  plupart 
des  biographies  de  saints  du  vu®  siècle  ont  le  caractère  de  mémoires, 
de  souvenirs  personnels  des  auteurs  sur  leurs  héros  ;  toutes  ces  com- 
positions n'ont  pas  la  même  valeur,  il  en  est  de  banales  et  de  vides, 
faites  sur  patrons,  simples  décalques  de  biographies  célèbres  ;  quelques- 
unes  constituent  même  de  vrais  faux  littéraires,  celle  de  saint  Agile  de 
Rebais  par  exemple,  mais  l'ensemble  est  imposant  et  utile;  il  faut 
faire  le  départ  entre  tous  ces  matériaux  bruts,  mais  ce  sont  des  maté- 
riaux historiques. 

Dans  les  chapitres  suivants,  M.  Bernoulli  étudie  ce  qu'il  appelle  les 
légendes.  Tout  d'abord  des  légendes  transportées  d'Orient  en  Europe  ; 
elles  concernent  saint  Georges,  que  certains  mythographes  identifient 
avec  Mithra  et  dont  le  culte  fut  d'ailleurs  beaucoup  moins  répandu  en 
Gaule  qu'en  Italie  et  en  Angleterre  ;  le  bon  géant  saint  Christophe, 
qu'on  rattache  à  Anubis,  le  dieu  à  la  tête  de  chien;  les  sept  Dormants 
d'Épbèse,  dont  Grégoire  de  Tours  atraduit  la  légende,  celle-ci  se  retrouve, 
un  peu  partout  et  jusqu'en  Chine;  enfin  saint  Kiimraerniss,  saint 
honoré  en  Tyrol,  en  Suisse  et  sur  les  bords  du  Rhin  ;  M.  Bernoulli 
estime  que  c'est  une  transformation  du  dieu  de  la  guerre  et  du  ton- 
nerre. Le  fait  est  possible.  On  retrouve  en  Gaule  une  légende  ana- 
logue, ayant  pour  héroïne  une  femme  qu'on  appelle  Liberata,  et  ici 
la  fable  paraît  avoir  été  suggérée  par  la  vue  de  vieux  crucifix  à  l'an- 
cienne mode,  où  le  Christ,  muni  d'une  longue  barbe,  est  vêtu  d'une 
robe  talaire  d'apparence  féminine.  Peut-être  l'auteur  aurait-il  pu  à 
cette  occasion  insister  sur  le  rôle  des  monuments  figurés  dans  le  déve- 


C.  A.  BERNOULLl  :    DIE  HEILIGEN  DER  MEROVINGER  391 

loppementde  la  mythologie  chrétienne;  de  même  qu  on  a  fait  du  Nep- 
tune antique,  à  l'aspect  un  peu  hirsute,  à  la  barbe  limoneuse,  un  néton 
ou  lutin,  un  démon  familier,  des  représentations  d'Atlas  portant  le 
ciel,  ont  pu  vulgariser  la  légende  de  saint  Christophe,  porteur  du 
Christ. 

Sans  insister  sur  les  pages  très  intéressantes  oh.  l'auteur  parle  de 
saint  Maurice  et  de  la  Légion  thébaine,  nous  passons  au  chapitre  ix, 
relatif  aux  légendes  ayant  pour  objet  des  personnages  historiques, 
sainte  Geneviève,  par  exemple;  àcc  propos,  nous  avons  quelques  réserves 
à  faire;  l'auteur  admet  avec  M.  Bruno  Krusch  que  la  biographie  de  cette 
sainte  fille  est  assez  récente,  et  il  tire  de  ce  fait  des  conclusions  à  notre 
avis  exagérées.  L'opinion  du  savant  éditeur  des  Monumenta  n'est  pas 
aussi  universellement  acceptée  que  le  suppose  M.  Bernoulli,  et  les 
répliques  de  M.  l'abbé  Duchesne  et  de  M.  Kohler  méritent  à  tous 
égards  d'être  prises  en  considération.  La  biographie  de  la  patronne  de 
Paris  est  sans  doute  bien  altérée,  mais  le  fond  en  paraît  bon  et  pour- 
rait bien  remonter  au  début  du  vi^  siècle.  Par  contre,  nous  signalons 
comme  fort  intéressantes  et  fort  suggestives  les  pages  sur  saint  Oswald, 
personnage  historique,  qu'on  a  confondu  en  Tyrol  avec  Wotan,  le 
dieu  de  l'orage,  et  sur  la  confusion  entre  les  différents  saints  Martin, 
qu^on  a  assimilés  au  plus  célèbre  de  tous,  à  celui  de  Tours  ;  on  sait  en 
effet  qu'il  y  a  eu  au  moins  quatre  saints  du  nom  de  Martin  :  saint 
Martin  de  Tours,  de  Drives,  de  Vertou  et  de  Braga;  nul  doute  qu'à  la 
longue  tous  ces  homonymes  n'aient  été  assimilés  les  uns  aux  autres,  et 
les  pages  consacrées  par  Lecoy  de  la  Marche  à  l'histoire  du  culte  de 
l'évêque  de  Tours  auraient  besoin  d'être  entièrement  récrites. 

Le  livre  II,  moins  étendu,  est  intitulé  :  le  Tombeau  des  saints.  Ces 
une  étude  sur  la  formation  et  les  manifestations  du  culte.  Il 
est  organisé  par  le  clergé,  mais  celui-ci  ne  fait  que  mettre  en 
œuvre  les  créations  naïves  de  l'âme  populaire.  Le  peuple  ne  connaît 
guère  et  certainement  ne  peut  comprendre  les  dogmes  catholiques,  et 
il  s'en  tient  à  une  sorte  de  fétichisme,  attribuant  à  chaque  acte  pieux, 
prière  ou  signe,  une  vertu  mystérieuse  ;  sa  religion  est  tout  extérieure 
et  purement  formaliste.  Qu'on  réfléchisse  un  instant  et  on  reconnaîtra 
qu'il  n'en  pouvait  être  autrement.  La  source  principale  pour  cette 
partie  de  l'ouvrage  est  Grégoire  de  Tours,  qui  enregistre  dans  ses  Vir- 
iutes  mille  traits  miraculeux,  produits  de  l'imagination  populaire  ; 
l'auteur,  au  surplus,  est  aussi  crédule  et  aussi  superstitieux  que  la 


392  COMPTES    RENDUS 

moindre  de  ses  ouailles,  et  dans  les  faits  les  plus  insignifiants  il  voit 
l'intervention  de  la  puissance  divine  et  des  bienheureux. 

Quels  ont  été  les  saints  les  plus  vénérés  à  l'époque  mérovingienne? 
M.  Bernoulli  étudie  les  vocables  des  églises,  province  par  province, 
et  arrive  à  cette  conclusion  que  le  plus  grand  nombre  avaient  pour 
patrons  des  saints  locaux.  Quelques-uns  sont  honorés  un  peu  partout, 
tel  saint  Martin  de  Tours,  patron  de  la  Gaule  mérovingienne;  mais 
d'autres,  presque  aussi  souvent  implorés,  ne  sont  connus  que  dans  un 
rayon  assez  restreint;  tel  saint  Julien  de  Brioude,  que  les  Arvernes 
honorent  autant  que  les  dévots  de  Tours  leur  saint  évéque,  mais  dont 
le  renom  n'a  guère  franchi  les  limites  de  la  province;  si  Grégoire  de 
Tours  prend  plaisir  à  raconter  les  vlrtutes  de  ce  bienheureux,  c'est 
qu'il  est  lui-même  Arverne  et  qu'il  a  appris  dès  l'enfance  à  le  vénérer. 
A  ces  saints,  pour  ainsi  dire  nationaux,  s'ajoutent  des  saints  étrangers 
dont  on  a  importé  les  reliques  en  Gaule,  martyrs  et  confesseurs  d'Orient, 
d'Italie  ou  d'Espagne,  Puis  les  Gaulois  missionnaires  transportent  à 
leur  tour  le  culte  de  leurs  saints  dans  les  pays  étrangers  ;  il  y  a  là 
comme  un  double  mouvement  d'échange,  qui  deviendra  plus  actif  au 
ix^  siècle,  quand  on  recourra  à  tous  les  moyens,  licites  ou  non,  pour 
doter  les  églises  gauloises  de  corps  saints,  pris  pour  la  plupart  à  Rome, 
réservoir  inépuisable  de  reliques. 

Après  ces  préliminaires,  M.  Bernoulli  cherche  à  rendre  compte  de 
l'idée  que  les  fidèles  de  l'époque  mérovingienne  se  faisaient  de  la  puis- 
sance surnaturelle  des  saints;  cette  puissance  repose  dans  leurs  re- 
liques. Souvent  ces  reliques  ont  une  histoire  ;  on  sait  ou  l'on  croit 
savoir  quand  et  comment  on  apporta  à  Bazas  quelques  gouttes  du  sang 
de  saint  Jean-Baptiste;  on  appelle  reliques  des  souvenirs  rapportés  de 
Terre-Sainte  par  des  pèlerins,  ou  des  objets  quelconques  ayant  touché 
le  sépulcre  d'un  saint  renommé.  Mais  il  y  a  aussi  des  reliques  pour 
ainsi  dire  anonymes  ;  certains  fidèles  portent  toujours  sur  eux  des 
fragments  dont  ils  ignorent  la  provenance,  et  qui  n'en  ont  pas  moins 
de  vertu.  Ce  sont  alors  des  fétiches,  dans  le  sens  le  plus  étroit  du  mot, 
et  l'auteur  à  ce  propos  rapporte  quelques  traits  particulièrement  cu- 
rieux. Toute  cette  étude  minutieuse  est  fort  intéressante,  et  les  faits 
cités  prouvent  absolument  le  caractère  païen  de  ce  culte. 

La  vénération,  dont  sont  l'objet  les  moindres  reliques  ou  souvenirs 
du  saint,  s'étend  également  à  l'église  qui  renferme  la  dépouille  ter- 
restre du  même  saint.  De  là  l'idée  de  sacrilège  et  le  droit  d'asile.  Tout 


C.  A.  BERNOULLI  :    DIE  HEILIGEN  DER  MEROVINGER  393 

Aol  commis,  toute  action  mauvaise,  perpétrée  au  détriment  d'une 
église  sont  doublement  criminels  et  sont  miraculeusement  punis  ;  l'en- 
ceinte de  l'église  devient  un  lieu  sacré  comme  le  temple  antique,  et 
pénétrer  de  force  dans  cette  enceinte,  en  arracher  un  suppliant,  c'est 
commettre  un  crime  contre  le  saint  et  contre  la  Divinité.  Au  fond,  le 
nom  seul  du  dieu  a  changé  ;  les  anciens  rapportent  maints  exemples 
analogues  de  punitions  infligées  parles  dieux  aux  pilleurs  de  temples, 
et  arracher  un  suppliant  de  l'autel  passait  déjà  aux  yeux  des  Grecs  et 
des  Romains  pour  un  crime  abominable. 

Le  miracle  est  une  manifestation  de  la  puissance  du  saint,  et  il 
affecte  les  formes  les  plus  variées.  Le  bienheureux  commande  aux  élé- 
ments, arrête  la  pluie,  apaise  les  tempêtes;  il  fait  cesser  les  fléaux,  les 
incendies  et  les  inondations;  la  neige  et  la  grêle  épargnent  le  tombeau 
et  les  reliques.  Cette  puissance  se  manifeste  encore  sur  les  êtres  ani- 
més :  plantes  qui  fleurissent  merveilleusement,  animaux  sauvages  qui 
dépouillent  leur  férocité  native;  des  bêtes  brutes,  divinement  inspi- 
rées, guident  les  fidèles  dans  la  recherche  de  saints  ignorés.  Enfin 
cette  même  vertu  est  attribuée  à  de  véritables  amulettes  :  eau  puisée 
à  une  fontaine  miraculeuse  à  Bethléem,  poussière  ramassée  sur  le  tom- 
beau d'un  saint,  terre  recueillie  en  Terre-Sainte,  etc.  Mais  il  est  une 
limite  que  l'Église  ne  permet  pas  de  franchir  ;  si  elle  autorise  les  fidèles 
à  consulter  la  Bible  pour  connaître  l'avenir,  elle  proscrit  d'autres 
pratiques  superstitieuses  ;  elle  défend  de  recourir  à  la  science  diabo- 
lique de  ces  specidarii,  qui,  à  l'aide  de  certaines  formules  mysté- 
rieuses, font  apparaître  dans  un  miroir  la  figure  souhaitée  par  leur 
client  du  jour. 

Cette  puissance  surnaturelle  se  manifeste  surtout  dans  la  guérison 
des  maladies  ;  celles-ci  sont  dans  les  idées  d'alors  soit  une  punition 
de  Dieu,  soit  une  marque  de  la  puissance  des  mauvais  esprits.  Cette 
croyance  existait  déjà  à  l'époque  antique,  et  prend  une  nouvelle  force 
aux  temps  mérovingiens.  Au  lieu  de  voir  par  exemple  dans  leurs  maux 
d'estomac  la  suite  d'excès  de  vin  ou  de  victuailles,  les  fidèles  préfèrent 
les  attribuer  à  un  sorcier  qui  leur  a  jeté  quelque  sort,  et  pour  se  guérir 
ils  implorent  l'aide  d'un  saint.  Le  tombeau  de  saint  Martin  est  ainsi 
fréquenté  par  une  foule  de  malades  qui  attendent  la  guérison,  et  nul 
doute  que  cette  guérison  ne  se  soit  souvent  produite.  Tantôt  elle  a  lieu 
subitement,  tantôt  elle  suit  une  vision,  une  apparition  surnaturelle  ; 
comme  le  vieil  Esculape,  saint  Martin  daigne  parfois  se  déranger  à  la 


394  COMPTES    RENDUS 

prière  de  ses  fidèles,  et  par  un  simple  attouchement,  calme  un  pos- 
sédé, redresse  un  membre  tordu,  rend  la  vue  à  un  aveugle  et  l'ouïe  à 
un  sourd. 

Enfin,  dans  un  dernier  chapitre,  l'auteur  détermine  le  caractère 
de  la  croyance  ;  elle  n'a  rien  de  bien  original  en  Gaule,  et  elle  est  à  peu 
près  la  même  partout  dans  le  monde  chrétien.  L'ancien  paganisme 
n'a  pas  disparu  ;  d'une  part,  la  croyance  au  surnaturel  est  commune 
aux  deux  religions^  à  la  nouvelle  comme  à  l'ancienne,  et  d'autre  part, 
le  panthéon  ancien  a  survécu;  les  dieux  sont  devenus  les  démons. 
L'humanité  se  trouve  ainsi  pour  de  longs  siècles  soumise  à  cette  double 
action  surnaturelle,  et  les  hagiographes  avouent  naïvement  qu^il  est 
souvent  bien  difficile  de  distinguer  les  unes  des  autres  ces  manifesta- 
tions contraires.  Cette  croyance  aux  démons  survivra  au  moyen  âge, 
et  elle  donnera  lieu  aux  plus  cruels  excès  ;  les  procès  de  sorcellerie, 
dont  le  dernier  n'a  pas  cent  ans,  sont  un  exemple  des  maux  qui 
peuvent  naître  d'une  fausse  conception  philosophique.  Mais  il  y  aurait 
VI aiment  une  certaine  injustice  à  reprocher  au  seul  catholicisme  ces 
lamentables  pratiques  ;  elles  survivront  sans  doute  sous  une  forme  ou 
une  autre  à  toutes  les  religions  et  à  toutes  les  philosophies,  car  elles  ont 
leurs  racines  au  plus  profond  de  lame  humaine  ;  on  ne  peut  guère  se 
figurer  l'universalité  des  hommes  se  soumettant  sans  murmure  aux 
lois  fatales  de  la  nature  et  renonçant  à  cette  croyance  au  merveilleux 
et  au  surnaturel,  consolante  sans  doute  pour  les  âmes  faibles,  mais  bien 
dangereuse  pour  la  société  et  pour  la  morale  \ 

A.    MOLINIER. 

1.  Ce  bref  compte  rendu  indique  suffisamment  en  quelle  estime  nous  tenons 
l'ouvrage  de  M.  BernouUi.  Nous  sommes  d'autant  plus  à  l'aise  pour  signaler 
deux  points  que  l'auteur  n'a  point  traités  :  tout  d"abord,  la  nature  même  des 
miracles.  11  y  a  des  miracles-types,  qui  piesque  tous  sont  imiiés  de, ceux  de 
l'Écriture;  le  fait  a  été  depuis  longtemps  indiqué;  il  eut  été  curieux  de  l'étudier 
scientifiquement.  L'auteur  aurait  pu  également  montrer  d'une  façon  plus  expli- 
cite les  ressemblances  entre  les  croyances  populaires  païennes  et  les  pratiques 
superstitieuses  de  l'époque  mérovingienne  ;  il  lésa  indiquées  plusieurs  fois;  il 
eût  été  intéressant  d'expliquer  dans  un  chapitre  spécial  comment  la  petite  dévo- 
tion se  manifeste  toujours  sous  la  même  forme,  quel  que  soit  l'objet  du  culte. 


A.    HÉVILLE  ET  Cil.  PETIT  DUTAI LUS  :   LE  SOULÈVEMENT  DE  1381     395 

André  RÉVILLE  et  Ch.  Petit-Dutaillis.— Le  Soulèvement  des  tra- 
vailleurs d'Angleterre  en  1381. —  Paris,  A.  Picard,  1898;  in-S», 
cxxxvi-346  p.  (Mémoires  et  documents  publiés  par  la  Société  de 
l'École  des  Chartes). 

Le  xiye  siècle  est  la  grande  époque  des  luttes  sociales.  Les  campa- 
gnards comme  les  citadins  se  soulèvent  contre  la  classe  dirigeante,  et 
c'est  un  fait  caractéristique  de  voir  la  population  agricole  se  révolter  à 
des  intervalles  rapprochés  dans  trois  pays  distincts  :  en  Flandre,  en 
France,  en  Angleterre.  Partout  on  s'attaque  aux  châteaux,  on  les 
pille,  on  les  brûle.  On  s'empare  des  rentiers,  des  censiers,  des  titres 
de  propriété,  pour  les  entasser  sur  un  même  bûcher,  comme  si  leur 
destruction  suffisait  à  Tinauguration  d'une  ère  nouvelle.  En  Flandre, 
les  paysans  électrisés  par  les  succès  des  démocrates  urbains  se  révoltent 
contre  le  comte  et  la  noblesse.  Ils  sont  écrasés  à  la  journée  de  Cassel, 
en  1328.  En  1358,  ce  sont  les  excès  de  la  Jacquerie,  qui  désolent  la 
France.  En  Angleterre,  c'est  le  cataclysme  de  1381,  qui  sème  la  ruine 
dans  le  royaume. 

C'est  à  cette  dernière  révolte  que  le  présent  ouvrage  est  consacré.  Il 
constitue  l'œuvre  posthume  d'un  hisiorien,  André  Réville,  enlevé 
à  la  fleur  de  l'âge  et  du  talent,  le  22  juillet  3894.  M.  Petit-Dutaillis  n'a 
cru  pouvoir  rendre  un  meilleur  hommage  à  la  mémoire  de  son  ami 
qu'en  publiant  le  livre  qu'il  n'avait  pu  achever. 

André  Réville  était  allé  faire,  en  Angleterre  même,  une  vaste 
enquête  sur  le  mouvement  insurrectionnel  de  1381.  Il  était  revenu 
chargé  de  documents,  et  déjà  il  s'occupaitde  la  rédaction  de  son  œuvre, 
il  avait  terminé  l'exposé  de  la  révolte  dans  trois  comtés,  ceux  de  Nor- 
folk, de  Sufïolk  et  de  Hertford,  quand  la  mort  vint  le  surprendre. 
M.  Petit-Dutaillis  a  continué  et  achevé  l'étude  interrompue.  Dans  une 
longue  introduction  historique,  il  donne  un  tableau  d'ensemble  des 
premiers  commencements  de  l'insurrection,  de  sa  propagation  rapide, 
de  sa  fin,  de  son  inutilité. 

Il  semble  que  le  mouvement  éclata,  à  la  fois,  dès  le  mois  de  mai  1381, 
sur  les  deux  rives  de  la  Tamise,  dans  le  Kent  et  i'Essex.  Il  se  répandit 
comme  une  traînée  de  poudre,  et  le  15  juin,  il  envahit  la  capitale. 
Quelques  jours  plus  tard,  les  paysans  du  Herts  se  soulevèrent  contre 
l'abbé  de  Saint- Al  ban  pour  obtenir  leur  émancipation.  Et  bientôt  après 
les  comtés  de  Norfolk  et  de  Suffolk  furent  le  théâtre  d'une  sanglante 
révolution. 


396  COMPTES    RENDUS 

M.  Potit-Dutaillis  recherche  longuement  les  causes  du  soulèvement 
des  travailleurs  anglais  en  1381.  On  a  prétendu  jusqu'ici  que  la  cause 
principale  gisait  dans  un  retour  aux  corvées  et  aux  prestations  en 
nature,  qui  avaient  été  transformées  en  redevance  pécuniaire.  M.  Petit- 
Dutaillis  conteste  que  le  remplacement  du  service  effectif  en  rentes 
fût  déjà  un  fait  accompli  à  l'époque  de  la  révolte.  Ce  mouvement  de 
conversion  n'avait  fait  que  commencer;  il  ne  peut  dès  lors  expliquer  à 
lui  seul  l'insurrection  de  1381.  Selon  M.  Petit-Dutaillis,  la  cause  de  la 
grande  émeute  résidait  surtout  dans  le  désir  qu'éprouvait  la  classe  agri- 
cole de  se  débarrasser  du  joug  des  multiples  charges  qui  pesaient  sur 
elle  et  de  conquérir  la  liberté.  Les  paysans  voulaient  supprimer  le  mer- 
ehetum,  le  hériot,  et  se  transformer  en  tenanciers  libres.  A  eux  vinrent 
se  joindre  les  mécontents  des  autres  classes  sociales,  les  artisans,  les 
marcliands  et  les  membres  du  bas  clergé. 

A  côté  de  cettecause  d'ordre  économique,  il  y  a  une  cause  politique  : 
l'impopularité  du  Gouvernement,  qui  avait  pris  position  contre  les 
travailleurs,  et  avait  mis  en  campagne  une  légion  de  fonctionnaires  et 
de  collecteurs,  uniquement  soucieux  d'exploiter  et  de  piller  le  peuple, 
au  profit  du  Trésor.  L'irritation  fut  à  son  comble  quand  le  Parlement 
eut  décrété,  le  5  novembre  1380,  une  Poil  Tax,  ordonnant  la  levée  de 
12  pences  sur  chaque  personne  laïque  âgée  de  15  ans. 

Cet  ensemble  de  causes  mi-économiques,  mi-politiques,  firent  éclater 
la  révolte.  Les  insurgés  furent  aussitôt  secourus  par  quelques  hardis 
meneurs,  dont  Jack  Straw  et  surtout  Wat  Tyler  furent  certainement 
les  plus  écoutés. 

L'insurrection  ne  se  prolongea  pas  longtemps.  La  réaction  se  fit 
sentir,  et  tout  le  mouvement  populaire  se  termina  brusquement  sans 
avoir  changé  en  rien  la  condition  de  la  classe  agricole. 

Un  résultat  favorable  était  d'ailleurs  impossible.  C'est  qu'à  part  les 
rebelles  du  Kent,  tous  étaient  privés  d'idées  politiques  générales.  La 
plupart  ne  songeaient  qu'à  satisfaire  des  haines  personnelles,  d'autres 
ne  voyaient  dans  la  révolte  qu'une  occasion  de  se  livrer  impunément  au 
brigandage.  Dans  le  Suffolk  et  le  Norfolk,  le  mouvement  ne  fut  en 
somme,  comme  le  remarque  l'auteur,  qu'une  attaque  frénétique  des 
pauvres  contre  les  riches,  un  pillage  désordonné,  sans  résultat  possible. 
Aussi,  faute  de  cohésion  et  de  solidarité,  la  réaction  ne  tarda  pas  à 
triompher  de  la  révolution,  et  à  réimposer  à  la  classe  populaire  le  joug 
auquel  elle  avait  cru  un  instant  échapper. 


R.  REY  :  LOUIS  XI  ET  LES  ÉTATS  PONTIFICAUX  DE  FRANCE     397 

Tel  est  le  livre  d'André  Réville  et  de  M.  Pelit-Dutaillis,  livre  aussi 
attachant  par  la  lecture  qu'intéressant  par  le  contenu.  On  y  poursuit  la 
révolution  des  travailleurs  anglais  pas  à  pas,  jour  par  jour,  heure  par 
heure.  Un  ensemble  de  pièces  inédites  ajoute  encore  à  la  valeur  histo- 
rique et  scientifique  de  ce  remarquable  ouvrage. 

G-  Des  Marez. 


R.  Re\.  —  Louis  XI  et  les  États  pontificaux  de  France  au 
XV»-'  siècle,  d'après  les  documents  inédits. —  Grenoble,  A.  Gratier, 
1899;  in-8^  256p. (Extrait  de  l'Académie  delphinalo,  4^  série.  T.  XII). 

C'est  surtout  à  l'aide  de  documents  inédits  qu'a  été  fait,  comme 
l'indique  l'auteur  dans  son  titre,  cet  intéressant  mémoire,  contri- 
bution fort  précieuse  à  l'histoire  de  Louis  XI  ou  plutôt  à  l'his- 
toire du  xv*^  siècle,  toute  la  première  partie  étant  consacrée  à  la 
période  qui  s'étend  de  1395  à  1462.  Mais  c'est  surtout  en  ce  qui 
concerne  les  visées  de  Louis  dauphin  sur  Avignon  que  M.  R.  apporte 
du  nouveau  :  des  négociations  secrètes  qu'on  n'avait  fait  jusqu'ici  que 
soupçonner,  furent  conduites  en  1444  par  le  dauphin,  qui  aspirait  à 
obtenir  d'Eugène  IV  «  le  gouvernement  et  l'administration  »  du 
Comtat.  Le  légat  Pierre  de  Foix  ayant  fait  révéler  aux  États  ce  projet 
redoutable,  leur  protestation  solennelle  provoqua  de  la  part  de  la  cour 
de  Rome  un  démenti  qui  coupa  court  aux  pourparlers.  Louis  en 
conçut  un  grand  dépit.  La  question  assez  confuse  de  l'héritage  des 
Boucicaut  (qui  alléguaient  une  donation  de  Benoît  XIII)  lui  fournit  le 
prétexte  d'infliger  aux  Avignonais  mille  vexations  :  il  fallut  porter 
plainte  à  Charles  VII;  mais  la  tranquillité  ne  reparut  vraiment  que 
le  jour  où  Louis  eut  été  contraint  par  son  père  de  fuir  en  Bourgogne. 
Le  dauphin,  devenu  le  roi  Louis  XI,  continue  la  même  politique 
envahissante  :  il  profite  de  la  vieillesse  et  de  la  mort  de  Pierre  de 
Foix  (17  décembre  1464),  pour  essayer  d'étendre  l'influence  française 
dans  le  Comtat  en  dictant  le  choix  du  légat,  son  successeur.  Paul  II 
refuse  de  désigner  son  candidat,  Biaise  de  Coëtivy,  et  préfère  laisser 
la  légation  vacante  de  1464  à  1470;  à  cette  dernière  date,  fut  nommé 
un  protégé  de  Louis  XI,  Charles  de  Bourbon;  encore  fut-il  dès  1476 
remplacé  par  Jules  de  la  Rovère.  Les  abus  de  pouvoir  de  ce  dernier 
provoquent  aussitôt  une  intervention  armée  de  la  France;  mais  la 
souplesse  de  l'habile  légat  en  détourne  les  mauvais  eJÏets,  grâce  à 

Moyen  Af/e,  t.  XIII.  21 


398  COMPTES    RENDUS 

l'entrevue  de  Lyon  (juin  1176  .  A  la  fin  de  son  règne,  Louis  XI  a 
vis-à-vis  des  Avignonais  une  politique  équivoque;  tandis  qu'il 
multiplie  les  protestations  d'amitié  et  même  les  privilèges  commerciaux, 
il  encourage  ou  tout  au  moins  tolère  les  brigandages  d'aventuriers, 
tels  que  Tinteville. 

Tel  est,  rapidement  résumé,  l'exposé  de  M.  R.  Il  est  à  la  fois  très 
clair,  très  bien  conduit  et  très  documenté.  On  n'y  saurait  guère  faire 
que  des  critiques  de  détail.  Ainsi,  c'est  sans  doute  par  inadvertance 
qu'à  la  page  126,  on  trouve  cité  à  deux  reprises  Henri  d'Aragon,  alors 
qu'il  s'agit  évidemment  de  Jean  II.  Bernard  de  Sono,  vicomte  d'Evola, 
à  la  page  39,  doit  être  lu  Bernard  de  Sors,  vicomte  d'Evol.  Tout  cela 
est  assez  insignifiant.  Ce  qui  l'est  un  peu  moins,  c'est  de  faire  de 
Pierre  de  Foix,  né  en  1380  ou  1387,  un  fils  de  Gaston  de  Foix  et 
d'Éléonore  d'Aragon  ;p.  59,  n.  3),  attendu  que  Gaston  de  Foix  est  né 
seulement  le  26  février  1423  et  Éléonore  le  13  février  1426,  leur 
mariage  ayant  été  célébré  le  12  octobre  1434.  Il  y  a  eu  en  réalité 
confusion  avec  Pierre  de  Foix  le  jeune,  né  en  1449-  Le  légat 
d'Eugène  IV  était  fils  d'Archambaud  de  Grailly  et  d'Isabelle  de  Foix. 
Les  pièces  justificatives  de  M.  R.  sont  bien  choisies  et  intéressantes; 
mais  pourquoi  ne  donner  de  la  pièce  n°  XIII  qu'une  traduction,  alors 
surtout  que  le  texte  provençal  est  signalé  (p.  112,  n.  1)  comme  étant 
«  au  point  de  vue  littéraire  un  précieux  spécimen  de  l'idiome  parlé  à 
Avignon  au  cours  du  xv^  siècle  »  ? 

Il  y  aurait  beaucoup  à  discuter  sur  le  rôle  du  Cardinal  de  Foix. 
Tantôt  M.  R.  le  fait  «  louvoyer  ))entre  le  pape  et  ses  puissants  voi- 
sins, tantôt  il  le  donne  comme  un  «  agent  tout  dévoué  »  du 
dauphin  ou  de  la  France.  Mais  M.  R.  prouve  lui-même  com- 
bien Pierre  de  Foix  mit,  en  1444,  d'habileté  au  service  du  Saint- 
Siège;  peut-être  même  fut-il  plus  habile  qu'il  ne  le  représente  :  sa 
révélation  aux  États  paraît  avoir  été  uniquement  une  manœu\  re 
destinée  à  permettre  au  pape  de  se  dégager  par  une  déclaration 
publique,  péremptoire  à  la  fois  pour  le  présent  et  pour  l'avenii-. 
Enfin  je  crois  que  M.  R.  tire  des  conséquences  exagérées  d'un 
acte  qu'il  cite  à  la  page  126.  Il  s'agit  d'une  lettre  de  Louis  XI  à  Pierre 
de  Foix  pour  l'inviter  et  pour  inviter  les  Avignonais  à  ne  pas  fournir 
de  vivres  aux  Barcelonais  révoltés  contre  le  roi  d'Aragon,  allié  de  la 
France,  faute  de  quoi  il  sera  procédé  contre  eux  comme  ennemis.  Celte 
«  défense  au  comte  de  Foix  »  est  heureusement  donnée  parmi  les  pièces 


E.  petit:  ducs  de  bourgogne  399 

justificatives,  sous  le  n»  XIV  (p.  239  et  suiv.)  :  elle  est  en  réalité 
conçue  dans  les  termes  les  plus  amicaux.  Au  demeurant,  Pierre  de 
Foix  (qui  fut  toute  sa  vie  très  porté  à  favoriser  la  maison  dont  il  était 
issu)  était  l'oncle  de  Gaston  IV,  gendre  du  roi  d'Aragon  :  Louis  XI 
savait  donc  que  nul  ne  pouvait  voir  d'un  plus  mauvais  œil  le  ravi- 
taillement de  Barcelone.  De  plus,  nous  remarquons  qu'en  cas  de 
connivence  avec  les  Catalans,  les  Avignonais  sont  menacés  d'une 
rupture  :  il  en  résulte  que  les  Avignonais  ne  sont  pas,  en  l'espèce, 
traités  en  regnicoles,  ainsi  que  M.  R.  semble  vouloir  en  trouver 
l'indice  dans  cette  lettre;  ils  sont  traités  au  contraire  comme  des 
étrangers  que  l'on  accuse  de  violer  la  neutralité  en  faveur  de  l'un  des 
belligérants.  Il  faut  donc  renoncer  à  s'appuyer  sur  cette  pièce  et  à  lui 
demander  dans  une  mesure  quelconque  la  clef  de  la  politique  suivie 
par  Louis  XI. 

Je  me  suis  étendu  un  peu  longuement  sur  ces  quelques  obser- 
vations :  c'est  que  le  travail  de  M.  R.  vaut  la  peine  d'un  examen 
attentif.  Dans  un  compte  rendu  du  genre  de  celui-ci,  les  critiques 
tiennent  nécessairement  la  plus  grande  place,  parce  qu'elles  seules 
demandent  un  développement  ;  mais  je  tiens  à  redire  en  finissant  tout 
le  bien  que  je  pense  de  ce  mémoire,  fruit  de  recherches  patientes,  et  à 
féliciter  l'auteur  de  nous  avoir  révélé  tout  un  côté,  à  peu  près  ignoré 
jusqu'à  lui,  de  la  politique  royale  au  xv®  siècle. 

J.  Calmette. 


Ernest  Petit.  —  Histoire  des  Ducs  de  Bourgogne  de  la  race 
capétienne.  Tome  VI.  —  Paris,  Picard,  1898;  in-8'\  558  p. 

Le  sixième  volume  de  l'Histoire  des  Ducs  de  Bourgogne  est  consacré 
au  règne  de  Robert  II  (1272  à  1306).  Il  est  aussi  largement  et 
fortement  documenté  que  les  précédents.  C'est  là  une  œuvre  dont  les 
historiens  ont  déjà  reconnu  le  mérite;  il  est  donc  inutile  d'insister  sur 
les  qualités  qui  la  distinguent.  Cependant  il  convient  de  rappeler  que 
ce  n'est  pas  là  une  suite  de  biographies  des  ducs,  mais  véritablement 
une  histoire  de  la  Bourgogne.  Ainsi  dans  le  volume  que  nous  avons 
sous  les  yeux,  M.  E.  Petit  ne  s'est  pas  contenté  de  retracer  la  vie  de 
Robert  II,  de  le  suivre  dans  ses  voyages,  ses  ambassades,  ses  guerres, 
intimement  liées  à  la  politique  royale.  Il  a  présenté  le  tableau  de  la 
vie   interne  de  la  province  à  la  fin  du  xiii^  siècle.   Il  a  expliqué  le 


400  COMPTES    RENDUS 

fonctionnement  de  l'administration  ducale  et  exposé  ses  relations  avec 
les  villes,  les  campagnes  et  le  clergé.  On  lira  avec  profit  les  pages 
relatives  aux  communes,  et  l'on  verra  comment  le  duc  profita  des 
luttes    intestines    qui    divisaient    les    villes    pour    restreindre    leur 
autonomie.  L'administration  financière  a  été  particulièrement  appro- 
fondie. Et  spécialement,  les  documents  que  M.  E.  Petit  a  réunis  sur 
la  fabrication  et  l'administration  des  monnaies  sont  parmi  les  plus 
intéressants.  Leduc  Robert,  à  l'exemple  des  autres  princes  souverains, 
comblait  les  déficits  de  sa  caisse  à  l'aide  de  fréquentes  mutations  de 
monnaies.  Les  populations,  lasses  de  cette  espèce  d'exaction  qui  plus 
qu'aucune  autre  leur  était  immédiatement  préjudiciable,  obtinrent  du 
duc  qu'il  s'engageât  à  maintenir  sa  monnaie  à  un  titre  et  à  un  poids 
déterminés;    déjà  d'autres    seigneurs,    par  exemple    les  comtes  de 
Nevers,    à  la  fin  du  xii^  siècle,   avaient  pris  de  semblables  enga- 
gements; mais  comme  le  droit  de  monnaie,  qui  n'était  pas  contesté, 
comportait  implicitement  le  droit,  pour  le  seigneur,  de  fixer  le  titre  et 
le  poids,  et  conséquemment  de  les  changer,  l'abandon  de  ce  droit 
n'allait  pas  sans  une  compensation;  les  renonciations  à  la  mutation 
des  monnaies  ont  donné  naissance  à  un  impôt,  monetagium,  ordi- 
nairement perçu  par  feu,  et  qui  de  là  a  été  désigné  sous  le  nom  de 
focagium,  fouage.  Il  n'en  fut  pas  autrement  en  Bourgogne.   Et  si 
nous  ne   connaissons   pas  les  termes    de   l'accord   intervenu   entre 
le  duc  Robert  et  ses  sujets,  au  moins  savons-nous,  par  une  bulle  de 
Martin  IV,  du  l^'"  juin  1282,  que  le  duc  «  s'était  engagé  à  fabriquer 
une  monnaie  d'une  valeur  et  d'un  poids  immuables,  sous  la  caution 
du  pape  et  du  roi,  moyennant  une  décime  semblable  à  celle  de  la 
Terre-Sainte,  levée  sur  les  ecclésiastiques,  les  nobles  et  les  hommes 
libres,  et  une  taille  de  cinq  sols  sur  les  mainmortables  du  duché».  En 
juillet  de  la  même  année,  le  roi  confirma  cette  convention.  M.  E. 
Petit  a  retrouvé  et  analysé  (p.  330)  un  rôle  de  1285  pour  la  levée  de  la 
((  disme  de  la  monoie  »  dans  le  bailliage  de  Beaune.  Ce  document  pré- 
sente aussi  un  intérêt  de  statistique  en  nous  renseignant  sur  le  chiffre 
de  la  population.  Mais  le  monnayage  ducal  touchait  à  sa  fin.  Nous 
sommes  au  temps  de  Philippe  le  Bel,   qui  élève  cette   prétention 
qu'au  royaume  de  France,  au  roi  seul  appartient  de  frapper  monnaie. 
Philippe  le  Bel  chercha  à  limiter  et  même  à  supprimer  les  monnaies 
seigneuriales.  Ses  revenus  domaniaux  ne  suffisaient  plus  aux  dépenses 
qu'entraînaient  l'administration  du  royaume  et  les  guerres  d'intérêt 


E.  matzke:  lois  de  Guillaume  le  conquérant  40l 

général.  Il  trouvait  dans  les  mutations  de  monnaies  un  moyen  d'aug- 
menter ses  ressources;  mais  pour  que  cet  expédient  fût  avantageux,  il 
fallait  que  tout  le  métal  précieux  vînt  aux  Monnaies  royales.  Aussi 
manda-t-il  aux  seigneurs  qui  avaient  le  droit  de  monnaie,  de  cesser  la 
frappe  des  espèces,  au  moins  pour  quelques  années;  il  leur  promettait 
une  compensation  et  leur  délivrait  des  chartes  de  non-préjudice. 
Ainsi  agit-il  vis-à-vis  du  duc  de  Bourgogne;  et  en  l'an  1300,  il  obtint 
pour  trois  ans  la  substitution  dans  le  duché  de  Bourgogne  de  la 
monnaie  royale  tournois  à  la  dijonnaise.  Le  métal  à  monnayer  fut 
transporté  de  Bourgogne  en  France. 

Les  archéologues  devront  consulter  le  chapitre  dans  lequel  M.  Petit 
a  rassemblé,  analysé  et  commenté  les  documents  qu'il  a  réunis  sur  les 
travaux  d'art  en  Bourgogne,  sous  le  règne  du  duc  Robert  H.  Il  a 
dressé  deux  listes  alphabétiques  des  mentions  relatives  à  des  cons- 
tructions d'églises  et  de  forteresses.  Il  y  a  là  de  précieux  rensei- 
gnements pour  dater  ceux  de  ces  monuments  qui  sont  encore  debout. 
Ajoutons  que  l'illustration  du  volume  est  copieuse;  ce  sont  surtout 
des  reproductions  de  dessins  anciens,  vues  d'églises,  ruines  de 
châteaux,  tombes,  vitraux  et  nombre  d'écus  empruntés  aux  sceaux. 

Comme  pour  les  règnes  précédents,  M.  Petit  a  dressé  un  catalogue 
d'actes,  empruntés,  soit  à  des  ouvrages  imprimés,  soit,  et  surtout  à 
des  manuscrits  ;  et  non  pas  seulement  les  actes  des  ducs,  mais  les 
chartes,  de  quelque  autorité  qu'elles  émanent,  relatives  à  l'histoire  de 
la  Bourgogne.  Pour  la  période  de  1273  à  1306,  ce  catalogue  comprend 
plus  de  1800  numéros  (n°'  4084  à  5966).  Enfin  deux  appendices 
présentent  la  généalogie  des  sires  de  Grancey  et  celle  des  sires  de 
Frolois.  M.  Prou. 


Lois  de  Guillaume  le  Conquérant  en  français  et  en  latin.  Textes  et 
étude  critique  publiés  par  John  E.  Matzke,  avec  une  préface  histo- 
rique par  Ch.  BÉMONT.  —  Paris,  A.  Picard  et  fils,  1899  ;  in-8°,  liv- 
33  p.  (Collection  de  textes  pour  servir  à  l'étude  et  à  l'enseignement 
de  l'histoire'). 

Les  lois  de  Guillaume  le  Conquérant  ne  sont  pas  authentiques;  elles 

1.  Cette  collection  s'est  considérablement  accrue  depuis  que  nous  avons  donné 
la  liste  des  17  volumes  qu'elle  comprenait  en  1894  (Moyen  Age,  1896,  p.  41,  n.  1). 
Ont  paru    depuis    cette  époque  :  Annales  Gandenses  (1295-1310),   publiées   par 


402  COMPTES  RENDUS 

sont  une  compilation  postérieure  au  règne  du  duc-roi,  faite  de  bribes 
de  Tancien  droit  anglais,  du  droit  romain  et  des  dispositions  législatives 
de  Cnutle  Grand. 

Nous  possédons  une  rédaction  latine  et  plusieurs  rédactions  fran- 
çaises de  ce  texte.  Selon  l'opinion  la  plus  vraisemblable  et  la  plus 
généralement  acceptée,  la  rédaction  latine  est  la  traduction  d'un  texte 
français,  aujourd'hui  perdu,  qui  dérivait  de  l'original.  Sous  la  forme 
française,  ces  lois  sont  conservées  aujourd'hui  dans  un  seul  manuscrit. 
Mais  des  érudits  des  xvii^  et  xyiii^  siècles  avaient  utilisé  d'autres 
manuscrits  (six  au  moins).  M.  Matzke,  après  une  étude  laborieuse  du 
manuscrit  et  des  éditions  antérieures,  est  arrivé  à  distinguer  deux 
grandes  familles  dans  les  copies,  la  meilleure  représentée  par  l'unique 
manuscrit  [n°  22S  delà  collection  du  comte  de  Leicester). 

Par  un  examen  approfondi  de  la  langue  de  ce  manuscrit  qui  fut 
écrit,  à  en  juger  par  l'écriture,  vers  1230,  et,  par  une  coînparaison 
attentive  avec  la  langue  d'autres  documents  bien  choisis  du  xii'^  et  du 
xiiie  siècle,  M.  Matzke  note  un  certain  nombre  d'archaïsmes  qui  lui 
permettent  de  fixer  la  rédaction  de  l'original  perdu  entre  1150  et  1170, 
plus  probablement  vers  1150.  Nous  accepterions  très  volontiers  cette 
conclusion,  si  nous  savions  bien  exactement  quels  étaient  les  rapports 
de  l'original  et  de  la  copie;  M.  Matzke  croit  qu'il  n'y  a  pas  eu  d'inter- 
médiaireentreeux;  sa  démonstration  n'est  pas  absolumentconvaincante, 
et  s'il  y  a  eu,  fût-ce  même  un  seul  intermédiaire,  les  remarques  linguis- 
tiques de  M.  Matzke  perdent  quelque  peu  de  leur  force  probante  :  la 
rédaction  originale  pourrait  être  plus  ancienne  que  M.  Matzke  le  dit. 

Les  textes  sont  édités  avec  un  soin  méticuleux;  c'est  là  une  très 
bonne  édition  qui  fait  honneur  à  son  auteur  et  à  la  Collection  de  Textes. 


F.  Funck-Brentano  (compte  rendu,  Moyen  Age,  1896,  p.  69);  Chronique  de 
A'anie.s  (570  environ-1046),  publiée  par  RenéMerlet  (C.  R.  Ibidem,  1896,  p.  156); 
Adhémar  de  Cha/jannes,  Chronique  publiée  par  Jules  Chavanon  ;  Liber  mira- 
culorum  sancte  Fidis,  publié  par  l'abbé  A.  Bouillet;  Documents  relatifs  d 
l'histoire  de  l'industrie  et  du  commerce  en  France,  publiés  par  G.  Fagniez 
fasc.  I"  :  I"  siècle  av.  J.-C. —  fin  du  xiii'  siècle  ;  Les  grands  traités  du  règne 
de  Louis  XIV,  publiés  par  H.  Vast,  fasc.  II-III  (1B58-1714);  Philippe  de  Bcau- 
rnanoir.  Coutumes  de  Beauvaisis,  lexte  critique  publié  par  Am.  Salmon,  2  vol.; 
Chronique  artésienne  (1295-1304),  nouv.  éd.,  et  Chronique  tournaisienne  (1296- 
1314),  publiées  par  F.  Funck-Brentano;  Guillaume  de  Saint-Pathus,  Vie  de 
saint  Louis  (C.  R.  Ibidem,  1930,  p.6j);  ^'^ie  de  saint  Didier,  ccèque  de  Ca/iors' 
publiée  par  R.  Poupardin  (C.  R.  Ibidem.  1900,  p.  211)  —  (N.  de  la  R.). 


A.  CHOISY  :  HisTomK  DE  l'architecture  403 

La  préface  historique  de  M.  Bémont  est  un  résumé  intéressant  des 
travaux  de  M.  I^iebermann  sur  les  tentatives  de  codification  des  lois 
anglaises  faites  au  xii"  siècle.  L.  L. 


Auguste  Choisy.  —  Histoire  de  l'Architecture.  —  Paris,  Gauthior- 
Villars,   1899;  2  vol.    gr.   in-8o,  642  et  800  p.,  grav. 

L'ouvrage  de  M.  A.  Choisy  est  un  livre  admirable  par  la  somme  de 
science  qu'il  renferme,  par  la  somme  de  travail  qu'il  a  nécessité,  par 
la  manière  claire,  logique  et  synthétique  qui  caractérise  le  texte  et  les 
dessins.  11  est  impossible  de  dire  plus  et  mieux  en  moins  de  mots  et 
en  moins  de  traits.  Le  premier  volume  expose  magistralement  l'évolu- 
tion de  l'art  de  bâtir  depuis  ses  premiers  essais  préhistoriques  jusqu'à 
la  fin  de  l'antiquité  romaine  ;  le  second  est  consacré  au  moyen  âge 
et  aux  temps  modernes,  c'est  donc  le  second  volume  seul  qu'il  convient 
d'analyser  ici. 

C'est  une  bonne  fortune  pour  l'histoire  de  l'art  du  moyen  âge  que 
M.  Choisy  ait  analysé  l'art  de  bâtir  chez  les  Français  des  époques 
romane  et  gothique  comme  il  l'avait  fait  pour  les  Romains  et  les 
Byzantins.  Au  point  de  vue  de  l'analyse  des  procédés  et  de  la  structure, 
ilestimpossiblederéaliser  un  travail  plus  compétent,  mieux  documenté, 
exposé  sous  une  forme  plus  parfaite.  Au  point  de  vue  de  l'histoire,  la 
critique  do  l'auteur  ne  paraît  pas  avoir  toujours  eu  la  mémo  sûreté  ; 
il  semble,  du  reste,  qu'il  ait  eu  des  doutes  sur  certaines  hardiesses  et 
sur  quelques  opinions  et  qu'il  en  ait  cité  les  auteurs  surtout  pour 
dégager  sa  responsabilité. 

Parmi  les  noms  des  fondateurs  de  l'archéologie  française,  il  est  un 
oubli  qu'on  pourrait  prendre  pour  une  injustice  (p.  138)  :  le  nom  de 
Quicherat  avait  le  droit  de  figurer  avec  ceux  de  Caumont,  Lassus  et 
Viollet  le  Duc,  de  préférence  même  au  premier,  qui  fut  un  vulgari- 
sateur incomparable  et  un  homme  d'un  incontestable  mérite,  mais  quia 
surtout  popularisé  deux  erreurs  :  la  distinction  des  styles  roman  et 
gothique  d'après  le  tracé  des  arcs,  erreur  dont  M.  Choisy  fait  justice, 
et  le  nom  de  l'arc  ogive  ou  arc  diagonal  appliqué  par  contresens  à 
l'arc  brisé,  contresens  aujourd'hui  presque  oublié  et  que  V Histoire  de 
l'Architecture  ressuscite  le  plus  malencontreusement  du  monde. 
Parmi  les  créateurs  de  notre  archéologie  il  fallait  aussi  citer  Félix  de 
Verneilh,  et  avant  plusieurs  des  auteurs  contemporains  qui  sont  pom- 


401  COMPTES    RENDUS 

mes.  on  eût  aimé  trouver  les  noms  de  M.  de  Lasteyrie  et  du  professeur 
Dehio,  dont  l'auteur  semble  adopter  l'opinion  sur  les  origines  de  la 
croisée  d'ogives.  Une  bibliographie  aurait  complété  utilement  l'ou- 
vrage et  aurait  évité  à  l'auteur  de  paraître  ne  pas  rendre  justice  à 
chacun . 

M.  Choisy  se  prononce  formellement  et  même  hardiment  pour  les 
origines  orientales  de  l'art  roman  :  selon  lui,  les  architectures  byzan- 
tine, arménienne  et  syrienne  sont  trois  sœurs  issues  de  la  souche 
persane  ;  l'art  byzantin  s'est  propagé  sur  le  littoral  nord  de  la  Médi- 
terranée, et  c'est  de  Venise  qu'il  a  gagné  le  Périgord,  à  la  faveur  des 
relations  commerciales  ;  l'art  arménien  est  remonté  de  la  mer  Noire 
jusqu'en  Scandinavie  par  la  voie  des  fleuves  et  de  la  Baltique,  et  de 
Norwège  il  est  redescendu  en  Irlande,  en  Amérique  et  en  Normandie. 
L'art  syrien  s'est  propagé  sur  les  côtes  du  sud  de  la  Méditerranée  ;  il 
s'est  fait  arabe  et  musulman;  il  a  passé  en  Sicile,  ce  qui  est  incontes- 
table ;  en  Fouille,  ce  qui  est  au  moins  prouvé  par  le  tombeau  de 
Bohémond  ;  à  Ravenne,  où  le  tombeau  de  Théodoric  serait  de  style 
syrien  ;  enfin,  dans  les  vallées  du  Rhône  et  de  la  Loire,  par  où  les 
commerçants  arabes  se  rendaient  en  Angleterre  pour  y  chercher  de 
l'étain.  C'est  à  cette  influence  que  nous  devrions  non  seulement  Saint- 
Philibert  de  Tournus  et  la  cathédrale  du  Puy,  édifices  dont  le  caractère 
persan  ne  fait  pas  de  doute  pour  l'auteur,  mais  toutes  les  églises  à 
trois  nefs  voûtées  et  sans  fenêtres  hautes  au  vaisseau  central,  type 
qui  pullule  dans  les  vallées  du  Rhône  et  de  l'Allier  et  dans  tout  le 
Languedoc  :  les  berceaux  et  arcs  brisés  de  ces  églises  seraient  persans; 
persanes  leurs  coupoles  sur  trompes  ;  enfin,  il  ne  serait  pas  admissible 
qu'une  disposition  aussi  obscure  n'ait  pas  été  conçue  dans  un  pays  de 
grand  soleil. 

A  des  affirmations  aussi  catégoriques  on  pourrait  objecter  que  c'est 
surtout  dans  le  Midi,  et  surtout  par  raison  d'équilibre  et  faute  de  trouver 
mieux  que  les  architectes  français  ont  usé  de  telles  combinaisons,  que 
le  tracé  brisé  et  les  dispositions  de  Tournus  et  du  Puy  peuvent  être  le 
résultat  de  calculs  qui  amènent  aux  mêmes  solutions  des  gens  qui  ne 
se  sont  pas  donné  le  mot  lorsqu'il  s'agit  de  résoudre  des  cas  identiques 
par  des  moyens  dont  le  nombre  n'est  pas  infini.  La  coupole  sur 
trompes  pourrait  être  dans  ce  cas  ;  toutefois,  il  est  plus  simple  de 
croire  qu'elle  a  été  vue  en  Orient  par  des  Occidentaux  qui  l'ont  imitée 
au  retour  :  combien  de  pèlerins  n'ont-ils   pas  visité  alors  les   sanc- 


A,  choisy:  histoire  de  l'architecture  405 

tuaires  du  Levant  et  parmi  eux  combien  de  moines  instruits  dans  l'art 
de  la  construction?  D'autre  part,  quelle  valeur  et  quel  crédit  les  mar- 
chands arabes  qui  traversaient  la  France  purent-ils  y  avoir  comme 
architectes?  On  conviendra  que  toutes  les  présomptions  sont  en  faveur 
des  pèlerins  occidentaux.  Du  reste,  pour  parler  d'une  école  étrangère 
dont  l'intluence  est  certaine,  bien  que  restreinte  en  France,  l'école 
lombarde,  a-t-on  jamais  vu  que  les  commerçants  lombards  qui  pullu- 
laient chez  nous  y  aient  eu  une  influence  artistique?  Non,  celle  que 
l'on  constate  est  venue  par  quelques  maçons  migrateurs  de  Côme. 
C'est  par  les  routes  des  pèlerinages  plutôt  que  par  celles  du  commerce 
que  se  répandent  les  types  d'architecture.  M.  l'abbé  Bouillct  l'a 
démontré  pour  Conques  et  Compostelle,  et  l'on  sait  combien  le  Saint- 
Sépulcre  a  fait  école  en  Occident. 

Quant  au  courant  arménien  qui  remonte  en  Norwège,  nous  aime- 
rions saisir  sa  trace  au  passage  en  Suède.  Il  est  vrai  que  l'Ile  de 
Gotland  possède  deux  églises  romanes  de  plan  incontestablement 
oriental,  Saint-Laurent  et  Sainte-Dorothée  de  Wisby,  et  l'on  peut  faire 
crédit  d'une  étape  au  courant  arménien,  puisque  les  églises  de  bois  de 
Norwège  sont  des  édifices  très  évidemment  inspirés  aussi  de  données 
orientales.  On  trouve  aussi  des  traces  de  rapports  de  la  Norwège  avec 
l'Irlande  et  l'Amérique;  de  Norwège  en  Normandie,  c'est  autre  chose  : 
les  monuments  romans  de  Normandie  sont  antérieurs  aux  premiers 
édifices  de  Norwège,  et  dansceux-ci  ce  quiestnormand  est  bâti  par  des 
missionnaires  anglo-saxons  (églises  de  Stavanger,  Bergen,  Thrond- 
jem).  C'est  donc  en  sens  inverse  que  le  courant  s'est  produit,  en 
passant  par  l'Angleterre.  Les  sculptures  de  la  cathédrale  de  Bayeux 
n'en  sont  pas  moins  des  copies  manifestes  de  motifs  orientaux,  mais 
en  ce  pays  de  navigateurs,  dans  cette  église  dont  le  trésor  possède  un 
coÉEret  arabe  du  xiii''  siècle,  tous  les  courants  ont  pu  à  toutes  les 
époques  amener  les  quelques  épaves  comme  celles  dont  l'apport  suffi- 
rait pour  l'auteur  à  justifier  l'origine  asiatique  de  l'art  américain 
(p.  207).  L'affirmation  de  la  plus  grande  précocité  ou  du  plus 
fréquent  usage  de  l'arc  brisé  dans  les  églises  romanes  de  Palestine 
mériterait  discussion.  La  plupart  de  ces  églises  sont  du  xii«^  siècle 
avancé  ;  elles  sont  bien  identiques  à  celles  de  la  vallée  du  Rhône,  d'où 
le  mouvement  se  fit  ici  encore  en  sens  inverse  du  courant  indiqué. 

Pour  les   églises  périgourdines  à  coupoles  sur   pendentifs,    leur 
origine  vénitienne  ne  fait  pas  de  doute  pour  M.  Choisy.  Il  remarque  que 


406  COMPTES    RENDUS 

leurs  coupoles  sont  en  pierre,  tandis  que  les  modèles  byzantins  sont  en 
brique  ;  il  est  regrettable  qu'il  n'ait  pas  connu  les  églises  byzantines 
en  pierre  de  l'île  de  Chypre  :  Saint-Barnabe  prèsFamagouste,  Saint- 
Lazare  de  Larnaca,  avec  leurs  piliers  refendus,  Hieroskypos  avec  ses 
cinq  coupoles  sur  tambours,  Stavro-Vouni,  etc. 

Quant  à  la  date  originelle  des  coupoles  périgourdines,  il  croit  pou- 
voir proposer  le  début  du  xi*"  siècle,  mais  Saint-Asticr,  qu'il  cite  à  la 
date  de  1010  n'est  qu'un  débris  trop  infime  pour  qu'on  eu  puisse  rien 
conjecturer;  Saint-Jean  de  Côle,  qui  vient  ensuite,  est  un  monument 
sur  lequel  on  peut  au  contraire  s'appuyer,  mais  il  nous  fait  des- 
cendre à  1080,  date  de  fondation,  et  semble  élevé  sensiblement  après. 

Le  style  de  l'école  bourguignonne  est,  selon  M.  C,  lestyledeCluny; 
les  Clunistes,  il  est  vrai,  l'ont  propagé  en  Espagne,  mais  ailleurs 
nous  voyons  presque  toujours  ces  moines  adopter  l'art  du  pays  où  ils 
se  trouvent;  lidée  d  une  école  clunisienne,  dont  Viollet  le  Duc  est 
responsable,  doit  être  abandonnée  :  dès  longtemps  MM.  Antbyme 
Saint-Paul  et  Virey  l'avaient  démontré. 

Sur  les  origines  du  style  gothique,  noustrouvons  encore  des  théories 
aventureuses  et  des  points  de  chronologie  discutables,  mais  là  aussi 
l'auteur  n'a  fait  que  se  fier  à  ceux  dont  il  utilisait  les  travaux,  et  l'on 
ne  saurait  le  rendre  personnellement  responsable. 

11  est  certain  que  Saint-Ambroise  de  Milan  a  été  bâti  au  ix^  siècle  ; 
qu'il  n'ait  pas  été  rebâti  depuis,  c'est  l'avis  de  M.  de  Dartein,  avis  que 
rendent  suspect  la  mention  d'un  incendie  et  une  reconstruction  de 
voûte  en  1196,  les  constatations  faites  par  Cattaneo  sur  l'édifice,  et  par- 
dessus tout  la  structure  gothique  des  voûtes  et  des  piliers. 

Pour  M.  Choisy  comme  pour  MM.  Dehio, de  Dartein,  Moore,Cloquet, 
l'église  gothique  de  Saint-Ambroise  date  bien  du  ix^  siècle.  Comment 
expliquer  dès  l-ors  que  la  croisée  d'ogives  soit  restée  confinée  dans  le 
Milanais  jusqu'au  xW  siècle,  puis  ait  été  imitée  tout  à  coup  alors  dans  - 
le  nord  de  la  France  pour  revenir  de  France  en  Italie  et  y  produire 
des  monuments  rappelant  tout  à  fait  Saint-Ambroise,  comme  Sainte- 
Marie  de  Corneto,  consacrée  en  1208?  C'est  là  une  évolution  singulière 
et  pour  laquelle  on  aimerait  la  confirmation  de  quelques  documents 
d'histoire.  Pour  l'origine  de  l'arc-boutant,  M.  Choisy  le  place  sans 
hésiter  en  Bourgogne,  parce  que  c'est  là  qu'il  était  le  plus  urgent  de 
l'appliquer;  un  raisonnement  de  logique  suflHt-il  à  trancher  un  pro- 
blème d'histoire  sans  l'appui  de  nul  document? 


A.    CHOISV  :    HISTOIRE    DE    l/ARCHITECTUnE  407 

Parmi  les  premières  voûtes  d'ogives  françaises,  celle  de  Morienval 
est  citée  comme  la  plus  ancienne.  Il  est  bien  imprudent  d'assigner 
une  date  à  ce  travail  de  reprise  en  sous-œuvre  exécuté  dans  des  condi- 
tions tout  à  fait  gênantes  par  quelque  maçon  rural  et  dont  l'histoire 
ne  nous  laisse  rien  deviner,  à  moins  qu'il  coïncide  avec  une  installation 
de  reliques  en  1122. 

Quant  à  Bellefontaine,  monument  bâti  en  1125  et  révélant»  une  expé- 
rience qui  ne  s'improvise  pas  »,  cette  appréciation  juste  et  qui  est  une 
citation  infirme  la  date  dans  le  sens  où  elle  est  prise.  Le  document  de 
1125  n'est  qu'une  permission  de  bâtir  ;  le  style  est  celui  de  1150  ;  cela 
est  si  vrai  qu'il  y  a  similitude  complète  avec  les  parties  anciennes  du 
transsept  et  des  bas-côtés  d'Ourscamp,  qui  est  à  deux  ou  trois  kilo- 
mètres ;  or,  ces  morceaux  qui  sont  manifestement  de  la  môme  main, 
appartiennent  à  une  église  commencée  en  1154. 

Quant  à  1  expansion  du  style  gothique  français  dans  toute  la  chré- 
tienté, difïusion  autrement  certaine  que  celle  du  style  syrien  sur  les 
rives  de  l'Allier  et  de  la  Loire,  l'auteur  l'a  traitée  très  sommairement, 
pour  l'Italie  notamment,  où  il  semble  croire  encore  à  l'origine  allemande 
de  l'importation  gothique,  et  pour  Chypre,  où  il  ne  connaît  que  la 
cathédrale  de  Faniagouste,  qu'il  rajeunit  d'un  siècle. 

J'ai  surtout  insisté  ici  sur  les  passages  discutables  du  beau  livre  de 
M.  Choisy,  parce  que  ses  incomparables  qualités  se  recommandent 
d'elles-mêmes  et  frapperont  quiconque  l'ouvrira.  Pour  faire  la  part  des 
qualités,  qui  sont  ici  fort  au-dessus  de  la  moyenne  des  livres  d'histoire 
de  l'art,  et  des  défauts,  inséparables  de  tout  ouvrage  de  cette  importance 
et  d'une  telle  universalité,  je  note  un  singulier  contraste  entre  la  partie 
technique  et  la  partie  historique.  Dans  la  démonstration  technique, 
terrain  dont  il  est  le  maître  incontesté,  M.  Choisy  est  d'une  sûreté 
absolue,  n'avoue  rien  qu'avec  des  preuves  évidentes  ;  dans  la  partie 
historique,  au  contraire,  il  s'est  trop  fié  à  autrui  et  peut-être  aux 
hardiesses  de  sa  propre  imagination.  A  tout  prendre,  son  livre  est  un 
instrument  indispensable  et  fondamental  pour  qui  s'occupera  désor- 
mais d'histoire  de  l'architecture,  c'est  le  meilleur  et  le  plus  complet 
que  l'on  puisse  jamais  faire  sur  l'évolution  de  la  technique  architec- 
turale, et  c'est  l'un  des  plus  importants  que  l'on  ait  publié  dans  toute 
l'histoire  de  l'art.  C.  Enlart. 


408  COMPTES    RENDUS 

André  G.  Ott.  —  Etude  sur  les  Couleurs  en  vieux  français, 

thèse  présentée  à  la  Faculté  de  philosopliie  de  Zurich  pour  l'obten- 
tion du  diplôme  de  docteur.  —  Paris,  Bouillon,  1899,  in-8°, 
xii-186  p. 

Le  titre  choisi  par  M.  Ott  est  un  peu  décevant.  Sa  monographie 
n'est  pas  en  réalité  une  étude  sur  les  couleurs  :  l'auteur  a  écarté,  —  il 
le  dit,  du  reste,  dans  son  introduction,  —  les  côtés  psychiques  et  phy- 
siologiques de  la  question  pour  se  renfermer  dans  la  nomenclature 
étudiée  historiquement.  Même  ainsi  restreint,  le  champ  de  l'explora- 
teur était  encore  vaste.  Certes, il  reste  à  glaner,  cependant  la  moisson 
a  été  abondante  et  les  résultats  sont  intéressants  à  constater. 

La  méthode  suivie  était,  d'ailleurs,  excellente  et  bien  appropriée  au 
sujet.  M.  0.  prend  chaque  couleur  primitive,  énumère  les  termes  latins 
correspondants  à  cette  couleur  et  à  ses  nuances,  recherche  s'ils  ont 
survécu  en  français  et  analyse  les  dérivés  auxquels  ils  ont  donné  nais- 
sance ;  c'est  ce  qu'il  appelle  la  cr^éation  romane  basée  sur  la  tradition. 
Puis  il  se  demande  si  le  français  s'est  contenté  de  ce  que  lui  apportait 
le  latin  et^  poursuivant  ses  investigations  sur  les  langues  avec  les- 
quelles le  gallo-roman  a  été  en  contact,  l'auteur  montre  qu'ici,  comme 
dans  les  autres  régions  de  l'activité  humaine,  à  des  besoins  nouveaux  et 
des  perceptions  nouvelles  correspondirent  des  termes  nouveaux,  que  ces 
termes,  non  toujours  trouvés  dans  la  dérivation  de  la  langue  fonda- 
mentale, le  français  est  allé  les  chercher  à  l'étranger.  C'est  ce  que 
M.  0.  appelle  la  création  romane  non  basée  sur  la  tradition.  Un 
résumé  constate  les  résultats  et  groupe  les  termes  propres  à  chaque 
couleur  et  à  ses  variétés.  Une  brève  étude  sur  les  mots  servant  à  ex- 
primer les  sentiments  de  la  beauté  et  de  la  laideur  termine  l'ouvrage. 
L''étymologie,  la  lexicologie  et  la  sémantique  en  forment  donc,  et  dans 
cet  ordre,  les  bases. 

Pour  chaque  mot,  M.  0.  donne  un  type  étymologique  latin.  C'est 
un  excellent  moyen  d'investigation,  qui  coordonne  les  idées  sous  une 
forme  visible  à  la  fois  pour  l'œil  et  pour  l'intelligence,  et  absolument 
légitime  en  phonétique.  Mais  il  est  dangereux  de  l'étendre  outre  mesure 
à  l'étymologie,  car  la  plupart  du  temps  on  s'est  donné  une  satisfaction 
stérile  en  déplaçant  simplement  la  difficulté. 

Voici  un  primitif  oarmm  (p.  49),  d'où  vair  ;  les  dérivés  sont  nom- 
breux: vairet,vairé,  vairié,  vairi,  vairelé,  vairon,  vaironne  (^.  50-51). 
M.  0.  reconstitue  pour  chacun  d'eux  un  type  à  forme  latine,  en  prenant 


ott:  les  colleurs  en  vieux  françals  409 

la  forme  récente,  c'est-à-dire  française,  et  en  lui  accolant  le  suffixe 
sous  sa  forme  latine.  Il  aboutit  ainsi  à  un  produit  hybride,  formé  de 
fragments  d'époques  différentes,  par  suite  invraisemblable,  et  finale- 
ment inutile.  Il  fallait  mettre  ou  vair  -\-  et,  cair  -f-  é,  etc.,  ou 
cary  -\-ittu,  cary  -\- atu,  etc.  Mais  dans  beaucoup  de  cas,  ces  types 
à  forme  latine  n'auraient  pas  donné  le  résultat  auquel  il  fallait  arriver  : 
le  procédé  est  donc  mauvais  quand  la  généralisation  est  excessive. 
Vairé  et  vairié,  par  exemple,  ne  sont  que  deux  formes  chronologique- 
ment différentes  d'un  même  type,  comme  cAaacî'e  et  chaussé,  et  comme, 
mais  par  un  processus  différent,  irié  et  iré.  Les  difficultés  sont  dépla- 
cées ;  elles  ne  sont  pas  résolues.  Examinons  quelques-uns  des  types 
étymologiques  de  AI.  0. 

P.  2,  albariu^  aubier  (=  viorne)  est  au  moins  douteux.  Le  mot 
s'écrit  obier  et  n'a  très  vraisemblablement  aucun  rapport  avec  album; 
aubiem^est  qu'une  faute  de  graphie.  P.  3,  albaritu  >>  auberit  est  très 
aventuré.  Auberit  est  bien  invraisemblable,  et  je  le  considère  comme 
une  faute  du  ms.  pour  «habit'  ».  Existe-t-il  d'ailleurs  un  suffixe«riïa, 
ou  plus  exactement  arî/!;;f<,  puisque  le  t  final  est  persistant?  P.  25, 
noiretne  vient  pas  directement  de  *nigrïttu.  Il  fallait  indiquer  la  forme 
première  et  directe  neret,  comme  à  nigraceu,  plus  bas.  P.  28,  nigritione 
a-t-il  pu  donner  nerçon  sans  l'intermédiaire  d'une  forme  nereçon  qui 
existerait  forcément  encore  au  xif  siècle?  C'est  douteux.  D'ailleurs,  le 
mot  est  à  supprimer.  Le  ms.  de  l'Arsenal,  dont  M.  0.  aurait  pu  voir  le 
texte  dans  la  Zeitschrifl  fiir  rom.  PhiL,  II,  450,  v.  1060, porte  noireté, 
et  comme  le  ms.  publié  par  F.  Michel  porte  nerçun,  je  crois  volontiers 
à  une  faute  de  copiste  pour  nerçur  ou  nerçure--  P.  28,  norois  ne  vient 
pas  de  nord,  qui  aurait  donné  nordoîs,  mais  de  Nor  (cf.  Normant  dans 
Wace),  et  il  ne  signifie  pas  autre  choseque  Norvégien.  Il  est  impossible 
de  voir  dans  noiroia  une  confusion  populaire  avec  un  dérivé  de  noir.  Les 
deux  exemples  de  cette  forme  cités  par  Godefroy  sont  de  simples  fautes 

1.  C'est  pour  cette  raison  que  M.  Bouuard  et  moi  ne  l'avons  pas  inséré  dans  le 
Lexique  de  l'ancien  français. 

2.  M.  O.  s'est,  soit  dit  en  passant,  beaucoup  trop  souvent  contenté  d'enregis- 
trer les  mots  sans  vérification  critique.   Le    Dictionnaire  de  l'ancienne  langue 

française  n'est  pas  et  n'a  pas  là  prétention  d'être  parfait,  et  il  ne  faut  pas 
oublier  que.  quand  la  publication  eu  a  commencé,  l'édiliou  définitive  de  la 
Grammaire  de  Diez  venait  seulement  d'apparaître.  M.  O.  s'est  servi  aussi  d'édi- 
tions surannées,  telles  que  celles  de  Petitot  qu'il  n'est  plus  permis  d'employer. 
11  aurait  facilement  trouvé  dans  les  autres  Universités  de  Suisse  ou  à  Paris  des 
confrères  qui,  gracieusement,  lui  auraient  fait  les  vérifications  nécessaires.  Cela 
lui  aurait  évité  les  fautes  de  la  citation  de  Villehardouio,  p.  5,  par  exemple. 


410  COMPTES   RENDUS 

de  scribes  parfaitement  compréhensibles.  P.  30,  Morekin  n'a  rien  à 
voir  avec  maariun;  c'est  une  autre  forme  de  maroquin  ou  marocain. 
Carpentier.  dans  Du  Cange,  v"  morelus,  cite  d'après  A.  N,  JJ  183, 
t*^"  160  r'\  une  lettre  de  rémission  où  il  est  question  d'un  vol  de  «  cinq 
aulnes  de  drap  noir  appelé  morekin  ».  Le  larcin  fut  commis  k 
Montreuil,  diocèse  de  Sées'.  Moreqain  n'est  donc  pas  particulier  à  la 
Flandre  française,  comme  on  semblerait  autorisé  à  le  croire  par 
l'unicité  d'auteur  dans  les  citations  de  Godefroy  et  par  la  terminaison 
^m.  Et  d'autre  part,  l'épitliète  ((  noir  ))  écarte  l'idée  de  «  brun  ». 
p.  31.  Il  n'était  pas  seulement  «  plus  juste  »  de  rattacher  moré  ou 
mieux  mouré  à  morum  :  c'était  indispensable.  Moriun,  en  latin 
vulgaire  *mora,  a  un  o,  maurum  a  un  o.  P.  37,  comment  canûtire  et 
canutare  donneraient-ils  cJtenair  et  chenaer:'  Est-ce  que  la  protonique 
non  initale  non  en  position  n'est  pas  tombée  avant  le  t  intervo- 
calique?  CosCdûra  aboutit  à  couture,  matûtinu  à  matin.  Canûtire, 
adcanûtire,  canûtàre  ne  peuvent  arriver  qu'à  chantir,  acJiantir, 
cJianter*.  P.  37,  canitiura  >•  chenissure.  Je  ne  comprends  pas 
un  suffixe  -ûra  s'ajoutant  à  un  autre  -ïlia  (lequel  aboutit  à  -ece: 
canitia  >•  chenece)  pour  donner  -is>iure.  M.  0.  suppose  Itia,  sans 
doute  d'après  M.  Mussafia,  Romania,  XVIII,  531,  mais  il  faut  ajouter 
à  cet  article  les  remarques  de  iM.  G.  Paris,  mémetome^p.  551.  P.  38, 
canesciïûra  ne  peut  donner  que  cAenes^are  et  non  chenisture.  P.  4P, 
hijseïtu  >  biset,  et  hysiellu  >  bisel.  Que  devient  le  yod  dans  ces 
dérivations?  M.  0.  s'est  bien  rendu  compte  qu  il  ne  pouvait  le  sup- 
primer du  radical  (où  il  le  note  une  fois  par  e  et  l'autre  par  i),  mais  il 
n'hésite  pas  à  faire  disparaître  des  dérivés  un  phonème,  le  plus  résis- 
tant de  tous  et  qui  a  toujours  exercé  une  influence  sur  ceux  avec 
lesquels  il  s'est  trouvé  en  contact.  P.  42,  gris  -\-  mè/e>-grimelé.  Mais 


1.  Doue  probablement  Moutreuil-au-Houlme,  dans  l'Orne. 

2.  En  admettant  même  la  chute  du  t  comme  plus  ancienne  que  celle  de  la  pro- 
ionique, on  aurait  ^/(anuir.c/janrercommeiîencc  ■<  teiiuem,  ani'el  <C.annualein. 

3.  J'omets  */;f/.'?e«.«.  p.  40,  parce  que  la  discussion  de  cette  hypothèse,  d'ailleurs 
ingénieuse,  nous  entraînerait  trop  loin,  et  je  remarque  seulement  que  M.  O.  n'a 
pas  tenu  compte  de  be/'f/e,  qu'on  ne  peut  séparer  de  bis  et  pour  lequel  je  ne 
puis  admettre  l'étymologie  proposée  par  M.  Horning,  Zeitsclirilï  fur  roina- 
nisclœ  P/iilolof/ie,  XXII,  482.  cette  étymologie  reposant  principalement  sur  des 
textes  bourguignons  du  xiV  siècle  où  la  graphie  ai  pour  e  n'a  aucune  valeur 
phonétique  ni  morphologique  et,  par  contre,  M.  Horning  ayant  négligé  le  plus 
ancien  exemple  de  beif/e  (Gautier  de  Coinci),  dans  le  complément  de  Godefroy, 
qui,  par  la  date  et  par  la  rime  (bcges  :  plerjes]  me  paraît  exclure  bombajia.  ie 
reviendrai  sur  cette  étymologie. 


OTT:    les    COLLEURS    EN    VIEL'X    FRANÇAIS  411 

grimelee  (qu'il  faudrait  peut  être  lire  f/ruvelee)  est  une  variante  d'un 
ras.  pour  grivelee.  La  bonne  leçon  est  d'ailleurs  piolee  et  l'idée 
superstitieuse  attachée  aux  poules  grivelées  est  bien  connue.  Il  est 
impossible  qu'à  cette  époque  on  ait  melee ;  ce  serait  meslee,  inevlee, 
medlee  ou  mellee,  et  l'épithète  serait  écrite  en  deux  mots  :  gris  meslee. 
Le  poitevin-saintongeois  grimelé  cité  par  Godefroy  se  rapporte  à 
grime.  P.  44,  Grisile  >  grisle,  grille.  Je  comprends  bien  que  M.  0. 
a  conservé  l'accent  sur  l'i  du  radical  ;  même  ainsi,  d'où  provient  l'e 
féminin?  si  ne  forme  pas  un  groupe  de  consonnes  postulant  un  e 
d'appui.  L'un  ou  l'autre  des  éléments  disparaîtrait.  Mais  comment 
l'accent  ne  serait-il  pas  sur  \'i  du  suffixe?  C'est  tout  à  fait  impossible 
autrement'  et  grisile  ciurah  donné  g risil  ou  grisel.  Grisle  est  évidem- 
ment en  rapport  étroit  avec  l'anglais  grizzle  et  a  comme  lui  une  origine 
anglo-saxonne.  P.  52.  ViriolatiC>  virole.  M.  0.  n(>  tient  aucun  compte 
ni  de  la  valeur  brève  du  premier  i,  ni  du  yod,  et  au  fond  il  a  bien  raison, 
car  viriolé  n'est  qu'une  faute  de  scribe  à  supprimer.  L'établissement 
du  texte  critique  pour  ce  passage,  facile  à  dresser  au  moyen  de 
variantes  de  l'édition  Rolin,  montre  qu'il  faut  lire  caironnez^ .  P.  59, 
PalUtate  >  paleté.  Le  suffixe  -ittatem  n'existe  pas  et  paleté  non 
plus;  c'est  une  lecture  erronée  en  fait,  mais  justifiée  par  la  nécessité 
de  la  mesure  dans  un  vers  faux,  pour  palece,  et  celui-ci  est  probable- 
ment à  son  tour  une  faute  de  scribe  pour  pâleur  :  Ne  de  pâleur  ne 
de  megrece  (Rose,  297).  Un  autre  scribe,  ayant  aussi  pour  original 
la  famille  à  laquelle  manquait  le  ne  initial,  a  iorgé palisseur  (Godefroy, 
palissor)  que  M.  0-  cite  sans  étymologie.  P.  60-61,  M.  0.  estime 
((  qu'il  n'y  a  pas  lieu  de  mettre  en  doute  »  l'origine  Scandinave  bldmi 
de  blêmir  que  M.  Darmesteter  (et  non  M.  Thomas)  a  repoussée,  et  il 
croit  que  l\s'  provient  d'un  rapprochement  avec  blesser.  C'est  très 
ingénieux,  mais  aussi  douteux,  car  il  faudrait  attribuer  à  ce  rappro- 
chement une  antiquité  bien  haute  pour  une  origine  Scandinave.  Us  ne 
trouve  dans  les  plus  anciens  textes;  elle  est  donc  primitive.  Comment 
aussi  se  ferait-il  qu'aucun  de  ces  plus  anciens  textes  n'ait  conservé  l'a 
atone  de  ^-blamir,  dont  on  devrait  avoir  encore  quelque  trace?  L'analogie 
des  Ibrmes  accentuées  sur  la  terminaison  avec  celles  qui  sont  accentuées 
sur  le  thème  ne  peut  pas  être  aussi  ancienne  ni  aussi  générale.  Enfin 
blâmi  signifie  «  bleu  foncé  »,  blesmir  veut  dire  "  rendre  livide  en  bles- 

1.  Habilein  ^  a,h\e,  fragile  ni  >  frôle,  sont  dans  une  situation  toute  diilérenie. 

2.  Cf.  dans  Fierabrac,  v.  4114  :«  Tôt  esloit  comme  pie  par  devant  vaironnes.  » 


412  COMPTES    RENDUS 

saut  ».  La  sémantique  et  la  phonétique  donnent  en  faveur  de  la  thèse 
de  M.  Darmesteter  des  raisons  assez  fortes  pour  mériter  une  discussion 
sérieuse  de  la  part  de  celui  qui  met  cette  thèse  en  doute.  P.  62,  je 
laisse  bure  pour  les  mêmes  raisons  que  hia,  mais  p.  63  je  ne  vois  pas 
comment  buveu  peut  donner  buire  à  côté  de  varium  >  vair,  corium 
>  cuir,  etc.  P.  64,  Buvione  >■  buiron  est  à  supprimer.  CeBuironest 
un  nom  propre  et  non  un  adjectif  {Roi.,  ms.  Châteauroux,  p.  232, 
Fœrster).  Le  passage  correspond  au  v.  1215  du  /?o/ancZ  d'Oxford  ;  il 
s'agit  d'Abiron.P.  71,  Galbas  >■  gaus,  jaus.  «  M.  Godefroy,  dit  M.  0., 
voit  dans /auce  [Rose]  un  abus  de  la  rime  pourjaane,  explication  qui 
offre  toujours  une  échappatoire  devant  une  difficulté,  »  et  à  son  tour 
il  explique  que  «  dans  galbas  devenu  gaus,  Jaus,  l'on  a  regardé  l's 
finale  comme  partie  intégrante  ;  on  a  formé  un  féminin  par  l'adjonction 
d'un  e  )'.  C'est  tout  aussi  invraisemblable.  Jauce  a  été  étudié  deux  fois 
déjà  par  M.  Gaston  Paris,  Romania,  XVIII,  149,  et  XX,  285;  on  ne 
peut  le  séparer  àejance,  et,  avant  de  lui  chercher  une  étymologie,  il 
faut  attendre  le  texte  critique  de  la  Rose.  P.  78,  Blend  >>  blond.  Si 
l'étymologie  de  M.  Nigra,  Romania,  XXVI,  555,  «  soulève  bien  des 
objections  »,  celle  de  M.  0.  en  soulève  une  qui  est  péremptoire.  Dans 
les  plus  anciens  exemples,  Roland  entre  autres,  blond  est  écrit  par  un  u; 
ceci,  sans  compter  le  sens,  exclut  un  étymon  avec  e.  P.  8d,falu 
>>  fauve.  Évidemment  M.  O.  ne  considère  pas  dans/a/a  l'a  comme  la 
voyelle  de  la  désinence  flexionnelle,  mais  s'il  avait  été  plus  précis  et 
s'il  avait  écrit/a/?cu,  il  n'aurait  siirement  pas  constitué  pour  les  dérivés 
defalw  des  types  qui  ne  pouvaient  ni  exister  ni  aboutir  aux  mots  qu'ils 
sont  censés  représenter.  Il  les  a,  en  effet,  tous  tirés  d'un  radical  falb 
que  falw  n'a  pu  donner,  et  réciproquement  b  après  l  ne  peut  passer  à 
V.  P.  86,  C/«a&^am  est  singulier.  11  n'y  a  pas  de  vin  châtain.  Ce  passage 
me  paraît  être  une  interpolation  maladroite  du  ms.  B.  N.  24432, 
que  M.  Kressner  a  eu  le  tort  d'accepter.  P.  107,  Ostrînum  >>  osterin. 
M.  Gaston  Paris  nous  a  annoncé  avoir  l'intention  de  donner  l'étymo- 
logie et  le  sens  de  ce  mot  qui  ne  désigne  pas  une  couleur.  Remarquons 
donc  seulement  ici  qu^ostrea  ne  peut  donner  naissance  à  un 
trissyllabe  dont  les  formes  sont  :  ostarin,  ostorin,  osturin,  etc.  P.  115, 
rubeïttu^ rougi,  et  rouge  -|-  ire,  rougir.  Pourquoi  traiter  différemment 
deux  formes  d'un  même  mot?  P.  115,  Ruhicellu  donne  roucel  et  non 
rouvecel.  Je  suis  aujourd'hui  porté  à  voir  dans  roacece/ une  faute,  soit 
du  lecteur  qui  n'a  pas  vu  le  tilde  surmontant  le  premier  e,   soit  du 


ott:  lks  colleurs  en  vieux  français  413 

scril)e  qui  a  omis  ce  tilde.  La  forme  exacte  est  rouvencel  qui  est  dans 
le  second  exemple  et  qui  dérive  naturellement  de  rouvent.  P.  117, 
Ruesele  est  une  faute  d'ailleurs  incompréhensible  du  ms.  unique  de 
Mousket.  Il  s'agit  d'Ingeburge,  fcnmie  de  Philippe  P'',  et  le  vers  est 
faux.  Le  mot  est  à  supprimer.  P.  123,  pourquoi  badiittu  >  baiet  et 
baliita  >•  baillet?  M.  Darmesteter,  dans  le  Dictionnaire  fjénéral,  a 
parfaitement  expliqué  baillet  de  badins  par  l'analogie  de  Egidium 
~>  Gilles.  P.  129,  Sakirlàt  >  escarlate  est  à  rejeter.  L'arabe  et  le 
persan  viennent  du  français  ou  de  l'espagnol  et  de  l'anglais. 

Il  serait  trop  facile  de  multiplier  les  exemples;  ceux-ci  suffisent 
pour  montrer  la  fragilité  du  système  étymologique  de  M.  0.  Les 
autres  parties  de  l'ouvrage  prêtent  aussi  à  bien  des  remarques.  P.  6, 
Flori  a  dû  prendre  le  sens  de  blanc  non  pas  tant  à  cause  des  prés  oix 
les  fleurs  blanches  ne  sont  pas  les  plus  nombreuses,  mais  à  cause  de 
l'aspect  que  présente  au  printemps  un  verger  en  fleurs;  le  rappro- 
chement s'impose  alors  à  tous  les  esprits.  Targe  Jlorie  est  bien  targe 
((  peinte  à  fleurs  ».  Dans  Pasques  fleuries  qui  est  le  dimanche  des 
Ra.meRux,  Jlearies  n'a  rien  à  faire  avec  la  notion  de  couleur.  Pasques 
blanches  pour  désigner  les  Rameaux  est  une  erreur  de  l'auteur  du 
Couronnement  de  Louis.  Pasques  blanches  est  la  Quasimodo,le  di- 
manche in  albis  (depositis),SL\nsi  appelé,  de  même  que  les  autres  jours 
de  la  semaine,  à  cause  de  la  robe  blanche  que  les  néophytes,  baptisés 
le  samedi  saint,  portaient  pendant  toute  la  semaine  après  Pâques  et 
qu'ils  quittaient  ce  dimanche-là.  La  traduction  de  M.  Desmaisons  pour 
ame  fleurie  est  plus  exacte  et  plus  conforme  aux  sentiments  religieux 
du  moyen  âge.  P.  11,  Blanc  dans  les  deux  exemples  de  Y  Evangile  aux 
femmes  et  de  la  Rose  est  différent  de  blanc,  couleur.  C'est  un  féminin 
par  confusion  populaire  de  blant,  blonde  <<  blandura,  blandam,  qui 
signifie  «  flatteur,  caressant  ».  P.  13.  blanc  ne  signifie  pas«  heureux  » 
dans  le  Miserere.  Il  est  simplement  en  opposition  à  noir.  P.  15, 
pourquoi  à  P)  de  5)  dire  «  purifié,  pardonné  »  et  à  P)  de  6)  «  purifié, 
net  »  ?  La  situation  est  identique  dans  les  deux  cas.  P.  25,  le  sens 
de  poleté  est  douteux  comme  son  étymologie'.  P.  26  et  27,  M.  0. 
a  séparé  noirci  et  noircir;  aussi  y  a-t-il  contradiction  entre  ses  défi- 
nitions   et    ses    exemples.    Dans    celui  de  VEscouJle,   au  participe 

1.  M.  O.  répète  en  l'altérant  un  peu  la  définition  donnée  par  M.  P.  Meyer. 
Je  vois  difficilement  dans  cet  aTiaï  stpriixîvov  une  désignation  de  couleur  et  le 
rapprochement  avec  pullatus  ne  me  parait  pas  convaincant.  Je  crois  plutôt  à 
un  procédé  de  fabrication. 

Moyen  Atje,  t.  XIII  22 


414  COMPTES    RENDUS 

passé,  il  est  obligé  de  traduire  noirci  par  «  rendu  noir  »,  ce  qui  montre 
bien  qu'il  xi'y  a  pas  moyen  de  comprendre  le  mot  autrement  que 
comme  un  participe  passé  inséparable  de  lauxiliaire  qui  indique  le 
temps  et  le  mode.  Dans  l'exemple  de  Hugues  Capet,  l'action  est  encore 
plus  évidente  :  Droguet  se  noircit  le  visage  pour  ressembler  à  un 
pèlerin  arrivant  de  Jérusalem.  L'exemple  d'Aiol,  placé  sous  nigrescitu 
est  identique  comme  construction  et  comme  sens  à  celui  de  Bartsch, 
Langue  et  Littéral,  fr.,  placé  sous  n/r/re.s'ci>e.  Sous  celui-ci,  à  la  subdi- 
vision jî,  on  trouve  encore  un  exemple  de  noirci  qui  est  un  participe 
passé  à  l'ablatif  absolu.    P.   26: 

Herniers  l'entent;  s'a  la  coulor  noircie  (Raoul  de  Cambrai,  1883) 

ne  signifie  pas  que  Dernier  devient  «  triste  »  ou  «  fâché  »,  mais  que 
de  mécontentement  son  teint  devient  sombre  :  il  change  de  couleur  (ou 
de  visage),  dirait-on  aujourd'hui.  On  ferait  sur  les  différents  termes 
par  lesquels  le  moyen  âge  exprimait  les  changements  de  physionomie 
et  les  altérations  du  teint  dues  à  des  sensations  physiques  ou  à  des 
passions  une  étude  qui  ne  manquerait  pas  d'intérêt.  Tous  les  élé- 
ments s'en  trouvent  dans  le  travail  de  M.  0.,  mais  par  la  nature 
même  de  son  exposition  ils  y  sont  dispersés.  Ils  gagneraient  à  être 
rapprochés  et  comparés  entre  eux.  P.  27  : 

Sen  don  noirchist  ki  le  detrie  [Miserere,  LUI,  9) 

ne  signifie  pas  «  enlaidir»,  mais  «  diminuer  l'éclat,  la  valeur  de  ».  — 
Nigrire  <■<  devenir  noir,  pâlir».  Il  y  a  quelque  contradiction.  P.  28, 
Neroier  est  une  variante  sans  valeur.  P.  29.  Pourquoi,  dans  le 
passage  cité  des  Fabliaux,  noir  signifierait-il  seulement  c  domes- 
tique »  et  non  pas  «domestique  noir  »,  comme  le  propose  l'éditeur? 
Il  n'y  a  rien  d'étonnant  à  ce  qu'un  grand  seigneur  eût  alors  comme 
serviteur  un  Maure.  M.  O.  a  une  tendance  un  peu  trop  accuentée  à 
rejeter,  sans  raison  suffisante,  les  explications  données  par  d'autres 
que  lui.  P.  31,  M.  0.  cite  un  passage  de  VEncou/le  assez  curieux 
duquel,  à  son  sens,  il  résulterait  que  la  zibeline  connue  au  moyen  âge 
était  blanche  et  qu'on  la  teignait  en  noir'.  Mais  il  ne  saurait  y  avoir 
de  doute.  Il  s'agit  d'une  robe  d'hermine  (v.  5765),  et  c'est  par  un  de 

1.  «  On  sait,  dit  à  ce  propos,  M.  O.,  qu'anciennement  les  boucliers  étaient 
recouverts  de  fourrures  de  couleurs  diverses,  et  c'est  de  là  que  le  vocable  sable 
est  arrivé  à  désigner,  en  langage  héraldique,  la  couleur  noire.  »  J'aime  à 
croire,  pour  l'autorité  de  la  source  inconnue  sur   laquelle  M.  O.    a  b=""^  sou 


ott:  les  coulelrs  en  vieux  français  415 

ces  jeux  d'esprit  entortillés  qui  lui  sont  familiers  que  l'auteur  de 
V B SCO ujle  écrit  "  sebelins  »  pour  «  hermine  »  au  v.  5784'.  P.  35, 
1)  Chenim  gri^;  brillant  »,  et  p.  36,2)  Chenu,  «  aux  poilsgris  ».  Pour- 
quoi celte  différence  V  les  cheveux  de  Blancandin  étaient-ils  plus 
brillants  que  ceux  de  Charlemagne,  ou  ceux  d'Évandre  que  ceux  de 
Julien  de  Saint-Gille?  Cruelle  énigme!  Et  aussi  pourquoi  —  dans 
toute  la  famille  au  reste  —  «  gris  »  plutôt  que  ((  blanc  »?  En  français 
moderne  chenu  signifie  «  devenu  blanc  par  l'âge  »,  et  en  latin  canutus 
comme  c(tnus,  signifie  «  blanc,  blanc  brillant,  argenté  ».  Il  ne  peut 
donc  pas  y  avoir  d'interruption  du  latin  au  français  dans  la  signifi- 
cation de  ce  mot  si  simple.  P.  41,  M.  0.  pense  que  bisel  a  sûrement 
existé  comme  adjectif.  Cette  assertion  est  un  peu  aventurée,  car  rien 
ne  la  justifie.  En  tous  cas,  l'article  est  à  refaire  entièrement  dans  Gode- 
froy,  car  aucun  des  deux  exemples  n'a  de  rapport  avec  bis.  Dans  le 
premier,  «escu  de  bisel»,  bisel  =  biseau,  et  l'expression  équivaut  à  celle 
si  fréquente  :  escu  de  chantel.  Dans  le  second  que  M.  Darmesteter, 
Dictionnaire  général,  a  considéré  comme  une  forme  de  biseau'-,  je 
vois  plutôt  soit  une  faute  du  ms.  pour  6  es  m  as,  soit  même  une  forme 
de  6e6-iaa6'  =  6at6e«u, signifiant  baisure  (d'un  pain).  Cotgrave,  v^beseau, 
Kichelet,  Kuretière,  Trévoux,  v"  baisure,  donnent  beseau  ou  bisiau 
comme  une  locution  parisienne  équivalente  de  baisure.  Or,  l'exemple 
provient  de  la  pièce  parisienne  le  Dit  des  Boulangers.  —  Biset  te  au 
sens  de  «  dentelle  »  n'a  pas  de  rapport  avec  bis.  Cf.  Dictionnaire 
général,  s.  v».  P.  43,  1^)  Gris  et  V')  Gris  sont  expliqués  différemment. 
Je  ne  puis  voir  de  différence  entre  «  Escaimans  li  gris  »  d'Aliscans  et 

asseniou,  cju  il  a  confondu  ici  «  fourrure  »  avec  «  peau»,  car  si  certains  peuples 
employèrent  des  tjoucliers  de  bois,  ils  les  recouvrirent  non  de  fourrures, 
dont  le  cuir  toujours  mince  eût  eu  trop  peu  de  durée  et  de  résistance,  mais  de 
peaux  de  bêtes  au  cuir  épais  et  solide.  C'est  d'ailleurs  une  erreur  de  croire  que 
les  plus  anciens  boucliers  connus  fussent  en  bois;  sans  remonter  jusqu'aux 
descriptions  d'Homère,  on  peut  citer  de  très  anciens  boucliers  de  bronze 
appartenant  à  l'Europe  centrale  et  occidentale  (Voyez  Maurice  Maindron, 
les  Armes,  Bibliothèque  de  l'enseignement  des  Beaux-Arts).  Ce  sont  bien  les 
peintures  emblématiques  dont  on  recouvrait  les  boucliers  qui  ont  donné 
naissance  à  l'art  héraldique,  mais  la  chose  fut,  en  réalité,  de  tous  les  peuples  et 
de  tous  les  temps  (Voyez  une  remarque  de  M""  Jane  Dieulafoy  dans  A  Suse, 
Joui-nal  des  fouiUes,  Tour  du  Monde,  1887,  t.  LIV,  p.  85).  Enfin,  c'est  à  une 
époque  récente  que  sable  a  été  employé  pour  noir  dans  la  nomenclature,  et, 
à  mon  sens,  uniquement  sous  l'influence  de  cette  tendance  qu'ont  eu  les  héral- 
distes  à  singulariser  et  particulariser  l'art  qu'ils  créaient. 

1.  Peut-être  même  lui  donne-t-il  tout  simplement  le  sens  de  fourrure  ? 

2.  Je  ne   suis  pas  de  l'avis   de  M.  Darmesteter,  parce  qu'il  ne  s'agit  pas  de 
pains  coupés,  mais  de  pains  entiers. 


416  COMPTES  RENDUS 

les  «  vios  gris  »  de  Mousket.  P.  46,  M.  0.  attribue  à  liart  dont  le 
rapport  avec  lie  ((  sédiment  »  est  loin  d'être  assuré,  une  série  de 
nuances  qu'il  ne  paraît  guère  avoir  eues.  Il  a  par  contre  tout  à  fait 
raison  quand  il  se  refuse  à  voir  dans  ce  mot,  comme  Du  Gange  et 
Littré  un  synonyme  de  ((  gris  pommelé  ».  On  trouve  en  effet  liart 
pommelé  {Goàekoy^  et  leai^do  po7nelato  (Cf.  Cl.  Corte,  dans  Du  Cange). 
Pommelé  ne  s'applique  pas  seulement  à  la  robe  des  chevaux  ;  il  se  dit 
aussi  des  ■  nuages.  «  Ciel  pommelé  et  femme  fardée  Ne  sont  pas  de 
longue  durée  »  est  un  proverbe  connu'.  P.  55,  je  ne  comprends  pas  à 
P^îZe,  subdiv.  p,  la  citation  de  7)oo??.  Il  s'agit  d'un  Sarrazin  ((  noir 
comme  pois».  11  a  visage  de  traître  et  «  couleur  de  pendu».  Tout  cela 
exclut  l'idée  de  pâle.  P.  56,  Descoloré  signifie  simplement  là  comme 
ailleurs  «  qui  a  perdu  sa  couleur  (naturelle)  ».  P.  58,  Empalissement 
dans  l'exemple  de  Doon  est  bien  singulier.  P.  59,  la  subdivis.  p  de 
Pers  1  est  à  supprimer.  P.  60,  M.  0.  cite  deux  passages  où  teint 
paraît  signifier  ((  pâle  ».  Mais  l'article  teindre  de  Godefroy  montre 
que  le  sens  de  ce  mot  est  uniquement  «  changer  de  couleur  ».  Aux 
exemples  cités  dans  Godefroy,  on  peut  ajouter  celui-ci  : 

Quant  Ferrans  l'oï,  si  lainst  comme  charbon.  (Ga//f/o«,  7708). 

On  pouvait  donc  teindre  de  manière  à  devenir  noir.  P.  60, 
nam.  ne  signifie  pas  «  privé  de  couleurs,  pâle  »,  mais  ((  privé  de  forces, 
faible,  abattu  ».  P.  60,  Esmarhrè  ne  doit  pas  avoir  de  rapport  avec 
marbre,  quel  que  soit  le  sens.  Une  telle  composition  ne  se  compren- 
drait pas.  La  traduction  donnée  par  M.  0.  ne  s'accorde  d'ailleurs  pas 
avec  esmarhre  qui  est  inséparable  du  premier.  P.  62,  hure  ne 
signifie  pas  «  rouge  feu  »,  mais  «  brun  ».  L'ital.  bujo  ne  signifie  pas 
davantage  «  rouge  »,  mais  «obscur,  ténébreux».  P.  66-67,  Brunir 
signifie  uniquement  ^  frotter  pour  polir,  rendre  poli».  La  notion  de 
couleur  n'existait  pas  plus  autrefois  dans  ce  mot  qu'elle  n'existe  au- 
jourd'hui dans  le  brunissage  de  l'or.  P.  73,  subdiv,  p,  l'exemple  de 
Robert  de  Blois  est  au  sens  matériel.  P.  76,  dans  aucun  passage 
auborne  ne  signifie  <{  jaune  »  plutôt  que  a  blond  ».  M.  0.  s'est  laissé 
entraîner  par  le  sens  donné  à  ce  mot  depuis  qu'il  a  été  repris  à  l'anglais. 
Mais  en  anglais  auburn  signifie  châtain  clair  et  en  français  aujour- 
d'hui il  qualifie  des  cheveux  tirant  sur  le  fauve  plutôt  que  jaunes. 

1.  On  ne  le  trouve  pas  dans  les  textes  avant  Cramail,  Comédie  des  procerbes, 
III,  2.  Mais  il  est  évidemment  plus  ancien  que  les  XVP-XVIP  siècles. 


OTT  :  LES  COULEURS  EN  VIEUX  FRANÇAIS  417 

P.  76,  Blau,  «  jaune  brillant,  jaune».  Il  s'agit  de  la  couleur  du  visage 
du  comte  de  Flandres  Baudouin!  —  BLoi  est  un  mot  difficile;  il  y  a 
eu  des  confusions,  peut-être  seulement  graphiques,  avec  hlea;  mais 
quand  il  s'agit  de  personnes,  bloi  est  plutôt  «  blond  »  que  «  jaune  ». 
En  tout  cas,  la  subdiv.  coniparaiHon  Iir/perboliqae  est  k  supprimer. 
Quelle  que  soit  la  personne  ou  la  chose  dont  il  s'agisse,  elle  ne  peut 
pas  être  plus  Jaune  ou  plus  blonde  que  la  /leur  de  lis  ou  la  neige!  La 
comparaison  repose  sur  blanche  et  non  sur  bloie.  P.  83,  pourquoi 
soroient  ne  serait-il  pas  l'imparfait  de  soverf  II  est  en  corrélation 
avec  ot  de  la  première  proposition.  P.  92,  l'ordonnance  rappelée  par 
M.  0.  ne  prouve  pas  que  pers  soit  bleu  foncé.  Les  rois  de  France  ont 
porté  le  deuil  en  rouge.  A  l'enterrement  de  Renart  le  corps  est  recouver  t 
d'un  paile  rert  (XVII,  1061).  —  «  Persellu,  persel.  Ce  dérivé  de  pers 
ne  se  trouve  que  dans  un  substantif  du  genre  féminin  la  perselle,  nom 
du  bleuet.  »  Le  Dictionnaire  Godefroy  hésite  entre  bleuet  et  saxifrage, 
M.  0.  penche  pour  le  bleuet.  Mais  tout  d'abord /)e/-se//e a  unsynonyme 
que  M.  O.  n'a  pas  vu,  bienqu'il  soit  dans  Godefroy;  o'estperceau  (Mé- 
nagier  de  Paris), etle  passage  nous  donne  expressément  et  exactement 
le  sens  de  ces  deux  mots  qui  désignent  la  nielle  des  blés  paroir  laper- 
selle  ou  vert  bleif,  Sot.  Chans.,  P.  Meyer,  dans  Godefroy)  dite  aussi 
passe-rose  [Agrostemma  githago).  La  fleur  de  la  nielle  des  blés  est 
mauve;  l'étymologie  proposée  par  M.  0.  est  donc  très  vraisemblable 
si  sa  traduction  est  inexacte.  —  «  Persoier,  être  bleu  foncé.  »  Dans  le 
passage  cité  par  M.  0.  comme  dans  ceux  de  Godefroy  auquel  il  fait 
allusion,  persoier  ou  perçoier  est  une  forme  de  peçoier  dont  le  sens 
général  est  «  mettre  en  pièces  »,  forme  due  peut-être  à  l'influence  de 
percer,  mais  sans  rapport  avec  pers.  P.  94,  Violete  dans  l'exemple  de 
la  Clef  d'Amers  est,  comme  brunete,  un  subst.  fém.  désignant  une 
sorte  de  drap.  P.  95,  si  sorinde  désignait  une  couleur,  il  serait  apposé 
à  drap  et  non  joint  par  de.  P.  98,  Azur  n'est  pas  été  adj.  en 
ancien  français  pasplusqu'il  ne  l'esten  français  moderne.  A  l'exemple 
de  la  Clef  d'Amors,  il  faut  lire  azuré  et  reporter  ce  passage  p.  99, 
no4.  P.  108,  dans  les  trois  exemples  san^/an^  a  son  sens  ordinaire. 
P.  109,  Boil.  Les  traductions  ne  montrent  pas  «  accomplie  l'évo- 
lution de  rutilas  «  rouge  »  à  «  brillant  ».  En  pallor  d'or  traduit 
ex  auro  flavo  et  non  rutilantes;  c'est  ce  qu'avait  mieux  com- 
pris M.  0.,  p.  56,  où  il  cite  le  même  passage  avec  la  signification 
de  «  pâleur  ».  Dans  l'exemple  des  Bois,  rutilât  n'est  pas  davantage 


418  COMPTES    RENDUS 

traduit.  P.  109,  Pourpre.  On  peut  voir  dans  le  Complément  de 
Godefroy  que  M.  Bonnard  et  moi  avons  (lompris  un  peu  autrement 
que  M.  0.  l'évolution  sémasiologique  de  ce  mot.  L'article  a  été  rédigé 
peu  après  la  publication  de  sa  thèse  à  laquelle  nous  avons  fait  quelques 
emprunts.  P.  115,  Enrougier.  L'exemple  de  Godefroy  est  du  xv^  siècle 
et  dépasse  la  limite  que  s'est  fixée  M.  0.  ;  il  aurait  pu  en  indiquer  un 
autre  dans  la  Naissance  du  Chevalier  au  Cygne,  v.  472.  P.  122, 
note  4,  enireroser  :  a  La  traduction  de  Godefroy,  mêler  de  roses,  fait 
de  ce  second  vers  une  répétition  inutile.  »  Est-ce  bien  une  répétition? 
M.  Van  Hamel  n'a  pas  été  de  cet  avis,  puisque  c'est  lui  qui  a  donné 
dans  son  Glossaire  cette  traduction  qui  s'accorde  parfaitement  avec 
les  coutumes  connues  du  moyen  âge.  P.  128,  Granat  et  grenate 
se  rapportent  bien  à  grenat  et  non  à  graine.  P.  138,  Vert.  La 
traduction  «  bon  à  rien,  sans  valeur  »  est  forcée.  Elle  ne  s'appuie  que 
sur  la  citation  à'Aliscans.  Or,  les  fèves  se  mangent  très  bien  en 
gousses  vertes,  et  celles  dont  il  s'agit  doivent  être  vertes,  c'est-à-dire 
«  fraîches  »,  puisqu'elles  ne  sont  pas  dérobées.  Dans  vert  alie,  vert 
est  une  épithète  de  remplissage.  P.  149,  dans  l'exemple  de  Gui  de 
Couci,  le  sens  est  «  agréable,  heureux  ».  P.  162,  les  trois  exemples 
rangés  dans  la  subdiv,  «  expressions  désignant  des  qualités  morales  », 
ont  un  sens  purement  physique- 

De  cette  longue  et  pourtant  incomplète  revision,  il  se  dégage  l'impres- 
sion d'un  travail  très  intéressant,  fait  sur  un  plan  bien  conçu,  mais 
exécuté  avec  une  précipitation  qui  n'a  pas  permis  à  l'auteur  de  se  relire 
et  de  coordonner  des  éléments  dont  beaucoup  sont  excellents.  M.  0.  se 
doit  et  nous  doit  une  nouvelle  édition  de  laquelle  il  éliminera  ce  qui, 
dans  celle-ci,  est  douteux  ou  inexact,  où  il  complétera  ses  recherches, 
ajoutera  nombre  de  mots  omis\  étudiera  d'autres  textes,  par  exemple 
\e  Renart  où  certains  noms  d'animaux  lui  apporteront  une  contribution 
utile,  examinera  chaque  couleur  par  rapporta  l'objet  qualifié,  et  nous 
donnera  une  monographie  définitive  sur  un  sujet  des  plus  curieux 
pour  le  philologue  et  pour  le  philosophe.  Am.  Salmon. 

1.  Citons  :  garance,  cramoisi,  inimuin,  alezan,  tniitè,  tigre,  olice, 
bronze,  bronzé,  baiart,  inauce,  safrin,  rcnigol,  heigr,  pie,  rouan,  Unis, 
fochelè,  tacheiè,  tacheus,  rergelr,  rergiè,  jacintin,  les  termes  composés, 
etc.,  etc.  La  syntaxe  aussi  devrait  être  étudiée. 


CHRONIQUE 


La  Société  bibliographique  a  provoqué,  comme  elle  le  fait  tout  les  dix  ans, 
la  réunion  d'un  Congrès  bibliographique,  qui  s'est  tenu  à  Paris  au  mois 
d'avril  1898.  Les  actes  de  ce  Congrès  viennent  de  paraître  en  deux  volumes. 
{Conf/rcs  blblio(/i'ap/ii'/i(c  iafet'natiàna/  fc/ui  à  Ptirtadit  13au  16  an-ll  1898, 
sous  les  auspices  de  la  Sorirtr  bildiof/rap/iit/iic.  —  Paris,  5,  rue  Saint- 
Simon,  2  vol.  in-S",  vi-601  et  496  p.).  Nous  devons  signaler  dans  ce  recueil 
les  mémoires  suivants  :  Tome  I  :  Chan.  Mangenot  :  Rapport  sur  les 
traraux'  de  rrifif/uc  et  d'cTci/rsc  hihiiques  depuis  dix  ans  (p.  1-19);  comte 
Domet  de  Vorges  :  L((  Philosop/iie  thomiste  pendant  les  années  1888-1898 
(p.  81-108);  A.  Arcelin  :  Les  Progrès  de  l'ant/u-opolof/ie  et  de  l'areheoluçiie 
préhistorique,  1888-1898  (p.  177-188);  P.  Allard  :  Les  Antiquités  chré- 
tiennes depuis  dix  ans  (p.  419-433);  Le  P.  Largent  :  Les  Tracaux  sur 
l'histoire  ecclésiastique  en  France  (p.  434-450);  M.  Prou  :  Paléor/rap/iie 
et  Diplomatique  de  1888  à  1897  (p.  498-601).  —  Tome  II  :  A.  Blanchet  : 
La  Numismatique  de  1889  à  1897  (p.  1-26);  Anthyme  Saint-Paul  : 
L'Archéolo;/ie  du  moijen  ih/i-  en  France  (p.  27-45)  ;  abbé  E.  Millier  : 
L'Archéototjie  chrétienne  en  Allenia(/ne,  1890-1898  (p.  46-58);  comte  de 
Marsy  :  Les  Congrès  historiques  et  scientijiques  (p.  59-69);  chan.  Pisani  : 
Les  Conf/rès  scientijiques  internationaux  des  catJioliques  (p.  70-75); 
L.  Mirot  :  Les  Inrentaires  d'arcJiires  (p.  186-210);  Claudin  :  Travaux  sur 
l'histoire  de  l'imprimerie  (p.  220-241);  Ch.  de  La  Roncière  :  La  Conférence 
d'études  historiques  de  la  Société  bibliof/i'aphique  (p.  253-255);  P.  Four- 
nier:  Rapport  sur  les  publications  relaticcs  à  Vldstoire  du  droit,  1888-1897 
(p.  328-390);  G.  Kurth  :  Les  Études  franques  (p.  400-416);  E.  Déprez  : 
Les  Sources  de  l'histoire  de  France,  1888-1898  (p.  417-449). 

*  * 

M.  Omont^  conservateur  du  département  des  manuscrits  à  la  Bibliothèque 
Nationale, a  décrit  dans  le  Journal  des  Sacants  de  mai  1900,  un  manuscrit 
grec  nouvellement  acquis  par  lui.  Ce  volume  d'une  valeur  considérable  est 
un  spécimen  unique  de  très  ancien  texte  grec  écrit  en  onciales  d'or  sur 
parchemin  pourpré,  avec  miniatures  au  bas  des  pages;  seuls,  la  Genèse  de 
Vienne  et  les  Éranfjiles  de  Rossano  peuvent  lui  être  comparés,  encore  ces 
deux  manuscrits  célèbres  sont-ils  écrits  en  lettres  d'argent;  les  43  feuillets 
gr.  in-4",  que  compte  actuellement  le  manuscrit  renferment  une  partie  de 


•120  CHRONIQUE 

l'Évangile  selon  saint  Matthieu,  qui  devait  en  occuper  144  dans  le  ms. 
complet.  Une  étude  sommaire  de  récriture  et  des  peintures  a  permis  à 
M.  Omont  de  dater  approximativement  le  ms.  des  dernières  années  du 
l'ègne  de  Justinien.  Le  tirage  à  part  de  cet  article  est  accompagné  de  deux 
planches  contenant  la  reproduction  de  quatre  des  cinq  miniatures,  la  cin- 
quième, est  trop  endommagée  pour  avoir  été  reproduite  à  propos  de  cette 
notice  provisoire,  mais  la  totalité  du  ms.  ne  tardera  pas  à  <Hre  facsimilisée, 
et  M.  Omont  annonce  qu'il  consacrera  à  l'étude  de  ce  monument  unique  un 
mémoire  beaucoup  plus  ample  que  l'article  sia;nalé  ici. 

A.  V. 

*  * 

Le  principe  de  la  conservation  des  monuments  historiques  posé  dans 
l'article  257  du  Code  pénal  en  1809  qui  punit  d'un  emprisonnement  d'un 
mois  à  deux  ans  et  d'une  amende  de  100  à  500  fr.,  «  quiconque  aura  détruit, 
abattu,  mutilé  ou  dégradé  des  monuments,  statues  et  autres  objets  destinés 
à  l'utilité  ou  à  la  décoration  publique  »,  n'a  reçu  d'application  pratique 
que  sous  le  gouvernement  de  Louis-Philippe,  qui  a  inscrit  au  budget 
de  1831,  une  somme  de  8().000  fr.  pour  la  conservation  des  monuments 
historiques,  et  chargé  Vitet  d'inspecter  à  ce  point  de  vue  les  diverses  parties 
de  la  France;  en  1837,  une  Commission  des  monuments  historiques  qui 
fonctionne  toujours  fut  chargée  de  désigner  les  monuments  auxquels  les 
libéralités  du  Gouvernement  devaient  être  accordées,  et  dont  la  disparition 
serait  le  plus  regrettable.  Une  première  liste  de  classement  fut  dressée 
en  1867,  à  l'occasion  de  l'Exposition  universelle;  une  seconde  a  été  publiée 
en  1875;  le  texte  des  circulaires  ministérielles  relatives  à  la  conservation 
des  monuments  historiques  et  le  catalogue  des  archives  de  la  Commission 
furent  joints  à  cette  liste.  Depuis  cette  époque,  les  opérations  de  la  Commis- 
sion ont  trouvé  une  sanction  dans  les  dispositions  de  la  loi  du  30  mars  1887  • 
le  classement  des  monuments  a  été  revisé,  le  nombre  de  ceux  qui  ont  été 
jugés  dignes  d'être  conservés  comme  documents  archéologiques  ou  comme 
objets  d'art  a  été  considérablement  accru,  enfin  les  archives  de  la  Commis- 
sion se  sont  beaucoup  enrichies.  Cette  œuvre  éminement  digne  d'intérêt  a 
donné  lieu  â  plusieurs  publications.  En  1895,  M.  A.  Perrault-Dabot  a 
publié  le  catalogue  de  la  Bibliothèque  de  la  Commission  (Ministère  dc; 
l'instruction  publique,  des  beaux-arts  et  des  cultes.  Catalogue  de  la 
Bibliothèque  de  la  Commission  des  monuments  historiques.  Paris,  Impr. 
Nationale;  in-8",  331  p.);  en  1899,  le  même  auteur  a  donné  un  catalogue  des 
archives  (Ministère  de  l'instruction  publique  et  des  beaux-arts.  Archives 
de  la  Commission  des  monuments  historiques.  Catalogue  des  relevés, 
dessins  et  aquarelles.  Paris,  Impr.  Nationale;  in-8'',  435  p.),  puis  entrepris 
avec  M.  de  Baudot  la  publication  de  ces  mômes  archives  (voy.  Le  Moyen 
Age,  XI,  246;  XII,  450;  le  1"  fascicule  du  tome  III  vient  de  paraître). 
Enfin  tout  récemment  a  paru  une  nouvelle  liste  des  monuments  classés  avec 
texte  des  loi  et  décrets  à  eux  relatifs  [Ministère  de  l'instruction  publique 


CHRONIQUE  421 

et  des  beaux-arts.  Monnnwnts  historiques.  Loi  et  décrets  relatifs  à  la  con- 
sercation  des  inonuinents  histori'/ues,  liste  des  monuments  classes,  Paris, 
Impr.  Nationale,  1900;  gr.  in-8",  61  p.).  Cette  nouvelle  liste  témoigne  par  son 
ampleur  du  labeur  considérable  et  éclairé  auquel  se  sont  livrés  les  membres 
de  la  Commission,  les  fonctionnaires  qui  y  sont  attachés  et  les  architectes 
chargés  de  la  représenter  dans  les  départements.  A  ceux  de  nos  lecteurs  que 
cette  question  intéresserait  particulièrement  nous  signalons,  outre  les  ou- 
vrages indiqués  plus  haut,  une  thèse  de  doctorat  en  droit,  par  M.  Paris  et 
intitulée  :  Les  Monuments  his(u/-iques  (Paris,  1891  ;  in-S",  223  p.);  un  article 
deM.  J.  Challamel  paru  dans  VAnniudre  de  la  législation  française, 
t.  VII,  qui  contient  d'utiles  indications  sur  les  mesures  prises  à  l'étranger 
pour  la  conservation  des  monuments  historiques,  et  l'ouvrage  plus  récent 
de  M.  J.  A.  von  Helfert  (Denhnialpflefjc,  ôjlentliche  Obsorf/efiir  Gegen- 
sfdnde  der  Kunst  und  des  Altertluuns  nachdem  neuesten  Stande  Geset.:- 
ifcbung  in  den  rerschiedenen  Culturstaaten  (Wien,  1897;  in-8°,  202  p.), 
plus  complet  encore  à  ce  dernier  point  de  vue.  A.  V. 

* 

*  * 

M.  Emile  Bonnet,  à  qui  l'on  doit  déjà  d'intéressants  travaux  relatifs  à 
l'histoire  et  à  l'archéologie  du  sud  de  la  France,  vient  de  publier  une  biblio- 
graphie historique  et  religieuse  du  diocèse  de  Montpellier,  y  compris  les 
régions  correspondant  aux  anciens  évêchés  réunis  à  celui  de  Montpellier. 
Cette  bibliographie  disposée  méthodiquement  n'est  pas  une  simple  énumé- 
ration  de  titres;  l'auteur,  qui  connaît  bien  l'histoire  religieuse  de  cette  région, 
a  pu  indiquer  Tobjet  réel  de  chaque  ouvrage^  l'esprit  qui  a  présidé  à  sa 
rédaction,  le  point  de  vue  où  s'est  placé  l'auteur;  enfin  cette  bibliographie 
a  encore  un  autre  mérite  et  non  des  moindres,  elle  coniient.  outre  une 
notice  sur  les  livres  imprimés,  la  mention  des  manuscrits  rentrant  dans  le 
cadre  bibliographique  de  chacun  des  chapitres  traités.  Après  un  chapitre 
consacré  aux  ouvrages  généraux^  M.  B.  a  pour  chacun  des  diocèses  anciens 
de  Maguelone,  Montpellier,  Béziers,  Agde,  Lodève  et  Saint-Pons-de-Tho- 
mières  établi  les  subdivisions  suivantes  :  1.  Histoire  du  diocèse  et  des 
évèques;  2.  Abbayes,  couvents,  établissements  hospitaliers  et  charitables, 
confréries;  3.  Paroisses,  églises,  chapelles;  4.  Hagiographie;  5.  Liturgie; 
6.  Enseignement  religieux^  catéchismes;  7.  Conciles,  synodes,  conférences, 
règlements  et  affaires  ecclésiastiques  ;  8.  Biographies  ecclésiastiques  ; 
9.  Polémiques  religieuses  (Réforme,  Jansénisme).  On  ne  saurait  trop 
souhaiter  de  voir  suivre  l'exemple  de  M.  Bonnet  dans  d'autres  régions  de  la 
France;  nous  possédons  déjà  quelques  bibliographies  locales  et  quelques 
catalogues  des  fonds  d'histoire  locale  conservés  dans  des  bibliothèques  mu- 
nicipales, mais  en  trop  petit  nombre;  encore  ces  ouvrages  sont-ils  de 
valeur  très  inégale,  celui-ci  comptera  parmi  les  meilleurs;  il  resterait 
maintenant  à  faire  un  dictionnaire  bio-bibliographique  montpelliérain. 

A.  V. 


422  CHRONIQUE 

*  * 

Pour  faire  suite  au  Catalogue  général  des  manuscrits  français  de  la  Biblio- 
thèque Nationale  dont  nous  avons  rendu  compte  précédemment  {Le  Moyen 
Age,  XII,  p.  279),  M.  Omont  a  publié  les  deux  premiers  volumes  du  fonds 
des  nouvelles  acquisitions  franc^-aises  ouvert  en  1863  aux  accroissements  de 
cette  collection  (Bibliothèqiw  Naflonale.  Catalorjiie  f/cnè/-al  des  manuscrits 
français.  Xoiirrlles  ac(/iiisif ions  françaises,  I-II  :  n""  1-G508.  —  Paris, 
E.  Leroux,  1809-1900;  2  vol.  in-8°,  xxii-520  et  xv-464  p.).  Un  troisième 
volume  paraîtra  ultérieurement.  Cette  série  comprend  naturellement  les  mss. 
les  plus  divers,  textes  littéraires  et  historiques, chartes,  notes  d'érudils, etc., 
et  le  catalogue  échappe  à  toute  analyse. 

\.  V. 

Le  tome  I"  des  Mèlctnçjrs  de  littérature  et  d'/u'stoire  rr/ir/iciises  publiés 
à  l'occasion  du  jubilé  épiscopal  de  Mgr  de  Cabrières,  évoque  de  Montpellier, 
1879-1899  (Paris,  A.  Picard,  1899;  gr.  in-8").  contient  les  études  suivantes 
qui  se  réfèrent  au  moyen  âge:  C.  Douais  :  Les  0/-i(/iiies  de  l'èpiseopai , 
p.  1-48.  —  P.  Batiffol  :  Hisloria  acep/iala  Arianuruni,  p.  99-108.  —  Doni 
Morin  :  Un  écrit  de  saint  Cèsaire  d'Arles  renfernauit  un  iè/noipnaf/e  sur 
les  fondateurs  des  églises  des  Gaules,  p.  109-124.  —  Abbé  L.  Duchesne: 
Le  Forum  chrétien,  p.  125-143.  —  Baron  Desazars  de  Montgailhard  : 
Deux  Wisigoths  {saint  Benoit  d'Aniane  et  Guillannte  de  Toulouse, 
fondateur  de  Gellone),  p.  145-164.  —  Dom  Du  Bourg  :  Ahhage  d'Aniane, 
p.  165-194 .  —  L.  Roche:  Une  Chronologie  inédite  des  abbés  de  Saint-Guilhem  - 
du-Désert,  p.  195-229.  —  Dom  Cagin  :  Note  sur  le  Sacrainentaire  de 
Gellone,  p.  231-290.  —  J.  Gay  :  Saint  Adrien  de  Calabre,  le  monastère 
basilien  et  le  collège  des  Alb((nais,  p.  291-305.  —  L.  Couture:  La  Vie  de 
saint  Luperc,  p.  307-328.  —  A.  Auriol  :  Sainte  Cécile  et  la  cathédrale 
d'Albi,  p.  .329-342.  —  Cauvet  :  Entrée  du  serf  dans  les  Ordres,  p.  343-350. 
—  Doussot  :  Bernard  Gui,  écêque  de  Lodére,  son  opuscule  inédit  «  De 
ordinc  offtcii  niissa'  >),  p.  351-377.  —  Granier  :  Les  Frères  PrècJieurs  de 
Béliers j  XI 1 1'  -X  VII'  siècles ,Jortdat ion  et  réforme,  p.  379-431.  —  L.  Noguier  : 
L'Église  Saint-Naiaire  de  Béliers,  p.  433-445.  —  L.  Noguier:  L'Église 
Saint-Étienne  d'Agde,  p.  447-4.53.  —  H.  Denifle:  Arnaud  de  Cercole,  son 
incasion  en  Prorence,  p.  455-481.  —  J.-M.  Vidal  :  La  poursuite  des 
lépreux  en  1321,  p.  483-518. —  Cassan  :  La  Confrérie  delà  Sainte-Vraie- 
Croix  de  Montpellier,  ses  statuts  romans,  1294-1338,  p.  519-541.  — 
Poujol  -.Les Dominicains  et  les  Domiidcaines  au  XIII'  siècle  à  Montpellier, 
p.  543-571. 


LIVRES    NOUVEAUX  423 


LIVRES  NOUVEAUX 


392.  AcHF.Lis  (H.).  Die  Martyrologien,  ihre  Geschichte  und  ihr  Wert.  — 
fîerlin.  Weidniann,  1900;  in-4°,  viii-247  p.  (Abhandlungen  der  kônigl. 
Gesellschaft  der  Wissenschaften  zu  Gottingon.  Philol.  liistor.-Klasse.  Neue 
Folge.  III  Bd.  N'3.)  (16  m.) 

393.  Altmann  (W.).  Regesta  Impeiii .  XI.  Die  Urkunden  Kaiser  Sig- 
uuinds  (1410-14.37).  II  Bd.  3  Lfg.  Nachtiàge  und  Register  zu  Bd.  I  und 
II.  —  Innsbruck,  Wagner,  1900;  in-4»,  iv  p.  et  p.  433-.588. 

394.  Andrk-Pontier  (L.).  Histoire  de  la  pharmacie  (origines,  moyen 
âge,  temps  modernes).  —  Paris,  Doin,  1900;  in-8",  xxi-730  p. 

39,').  Anclade  (Joseph).  Notice  sur  un  livre  de  comptes  de  l'église  de 
Fournes  (Aude).  —  Montpellier,  Hamelin  frères,  1900;  in-8^  44  p.  (Extr. 
de  là  Ror.  drs  Lariffurs  r^ornnnes.) 

396.  Appert  (J.).  LaVerderie  de  la  Ferté-Macé  au  commencement  du 
xv'  siècle  d'après  le  grand  Coutumier  des  forêts  de  Normandie,  par  Hector 
de  Chartres,  chevalier^  maître  et  enquêteur  des  eaux  et  forêts  pour  le  roi  en 
Normandie  et  Picardie.  —  Caen,  Delesques,  1900;  in-8",  16  p..  carte.  (F.xtr. 
de  V Aiintuiiro  dr  l'Association  normande .) 

397.  Arbois  de  Jubainville  (H.  D').  Les  bas-reliefs  gallo-romains  du 
musée  de  Cluny.    —  Paris,  Leroux,  1900;  in-8",  10  p. 

398.  Arbois  de  Jubainville  (H.  D').  Étude  sur  la  langue  des  Francs  à 
l'époque  mérovingienne.  —  Paris,  Bouillon,  1900;  in-16,  xi-342  p. 

399.  AuBRY  (Jean-Baptiste).—  Œuvres  complètes.  T.  VIII:  Cours  d'his- 
toire ecclésiastique  et  théologie  de  l'histoire  de  l'Église,  II.  —  Paris, 
Retaux,  1899;  in-8",  467  p. 

400.  AuiiRY  (Pierre).  Mélanges  de  musicologie  critique.  La  musicologie 
médiévale.  Histoire  et  méthodes.  Cours  professé  à  l'Institut  catholique  de 
Paris,  1898-1899.  -  Paris,  H.  Welter,  1900;  in-4",  vi-136  p.  (20  fr.) 

401.  AvENEAU  DE  La  Granciére.  Lcs  Romains  dans  le  centre  de  la  Bre- 
tagne Armorique.  La  villa  gallo-romaine  de  Guilly  en  Malguénac,  canton 
de  Cléguérec  (Morbihan).  —  Vannes,  impr.  de  Galles,  1900;  in-S",  7  p. 
(Extr.  du  Bull,  de  la  Soc.  poli/ ni.  du  Morbihan.) 

402.  AvENEAu  DE  La  Grancière.  Les  Romains  dans  le  centre  de  la  Bre- 
tagne Armorique.  Le  Bain  romain  de  Kerven-Lapaul  en  Melrand,  canton 
deBaud  (Morbihan).  —  Vannes,  impr.  de  Galles,  1900;  in-8°,  llp.,2  plans. 
(Extr.  du  Bull,  dr  la  Soc.  polijm.  du  Movhihan.) 

403.  Babelon  (Ernest).  Guide  illustré  au  Cabinet  des  médailles  et 
antiques  de  la  Bibliothèque  Nationale.  Les  antiques  et  les  objets  d'art.  — 
Paris,  E.  Leroux,  1900;  in-18,  xv-369  p.  (5  fr.) 

404.  Baer  (J.).  Monumenta  typographica  vetustissima.  Incunabein 
CCCCXXIV:  Lagerkatalog  von  J .  Baer  &  C°.  Meistaus  den  Bibliotheken 


424  LIVRES    NOUVEAUX 

des  Predigerklosters  in  Frankfurt,  des  Kai-meliterklosters  in  Hirsch- 
horn,  des  Praemonstratenklosters  in  Weissenau  und  des  Predigerklosters 
in  Wimpfen.  —  Frankfurt  a.   M.,  .1.  Baer,  1900;  in-8",  121  p.  (1  m.) 

405.  Bamberger  (S.)-  Ilistorische  Berichte  liber  die  Juden  der  ,  Stadt 
und  des  ehemaligen  Fiirstent.  Aschaffenburg.  —  Starssburg,  J.  Singer, 
1900;  in-8»,  v-112p.(3ra.) 

106.  Bardy  (H.).  Hache  en  silex  poli,  découverte  à  la  Madeleine  près 
Saint-Diô,  en  décembre  1899.  —  Saint-Dié,  impr.  de  Cuny  (1900);  in-S", 
3p. 

407.  Baron  (J.)  et  E.  Soyez.  Description  de  l'église  cathédrale  Notre- 
Dame  d'Amiens.  —  Amiens,  impr.  de  Yvert  et  Tellier,  1900;  in-8%  ix- 
253  p.  1  plan. 

408.  Baudot  (A.  de)  et  A.  Perrault-Dabot.  Archives  de  la  Commis- 
sion des  monuments  historiques.  T.  III,  1''  fasc.  —  Paris,  H.  Laurens  et 
C.  Schmid,  1900;  gr.  in-4°. 

409.  Bazin  (A.).  L'alimentation  à  Compiègne.  Les  boulangers  et  les 
poissonniers.  —  Compiègne,  impr.  deLefebvre,  1900;  in-16,  104  p. 

410.  Bazin  (A.).  Le  Petit  Margny.  —  Compiègne,  impr.  de  Lefebvre, 
1900;  in-8",  39  p. 

411.  Beaumanoir  (Philippe  de).  Coutumes  de  Beauvaisis.  Texte  cri- 
tique publié  avec  une  introduction,  un  glossaire  et  une  table  analytique 
par  Am.  Salomon.  T.  II.  —  Paris,  A.  Picard  et  fils.  1900;  in-8°,  xlviii- 
5.55  p.  (Collection  de  textes  pour  servir  à  l'étude  et  à  l'enseignement  de 
l'histoire.)  (14  fr.) 

412.  Beauquier  (Charles).  Traditions  populaires.  Les  mois  en  Franche- 
Comté.  —  Paris,  Lechevalier,  1900;  in-S",  184  p. 

413.  Bezold  (G.  von),  B.  Riehl  und  G.  Hager.  Die  Kunstdenkmale 
desKônigr.  Bayern  vom  11  bis  zum  Ende  des  18  Jahrh.  IBd.  Reg.-Bezirk 
Oberbayern.  18  Lfg.  —  Munchen,  J.Albert,  1900;  in-lol.  p.  1406-1532, 
12  pi.  (10  m.) 

414.  BiLLEL  (H.).  BaujolaisForez-Dombes.  Thizy  et  les  environs.  Ar- 
moriai et  notes  généalogiques,  rédigés  d'après  les  notes  éparses  laissées  par 
Etienne  Mulsant.  2°  vol.  —  Lyon.  impr.  de  Rey,  1899;  in-4%  364  p. 
380grav.  (40  fr.) 

415.  Blanc  (Alphonse),  l.e  rappel  du  duc  d'Anjou  et  l'ordonnance  du 
25  avril  1380.—  Paris,  Impr.  Nationale,  1900;  in-8%  24  p.  (Extr.  du  Bull, 
historique  et  philolof/iqiœ  du  Comité  des  tracaux  historiques.) 

416.  Bobeau  (Octave).  Fouilles  dans  un  cimetière  antérieur  au  x"  siècle, 
à  Langeais  (Indre-et-Loire).  —  Paris,  Impr.  Nationale,  1900;  in-8°,  20  p. 
(Extr.  du  Bull,  arcliroloiilquc  du  Comitr  des  traraux  historiques,  1899.) 

417.  Borckel  (A.).  Gutenberg  und  seine  beriihmtesten  Nachfolger  im 
ersten  Jahrhundert  der  Typographie,  nach  ihrem  Leben  und  Wirken  dar- 
gestellt.  —  Frankfurt  a.  M.,  Klimsch.  1900;  in-8°,  xii-211  p.  (3  m.) 

418.  Bories  (Edmond).  Notice  historique  sur  Orgeval  (Seine-et-Oise).  — 
Paris,  impr.  de  KauSmann  et  Sausseret  (1900);  in-8".  32  p. 


LIVRES    NOUVEAUX  425 

419.  BoRRMANN  (R.)-  Aufnahmen  mittelalterlicher  Wand- und  Decken- 
malereien  in  Deutschland.  7  Lfg.  — Berlin.  E.  Wasmuth,  1000;  gr.  in-fol. 
6  pi .  (20  ra .  ) 

420.  Douillet  (A.)  et  L.  Servikres.  .Sainte  Foy,  vierge  et  martyre.  — 
Rodez,  Carrère,  1900;in-4%  xii-782  p. 

421.  BotRAssÉ  (Abbé  J.-J.).  Abbayes  et  monastères  de  France  (histoire, 
documents,  souvenirs  et  ruines).  —  Tours,  Marne,  1900;  in-4°,  224  p. 

422.  BouRDERY  (Louis).  Note  sur  un  souterrain,  refuge  situé  à  Liviers, 
commune  de  Jumilhac-le-Grand  (Dordogne).  —  Limoges,  V''«  Ducourtieux, 
1900;  in-8%8  p.,  1  plan. 

423.  BouTRON  (F.).  L'architecture  aux  Pays-Bas.  —  Paris,  C.Schraid, 
1900;  in-4",  112  p.  (5fr.) 

424.  Breidknbach  (H.).  Zwei  Abhandlungen  liber  die  tironischen  Xoten. 
—  Darrastadt,  H.  L.  Schlapp,  1900;  in-8",  39  p.  (1  m.) 

425.  Brissaud  (J.).  Manuel  d'histoire  du  droit  français  (sources,  droit 
public,  droit  privé).  4'  fascicule.  —  Paris,  Fontemoing,  1900;  in-8', 
p.  769-1000. 

426.  Brossard  (Joseph).  Samuel  Guichenou,  historien  de  Bresse^  de 
Bugey,  de  Bombes  et  de  Savoie.  —  Bourg,  impr.  de  Allombert,  1899;  in-8% 
1.39  p.  et  pi.  (Extr.   des  Annales  do  la  Soc.  cVéunilation  de  l'Ain.) 

427.  Bruel  (Alexandre).  Inventaire  d'une  partie  des  titres  de  famille  et 
documents  historiques  conservés  dans  les  papiers  Bouillon,  aux  Archives 
Nationales,  pour  faire  suite  aux  inventaires  rédigés  par  Baluze.  —  Paris, 
Nogent-le-Rotrou,  impr.  de  Daupeley-Gouverneur,  1900;  in-8°,  62  p.  (Extr. 
de  V Annuaire-Bulletin  de  la  Sue.  de  l'histoire  de  France.) 

428.  Brune  (Abbé).  Les  Reliques  de  l'abbaye  de  Baume-les-Messieurs 
(Jura)  et  leurs  anciens  authentiques.  —  Paris,  Impr.  Nationale,  1899;  in-S", 
10  p.  (Extr.  du  Bull,  arcliùologique  du  Comité  des  trnraux  historiques.) 

429.  Capeille  (Abbé  J.).  Étude  historique  sur  Millas.  La  seigneurie,  la 
commune  et  l'église  depuis  leurs  origines  jusqu'à  la  Révolution.  —  Céret, 
Roque,  1900;  in-8%  xi-336  p.  (2  fr.  50.) 

430.  Cartellieri  (A.).  Philipp  II  August,  Konig  von  Frankreich.I  Bd.: 
116.5-1189,  3.  Buch.  Philipp  August  und  Heinrich  II  von  England  (1186- 
1189).  -  Leipzig,  Dyk,  1900;  in-8°,  xviu  p.  et  p.  193-322,  113-161,  4  pi. 
(4  m.  50.) 

431.  Caudel.  Les  Premières  invasions  arabes  dans  l'Afrique  du  Nord,  les 
Byzantins,  les  Berbers,  les  Arabes  avant  les  invasions.  —  Paris,  Leroux, 
1900;  in-8",  ii-213  p.  (Extr.  du  Journal  asiatique.) 

4.32.  Chardon  Du  Raxquet  (H.).  Cours  d'art  roman  auvergnat,  professé  à 
l'Université  de  Clermont-Ferrand  (Faculté  des  lettres).  —  Clermont-Fer- 
rand,  impr.  de  Mont- Louis,  1900;  in-8°,  51  p. 

433.  Châtelain  (Emile).  Paléographie  des  classiques  latins.  14°  livrai- 
son :  Valère-Maxime,  Cornélius  Nepos,  Florus,  Suétone,  Justin,  Quinte- 
Curce,  Histoire  Auguste,  Aurélius  Victor,  Ammien-Marcellin.  ^  Paris, 
Hachette,  1900;  gr.  in-fol.,  15  pi.  (15  fr.) 


426  LIVRES    NOUVEAUX 

434.  Chauvet  (G.).  Statistique  et  bibliographie  des  sépultures  pré-ro- 
mainesdu  département  de  la  Charente.—  Paris,  Impr.Nationale,  1900  ;  in-8% 
56  p.  (Exfr.  àuBiill.  archéologique  dit  Coniité  des  (/■arat(,r  his(orif/iies,\8^9.) 

435.  Chélaro  (Raoul).  La  civilisation  française  dans  le  développement 
de  TAllemagne  (moyen  âge).  —  Paris,  Société  du  «  Mercure  de  France  », 
1900;  in -8",  359  p. 

436.  Chev.\lier  (Chanoine  U.).  Sacramentaire  et  martyrologe  de  l'abbaye 
de  Saint-Rémy,  martyrologe,  calendrier,  ordinaires  et  prosaire  de  la  métro- 
pole de  Reims  (viif-xiii''  siècles),  publiés  d'après  les  mss.  de  Paris,  Londres. 
Reiras  et  Assise.  —  Paris,  A.  Picard  et  fils,  1900  ;  in-8",  i.xxii-418  p.,  9  pi. 
(Bibliothèque  liturgique.  VII.)  (10  fr.) 

437.  CoLLOMBET  (Séraphin)  et  Emile  Wailliez.  Monographie  de  Four- 
neaux, Modane-Garré.   —  Havre,  impr.  de  Lemale,  1900;  in-18,  112  p. 

438.  CoLLOx  (Abbé  A.  ).  Fouilles  à  la  cathédrale  de  Poitiers.  —  Poitiers, 
impr.  de  Biais  et  Roy,  1900;  in-8%  31  p.  (Extr.  du  Bn/I.  de  /,,  Sur.  des 
Antijuaires  de  rOnest.) 

439.  CoRDiER  (Richard).  Francastel  et  ses  environs  à  travers  les  siècles. 

—  Beauvais,  impr.  de  Avonde  et  Bachelier,  1900;  in-8%  TZ  p. 

440.  CouDERC  (C).  Documents  inédits  sur  Guillaume  Fichet  et  sa  famille- 

—  Paris,  Leclerc,  1900;  in-8",  13  p.  (Extr.  du  Bidl.  du  hildioplnle.) 

441.  CouppEY  (Abbé  Louis).  Notes  historiques  sur  le  prieuré  conventuel 
d'Heauville,  à  la  Hague.  —  Évreux.  impr.  de  Odieuvre,  1898;  in-B",  151  p. 

442.  CuRSCHMANN  (F.).  Hungersnôtc  im  Mittelalter,  ein  Beitrag  zur 
deutschen  Wirtschaftsgeschichte  des  8  bis  13  Jahrh.  —  Leipzig,  B.  G. 
Teubner,  1900;  in-8%  vii-217  p.  (Leipziger  Studien  aus  dem  Gebiete  der 
Geschichte.  VI,  1.)  (7  m.) 

443.  Darsy  (F.-J.).  Le  Santerre.  Etymologie  de  ce  nom  —Amiens. 
impr.  de  Yvert  et  Tellier,  1900;  in-8°,  9  p. 

444.  Daux  (Camille).  La  Barque  légendaire  de  saint  Antonin,  apôtre  et 
martyr  de  Pamiers.  —  Paris,  5,  rue  Saint-Simon,  1900;  in-8°,  57  p. 
11  dessins  (Extr.  delà  Reçue  des  Questions  /listorii/iies.) 

44Ô.  Dauzat  (Albert).  Études  linguistiques  sur  la  Basse -Auvergne,  mor- 
phologie du  patois  de  Vinzelles.  —  Paris,  E.  Bouillon,  1900;  in-8". 

446.  Decombe  (Lucien).  La  Société  archéologique  d'IUe-et-Vilaine.  Son 
passé,  son  présent,  notice  lue  à  la  Société  le  13  février  1900,  à  l'occasion  de 
la  tenue  de  sa  cinq-centième  séance.  —  Rennes,  impr.  de  Prost,  1900  ; 
in-8%  21  p. 

447.DELISLE  (L.).  Un  troisième  manuscrit  des  sermons  de  Saint-Bernard 
en  français.  —  Paris,  Impr.  Nationale,  1900;  in-4",  17  p.  (Extr.  du 
Journal  des  Sarants.) 

448.  Deloche  (Maximin).  Etude  historique  et  archéologique  sur  les 
anneaux  sigillaires  et  autres  des  premiers  siècles  du  moyen  âge.  Description 
de  trois  cent  quinze  anneaux,  avec  dessins.  —  Paris,  Leroux,  1900;  gr.  in-8% 
Lxv-402  p. 

449.  Demaison  (L.).  Les  chevets  des  églises  Notre-Dame  de  Châlons  et 


LIVRES    NOUVEAUX  427 

Saint-Rémi  de  Reims.  —  Paris,  Impr.  Nationale,  1899;  in-8°,  28  p.  (Extr. 
du  Bnll .   archcnloriiqne  du  Comité  des  (raraiia-  histoi'ù/ucs.) 

450.  Didier-Laurent  (Dom  E.).  Un  document  à  ajouter  à  l'iiistoire  de 
l'abbaye  de  Senones.  Rôle  de  D.  Thirion  d'Antlielupt.  —  Saint-Dié,  impr. 
de  Cuny.  1900;  in-8'.  IT)  p.  (Extr.  Bull,  dr  la  Snc.  prdi/nitit/iiritic  ms- 
f/imnc.) 

451.  DiKHL  (Charles).  Introduction  à  l'histoire  de  Byzance.  —  Paris, 
Leroux,  1900;  in-8",  23  p.  (Extr.  do  la  Rrr.  arrhro/oi/ii/iic.) 

452.  Discours  prononcés  sur  la  tombe  de  M.  Arthur  (ïiry,  membre  de 
l'Institut,  professeur  à  l'École  des  chartes,  directeur  adjoint  à  l'Ecole  des 
Hautes  Etudes,  le  15  novembre  189i).  —  Nogent-le-Rotrou.  impr.  de  Dau- 
peley-Gouverneur.  1900;  in-8",  23  p.,  1  portr.  (Extr.  de  la  Bililiol/i.  dr  l'Ecole 
des  chartes.) 

453.  DuBARAT  (Abbé  V.).  Mélanges  de  bibliographie  et  d'histoire  locale. 
T.   IV.  -  Pau,  impr.  de  Maurin,  1900;  in-8",  viii-415  p. 

454.  DuBRix'iL  (Abbé  Louis).  Sainte  Rufine  et  saint  Léobon,  patrons  de 
l'ursac;  l'église  Saint-Pieire  de  Fursac;  les  prieurs-curés  de  Chambon- 
îSainte-Croix.  — Guoret,  impr.  de  AmiauU,  1900;  in-lO,  174  p. 

455.  DuFOURCQ  (A.).  De  manichieismo  apud  Latinos  quinto  sextoque 
stcculo  atque  de  latinis  apocrypliis  libris  (thèse).  —  Paris,  Fontemoing, 
1900;  in-8",  122  p. 

456.  DuFOURCQ  (A.).  Etude  sur  les  Gesta  innrii/riini  romains.  —  Paris, 
Fontemoing,  1900;  in-8".  (12  fr.  50.) 

457.  Dujarric-Descombes.  Le  Guilanneu  en  Périgord.  —  Paris,  Impr. 
Nationale,  1900;  in-8'',  8  p.  (Extr.  du  Brdl.  Instorique  et  p/iilol(>;/iqi(c  du 
Comité  des  Ttncatix  liistofiques.) 

458.  Durand  (Abbé  Albert).  Les  monuments  de  Saint-Laurent-des-Arbres. 
—  Caen,  impr.  de  Delesques,  1899:  in-8°,  12  p.  (Extr.  du  Compte  rendu 
du  64"  Corif/rès  arcliùolofjique  de  France,  tenu  en  1897  à  Ximes.) 

459.  Durand  (J,-P.).  Notes  de  philologie  auvergnate.  —  Paris,  Maison- 
neuve,  1900;  in-8',  215  p. 

460.  Dzi.vrzKO  (K.).  Beitragezur  Kenntnis  des  Schrift-,  Buch-  u.  Biblio- 
thekswesens.  V.  —  Leipzig,  M.  Spirgatis.  1900;  in-8%  xi-84  p.  (Samm- 
lung  bibliothekswissenschaftlicher  Arbeiten.  Xlll.)(5  m.) 

461.  Eberstadt  (R.).  Der  Ursprung  des  Zunftwesens  und  die  iilteren 
Handwerker-Stiinde  des  Mittelalters.  —  Leipzig,  Duncker  und  Humblot. 
1900;  in-8",  v-201  p.  (5  m.) 

462.  EiGNER  (O.).  Geschichte  des  aufgehobenen,  Benedictinerstit'tes  Ma- 
riazell  in  Oesterreich  mit  Beniitzung  des  Ignaz  Franz  Keiblinger'schen 
Nachlasses.  —  Wien,  H.  Kirsch,  1900;  in-8°,  xv-533  p.  5  pi.  (7  m.) 

463.  Engels  (M.).  Die  Kreuzigung  Christi  in  der  bildenden  Kunst.  Eine 
ikonogr.  und  kunsthistor.  Studie.  —  Luxemburg,  St-Paulus-(iesellschaft, 
1900:  in-4'",  96  p. 

464.  Esnault  (Abbé  Gustave-René).  Dictionnaire  des  artistes  et  artisans 
manceaux.  Notes  et  documents.  —  Laval,  Goupil,  1899;  2  vol.  in-8% 
111-311  et  314  p. 


428  LIVRES    NOUVEAUX 

465.  Fabre  (Abbé  François).  Notes  historiques  sur  Saugues  (Haute-Loire). 

—  Saint-Flour,  impr.  de  Boubounelle,  1899;  in-8",  368  p. 

466.  Farcy  (Louis  de).  La  broderie,  du  \i'  siècle  jusqu'à  nos  jours  d'après 
des  spécimens  authentiques  et  les  anciens  inventaires.    Supplément.    — 

—  Angers,  impr.  de  .losselin-Belhoranie.  IDOO;  in-iol.,  p.  139-148,  34  pi. 

467.  Forestier  (J.-J.).  Curiosités  patoises  recueillies  dans  un  coin  du 
Rouergue.  —  Paris,  impr.  de  Merscli,  1900;  in-16,  vin-119  p. 

468.  FouRNiER  (A.).  Les  Vosges,  du  Donon  au  Ballon  d'Alsace.—  Paris, 
Ollendorff  (1900)  ;  in-4°,  117  p. 

469.  Gabeau(A.).  Le  Prieuré  de  Montoussan.  —l'ours,  impr.de  Bousrez, 
1900;  in-8°,  11  p.  (Extr.  du  Bull,  de  la  Soc.  archèol.  de  Touraine.) 

470.  Gauthier  (J.).  L'Université  de  Besançon,  des  origines  à  la  Révolu- 
tion (Gray,  1287;Dôle,  1422;  Besançon,  1691).  De  la  Révolution  à  nos  jours. 
Organisation  actuelle.  —  Besanoon  impr.  de  Dodivers,  1900;  in-8", 
55  p. 

471.  Geispitz  (Abbé  G.).  Notre-Dame  de  Paris,  guide  du  visiteur.  3'  édi- 
tion entièrement  revue,  corrigée  et  augmentée.  —  La  Chapelle-Montligeon, 
libr.  de  N.-D.  de  Montligeon,  1900;  in-32,  iii-122p. 

472.  GÉRiN-RicARD  (Henry  de).  Monographies  des  communes  de  Peypin, 
la  Destrousse,  Belcodène,  Gréasque,  Saint-Savournin,  la  Bourine,  Mimet 
et  Fuveau  (archéologie  et  histoire),  1"  série.  Peypin.  la  Destrousse,  Bel- 
codène, et  Gréasque.  —  Avignon,  Seguin,  1900;  in-S",  vii-68p.  (Matériaux 
pour  servir  à  l'histoire  de  Provence.) 

473.  Germer-Durand.  Les  Sceaux  de  la  Maison-Carrée  d'après  les  notes 
de  M.  Germer-Durand.  Mis  en  ordre  par  M.  l'abbé  François  Durand.  — 
Nîmes,  impr.  de  Chastanier,  1900;  in-8%  39  p. 

474.  Gilliéron  (J.)  et  E.  Edmont.  Atlas  linguistique  de  la  France.  (Spé- 
cimen.) —  Paris^  H.  Champion,  1900;  in-fol. 

475.  Givelet  (Ch.),  H.  Jadart  et  L.  Demaison.  Répertoire  archéologique 
de  l'arrondissement  de  Reims.  X  :  canton  de  Beine.  —  Reiras,  Michaud, 
1900;  in-8°,  397  p. 

476.  Godefroy  (Frédéric).  Dictionnaire  de  Tancienne  langue  française. 
T.  X,  fasc.  95:  Permettre-Précieusement.  —  Paris,  E.  Bouillon,  1900; 
in-4»,  p.  321-400. 

477.  Goldschmidt  (P.).  Gutenbergbuch.  Festgabe  fur  das  deutsche  Volk 
zur  500  Jàhr.  Geburtstagsfeier  des  Erfinders  der  Buchdruckerkunst  am 
24  VL  1900.  —  Halle,  Graphische  Verlags-Anstalt,  1900;  in-fol.  56  p. 
(1  m.  50.) 

478.  Gosset  (Alphonse),  Basilique  de  Saint-Rerai,  à  Reims,  histoire  et 
monographie  complète  précédées  de  la  Vie  de  saint  Rémi.  —  Paris,  C.  Bé- 
ranger,  1900;  in-fol.  (50  fr.) 

479.  Grande  (La)  Encyclopédie.  T.  XXXVII:  Poincarré-Rabbin.  —  Paris, 
61,  rue  de  Rennes  (1900)  ;  in-4%  1208  p.  7  cartes. 

480.  GuiMET  (E.).  Les  Isiaques  de  la  Gaule.  —Paris,  Leroux,  1900;  in-4°, 
16  p.  (Extr.  de  la  Rce.  archèol.) 


LIVRES    NOUVEAUX  429 

481.  Haenselmann  (L.).  Urkundenbuch  der  Stadt  Braunschweig,  ioi 
Auftrage  der  Stadtbehôrden  hrsg.  II  Bd,  3  Abth.:1316-1320.  —Berlin, 
C.  A.  Schwetske  uiid   Sohn,  1900;  in-4",  xviii  p.  et  p.  441-749  (16  m.  40.) 

482.  Hamel  (H.).  UnteisLichungen  zia- iilteren  Territorial-geschichte  des 
Kirchen-Staates,  —  Gôttingen,  Baudenhock  uiid  Riiprecht,  1900;  in-8% 
111-98  p.,  1  carte  (2  m.  50.) 

483.  Hartmann  (L.  M.).  Geschiehte  Italiens  im  Mittelalter.  II,  1.  Hôraer 
und  Langobarden  bis  zur  Theilung  Italiens.—  Leipzig,  G.  H.  Wigand 
1900;  in-8%  ix-280  p.  (9  m.) 

484.  Haseloff  (Arthur).  Les  Psautiers  de  saint  Louis.  —  Nogent-le-Ro- 
trou,  impr.  de  Daupeley-Gouverneur,  1900;  in-8".  25  p.  E.xtr.  des  Mé- 
moires de  la  Soc.  nat.  des  Antiquaires  de  France.) 

485.  Hauck  (A.).Kirchengeschichte  Deutschlands.  IL  Die  Karolingerzeit. 
2°  Aufl.  2"  Hâlfte.  —  Leipzig,  J.  C.  Hinriclis,  1900;  in-8°,  ix  p.  et  p.  401- 
842.  (8  m.  50.) 

486.  Heinemanx  (0.  von).  Die  Handsciiriften  der  lierzogl.  Bibliotliek  zu 
Wolfenbiittel.  II  Abth.  4Th.:  Die  Augusteischen  Handschriften.  IV.— 
Wolfenbuttel,  J.  Zwissler,  1900;  in-8°,  iu-380  p.,  23  pi.  (20  m.) 

487.  Heinrich(A  ).Geschichtliche  Nachrichten  uberNaumburga.  B.,Frei- 
waldau  und  Halbau.  Aus  den  Quellen  zusammengestellt  —  Sagan,  R. 
Schœnborn,  1900;  in-8",  iv-129  p.  (1  m.  20.) 

4î^8.  Henry  (Victor).  Lexique  étymologique  des  termes  les  plus  usuels  du 
breton  moderne.  —  Rennes,  Plihon  et  Hervé,  1900;  in-S"  xxix-350  p. 
(Bibliothèque  bretonne-armoricaine.  III.) 

489.  HoussAYE  (A.).  Moncon tour-de-Bretagne  et  ses  environs. —  Saint- 
Brieuc.  Guyon,  1900;  in-8%  91  p. 

490.  Ilgen  (Th.).  Die  westfàlischen  Siegel  des  Mittelalters.  Mit  Unter- 
stûtzung  der  Landrftànde  der  Provinz  hrsg  von  Verein  fiir  Geschiehte  und 
Altertumskunde  Westfalens.  IV  Hft.  3  (Schluss-)  Abtig.  :  Die  Siegel  von 
Adlingen,  Bûrgern  und  Bauern  der  Bistùmer  Minden,  Osnabriick  und 
Paderborn.  —  Munster,  Regensberg,  1900;  in-iol.,  iu-38-75  p.,  44  pi. 
(20  m.). 

491 .  Imbart  de  i.a  Tour.  Les  origines  religieuses  de  la  France.  Les  pa- 
roisses rurales  du  iv''  au  xi'  siècle.  —  Paris,  A.  Picard,  1900;  in-8°,  354  p. 
(5fr.) 

492.  James  (M.  R.).  Western  mss.  in  the  library  of  Trinity  collège 
Cambridge.  Descriptive  catalogue.  Vol.  I.  —  London,  C.  J.  Clay  and  Sons, 
1900;  in-8".  (15  sh  ) 

493.  Jérôme  (Saint).  Lettres  choisies.  Texte  latin.  Traduction  nouvelle 
et  introduction  par  M.  J.-P.  Charpentier.  —  Paris,  Garnier  frères  (1900); 
in-18,  xxiv-632  p.  (Bibliothèque  latine-française.) 

494.  Joanne.  Angers  et  ses  environs.  Guide  Joanne.  —  Paris,  Hachette, 
1899;  in-16, 168  p. 

495.  Joanne.  Chartres.  —  Paris,  Hachette,  1900;  in-16,  174  p.  (Collection 
des  Guides  Joanne.) 

Moyen  Age,  l.  XIII  23 


430  LIVRES    NOUVEAUX 

496.  JoANNE.  Paiis,  les  environs.  —  Paris,  Hachette,  1900,  in-lG. (Collec- 
tion des  Guides  Jeanne.)  (5  fr.) 

497.  JoANNE.  Plombières,  Bains-les-Bains,  Luxeuil,  Bussang  et  leurs 
environs.  —  Paris.  Hachette,  1900;  in-lG,  212  p.  (Collection  des  Guides 
Joanne.) 

498.  Joanne.  Reims.  —  Paris^  Hachette,  1900;  in-16,  178  p.  (Collection 
des  Guides  Joanne.) 

499.  JuRiTscH  (G.).  Der  3  Kreuzzug  gegen  die  Husiten  (1427).  Ein 
Beitrag  zur  Geschichte  Kaiser  Siegmunds  und  des  Kônigr.  Bôhmen,  nach 
den  Quellen  bearb.  —  Leipzig,  G.  Freytag,  1900,  in-8",  iii-52  p.  (1  m.  50.) 

500.  Keuffer  (M.).  Beschreibendes  Verzeichniss  der  Handschriften  der 
Stadtbibliothek  zu  Trier.  5  Hft.  Die  ascet.  Handschriften,  n'"  523-653  des 
Handschriften-Katalogs-  —Trier,  Fr.  Lintz,  1900;  in-8°,  vn-112i  p.  (3  m.) 

501.  KocH  (H.).  Pseudo-Dionysius  Areopagita  in  seinen  Beziehungen 
zuui  Neuplatonismus  und  Myterienwesen.  Eine  litterarhistorische  Un- 
tersuchung.  —  Mainz,  F.  Kirchheim,  1900;  in-S",  xii-276  p.  (Forschun- 
gen  zur  christlichen  Litteratur  und  Dogmengeschichte.  1,  2-3).  (8  m.) 

502.  Krause  (A.).  Zum  Barlaam  und  Josaphat  de  Gui  von  Cambrai. 
2  Tl:  zur  Mundart  der  Dichtung.  —  Berlin,  R.  Gartner,  1900;  in-4°,  27  p. 
(Progr.)(l  m.) 

503.  Krohn  (A.).  Beitràge  zur  Geschichte  der  Saargegend.  H.  —  Saar- 
briicken,  C.  Schmidtke,  1900;  in-S",  iv-;î{65  p.  (Mitteilungen  des  hist. 
"Ver.  f.  die  Saargegend.  VII.)  (3  m.  50.) 

501.  Labande  (L.-H.).  Fragment  d'un  inventaire  estimatif  du  Trésor 
royal  de  France  (premier  tiers  du  xv'  siècle).  —  Paris,  Impr.  Nationale, 
1900;  in-8°,  8  j).  (Extr.  daBiill.  archcolo;i'ti[ae  du  Comité  des  trucaux his- 
toriques.) 

505.  La  Forest-Divonne  (C'°  Henri  de).  Notes  sur  le  château  et  le 
mandement  de  Rumilly-  sous-Cornillon  (Haute-Savoie).  —  Annecy,  Abry, 
1900;  in-8°,  16  p.  (Extr.  de  la  Rev.  Scwoisiennc.) 

506.  Lahondès  (de).  Une  statue  de  saint  Louis  à  l'église  de  Saint-Vin- 
cent de  Carcassonne.  —  Paris,  Impr.  Nationale,  19J0;  in-S",  12  p.  (Extr. 
du  Bull,  archéologique  du  Comité  des  travaux  historiques  .) 

507.  Laigue  (Louis  de).  Découverte  d'une  sépulture  antique  dans  l'île  de 
Wight.  —Paris,  Leroux,  1909;  in-8",  4  p.  (Extr.  delaiîcf''.  arc/iéolofjiqu.e.) 

508.  Laigue  (C"  René  de).  Le  Temple  gallo-romain  de  Leheroen  AUaire. 
—  Vannes,  impr.  de  Galles,  1900;  in-S",  7  p. 

509.  Landry  (Abbé  Ch.).  La  mort  civile  des  religieux,  dans  l'ancien 
droit  français.  —  Paris,  Picard  et  fils,  1900;  in-8'',  xii-174  p. 

510.  Laroche  (Ernest).  A  travers  le  vieux  Bordeaux.  —  Bordeaux,  Gou- 
nouilhou,  1900;  in-8%  xii-322  p. 

511.  Lasteyrie  (Robert  de).  Bibliographie  des  travaux  historiques  et  ar- 
chéologiques publiés  par  les  Sociétés  savantes  de  la  France.  T.  111,  2'' livrai- 
son. —  Paris,  Impr.  Nationale,  1899;  in-4%  p.  177-403. 

512.  La  Tour  (Henri  de).  Catalogue  de  la  Collection  Rouyer,  léguée  en 


LIVRÇS   NOUVEAUX  431 

1897,  au  département  des  médailles  et  antiques  de  la  Bibliothèque  Nationale 
I  :  Jetons  et  mereauxdu  moyen  âge.  —  Paris.  Leroux,  1899;  in-8",  xviii-.301 
p.  et  pi. 

513.  l.AUER  (Ph.).  Annales  de  l'histoire  de  France  à  l'époque  carolin- 
gienne. Le  règne  de  Louis  IV  d'Outremer.—  Paris,  E.  Bouillon,  1900;  in-8°, 
379  p.  (12  fr.  )  (Biblioth.  de  l'École  des  Hautes-Études.  127.) 

514.  Le  Court  (Henri).  Généalogie  des  branches  normandes  et  perche- 
ronnes de  la  maison  du  Buat  (seigneurs,  barons,  comtes  et  marquis  du  Buat). 
—  Lisieux,  impr.  de  Lerebour,  1895;  in  4",  74  p. 

515.  Lefebvre  (Charles).  Leçons  d'introduction  générale  à  l'histoire  du 
droit  matrimonial  français  (cours  de  doctorat).  —  Paris,  Larose,  1900;  in-8", 
ix-502  p.  (6  fr.  50.) 

516.  Legré  (Ludovic).  Un  pliilosophe  provençal  au  temps  des  Antonins. 
Favorin  d'Arles,  sa  vie,  ses  œuvres,  ses  contemporains.  —  Marseille,  Au- 
bertin  et  RoUé,  1900;  in-16,  vii-359  p. 

517.  Leidrade.  I:  Lettre  de  Leidrade,  évoque  de  Lyon,  à  Charlemagne,  sur 
la  réorganisation  du  clergé  et  la  restauration  des  églises  (vers  813-814), 
publiée  d'après  les  manuscrits  de  la  bibliothèque  de  Lyon  (Vidimus  du 
18  octobre  1447),  par  F.  Desvernay.  II:  Lettre  de  Leidrade,  traduction  de 
l'abbé  H.  Favier  ;  III:  Bibliographie  de  Leidrade,  évêque  de  Lyon,  par 
l'abbé  J.-B.  Martin;  IV:  Ouvrages  ayant  appartenu  à  Leidrade  et  portant  des 
notes  autographes  de  dédicace,  description  par  Félix  Desvernay.  V  :  Liste 
des  chanoines  de  l'église  Saint-Étienne  de  Lyon  vers  l'an  830.  —  Lyon, 
impr.  de  Vitte,  1899;  in-8°,  32  p.,  facs. 

518.  Livre  (Le)  des  miracles  des  saints  de  Savigny,  d'après  le  ms.  original 
contemporain  du  roi  saint  Louis,  et  composé  aux  années  1213  et  1244,  tra- 
duit pour  la  première  fois  avec  préambule  par  Hippolyte  Sauvage.  —  Mor- 
tain,  impr.  de  Leroy,  1899;  in-8°,  40  p. 

519.  LoEwiNSKi  (H.).  Die  Lyrik  in  den  «  Miracles  de  Notre-Dame  ».  — 
Berlin,  R.  Gccrtner,  1900;  in-8",  27  p.  (Progr.)  (1  m.) 

520.  Loi  et  décrets  relatifs  à  la  conservation  des  monuments  histo- 
riques. Liste  des  monuments  classés.  —  Paris,  Impr.  nationale,  1900;  in-8", 
65  p.  (Ministère  de  l'instruction  publique  et  des  beaux  arts.) 

521.  LoisNE  (C"  A.  de).  Anciennes  chartes  inédites  en  langue  vulgaire 
reposant  en  original  aux  archives  du  Pas-de-Calais  (1221-1258).  —  Paris, 
Impr.  Nationale,  1900;  in-8",  16  p.  (Extr.  du  Bull,  historique  d  p/iitoloi/i'/na 
du  Comité  des  Traraux  historiques .  ) 

522.  Marchand  (Abbé  F.)  La  découverte  archéologique  d'Izernore.  — 
Bourg,  impr.  de  Villefranche  1900;  in-8°,  30  p.  (Extr.  du  Bull,  de  la 
Société,  des  sciences  naturelles  et  d'ùrchéolofjic  de  l'Ain.) 

523.  Marquet  de  Vasselot  (J.-J.).  La  croix  reliquaire  du  trésor  de 
Reichenau.  —  Paris,  Leroux,  1900,  in-8°,  8  p.,  pi.  (Extr.  de  la  Rev. 
archéolo(jique.) 

524.  Marsy  (C"  de).  Notre  bibliothèque  locale.  Oise  et  départements 
voisins.  II:  1897-1900.  —  Compiègne,  impr.  de  Lefebvre,  1900;  in-16, 
147  p.  (Extr.  de  la  Dépêche  de  l'Oise.) 


432  LIVRES    NOUVEAUX 

525.  Martens(W.).  Johann  Gutenbei-g  und  die  Erfindung  der  Buch- 
druckerkunst.  Ein  Kulturgeschichtl.  Bild  zur  500  jàhr.  Gedenkfeier  von 
Gutenbergs  Geburtstag.  —  Karlsruhe,  J.  Lang,  1900;  in-8",  46  p. 

526.  Marucchi  (O.).  Éléments  d'archéologie  chrétienne.  II  :  Les  cata- 
combes romaines.  —  Roma,  Desclée,  Lefebvre  e  C°;  1900;  in-8°,  452  p. 
(61.) 

527.  Maurice  (Jules).  De  la  classification  chronologique  des  émissions 
monétaires  de  bronze  sous  le  Bas-Empire  romain,  et  en  particulier  au 
iv"  siècle,  —  Nogent-le-Rotrou,  impr.  de  Daupeley-Gouverneur,  1900; 
in-8°,  30  p.  (Extr.  des  Mém.  de  la  Soc.  nationale  des  Antiquaires  de 
France.) 

528.  Mayer  (E.).  Hansa  und  Hasbannns  im  nordfranzôsischen  Recht. 
—  Leipzig,  A.  Deichert,  1900;  in-b",  47  p.  (Extr.  de  Festijahc  f.  Heinrlch 
Dernburg  ^iiin  Doktor-Juhilâum.){\  m.  60.) 

529.  Mazerolle  (F.).  Raymond  Serrure.  Biographie  et  bibliographie 
numismatique.  —  Chalon-sur-Saône,  impr.  de  Bertrand,  1899;  in-8°,  18  p. 
(Tirage  à  part  de  la  Galette  numismatiqtie  française .) 

530.  Meynial  (E.).  Des  renonciations  au  moyen  âge  et  dans  notre  ancien 
droit.  —  Paris,  Larose  (1900);  in-8°,  35  p.  (Extr.  de  ia,  Noue  elle  Reçue 
hist.  de  droit  français  et  étranger.) 

531.  Michelet  (J.).  Les  Croisades.  —  Paris,  Calmann-Lévy,  1900;  in-18. 
(3  fr.  50). 

532.  Michelet  (J.).  Origines  du  droit  français,  avec  une  étude  par  Emile 
Faguet.  —  Paris,  Calmann-Lévy,  1900;  in-18.  (3  fr.  50.) 

533.  MoHL  (F.  G.).  Les  origines  romanes.  Étude  sur  le  lexique  du  latin 
vulgaire.  —  Prag,  Fr.  Rivnâc,  1900;  in-8°,  144  p.  (Extr.  des  Sit^ungsber. 
cl.  k.  bôhm.  Gesellsch.  der  Wissenschoften.) 

534.  MoREL  (Abbé).  Aperçu  de  la  liturgie  des  diocèses  de  Beauvais, 
Noyon  etSenlis,  du  xiii'  siècle  au  xvii'.  —  Paris,  Impr.  Nationale,  1900; 
in-8°,  19  p.  (Extr.  du  Bull.  Instorique  et  philologique  du  Coniitc  des  tra- 
vaux histor^iques.) 

535.  MoROSiNi  (G.).  La  leggenda  di  Dante  nella  regione  Giulia,  nel  vi  cen- 
tenario  délia  visione  divina.  —  Triest,  F.  B.  Schimpff,  1900;  in-8",  31  p. 
(Extr.  daV Arclieografo  Tricstino.) 

536.  MosxiER  (Abbé  S. -M.).  Les  saints  d'Auvergne.  Histoire  de  tous  les 
personnages  de  cette  province  honorés  par  l'Église  d'un  culte   public.  — , 
Paris,  Lethielleux  (1900);  2  vol.  in-8",  794  et  768  p. 

537.  MuLLER  (Chanoine).  L'église  et  l'abbaye  de  Boscherville.  —  Beau- 
vais, impr.  du  «  Moniteur  de  l'Oise  »,  1900;  in-8",  12  p.  (Extr.  des  Mèin. 
de  la  Soc.  académique  de  l'Oise.) 

538.  Musées  (Les)  de  départements  et  les  objets  d'art  et  d'archéologie 
relatifs  à  Paris.  —  Nogent-le  Rotrou,  impr.  de  Daupeley-Gouverneur,  1903; 
in-8",  10  p.  (Extr.  du  Bull,  de  la  Société  de  l'histoire  de  Paris  et  de  l'Ile- 
de-France.) 

539.  Nanglard  (Abbé  J.).  Pouillé  historique  du  diocèse  d'Angoulême. 
T.  III.  —  Angoulôrae,  impr.  de  Despujols,  1900;  in-8",  vin-582  p. 


LIVRES    NOUVEAUX  433 

540.  Neudeggkr  (M.  J.).  Geschichte  der  bayerischen  Archive.  III  b. 
Ba5'erische  Archivrepertorien  und  Urkundenregister  im  Reichsarchiv  zu 
Miinchen  von  1314-1812.  Mit  Abhandlung  :  System  und  Systematisierung 
der  Papst-,  Kaiser-  und  Landes-  Register,  auch  Inventare,  Bûcher  und 
Akten.  Ein  Beitrag  zur  Lehre  vom  Urkunden-Kanzlei-  und  Behôrden- 
wesen.  —  Munchen,  T.  Ackermann,  1900;  in-8",  vi-243  p.,  1  pi.  (7  m.). 

541.  NûBLiNG  (E.).  Ulms  Handel  im  Mittelalter.  Ein  Beitrag  zur 
deutsclien  Stàdte-  und  Wirtschafts-Geschichte.  Kleine  Ausg.  1  Lfg:  Ueber- 
sicht  liber  die  Entwicklungsgeschichte  der  Handelswege.  —  Ulm,  Gebr. 
Nùbling,  1900;  in-8%  vi-354  p.  (6  m.) 

542.  Omont  (Henri).  Inventaire  sommaire  des  nouvelles  acquisitions  du 
département  des  manuscrits  de  la  Bibliothèque  Nationale  pendant  les 
années  1898-1899.   -  Paris,  Leroux,  1900;  in-8",  93  p. 

543.  Otto  (P.),  Das  àlteste  Geschichtsbuch  der  Stadt  Wiesbaden.  — 
Wiesbaden,  J.  F.  Bergraann,  1900;  in-8°,  xi-116  p.  (Verôffentlichungen 
der  histor.  Commission  f.  Nassau.  II.  Quellenschriften  zur  nassauischen 
Rechts- und  Verfassungsgeschichte,  I.)  (3  m.) 

544.  Pagart  d'Hermansart.  Documents  inédits  contenus  dans  les 
archives  de  Saint-Omer.  —  Paris,  Irapr.  Nationale,  1900;  in-8%  7  p.  (Extr. 
du  Bull,  historique  et  p/iilolof/if/i(c  du  Ci^mitè  des  travaux  historiques.) 

545.  Paris  (Gaston).  Poèm.es  et  légendes  du  moyen  âge.  —  Paris,  Soc. 
d'édition  artistique,  1900;  in-8°.  (6fr.) 

546.  Paul  (J.  B.).  Heraldry  in  relation  to  Scottish  history  and  art.  — 
Edinburgh,  D.Douglas,  1900;  in-8".  (10 sh.  6d.) 

547.  Payan  d'Augery  (Abbé).  Le  Refuge  des  filles  repenties.  Notice 
historique  sur  la  maison  de  Marseille  depuis  le  xiv"  siècle  jusqu'à  nos  jours. 
2' édition.  —  Marseille,  Impr.  marseillaise,  1900;  in-S",  72  p. 

548.  Pelé  (Armand).  Courville.  Essais  historiques.  —  Vannes,  Lafolye, 
1900;  ln-8»,  155  p. 

549.  Pérot  (François).  Silex  taillés  de  la  période  néolithique  donnant 
des  profils  humains  ou  d'animaux.  —  Autun,  Dejussieu,  1899;  in-8%  19  p. 
et  pi.  (Extr.  du  Bull,  delà  Soc  d'histoire  naturelle  d' Autun.) 

550.  Perroni-Grande  (L.).  Délia  varia  fortuna  di  Dante  a  Messina. 
—  Messina.  V.  Muglia,  1900;  in-8%  24  p.  (1  m.) 

551.  Pfeilschifter  (G.).  Die  authentische  Ausgabe  der  40  Evangelien- 
homilien  Gregors  des  Grossen.  Ein  erster  Beitrag  zur  Geschichte  ihrer 
Ueberlieferung.  —  Miinchen,  J.  J.  Lentner,  1900;  in-8%  xii-122p.  (Ver- 
ôffentlichungen aus  dem  kirchenhistorischen  Seminar  Miinchen.  IV.)(3  m.) 

552.  Philippe  de  ThaOn.  Le  Bestiaire  de  Philippe  de  Thaiin,  texte  cri- 
tique publié  avec  introduction,  notes  et  glossaire  par  E.  Walberg.  —  Paris, 
Welter,  1900;  in-8".  (7  fr.) 

553.  Pierfitte  (Abbé).  L'ancien  Vittel.  —  Saint-Dié,  impr.  de  Cuny, 
1900;  in-8",  31  p.,  2  pi. (Extr.  du  Bull,  de  la  Soc.  p/iilonioth.  ros;jienne.) 

554.  PoGGE.  Les  Facéties  de  Pogge,  Florentin.  Traduction  nouvelle  et 
intégrale  accompagnée  des  Moralitez  de    Guillaume  Tardif,  suivie  de   la 


434  LIVRES    NOUVEAUX 

Description  des  bains  de  Bcade  (xv'=  siècle)  et  du  dialogue  «  Un  vieillard 
doit-il  se  marier?  »  Édition  annotée,  précédée  d'une  notice  sur  Pogge,  sa 
vie,  son  œuvre  et  ses  traducteurs  par  Pierre  Des  Brandes.  —  Paris,  Garnier 
frères  (1900);  in-8%  lxix-481  p.  (3  fr.) 

555.  PouLiiNC  (V.-A.)-  La  Coutume  de  Paris.  —  Paris,  impr.  de  Jourdan, 
1900:  in-8°,  149  p. 

556.  Prarond  (E.).  Les  mœurs  épulaires  de  la  bourgeoisie  provinciale, 
xv'-xviu"  siècle.  Abbeville  à  table  et  les  convivialités  de  l'échevinage.  — 
Paris,  A.  Picard  et  fils,  1900;  in-8%  113  p.  (Extr.  de  ta  PicarxUc.) 

557.  Quentin  (Le  P.  Henri).  Jean-Dominique  Mansi  et  les  grandes  col- 
lections conciliaires.  Étude  d'histoire  littéraire,  suivie  d'une  correspon- 
dance inédite  de  Baluze  avec  le  cardinal  Casanate  et  de  lettres  de  Pierre 
Morin,  Hardouin,  Lupus,  Mabillon  et  Montfaucon.  —  Paris,  E.  Leroux^ 
1900;  in-8%272  p.  (5  fr.) 

558.  QuiLGARS  (Henri).  Exploration  dans  la  commune  de  Pénestin  et 
fouilles  du  tumulus  de  Méarzein.  —  Vannes,  impr.  de  Galles,  1900;  in-8% 
10  p.  (Extr.  du  Bull,  de  la  Société  pohjinaihiquc  du  Morbi/ian.) 

559.  Raymond  (P.).  Histoire  du  Hainaut  français  depuis  les  temps  les 
plus  reculés  jusqu'à  nos  jours.  -  PariS;,  Lechevalier,  1899;  in-4°,822-xxxi  p. 
(8fr.) 

560.  Raynaud  (Gaston).  La  complainte  de  Paris  en  1463.  —  Nogent-le- 
Rotrou,  impr.  de  Daupeley-Gouverneur,  1900;  in-8°,  8  p.  (Extr.  du  Bull, 
de  la  Soc.  do  Vlnsloire  de  Paris  et  de  l'Ile-de-France.) 

561.  Reichert  (B.  m.).  Acta  capitnlorum  generalium  ordinis  Praedica- 
torura.  Vol.  III:  Ab  a.  1380  asque  ad  a.  1498.  —  Stuttgart,  J.  Rotli,  1900  ; 
in-8",  xiii-437  p.  (Monuraenta  ordinis  Fratrum  Praedicatorura  historica. 
VIII. )(8  m.) 

562.  Reichert  (B.  M.).  Litterae  encyclicae  magistrorum  generalium 
ordinis  Praedicatorum  ab  a.  1233  usque  ad  a.  1370.  —  Stuttgart,  J.  Roth, 
1900;  in-8",  ix-347  p.(Monumenta  ordinis  Fratrum  Praedicatorum  historica. 
V.)(7m.) 

563.  Remy  (Emile).  Le  Dauphiné  pittoresque.  Monographie  de  la  ville 
de  Njons.  —  Grenoble,  Gratier,  1900;  in-8°,  83  p. 

564.  RiEDEL  (\V.).  Die  Kirchenrechtsquellen  des  Patriarchats  Alexan- 
drien  zusammengestelit  und  zum  Teil  libers.  —  Leipzig,  A.  Deichert, 
1900;  in-8",  iv-310  p.  (7  m.) 

565.  Rituel  de  Saint-Martin  de  Tours  (xiii"  siècle),  par  A.  F.  Troisième 
partie.  —  Mesnil  (Eure);  impr.  de  Firmin-Didot.  1900;  in-8",  p.  49-93. 

.')66.  Robert  (Ulysse).  Les  origines  du  théâtre  à  Besançon.  —  Nogent-le- 
Rotrou,  impr.  de  Daupeley-Gouverneur,  1900;  in-8°,  19  p.  (Extr.  des 
Mèin.  delà  Soc.  nationale  des  Antiquaires  de  France.) 

567.  Robert-Garils  (E.  de).  Monographie  d'une  famille  et  d'un  village. 
La  famille  de  Robert  et  les  gentilshommes  verriers  de  Gabre.  —  Tou- 
louse, E.  Privât,  1899;  in-8",  427  p. 

568.  RosENTHAL  (J.).  Incunabula  biblica.  Catalogue  d'une  collection  d'in- 


LIVRES    NOUVEAUX  435 

cunables,  décrits  et  ollerts  aux  amateurs  à  l'occasion  du  cinquième  cente- 
naire de  Guttenberg.—  Mûnehen,  J.  Rosenthai,  19(J0;  in-H",  232  p.,,  80  lacs. 
(3  m.) 

569.  RosEROT  (Alphonse).  Les  abbayes  du  département  de  l'Aube. 
Abbayes  de  Montieramey^  de  Bar-sur-Aube  (Saint-Nicolas),  de  Clairvaux 
et  de  Larrivour.  Additions  et  corrections  à  la  Gallia  christiaua,  tomes  IV 
et  Xli,  3"  partie.  —  Paris,,  Impr.  Nationale,  1900;  in-8",  16  p.  (Extr.  du 
BuU.htst.  et philol.  du  Condtc  dcntracaux  liisloriqiws .) 

570.  Saint-Paul  (Antliyme).  Note  archéologique  sur  Saint-Sernin  de 
Toulouse.  —  Paris,  Impr.  Nationale,  1900;  in  8",  20  p.  (Extr.  du  £«//. 
aic/u'o/o(/ifjue  du  Comité  des  travaux  historiques.) 

571.  Sabatier  (Paul).  Collection  de  documents  pour  l'histoire  religieuse 
et  littéraire  du  moyen  âge.  T.  II:  Eratris  Erancisci  Bartholi  de  Assisio, 
Tractalus  deindulgentia  S.  Mariae  de  Portiuacula.  —  Paris,  Eischbachcr, 
1900;  in-8°,  clxxxiv-204  p. 

572.  Salembier  (L.).  Une  double  élection  pontificale  à  la  tin  du  xiv"  siècle: 
Urbain  VI  et  Clément  VII.  —  Paris,  Sueur-Charruey,  1900;  in-8",  47  p. 
(Extr.  de  la  Bec.  de  Lille.) 

573.  ScHLUMBERGER  (Gustave).  L'épopée  byzantine  à  la  fin  du  x''  siècle. 
II  :Basile  II,  le  tueur  de  Bulgares.  —  Paris,  Hachette,  1900;  in-8".    (30  fr.) 

574.  ScHNÛRER  (G.).  Die  Verfasser  der  sogenannten  Fredegar-Chronik. 
—  Freiburg,  Universitàts-Buchhandlung,  1900;  in-4%  v-264  p.  (CoUec- 
tanea  Friburgensia.  IX.) 

575.  ScHOPFER  (Jean).  Documents  relatifs  à  l'art  du  moyen  âge  contenus 
dans  les  manuscrits  de  N.  C.  Fabri  de  Peiresc,  à  la  bibliothèque  de  la  ville 
de  Carpentras.  —  Paris,  Impr.  Nationale,,  1900;  in-8°,  68  p.  et  pi.  (Extr. 
du  Bull,  arclièolofjiqne  du  Comité  des  tracau.v  Instoriqucs.) 

576.  ScHucHHARDT  (C).  Das  Rômer  Castell  bei  Haltern  an  der  Lippe.  — 
Berlin,  G.  Reimer,  1900;  in-8°,  14  p.,  1  pi.  (Extr.  des  Sit.zun/jsber.  d, 
preuss.  Alatd.  der  Wissenschaften.)  (0  m.  50). 

577.  Serbat  (Louis).  Une  inscription  du  xi"  siècle.  —  Caen,  impr.  de 
Delesques,  1900;  in-8",  7  p.  (Extr.  dnBidl.  monumental.) 

578.  Sery  (Chanoine  A.).  Une  léproserie  de  Nevers.  Saint-Lazare-lès- 
Nevers.  —  Nevers,  impr.  de  Vallière,  1900;  in-8°,  20  p.  (Publication  de 
la  Soc.  nivernaise  des  lettres,  sciences  et  arts.) 

579.  Sire  (Les)  de  Narcy.  Extraits  des  documents  concernant  la  maison 
deNettancouit.  —Paris,  Firmin-Didot,  1899;  in-8",x-127  p. 

580.  Société  archéologique  du  Gers.  Soirées  archéologiques  aux  archives 
départementales.  VIII.  Année  1899.  —  Auch,  impr.  de  Foix,  1899;  in-8", 
xv-206  p. 

581.  SoLYMA(Domenico).  Osservazioniletterarie,  délia  origine  délia  lingua 
italiana  flno  alla  «  Vita  uuova  »  di  Dante  Alighieri.  —  Roma,  tipogr. 
Agostiniana.  1900;  iu-16, 115  p.(l  1.  25.) 

582.  Thibault  (F.).  Les  impôts  directs  sous  le  Bas-Empire  romain.  — 
Paris,  A.  Fontemoing,  1900;  in-8",  116  p.  (4  fr.) 


436  LIVRES   NOUVEAUX 

583.  Thoison  (Eugène).  Notes  sur  cinquante-quatre  fondeurs  de  cloches.— 
Paris,  Impr.  Nationale,  1899;  in-8",  16  p.  (Extr.  du  Bull.  archi'olo(ji(/uc 
du  Comité  des  travaux  historiques .) 

584.  Trostorff(J.  von).  Beitràge  zur  Geschichte  des  Niederrheins  mit 
besond.  Berùcksicbt.  der  Kirchen-  und  Klostergeschichte  und  der  Ge- 
schichte einzelner  Adelsgeschlechter.  4-5  Tl.  —  Dusseldorf,  Schmitz  &. 
Olbertz,  1900;  in-8%  iv-121  et  111-86  p.  (6  m.) 

585.  Ueberhorst  (W.).  Fûhrer  fur  die  bayerischen  Konigsschlosser. 
Eingehende  Beschreibung  der  Schlosser  Herrenchiemsee,  Berg,  Linderhof, 
Hohenschwangan,  Neuschwanstein  sowie  der  Reisewege  dahin.  Zugleich 
Fùhrer  fur  Mùnchen  und  Umgebung,  Starnbergsee,  Chiemsee,  Plansee, 
Fiissen,  Partenkirchen-Garmisch.  4'  AuH.  —  Leipzig,  Amthor,  1900; 
in-12,  iv-84  p.  (1  m.  50.) 

586.  Vallée  (Eugène).  Cartulaire  de  l'abbaye  du  Ronceray  d'Angers. 
Introduction  et  table  alphabétique  des  noms.  Imprimé  sous  les  auspices  et 
aux  frais  du  comte  Bertrand  de  Broussillon.  —  Paris,  A.  Picard  et  fils, 
1900;  in-8%  p.  i-xv,et  385  à  495.  (4  fr.  50.) 

587.  Valois  (Noël).  Note  sur  l'origine  de  la  famille  Jouvenel  des  Ursins. 
—  Nogent-le-Rotrou,  impr.  de  Daupeley-Gouverneur,  1900  ;  in-8%  14  p. 
(Extr.  des  Mèm.  de  la  Soc.  de  l'histoire  de  Paris  et  de  l'Ile-de-France.) 

588.  ViARD  (Jules).  Les  journaux  du  Trésor  de  Philippe  VI  de  Valois, 
suivis  de  l'Ordinarium  Thesauri  de  1338-1339.  —  Paris,  Leroux,  1899;  in-4°, 
Lxxiv-1026  p.  (Collection  des  documents  inédits  sur  l'histoire  de  France.) 
(25  fr.) 

589.  Weis  (J.  C.).  Julian  von  Speier  (f  1285).  Forschungen  zur  Fran- 
ziskus-  u.  Antoniuskritik,  zur  Geschichte  der  Reimofïlzien  und  des 
Chorals.  —  Miinchen,  J.  J.  Lentner,  1900;  in-8°,  vni-155  p.  (Verôffen- 
tlichungen  aus  dem  kirchenhistorischen  Seminar  Miinchen.  111.(3  m.  60.) 

590.  Wirtembergisches  Urkundenbuch,  hrsg.  von  dem  kônigl.  Staats- 
archiv  in  Stuttgart  mit  Unterstutzung  der  Koramission  fur  Landesge- 
schichte.  VII  Bd. -Stuttgart,  K.   Aue,  1900;  in-4",  xxxii-553p.  (10  m.) 

591.  Wutke(K.).  Codex  diplomaticus  Silesiae,  hrsg.  vom  Vereine  fur 
Geschichte  und  Alterthum  Schlesiens.  XX  :  Schlesiens  Bergbau  und  Hùt- 
tenwesen.  Urkunden  (1136-1528).  -  Breslau,  E.  Wohlfahrt,  1900;  in-4% 
vii-302  p.   (10  m.) 


Le  Gérant  :  V^e  E.  Bouillon. 


CHALON-S-S.,  impr.  FRANÇAISE  ET  ORIENTALE  DE  L.    MARCEAU,  E,  BERTRAND,  s' 


DEUX  CHANTIERS  BORDELAIS 

(1486-1521) 


Far    J.-A..    BRUTAILS 

(suite) 


CHAPITRE  V 

TRAITEMENTS    ET    SALAIRES 

/.  —  Traitement  du  maître  d' œuvre)  combinaison  habi- 
tuelle d'un  traitement  annuel  et  d'un  salaire  journalier  ; 
quelques  chiffres  comparatifs. 

II.  —  Salaii'e  des  ouvriers  :  maçons.,  divers  modes  de  rétribu- 
tions et  chiffres;  salaires  moindres  l'hiver;  les  chômages; 
gratifications.  Manœuvres  et  ouvriers  des  divers  corps 
d'état. 

I. —  Dans  son  introduction  au  Dictionnaire  des  Architectes 
français,  M.  Lance  a  réuni  sur  les  honoraires  des  maîtres 
d'œuvre  une  série  de  renseignements  \  En  voici  quelques 
autres  qui  pourront  être  ajoutés  à  ceux-là. 

Le  contrat  de  1464  assure  à  Lebas  24  liards  (1  fr.  80)  par 

1.  T.  I,  pp.  XXI  et  suiv.  —  La  présente  étude  était  rédigée  et  mise  au 
net  quand  a  paru  le  t.  III  de  l'ouvrage  de  M.  d'Avenel  sur  les  salaires  ;  je 
me  bornerai  à  prévenir  que  ce  volume  renferme  un  certain  nombre  d'indi- 
cations relatives  aux  matières  qui  ont  été  traitées  ici.  Je  n'entends  pas  d'ail- 
leurs prendre  à  mon  compte  les  assertions  de  M.  d'Avenel;  cet  auteur  est, 
on  le  sait,  un  de  ces  guides  qui  ne  dispensent  pas  de  consulter  fréquemment 
la  carte  et  la  boussole,  si  l'on  tient  à  éviter  crevasses  et  précipices. 

Moyen  Age,  t.  XIII.  24 


438  J.  A.    BRUTAILS 

journée  de  travail  effectif,  à  condition  de  ne  pas  consacrer 
plus  dîme  heure  à  une  autre  entreprise,  et  20  liards  (1  fr.  50) 
à  chacun  de  ses  valets. 

Il  est  à  présumer  que  le  traité  écrit  était  incomplet,  et  qu'aux 
termes  d'une  clause  orale  Lebas  jouissait  d'une  allocation 
complémentaire.  Cette  allocation  ne  figure  pas,  il  est  vrai,  sur 
les  comptes  de  P.  du  Grava  et  de  Grimon  Eyquem;  mais  elle 
pouvait  être  payée  par  d'autres  que  la  fabrique.  «  Un  salaire 
quotidien  joint  à  une  indemnité  annuelle,  tel  fut  généralement, 
durant  plusieurs  siècles,  le  mode  de  rémunération  adopté  pour 
les  architectes.  L'artiste  était  payé  tant  par  jour  pour  son 
travail  effectif,  et  il  lui  était  alloué  en  outre,  à  titre  d'hono- 
raires, pour  la  direction  des  travaux  et  la  surveillance  des 
ouvriers,  une  pension  annuelle  ou  mensuelle  \  » 

Les  maîtres  d'oeuvre  de  Saint-André  pouvaient  gagner  à  la 
fois  leur  salaire  journalier  de  20  liards  ou  5  sols  tourn.  (1  fr.  50)  ', 
leurs  «  gages  comme  maistre  »,  soit  10  livres  tourn.  '  (60  fr.) 
par  an,  enfin  les  bénéfices  des  travaux  par  eux  entrepris  à 
forfait. 

En  1261,  l'abbaye  de  Saint-Gilles  promettait  à  Martin  de 
Lonay  :  la  nourriture  pour  lui  et  son  cheval  tous  les  jours,  un 
salaire  de  2  s.  tourn.  (2  fr.  02)  par  journée  de  travail,  enfin 
une  pension  annuelle  de  100  s.  tourn.  (101  fr.)  pour  robes''. 
Vers  1320,  le  maître  d'œuvre  de  la  cathédrale  de  Narbonne 
traitait  avec  le  chapitre  de  Girone:  il  devait  au  chapitre  six 
mois  par  an  et  recevait  1.000  sous  de  tern'  (environ  720  fr.)  \ 
En  1448,    les    avantages  accordés  à  Botarel,   architecte    de 

1.  Lance,  op.  cit.,  t.  I,  pp.  xxii.  —  Cf.  pour  les  gages  d'Eudes  de  Mon- 
treuil,  en  1286,  V.  Mortet,  dans  le  Bulletin  monumental  de  1899,  p.  77,  et 
pour  les  gages  d'Hugues  Morel,  architecte  de  la  Chaise-Dieu  en  1344,  Miintz, 
dans  la  Reruc  des  Questions  historir/iies  du  1"  juillet  1899,  p.  31. 

2.  30  mai  1.510.  G  505.  -  31  mai  1510.  Jbid.  —  24  juillet  1519.  G  509.  -  Etc. 

3.  1508-1509.  G  504.  -  20  janvier  et  14  juin  1511.  G  505.  —  Etc. 

4.  Quicherat,  Mélanges,  Archéologie  du  moyen  âge,  p.  177. 

5.  V.  Mortet,  dans  les  Annales  du  Midi,  1899,  pp.  275-276. 

6.  Voir  mon  Étude  sur  la  condition  des  populations  rurales  du  Rous- 
sillon,  p.  62. 


DEUX    CHANTIERS    BORDELAIS    (14861521)  439 

Saint-Michel,  sont  les  suivants  :  22  liards  par  jour  l'été, 
20  liards  par  jour  Thiver,  comme  son  compagnon,  un  peu 
plus  que  son  apprenti,  à  qui  on  donnait  16  liards  ;  mais 
Botarel  jouissait,  en  outre,  d'appointements  fixes  de  40  livres. 
Le  franc  bordelais  valant  25  sous\  en  supposant  250  jours 
de  travail  effectif,  le  total  annuel  du  salaire  quotidien 
atteignait 

99  4_  OQ 

^^^~      X  250  X  1.25  =  109  1.  b.  7  s. 
2  X  60 

Le  traitement  fixe  valait  plus  d'un  tiers  en  sus'. 

Lebas  fils  reçut,  pour  la  période  qui  s'étend  du  troisième 
dimanche  d'août  1486  au  dernier  dimanche  de  septembre  1494, 
une  somme  de  1.575  fr.  b.  22  liards  {7.089  fr.l5)^  Seulement, 
ce  chiffre  comprend  aussi  les  salaires  des  valets  et  même 
d'autres  payements,  qui  faisaient  l'objet  d'un  mémoire  :  «  Tant 
pour  2  francs  [bordelais]  qu'il  reçoit  chaque  dimanche  que 
pour  autres  payements,  comme  il  apparaît  article  par  article,  et 
cela  tant  pour  ses  journées  que  pour  ses  valets.  »  Les  hono- 
raires de  Lebas,  pour  425  dimanches  montent  à  850  fr.  b. 
(3.825  fr.).  Deux  francs  bordelais  (9  fr.)  par  semaine,  en  sup- 
posant six  journées  de  travail,  cela  met  la  journée  à  20  liards 
(1  fr.  50).  Nous  voyons  quelques  salaires  plus  élevés  figurer  au 
compte  des  menuisiers  (24  liards,  soit  1  fr.  80)  et  des  valets 
charpentiers  {22  liards,  1  fr.  65):  c'est  une  raison  déplus  pour 
penser  que  Lebas  recevait  par  ailleurs  une  indemnité  complé- 
mentaire. Un  autre  argument  à  faire  valoir  à  l'appui  de  cette 
opinion,  c'est  qu'en  règle  générale  les  honoraires  des  architectes 
étaient  plus  élevés.  Sans  reprendre  les  chiffres  indiqués  par 
Lance,  voici  quelques  exemples  que  cet  auteur  n'a  pas  connus  : 

1.  17  juin  1497.  «  Quarante  francs,  coraptatz  cascun  per  vint  et  sincq 
sodz  de  la  moneda  corssabla  a  Bordeu.  »  (G  2262). 

2.  En  1478-1479,  le  sous-maître  de  l'œuvre  du  Castillet  Notre-Dame,  à 
Perpignan,  cumulait  des  appointements  fixes  de  100  s.  par  an  et  un  salaire 
de  2  s.  par  journée  de  travail  (Voir  mon  Étude  ai-chéologique  sur  le  Cas- 
tillet,^. 63). 

3.  G  2252,  fol.  110. 


440  J.-A.    BRUTAILS 

Martin  de  Lonay,  qui  n'était  cependant  pas  un  artiste  de 
talent,  recevait,  ainsi  qu'il  vient  d'être  dit,  2  s.  tourn.  (2  fr.  02) 
par  jour  de  travail  et  100  s.  tourn.  (101  fr.)  par  an,  et  ce  en  1261, 
c'est-à-dire  à  un  moment  où  le  pouvoir  de  l'argent  était  plus 
fort  qu'au  temps  des  Lebas ,  Guillaume  Géraud ,  maître 
d'œuvre  de  Saint-André,  Saint-Seurin  et  Saint-Michel  de 
Bordeaux,  touchait,  en  1420,  à  la  seule  caisse  du  chapitre 
Saint-Andréj  100  guiennois  d'or  par  an'.  Colin  Trenchant, 
maître  d'œuvre  de  Saint-André  et  de  Saint-Seurin,  avait,  en 
1425,  70  livres  par  trimestre  du  même  chapitre  Saint-André  : 
or,  il  ne  devait  que  la  moitié  de  son  temps  à  l'œuvre  de  la 
cathédrale,  et  il  était  convenu  que,  s'il  trouvait  un  architecte 
pour  Saint-Seurin,  on  élèverait  son  traitement  jusqu'au  chiffre 
habituel. 

Il  convient  de  dire  qu'en  outre  des  850  fr.  b.  de  ses  gages, 
Lebas  reçut  encore  quelques  menues  sommes  à  titre  de  frais 
de  déplacement.  Quand  il  allait  à  la  carrière  du  Tourne,  il  lui 
était  alloué  une  indemnité  de  12  liards  (0  fr.  90)  à  30  liards 
(2  fr.  25)'. 

Les  chanoines  de  Saint-André  accordaient  de  même  à  leur 
maître  d'œuvre  des  indemnités  :  14  fr.  b.  (63  fr.),  parce 
qu'il  avait  pris  beaucoup  de  peine  et  usé  ses  vêtements^; 
2  livres  tourn.  (12  fr.),  le  jour  où  il  commence  un  travail 
important";  10  sols  tourn.  (3  fr.),  «  pour  faire  les  despens,  et 
ce  pour  aller  quérir  de  la  chaulx  en  Fronsadès'  »,  etc. 

IL  — Tous  les  ouvriers  de  Saint- André  étaient  à  la  journée. 

1.  6  août  1420.  «  Domini  decanus  et  capitulum  ordinaverunt  quod  ,de 
cetero  dentur  magistro  Guillelmo  Geraldi,  magistro  operis  et  fabrice  istius 
ecclesie,  pro  salarie  suo  centum  guianenses  auii,  computando  XXV  solidos 
rnonete  currentis  Burdegale,  annuatim  ad  beneplacitum  capituli,  ita  quod 
ipse  faciaf,  debitum  suurn  et  quod  non  recipiat  alia  opéra  in  aliis  locis, 
exceptis  ecclesiis  Sancti-Micbaelis  et  Sancti-Severini  Burdegale,  quas  ipse 
a  principioquando  fuit  receptus  excepit  »  (G  284,  fol.  2  v"). 

2.  19  février  1487;  21  juillet  1487 ,  17  mai  1488;  6  septembre  1489. 

3.  24  décembre  1511.  G  .505. 

4.  1519-1Ô20.  G  509. 

5.  3  juillet  1.519.  G  509. 


DEUX    CHANTIERS    BORDELAIS     1486-1521)  441 

A  Saint-Michel,  les  compagnons  maçons  pouvaient  être  à 
l'année,  au  mois,  à  la  journée  ou  aux  pièces;  tel  était  au 
mois  qui  demeura  peu  sur  le  chantier'  ;  tel  autre  qui  fut  long- 
temps fidèle  à  la  fabrique,  resta  employé  à  la  journée,  comme 
Yvonet  Alain,  ou  aux  pièces^  comme  Guillaume  Gauteyron. 
Ces  divers  modes  de  rétribution  étaient  successivement  usités 
pour  un  même  compagnon:  il  i)Ouvait  traiter  pour  un  an,  être 
ensuite  à  la  journée  pour  un  temps  plus  ou  moins  long,  et  de 
nouveau  se  louer  à  l'année.  Guillaume  le  Reynart  travaillait 
à  la  journée  en  1489%  au  mois  ou  à  l'année  en  1491  et  1492'  ; 
il  s'engagea  pour  un  an^  qui  finit  le  15  mars  1493,  toucha,  le 
6  avril  suivant,  le  salaire  de  12  journées,  et  le  16  avril  1494, 
le  traitement  d'un  an.  Guillaume  Gauteyron  fut  à  la  journée 
en  juillet  1488;  plus  tard  nous  le  voyons  tailler  des  pierres 
aux  pièces\  puis  de  nouveau  travailler  à  la  journée'. 

La  paye  avait  lieu  à  Saint-Michel,  même  pour  les  ouvriers 
à  la  journée,  à  des  intervalles  inégaux.  Nous  ne  voyons  pas 
que  l'usage  existât  alors,  comme  il  a  existé  depuis  à  la  môme 
église%  de  payer  les  maçons  tous  les  samedis  soir. 

Les  compagnons  à  l'année  ou  au  mois  avaient  d'ordinaire 
60  fr.  b.  (270  fr.)  par  an,  5  fr.  b.  (22  fr.  50)  par  mois.  Ces 
chiffres  n'étaient  pas  invariables.  Les  parties  les  débattaient 
parfois:  le  30  novembre  1495,  Huguet  Bauducheau  recevait 
60  fr.  b.  pour  treize  mois,  «  marcat  feyt  »,  marché  conclu. 
Le  même  avait  en  1488-1489'  56  fr.  b.  par  an  (252  fr.).  En 
décembre  1490,  janvier  et  février  1491,  Guillaume  le  Reynart 
était  aux  gages  de  4  fr.  b.  (18  fr.)  par  mois;  il  passa  dès  le  mois 
suivant  à  5  fr.  Colas  Baluteau  travailla  en  1496  et  1497  à 
raison  de  40  fr.  b.  (180  fr.)'. 

1.  16  novembre  1491.  Payement  de  sept  mois  à  Mathelin  Victot. 

2.  5  octobre  1489. 

3.  1"  février,  28  février,  fin  mars,  16  novembre  1491  ;  29  février  1492. 

4.  5  octobre  1489. 

5.  Septembre  1493. 

6.  Instructions  pour  les  ourricrs  de  Saint-Michel  (G  2223). 

7.  24  décembre  1488;  4  avril  1489. 

8.  29  août,  31  décembre  1496;  fin  décembre  1497.     . 


442  J.  A.    BRUTAILS 

Quand  les  maçons  de  Saint-Michel  étaient  à  la  journée, 
leur  rétribution  était  moindre  l'hiver  que  l'été.  Cet  usage  était 
fréquent':  les  journées  de  Botarcl  lui  étaient  payées  l'hiver 
les  10/11  de  ce  qu'elles  lui  étaient  payées  l'été. 

Pour  les  compagnons  maçons  de  Saint-Michel  Jes  variations 
de  prix  s'étendent  de  20  liards  (1  fr.  50)  à  12  liards  (0  fr.  90). 
Ces  deux  salaires  sont  exceptionnels:  le  premier  est  celui  de 
deux  maçons  qui,  en  septembre  1489^  élevaient  la  flèche;  le 
second,  qui  est,  je  crois,  unique  dans  ce  registre,  fut  payé,  le 
13  mars  1496^  à  un  ouvrier  qui  maçonnait  des  fondations. 

Pendant  l'hiver  de  1490-1491,  il  y  eut  des  journées  à  13  liards 
(0  fr.  97)  ^  On  en  trouve  dans  le  registre  de  comptes  un  assez 
grand  nombre  à  15  liards  (1  fr.  12)  :  GLillaume  Gauteyron 
fut  rétribué  sur  ce  pied,  de  même  que  so:i  valet,  en  juillet  1488; 
Bernard  le  Bigourdan  reçut,  en  novembre  1493,  le  prix  de 
18  journées  à  16  liards  (1  Ir.  20)  et  6  journées  à  15  liards 
(1  fr.  12);  Guillaume  le  Reynart  lui-même  est  couché  sur  le 
compte,  à  la  date  du  6  avril  1493,  pour  12  journées  à  15  liards. 
Il  faut  dire  que  pendant  les  premières  et  les  dernières  années 
de  la  période  1486-1497,  les  salaires  furent  sensiblement  plus 
élevés:  pendant  les  années  intermédiaires, le  taux  habituel  était 
de  16  liards  (1  fr.  20)  l'été,  au  lieu  de  18  liards  (1  fr.  35), 
et  de  15  liards  (1  fr.  12)  l'hiver,  au  lieu  de  16  liards. 

Les  maçons  de  Saint-Michel  gagnaient,  hiver  comme  été, 
une  journée  constamment  égale,  16  liards,  4  sols  tourn. 
(1  fr.  20)*.  Il  est  bien  entendu  que,  sur  tous  les  chantiers,  le 

1 .  Quicberat  signale  un  fait  analogue  à  Troyes  (Mèlnnr/es,  Archéologie 
du  moyen  ûtje,  p.  199).  —  Cf.  ce  qu'a  écrit  M.  Mùntz  dans  la  Revue  de 
Questions  historiques  du  1"  juillet  1899,  p.  31. 

2.  5  octobre  1489. 

.3.  18  décembre  1490;  1''  janvier  1491;  1"  février  1491;  15  février  1491: 
28  février  1491. 

4.  G  50Ô-50Q,  passiin.  —  A  titre  de  comparaison,  voici  les  salaires  du 
personnel  employé  à  la  même  époque,  en  1516,  à  la  cathédrale  d'Angers  : 
maître  charpentier,  7  s.  6  d.^  (ce  qui  équivalait  à  30  liards  bordelais); 
ouvriers  charpentiers,  4  s.  (16  liards  bord.);  maître  maçon,  7  s.  6  d.; 
ouvrier  maçon,  5  s.  (^0  liards)  ou  4  s.   3  d.   (17  liards);  valet,  1    s.  3  d. 


DEUX    CHANTIERS    BORDELAIS    (14861521)  443 

chiffre  des  salaires  était  proportionné  à  l'habileté  des  ouvriers, 
à  la  peine  qu'ils  prenaient.  Le  21  mai  1518,  on  ne  paya  aux 
maçons  de  Saint-André  que  trois  sols  tournois  par  jour(0  fr.  90), 
parce  que,  dit  le  comptable,  «  lors  les  massons  ne  faisoit 
que  tailler  la  doelle^  ».  En  décembre  1511,  les  maçons  de  la 
même  église  eurent  jusqu'à  24  liards  (1  fr.  80)  pour  travailler 
jour  et  nuit  à  maçonner  les  fondations  d'un  pilier'.  En  juin- 
JLiilletl512,  on  éleva  leurs  gages  à  20  liards  (1  fr.  50),  parce 
qu'ils    travaillaient   dans  l'eau  ^ 

Les  salaires  inférieurs  ne  paraissent  pas  subir  de  diminution 
l'hiver.  Pendant  Tété  de  1497,  par  exemple,  Pierre  Rambaud 
touchait  16  liards  (1  fr.  20),  tandis  que  le  reste  de  l'équipe  avait 
18  liards  (1  fr.  35)  :  l'hiver,  tous  étaient  traités  de  la  même 
façon,  à  16  liards  (1  fr.  20). 

Les  maçons  étaient  quelquefois  aux  pièces  sur  le  chantier  de 
Saint-Michel,  pour  la  taille  des  pierres*.  La  taille  était  payée 
1  liard  (0  fr.  075)  le  pied;  il  s'agit,  je  pense,  du  pied  linéaire, 
du  pied  en  longueur,  la  hauteur  d'assise  étant  fixée  à  environ 
1  pied.  Le  mètre  courant  était  payé  0  fr.  21 . 

Taille  des  pierres  d'angle,  6  liards  2/3  (Ofr.  50)  ^ 

Taille  des  pierres  de  piédroit  de  la  lanterne,  12  liards 
(0  fr.  90)\ 

Taille  des  boutons,  sans  doute  les  pierres  ouvragées  sur  les 
faces  de  la  flèche,  20  liards  (1  fr.  50)  ^ 


(5  liards);  manœuvres,  2  s.,  15  d.,  10  d.  (8  liards,  5  liards,  3  liards  1/3). 
(Congrès  d'Angers,  1841,  Bulletin  monumental,  t.  VII,  p.  506-507.) 

1.  G  508. 

2.  G  505. 

3.  23  juin  1512.  «  Quia  multum  aqua  habundabat  in  fovea  »  (G  506).  — 
28  juin.  «  Eo  quia  erant  in  aqua  »  (IbicL), 

4.  Encore  trouve-t-on  des  tailleurs  de  pierre  à  la  journée  (10  février  1493). 

5.  27  juin  1487;  6  juillet  1487. 

6.  23  juin  1487;  30  juillet  1487.  —  Il  s'agit,  je  crois,  des  piédroits  mou- 
lurés des  arcs  qui  ajouraient  le  bas  de  la  flèche.  En  octobre  1488,  on  couvrit 
de  tuiles  cette  lanterne,  parce  qu'on  voulait  arrêter  les  travaux  ;  quelques 
jours  après,  on  descendit  les  échafaudages. 

7.  30  juillet  1487;   17  août  1487;   17  juillet  1489.   -  Baurein   pensait 


441  J.-A.    BRUTAILS 

Taille  des  crestas  et  hareUjeras,  qui  paraissent  être  les  cro- 
chets disposés  sur  les  arêtes  de  la  pyramide  et  sur  les  pinacles^ 
18  à  36  liards  (1  fr.  35  à  2  fr.  70^). 

Le  rapprochement  de  ces  divers  chiffres  suggère  bien  des 
réflexions.  Les  traitements  annuels  ou  mensuels  donnent,  pour 
chaque  jour  de  l'année  ou  du  mois,  un  chiffre  très  inférieur 
aux  salaires  journaliers  :  5  fr.  b.  (22  fr.  50)  par  mois  équi- 
valent pour  chacun  des  30  jours  du  mois^  à  10  liards  (0  fr.  75), 
et  nous  savons  que  le  salaire  du  maçon  ne  tombait  pas  aussi 
bas.  Cette  constatation  nous  conduit  à  rechercher  si  les  chô- 
mages ne  rétablissaient  pas  l'équilibre. 

Il  est  de  fait  que^  sauf  le  cas  d'urgence,  où  le  calendrier  était 
oublié',  fêtes  et  chômages  étaient  fréquents.  On  a  souvent 
signalé  le  grand  nombre  des  fêtes  célébrées  par  nos  pères  : 
même  à  s'en  tenir  au  côté  matériel,  comme  certains  écono- 
mistes qui  évaluent  l'être  humain  en  kilogrammètres,  quand 
l'ouvrier  trouve  en  dehors  du  travail  des  distractions  saines,  il 
est  bon  qu'il  se  repose  souvent.  Peut-être  la  France  n'aurait- 
elle  pas  été  capable  de  l'effort  gigantesque  qu'elle  a  fourni  à  la 
fin  du  xviiio  siècle  et  au  commencement  du  xix®,  si  les  géné- 
rations précédentes  avaient  été  surmenées,  comme  une  grande 
partie  de  notre  population  actuelle,  par  un  labeur  sans  trêve. 
On  voit  l'importance  de  la  question  et  qu'il  n'est  pas  inutile  de 
reproduire  une  partie  des  renseignements  que  renferme,  dans 
cet  ordre  d'idées,  le  compte  de  la  fabrique  Saint-Michel  : 

Octobre  1489 31  jours 

Yvonnet  Alain,  maçon,  travaille...,  21  jours 

que  les  boutons  étaient  les  crochets  d'angle,  et  que  les  crestas  étaient  les 
pierres  ouvragées  des  faces  de  la  pyramide  ;  les  crestas  sont  plus  petites 
en  haut,  et  elles  coûtent  moins  cher  dans  les  articles  les  plus  récents 
[Variétés  bordeloises,  t.  V,  p.  169-170;  nouv.  éd.,  t.  III,  pp.  96-97). 
La  remarque  est  ingénieuse;  mais  la  conclusion  est-elle  juste?  Crestas  et 
harctijeras  vont  ensemble  dans  le  texte;  or,  sur  le  sens  de  ce  dernier 
terme,  il  n'y  a  pas  de  doute  possible. 

1.  28  juillet  1489;  25  septembre  1489;  13  juillet  1490. 

2.  12  octobre  1511;  7  décembre  1511;  7  août  1512,  etc.  (G  505  et  506). 


DEUX    CHANTIERS    BORDELAIS    (14861521)  445 

Novembre  —  25  décembre  1489 55  jours 

Le   même 40  jours 

Du  25  mars  au  10  avril  1490 17     — 

Léonard  Bernet,  maçon 13     — 

Du  25  mars  au  10  avril  1490 17     — 

François  Bauducheau,  maçon 13     — 

Du  11  avril  au  28  mai  1490 48     — 

Léonard  Bernet 28     — 

Du  11  avril  au  31  mai  1490 51     — 

François   Bauducheau 31     — 

Du  2  avril  au  24  juin  1492 83     — 

Pierre  Torlet,  maçon 58    — 

Du  10  mai  au  24  juin  1492 46    — 

Yvonet  Alain 29    — 

Du  13  juin  au  6  juillet  1492 24    — 

Guillaume  Vincent,  maçon 8     — 

Du  18  avril  au  8  août  1492 113    — 

Jean  David,  maçon 70    — 

Du  9  août  au  16  septembre  1492 39    — 

Le  môme .  24     — 

Du  18  février  au  15  avril  1493 57     

Le  même 43     — 

Du  lei"  avril  au  15  septembre  1493. 168     — 

Guillaume  Gauteyron,  maçon 93    — 

Du  4  juillet  au  15  septembre  1493 74    — 

Louis  Mailhot,  maçon 45     — 

Du  4  juillet  au  30  octobre  1493 119    

Jean  Prumir,  maçon 85     — 

Du  4  mai  au  30  octobre  1493 180    — 

Pierre  Torlet 115     _ 

Du  1er  novembre  au  31  décembre  1493 61    — 

Le  même 35     — 

Du  le"-  novembre  au  31  décembre  1493 61     — 

Jean  Prumir. 31     _ 

Du  1er  janvier  au  23  février  1494 54    — 

Le  même 35    


446  J-'A.    BRUT  AILS 

J'ai  pointé  pendant  près  de  deux  ans  les  journées  de  l'un  des 
maçons  déjà  nommés,  Yvonnet  Alain.  Il  a  travaillé  : 

En  avril  1493,  soit  pendant  une  période  de  30  jours,  20  jours 

—  mai  — 

—  juin  — 

—  juillet  — 

—  août  — 

—  septembre   — 

—  octobre        — 

—  novembre    — 

—  décembre    — 

—  janvier      1494 

306    —    204    — 
En  1493,  le  même  travaillait  avec  deux,  puis   avec  trois 
ouvriers.  L'équipe  fournit  : 


31     - 

-     17 

— 

30    - 

-    18 

— 

31     - 

-     23 

— 

31     - 

-     19 

— 

30    - 

-    23 

— 

31     - 

-     23 

— 

30    - 

-    21 

— 

31     - 

-     19 

— 

31     - 

-    21 

— 

11 
En  mars, 

qui  compte 

31  jours 

23  journées 

—  avril. 

— 

30    — 

24     — 

—  mai, 

— 

31     — 

21'    — 

—  juin. 

— 

30    — 

20    — 

—  juillet. 

— 

31     — 

22     — 

—  août, 

— 

31     — 

19     - 

—  septembre, 

— 

30    - 

22    — 

—  octobre. 

— 

31     — 

22    — 

—  novembre, 

— 

30    — 

21     — 

—  décembre, 

— 

31     — 

306     —  202  — 

Pendant  ces  deux  périodes,  les  ouvriers  sur  lesquels  a  porté 
mon  enquête  se  reposèrent,  à  très  peu  de  chose  près,  1  jour 
sur  3,  et  ils  gagnèrent  plus  que  les  maçons  au  mois  ou  à 
l'année.  Il  est  vrai  qu'il  fallait  compter  avec  les  interruptions, 
avec  les  chômages,  causés  notamment  par  les  intempéries'  et 
par  le  manque  de  travail^ 

1.  Yvonnet  Alain  ne  fit  personnellement  ce  mois-là  que  18  journées. 

2.  18  décembre  1511  et  jours  suivants.  Chômage  des  maçons,  à  cause  du 
froid  (G.  505).  —  31  octobre  1511.  On  ne  paye  que  la  moitié  de  la  journée  à 
cause  de  la  pluie  (G  505). 

3.  Les  statuts  des  maîtres  maçons  prévoyaient  ces  chômages;  quand  l'un 


DEUX  CHANTIERS  BORDELAIS  (1486-1521)  447 

Les  comptes  de  l'œuvre  portent  trace  de  quelques  gratifica- 
tions supplémentaires  :  une  robe  à  Huguet  Bauducheau  et  à 
Guillaume  le  Reynart,  pour  avoir^  au  péril  de  leur  vie,  maçonné 
le  faîte  de  la  flèche  de  Saint-Micher  ;  une  robe  au  même  Bau- 
ducheau, pour  reconnaître  les  services  par  lui  rendus  pendant 
dix  ans  '  ;  deux  paires  de  chausses  à  deux  ouvriers  d'un 
couvreur  de  plomb,  pour  avoir  avec  grand  danger  «  nectoyé  les 
conduicts  des  arcz-boutans  et  enduitz  les  joinctz  des  pierres''  ». 
Quicherat*  avait  signalé  l'usage  «  de  fournir  d'habits  ceux  qui 
dirigeaient  les  travaux  du  bâtiment  ».  A  Saint-Michel  comme 
à  Saint-André,  ce  n'est  pas  au  maître  d'œuvre,  mais  à  dés 
ouvriers,  que  les  présents  de  ce  genre  étaient  faits;  c'était 
une  façon  de  remercier  pour  leur  zèle  les  serviteurs  dévoués  ; 
c'est  ainsi  qu'il  fut  donné  une  robe  au  bordilier  qui  tenait  le 
bourdieu  ou  domaine  de  la  fabrique  Saint-Michel,  à  Quinsac'. 

Les  manœuvres  étaient  «  de  divers  prix  »  :  plusieurs  d'entre 
eux,  payés  en  même  temps,  recevaient  des  salaires  différents. 
A  Saint-Michel,  les  salaires,  quand  le  prix  est  spécifié,  vont  de 
8  liards  (0  fr.  60)  à  12  liards  (0  fr.  90)  ;  mais  nous  savons 
qu'ils  étaient  parfois  supérieurs.  C'est  ainsi  que  20  journées 
de  manœuvres  «  de  divers  prix  »  valent  4  fr.  b.  4  liards,  soit 
244  liards,  le  20  juin  1490;  10  journées  valent  2  fr.  24  liards, 
soit  144  liards,  le  3  juillet  1491. 

A  Saint-André,  le  chiffre  courant  est  de  10  liards  ou  2  sols 
6  deniers  tourn.  (0  fr.  75);  mais  les  écarts  sont  nombreux  et 
assez  considérables,  surtout  pendant  les  dernières  années.  En 
novembre  1519,  3  journées  furent  portées  sur  le  registre  de 
comptes  pour  4  sols  tournois  :   c'est  1  sol  4  deniers  tournois 

d'entre  eux  manquait  de  travail,  il  avait  le  droit  d'être  employé  de  préfé- 
rence à  tout  autre  ouvrier  {Anciens  et  nouccaux  Statuts  de  Bordeaux,  éd. 
de  1701,  p.  121). 

1.  28  septembre  1492. 

2.  31  août  1496. 

3.  1516-1517.  G  507. 

4.  Mèlanijcs,  Archéologie  du  nioj/en  âf/e,  p.  189. 

5.  18  novembre  1494. 


448  J-  A.    BRUT  AILS 

(0  fr.  40)  par  journée  \  Le  maximum  est  de  3  sols  4  deniers 
(1  fr.)*.  En  1519,  on  paya,  le  même  jour,  certains  manœuvres 
3  sols  3  deniers  tournois  (0  fr.  97),  et  d'autres  1  sol  S  deniers 
(0  fr.  50)  '.  Je  trouve  des  salaires  de  3  sols  3  deniers  (0  fr.  97),  au 
mois  d'août  1520*  ;  de  3  sols  (0  fr.  90),  en  septembre  1519'  ;  de 
2  sols  (0  fr.  60),  en  novembre  de  la  même  année'.  J'omets  les 
variantes  intermédiaires. 

Parfois  la  rétribution  des  manœuvres  était  supérieure  à  la 
moyenne,  parce  qu'ils  fournissaient  des  heures  supplémen- 
taires :  tels  ces  manœ.uvres  à  12  liards  (0  fr.  90),  qui  arrivaient 
à  3  heures  du  matin'';  ou  bien  parce  qu'ils  couraient  des 
risques  :  un  homme  de  peine  qui  nettoyait  les  piliers  et  les 
verrières  à  l'aide  d'un  appareil  suspendu  à  des  cordages,  reçut 
15  liards  (1  fr.  12)',  et  môme  30  liards  (2  fr.  25)'. 

La  rémunération  du  travail  de  nuit  des  manœuvres  de  Saint- 
André  donna  lieu,  ainsi  que  je  l'ai  exposé  plus  Jiaut,  à  un 
conflit  violent.  Il  s'agissait  d'épuiser  des  tranchées  où  l'eau 
arrivait  en  abondance.  On  résolut  d'abord  la  question  en 
confiant  à  l'équipe  de  jour  le  soin  de  surveiller  la  fosse  et  de 
faire  le  nécessaire  ;  mais  il  y  eut  désaccord  sur  la  tarification 
de  ces  heures  supplémentaires  ;  elles  furent  payées  d'ordinaire 
6  liards  (0  fr.  45)'"  par  nuit.  Une  autre  ditficulté  ne  tarda  pas 
à  surgir  sur  le  point  de  savoir  s'il  était  juste  de  rétribuer  les 
hommes  qui  gardaient  la  tranchée,  lorsque  l'eau  ne  sourdait 
pas.  Après  divers  tâtonnements,  on  en  vint  à  embaucher  pour 
la  nuit  des  équipes   qui   se    reposaient  de  jour  et  qui  étaient 


1.  20  novembre  1.519.  G  509. 

2.  22  avril  1520.  G  509. 

3.  2  juillet  1519.  G  509. 
4.12  août  1520.  G  509. 

5.  4  septembre  1519.  G  509. 

6.  27  novembre  1519.  G  509. 

7.  2  octobre  1511.  G  505. 

8.  Mars  1508,  22  et  31  août  1508.  G  504. 
9    Semaine  sainte  1513.  G  50G. 

10.  4,  5  et  8  décembre  1511.  G  505. 


DEUX  CHANTIERS  BORDELAIS  (1486-1521)  449 

même  plus  favorisées  que  les  autres  sous  le  rapport  du  salaire  : 
en  1519^  la  «  nuictée  »  se  payait  environ  3  sols  6  deniers 
tournois  (1  fr.  05)  \ 

Les  gages  des  charpentiers  étaient  plus  élevés  que  ceux  des 
maçons  :  leurs  journées  étaient  comptées  à  maître  Harry  Avelot^ 
le  maître  charpentier  de  Saint-Michel,  de  16  liards  (1  fr.  80)* 
à  22  liards  (1  fr.  65)'.  Le  taux  habituel  était  de  18  liards 
(1  fr.  35). 

A  la  cathédrale,  on  embaucha  des  compagnons  charpentiers 
à  20  liards  (1  fr.  50)  en  1479;  —  ce  prix  était  inusité  et  Vou- 
vriev  prit,  avant  de  traiter,  l'autorisation  du  chapitre'  ;  —  à 
22  liards  (1  fr.  65)  en  1492'.  De  1508  à  1520,  le  tarif  constant 
est  de  20  liards  ou  5  sols  tournois  (1  fr.  50).  Je  ne  trouve  guère 
à  cette  règle  que  deux  exceptions  :  en  1508,  des  journées  sont 
comptées  10  liards  (0  fr.  75)%  ce  qui  doit  être  une  erreur  du 
scribe;  en  décembre  1512,  d'autres  journées  valent  24  liards 
(1  fr.  80)\ 

Les  couvreurs  de  Saint-Michel  avaient  15',  16'  et  18  liards'" 
(1  fr.  12,  1  fr.  20  et  1  fr.  35).  Ceux  de  Saint-André  étaient  assi- 
milés aux  maçons  :  leur  journée  montait  à  16  liards  ou  4  sols 
tournois  (1  fr.  20).  Celle  des  servants  était  de  8  k  10  liards 
(0  fr.  60  à  0  fr.  75);  ce  dernier  prix  est  exceptionnerV  Un 
couvreur  de  plomb,  maître  Nolot,  gagnait  20  liards  (1  fr.  50)". 
En  1517,  cinq  journées  de  couvreur  ne  coûtèrent  au  chapitre 


1.  Août-octobre  1519.  G  509. 

2.  17  octobre  1488. 
3. 17  avril  1495. 

4.  12  janvier  1479.  G  285,  fol.  151  v  . 

5.  1492.  G  490. 

6.  1"  juillet  1508.  G  504. 

7.  4  décembre  1512.  G  506. 

8.  10  janvier  1493. 

9.  7  août  1487;  15  avril  1493. 

10.  24  décembre  1496. 

11.  8  juin  1510.  G  505. 

12.  1508-1510.  G  504  et  G  505,joasst»i. 


450  J.-A.    BUUTAILS 

que  18  sols  9  deniers  tournois  \  ce  qui  met  la  journée  à  3  sols 
9  deniers  ou  15  liards  (1  fr.  12). 

Le  cliiiïre  ordinaire  de  la  journée  du  baradier  ou  terrassier 
est  de  13  liards  ou  3  sols  3  deniers  tournois  (0  fr.  97).  Il  est 
parfois  an  peu  plus  bas\ 

Enfin,  j'ai  noté  à  Saint-Michel  des  journées  de  menuisier  à 
24  liards  (1  fr.  80)%  et  à  Saint-André  des  journées  de  verrier  à 
16  liards  ou  4  sols  tournois  (1  fr.  20*),  de  charretier  à  7'  et  à 
8'  sols  tournois  (2  fr.  10  et  2  fr.  40),  de  tonnelier  à  15  liards 
(1  fr.  12),  plus  la  nourriture,  et  à  20  liards  (1  fr.  50)',  et  des 
vacations  d'experts  à  16"  et  20  liards'  (1  fr.  20  et  1  fr.  50). 

Si  nous  récapitulons  ce  qui  précède,  nous  constatons,  abs- 
traction faite  des  chiffres  exceptionnels,  qu'il  était  alloué  : 

En  1486-1497,  sur  le  chantier  En  1508-1520,  sur  le  chantier 

de  Saint-Michel.  de  Saint-André  : 

Au  maître  d'œuvre  : 
Probablement  une  rente  annuelle.      Une  pension  annuelle  de  60  fr. 
Plus  1  fr.  50  par  jour  de  travail      Plus  1  fr.  50  par  jour  de  travail 
effectif.  effectif. 

Aux  compagnons  maçons  : 
Soit,  par  mois,  15  fr.  à  22  fr.  50.      1  fr.  20  par  jour  de  travail. 
Soit,  par  jour  de  travail,  1  fr.  12 
à  1  fr.  30. 


1.  25  novembre  1517.  G  508. 

2.  31  juillet  1519.  Trente  journées  pour  4  livres  11  sols  tourn.  (G  509).— 
Le  même  registre  porte,  à  la  date  du  9  octobre  1519,  un  article  qui  est 
surchargé  :  il  a  été  déboursé  4  livres  4  sols  6  deniers  tournois  pour  30  bu 
pour  42  journées  (G  509).  Cette  donnée  est  trop  incertaine  pour  servir  de 
base  à  un  calcul. 

3.  8  octobre  1487. 

4.  30  avril  1516.  G  .507. 

5.  20  septembre  1.519.  G  509. 

6.  Juillet-août  1519.  G  509. 

7.  6  et  7  septembre  1497.  G  491. 

8.  18  mai  1508. G  504. 

9.  8  avril  et  31  octobre  1510.  G  505.  —  9  octobre  1511.  G  505.  -Etc. 


DEUX    CHANTIERS    BORDELAIS    (1486-1521)  451 

Aux  manœuvres  : 

0  fr.  60  à  0  fr.  90  par  jour  de  tra-      0  fr.  60  à  0  fr.  90  par  jour  de  tra- 
vail, vail. 

Aux  charpentiers  : 

1  fr.  35  par  jour  de  travail.  1  fr.  50  par  jour  de  travail. 

Aux  couvreurs  : 
1  fr.  12  à  1  fr.  35  par  jour  de  tra-      1  fr.  20  par  jour  de  travail. 
vail. 

Aux  terrassiers  : 

0  fr.  97  par  jour  de  travail. 
Aux  menuisiers  : 

1  fr.  80  par  jour  de  travail. 

Aux  verriers  : 

1  fr.  20  par  jour  de  travail. 
Aux  charretiers  : 

2  fr.  10  et  2  fr.  40  par  jour  de  tra- 
vail. 

Ajoutons,  comme  terme  de  comparaison,  que  l'organiste  de 
Saint-André  recevait  24  fr.  b.  (108  fr.),  plus  tard  30  fr.  b. 
(135  fr.),  et  le  prêtre  chargé  de  la  sacristie,  28  fr.  b.  (126  fr.)  et 
plus  tard  30  fr.  b.  (135  fr.). 

L'architecte  de  la  tour  de  Saint-Michel  était  assurément  un 

artiste  de  beaucoup  de  mérite.  Je  ne  vais  pas  jusqu'à  dire  avec 

les  Bordelais  du  xviii^  siècle  que  les  Lebas  ont  élevé  le  plus 

beau  clocher  de  France^;  mais  ils  se  sont  révélés  comme  des 

constructeurs  de  talent.  Or,  il  n'y  a  pas  entre  leur  traitement  et 

le  salaire  des  compagnons  ou  des  manœuvres  l'écart  qui  existe 

aujourd'hui  entre  les  appointements  d'un  ingénieur  ou    les 

honoraires    d'un   architecte  et  les  journées  de  ses  ouvriers. 

Même  à  ce  point  de  vue,  l'égalité  était  plus  grande  dans  les 

chantiers  des  xv«  et  xvi*  siècles  que  dans  les  chantiers  de 

notre   époque. 

(A  suivre.) 

1.  30  janvier  1752.  «  Le  plus  beau  clocher  qu'il  y  ayt  dans  le  royaume.  » 
(G  2303,  fol.  3). 


COMPTES  RENDUS 


C.  Enlart.  —  L'Art  gothique  et  la  Renaissance  en  Chypre.  — 
Paris,  Leroux,  1899;  2  vol.  in-S",  xxxii-756  p. 

L'île  de  Chypre  est  une  terre  privilégiée  pour  les  archéologues, 
leur  offrant  un  développement  complet  de  la  civilisation  médi- 
terranéenne depuis  la  première  apparition  du  travail  humain  jusqu'au 
xvi®  siècle.  L'art  grec  y  coudoie  l'art  byzantin  et  le  gothique. 
Cependant  les  difficultés  de  l'exploration  ont  fait  que  jusqu'en  1878, 
jusqu'à  ce  que  l'administration  anglaise  eut  introduit  l'ordre  et  la 
justice  en  Chypre,  les  rares  archéologues  qui  y  ont  séjourné  n'ont  que 
glané  dans  ce  champ  qui  a  depuis  fourni  une  moisson  abondante. 
L'on  s'était  préoccupé  surtout  de  la  recherche  des  antiquités 
grecques.  Cependant  le  comte  de  Mas- Latrie  avait  fait  ressortir,  dans 
son  Histoire  du  royaume  de  Chypre  sous  les  Lusignan.  l'extraordi- 
naire prospérité  de  ce  pays  qui  pendant  trois  siècles,  du  xiii*  au 
XV*  siècle,  fut  comme  un  prolongement  de  la  France.  Mais  pour  les 
monuments,  qui  cependant  proclamaient  la  puissance  des  Lusignan, 
peut-être  plus  haut  encore  que  leurs  exploits  guerriers,  il  s'était 
contenté  de  les  signaler.  M.  le  marquis  de  Vogué  en  avait  brièvement, 
mais  excellemment  dégagé  les  caractères  généraux;  enfin  M.  le  baron 
Rey  avait  décrit  quelques  châteaux.  II  appartenait  à  M.  Enlart,  qui 
a  fait  de  l'étude  de  l'architecture  gothique  hors  de  France  sa  spécialité, 
qui  a  montré  la  part  qui  revient  aux  artistes  et  ouvriers  français  dans 
les  constructions  de  l'Italie  et  de  l'Espagne,  de  montrer  une  fois  de 
plus  l'expansion  de  notre  architecture  dans  un  des  centres  les  plus 
brillants  de  l'Orient  latin.  Le  livre  qu'il  nous  offre  est  le  fruit  d'une 
mission  qu'il  a  reçue  du  Ministère  de  l'instruction  publique  en  1896. 
Pendant  cinq  mois,  il  a  exploré  Chypre  en  tous  sens,  et  il  ne  paraît 
pas  qu'aucun  monument  de  la  période  gothique,  église,  abbaye  ou 
château,  lui  ait  échappé.  Son  livre  est  fortement  documenté,  et  il  est 
orné  de  34  planches  et  421  figures,  tous  ces  dessins,  à  la  réserve  de 


ENLART   :   LAltr    GOTHIQUE    EN    CHYPRE  451^ 

dix,  exécutés  sur  place  ou  d'après  des  photographies  et  des  croquis 
(le  l'auteur.  Il  suffît  de  regarder  l'illustralion  pour  reconnaître  qu'on 
est  à  Chypre  en  terre  française.  Les  cathédrales  de  Nicosie  et  de  Fama- 
gouste  se  trouveraient  bien  à  leur  place  dans  l'Ile-de  France  ou  en 
Champagne,  n'était  l'absence  de  toiture  qui  les  [)ri\e  di'  la  légèreté 
des  édifices  similaires  de  France. 

L'architecture  gothique  fut  importée  en  Chypre;  entièrement 
constituée.  Elle  n'y  est  pas  le  résultat  d'un  développement  progressif 
de  l'architecture  romane.  Elle  y  apparaît  avec  tous  les  caractères 
qu'elle  avait  en  France  à  l'extrême  fin  du  xn"  siècle.  En  France 
même,  les  églises  gothiques  n'ont  pas  toutes  le  même  aspect;  il  y  a 
des  différences  de  détail  dans  l'ornementation,  et  même  des  diffé- 
rences essentielles  dans  le  plan  ou  la  construction,  entre  les 
églises  des  diverses  régions.  M.  Enlart  ne  s'est  pas  borné  à  constater 
l'influence  générale  de  l'architecture  française  sur  les  monuments 
cypriotes;  il  a  pousse  plus  loin  l'analyse.  Il  a  d'abord  déterminé  dans 
une  série  de  chapitres,  qui  contribueront  à  l'avancement  de  notre 
connaissance  des  styles  régionaux  en  France  aux  xni'^  et  xiv*"  siècles, 
les  caractères  distinctifs  de  l'école  de  l'Ile-de-France,  de  l'école  de 
Champagne,  de  l'école  commune  au  Languedoc  et  à  la  Provence, 
il  les  a  recherchés  et  retrouvés  dans  les  églises  de  Chypre.  Il  a 
également  reconnu  les  influences  de  l'Espagne  et  de  l'Italie.  Chacun 
des  monuments  religieux,  militaires  ou  civils  de  Chypre  est  l'objet 
d'une  monographie.  Nous  ne  saurions  ici  résumer  ces  descriptions 
minutieuses  qui  d'ailleurs,  privées  des  figures  qui  les  accompagnent, 
seraient  peu  intelligibles.  Il  faut  au  moins  reproduire  les  conclusions 
générales  formulées  par  M.  Enlart. 

L'art  gothique,  de  1209  jusque  vers  1280,  a  produit  des  œuvres  d'un 
beau  caractère  :  le  château  de  Cérines,  la  partie  orientale  de  la  cathé- 
drale de  Nicosie,  l'église  de  Lapais,  la  grande  salle  de  Saint-Hilarion 
et  une  partie  des  portails  de  Saint-Pierre- Saint-Paul  de  Famagouste. 
La  construction  présente  jusqu'au  milieu  du  xni®  siècle  quelques 
traces  d'archaïsme.  C'est  ainsi  ciuedans  les  voûtes,  les  doubleaux  sont 
plus  larges  que  les  ogives,  comme  c'est  le  cas  en  France  pour  les 
édifices  de  transition  ;  les  absidioles  voritées  persistent  dans  le 
transept  de  Sainte-Sophie  de  Nicosie;  le  transept  de  Lapais  est  voûté 
en  berceau;  enfin  la  voûte  de  l'abside  de  Sainte-Sophie  de  Nicosie 
porte  sur  des  branches  d'ogives  qui  viennent  s'appuyer  sur  la  clef  de 

Moyen  Age,  t.  XIII.  25 


454  COMPTES    RENDl'S 

farc-doubleau  du  sanctuaii'e.  Le  château  de  Cérincs  n'a  que  des 
\oûtes  d'arêtes  ou  en  berceau.  Pendant  cette  première  pêi'iode,  les 
proportions  des  édifices  sont  belles,  mais  trapues;  les  églises  doivent 
ce  caractère  trapu  à  l'absence  du  tnCorium  entraînée  par  la  substitution 
de  la  teri'asse  à  la  toiture.  L'ornementation  est  sobre. 

La  seconde  période  s'étend  du  milieu  du  xin"  siècle  jusque 
vers  1350.  L'art  s'inspire  surtout  de  modèles  champenois  et  quelque 
peu  du  Midi  de  la  France.  Comme  types  de  monuments  cypriotes,  il 
faut  citer  Saint-Georges-des-Latins  à  Famagouste,  les  parties  hautes 
de  la  nef  et  le  porche  de  Sainte-Sophie  de  Nicosie,  la  cathédrale  de 
Famagouste,  commencée  en  1300  et  achevée  avant  le  milieu 
du  xiv«  siècle.  Cet  édifice  est  un  modèle  de  proportions  heureuses  et 
de  sveltesse.  Les  mêmes  qualités  de  grâce  et  de  légèreté  se  retrouvent 
dans  le  réfectoire  de  Lapais,  dont  l'élégance  contraste  avec  la  lourdeur 
de  l'église  du  même  monastère. 

Vers  le  milieu  du  xiv^^  siècle,  s'arrête  l'imitation  des  modèles 
français.  L'art  gothique  va  désormais  se  développer  sur  lui-même. 
Les  édifices  élevés  par  les  Francs  seront  copiés  par  des  architectes  et 
des  ouvriers  du  pays.  C'est  la  troisième  période,  la  fin  du  xiv''  siècle, 
dont  les  monuments  sont  lourds  et  monotones  ;  l'ornementation  est 
moins  intéressante,  moins  élégante,  et  les  édifices  n'ont  plus  que  le 
mérite  de  présenter  un  ensemble  bien  proportionné  et  une  construction 
soignée. 

Au  xve  siècle,  enfin,  on  revient  à  la  construction  et  à  la  décoration 
(le  l'époque  romane;  le  byzantinisme  réapparaît.  L'église  de  Morphou, 
par  exemple,  gothique  dans  son  appareil  et  dans  sa  sculpture,  mais 
byzantine  dans  sa  forme  et  son  système  de  voûtes,  est  le  premier  type 
et  le  meilleur  échantillon  du  genre.  L'harmonie  entre  les  diverses 
parties  d'un  même  édifice  disparaît;  c'est  la  même  lourdeur,  la  même 
gaucherie  que  dans  les  édifices  construits  au  xiv^  siècle  en  Grèce  et 
au  XV*  siècle  dans  l'île  de  Rhodes.  Une  partie  seulement  des  œuvres 
que  la  Renaissance  édifiera  en  Chypre  saura  retrouver  l'élégance 
dans  les  proportions. 

Nous  n'avons  guère  cité  dans  ce  trop  court  résumé  que  des  églises. 
Il  ne  faudrait  pas  en  conclure  que  ce  genre  d'édifices  a  seul  retenu 
l'attention  de  M.  Enlart.  Il  n'a  pas  étudié  avec  moins  de  soin  les 
constructions  militaires,  les  palais,  les  maisons  particulières.  Il  a 
consacré  un  chapitre  aux  monuments  funéraires,  qui  sont  très  remar- 


G.    DE   MANTEYER:    les    origines    de    la    maison   de    SAVOIE        455 

quables.  Et  dans  les  monographies  il  a  décrit  avec  soin  les  sculptures 
et  les  peintures.  11  a  même  donné  un  apen^u  des  arts  mineurs. 

L'art  gothique  cypriote  a  eu  son  point  de  départ  dans  l'art  gothique 
fran(;ais;  mais  il  a  pris  un  caractère  propre;  il  n'est  pas  une  imitation 
servile  et  maladroite,  mais  une  imitation  souple  et  raisonnée-  ((  Le 
gothique  de  Chypre  peut  donc  être  considéré  comme  une  variété 
complétant  le  tableau  des  écoles  françaises  :  c'est  notre  art  national 
colonial.  »  La  cathédrale  de  Famagouste,  si  elle  rappelle  la  cathédrale 
de  Reims,  l'église  Saint-Urbain  de  Troyes  et  quelques  édifices  du 
Midi  de  la  France,  a  cependant  la  valeur  d'un  monument  original,  tel 
que  la  France  n'en  offre  aucun  pour  le  xiv^  siècle.  Il  faut  reconnaître 
toutefois  que  l'art  gothique  de  Chypre  a  eu  une  décadence,  dont  les 
causes  principales  sont  la  copie  inintelligente  de  modèles  anciens  et  le 
mélange  de  deux  styles  hétérogènes,  le  gothique  et  le  byzantin. 

Le  livre  de  M.  Enlart.  par  la  précision  et  le  nombre  des  obser- 
vations, par  la  mise  en  œuvre  des  matériaux,  par  la  méthode,  par  les 
rapprochements  entre  les  documents  écrits  et  les  monuments,  par  les 
comparaisons  continuellement  établies  entre  les  édifices  français  et 
ceux  de  l'ile  de  Chypre,  par  les  principes  d'esthétique  qui  y  sont 
développés  et  justifiés,  par  les  vues  d'ensemble  sur  l'art  du  moyen 
âge,  est  une  œuvre  remarquable  et  qui  jettera  de  nouvelles  lumières 
sur  le  développement  général  de  l'art  occidental  du  xiii*^  au  xv^  siècle. 
C'est  en  outre  une  réponse  à  ceux  qui  refusent  aux  Français  le  génie 
colonisateur.  Les  monuments  gothiques  de  Chypre  «  sont  l'attestation 
réconfortante  de  la  valeur  et  de  la  puissance  de  notre  art  national 

autant  que  de  notre  colonisation  ». 

M.   Prou. 


Georges  de  Manteyer.   —  Les  Origines  de  la  maison  de  Savoie 
en  Bourgogne  (910-1060).  —  Rome,  1899;  m  8°,  284  p.,  2  pi. 

[Extxaiiides  Mélanges d'ai'chéologie  et  d'histoire  publiés  par  l'École 
française  de  Borne.  T.  XIX). 

Dans  un  savant  mémoire  publié  sous  les  auspices  de  l'École  fran- 
çaise de  Rome,  M.  G.  de  Manteyer  vient  de  reprendre  l'étude  de  la 
question  si  débattue  des  origines  de  la  maison  de  Savoie.  Le  système 
absolument  nouveau  qu'il  présente  est  basé  sur  la  publication  qu'a 
faite  ^L  Giry,  dans  ses  Etudes  carolingiennes,  des  fragments  inédits 
d'un  cartulaire  de  Montiéramey  aujourd'hui  perdu,  mais  dont  il  existe 


456  COMPTES    RENDUS 

à  la  Bibliothèque  nationale  (coll.  Baluze,  t.  XXXIXj  des  extraits 
dus  à  André  Duchesne. 

On  a  pendant  longtemps  rattaché  la  dynastie  savoyarde  aux  Boso- 
nides  ;  cette  thèse  soutenue  pour  la  première  fois,  à  ma  connaissance, 
par  le  savant  Dubouchet,  contemporain  de  Guichenon,  a  été  adoptée 
et  défendue  avec  talent  par  l'érudit  suisse  Gingins  la  Sarra,  dans  un 
Mémoii^e  sur  rovigine  de  la  maison  de  Savoie,  inséré  au  t.  XX  des 
Mémoires  et  Documents  publiés  par  la  Société  d'histoire  de  la  Suisse 
romande{^.  211-247).  Par  contre,  Guiclionon,  pour  des  motifs  qui 
n'ont  sans  doute  rien  de  scientifique,  lui  a  préféré  la  thèse  de  l'origine 
saxonne,  alors  fort  en  faveur  à  la  cour  de  Turin.  Depuis  cette  époque, 
plusieurs  autres  systèmes  généalogiques  ont  été  proposés,  parmi 
Icscjuels  le  dernier  en  date,  avant  la  publication  de  M.  de  M.,  était 
celui  de  l'historien  italien  Domenico  Carutti,  qui  rattache  la  maison 
de  Savoie  à  Amédée  le  Vieux,  vassal  de  Rodolphe  II,  roi  de  Bour- 
gogne. Ni  les  uns  ni  les  autres  de  ces  systèmes  n'emportent  la  convic- 
tion ;  aussi,  ayant  eu  à  les  examiner  incidemment  à  l'occasion  de  mes 
recherches  sur  les  Origines  du  diocèse  et  du  comté  de  Belley,  j'en 
étais  arrivé  à  cette  conclusion  qu'avec  les  documents  qui  nous  sont 
parvenus,  c'était  poursuivre  une  véritable  chimère  que  de  vouloir 
remonter,  dans  l'histoire  de  la  dynastie  de  Savoie,  au  delà  d'Humhert 
aux  Blanches-Mains. 

J'ai  donc  lu  l'étude  très  documentée  et  très  consciencieuse  de  M.  de 
M.  avec  le  plus  vif  intérêt  et  avec  l'espoir  de  tenir  enfin  la  clef  d'un 
problème  généalogique  auquel  les  hautes  destinées  de  la  famille  qui 
en  fait  l'objet  donnent  un  attrait  tout  particulier.  Je  dois  dire,  malheu- 
reusement, que  j'ai  été  complètement  déçu  dans  mes  espérances  : 
pas  mieux  que  ses  nombreux  prédécesseurs,  M.  de  M.  n'a  réussi  à 
trouver  le  mot  de  l'énigme. 

Voici,  résumée  à  grands  traits,  sa  thèse  généalogique  :  la  tige  de  la 
maison  de  Savoie  serait  un  certain  Garnier,  né  entre  870  et  880,  qui 
aurait  été  vicomte  de  Sens  et  comte  de  Troyes  (?)  et  qui  serait  mort  à 
Chaumont-en-Bassigny,  le  6  décembre  925.  Tout  ce  qu'on  sait  de  lui 
se  réduit  à  bien  peu  de  chose,  et  encore  ce  peu  de  chose  est-il  fait  de 
simples  conjectures,  ainsi  que  M.  de  M.,  lui-même,  le  reconnait 
prudemment.  Garnier  aurait  eu  pour  fils  un  comte  Hugues  qui  appa- 
raît avec  sa  femme  Willa  dans  un  acte  de  Montiéramey  d'avril  927  ; 
mais  la  preuve  qu'en  allègue  M.  de  M.,  basée  uniquement  sur  l'homo- 


G.    DE    MAXTEYKPv  :    LES    ORIGINES    DE    LA    MAISON    DE  SAVOIE         157 

nymie,  nie  paraît  des  plus  fragiles.  En  948,  Manassès,  archevêque 
d'Arles  et  neveu  de  Hugues,  alors  roi  d'Italie,  donna  à  l'abbaye  de 
Cluny  des  biens  situés  au  comté  de  Clialon-sur-Saône  qui  lui  venaient 
de  son  père  Waruier  ;  en  faisant  celte  donation,  le  prélat  provençal 
s'était  proposé  pour  but  d'assurer  le  salut  des  âmes  de  son  porc  War- 
nier,  de  sa  mère  Theudberge,  et  de  ses  frères  Hugues,  Boson  et  Ri- 
chard'. Rien  dans  l'acte  que  nous  venons  d'analyser  ne  permet  de  dire 
que  Warnier  ait  été  comte  et  encore  moins  comte  de  Troyes;  si  tant  est 
qu'il  ait  eu  réellement  la  charge  de  comte,  il  semblerait  plutôt,  eu 
égard  à  la  situation  des  bien  donnés  par  Manassès,  qu'il  gouvernait  le 
comté  de  Chalon*.  Il  n'est  donc  nullement  prouvé  que  Hugues,  frère 
de  l'archevêque  d'Arles,  et  le  comte  Hugues  qui  fit  avec  sa  femme 
Willa  une  donation  à  Montiéramey,  en  927,  aient  été  un  seul  et  même 
personnage.  L'identification  de  ce  dernier  avec  Hugues,  comte  palatin 
du  royaume  de  Bourgogne  et  probablement  frère  de  Rodolphe  II,  est 
encore  moins  plausible. 

Jusque-là,  par  conséquent,  tout  est  incertitude  dans  la  généalogie 
établie  par  M.  de  M.  ;  ce  sont  do  simples  hypothèses,  basées  unique- 
ment sur  l'homonymie,  et  qui  ont  d'autant  moins  de  valeur  que  les 
noms  de  Hugo  et  de  Warnier  étaient,  comme  on  sait,  extrêmement 
répandus  aux  ix®  et  x«  siècles.  La  suite  est  encore  plus  hasardée.  Il 
ressort  des  deux  actes  du  cartulaire  de  Montiéramey  cités  par  M.  de 
M-,  que  le  comte  Hugues  et  sa  femme  Willa  avaient  eu  un  fils  du 
nom  de  Hucbert  qui  prend  le  titre  de  comte  dans  le  second  des  actes 
auxquels  je  viens  de  faire  allusion.  C'est  ce  Hucbert  qui  serait  la  tige 
des  comtes  de  Savoie;  Hucbert  de  Troyes  ne  serait  autre  qu'IIuinbert 
de  Belley.  C'est  ici  qu'apparaît  le  vice  capital  du  travail  de 
M.  de  M.  Ce  que  j'appellerai  le  système  des  homonymies  demande  à 
être  manié  avec  une  rigoureuse  précision  philologique  ;  il  faut,  si  l'on 
ne  veut  pas  s'exposer  à  tomber  dans  des  erreurs  irrémédiables,  avoir 
une  connaissance  approfondie, tout  au  moins  de  la  grammaire  comparée 
des  langues  germaniques  et  de  celle  des  langues  romanes  ;  or, 
M.  de  M.  semble  étranger  aux  règles  les  plus  élémentaires  de  l'une 
et  de  l'autre  :  c'est  ainsi  qu'il  s'est  laissé  entraîner  à  des  traduc- 
tions onomastiques  absolument  inattendues.   Pour  lui,    le    nom   de 

1.  A.  Bernard  et  A.  Bruel.  Recueil  tlc.<  c/uirtes  de  l'abbaye  de  C/uni/,  t.  I. 

2.  C'est  l'opinion  à  laquelle  s'est  arrêté  Gingias  la  Sarra  dans  sou  Mémoire 
sut-  les  Hugonides,  p.  18  et  tableau  IV. 


458  COMPTES    RENDUS 

Chun  rad  ou  Cluion-rad  a  donné  en  roman  Gondrand  et  celui  de 
Burg-hard  ou  Burc-hard,  Bouchard  \  Je  ne  connais  pas  de  forme 
germanique  ayant  pu  aboutir  à  Gondrand  :  Gund-chramnus  qui  n'a 
rien  à  voir  d'ailleurs  avec  Conrad,  a  donné  Gontran  et  quant  à 
Gundo-land,  Gund-land,  le  souvenir  de  la  composition  a  empêché 
17  de  passer  à  r--.  Pour  ce  qui  est  du  nom  actuel  de  Bouchard,  il  ne 
vient  nullement  de  Burg-hard,  comme  le  croit  M.  de  M.'',  c'est  tout 
simplement  l'analogue  des  formations  françaises  telles  que  bât-ard, 
nasill-ard,  vein-ard,  train-ard,  etc. 

Ces  erreurs  n'ont  pas  d'autre  résultat  que  de  rendre  plus  difficile  la 
lecture  d'un  travail  qui  par  lui-même  exige  déjà  une  attention  soutenue: 
pour  peu  que  l'on  soit  familier  avec  l'histoire  de  la  Bourgogne  caro- 
lingienne, on  a  bien  vite  reconnu  Conrad  et  Burchard  sous  leurs 
déguisements  aussi  étranges  qu'inutiles  de  Gontrand  et  de  Bouchard. 
Par  malheur,  l'erreur  onomastique  qu'il  me  reste  à  signaler  a  une 
bien  autre  importance,  puisque,  à  elle  seule,  elle  suffirait  à  ruiner  la 
thèse  généalogique  si  laborieusement  édifiée  par  M,  de  M. 

Nous  venons  de  voir  que  l'auteur  des  Oriçiines  de  la  maison  de 
Savoie  en  Bourgogne,  identifie  le  comte  Hucbert,  fils  de  Hugues  et 
deWilla,  avec  le  comte  Humbert  de  Belley  ;  l'unique  raison  qu'il 
invoque  pour  ce  faire,  c'est  l'homonymie  qui  existait,  d'après  lui,  entre 
ces  deux  personnages.  Or,  cette  homonymie  n'a  jamais  existé  :  comme 
j'ai  déjà  eu  l'occasion  de  le  remarquer  dans  mes  Origines  du  diocèse  et 
du  comté  de  Belley  (p.  12,  n.  1;,  Hucbert  est  un  nom  absolument  difïé- 
rent  de  celui  d'Humbert.  Le  nom  solennel  Pîuc-bert  comprend  deux 
éléments;  1°  Hug-,  got.  hug-a-s  ((esprit»,  v.  h.  a.  hug-u,  huk-u, 
V.  sax.  hug-i.  r.  nor.  hug-r,  gén.  hug-ar  pour  *hug-as;  cf.sanscr.  çank 
«  conjecturer  »,  lat.  cog-it-are^  2°  Bert,  got.  bairlit  ((  clair,  brillant, 
sonore  »  (Ulfilas,  Corinlh.,  15,  27),  r.  h.  a.  bëraht,  bëreht,  m.  h.  a. 
përht,  bërht.  ang.-s.  beorht,  v.  nor.  bjart-r  «  brillant»;  cf.  sanscr. 
bhârg-as  ((  éclat  »,  grec  cpXsY-w,  lat.  fulg  eo,  forme  réduite  ffag-ra-re. 

Voici  maintenant  les  formes  anciennes  du  nom  actuel  de  Hubert  : 

1.  Cf.   Fôrsteraaiin,   Personennaincn,   col.    311  et   991,  vis  Chun   et  Rad.   et 
col.  ii93  et  604,  v'»  Burg  et  Hard. 
'<l.  Fôrs'eraanii,  loc.  cit.,  col.  565  et  566. 

3.  On  sait  que  le  groupe  môdial  /r  persiste  eu  français  arche,  marché, 
porcher ,  fourchfi,  etc. 

4.  Schade,  Altdeutsckes'Wnrterbuch,  1,428,  et  A.  Fick,  Vergleichcndes  Wôr- 
terbuck  dur  Indo-çiermanUchen  S/irac/ien,  3'  édit.,  t.  III,  p.  77. 


a.     nF.    MANTRYKK  :     I.IsS    ORIGINES    DR    LA    MAISON    DR    SAVOIR         459 

Hucbert(us),  Hncbrcht.  Ilacproht,  IIng(>br('t,  Iliigibrrht  (P.  Pipor, 
Lihri  confraternifnlum  S.  Galli  oic,  p.  4fi4);  Huborlus  (Longnon, 
Polr/pt.  de  Sa{nt-Germain.'de.s-Prén,  p.  411):  Chugobert,  Mngubort, 
Hugiperht,  Ilugbort,  Ilaki-pi^rht,  Fîncperht,  Huobort,  Hubert  (ForsKî- 
mann,  c.  732). 

Le  célèbre  abbé  Hubert,  frère  de  la  reine  Theudberge,  que  M,  de  M. 
donne  pour  grand-oncle  et  pour  homonyme  de  Hucbertou  Hubert,  fils 
du  comte  Hugues  et  de  Willa',  est  appelé  Hacbertus  dans  deux 
diplômes  de  862,  dans  les  Annales  Uertiniani  et  dans  tous  les  chroni- 
queurs du  ixe  siècle  qui  parlent  de  lui;  il  est  nommé  Hubertus  dans 
un  diplôme  de  931  qui  rappelle  son  souvenir^ 

Le  nom  de  Hum-bert  comprend  également  deux  éléments  :  1  "  hûn, 
forme  prise  en  r.  h.  a.  par  l'ethnique  Xoùv-o'.  de  Ptolémée  (III,  v,  lOj. 
Chuni  ou  Huni  dans  Ammien  Marcellin  (édit.  Gardthausen,  t.  II, 
p.  339);  2"  r.h.  a.  bëraht. 

Voici  les  formes  anciennes  du  nom  de  Humbert;  on  verra  qu'elles  ne 
ressemblent  en  rien  aux  formes  anciennes  du  nom  de  Hubert  :  Chuni - 
bertus,  Conibertus.  Unibertus,  Hunibertus  dans  Frédégaire  (édit.  B. 
Krusch,  p.  534^,  Humbreht,  llumpret.  Hunebret,  Humbert(us)  (P. 
Piper,  p.  465),  Humbertus  {Poiypt.  de  S^-Germain-des-Prés,  édit. 
Longnon,  II,  411),  Hunbraht,  Hunbreht,  Humbreht,  Humbert 
(Forstemann,  c.  758). 

Ainsi,  aucun  doute  n'est  possible,  Hubert  et  Humbert  sont  deux 
noms  différents;  dès  lors,  il  n'y  a  plus  aucune  raison  pour  rattacher  le 
comte  Humbert  de  Belley  à  la  famille  de  Garnier,  comte  de  Troyes  (?) 

Il  n'y  en  a  pas  davantage  pour  voir  dans  Humbert  aux  Blanches - 
Mains,  tige  de  la  maison  de  Savoie,  le  fils  du  comte  de  Belley.  L'habi- 
tude constante,  dans  la  maison  de  Savoie,  de  donner  au  fils  aine  le 
nom  de  l'aïeul  paternel  est  déjà  une  sérieuse  raison  de  douter  de  cette 
filiation,  mais  ce  doute  se  change  en  certitude  à  la  lecture  de  la  série 
d'hypothèses  aussi  peu  vraisemblables  que  peu  démonstratives  sur 
lesquelles  s'appuie  M.  de  M.  (p.  483)  pour  faire  de  Humbert,  comte  de 
Maurienne,  et  non  pas,  comme  il  le  dit  à  tort,  comte  de  Savoie,  le  fils 
du  comte  Humbert  de  Belley. 

1.  La  charte  de  Fouchères  (967-986)  emploie  la  forme  Hwherti,  au  géuiiif, 
mais  sur  la  liste  de  souscriptions,  on  lit  :  S.  Hul)erli  comitis  (De  Manteyer, 
p.  4;S5). 

•i.  D.  Bouquet.  VIII,  074,576;  Vil,  742;  IX,  575. 


•IGO  COMPTES    RENDUS 

Je  no  pousserai  pas  plus  loin  la  critique  d'un  ouvrage  d'ailleurs  fort 
estimable  h.  bien  des  égards;  il  me  suflit  d'avoir  établi  l'impossibilité 
de  rattacher  la  maison  de  Savoie  à  la  famille  des  comtes  de  Troyes. 

Le  travail  de  M.  de  M.  n'en  constitue  pas  moins  une  tentative  des 

plus  intéressantes  et  des  i)lus  méritoires  ;  le  savant  pensionnaire  du 

palais  Farnèse  s'est  eiïorcé  de  jeter  quelque  lumière  sur  l'histoire  si 

obscure  de  la  France  orientale  aux  x<*  et  xi'^  siècles  ;  s'il  n'a  pas  toujours 

réussi  à  soulever  le  voile  qui  nous  cache  ce  lointain  passé,  si,  sur  bien 

des  points,  ainsi  qu'il  le  reconnaît  lui-même,  le  doute  subsiste  encore, 

cela  tient    surtout  à  l'insuffisance  et  à  la  pénurie   des  documents 

qui  sont  venus  jusqu'à  nous. 

E.  Philipon. 


J.-A.  Brutails.  —  L'Archéologie  au  moyen  âge  et  ses  mé- 
thodes. Études  critiques.  —  Paris,  A.  Picard  et  fils,  1900;  in-S», 
234  p. 

M.  Brutails  a  publié  pendant  mon  long  séjour  en  Espagne  un  livre 
sur  l'archéologie  et  ses  méthodes.  Il  me  fut  signalé  à  Santiago-de-Com- 
postelle  par  mon  savant  ami,  M.  le  chanoine  Lopez  Ferreiro.  Dès  mon 
arrivée  en  France,  j'ai  lu  avec  intérêt  le  livre  de  M.  B.,  et  je  n'ai  qu'un 
regret,  c'est  celui  de  l'annoncer  si  tard  aux  lecteurs  de  la  Revue. 

Ceci  dit,  analysons  le  livre  de  M.  Brutails.  C'est  un  travail  d'une 
lecture  attachante,  remplie  d'ironie,  et  qui  montre  une  connaissance 
approfondie  du  développement  architectural  de  la  France  au  moyen 
âge.  M.  B.  a  étudié  avec  soin  les  différents  systèmes  de  voûtes,  les 
perfectionnements  apportés  par  les  maîtres  d'œuvres  gothiques.  Je 
crois  même  découvrir  entre  les  lignes  que  ce  qui  intéresse  surtout 
M.  B.,  cest  la  voûte  et  ses  transformations.  Il  se  montre  là  d'une  cri- 
tique très  pénétrante  et  fait  preuve  d'une  très  grande  érudition.  Ses 
hypothèses  sont  toujours  ingénieuses,  les  croquis  qu'il  trace  précis  et 
siirs.  Son  esprit  est  ouvert  à  toutes  les  nouvelles  recherches,  et  il  pré- 
voit le  jour  oîi  les  monuments  seront  l'objet  d'une  sévère  revision.  Il 
cherche,  chemin  faisant,  à  donner  quelques  conseils  aux  jeunes 
archéologues  et  à  établir  la  méthode  à  suivre  pour  arriver  à  une  meil- 
leure chronologie.  Il  se  méfie  des  dates  fournies  par  les  chroniques  ou 
par  des  inscriptions  conservées  dans  les  églises  (p.  187).  Il  en  est  de 
même  des  fondations  mentionnées  dans  les  Annales  :  «  Pour  attribuer 
à  une  église  la  date  de  la  fondation  du  monastère,  il  faut  supposer  la 


J.-A.    BRUTAILS:    LARCllÉOLOGIE   AU    MOYEN    AGE  461 

concomitance  de  l'un  ou  l'autre  fait  et  de  la  construction.  Or,  cette 
hypothèse  n'est  rien  moins  que  certaine.  Pour  la  fondation,  elle  n'est 
même  pas  probable.  »  Anthyme  Saint-Paul  l'avait  dit  si  justement: 
«  Les  dates  de  fondation  ne  fournissent  que  des  dates  limitatives.  »  Que 
dire  aussi  des  procès-verbaux  de  consécration?  Il  faut  se  garder, 
ajoute  M.  B.,  de  l'erreur  qui  consiste,  les  églises  ayant  parfois 
été  réédifiées  sans  que  les  textes  mentionnent  le  fait,  à  attribuer  à 
l'édifice  existant  la  date  de  l'édifice  qui  l'a  précédé.  On  le  voit,  M.  B. 
est  très  méfiant  à  l'égard  des  dates  indiquées  soit  par  les  chroniques, 
soit  par  des  inscriptions,  il  veut  —  et  en  cela  il  n'a  que  trop  raison  — 
qu'on  soumette  la  construction  de  l'édifice  à  un  examen  rigoureux. 

Il  a  écrit  des  pages  charmantes  au  sujet  des  faux  historiens  de  l'art. 
((  Pour  prendre  enseigne  de  perruquier,  il  faut  savoir  couper  les  che- 
veux; pour  se  dire  archéologue,  il  suffit  d'avoir  l'air  de  savoir  faire  de 
l'archéologie.  Pompilius  a  navigué,  il  a  vu  des  sauvages  vêtus  d'un 
diadème  de  plumes,  armés  d'une  hache  de  pierre,  et  il  s'est  donné  la 
mission  de  dévoiler  à  ses  contemporains  les  mystères  de  l'époque  loin- 
taine où  nos  ancêtres  allaient  en  semblable  équipement.  Il  s'est  donc 
fait  inscrire  à  la  société  locale,  et  dès  les  premières  séances  il  a  pris 
une  part  brillante  aux  discussions  qui  accompagnent  l'adoption  du 
procès-verbal  et  la  fixation  de  l'ordre  du  jour.  Mais  un  esprit  alerte 
a  vite  fait  de  passer  du  préhistorique  au  gallo-romain  et  au  moyen 
âge.  Au  bout  de  six  mois,  Pompilius  traite  aussi  pertinemment  du 
gothique  flamboyant  et  du  magdalénien.  » 

Les  conseils  que  M.  B.  donne  aux  archéologues  sont  toujours 
sages.  Il  faut  faire  appel  à  la  sculpture  des  chapiteaux,  et  je  dois  le 
remercier  en  particulier  d'avoir  attiré  l'attention  sur  mes  études  sur 
l'école  de  Provence.  Il  ajoute  même  que  la  contrée  méditerranéenne 
paraît  avoir  été  en  retard,  et  indique  pour  Carcassonne,  pour  Elne, 
pour  Perpignan,  régions  que  M.  B.  connaît  fort  bien,  des  exemples 
en  faveur  de  ma  thèse  (p.  200,  211).  M.  B.  désire  qu'on  fasse  des 
recueils  régionaux  des  marques  de  tâcherons  qu'on  retrouve  sur  les 
pierres  des  édifices  religieux,  pour  voir  s'ils  ne  peuvent  fournir  aucune 
donnée  chronologique.  Mais,  pour  l'auteur,  le  travail  est  souvent 
malaisé  et  le  résultat  fort  douteux. 

Au  sujet  de  la  naissance  de  l'art  gothique,  M.  B.  a  des  pages  qui 
dénotent  une  critique  très  pénétrante.  Il  combat  avec  une  certaine  élo- 
quence l'opinion  qui  veut  que  l'art  gothique  ne  soit  tout  simplement 


462  COMPTES    RENDUS 

quo  \c  développeraonl  lent  et  régulier  de  l'art  roman.  Anthyme  Saint- 
Paul  l'avait  indiqué  avec  soin  :  «  La  transition  ne  s'est  opérée  qu'une 
fois  et  dans  un  seul  pays.  Ailleurs,  le  style  roman  ne  tend  pas  de 
lui-même  à  la  métamorphose  gothique,  il  n'en  contient  pas  le  germe.» 
M.  B.  approuve  ces  conceptions  et  ajoute  même  :  «  Ce  qui  est  erroné, 
c'est  de  croire  que  le  style  roman  est  une  transition  des  styles  anté- 
rieurs au  style  gothique,  ou  bien  que  celui-ci  est  un  simple  perfection- 
nement de  celui-là,  et  que  tout  le  progrès  du  premier  est  un  achemi- 
nement vers  le  second.  Le  gothique  ne  résulte  pas  de  la  sûreté  ou  de 
l'ampleur  avec  lesquelles  on  appliqua  les  formules  romanes,  il  con- 
siste en  des  formules  nouvelles,  qui  ont  été  fixées  dans  des  provinces 
où  le  roman  avait  à  peine  pénétré.  »  Je  retiens  avec  soin  ces  affirma- 
tions, et  je  demande  à  M.  Brutails  si  Courajod  n'était  pas  en  droit  de 
rechercher  les  éléments  ethniques  qui  avaient  formé  les  régions  oîi  est 
né  l'art  gothique,  et  s'il  n'était  pas  autorisé  à  voir  dans  les  principes 
généraux  de  l'architecture  en  bois,  si  employée  dans  ces  régions,  les 
ferments  de  l'art  nouveau.  La  critique  que  fait  M.  B.  de  la  théorie  de 
Courajod,  au  sujet  de  l'influence  de  l'architecture  en  bois  sur  l'art 
gothique,  prouve  qu'il  n'a  pas  très  bien  compris  la  pensée  du  maître. 
11  aurait  dii  lire  les  quelques  pages  que  j'ai  écrites  à  ce  sujet  (Louis 
Courajod,  p.  122'. 

On  le  voit,  cette  seconde  partie  du  livre  est  en  tous  points  excellente 
et  d'un  intérêt  capital  pour  tous  ceux  qui  veulent  étudier  l'archéologie 
du  moyen  âge.  Je  ne  saurais  formuler  aucune  critique.  Il  n'en  est  pas 
de  même  de  la  première  partie  où  M.  B.  attaque  avec  une  certaine 
vivacité  mon  ami  Courajod.  Je  regretteque  M.  B.  ait  écrit  cette  phrase: 
((  L'erreur  de  Courajod  a  été,  ici  encore,  de  faire  de  l'archéologie  à  vol 
d'oiseau,  avec  son  imagination  plus  qu'avec  ses  yeux,  au  moyen  de 
théories  abstraites,  plutôt  que  de  faits  concrets.  «  C'est  méconnaître 
l'œuvre  de  Courajod.  Non,  ce  n'est  pas  au  moyen  de  théories  abs- 
traites qu'on  arrive  à  nous  donner  la  grammaire  décorative  de  l'art 
syrien  etmérovingien,cen'est  pas  par  des  théories  abstraites  qu'on  écrit 
l'histoire  de  la  statuaire  française  au  XI V^ siècle,  qu'on  fournit  une  doc- 
trine si  juste  et  si  vraie  sur  notre  art  français  à  l'époque  de  Charles  V 
et  des  ducs  de  Bourgogne  Non,  ce  n'est  pas  par  des  théories  abstraites 
qu'on  publie  et  commente  le  Journal  de  Lenoir. 

Pour  bien  comprendre  la  position  que  prend  M.  B.  dans  le  débat, 
il  faut  connaître  les  conceptions  esthétiques  de  l'auteur.  M.  B.  se 
déclare  un  romaniste  convaincu.   Laissons-le  résumer  lui-même  sa 


J.-A.    BHUTAILS:    LARCHÉOLOGIE    AU    MOYEN    AGE  463 

pensée  :  «  En  un  mot,  les  constructeurs  et  les  ornemanistes  des  siècles 
qui  ont  suivi  l'arrivée  des  Barbares  se  sont  presque  toujours  inspirés 
des  traditions,  des  procédés  et  des  modèles  que  leur  avait  légués  Fart 
gallo  romain.  L'élément  byzantin,  qui  s'est  mêlé  dans  une  très  faible 
proportion  à  ce  fonds  classique,  est  arrivé  dans  nos  pays  non  par  les 
incasions  ou  par  la  conquête,  mais  par  le  commerce,  par  l'importation 
des  produits  de  l'art  oriental,  n  Ou  le  voit,  pour  M.  B.,  l'art  romain 
sert  de  base  à  l'art  chrétien,  et  les  influences  byzantines  sont  d'une 
importance  secondaire. 

Cette  partie  du  livre  témoigne  d'une  information  insuffisante.  Le 
problème  est  mal  posé.  M.  B.  englobe  dans  sa  critique  toutes  les 
branches  de  l'art  mérovingien.  Il  faut  au  contraire  distinguer  entri;  la 
main-d'œuvre  et  l'ornementation.  Courajod  a  été  le  premier  à  recon- 
naître que  les  procédés,  la  manière  de  bâtir  étaient  restés  les  mêmes. — 
à  cette  différence  que  les  constructions  en  pierre  étaient  de  plus  en  plus 
fréquentes  et  remplaçaient  la  brique  avec  revêtements  de  marbre  :  on 
ne  saurait  admettre  une  opinion  opposée  à  celle-là  {Louis  Courajod, 
p.  23).  M.  B.  la  partage  du  reste.  Inutile  de  dire  cependant  que  le 
plan  des  édifices  se  trouve  modifié  par  des  influences  orientales.  Le 
chevet  avec  son  abside  principale,  flanqué  de  deux  absidioles,  le 
plan  de  la  basilique  en  forme  de  croix  ne  sont-ils  pas  dus  à  ces 
influences  orientales?  J'établirai  dans  mon  Histoire  de  la  civilisation 
carolingienne  la  filiation  des  églises  bénédictines  avec  celles  du  Saint- 
Sépulcre  et  des  Apôtres  de  Constantinople. 

Courajod  avait  proclamé  hautement  l'influence  do  la  main-d'œuvre 
antique  sur  la  construction  des  églises  franques,  et  a  résumé  sa 
pensée  quand  il  dit  :  ((  Quoi  qu'on  puisse  dire,  il  faudra  cependant 
reconnaître  qu'une  véritable  action  primordiale  de  l'art  romain  latin 
d'origine  païenne  se  manifeste  d'une  manière  indiscutable  :  1'^  par  le 
choix  du  type  de  la  basilique  à  Jile  de  colonnes  ;  2'^  par  le  maintien 
dans  les  ne/s  de  l'ordonnance  basilicale,  même  après  l'abandon  de 
cette  ordonnance  par  l'école  byzantine  et  après  le  schisme  architec- 
tural de  Byz,ance;  3"^  par  V imitation  assez  durable  du  chapiteau  corin- 
thien à  feuillages  de  C architecture  romaine,  bien  que  r exécution  de 
la  sculpture  relève  d'un  esprit  différent;  4°  par  la  conservation  très 
prolongée  de  quelques-unes  des  anciennes  méthodes  de  construction, 
par  la  survivance  des  procédés,  par  la  nature  et  l'emploi  des  maté- 
riaux »  [Louis  Courajod,  p.  23).  Courajod  accepte  donc  avant  M.  B. 


464  COMPTES    RENDUS 

rinlluonccdela  main-d'œuvre  antique  sur  la  construction  des  églises 
franques,  mais  ce  qui  sépare  M.  Brutails  des  théories  de  mon  ami, 
c'est  l'origine  de  l'ornementation  de  cette  période.  Courajod  l'avait 
écrit  en  termes  excellents  :  ((  C'est  presque  uniquement  à  cette 
source  d'informations  qu'on  a  puisé  en  archéologie  des  renseigne- 
ments sur  les  vicissitudes  de  l'architecture,  et  on  a  cru  que  cela 
suffisait.  J'estime  qu'il  faut  concurremment  analyser  le  stijle,  la.  forme, 
l'apparence,  Vexpression,  le  décor.  »  Et  c'est  cette  expression,  ce  décor, 
pour  employer  l'expression  de  Courajod,  qui  est  sous  l'influence  de 
l'art  gréco-oriental. 

Les  recherches  poursuivies  durant  ces  vingt  dernières  années  ont 
modifié  les  vues  d'ensemble  que  les  historiens  avaient  formulées  sur 
les  origines  de  l'art  chrétien.  M.  l'abbé  Duchesne  a  montré  soit  dans 
ses  leçons  si  érudites  et  si  nouvelles  faites  jadis  à  l'Institut  catholique, 
soit  dans  les  études  publiées  dans  la  Revue  des  Questions  historiques, 
combien  fut  rapide  l'évangélisation  des  contrées  situées  aussi  bien 
en  Asie-Mineure,  en  Phrygie,  qu'en  Syrie  et  en  Egypte.  Là,  sous 
l'influence  des  évêques,  dans  ces  contrées  si  peuplées,  le  noyau  des 
fidèles  du  Christ  augmentait  sans  cesse,  là  les  inscriptions  chrétiennes 
n'étaient  même  plus  dissimulées,  mais  étalées  au  grand  jour.  Aussi 
tout  porte-t-il  à  croire  que  ce  n'est  pas  à  Rome,  mais  dans  ces  villes 
orientales,  où  l'art  gréco-romain  s'était  développé  et  qui  avaient  créé 
un  art  si  aimé  à  l'époque  impériale,  que  se  trouve  le  berceau  de  l'art 
chrétien.  N'est-ce  pas  à  Alexandrie  que  Clément  indique  pour  la  pre- 
mière fois  aux  fidèles  ces  symboles  qu'ils  peuvent  accepter  pour  l'or- 
nementation de  quelques  objets  de  luxe  tolérés  par  l'Eglise?  La  thèse 
soutenue  autrefois  par  M.  Bayet,  à  savoir  que  l'art  chrétien  naquit  en 
Orient,  se  trouve  de  plus  en  plus  confirmée. 

Mais  ce  n'est  pas  seulement  par  les  textes  que  nous  pouvons  voir  le 
rôle  important  joué  par  la  Syrie  dans  l'ornementation  chrétienne.  J'a^ 
fait  avec  un  soin  minutieux  la  grammaire  décorative  de  ces  contrées 
bien  avant  la  venue  du  christianisme.  J'ai  analysé  l'ornementation  des 
tombeaux  juifs  épars  dans  les  musées  d'Europe,  et  en  particulier  au 
Louvre.  J'ai  prouvé  que  cette  décoration  consiste  en  niarguerites.  pal- 
mettes,  tresse,  fleur  de  lis,  entrelacs,  simple  ou  double  crossette,  en 
as  de  pique,  en  étoiles  à  six  rais,  etc.  C'est  celle  qu'acceptèrent  les 
chrétiens  de  ces  contrées,  et  le  livre  de  M.  de  Vogiié  peut  fournir  une 
base  sijre  et  précise  à  ces  travaux.  A  mesure  que  cet  art  se  développe, 


I 


J.-A.    RRUTAILS:    LABCHÉOLOGIE   AU    MOYEN    AGE  465 

il  prend  à  l'art  gréco-romain  certains  éléments,  tels  que  le  chapiteau 
corinthien,  les  petits  pilastres,  etc.  Mais  ce  qui  est  évident  et  désor- 
mais acquis,  ce  sont  les  nouvelles  conceptions  de  cet  art  syrien.  Le 
sculpteur  a  iiorreur  de  la  ronde-bosse,  son  faire  est  plat,  les  motifs 
décoratifs  empruntés  à  la  flore,  d'autres  sont  purement  géométriques. 
Et  si  même  quelques-uns  de  ces  motifs  avaient  déjà  été  acceptés  par 
une  branche  de  l'industrie  romaine,  c'est  que  les  artistes  qui  travail- 
laient aux  mosaïques  étaient  pour  la  plupart  des  Orientaux.  C'est  sur- 
tout en  Espagne  qu'on  se  rendra  compte  de  cette  invasion.  Les  musées 
de  Madrid,  de  Tarragone,  de  Séville,  etc.,  les  mosaïques  d'Italique 
nous  prouvent  les  relations  incessantes  de  ces  régions  avec  l'Afrique. 
M.  Mùntz  a  été  le  premier  à  étudier  les  mosaïques  en  les  rapprochant 
des  miniatures.  Il  a  vu  un  des  côtés  du  problème.  Mais  il  faut  pour- 
tant reconnaître  que  c'est  l'industrie  de  la  mosaïque  qui,  seule,  a  accepté 
les  motifs  décoratifs  néo-grecs.  Aussi  n'est-on  pas  en  droit  de  pré- 
tendre que  c'est  par  l'intermédiaire  de  l'art  romain  que  s'est  opérée 
celte  transmission  au  monde  occidental.  Non,  ce  n'est  pas  l'art  gréco- 
romain  qui  a  propagé  cette  ornementation  si  fréquente,  devenue  si 
banale,  qu'on  la  retrouve  à  chaque  pas  dans  chaque  ville  importante 
de  l'Italie,  de  la  France  et  de  l'Espagne. 

Il  y  a  plus.  Les  études  récentes  prouvent  encore  la  grande  influence 
de  ce  milieu  syrien.  C'est  vers  la  Syrie,  en  effet,  que  nous  conduit 
l'analyse  des  premiers  manuscrits  ornés  de  figures  dont  la  Genèse  de 
Vienne  et  le  Codex  Rossanensis  dérivent.  On  verra  même  que  les 
peintures  des  C;;iacombes,  celles  qui  appartiennent  à  une  époque  anté- 
rieure à  l'édit  de  Milan,  sont  dues  au  pinceau  des  artistes  orientaux 
comme  celles  des  maisons  pompéiennes.  Ne  savons-nous  pas  que  du 
i«i"  au  iv«  siècle,  le  noyau  des  fidèles  de  l'Église  romaine  et  napolitaine 
était  surtout  composé  d'éléments  divers  où  l'oriental  dominait?  Nous 
en  avons  pour  preuve  les  inscriptions  funéraires,  la  liturgie,  la  langue 
même  de  l'Église.  On  le  voit,  c'est  bien  sous  des  Jormes  gréco-orien- 
tales que  s'est  propagée  la  nouvelle  foi. 

Un  seul  point  pour  moi  reste  encore  obscur.  Peut-on  dire  que  les 
scènes  religieuses  connues  après  la  paix  de  l'Église,  à  Rome,  soient 
nées  sous  l'inspiration  des  artistes  romains?  Peut-on  affirmer  au  con- 
traire que  ces  représentations  réunies  en  album,  montrées  aux  fidèles 
par  les  marchands,  étaient  empruntées  à  ces  livres  luxueux,  sans  nul 
doute  orientaux,  que  saint  Jérôme  reproche  aux  jeunes  filles  de  pos- 


466  COMPTES    RENDUS 

sôder  ?  Je  le  croirais  volonticjs,  mai^,  je  le  répète,  la  question  ne  peut 
encore  recevoir  aucune  réponse  affirmative. 

Ce  qu'on  peut  dire,  c'est  que  celte  décoration,  qui  accepta  les  scènes 
bibliques,  dura  à  peine  deux  siècles.  L'influence  gréco-orientale  se  fait 
bientôt  sentir  en  Occident.  Non,  ce  n'est  pas  l'effet  du  hasard,  ce  n'est 
pas  à  cause  du  ciseau  naalhabile  du  sculpteur  que  la  ronde-bosse  est 
proscrite,  que  les  conceptions  esthétiques  gréco-romaines  sont  modi- 
fiées. Et  si  la  sculpture  n'admet  plus  la  figure,  si  les  motifs  déco- 
ratifs de  la  Syrie,  acceptés  par  Byzance,  se  répandent  aussi  bien  en 
Grèce,  en  Egypte,  en  Asie-Mineure,  ce  sont  d'impérieux  motifs  reli- 
gieux, de  nouvelles  conceptions  qui  défendent  pour  un  temps  à  la 
sculpture  gréco-romaine  de  s'étaler  au  grand  jour.  Feuilletez  un  ins- 
tant les  planches  de  l'ouvrage  de  M.  de  Vogué,  voyez  la  belle  publi- 
cation du  musée  de  Boulaq,  regardez  les  photographies  du  musée  et 
des  églises  d'Athènes,  ainsi  que  celles  de  Conslantinople,  et  vous 
comprendrez  alors  que  ce  n'est  pas  l'inhabileté  du  sculpteur  qui  a  pu 
contribuera  l'homogénéité  de  cette  décoration. 

Un  fait  est  donc  bien  acquis,  c'est  la  naissance  de  cette  grammaire 
décorative  néo-grecque.  Commentées  motifs  décoratifs  ont-ils  pénétré 
en  Occident?  M.  B.  se  fait  des  premiers  siècles  du  moyen  âge  une 
idée  qui  me  paraît  abandonnée.  Il  nous  dit  que  l'on  constate  tout 
d'abord  l'impénétrabilité  relative  de  l'art  médiéval  aux  influences 
étrangères  (p.  46)  ;  <>  l'homme  du  moyen  âge,  qui  a  tiré  de  son  cerveau 
de  si  admirables  créations,  était,  pour  lui,  fermé  à  la  vie  extérieure  » 
(p.  49;.  11  pense  que  les  écoles  du  moyen  âge  étaient  difficilement  acces- 
sibles aux  idées  qui  lui  venaient  du  dehors.  «  Ces  idées  glissaient  sur 
elles  sans  les  entamer.  »  Il  insiste  surtout  sur  l'impossibilité  oij  l'on 
était  pendant  la  période  latine  et  romane  de  copier  h  distance  les 
œuvres  d'une  école  étrangère.  Cette  conception  d'un  Occident  fermé, 
divisé  en  régions  isolées,  me  paraît  désormais  rejetée.  J'ai  luontré  ail- 
leurs avec  quelle  rapidité  les  légendes  orientales  arrivaient  en  Occi- 
dent, avec  quelle  célérité  les  nouvelles  circulaient  et  combien  les 
routes  étaient  sillonnées  de  voyageurs.  Je  crois  même  de  plus  en  plus, 
par  l'étude  des  différents  musées  de  l'Europe  occidentale  que  j'ai  ana- 
lysés, qu'on  peut  parler  pendant  la  période  du  vi«  au  ix^  siècle  d'un 
art  cosmopolite,  international.  Il  n'y  a  qu'à  étudier  les  monuments 
que  la  France,  l'Italie,  l'Istrie  possèdent,  et  dont  j'ai  dressé  le  cata- 
logue, pour  voir  que  les  artistes  copient  des  modèles  depuis  longtemps 


J.-A.    BHUTAILS;    LARCHÉOLOUIE   AU    MOYEN    AGE  467 

créés  et  qu'ils  obéissent  aux  mômes  lois  esthétiques.  M.  B.  peut 
ajouter  à  cette  liste  déjà  longue  les  plaques  des  cancelli  conservées 
aux  musées  de  Cordoue  et  de  Madrid,  à  celui  de  Séville,  etc.,  enfin 
les  fragments  wisigothiques  encastrés  dans  les  murs  de  Tolède.  J'ajou- 
terai que  les  villes  des  bords  du  Rhin,  les  églises  de  Cologne,  celles 
de  Trêves,  de  Ratisbonne,  etc.,  possèdent  encore  des  sculptures  qui 
prouvent  une  influence  orientale,  et  les  transennes  découvertes  naguère 
à  la  cathédrale  de  Metz  nous  indiquent  la  suprématie  de  cette  gram- 
maire décorative.  On  le  voit,  et  M.  B.,  après  une  étude  patiente  des 
monuments  chrétiens  du  vT'  au  x*^  siècle,  le  reconnaîtra  lui-même,  les 
archéologues  romanistes  ne  sauraient  expliquer  par  quelques  modèles 
transmis  en  Occident  les  nombreux  monuments  épars  sur  le  sol  de 
l'Europe.  La  propagation  de  cet  art  oriental  a  été  surtout  facilitée  par 
des  conceptions  religieuses.  Rome  n'a  pas  échappé  à  cette  influence. 
Le  catalogue  des  monuments  du  vi''  au  x*^  siècle,  que  j'ai  dressé, 
prouve  le  bien  fondé  de  cette  thèse.  Je  renvoie  M.  B.  aux  belles  ti'an 
sennes  qui  sont  conservées  au  musée  d'Arles,  et  aux  tombeaux  placés 
si  maladroitement  dans  la  cour  de  l'église  des  Aliscamps. 

Pour  expliquer  la  rapide  propagation  des  motifs  décoratifs  gréco- 
orientaux,  Courajod  avait  admis  que  les  Goths  les  avaient  fait  con- 
naître soit  à  l'Italie,  soit  à  l'Aquitaine.  Il  avait  étudié  en  détail  les  sar- 
cophages de  Ra\enne  et  ceux  épars  sur  le  sol  aquitain,  et  montré 
l'importance  du  séjour  des  Goths  en  Gaule.  M.  B.  s'élève  énergique- 
ment  contre  ces  conceptions.  Les  Wisigoths  sont  pour  M.  B.  des  Bar- 
bares qui  n'ont  rien  donné  et  qui  ont  été  rapidement  vaincus.  J'ai 
montré  l'importance  de  l'invasion  wisigothique  dans  mon  livre  sur  la 
Civilisation  mérovingienne.  J'ai  pu,  à  l'aide  des  études  si  importantes 
de  M.  Longnon,  affirmer  que  la  colonisation  de  l'Aquitaine  par  les 
Goths  était  loin  d'être  insignihante,  et  M.  Barrière- Flavy  a  relevé  avec 
soin  les  cimetières  wisigothiques  de  cette  partie  de  la  Gaule  :  les 
fibules  même  de  cette  région  sont  loin  de  ressembler  à  celles  des  Bur- 
gondes  et  des  Francs  au  point  de  vue  de  l'ornementation.  D'où  pro- 
viennent en  efïet  ces  motifs  décoratifs  qui  nous  sont  aujourd'hui  si 
connus  :  étoiles  à  six  rais,  as  de  pique,  palmettes,  roses,  croix  dans 
un  cercle,  etc. ,  qui  ornent  les  fibules  de  cette  région?  Et  ce  n'est  pas 
seulement  en  Aquitaine  que  nous  pouvons  voir  l'influence  des  Wisi- 
goths, mais  en  Espagne.  Je  donnerai  bientôt  la  liste  des  monu- 
ments de  cette  période. 


468  COMPTES    RENDUS 

Y  a-t-il  une  école  de  sculpture  toulousaine?  Ce  n'est  point  douteux. 
Quand  on  a  étudié  avec  soin  les  ateliers  de  l'école  d'Arles  et  qu'on 
visite  ensuite  les  musées  de  Toulouse  et  certaines  villes  de  cette 
région,  on  remarque  la  dilTérence  profonde  qui  existe  entre  ces  deux 
écoles.  La  décoration  des  sarcophages  de  Toulouse  n'a  aucune  ressem- 
blance avec  celle  des  cités  placées  sur  le  littoral  méditerranéen.  Et  ce 
n'est  pas  seulement  à  Toulouse  qu'est  concentrée  l'action  de  cette 
école,  elle  rayonne  au  contraire  à  Bordeaux,  elle  s'étend  jusqu'à  Poi- 
tiers, elle  se  montre  à  Moissac,  Béziers,  et  àSaint-Guillem-du-Désert. 
Courajod  a  prouvé  que  tous  ces  motifs  sont  empruntés  à  la  gram- 
maire syrienne  et  ne  diffèrent  en  rien  des  monuments  de  la  même 
époque  qui  sont  à  Venise  ou  à  Ravenne.  C'est  pour  moi  l'héritage  le 
plus  solidement  établi,  la  preuve  en  est  désormais  faite,  et  c'est  ce  qui 
restera  de  plus  inébranlable  de  la  doctrine  de  mon  ami. 

Et  M.  B.  ne  s'est  pas  demandé  d"où  venaient  ces  Wisigoths. 
Avaient-ils,  comme  les  Francs,  habité  les  régions  septentrionales? 
J'ai  fait  l'histoire  de  ces  Goths  domiciliés  depuis  longtemps  sur  les 
bords  de  la  mer  Noire,  fatalement  voués  aux  doctrines  comme  aussi  à 
l'art  byzantin.  Comment  expliquer  alors  la  propagation  de  la  verroterie 
cloisonnée,  cette  orfèvrerie  barbare  qui  apparaît  désormais  comme 
une  émanation  de  l'orfèvrerie  orientale  et  byzantine  et  dont  Courajod 
avait  raconté  l'histoire?  Et  M.  B.  est  bien  près  de  la  solution  quand  il 
nous  dit  :  «  C'est  l'un  des  caractères  les  plus  frappants  de  cette  période 
que  l'adaptation  à  la  pierre  des  procédés  de  l'orfèvrerie.  ))  Quelques 
monuments  de  Poitiers  attirent  même  son  attention,  mais  sans  qu'il 
en  recherche  l'origine.  ((  L'incrustation  de  verroterie,  dit-il,  dans  l'hy- 
pogée de  Poitiers  est  un  exemple  curieux  de  cette  pratique.  »  Tous 
ces  phénomènes  nouveaux  sont  expliqués  par  M.  B.  par  l'inhabileté 
des  artistes.  «  Plus  tard,  l'art  baissa  encore  :  même  ces  rinceaux,  ces 
enroulements  de  lierre  et  de  pampres  étaient  d'une  exécution  trop  dif- 
ficile. On  les  remplaça  par  une  décoration  géométrique,  qu'on  substitua 
aux  moulures  décrites  par  le  P.  de  la  Croix,  où  des  Barbares,  égale- 
ment dépourvus  d'imagination  et  d'habileté,  ont  traité  la  pierre  comme 
un  bijou,  et  décoré  les  tombeaux  comme  des  fibules,  à  l'aide  des  croix, 
des  cercles,  etc.,  rehaussés  de  verroteries.  »  Ce  serait  vraiment  trop 
facile  d'expliquer  ainsi  la  décoration  du  baptistère  de  Poitiers,  les  sar- 
cophages de  Saint-Sernin  de  Bordeaux,  les  fragments  de  cancclli,  si 
fréquents  dans  nos  musées  de  province. 


J.-A.    BRUTAILS  :    LAUCIIÉOLOGIE   AU    MOYEN    AGE  469 

Ce  n'est  pas  seulement  par  les  motifs  décoratifs  qui  ornent  les  tran- 
sennes,  les  autels,  les  tombeaux  de  l'époque  franque  que  l'influence 
byzantine  se  fait  sentir.  Ce  n'est  pas  seulement  par  l'orfèvrerie  dite 
barbare  qu'on  peut  prouver  cette  influence.  Mon  ami  Prou  a  montré 
que  l'ornementation  des  monnaies  de  l'époque  franque  est  empruntée 
à  celle  de  Byzance,  et  je  suis  heureux  d'invoquer  le  témoignage  de 
mon  ami  qui  a  étudié  avec  soin  ces  époques  si  complexes.  Il  croit  à 
un  art  international  du  vi«  au  viii'^  siècle,  quand  il  écrit  :  «  Il  y  eut  en 
somme  une  grande  unité  dans  les  manifestations  artistiques  des  diffé- 
rents peuples  du  vi«  au  viiio  siècle.  La  source  de  l'art  était  l'Orient  et 
spécialement  Byzance,  où  s'était  opérée  la  fusion  entre  le  monde  asia- 
tique et  le  monde  gréco-latin.  »  Ce  seront  toujours  les  conclusions  de 
tous  ceux  qui  étudieront  sans  parti  pris  les  monuments  épars  sur 
notre  sol. 

Non,  ce  n'est  pas  seulement  par  le  commerce  réduit  alors  quasi  à 
un  simple  colportage,  par  la  vente  des  objets  de  luxe  que  pouvait 
s'exercer  cette  domination  intellectuelle.  J"ai  montré  ailleurs  que  les 
monastères  étaient,  pendant  cette  période,  cosmopolites;  des  moines 
grecs  chassés  par  la  Perse,  des  seigneurs  venus  en  Gaule,  des  artistes 
byzantins,  des  ambassades  apportaient  aussi  bien  des  exemples  que 
jes  procédés  de  l'art  néo-grec.  Ajoutez  à  cela  les  conceptions  religieuses 
qui  facilitaient  la  propagation  de  ces  motifs.  Leur  domination  fut  si 
longue  que  nous  les  retrouverons  sur  les  chapiteaux  de  l'époque 
romane. 

On  le  voit,  les  chapitres  qui  traitent  des  influences  orientales  sont  la 
partie  faible  du  livre  si  intéressant  de  M.  Brutails.  Je  crois  môme  que 
M.  B.  a  attaché  une  importance  relative  à  cette  étude,  qui  aurait 
exigé  une  description  plus  longue  et  une  plus  grande  ampleur. 

J'aurais  pu  montrer  que  les  négations  de  M.  B.  sur  la  survie  des 
motifs  décoratifs  de  l'art  gaulois  ne  reposaient  pas  sur  l'observation 
patiente  et  longue  des  monuments  mérovingiens,  mais  il  est  temps  de 
terminer  ce  compte  rendu  déjà  trop  long. 

J'exprime  un  seul  regret,  —  et  M.  Brutails  me  le  pardonnera,  — 
c'est  que  cette  attaque  des  théories  de  mon  regretté  ami,  basée  sur  une 
information  incomplète,  ait  fait  le  sujet  de  deux  conférences  à  l'Uni- 
versité de  Bordeaux.  L'erreur  se  propage  plus  vite  que  la  vérité. 

A.  M. 


Moyen  Age,  t.  XIII.  26 


470  COMPTES    RENDUS 

Alfred  Schœne.  —  Die  Weltchronik  des  Eusebius  in  ihrer 
Bearbeitung-  durch  Hieronymus.  —  Berlin,  Weidmann,  1900  ; 
iu-8°,  xiii-280  p. 

En  1866  et  1875,  M.  Schœne  a  donné  une  édition  bien  connue  de 
la  fameuse  Chronique  universelle  d'Eusèbe  de  Césarée.  On  ne  possède 
que  des  fragments  du  texte  grec  original,  mais  on  a  une  traduction 
arménienne  des  deux  livres  et  une  traduction  en  latin  par  saint  Jérôme 
des  Chronici  Canaries  ou  livre  II,  avec  continuation  par  le  traducteur 
jusqu'à  l'an  378.  L'ouvrage  est  de  grande  importance.  La  chronique 
d'Eusèbe,  oeuvre  de  polémique,  destinée  à  prouver  l'antiquité  de  la  vraie 
religion,  a  exercé,  grâce  à  saint  Jérôme  une  influence  extraordinaire 
sur  les  historiens  du  moyen  âge.  De  plus,  Eusèbe  était  un  grand  érudit; 
il  avait  dépouillé  ou  extrait  une  foule  d'auteurs  antiques  perdus,  et 
notamment  quantité  de  chronographes  et  de  chronologistes.  Le  premier 
livre  renferme  l'exposé  et  l'examen  critique  des  différents  systèmes 
chronologiques,  le  second,  fruit  de  ce  vaste  dépouillement,  range  les 
faits  principaux  de  l'histoire  sous  forme  de  tableaux  synoptiques.  Il 
serait  donc  extrêmement  utile  de  pouvoir  reconstituer  l'ouvrage  grec 
primitif. 

Mais  ici  les  difficultés  sont  particulièrementnombreuses.  Saint  Jérôme 
déclare  expressément  avoir  fait  au  texte  original  de  nombreuses  addi- 
tions; comment  les  reconnaître?  En  second  lieu,  il  dit  qu'il  a  dicté  sa 
traduction  à  un  librarius,  d'où  très  certainement,  dans  ces  tableaux 
synoptiques  compliqués,  de  nombreuses  erreurs.  Enfin  la  transcription 
de  ces  longues  colonnes  de  chiffres,  flanquées  de  notes  tantôt  longues, 
tantôt  courtes,  devait  être  assez  laborieuse  pour  des  copistes  du  haut 
moyen  âge,  gens  ignorants  et  peu  soigneux.  Le  problème  à  résoudre 
est  donc  assez  compliqué;  fort  heureusement  les  éléments  pour  opérer 
cette  restitution  du  texte  original  sont  nombreux  et  variés.  On  pos- 
sède beaucoup  de  manuscrits  très  anciens  de  l'œuvre  de  saint  Jérôme, 
et  ces  manuscrits  sont  en  partie  indépendants  les  uns  des  autres.  Par 
suite,  en  classant  et  en  éliminant  les  fautes,  on  peut  assez  souvent 
remonter  à  la  leçon  primitive  du  traducteur.  Cette  leçon  une  fois 
retrouvée,  il  suffit  de  connaître  la  disposition  matérielle  des  manuscrits 
primitifs  et  d'appliquer  les  règles  de  la  stichométrie,  pour  écarter  les 
additions  malencontreuses  des  transcriptions  plus  récentes,  reconstituer 
à  peu  près  sûrement  le  texte  dicté  par  saint  Jérôme  et  rétablir  la  dispo- 
sition adoptée  par  lui.  Enfin,  la  comparaison  entre  les  deux  versions 


E.-j.  tardif:  chartes  de  noirmoutier  471 

arménienne  et  latine  indique  assez  exactement  ce  qui  a  été  ajouté  par 
saint  Jérôme  au  texte  d'Eusèbe. 

Ce  sont  là  les  règles  de  critique  que  M.  Schœne  formule  et  qu'il 
applique  à  l'étude  d'un  certain  nombre  de  passages  pris  comme 
exemples.  On  ne  saurait  dans  un  compte  rendu  analyser  ces  petites 
dissertations,  toutes  très  convaincantes  et  conduites  avec  une  rigueur  et 
une  précision  remarquables.  Les  résultats  sont  tout  à  fait  inattendus. 
Une  foule  de  passages  de  saint  Jérôme,  traités  par  les  anciens  éditeurs 
de  loci  desperati,  en  sortent  pour  ainsi  dire  restaurés;  quantités  de 
dates  fautives  sont  rectifiées,  et  toujours  M.  Schœne  indique  la  cause 
de  l'erreur  commise  :  inattention  du  librarius,  qui  n'a  pas  saisi  ce  que 
saint  Jérôme  lui  dictait  à  la  hâte;  lourdes  bévues  des  copistes  suc- 
cessifs; mauvaise  interprétation  des  signes  de  renvoi  ;  déplacement  de 
quelques-uns  des  brefs  paragraphes  dont  l'ouvrage  se  compose. 

De  ce  long  et  minutieux  examen  se  dégagent  les  conclusions  sui- 
vantes :  saint  Jérôme  a  dicté  sa  traduction  à  la  fin  de  381  ;  Eusèbe 
avait  fait  deux  éditions  de  ses  Canonefi  chronici,  avant  et  après  la 
publication  de  son  Histoire  ecclésiastique  ;  la  traduction  arménienne 
représente  la  première,  la  traduction  de  saint  Jérôme  la  seconde  de  ces 
deux  éditions.  Ainsi,  grâce  à  M.  Schœne,  le  critique  qui  voudra 
reconstituer  l'ouvrage  grec  a  dès  maintenant  en  mains  les  moyens  de 
le  faire,  la  comparaison  des  deux  traductions  et  l'examen  des  anciens 
manuscrits  lui  permettront  de  reconnaître  à  peu  près  à  coup  sûr  la 
provenance  de  tel  ou  tel  passage  suspect,  et  il  pourra,  à  1  aide  de 
caractères  différents,  marquer  l'origine  de  chaque  paragraphe  :  l^'^  et 
2*^  édition  d'Eusèbe,  additions  de  saint  Jérôme,  enfin  additions  plus 
récentes.  M.  Schœne  tiendra  sans  doute  à  honneur  d'exécuter  lui- 
même  l'édition  dont  il  vient  de  tracer  le  plan  et  d'établir  l'économie  ; 
antiquaires  et  médiévistes  lui  en  seraient  également  reconnaissants. 

A.  MOLINIER. 


E.-J.  Tardif.  —  Les  Chartes  mérovingiennes  de  l'abbaye  de 
Noirmoutier  avec  une  étude  sur  la  chronologie  du  règne  de 
Dagobert  II.  —  Paris,  Larose,  1899;  in-B»,  64  p.  (Extrait  en 
partie  de  la  Nouvelle  Revue  historique  de  droit  français  et  étranger, 
t.  XXII,  p.  763-790).  —  Territorium  Penesciacense  ouSenes- 
ciacense (Extrait  delà jKi6/io^Aèg'Me c?e /'£'co^e  c?e6'  Chartes,  t.  LX, 


472  COMPTES    RENDUS 

1899,  p.  491-496).  tir.  ;\  pari,  s.  l.  s.  d.,  paginé  de  65  à  71,  en  sup- 
plément au  précédent. 

M.  Léon  Maître  avait  eu  la  bonne  fortune  de  retrouver  toute  une 
série  do  documents,  en  originaux  ou  en  copies,  provenant  des  archives 
du  prieuré  de  Cunaud.  De  ces  documents,  quelques-uns  étaient 
inédits,  entre  autres  une  charte  épiscopale  mérovingienne,  une  pro- 
curation pour  faire  insinuer  cette  charte  et  le  procès-verbal  d'insinuation 
dans  les  registres  de  la  curie  de  Poitiers.  M.  Maître  avait  consacré  à 
ces  trois  derniers  textes  une  élude  sommaire  dans  la  Bibliothèque  de 
rÉcoledea  Chartes  (t.  LIX,  p.  233-261)  où  il  les  publiait;  mais  il 
avait  laissé  quantité  de  points  obscurs.  M.  Tardif  a  très  heureusement 
complété  ou  rectifié  ce  qu'avait  d'imparfait  ou  d'inexact  le  travail  de 
son  devancier;  il  l'a  fait  avec  un  esprit  de  finesse  et  une  abondance 
de  documentation  que  je  me  plais  à  louer.  En  particulier,  je  partage 
l'opinion  de  M.  Tardif  sur  la  nature  de  la  charte  d'Ansoald  :  elle  n'est 
pas,  comme  le  croyait  M.  Maître,  l'acte  de  fondation  du  monastère  de 
Noirmoutier  qu'Ansoald  avait  fondé,  mais  elle  est  «  l'acte  constitutif 
de  la  dotation  en  biens-fonds  que  celui-ci  assurait,  suivant  l'usage,  à 
l'abbaye  qu'il  fondait  ».  Et  le  véritable  argument,  le  seul  que  l'on 
puisse  faire  valoir,  c'est  que  la  charte  n'indique  pas  la  donation,  dans 
l'île  d'Heri  (Noirmoutier)  \  des  terres  sur  lesquelles  s'éleva  le  monas- 
tère. Il  faut  aussi,  avec  M.  T.,  maintenir  dans  le  texte  la  leçon  Penes- 
ciacenae  que  M.  Maître  avait  corrigé  en  Senesciacense. 

Il  n'y  aurait  qu'à  adopter  presque  toutes  les  autres  conclusions  de 
M.  Tardif,  si  vraiment  la  charte  de  l'évêquede  Poitiers,  Ansoald,  était 
authentique-  Je  suis  bien  obligé  de  faire  cette  restriction.  M,  Tardif, 
pas  plus  que  M.  Maître,  ne  met  en  doute  l'authenticité  de  ce  docu- 
ment. Les  arguments  qu'ils  donnent  sont  plus  séduisants  que  forts. 
L'un  et  l'autre  de  ces  érudits  admettent  même  que  la  copie  du  xi'  siècle 
(M.  T.  la  place  dans  la  seconde  moitié  du  xi*"  siècle)  retrouvée  par 
M.  Maître  a  été  prise  directement  sur  l'original.  Je  suis  étonné  de 
cette  assertion  qui  n'est  qu'une  hypothèse  impossible  à  vérifier  et  qui 


1.  Je  ne  crois  pas  qu'il  faille  dire  que  la  charte  ne  peut  être  l'acte  de  foudatioo, 
parce  que  la  communauté  a  déjà  à  sa  tête  un  abbé,  a  des  bâtiments  construits 
et  une  église  iilacée  sous  le  vocable  de  saint  Pierre,  saint  André  et  saint  Paul. 
C'est  mai  se  rendre  compte  de  ce  qui  se  passait,  Le  fondateur  pouvait  en  elïet 
commencer  par  élever  les  bàtimenis,  placer  le  monastère  futur  sous  tel  vocable 
qui  lui  plaisait,  choisir  son  abbé  avant  même  que  la  communauté  existât.  Cela 
résulte  de  textes  qui  ue  me  paraissent  pas  pouvoir  être  interprétés  autrement. 


LE  PALENC  ET  P.  DOGNON  :  LEZAT  473 

a  contre  elle  toute  vraisemblance  ;  et  c'est  précisément  parce  que  cette 
copie  nie  semble  venir  d'ailleurs  que  j'ai  des  doutes  sur  son  authen- 
ticité parfaite,  doutes  qu'une  simple  lecture  du  document  avait  déjà 
fait  naître  dans  mon  esprit  :  j'avais  relevé  des  traces  d'interpolation 
évidente,  et  j'ai  eu  le  plaisir  de  trouver  dans  les  Chartes  mérovingiennes 
de  M.  Tardif  des  arguments  qui  légitiment  mon  impression  et  mes 
remarques.  Je  développerai  tout  au  long  l'examen  diplomatique  du 
document  qui  n'a  point  encore  été  fait.  Il  n'est  pas  jusqu'à  la  date 
même  fournie  par  la  charte  qui  ne  puisse  donner  lieu  à  revision  de 
V Étude  sur  la  Chronologie  du  règne  de  Dagohert  IL  Mais  là  je  reste 
présentement  sur  une  réserve  prudente,  mon  examen  n'étant  pas  assez 
avancé  pour  me  permettre  dédire  qui  de  M.  Tardif  ou  de  moi  a  raison, 
parce  que  la  question  soulève  subsidiairement,  comme  l'a  bien  vu 
M.  Tardif,  la  fixation  des  limites  du  royaume  soumis  à  Dagobert  II, 
Quoi  qu'il  en  soit,  les  deux  mémoires  de  M.  Tardif  font  bien  augurer 
de  la  série  des  Études  mérovingiennes  qu'ils  ouvrent. 

L.  Levillain. 


Ch.  Le  Palenc  et  P.  Dognon.  —  Lezat,  sa  coutume,  son  con- 
sulat. —  Toulouse,  E.  Privât,  1899;  in-8°,  lxvii-125  p.,  fac.-sim., 
carte. 

Sous  ce  titre,  MM.  Le  Palenc  et  Dognon  donnent  une  excellente 
édition  de  la  Coutume  de  Lezat,  précédée  d'une  préface  fort  inté- 
ressante qui  est  consacrée  à  l'histoire  administrative  de  la  ville,  depuis 
ses  origines  jusqu'à  1789, —  d'après  V Histoire  générale  de  Languedoc, 
le  cartulaire  de  Lezat,  le  volume  102  de  la  collection  Doat. 

Lezat  doit  son  existence  à  l'abbaye  du  même  nom  dont  l'origine  est 
obscure,  embarrassée  de  légendes,  spécialement  en  ce  qui  touche  son 
fondateur  saint  Antoine  'ou  Aton),  mais  qui  remonte  au  moins  à 
l'année  944.  Une  «  salvetat  »  qui  se  peupla  rapidement  autour  de 
l'abbaye  fut  «  le  berceau  »  de  la  ville,  à  la  naissance  de  laquelle  il  est 
naturellement  difficile  d'assigner  une  date;  MM.  P.  et  D.  croient  que 
la  sauveté  de  Lezat  a  précédé  celles  des  églises  et  prieurés  de  Cog- 
Morta  et  Bérat,  de  Padern,  de  Mont  Sabaoth,  qui  appartiennent 
pourtant  à  une  époque  assez  reculée,  au  dernier  tiers  du  xi®  siècle. 

MM.  P.  et  D.  indiquent  les  limites  de  la  sauveté  depuis  le 
xHie'siècle  avec  des  identifications  précises  et  une  carte  qui  font  bien 


474  COMPTES    RENDUS 

connaître  les  lieux.  Ils  donnent  aussi  une  description  topographique 
de  la  ville  de  Lezat,  dont  un  tiers  environ  était  couvert  par  les  bâti- 
ments de  l'abbaye;  cette  description  est  accompagnée  de  la  repro- 
duction phototypique  d'un  plan  du  xv*'  siècle. 

L'abbé  de  Lezat  était  seigneur  de  la  ville.  Si,  en  1241,  Pierre  de 
Dalbs,  alors  abbé,  fit  un  contrat  de  pariage  pour  Lezat  et  son  terri- 
toire, le  castrum  excepté,  avec  le  comte  de  Foix,  ce  fut,  d'après 
MM.  P.  et  D..  pour  se  prémunir  contre  une  attaque  armée  du  comte 
qui  menaçait  l'abbaye.  Cependant  Pierre  de  Dalbs  n'invoqua  pas  cet 
argument  quand  plus  tard  on  lui  reprocha  ce  pariage  comme  un  acte 
d'aliénation  des  biens  de  son  monastère\  Les  comtes  de  Foix,  à  la 
faveur  du  pariage  et,  par  une  progressive  absorption,  firent  entrer 
Lezat  dans  leur  comté.  «  Les  meilleurs  auxiliaires  de  leur  autorité  » 
ont  été  les  consuls  de  Lezat  qui  ont  accru  leur  influence  pour  en 
profiter.  Ils  existaient  déjà  en  1241,  et  se  liguèrent  contre  «  le  seigneur 
abbé  »  avec  le  comte  qui  obtint  de  Philippe  IV,  le  3  juin  1299,  que  la 
sauvegarde  royale,  accordée  en  1290  à  l'abbaye,  lui  fiit  retirée.  «  Restés 
seuls  et  nus,  l'abbé  et  les  moines  tentèrent  sans  doute  de  désarmer 
leurs  sujets  en  leur  octroyant  de  larges  satisfactions,  et  la  coutume  fut 
rédigée  :  »  la  cérémonie  de  concession  eut  lieu  le  11  novembre  1299. 

MM.  P.  et  D.  sont  en  possession  de  documents  des  xvii«  et 
xviiie  siècles  qui  montrent  la  persistance  delà  coutume  jusqu'en  1789: 
les  abbés  qui  voulurent  en  restreindre  les  libertés  eurent  à  livrer  de 
très  vifs  combats  contre  leurs  sujets.  Cette  histoire  de  la  ville  est 
solidement  déduite,  documentée  ;  on  peut  toutefois  y  relever  cette 
généralisation  peu  fondée  :  MM.  P.  et  D.,  parlant  des  25  sous  de 
Morlaas  que  le  comte  devait  annuellement  à  l'abbaye  en  signe  de 
vassalité,  disent  que  la  somme  fut  «  régulièrement  payée  »,  bien  que 
deux  actes  seulement  en  fassent  foi,  pour  les  années  1412  et  1451. 

L'édition  du  texte  latin  de  la  Coutume  a  été  préparée  avec  un 
soin  minutieux;  le  manuscrit  qui  la  contient  est  d'ailleurs  excellent 
et  à  peu  près  contemporain  de  la  concession.  Un  appendice  contient 
sept  pièces  relatives  à  la  Coutume,  comprises  entre  les  années  1242  et 
1631.  MM.  P.  eiD.  ont  voulu,  disent-ils,  «  travailler,  non  au  bénéfice 
des  seuls  érudits,  mais  aussi  pour  les  habitants  de  Lezat,  nos  compa- 


1.  Cf.  l'Affaire  de   Pierre  de    Dalhs   dans  Moyen   Age,  janvier-février  1900 
(t.  XIII),  pp.  38-56. 


G.  paris:  la  littérature  normande  avant  l'annexion      475 

trioles  »;  ils  ont  su  atteindre  ce  double  but,  et  c'est  chose  fort  rare.  Ils 
ont  traduit  entièrement  en  français  la  Coutume,  a  besogne  épineuse  » 
qu'ils  ont  menée  à  bien.  Leurs  notes,  écrites  avec  la  connaissance  des 
lieux  et  des  institutions  locales,  éclaircissent  chacun  des  articles,  et 
ne  s'adressant  pas  exclusivement  aux  «  savants  »  précisent  certaines 
difficultés  que  les  «  savants  »  évitent  généralement. 

La  Coutume,  avec  ses  70  articles,  est  vraiment  un  tableau  complet 
de  la  vie  sociale.  Elle  fixe  d'abord  les  conditions  et  les  limites  de  l'asile 
que  la  ville  accorde  à  tous  venants,  confirme  l'exemption  de  toute  leude 
et  tout  péage  pour  les  habitants  de  Lezat  et  ses  dépendances  dont  elle 
indique  les  limites,  fixe  les  droits  utiles  des  habitants  et  les  impôts 
.  dus  par  eux  à  l'abbé,  confirme  les  marché  et  foire,  règle  la  forme  de 
l'élection  des  consuls,  dont  3  sont  choisis  par  cooption  indirecte,  et  le 
quatrième  par  l'abbé  qui  les  investit  tous  les  4;  quelques  articles 
déterminent  les  droits  et  attributions  des  consuls  au  point  de  vue 
administratif  et  judiciaire,  et  des  officiers  de  l'abbaye  :  viguier  et 
sergents.  Les  autres  articles  fixent  pêle-mêle  les  pénalités  et  les 
impôts.  Sans  être  entièrement  originale,  la  Coutume  de  Lezat  n'est 
pas  une  «  filiale  ». 

On  souhaiterait  que,  sur  le  modèle  de  l'édition  de  MM.  P.  et  D.,  les 
autres  Coutumes,  en  langue  vulgaire  ou  en  latin,  qui  se  sont 
conservées  en  assez  grand  nombre,  fussent  définitivement  publiées. 
Ainsi  se  trouverait  étendu  le  champ  des  études  comparatives  entre 
Coutumes,  telles  que  MM.  P.  et  D.  en  ont  esquissé  une,  entre  la 
Coutume  de  Lézat  et  celle  de  Saint- Ybars  —  qui  est  publiée  en  appen- 
dice —  qui  fut  concédée  à  cette  ville,  dépendance  de  l'abbaye  de 
Lezat,  par  les  deux  seigneurs  «  pariers  »,  l'abbé  et  le  comte  de  Foix. 

F.-E.  Martin. 

Gaston  Paris.  —  La  Littérature  normande  avant  l'annexion 
(912-1204\  discours  lu  à  la  séance  publique  de  la  Société 
des  Antiquaires  de  Normandie,  le  1*^^  décembre  1898.  —  Paris, 
Emile  Bouillon,  1899;  in-8»,  57  p. 

L'abbé  de  La  Rue,  qui  avait  émigré  à  Londres  pendant  la  Révolution , 
est  un  des  premiers  savants  de  Normandie  qui  ait  exploré  les  biblio- 
thèques et  les  archives  anglaises  au  point  de  vue  des  antiquités  de  son 
pays;  ses  études  portèrent  particulièrement  sur  l'ancienne  littérature.  Il 
ne  cherchait  pas  à  distinguer  le  dialecte  normand  del'anglo-normand. 


476  COMPTES    RENDUS 

et,  de  plus,  incapable  de  distinguer  la  langue  d'un  auteur  de  la  langue 
des  copistes  de  manuscrits,  dont  la  plupart  avaient  été  copiés  en  Angle- 
terre, il  fut  amené  à  rattacher  à  la  littérature  normande  un  nombre 
considérable  d'œuvres  qui  lui  sont  étrangères;  la  critique  a  peu  à  peu 
remis  bien  des  choses  à  leur  place,  mais  le  livre  de  l'abbé  de  La  Rue, 
qui  a  rendu  des  services,  a  exercé  une  longue  influence  sur  les 
travaux  de  ses  successeurs.  Un  maître  parmi  les  romanistes  contem- 
porains, ISI.  Suchier,  directeur  dune  collection  d'éditions  de  textes,  la 
Bihliotheca  normannica,  a  semblé  à  M.  Gaston  Paris  ne  pas  entière- 
ment échapper  à  l'exagération  de  ses  devanciers  et  avoir  fait  à  lalitté- 
rature  normande  une  place  qu'elle  ne  mérite  pas,  et  le  discours  que 
M.  Gaston  Paris  a  composé  pour  la  Société  des  Antiquaires  de  Nor- 
mandie a  pour  but  de  restreindre  encore  les  limites  de  ce  qu'on  peut 
appeler  la  littérature  normande.  De  la  fusion  des  envahisseurs  du 
Nord  et  des  anciens  habitants,  est  sortie  une  nationalité  nouvelle  qui 
resta  longtemps  étrangère  et  même  hostile  à  toute  relation  avec  le 
reste  de  la  France  ;  les  œuvres  littéraires  composées  dans  ce  milieu 
spécial  qui  disparut  en  1204,  méritent  seules  d'être  appelées  normandes  : 
ainsi  le  Rolant,  bien  que  probablement  composé  dans  l'Avranchin, 
mais  dont  l'inspiration  est  toute  française  et  féodale,  ne  peut  être  attri- 
bué à  la  société  normande  peu  disposée  à  s' enthousiasme!'  pour  la 
royauté  de  Laon  ou  de  Paris;  M.  Paris  montre,  d'ailleurs,  que  si  les 
Normands  ont  connu  et  propagé  beaucoup  de  chansons  de  geste,  ils 
sont  restés  entièrement  étrangers  à  la  vaste  production  épique  du 
moyen  âge;  ils  ne  semblent  pas  davantage  avoir  joué  un  rôle  spécial 
appréciable  dans  la  transmission  de  la  matière  de  Bretagne;  on  ne  peut 
leur  attribuer  qu'un  roman  d'aventure,  Athis  et  Porphirias,  et,  à  une 
exception  près,  Henri  d'Andeli,  ils  n'ont  pas  cultivé  et  ont  fort  peu 
goûté  la  poésie  lyrique  courtoise;  ils  semblent  avoir  eu  une  poésie 
lyrique  satirique,  l'es^A-arnôo!;;  il  n'en  reste  aucun  spécimen,  mais  ils 
ont  dû  transporter  ce  genre  en  Sicile,  où  le  nom  de  stramhotti  est 
resté  à  une  forme  de  poésie  populaire.  On  peut  attribuer  à  la  Nor- 
mandie deux  branches  importantes  du  Roman  de  Renard,  mais  ce  qui 
semble  le  plus  caractéristique  de  la  littérature  normande,  ce  sont  ses 
tendances  didactiques;  plus  tôt  que  partout  ailleurs,  la  société  laïque 
a  aimé  à  s'instruire,  et  les  ouvrages  sur  les  sciences,  l'histoire,  la 
morale  et  la  religion  composent  ce  qu'il  y  a  de  plus  remarquable 
dans  la  littérature  qui   lui  était   destinée.  Ce  fut  de  Normandie  que 


L.    JARRY  :    HISTOIRE    DE   CLÉRY  477 

vinrent  les  plus  anciennes  traductions  du  Lapidaire  de  Marbode,  du 
Bestiaire  par  Pliilippe  de  Thaon,  qui  composa  aussi  un  poème  sur 
le  Comput.  L'iiistoire  est  brillamment  représentée  parWace,  Ambroise, 
auteur  de  VEstoire  de  la  guerre  sainte,  Guillaume  de  Saint- Pair,  les 
poèmes  sur  l'abbaye  de  Fécamp  et  la  compilation  en  prose  qui  sert 
de  noyau  à  la  Chronique  de  Normandie  ;  il  faut  remarquer  que 
M.  Paris  élimine  Benoît  de  Saint- More,  né  en  Touraine,  et  l'histoire 
de  Guillaume  le  Maréchal,  plus  particulièrement  anglo-normande. 
Citons  encore  des  traductions  d'ouvrages  religieux  et  moraux,  comme 
certaines  parties  de  la  Bible,  la  règle  de  saint  Benoît,  VElucidarius 
d'Honoré  d'Autun,  la  Disciplina  clericalis  de  Pierre  Alphonse,  qui 
furent  de  bonne  heure  traduits  en  Normandie,  enfin  des  Vies  de 
saints,  et  au  premier  rang  la  Vie  de  saint  Alexis,  cet  admirable 
poème,  dit  M.  Gaston  Paris,  qui  suffirait  à  la  gloire  poétique  de  la 
Normandie  médiévale.  J.  C.  P. 


Louis  Jarrv.  —  Histoire  de  Gléry  et  de  l'église  collégiale  et  cha- 
pelle royale  de  Notre-Dame  de  Clèry,  etc.,  précédée  d'une 
notice  sur  l'auteur,  par  M.  le  comte  Baguenault  de  Puchesse.  — 
Orléans,  Herluison,  1899;  in-8,  xxv-430  p. 

La  publication  de  l'Histoire  de  Cléry,  à  la  rédaction  de  laquelle 
M.  Louis  Jarry  avait  consacré  les  dernières  années  de  sa  vie,  était  le 
plus  bel  hommage  que  la  piété  filiale  pût  rendre  à  la  mémoire  d'un 
érudit  dont  l'activité  scientifique  s'était  surtout  et  continuellement 
exercée  sur  l'histoire  et  les  antiquités  de  l'Orléanais.  Et  s'il  arrive  que 
les  œuvres  posthumes  font  souvent  tort  à  la  réputation  des  écrivains, 
ce  ne  sera  pas  celte  fois.  Car  le  livre  de  M.  Louis  Jarry  était  au  point; 
et  s'il  demandait  quelques  retouches  de  détail,  de  ces  retouches  qu'ap- 
pelle l'impression  de  tout  manuscrit,  c'est  un  soin  dont  son  fils  s'est 
acquitté  en  héritier  de  la  science  de  son  père  et  en  érudit  qui  déjà  a 
fait  ses  preuves. 

L'histoire  de  Cléry  est  intimement  liée  à  celle  de  la  collégiale  qui, 
grâce  au  culte  que  Louis  XI  lui  avait  voué,  a  porté  le  renom  de  cette 
ville  bien  plus  loin  que  ne  l'eût  fait  son  importance  comme  groupe 
urbain.  Aussi  voyons-nous  que  l'histoire  même  de  la  ville  tient  peu  de 
place  dans  le  livre  de  M.  Jarry,  non  pas  que  l'auteur  l'ait  négligée, 
mais  parce  que,  à  vrai  dire,  le  sanctuaire  était  le  centre  et  comme  la 
raison  d'être  delà  ville.  Sans  compter  que  les  archives  sont  pauvres  et 


478  COMPTES    RENDUS 

que  celles  même  de  l'église  Notre-Dame  ne  nous  sont  parvenues  qu'à 
IVtal  de  débris.  C'est  en  dehors  des  archives  que  M.  Jarry  a  retrouvé 
la  charte  de  franchise  accordée  en  1229  par  Jean  de  Meung,  seigneur 
de  la  Salle,  aux  hommes  de  sa  terre  voisine  de  Cléry,  et  qui  est  cal- 
quée sur  la  charte  de  Cléry.  elle-même  copiée  sur  les  coutumes  de 
Lorris.  Voilà  donc  une  charte  à  ajouter  aux  filiales  de  Lorris. 

Cléry  remonte  au  moins,  comme  villa,  à  l'époque  romaine  ;  la  forme 
de  son  nom  l'indique.  Mais  la  plus  ancienne  mention  qui  en  soit  faite 
se  trouve  dans  la  charte  de  Léodebod  pour  le  monastère  de  Fleury -sur- 
Loire, en  l'an  651.  Léodebod  donne  à  l'église  de  Fleury  villam  Cam- 
heron  quœ  est  juxta  terminum  Clariacenae  vel  Uccello  inco.  Cam- 
beron  n'a  pu  être  localisé  :  mais  M.  Jarry  a  retrouvé  la  véritable 
position  d' Uccello,  qui  ne  doit  pas  être  identifié  avec  Huisseau-sur- 
Mauves,  comme  on  l'a  cru,  mais  bien  avec  Saint- André-les-Cléry, 
Saartus  Andréas  de  Ussello  jnxta  Cleriacnm.  .-Vinsi,  dès  les  pre- 
mières pages  de  son  livre,  l'auteur,  faisant  preuve  d'esprit  critique, 
rectifie  ses  devanciers.  Et  il  en  est  ainsi  tout  le  long  de  son  ouvrage  ; 
car  il  n'avance  rien  qu'il  ne  le  fonde  sur  des  documents  authentiques 
judicieusement  discutés. 

La  ville  de  Cléry  doit  son  développement  à  la  découverte  faite  vers 
1280  par  des  laboureurs,  d'une  statue  de  la  Vierge  cachée  dans  un 
buisson.  On  la  déposa  dans  un  sanctuaire,  mais  le  bruit  des  prodiges 
dus  à  son  intercession  s'étant  répandu  rapidement,  et  le  sanctuaire  où 
elle  avait  été  déposée  ne  pouvant  plus  contenir  la  foule  des  pèlerins, 
on  construisit  une  chapelle  mentionnée  pour  la  première  fois  en  1283. 
Le  maréchal  de  France,  Simon  de  Melun,  seigneur  de  la  Salle-les- 
Cléry,  tué  à  Courtrai  en  1302,  fonda  par  testament  cinq  prébendes.  Ce 
fut  l'origine  de  la  collégiale  dans  laquelle  le  roi  Philippe  IV  établit 
cinq  nouvelles  prébendes  canoniales.  Dès  lors,  les  seigneurs  de  Cléry 
et  les  rois  de  France  ne  cessèrent  d'augmenter  la  dotation  de  Notre- 
Dame  de  Cléry. 

Spécialement  ils  firent  de  nombreux  dons  et  assignations  de  rentes 
pour  aider  à  la  construction  d'une  église  digne  de  la  Vierge.  M.  Jarry 
a  soigneusement  relaté  tous  les  travaux  d'agrandissement  et  de  restau- 
ration dont  l'édifice  fut  l'objet,  de  sorte  que  l'église  de  Cléry,  encore 
debout,  est  un  de  ces  rares  monuments  dont  les  diverses  parties  sont 
datées  et  qui  pourra  désormais  fournir  des  points  de  comparaison  pour 
déterminer  la  date  d'autres  édifices  dont  les  comptes  de  construction 


L.    JARRY  :    HISTOIRE   DE   CLÉRY  479 

ne  nous  sont  pas  parvenus.  Si  nous  en  croyons  un  document  du 
temps  de  Louis  XI,  ce  fut  Philippe  le  Bel  qui  fît  jeter  les  fondations 
de  l'église  destinée  à  remplacer  la  chapelle  primitive.  Des  construc- 
tions de  ce  roi,  il  ne  reste  que  la  tour.  Cependant,  dans  des  lettres  de 
1340,  le  roi  Philippe  VI  rappelle  qu'il  avait  posé  la  première  pierre  du 
nouvel  édifice.  En  1428,  Salisbury  livra  Cléry  au  pillage  et  détruisit 
l'église.  Grâce  aux  générosités  du  Bâtard  d'Orléans,  de  Charles  Vil, 
du  Dauphin  et  de  quelques  autres  personnages,  l'église  ne  tarda  pas  à 
se  relever  de  ses  ruines. 

Le  portail  était  en  partie  reconstruit  en  1449,  et  l'on  y  avait  mis  en 
place  d'honneur  une  statue  de  Charles  VII  détruite  au  commencement 
du  siècle.  Sous  Louis  XI,  les  travaux  furent  poussés  activement,  sous 
l'impulsion  et  avec  l'aide  du  roi  qui  avait  choisi  cette  église  pour  lieu 
de  sa  sépulture.  Il  écrivait  à  Bourré,  le  9  septembre  1482:  «Monsieur 
du  Plessis,  j'ay  délibéré  de  faire  accroistre  l'église  de  Nostre-Dame  de 
Cléry  de  quatre  piliers  ;  et  pour  ce,  enquérez-vous  incontinent  ce 
qu'ils  pourront  couster.  »  L'église  actuelle  est  pour  la  plus  grande 
partie  de  la  seconde  moitié  du  xv'  siècle.  Malheureusement  les  des- 
tructions opérées  par  les  Huguenots,  spécialement  par  l'armée  de 
Condé  en  1562,  ont  rendu  nécessaires  de  nombreuses  réfections.  Le 
monument  funéraire  de  Louis  XI  fut  détruit  tout  le  premier,  et  remplacé 
en  1622  par  un  autre,  dont  la  statue  fut  exécutée  par  Michel  Bourdin, 
d'Orléans.  Ce  nouveau  monument  fut  démoli  en  1792,  mais  la  statue, 
grâce  à  Lenoir,  trouva  un  asile  dans  le  Musée  des  Petits-Augustins 
jusqu'à  sa  réintégration  dans  l'église  de  Cléry  en  1818. 

Les  lignes  qui  précèdent  ne  donneront  qu'une  idée  imparfaite  du 
livre  de  M.  Jarry  ;  car  nous  n'avons  parlé  ni  des  vicissitudes  de  la  sei- 
gneurie que  l'auteur  a  cependant  suivies  dans  ses  moindres  détails,  ni 
des  seigneurs  eux-mêmes,  dont  quelques-uns,  sans  compter  les  rois  de 
France,  tinrent  un  rôle  important  dans  notre  histoire,  ni  des  événe- 
ments de  guerre  dont  Cléry  fut  le  théâtre.  Mais  nous  ne  pouvons 
omettre  les  pièces  justificatives,  ni  les  reproductions  de  monuments 
qui  sont  à  leur  manière  des  pièces  justificatives.  Le  plus  ancien  docu- 
ment publié  par  M.  Jarry  est  une  charte  de  la  fin  du  XI P  siècle,  par 
laquelle  Hugues,  évêque  d'Orléans,  confirme  l'abandon  d'une  dime 
consentie  par  Adam  et  Giraud  «Languille»  en  faveur  des  Bonshommes 
(de  l'Ordre  de  Grandmont)  de  Cléry.  Signalons  encore  la  charte  de 
coutumes  accordée  par  Jean  de  Meung  à  ses  hommes  de  la  Salle-les- 


480  COMPTES    RENDUS 

Cléry  ;  les  lettres-royaux  de  Louis  XI  érigeant  la  seigneurie  de  Cléry 
en  baronnie  et  châtellenie  ;  d'autres  lettres  du  même  roi  donnant  cette 
baronnie  au  chapitre  de  Cléry;  le  devis  de  la  fortification  du  bourg 
en  1583  ;  un  devis  pour  la  fermeture  du  chœur  de  l'église  en  1626;  un 
autre  devis,  de  1633,  de  travaux  à  faire  dans  l'église;  les  statuts  de  la 
collégiale  de  1654  et  de  1663,  etc.  Quant  aux  quatorze  planches,  qui 
forment  l'illustration  de  l'ouvrage,  et  qui  sont  la  plupart  de  superbes 
héliogravures,  elles  reproduisent  une  série  de  monuments  du  plus 
haut  intérêt  artistique  :  la  façade  de  la  collégiale  ;  la  statue  funéraire 
de  Jeanne  de  Mornay,  du  XI 11^  siècle,  aujourd'hui  conservée  au 
Musée  historique  d'Orléans  ;  des  méreaux  et  sceaux  de  la  collégiale  ; 
le  plan  de  la  chapelle  de  Longueville  ;  l'esquisse  du  premier  projet  de 
la  statue  funéraire  de  Louis  XI  ;  le  plan  et  la  coupe  du  caveau  royal 
de  Louis  XI  ;  l'arcade  d'entrée  et  les  voûtes  de  la  chapelle  Saint- 
Jacques  ixvje  siècle);  la  porte  de  la  grande  sacristie  (xv^  siècle)  ;  un 
projet  de  fortification  du  bourg  de  Cléry;  le  plan  de  l'église  en  1628; 
la  statue  de  Louis  XI ,  par  Michel  Bourdin  ;  le  vitrail  de  l'Ordre 
du  Saint-Esprit.  M.  Prou. 


Le  Livre  de  comptes  de  Jacme  Olivier,  marchand  narbonnais 
du  xiv-^  sièle,  publié  par  Alphonse  Blanc.  Tome  second,  l^"*  partie. 
—  Paris,  Picard,  1899;  in-8%  675  p. 

M.  Alphonse  Blanc  publie  le  Livre  de  comptes  de  Jacme  Olivier, 
marchand  narbonnais;  ce  livre  s'étend  de  1381  à  1385.  Nous  atten- 
drons, pour  en  faire  ressortir  l'intérêt,  que  l'éditeur  nous  ait  livré  son 
introduction,  qui  formera  le  premier  volume  de  l'ouvrage,  et  qui  sera 
une  véritable  histoire  économique  de  Narbonne  au  moyen  âge,  si  nous 
en  jugeons  par  les  pièces  justificatives  publiées  à  la  suite  du  Livre  de 
comptes  et  qui  constituent  un  véritable  recueil  de  documents  pour 
servir  à  l'histoire  de  l'industrie  et  du  commerce  narbonnais  au 
xiii^  siècle.  La  lecture  en  est  si  attachante  que  je  ne  puis  me  tenir 
d'indiquer  les  plus  importantes. 

C'est  d'abord  une  charte  de  1218  dressée  par  un  notaire  public  de 
Narbonne,  constatant  la  décision  prise  par  le  viguier  et  le  bayle  de 
l'archevêque  de  ne  plus  exiger  des  habitants  de  Narbonne  la  «  rêve  » 
pour  les  choses  achetées  et  vendues  dans  leurs  maisons  pour  tout 
étranger  demeurant  avec  eux  ou  les  accompagnant  dans  leurs  voyages. 
Puis  vient  un  acte  antérieur,  de  1175,  qui  est  une  convention  de  paix 


A.  BLANC  :  LE  LIVRE  DE  COMPTES  DE  JACME  OLIVIER  481 

et  de  commerce  conclue  entre  la  cité  de  Pise,  d'une  part,  et  la  vicom- 
tesse et  les  consuls  de  Narbonne,  d'autre  part;  ou,  plus  précisément, 
c'est  un  engagement  pris  par  la  vicomtesse  de  sauvegarder  les  per- 
sonnes et  les  biens  des  Pisans  dans  toute  l'étendue  du  territoire  placé 
sous  sa  souveraineté.  Puis  viennent  des  traités  analogues  conclus 
entre  Narbonne  et  Nice  (1224),  Hyères  (1225),  Toulon  1225),  San- 
Felice-de-Guixols  (1244),  etc.  La  pièce  justificative  n"  VII,  très  im- 
portante pour  l'histoire  de  l'industrie  drapière  à  Narbonne,  est  une 
transaction  arbitrale  entre  les  pareurs  et  les  tisserands  (1254).  Sous  le 
n"  IX,  nous  trouvons  une  enquête  de  1255,  relative  à  des  actes 
d'usure,  et  faite  à  Toulouse,  sur  l'ordre  de  l'archevêque  de  Narbonne. 
Deux  autres  documents,  les  n"^  XXVI  et  XXVII,  témoignent  de  l'usage 
du  prêt  à  intérêts.  La  juridiction  et  la  réglementation  des  poids  et 
mesures  appartenait,  dans  les  villes  du  Midi  comme  dans  celles  du 
Nord,  aux  détenteurs  de  la  souveraineté  ;  et  si  les  villes  ont  eu  des 
poids  publics,  ça  n'a  jamais  été  que  par  l'octroi  de  celui  qui  exerçait 
les  droits  régaliens.  Ainsi,  par  un  acte  de  1257,  le  vicomte  de  Nar- 
bonne autorise  la  ville  de  Narbonne  à  percevoir  une  obole  par  quintal 
de  blé  ou  de  farine  pesé  au  poids  public,  antérieurement  établi  avec 
son  consentement;  les  délinquants  restent  justiciables  de  la  cour  du 
vicomte.  Le  n"  XVI  est  une  enquête  faite  en  1261  et  1262  par  le  juge 
de  la  viguerie  royale  de  Béziers,  pour  savoir  si  les  habitants  de  Nar- 
bonne devaient  payer  ou  non  la  leude  royale  de  Béziers  pour  les 
marchandises  transportées  de  France  à  Narbonne  ou  de  Narbonne  en 
France  par  le  chemin  de  Murviel  et  de  Cazouls.  Une  bulle  de  Gré- 
goire X,  du  25  août  1272,  prescrit  aux  consuls  de  Narbonne  de 
prendre  des  mesures  rigoureuses  pour  que  les  habitants  de  cette  ville  ne 
fassent  pas  avec  les  Sarrasins  le  commerce  des  armes,  du  fer,  des 
navires,  et  ne  mettent  pas  à  leur  service  leurs  connaissances  dans  l'art 
de  la  navigation.  Toute  une  série  de  lettres  de  Philippe  IV  montrent 
l'intervention  royale  dans  les  affaires  de  la  ville  :  un  mandement 
enjoignant  au  sénéchal  de  Carcassonne  de  contraindre  les  clercs  et 
autres  religieuses  personnes  ayant  des  biens  dans  la  cité  et  le  bourg 
de  Narbonne  à  contribuer  aux  tailles  mises  pour  le  bien  commun 
(n"  XXIX)  ;  un  autre,  du  23  décembre  1279,  prescrivant  à  l'arche- 
vêque et  au  vicomte  de  restituer  les  marchandises  qu'ils  ont  saisies  sur 
les  étrangers  qui  ne  se  refusent  pas  à  payer  la  leude  (n"  XXXII);  un 
autre  mandement  du  même  roi,  en  date  du  20  décembre  1292,  enjoi- 


482  COMPTES    RENDUS 

gaant  aux  sénéchaux  de  Carcassonne,  Beaucaire  et  Toulouse  de  veiller 
à  ce  que  les  Lombards,  autorisés  à  exporter  les  laines  du  royaume,  ne 
s'opposent  pas  à  ce  que  les  habitants  de  Narbonne  fassent  le  commerce 
des  laines.  En  1294,  le  sénéchal  de  Carcassonne  donna  ordre  au  baile 
royal  du  Narbonnais  de  procéder,  d'accord  avec  les  consuls,  à  un 
recensement  des  feux  du  bourg,  en  vue  d'imposer  une  taille  de 
six  sols  tournois  par  feu  ;  l'enquête  ne  se  fit  pas  sans  difficulté,  à  cause 
des  résistances  des  consuls.  Ceux-ci  finirent  par  déclarer  qu'il  y  avait 
dans  le  bourg  deux  mille  seize  feus,  sans  compter  les  pauvres,  c'est- 
à-dire  ceux  qui  possédaient  des  biens  d'une  valeur  moindre  de  50  sols 
tournois,  les  clercs  mariés  qui  représentaient  26  feux,  les  clercs  béné- 
ticiés,  54  feux,  les  clercs  non  bénéficiés  et  non  mariés,  21  feux, 
lesquels  clercs  ne  faisaient  pas  partie  de  la  communauté  et  n'étaient 
pas  taillables. 

En  1305,  le  juge  royal  procéda  au  dénombrement  des  feux  de  la  cité; 
les  consuls  le  requirent  de  ne  pas  comprendre  dans  ce  nombre  les  clercs, 
les  pauvres  et  les  juifs  dont  ils  lui  donnèrent  la  liste;  elle  est  publiée 
partiellement  sous  le  n"  LIV,  p.  543  ;  il  y  avait  plus  de  722  hommes 
et  408  femmes  pauvres  ;  le  nombre  exact  ne  peut  être  indiqué,  car  le 
commencement  de  11  lignes  manque  dans  le  document  :  d'après  la 
longueur  de  la  lacune,  ce  sont  douze  ou  treize  noms  à  ajouter.  On 
trouvera  encore  des  mandements  royaux  sous  les  n^'  XLI,  XLIII,  L, 
LUI,  LVllI,  LIX,  etc.  Sous  le  no  LX,  toute  une  série  de  pièces  rela- 
tives à  une  affaire  de  représailles  et  à  des  lettres  de  marque  accordées 
par  le  roi  d'Aragon  Jayme  II  à  un  certain  Jacme  Terrons,  de  Tortose, 
qui,  en  vertu  de  ces  lettres,  avait  fait  saisir  par  le  viguier  de  Barce- 
lone une  balle  de  drap  appartenant  à  deux  marchands  français. 
Citerais-je  encore  les  documents  relatifs  à  l'arrestation  des  Lombards 
en  1291  (no  XXX  bis),k  l'expulsion  des  juifs  et  à  la  confiscation  de 
leurs  biens  en  1306  et  1307  (n°^  LVII  et  LVIII)?  Mais  il  n'y  a  pas  dans 
le  volume  de  M.  Alphonse  Blanc  un  document  qui  ne  mérite  d'être 
signalé.  Et  la  série  n'est  pas  fermée,  puisque  l'éditeur  annonce  une 
deuxième  partie  de  ce  second  volume  qui  contiendra,  avec  un  glossaire 
provençal  et  les  tables,  le  reste  des  pièces  justificatives. 

M.  P. 


CHRONIQUE 


M.  L.  Delisle  a  étudié  dans  le  Journal  des  Sai-ants  (janvier-mars  1900, 
p.  16-26,  106-117,  196-197)  l'œuvre  jusqu'ici  à  peu  près  inconnue  d'un  com- 
pilateur du  xv'  siècle,  Jean  Mansel,  conseiller  du  duc  de  Bourgc^ne  et 
receveur  général  des  aides  d'Artois.  Cet  auteur,  outre  des  Histoires  romaines 
et  une  Vita  Chinsti.  a.  compilé  pour  Philippe  le  Bon,  duc  de  Bourgogne, 
une  encyclopédie  historique  intitulée  :  La  Fleur  des  histoires.  A  la  suite 
d'un  examen  sommaire,  M.  L.  D.  a  décrit  et  classé  45  mss.  de  cet  ouvraj^e. 
—  Dans  le  Journal  des  Savants  de  mars  1900,  p.  148-164,  le  même  savant 
a  étudié  un  manuscrit  des  sermons  français  de  saint  Bernard,  conservé  au 
musée  Dobrée,  à  Nantes,  cet  examen  lui  a  fourni  l'occasion  de  retracer 
l'histoire  d'une  belle  coi4ection  privée  de  manuscrits,  celle  de  l'amateur 
genevois  Bourdillon.  —  Dans  le  même  recueil  encore  (avril-mai,  p.  232-242, 
285-291),  M.  L.  D.  a  étudié  l'œuvre  du  chroniqueur  Gérard  d'Auvergne  ou 
d'Anvers.  On  a  de  cet  écrivain  une  compilation  historique,  que  Ton  croyait 
perdue,  intitulée  :  Historia  fujuralis  et  dédiée  au  pape  Grégoire  X  (1272). 
M.  L.  D.  en  a  retrouvé  le  texte  dans  un  manuscrit  de  Cheltenham,  récem- 
ment acquis  par  la  Bibliothèque  nationale  (Nouv.  acq.  lat.  1811);  ce 
manuscrit  présente  un  texte  très  probablement  interpolé  à  Saint-Riquier; 
un  fragment  de  cet  ouvrage  est  conservé  dans  le  ms.  339  de  l'Université 
d'Utrecht,  sous  le  tiUe  de  Bihlia  tabulata.  U PJstoria  figuralis  contient 
d'intéressants  passages  sur  les  traditions  qui  avaient  cours  au  xiii'  siècle,  au 
sujet  des  origines  chrétiennes  de  la  Gaule.  On  a  encore  du  même  chroni- 
queur cinq  manuscrits  d'une  Abbreviatio  Jh/uralis  historiae,  dont  trois 
présentent  un  prologue  en  vers,  imprimé  en  appendice  à  l'étude  que  nous 
analysons  ici.  Gérard  avait  également  écrit  une  compilation  intitulée: 
Flores  historiaruni,  dont  aucun  manuscrit  ne  nous  est  parvenu,  mais  à 
laquelle  il  renvoie  dans  ses  autres  ouvrages,  et  peut-être  aussi  un  Traité 
historique  sur  l'Université  de  Paris.  A.  V. 

*  * 

M.  Mentienne,  dans  un  Mémorandum  ou  Guide  nécessaire  à  ceux 
qui  coudront  écrire  les  monor/rap/iies  des  communes  du  département 
de  la  Seine  (Paris,  H.  Champion,  1899;  in-16,  142  p.),  a  relevé  pour 
chaque  commune  les  documents  ou  séries  de  documents  conservés  aux 
Archives  nationales  et  départementales,  et  indiqué  les  ouvrages  imprimés. 
Le  principal  intérêt  de  ce  répertoire  réside  dans  la  mention  du  contenu  des 


484  CHRONIQUE 

archives  de  chaque  commune;  plusieurs  possèdent  des  registres  de  l'état 
civil  de  la  première  moitié  du  xvi"  siècle;  il  est  regrettable  que  pour  les 
registres  de  l'état  civil  et  pour  les  délibérations  municipales  M.  Mentionne 
n'ait  pas  pu  indiquer  toujours  l'époque  à  laquelle  commencent  les  séries 
conservées.  Malgré  cette  réserve,  le  Mémorandum  seva,  selon  les  intentions 
de  l'auteur,  un  guide  que  l'on  consultera  avec  fruit.  A.  V. 

*  * 

M.  Hermann  Bloch  a  consacré  aux  chartes  anciennes  de  Saint- Vanne  de 
Verdun  un  savant  mémoire  (Die  àltcren  Urkundcn  des  Klostcrs  S.  Vanne 
zu  Verdun.  S.  1.  n.  d.;  in-4%  113  p.  Extr.  du  Ji(hrbuch  der  Gesellschaft 
far  (othrini/tsche  Geschichte  und  Altertamslauide^  X,  1898).  Aucune 
charte  originale  n'a  été  conservée,  mais  les  documents  sont  connus  par  cinq 
cartulaires  conservés  à  la  Bibliothèque  nationale  de  Paris  (Dupuy,  244^ 
lat.  5435,  5214^  17639)  et  un  conservé  à  la  Bibliothèque  municipale  de 
Verdun  (184),  les  deux  plus  anciens  datent  seulement  du  xv'  ou  du 
xvi°  siècle.  M.  B.  a  donné  le  texte  critique  de  trente-neuf  chartes  comprises 
entre  702  et  1046,  plusieurs  du  viii"  siècle  étaient  encore  inédites.  Un 
appendice  contient  le  texte  du  court  polyptj'que  de  l'abbaye  rédigé  au 
x"  siècle  et  déjà  imprimé  par  Guérard.  L'auteur  annonce  une  suite  à  cette 
importante  publication.  A.  V. 

L'on  n'avait  jusqu'à  ce  jour  que  des  renseignements  très  sommaires  sur 
l'Hôtel-Dieu  de  Crécy-en-Brie.  M.  H.  Stein  a  retrouvé  aux  Archives  natio- 
nales (S,  4853)  et  publié  un  petit  cartulaire  de  8  folios  écrits  au  xiv'  siècle 
{Cartidaire  de  V Hôtel-Dieu  de  Crècy-en-Brie,  Lagny,  E.  Colin,  1899; 
in-B",  12  p.  Extr.  du  Bull,  de  la  Conférence  d'histoire  et  d'archéologie 
du  diocèse  de  Meaux,  1899),  et  contenant  15  chartes,  la  plupart  du 
xiii'  siècle,  émanées  de  Gaucher  de  Ghâtillon,  fondateur  de  l'Hôtel-Dieu 
(avant  1209),  de  son  fils  Hugues,  de  Hermier,  doyen  de  Saint-Frambaud  de 
Senlis,  de  Geoffroy,  Guillaume  de  Nemours  et  Guillaume  de  Cuisy,évêques 
de  Meaux,  de  Jean,  abbé  de  Sainte-Geneviève,  de  Berthe,  abbesse  de  Fon- 
tevraud,  du  pape  Honorius  III,  du  roi  Philippe  VI. 

M.  J.  L'Hermitte,  archiviste  de  la  Sartbe,  a  publié  une  Charte  relative  à 
la  maison  de  Comborn  en  Limousin  (Brive.imYtv.  de  Roche,  1899;  in-8°j 
19  p.  Extr.  du  Bull,  de  la  Société  scientifique,  historique  et  archéologique 
de  la  Corrèze,  1899)  :  c'est  un  acte  de  Philippe  le  Bel,  daté  de  Paris, 
mars  1299,  homologuant  un  partage  de  biens  entre  Eustachie  et  Marie  de 
Comborn,  filles  de  Guy,  et  Almodie  de  Comborn.  Le  texte  de  cette  charte 
fournit  un  excellent  commentaire  d'un  passage  des  Vitœ  paparum  acenio- 
nensium  de  Baluze. 

* 


CHRONIQUE  485 

Notre  collaborateur,  M.  Guesnon,  dans  les  articles  publiés  ici  même,  sur 
la  Satire  à  Avras  au  XIII*  siècle,  s'est  servi,  en  l'interprétant  d'une  façon 
tout  à  fait  nouvelle,  du  registre  de  la  Confrérie  des  Jongleurs  d'Arras.  Dans 
une  communication  faite  à  l'Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres 
{Le  Registre  de  la  Confrérie  des  Jongleurs  et  des  Bourgeois  d'Arras. 
Note  sur  le  nis.  fr.  8541  de  la  Bibliothèque  nationale.  Paris,  Impr. 
nationale,  1899;  in-8°,  16  p.  Extr.  des  Comptes  rendus  de  V Académie  des 
inscriptions  et  belles-lettres),  M.  Guesnon  a  montré  que  Ton  a  jusqu'à  ce 
jour  considéré  ce  registre  comme  un  livre  d'entrée  dans  la  confrérie,  alors 
que  c'est  «  un  livre  de  sortie  »,  un  nécrologe.  On  conçoit  toutes  les  inexacti- 
tudes qui  ont  pu  résulter  de  cette  erreur  d'intei'prétation,  portant  sur  dix 
mille  trois  cents  noms  de  jongleurs  et  bourgeois  d'Arras,  compris  entre 
1194  et  1361.  La  démonstration  de  M.  Guesnon  est  fondée  sur  le  manque 
d'accord  qui  existe  entre  les  prescriptions  des  statuts  de  la  confrérie  au 
sujet  des  dates  de  réception  et  de  payement  du  droit  d'entrée  et  les  dates  et 
sommes  inscrites  dans  le  registre,  sur  la  mention  de  morts,  de  provenances 
d'hôpital,  de  services  religieux  qui  accompagnent  certains  noms,  et  enfin, 
et  surtout,  sur  la  comparaison  de  la  chronologie  du  registre  avec  les 
dates  mortuaires  connues  par  d'autres  documents,  l'expérience  faite  par 
M.  Guesnon  sur  cinquante  noms  est  tout  à  fait  probante  pour  la  thèse 
soutenue  par  lui. 

Le  même  érudit  a  encore  publié  sous  le  titre  :  La  Chandelle  d'Arras, 
texte  inédit  du  XIII"  siècle  (ArvaiS,  impr,  de  F.  Guyot,1899;  in-8°,  18  p.), 
une  version  inédite  du  miracle  primordial  de  la  Confrérie  des  Jongleurs 
d'Arras  (Bibl.  nat.,  ms.  fr.  17229).  A.  V. 

Le  tome  XXX  des  Archives  historiques  du  Poitou  (1899)  forme  le  tome 
II  du  Cartulaire  des  sires  de  Ray  s,  publié  par  René  Blanchard,  au  tome 
I"  duquel  nous  avons  consacré  précédemment  un  compte  rendu.  Le  présent 
volume  contient  des  actes  du  xm"  au  xv"  siècle  et  la  table  générale. 

M .  Lauer,  membre  de  l'École  française  de  Rome,  a  entrepris  sous  l'oratoire 
Saint-Lailrent  à  Rome,  connu  sous  \q  nom  àe  S ancta  S anctorum,  ?>e\i]. 
débris  de  l'ancien  patriarchium  du  Latran,  des  fouilles  qui  ont  donné  des 
résultats  fort  intéressants  {Les  fouilles  du  Sancta  Sanctorum  au  Latran. 
Rome,  1900;  in-8°,  41  p., 4  pi.  dont  1  en  coul.  Extr.  des  Mélanges  d'ar- 
chéologie et  d'histoire,  X.X.).  Sous  la,  scala  santa  M.  Lauer  a  étudié  les 
trois  salles  qui  correspondent  à  l'ancien  oratoire  de  saint  Grégoire  le  Grand. 
Il  y  a  reconnu  des  colonnes  et  des  piliers  qui  semblent  être  les  débris  d'un 
portique  du  ix°  siècle  restauré  par  Léon  III  ;  sur  les  piliers  sont  des  fresques 
qui  paraissent  dater  du  xi*  ou  du  xii°  siècle  et  représentent  l'ensevelissement 
de  saint  Jean  l'Évangéliste;  deux  clercs,  dont  l'un  est  indiqué  par  une  ins- 
cription comme  étant  le  pape  saint  Etienne;  l'autre,  dont  les  attributs  ponti- 
ficaux ont  été  grattés,  pourrait  être  le  pape  saint  Sylvestre  ;  un  personnage 
Moyen  Age,  t.  XIII.  27 


486  CHRONIQUE 

nimbé  revôtu  du  pallium;  un  christ  ù  mi-coips,  vu  jadis  en  pied  par 
Maraugoni;  entindeux  saintes.  Toutes  ces  peintures  ont  subi  des  retouches 
postérieures  au  xi'  siècle.  Sous  la  chapelle  du  Sdiirfa  Snnctoruin,  M.  Lauer 
a  retrouvé  un  puits  à  ossements  pour  lequel  on  a  utilisé  des  murs  préexistants, 
murs  appartenant  primitivement  à  quelque  salle  du  patriarciduin  et  ornés 
de  peintures;  ce  puits  sert  de  chambre  d'accès  à  un  réduit  sur  la  muraille 
duquel  M.  Lauer  a  découvert  une  fresque  représentant  un  personnage  vêtu 
de  la  toge  classique,  sans  barbe,  sans  nimbe,  assis  devant  un  pupitre  et 
tenant  dans  la  main  gauche  un  rouleau;  une  inscription  fournit  le  distique  : 

Divcrsi  diccrsa  pati-es,  sed  hic  oinnia  dixit, 
Romano  cloquio  mjjstica  sensa  tonans. 

M,  Lauer  identiâe  le  personnage  avec  saint  Augustin  et  rapporte  au 
Vf  siècle  l'exécution  de  cette  peinture.  La  fresque  ayant  2  m.  50  de  haut, 
il  est  à  présumer  que  le  réduit  où  on  l'a  reconnue  n'e&t  que  l'angle  d'une 
salle  spacieuse.  M.  Lauer  voit  avec  vraisemblance,  dans  cette  salle,  l'ancien 
scriniuinsanctuni  Latcranease,  première  bibliothèque  du  Latran,  dépôt  des 
archives  pontificales  et  siège  de  la  schola  notarlufiun.  A.  V. 

*  * 

Bien  qu'en  dehors  du  cadre  du  Moi/cii  Age^  nous  tenons  cependant  à  si- 
gnaler l'apparition  du  tome  III  de  V Album  historique,  publié  sous  la  direc- 
tion de  M.  Ernest  Lavisse,  par  M.  A.  Parmentier  (Le  xvi"  et  le  xvii° siècle. 
Costume,  habitation,  mobilier,  armes,  Église,  enseignement,  beaux-arts, 
agriculture,  industrie,  commerce,  etc.  —  Paris,  Armand  Colin,  1900; 
in-4",  i-viii-292  p.,  orné  de  nombreuses  gravures),  pour  ceux  de  nos  lec- 
teurs qui  se  sont  déjà  procuré  les  deux  premiers  volumes,  et  qui  tiennent  à 
suivre  cette  publication  fort  intéressante.  Ils  retrouveront  dans  celui-ci  les 
mêmes  qualités  que  dans  les  précédents,  et  que  nous  avons  déjà  signalées  : 
une  grande  clarté  de  texte,  une  illustration  choisie  avec  discernement,  iné- 
dite pour  une  bonne  part,  et  pour  laquelle  les  différents  dépôts  de  la  Biblio- 
thèque nationale  ont  été  mis  largement  à  contribution,  une  bibliographie 
abondante,  et  des  tables  très  développées,  destinées  à  rendre  aux  travailleurs 
des  services  qui  seront  sûrement  appréciés.  Georges  Riat. 

* 

M.  R.  Poupardin  a  retrouvé  sur  un  feuillet  du  ms.  1283  du  fonds  de  la 
reine  Christine  au  Vatican  des  notes  généalogiques  concernant  les  comtes 
d'Anjou  (G('nèalof/ics  anr/^cines  du  XI°  sièclr.  Rome,  1900;  in-8°,  12  p. 
Extr.  des  Mélanges  d'archrologir.  H  d'histoire,  XX).  Ces  notes  écrites  à 
la  fin  du  xi'  ou  au  début  du  xn°  siècle,  à  Saint-Aubin  d'Angers,  indépen- 
dantes des  Gesta  consulum  andcgavensiiwi ,  fournissent  pour  les  princes 
bretons  quelques  noms  et  quelques  renseignements  nouveaux,  et  peuvent 
servir  à  contrôler  les  données  fournies  par  d'autres  textes. 

A.   V. 

*  * 


CHRONIQUE  487 

M.  Maurice  Tourneux,  à  qui  l'on  doit  une  Table  des  pièces  inédites  ou 
supposées  telles,  publiées  dans  les  douze  premières  années  de  V Aniafcur 
d'(ia(o(/r(tp/ies  de  Cliaravay  (1862-1874),  vient  de  publier  pour  les  années 
187.J-1H92  du  même  recueil  une  lable  analogue  comprenant  en  outre  tous 
les  articles,  comptes  rendus  de  ventes,  et  de  livres,  articles  nécrologiques 
et  nouvelles  diverses  (Table  générale  des  lettres  et  documents  contenus 
dans  l'Amateur  d'autographes,  première  série,  2'  période,  1875-1892.  Paris, 
N.  Cbaravay.  1900;  in-8°,  vn-33p.).On  sait  combien  sont  riches  et  curieuses 
les  collections  toujours  vivantes  de  la  maison  Cbaravay,  on  sait  aussi  quelle 
curiosité  et  quelle  compétence  Etienne  Cbaravay  apportait  dans  l'étude  des 
autographes  modernes  et  des  documents  du  moyen  âge.  La  table  de  V Amateur 
d'autographes  est  par  suite  un  l'épertoire  appelé  à  rendre  aux  travailleurs 
de  réels  services.  —Un  hotumage  plus  directencorea  été  rendu  à  la  mémoire 
de  feu  Etienne  Cbaravay  par  M.  Tourneux,  dans  une  notice  nécrologique 
parue  dans  la  Rrcolution  française  et  tirée  à  part  avec  un  portrait  en  hélio- 
gravure sous  le  titre  :  Etienne  Cliararay,  sa  vie  et  ses  travaux  (Paris,  3, 
rue  de  Furstenberg,  1900;  in-8°,17  p.,  portr.).  La  bibliographie  dont  M.  Tour- 
neux a  fait  suivre  la  notice  biographique  est  disposée  méthodiquement, 
les  travaux  relatifs  à  l'histoire  moderne  sont  les  plus  nombreux  ;  il 
faut  cependant  signaler  ici  la  liste  des  travaux  se  rapi^ortant  aux 
fonctions  d'expert  en  autographes,  remplies  par  E.  Cbaravay,  et  une  longue 
liste  des  catalogues  des  principales  ventes  effectuées  par  lui  (n"'  47  à  145). 
—  A  M.  Tourneux  également  est  due  la  Table  de  la  Reçue  d'Histoire 
littéraire  de  la  France  pour  les  années  1894-1898  (Paris,  A.  Colin, 
1900;  in-8'',  vii-74  p.).  Sans  être  exclue  de  la  Reçue,  l'histoire  littéraire 
du  moyen  âge  n'y  occupe  que  peu  de  place;  cependant,  à  notre  point  de 
vue,  la  Table  de  M.  Tourneux  est  encore  un  répertoire  utile,  car  l'auteur  y  a 
fait  figurer,  outre  les  articles  de  fonds,  documents  et  mélanges,  les  comptes 
rendus,  les  dépouillements  périodiques  de  revues,  les  titres  de  livres 
nouveaux.  A.  V. 

*  * 

Le  département  des  mss.  du  Musée  Britannique  a  publié  en  1899  une 
nouvelle  édition  du  Guide  de  son  exposition  permanente  (B/'rYt.s/;  Muséum. 
A  guide  to  the  manuscripts,  autographs,  charters,  seals,  illuminations  and 
bindings  exhibitedin  the  department  of  manuscripts  and  in  the  Grencille 
librarg.  [London]  printed  by  order  of  the  Trustées,  1899  ;  in-8°,  139  p.,  20  pL). 
Les  médiévistes  y  trouveront  la  notifie  de  quelques  autographes  royaux 
anglais  du  moyen  âge,  d'uue  belle  série  de  chartes,  de  i')9  mss.  grecs,  de 
73  mss.  latins,  de  15  mss.  anglais,  de  17  des  plus  célèbres  chroniques  an- 
glaises, la  description  de  ces  derniers  mss.  est  plus  particulièrement  détaillée, 
de  5 mss.  de  l'Écriture,  de  350  sceaux,  de  111  mss.  à  miniatures, de  36  reliures 
de  mss.  Le  Guide  se  termine  par  une  liste  chronologique  des  bienfaiteurs, 
suivie  du  sommaire  de  5  séries  de  fac-similés  de  30  pi.  chacune,  en  vente 
au  Musée  Britannique  au  prix  de  7  sh.  6  d.  Chaque  planche  est  également 
en  vente  au  prix  de  3  d.  avec  texte  imprimé.  A.  V. 


488  LIVRES    NOUVEAUX 

Sous  le  titre:  Cariulairc  de  l'ahhaye  du Ronceray  d'Angers,  table  alpha- 
bétique des  noms  dressée  par  Eugène  Vallée  et  imprimée  sous  les  auspices 
et  aux  frais  du  Comte  Bertrand  de  Broussillon  (Paris,  Picard,  1900;  in-8% 
XV  p.  et  p.  385  à  405).  vient  de  paraître  la  Table  du  cartulaire  imprimé 
par  Paul  Marchegay  dès  1846  et  publié  seulement  en  1880  comme  troisième 
volume  des  archives  d'Anjou.  L'abbaye  du  Ronceray  a  été  fondée  près 
d'Angers  par  Foulques  Narra.  Le  cartulaire,  aujourd'hui  conservé  à  la 
Bibliothèque  d'Angers  sous  le  n°  760^  se  présente  sous  la  forme  de  six 
rouleaux  opisthographes.  Il  contient  des  actes  de  1028  à  11X5.  C'est  un  recueil 
de  première  importance.  Le  comte  de  Brousillon,  à  qui  l'on  doit  la  publica- 
tion d'un  si  grand  nombre  de  documents  précieux,  s'est  acquis  un  nouveau 
titre  à  la  reconnaissance  des  historiens,  en  faisant  dresser  la  Table  du 
cartulaire  du  Ronceray.  Les  noms  de  lieux  ont  été  identifiés.  M.  Vallée 
a  ajouté  un  errata  au  travail  de  Marchegay.  Enfin  le  volume  renferme 
un  fac-similé  phototypique  d'une  portion  du  rouleau  angevin.         M.  P. 

Avec  le 2'' fascicule  du  volume  III,  M.  Cesare  Paoli  a  achevé  le  Pro- 
gramma scolastico  di  Paleografia  latina  e  di  diplomatica  (Firenze, 
Sansoni,  1900;  in-8%  p.  159  à  294).  Ce  fascicule,  consacré,  comme  le  pré- 
cédent, à  la  diplomatique,  comprend  les  chapitres  suivants  :  datation  des 
documents  ;  leurs  caractères  extérieurs;  leur  tradition  et  leur  conservation. 
Ce  ne  sont  que  des  notions  générales^  mais  exposées  avec  méthode  et 
clarté  ,  et  si  M.  Paoli  a  surtout  résumé  les  travaux  des  diplomatistes  qui 
l'ont  précédé,  il  y  a  ajouté  le  résultat  des  observations  qu'il  a  faites  directe- 
ment sur  les  documents  des  archives  italiennes.  M.  P. 


LIVRES   NOUVEAUX 


592.  Adan  de  la  Hale.  Le  Bochu  d'Arras.  Canchons  und  Partures.  Hrsg. 
von  R.  Berger.  1  Bd.  Canchons.  —  Halle,  M.  Niemeyer,  1900;  in-S", 
viii-530  p.  (Romanische  Bibliothek.  XVII.)  (12  m.) 

593.  Albertus  de  Brudzevvo.  Commentariolum  super  theoricas  novas 
planetarum  Georgii  Purbachii,  in  studio  generali  Cracoviensi  diligenter 
corrogatum  a.  D.  mcccclxxxii.  Post  editionem  principem  Mediola- 
nensem  a.  mccccxcv  ad  fidem  codicum  edendum  curavit  L.  A.  Birken- 
majer.  —  Krakau,  Buchhandlung  der  polnischen  Verlagsgesellschaft, 
1900;  in-8°,  lvi-169  p.  (Munera  saecularia  Universitatis  Cracoviensis  quin- 
gentesimum  annum  ab  instauratione  sua  soUemniter  celebrantis.  IV.) 

594.  Allard  (Paul).  Julien  l'Apostat.  Tome  I".  La  société  au  iv°  siècle. 
La  jeunesse  de  Julien.  Julien  César.  —  Paris,  Lecofîre,  1900;  in-8".  (6  fr.) 

595.  Allemagne  (Henry  d').  Musée  du  luminaire.  (Exposition  universelle, 


LIVRES  NOUVEAUX  489 

classe  75,    groupe  XII.)  Exposition  centennale.   —   Chartres,    impr.  de 
Durand,  1900;  in-8»,  19  p. 

596.  Amardel  (G.).  Le  comte  de  Narboune  Gilbert.  —  Narbonne,  impr. 
de  Gaillard  (1900);  in-8%  10  p.  (Extr.  du  Bull,  delà  Coinnùssion  archèol. 
de  Narbonne.) 

597.  Amardel  (G.).  Le  Denier  mérovingien  de  Narbonne.  —  Narbonne, 
impr.  de  Gaillard,  1900;  in-8",  12  p.  (Extr.  du  Bull,  de  la  Commission 
archèol.  de  Narbonne.) 

598.  Am.^rdel  (G.).  Les  liards  de  France.  —  Narbonne,  impr.  de  Gail- 
lard, 1900;  in-8°,  16  p.  (Extr.  du  Bull,  de  la  Commission  archèol.  do 
Narbonne.) 

599.  Amardel  (G.).  La  première  monnaie  deMilon,  comte  de  Narbonne. 
—  Narbonne,  impr,  de  Gaillard,  1900;  in-S",  12  p.  (Extr.  du  Bull,  de  la 
Commission  archèol.  de  Narbonne.) 

600.  Amiot  (G.).  Inventaire  analytique  des  archives  de  la  ville  de  Cher- 
bourg antérieures  à  1790.  —  Cherbourg,  impr.  de  L'Hôtellier,  1900;  in-8", 
xii-439  p. 

601.  Angot  (Abbé  A.).  Dictionnaire  historique,  topographique  et  bio- 
graphique de  la  Mayenne.  I.  —  Laval,  Goupil,  1900;  in-S",  vii-851  p. 

602.  Arbellot  (Abbé).  Vie  de  saint  Yrieix,  ses  miracles  et  son  culte.  — 
Paris,  Haton,  1900;  in-8%  viii-98  p. 

603.  AuvRAY  (Lucien)  et  Henri  Omont."  Catalogue  général  des  manuscrits 
français  de  la  Bibliothèque  nationale.  Ancien  Saint-Germain  français.  III: 
n"  18677-20064  du  fonds  français. '—[Paris.  Leroux,  1900;  in-8%  xi-563  p. 

604.  Babeau  (A.)-  Les  Publications  de  la  ville  de  Paris  au  xviir  siècle, 
discours  prononcé  à  l'assemblée  générale  de  la  Société  de  l'Histoire  de  Paris 
et  de  r Ile-de-France,  le  8  mai  1900.  —  Nogent-le-Rotrou,  impr.  de  Dau- 
peley-Gouverneur,  1900;  in-8°,  20  p.  (Extr.  du  Bull,  de  la  Soc.  de  l'histoire 
de  Paris  et  de  l'Ile-de-France.) 

605.  Badin  de  Montjoye  (R.).  Histoire  généalogique  des  maisons  de 
Beaufort,  de  Maumont  et  de  la  Celle,  seigneurs  du  Monteil-Sunier.  — 
Paris,  Conseil  héraldique,  1900;  in-8%  46  p.  (Extr.  de  la  Rec.  des  Questions 
héraldiques.) 

606.  Beissel  (St.).  Das  Evangelienbuch  Heinrichs  III,  ausdem  Dôme 
zu  Goslar  in  der  Bibliothek  zu  Upsala,  in  seiner  Bedeutung  ftir  Kunst  und 
Liturgie,  mit  e.  Einleitung  von  A.  Schnûtgen.  —  Dusseldorâ,  L.  Schwann, 
1900;  in-8%  47  p.,  1  pi.  (Réimpr.  d'après  la  Zeitschrift  f.  christl.  Kunst.) 
(2  m.  40.) 

607.  Bellet  (Mgr  Charles-Félix).  L'âge  de  la  Vie  de  saint  Martial.  — 
Paris,  5,  rue  Saint-Simon,  1900;  in-8%  38  p.  (Extr.  de  la  Rec.  des  Ques- 
tions historiques.) 

608.  Berthold.  Die  Wissenschaft  und  das  Augustiner-Chorherrenstift 
Klosterneuburg.  Ein  Beitrag  zur  osterr.  Literaturgeschichte.  —  Wien, 
Mayer  &G%  1900;  in-8%  68  p. 

609.  Bindino  da  Travalle.  La  Gronaca  (1315-1416)  édita  a  cura  di 
V.  Lusini.  —  Siena,  E,  Torrini,  1900;  in-8°.  (10  1.) 


490  LIVRES   NOUVEAUX 

610.  B.10RKMANN  (E.).  Scandinavian  loanwoi'ds  in  raiddle  English. 
1  p-ir{.  —  Halle,  M.  Niemeyer,  1900;  in-8°,  vi-191  p.  (Studien  zur  engli- 
soheu  Philologie.  VII.)  (5  m.) 

611.  Blanchf.t  (Adrien).  Talismans  anciens.  —  Nogent-le-Rotrou,  irapr. 
de  Daupeley-Gouverneur,  1900;  in-8%  12  p.  (Extr.  avec  additions  du  Bull. 
de  la  Soc.  des  Antiquaires  de  France.) 

612.  Blondel  (J.-E.).  Phonologie  historique  de  la  langue  française. — 
Pau,  Guillaumin,  1900;  in-8",  499  p. 

613.  BoNNO  (Abbé).  La  Forôt  de  Jouy-le-Châtel.  —  Paris,  Inipr.  natio- 
nale, 1900;  in-8°,  12  p.  (Extr.  du  Bull,  de  ;f('o;jr.  hist.  et  descriptirr.) 

614.  Bordes  (G.).  L'Apologétique  d'Origène,  d'après  le  a  Contre  Celse», 
thèse.  —  Cahors,  impr.  de  Coueslant,  1900;  in-8°,  79  p. 

615.  Bouvier  (Henri).  La  tour  de  Villechat. —Sens,  impr.  deDuehemin, 
1900:  in-8%  22  p.  (Extr.  du  Bull,  de  la  Soc.   nrchéol.   de  Sens.) 

616.  Brandin  (Louis).  Inedita  der  altfranzosischen  Liederhandschrift 
Pb.5    (Bibl.  nat.,  846).  —  Berlin,  W.  Gronau,  1900;  in-8°,  45  p. 

617.  Bresse  (Dom  J.).  Les  diverses  sortes  de  moines  en  Orient  avant  le 
concile  de  Chalcédoine  (451).  —  Paris,  Leroux,  1899;  in-8",  44  p.  (Extr.  de 
la  Rei:.  de  l'histoire  des  religions.) 

618.  Bridrey  (Emile).  La  condition  juridique  des  croisés  et  le  privilège 
de  croix.  —  Paris,  V.  Giard  et  E.  Brière,  1930;  in-8°.  (6  fr.) 

619.  Brix  (O.).  Ueber  die  mittelenglische  Uebersetzung  des  Spéculum 
hunianae  salvationis .  —Berlin,  Mayer  und  Millier,  1900;  in-S",  vii-126  p. 
(Palaestra.  Untersuchungen  und  Texte  aus  der  deutschen  und  engl.  Philo- 
logie. VII.)  (3  m.  60.) 

620.  Capes  (W.  W.).  English  church  in  14  th.  and  15  th.  centuries. 
Vol.  III.  —  London,  Macmillan  and  Co,  1900;  in-8".  (7  sh.  6  d.) 

621.  Cappellazzi  (A.).Lapersona  nella  dottrinadi  S.  Tommaso  d'Aquino. 
—  Siena,  tip.  S.  Bernardino,  1900  ;  in-16.  (3  1.) 

622.  Carra  de  Vaux  (Baron).  Les  grands  philosophes.  Avicenne.  — 
Paris,  F.  Alcan,  1900;  in-8%  vii-304  p.,  plan.  (5  fr.) 

623.  Catalogue  des  moulages  de  sculptures  appartenant  aux  divers  centres 
et  aux  diverses  époques  d'art  exposés  dans  les  galeries  du  Trocadéro  (musée 
de  sculpture  comparée).  —  Paris,  Irapr.  nationale,  1900;  in-8°,  243  p. 
(Ministère  de  l'Instruction  publique  et  des  beaux-arts.  Direction  des  beaux- 
arts.) 

624.  Catalogue  du  musée  de  la  ville  de  Carpentras  avec  notice  historique, 
parj.  L.  —  Carpentras,  Brun,  1900;  in-16,  80  p. 

625.  Catalogue  du  musée  départemental  de  Kériolet.  —  Concarneau,  Le 
Tendre,  1900;  in-32,  115  p.  (0  fr.  .50.) 

626.  Cauchemk  (V.).  Description  des  fouilles  archéologiques  exécutées 
dans  la  forêt  de  Compiègne,  sous  la  direction  de  M.  Albert  de  Roucy. 
1 :  1.  Rapport  de  M.  Albert  de  Roucy.  2.  Fouilles  du  Mont-Berny.  —  Com- 
piègne, impr.  de  Lefebvre,  1900;  in-4",  67  p.,  15  pi.  (Société  historique  de 
Compiègne.) 


LIVRES    NOUVEAUX  491 

627.  Chalandon  (Ferdinand).  La  diplomatique  des  Normands  de  Sicile  et 
de  l'Italie  méridionale.  —  Rome,  impr.  de  Ciiggiani.  11)00;  in-8\  47  p., 
2  pi.  (Extr.  des  Mclanijrs  d'nrclu''ûlo(jie  et  d'histoire.  XX.) 

628.  Chaludet  (Abbé).  Notice  sigillographique  sur  les  évoques  d'Auvergne 
et  de  Saint-Flour.  —  Aurillac,  Impr.  moderne,  189b>;  in-8",  213  p. 

629.  Chandenier  (Félix).  Le  P.  Laire,  la  bibliothèque  et  le  musée  de  la 
ville  de  Sens.  —  Sens,  impr.  de  Duchemin,  l'JOO;  in-S",  93  p.  (Extr.  du 
Bull .  de  la  Soc.  archéol.  de  Sens.) 

630.  Clauss  (J.  m.  B.).  Historisch-topographisches  Wôrterbuch  des 
Elsass.  7  Lfg.  -  Zabern,  A.  Fuchs,  1900;  in-8°,  p.  385-448.  (1  m.) 

631.  Clugnet  (L.).  Bibliographie  du  culte  local  de  la  Vierge  Marie. 
France.  I  :  Province  ecclésiastique  d'Aix.  —  Paris,  A.  Picard  et  fils  (1900); 
in-8»,  78  p. 

632.  Codices  graeci  et  latini  photographiée  depicti,  duce  S.  De  Vries. 
V.  Plautus.  Codex  Heidelbergensis  1613,  Palatinus  C,  phototypice  editus. 
Praefatus  est  C.  Zangemeister.  —  Leiden,  A.  W.  Sijthotî,  1900;  in-fol., 
xviii-474  p.  en  phototypie. 

633.  CoLLON(Abbé  A.).  Reliques  de  saint  Porchairc.  Exposé  sommaire. 
—  Poitiers,  Société  française  d'imprimerie  et  de  librairie,  190J  ;  in-8",  4  p. 
(Extr.  de  la  Semaine  religieuse  de  Poitiers.) 

634.  Creissels.  Mesures  prises  à  Toulouse  pour  assurer  la  conservation 
des  vieilles  minutes  notariales  et  en  faciliter  les  communications  demandées 
en  vue  des  travaux  historiques.  —  Paris,  Impr.  nationale,  1900;  in-8°, 
15  p.  (Extr.  du  Bull.  hist.  et  philoloijique  du  Comité  des  travaux  his- 
toriques.) 

635.  Cushmann  (L.  W.).  The  devil  and  the  vice  in  the  English  dramatic 
literature  before  Shakespeare.  —  Halle,  M.  Niemeyer,  1900;  in-S^xv-HS  p. 
(Studien  zur  englischen  Philologie.  VI,)  (5  m.). 

636.  Darney  (Georges).  Neuilly-sur-Seine,  monographie.  —  Auxerre, 
impr.  de  Lanier,1900;  in-8",  260  p.  (7  fr.  50.) 

637.  Dauzat  (A.).  Études  linguistiques  sur  la  Basse-Auvergne.  Morpho- 
logie du  patois  de  Vinzelles.  —  Paris,  Bouillon,  1900;  in-b",  315  p.,  carte. 
(Bibliothèque  de  l'École  des  Hautes-Études.  126'  fasc). 

638.  Delisle  (L.).  Les  Heures  de  l'amiral  Prigent  de  Coëtivy.  —  Nogent- 
le-Rotrou,  impr.  de  Daupeley-Gouverneur,  1900  ;  in-8°,  17  p.  (Extr.  de  la 
Bibliothèque  de  V École  des  chartes.) 

639.  Deloume  (Antonin).  Aperçu  historique  de  la  Faculté  de  droit  de 
l'Université  de  Toulouse,  maistres  et  escoliers  de  l'an  1228  à  1900.—  Paris, 
Fontemoing,  1900;  in-8".  (3  fr.  50.) 

640.  Delpeuch  (Maurice).  Un  livre  d'or  de  la  Marine  française.  Com- 
mandants d'escadres,  de  divisions  et  de  bâtiments  de  guerre  morts  à  l'en- 
nemi de  1217  à  1900.  —  Paris,  Berger-Levrault,  1900;  in-8°,  xvi-160  p. 

641.  Denys  le  Chartreux.  Opéra  omnia  in  unum  corpus  digesta  ad 
fidem  editionum  Coloniensium  cura  et  labore  inonachorum  sacri  ordinis 
Cartusiensis.  VUI  :  In  Ecclesiasticum  et  in  Isaiam.  —  Montreuil,  impr. 
d'Arnauné,  1899;  in-8%  838  p. 


492  LIVRES    NOUVEAUX 

642.  Déprez  (Eugène).  Les  funérailles  de  Clément  VI  et  d'Innocent  VI, 
d'après  les  comptes  de  la  cour  pontificale.  —  Rome,  impr.  de  P.  Cuggiani, 
1900;  in-8°,  20  p.  (Extr.  des  Mélanges  d'archéologie  et  d'histoire.  XX.) 

643.  Déprez  (Eugène).  Recueil  de  documents  pontificaux  conservés  dans 
diverses  archives  d'Italie  (xiii*  et  xiv"  siècles),  art.  2.  —  Rome,  E.  Loescher^ 
1900;  in-8°,  55  p.  (Extr.  des  Qiiellea  und  Forschungen  ans  italienischen 
Archicen  und  Bibliotheken.) 

644.  Déprez  (Eugène).  Les  sources  de  l'histoire  de  France,  1888-1898. — 
Paris,  5,  rue  Saint-Simon,  1900;  ln-8°,  33  p.  (Congrès  bibliographique 
international  tenu  à  Paris  du  13  au  16  avril  1898,  sous  les  auspices  de  la 
Société  bibliographique.) 

645.  DoMAxsKi  (B.).  Die  Psychologie  des  Nemesius.  —  Munster,  Aschen- 
dorff,  1900;  in-8",  xx-168  p.  (Beitràge  zur  Geschichte  der  Philosophie  des 
Mittelalters.  III,  1.)  (6  m.). 

646.  Donation  d'un  livre  d'heures  en  vélin  par  Gérard  de  Dain ville, 
évêque  et  comte  de  Cambrai,  à  Jeanne  des  Planques,  sa  parente,  religieuse 
à  l'abbaye  noble  d'Etrun  (14  février  1374),  suivi  de  :  Entrée  et  séjour  à 
Cambrai  de  Charles  IV,  empereur  et  roi  de  Bohême,  et  de  son  fils  Wenceslas, 
roi  des  Romains,  22-26  décembre  1378.  —  Arras,  impr.  de  Laroche,  1900; 
in-4°,  4  p. 

647.  DoNiOL  (Henri).  Serfs  et  vilains  au  moyen  âge.  —  Paris,  A.  Picard 
etfils,  1900;  in-8%  vi-299  p. 

648.  Dubois  (Joseph).  Le  canton  d'Eymoutiers,  géographie,  histoire.  — 
Limoges,  V^e  Ducourtieux,  1900;  in-8°,  259  p.,  plan,  et  carte. 

649.  Duchesne  (M^"'  L.).  Saint-Jacques  en  Galice.  —  Toulouse,  Privât, 
1900  :  in-8%  37  p. 

650.  Du  Plessis  de  Grenédan  (C"  J.).  Histoire  de  l'autorité  paternelle  et 
de  la  société  familiale  en  France  avant  1789  (les  origines,  l'époque 
franque,  le  moyen  âge  et  les  temps  modernes).  —  Paris,  A.  Rousseau, 
1900;in-8',ix-632  p. 

651.  DuREY  (L.).  Étude  sur  l'œuvre  de  Paracelse,  médecin  hermétiste, 
astrologue,  alchimiste,  et  sur  quelques  médecins  hermétistes  (Arnauld  de 
Villeneuve,  J.  Candan,  Cornélius  Agrippa).  Thèse.  —  Paris,  Vigot  frères, 
1900;  in-8°,  157  p. 

652.  Ehrler  (J.).  Agrargeschichte  und  Agrarwesen'  der  Johanniter- 
herrschaft  Heitersheim.  Ein  Beitrag  zur  Wirtschaftsgeschichte  des  B^eis- 
gaus.  —  Tubingen,  J.C.B.  Mohr,  1900;  in-8°,  viii,  77  p.  (Volkswirtschaft- 
liche  Abhandlungen  der  badischen  Hochschulen.  IV,  2.)  (2  m.  50.) 

653.  Floren'ti.t-Loriot.  Chenay.  —  Alençon,  impr.  de  Manier,  1900: 
in-8°,  8  p.  (Extr.  du  Bull,  de  la  Soc.  hist.  et  archèol.  de  l'Orne.) 

654.  Foix(P.  de).  Testament  du  cardinal  Pierre  de  Foix  (3  août  1464), 
publié  par  MM.  Labande  et  Requin.  —  Paris,  Impr.  nationale,  1900; 
iu-8",  28  p.  (E.xtr.  du  Bull.  hist.  et  philol.  du  Comité  des  tracanx 
historiques.) 

655.  FoERSTER  (M.).  Bêowulf-Materialien.  —  Braunschweig,  G.  Wes- 
termann,  1900  ;  in-8%  11  p. 


LIVRES    NOUVEAUX  493 

656.  FouLQUiÉ  (Charles.).  Ktude  sur  les  tribunaux  du  Comtat-Venais- 
sin,  pendant  la  domination  des  papes.  —  Nîmes,  Impr.  coopérative  ou- 
vrière la  Laborieuse,  1900;  in-8\  63  p. 

657.  FouRNiER  (A.).  Topographie  ancienne  du  département  des  Vosges. 
IX.  La  Voge  (bassin  de  la  Saône).  —  Épinal,  impr.  de  Huguenin,  1900; 
in-8%  145  p.  (Extr.  des  Annal  rs  delà  Soc.  d'cmnlation  des  Vosfjes.) 

658.  Fyot  (Eugène).  Le  château  et  les  seigneurs  de  Brandon.  — Autun, 
Dejussieu,  1900;  in-8°,  108  p.  (Extr.  des  Mém.  de  la  Soc.  èduenne.) 

659.  Gairal  (Eugène).  Les  œuvres  d'art  et  le  droit.  —  Lyon,  impr.  de 
Legendre,  1900;  in-8»,  477  p. 

660.  Gestoso  y  Pérez.  Ensayo  de  un  diccionariode  los  artifices  queflore- 
oieron  en  Sevilla  desde  el  siglo  xiii  al  xviii  inclusive.  Tomo  I  :  A.-O.  — 
Sevilla,  La  Aiidalucia  moderna,  1900;  in-4°.  (10  pes.  50  c.) 

661.  Giard  (R.).  Note  sur  une  ancienne  «  charte  partie  »  conservée  aux 
Archives  nationales.  —  Nogent-le-Rotrou,  impr.  de  Daupeley-Gouverneur, 
1900;  in-8'',  6  p.  (Extr.  de  la  Bibliothèque  de  l'Ecole  des  chartes.) 

662.  GiovAGNOLi.  Benedetto  IX.  —  Milano,  P.  Carrara,  1900;  in-8°, 
(7  1.) 

663.  Giraud  (J.-B.).  Documents  pour  servir  à  l'histoire  de  l'armement 
au  moyen  âge  et  à  la  Renaissance.  IX  :  Notes  pour  servir  à  l'histoire  de 
la  sidérurgie  en  Lorraine  (arsenal  de  Nancy,  mines,  forges,  armes,  etc.).  — 
Lyon,  l'auteur,  1900;  in-8",  p.  99  à  191. 

664.  Giry  (A.).  Étude  critique  sur  quelques  documents,  angevins  de 
l'époque  carolingienne  1.  Diplômes  de  Charlemagne  et  privilège  de  Charles 
le  Chauve,  en  faveur  de  Saint-Aubin  d'Angers.  II.  Diplômes  faux  de  l'abbaye 
de  Saint-Florent.  —  Paris,  Klincksieck,  1900;  in-4°,  74  p.  (Extr.  des  Mém. 
de  V Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres.) 

665.  GoDEFROY  (F.).  Dictionnaire  de  l'ancienne  langue  française.  T.  X, 
fasc.  96:  Precios-Rancir.  —  Paris,  Bouillon,  1900;  in  4°,  p.  401-480. 

666.  GouRDON  (Louis).  Essai  sur  la  conversion  de  saint  Augustin, 
thèse.  —  Cahors,  impr.  de  Coueslant,  1900;  in-8"',  91  p. 

667.  Graeven  (H.).  Typen  der  Wiener  Genesis  auf  byzantinischen 
Elbenbeinreliefs.  — Leipzig,  G.  Freytag,  1900;  in-fol.,  21  p.  (Extr.  du 
Jahrbuch  d.  kunsthist.  Sammlungen  des  allerh.  Kaiserhauses.) 

668.  Grégoire  (C).  Excursion  dans  le  canton  de  Saint-Pourçain.  — 
Moulins,  Grégoire,  1900;  in-8°,  m-136p. 

669.  Guelliot  (D' O.}.  Deux  nouveaux  oculistes  gallo-romains,  C.  Sem- 
pronius  Doctus  et  M.  Jucundus.  —  Reims,  impr.  de  Monce  (1900)  ;  in-8'', 
13  p.  (Extr.  des  Tracaux  de  l'Acad.  de  Reims.  CVI.) 

670.  GuERLiN  de  Guer  (Ch.).  La  dialectologie  normande,  organisation  et 
méthode.  —  Caen,  Delesques,  1900;  in-S",  14  p. 

671.  Guilloreau  (Dom  Léon).  Études  monastiques.  I:  Fragments  d'un 
obituaire  de  la  Chartreuse  du  parc  d'Orques-en-Charme  avec  introduction 
et  notes.  —  Mamers,  Fleury  et  Dangin,  1900;  in-8",  80  p.  (Extr.  de  la  Rec. 
hist.  etarchèol.  du  Maine.) 


494  LIVRES    NOUVEAUX 

G72.  Gutemberg-Feier  in  Mainz,  1900.  —  Mainz,  Mainzer  Verlags- 
anstalt  und  Druckerei,  1900;  in-8%  vii-116,  31,  63,  67,  87,  23  et  32  p. 
(2  m.) 

673.  Hahn(T.).  Tyconius  Studien.  Ein  Beiti'ag  zur  Kirchen-  u.  Dog- 
mengeschichte  des  4  Jahrh.  —  Leipzig,  Dieterich,  1900;  in-8°,  vii-116  p. 
(Studien  zur  Gescliichte  der  Théologie  und  der  Kirche.  VI,  2.)  (2  m. 50.) 

674.  Hartmann  vonAue.  Werke.  IV:  Gregorius.  Hrsg.  von  H.  Paul. 
2  Aufl.  —  Halle,  M.  Niemeyer,  1900;  in-8%  xxiii-103  p.  (Altdeutsche 
Textbibliothek.  2.)  (1  m.  20.) 

675.  Hartwig  (O.).  Festschrift  zum  500  jàhrigen  Geburtstage  von  Johann 
Gutenberg.  —  Leipzig,  O.  Harrassowitz,  1900;  in  4%  vii-584  p.  et  atlas  de 
35  pi.  (Centralblatt fur  Bibliothekswesen.  Bhfte,  XX1II.)(25  m.) 

676.  Hartwig  (O.).  Festschrift  zum  500  jàhrigen  Geburtstage  von  Johann 
Gutenberg.  Im  Auftrage  der  Stadt  Mainz  hrsg.  —  Leipzig, O.  Harrassowitz, 
1900;  in-4%  iii-455  p.,  35  pi.  (50m.) 

677.  Hauviller(E.).  Analecta  Argentinensia.  Vatikanische  Akten  und 
Regesten  zur  Geschichte  des  Bist.  Strassburg  in  xiv  Jahrh.  (Johann  XXII, 
1316-1334)  und  Beitràge  zur  Reichs-  und  Bistumsgeschichte.  I.  —Strass- 
burg, E.  Van  Hauten,  1900;  in-8%  clxxxii-  369  p.  (20  m.) 

678.  Heptateuchi  partis  posterioris  versio  latina  antiquissima  e  codice 
Lugdunensi.  Version  latine  du  Deutéronome,  de  Josné  et  des  Juges,  an- 
térieure à  saint  Jérôme,  publiée  d'après  le  ms.  de  Lyon,  avec  un  fac- 
similé,  des  observations  paléographiques  et  philologiques  sur  l'origine  et  la 
valeur  de  ce  texte,  par  Ulysse  Robert.  —  Lyon,  Rey,  1900;  in-4",  xxxvi- 
163  p. 

679.  Herzog  (E.).  Untersuchungen  zu  Mace  de  la  Charité's  altfranzôsi- 
scher  Uebersetzung  des  alten  Testamentes. —  Wien,  C.Gerold's  Sohn,  1900; 
in-8°,  82  p.  (Extr.  de  Sit^^ungsber.  cl.  k.  Akad .  des  Wissenschuftcti.) 

680.  Hilarin  de  Lucerne  (Le  P.).  Fr.  Julien  de  Spire  et  la  légende 
anonyme  de  saint  François. —  Paris,  5,  rue  de  la  Santé,  1900;  in-8°,  51  p. 
(Extr.  des  Études  franciscaines.) 

681.  HiLDEBRAND(K..).  Stockholms  stads privilegiebref,  1423-1700. 1  Hft.— 
Stockholm,  VVahlstrôm  &  Widstrand,  1900;  in-8".  (3  kr.) 

682.  Homo  (Léon).  Lexique  de  topographie  romaine.  Avec  une  introduc- 
tion de  R.  Gagnât.  —  Paris,  Klincksieck,  1900  ;  in-12,  xix-690  p.  et  plans 
(Nouvelle  collection  à  l'usage  des  classes.) 

683.  Inventaire  sommaire  des  archives  communales  de  la  ville  de  Grave- 
lines  antérieures  à  1790.  — Lille,  impr.  de  Danel,  1900;  in-4%  xxi-78  p. 

684  Jagic  (V.).  Zur  Entstehungsgeschichte  der  kirchenslavischen 
Sprache.  1  Hâlfte.  —  Wien,  G.  Gerold's  Sohn,  1900;  in  4",  88  p.  (Extr. 
des  Denkschriften  d.  k.  Akad.  des  Wissenschaften.) 

685.  Joanne.  Compiègne  et  Pierrefonds.  Forêts  de  Compiègne,  Laigne, 
Ourscamp.  —  Paris,  Hachette,  1900  ;  in-16,  194  p.,  4  plans  et  1  carte.  (Col- 
lection des  Guides  Joanne.)  (1  fr.) 

686.  Kaindl  (R.).  Studien  zur  den  ungarischen   Geschichtsquellen.  IX- 


LIVRES    NOUVEAUX  495 

XII.  —  Wien,  C.  Gerold's  Sohn,  1900;  in-8%  106  p.  (Extr.  de  VArrhio 
fur  ôsterr.  Gcschichtc.) 

687.  Kalkar  (O.).  Ordbog  til  detaeldre  danske  sprog  (1300-1700).  — 
Kopenhagen,  Gad,  1900  ;  in-8V 

688  Kastil  (A.).  Die  Frago  nach  der  Erkeantnis  des  Guten  bei  Aristo- 
teles  und  Thomas  von  Aquin .  —  Wien,  C  Gerold's  Sohn,  1900  ;  ia-8°, 
38  p.  (Extr.  des  SiUtinfjshrr.  d.  h.  Almd.  der  Wiascnschafto.n.) 

689.  Katalog  der  in  derStadtbibliothek  zu  Frankfurta.  M.  veranstalteten 
Austellung  deutscher  Buchillustrationen  bis  Albrecht  Diirer.  —  Frankfurt 
a.  M.,  Gebr.  Knauer,  1900;  in-8*,  22  p.,  1  portr. 

690.  Kerviler  (René).  Répertoire  général  de  bio-bibliographie  bretonne. 
Livre  I":  les  Bretons.  T. XII,  ;i3'  fasc:  Dez-Dreg— Rennes,  Plihon et  Hervé 
1900;  in-8%  p.  161-320. 

691.  KiRCHENHEiM  (A.  von)  Kirchenrecht.  Fiir  deutsche  Theologen  und 
Juristen.  —  Bonn,  A.  Marcus  und  C  Weber,  1900;in-8°,  xvi-407  p.  (Samm- 
lung  tbeologischer  Handbiicher.  VI .  )  (8  m.) 

692.  Kneib  (Ph.).  Die  Unsterblichkeit  der  Seele,  bewiesen  aus  dem 
hoheren  Erkennen  und  Wollen.  Ein  Beitrag  zur  Apologetik  und  zur 
Wûrdigung  der  thoraistischen  Philosophie.  — Wien,  Mayer  und  C"  1900; 
In-S",  viii-135  p.  (Apologetische  Studien,  hrsg  von  der  Leo-Gesellschaft. 
1,4.) 

693.  Labande  (L. -H.).  Études  d'histoire  et  d'archéologie  romane.  Saint- 
Symphorien  de  Caumont.  —  Avignon,  Seguin,  1900;  in-8°,  23  p.  (Extr. 
des  Mèin.  de  l'Acad.  de  Vauclasc.) 

691.  La  Borderie  (Arthur  de).  Étude  historique  bretonne.  La  jeunesse  de 
Jean  V,  duc  de  Bretagne,  1399-1410.  — Vannes,  impr.  de  Lafolye,  1900; 
in-8°,  26  p.  (Extr.  de  la  Rcv.  de  Bretcu/iie,  de  Vendée  et  d'Anjou.) 

695.  Lambin  (Emile).  La  Flore  de  la  cathédrale  de  Meaux.  —  Meaux, 
Leblondel,  1900;  in-8",  14  p.  (Extr.  de  la  Rer.  de  l'art  chrétien.) 

696.  L^aNicollière-Teijeiro  (S.  de).  Nantes.  Incendies  et  sauveteurs,  essai 
historique  d'après  les  documents  inédits  des  archives  municipales 
(ix'  siècle-1800).  —Vannes,  impr.  de  Lafolye,  1900  ;  in-8M01  p.  (Extr. 
du  Bull,  de  la  Soc.  archéol.  de  Nantes  et  du  dép.  de  la  Loire-Inférieure, 
1899.) 

697.  Lebey  (André).  Essai  sur  Laurent,  dit  le  Magnifique. —  Paris,  Perrin, 
1900  ;    in-16,  ii-323  p.  (3  fr.  50.  ) 

.  698.  Lee(S.).  Dictionaryof  national  biography.  Vol.LXlII:  Wordsworth- 
Zuylestein.  Indexes  to  vols.  1-14.  —  London,  Smith,  Elder  &  C°,  1900; 
in-8°.  (15  sh.) 

699.  Lefèvre  (André).  Les  Gaulois.  Origines  et  croyances. —  Paris, 
Schleicher  1900;  in-18,  203  p.  (Bibliothèque  d'histoire  et  de  géographie 
universelle.  I.) 

700.  Levistre  (Louis).  A  propos  des  monuments  mégalithiques  du  Bour- 
bonnais aux  environs  de  Vichy.  Réponse  à  un  profane.  —  Bône,  impr. 
Bônoise,  1900;  in-8°,  37  p. 


496  LIVRES    NOUVEAUX 

701.  L'HoTE  (AbbéJ.-B.  Edmond).  La  Vie  des  saints,  bienheureux,  véné- 
rables et  autres  personnages  du  diocèse  de  Saint-Dié.  II  :  Du  viii'  au 
xix°  siècle.  —  Saint-Dié,  impr,  de  Hubert,  1897;  in-8°,  687  p. 

702.  LoERSCH  (H.).  Die  Weistiimer  der  Rheinprovinz.  1  Abtlg.  Die 
Weistiimer  der  Kurfùrstent.  Trier.  1  Bd.  Oberamt  Boppard,  Haupstadt 
und  Anit  Koblenz,  Amt  Bergpflege.  —  Bonn,  H.  Behrendt,  1900;  in-S", 
L-352  p.  (Publikationen  der  Gesellschaft  fiir  Rheinische  Geschichtskunde, 
XVIII.)  (9  m.) 

703. Loi  et  décrets  relatifs  à  la  conservation  des  monuments  historiques. 
Liste  des  monuments  classés.  —  Paris,  Imprimerie  nationale,  1900;  in-16, 
105  p.  (Ministère  de  rinstruction  publique  et  des  beaux-arts.) 

704.  Louis  XI.  Lettres  de  Louis  XI^  roi  de  France,  publiées  d'après  les 
originaux  pour  la  Société  de  l'histoire  de  France,  par  Joseph  Vaesen  et 
Etienne  Charavay.  T.  VII  :  Lettres  de  Louis  XI  (1478-1479),  publiées  par 
Joseph  Vaesen.  —  Paris,  Laurens,  1900;  in-8'',  342  p. 

705.  Macé  (Alcide).  De  emendando  difierentiarum  libre  qui  inscribitur: 
De  proprietate  sermonum  et  Isidori  Hispalensis  esse  fertur.  —  Rennes, 
impr.  de  Simon,  1900;  in-8%  168  p. 

706.  MANDEViLLE(Jean  de).  Travels.  The  version  ofthe  Cotton  manuscript 
in  modem  spelling.  —  London,Macmillan  and  C°,  1900;  in-8°.  (3  sh.  6  d.) 

707.  Manuscrits  récemment  entrés  dans  les  collections  de  la  Bibliothèque 
nationale  (1891-1900)  et  exposés  dans  la  Galerie  mazarine.  —  Nogent-Ie- 
Rotrou,  impr.  de  Daupeley-Gouverneur,  1900;  in-S",  4  p.  (Extr.  de  la 
Bibliothèque  de  V École  des  chartes.) 

708.  Marchesi  (C).  Bartolomeo  délia  Fonte  (Bartholomaeus  Fontius). 
Contributo  alla  storia  degli  studi  classici  in  Firenze  nella  seconda  meta 
del  quattrocento.  —  Catania,  N.  Giannotta,  1900;  in-8°,  196  p.  (4  1.) 

709.  Martin  Sabon  (F.).  Supplément  au  Catalogue  des  photographies 
archéologiques  faites  dans  les  villes,  bourgs  et  villages  de  l'Ile-de-France 
et  dans  les  provinces  de  Picardie,  Normandie,  Bretagne,  Touraine,  d'après  les 
monuments,  églises,  châteaux,  etc.  —  Paris,  Giraudon  (1900);  in-8°,44  p. 

710.  Meier  (P.  J.)Die  Bau- und  Kunstdenkmâler  des  Kreises  Braun- 
schweig,  mit  Ausschluss  der  Stadt  Braunschweig.  —  Wolfenbiittel, 
J.  Zwissler,  1900;in-8°,  xvi-380  p.  (Die  Bau-  und  Kunstdenkmâler  des 
Herzogth.  Braunschweig  im  Auftrage  desherzogl.  Staatsministerium,  hrsg. 
von  der  herzogl. braunschweig.  Bau-Direction.  II.)  (10  m.) 

711.  Merlo  (J.  J.).  Ulrich  Zell,  Kolns  erster  Drucker.  Nach  dem  hinter- 
lassenen  Mskr.  bearb.  vonO.  Zaretzky.  Hrsg.  von  der  Stadtbibliothek  in 
Koln.  — Kôln,  KôlnerVerlags-Anstalt  undDruckerei,  1900,  in-8%  vii-73p., 
8  pi.  (Festgabe  zur  Gutenbergfeier.  1900.)  (5  m.) 

712.  MicHAUD  (Abbé  G.).  Saint-Maurice-la-Fougereuse  et  son  prieuré 
millénaire.  —  Parthenay,  impr.  de  Gante,  1900;  in-S",  188  p. 

713.  Michel  (Edmond).  Le  château  de  Brie-Comte-Robert.  —  Brie- 
Comte-Robert,  impr.  de  E.  Thomas,  1900;  in-S",  81  p.,  pL 

714.  Michel    (Jules).    Deux    grands    personnages    ecclésiastiques^  au 


LIVRES   NOUVEAUX  497 

viii' siècle,  essai  d'histoire  et  d'archéologie,  suivi  d'une  note  paléographique 
par  Maurice  Prou.  —  Sens,  impr.  de  Duchemin,  1900;  in-8",  54  p.,  2  pi. 

715.  MiCHELET  (J.).  Etienne  Marcel.  —  Paris,  Calmann-Lévy,  1900; 
in-18.  (3fr.  50.) 

71(3.  MiROT  (Léon)  et  Eugène  Déprez.  Les  ambassades  anglaises  pendant 
la  guerre  de  Cent-Ans.  Catalogue  chronologique  (1327-1450).  —  Paris, 
Picard,  1900  ;  in-8",  106  p.  (Extr.  de  la  Bibliothèque  de  l'École  des  chartes.) 

717.  MiTzscHKE  (P.).  Wegweiser  durch  die  historischen  Archive  Thii- 
ringens.  —  Gotha,  F.  A.  Perthes,  1900;  in-8°.  ix-86  p.  (2  m.) 

718.  MoREL  (Léon).  Denier  remois  attribué  à  Hugues  de  Vermandois, 
trente-sixième  archevêque  de  Reims.  —  Reims,  impr.  de  Monce,  1900; 
in-8%  4  p. 

719.  MoRTET  (Victor).  Un  ancien  devis  languedocien.  Marché  pour  la 
reconstruction  du  campanile  de  l'église  de  la  Dalbade  à  Toulouse  (1381).  — 
Toulouse,  E.  Privât,  1900;  in-8°,  14  p.  (Extr.  des  Annales  du  Midi.) 

720.  Moulé  (L.).  Histoire  de  la  médecine  vétérinaire.  Deuxième  période. 
Histoire  de  la  médecine  vétérinaire  au  moyen  âge,  476  à  1500.  Deuxième 
partie.  La  médecine  vétérinaire  en  Europe.  —  Paris,  impr.  de  Maulde, 
Doumencet  C'%  1900;  in-8%  182  p. 

721.  MuLLER  (Fz.  S.)  Schetsen  uit  de  middeleeuvi'en .  —  Amsterdam, 
S.  L.  Van  Looy,  1900  ;  in-8°.  (2  fl.  40.) 

722.  Muratori  (L.  A.).  Rerum  italicarum  scriptores.  Raccolta  degli 
storiciitaliani  dal  cinquecento  al  millecinquecento.Nuovaedizione  riveduta, 
ampliata  e  corretta  con  la  direzione  di  G.  Carducci.  Fasc.  1-2  :  Historia 
miscella  di  L.  Sagace.  Fasc.  3-4:  Le  vite  dei  dogi  di  Marin  Sanudo.  — 
Città  di  Castello,  S.  Lapi,  1900;  in-4°.  (10  L,  subscr.  5  1.) 

723.  Narbey  (Abbé  C.).  Supplément  aux  a  Acta  Sanctorum  »  pour  des  Vies 
de  saints  de  l'époque  mérovingienne.  T.  I"  contenant  des  documents  nou- 
veaux ou  peu  connus  sur  toutes  les  églises  des  Gaules  (cinquante)  qui  se 
gloriflent  de  remonter  aux  temps  apostoliques  ou  quasi  apostoliques.  — 
Paris,  Le  Soudier,  Welter,  1899;  in-4»,  x-635  p.,  34  pi. 

724.  Neckel  (G.  V.).Ueber  die  altgermanischen  Relativsâtze.  —  Berlin, 
Mayer  und  Miiller,  1900;  in-8°,  vii-96  p.  (Palaestra.  Untersuchungen  und 
Texte ausder  deutschen  und  englischen  Philologie.  V.)  (2  m.  60.) 

725.  Ordinale  conventus  Vallis  Caulium,  the  rule  of  the  monastic 
order  of  Val  des  Choux  in  Burgundy,  from  the  original  mss.  preserved 
in  the  Bibliothèque  nationale,  Paris,  the  archives  of  Moulins-sur-AUier, 
with  an  introduction  by  W.  de  Gray  Birch.  —  London,  Longmans,  Green 
and  C\  1900;  in-8",  xxxviii-202  p.,  4  pi. 

726.  Pasquier  (F.)  et  R.  Roger.  Château  de  Foix.  Notice  historique  et 
archéologique.  —  Foix,  Gadrat  aîné,  1900;  in-S",  161  p.  et  plans. 

727.  Peiresc.  Lettres  de  Peiresc,  publiées  par  Philippe  Tamizey  de  Lar- 
roque.  VII:  Lettres  de  Peiresc  à  divers  (1602-1637).  —  Paris,  Leroux,  1898; 
in-4%  viii-943  p.  (Collection  des  documents  inédits  sur  l'histoire  de  France.) 

728.  Perrin  (A.).   Histoire  de  Savoie,  des  origines  à  1860.  Chronologie 


498  LIVRES    NOUVEAUX 

des  principaux  faits  de  l'histoire  de  Savoie  jusqu'à  nos  jours.  —  Chambéry, 
Perrin,  1900;  in-16,  viii-303  p. 

729.  PouPARDiN  (René).  Généalogies  angevines  du  xf  siècle.  —  Rome, 
impr.  de  Cuggiani,  1900;  in-8°,  12  p.  (Extr.  des  Mélanges  d'archéologie 
et  d'histoire.  XX.) 

730.  Poux  (Joseph).  Notes  et  documents  sur  les  mines  de  charbon  de 
Boussagues  en  Bas-Languedoc,  aux  xiii"  et  xiv'  siècles.  —  Paris,  Impr. 
nationale,  1900;  in-«°,  32  p.  (Extr.  du.  Bull,  historique  et  philologique  du 
Comité  des  travaux  historiques.) 

731.  Premier  (Le)  évèque  de  Lugdunum.  Hommages  rendus  à  la  mé- 
moire de  saint  Pothin,  par  une  Société  d'ecclésiastiques  sous  la  direction  de 
M.  le  chanoine  Th.  Richoud,  curé-archiprêtre  de  la  paroisse  de  Saint- 
Pothin.  —  Lyon,  impr.  de  Witte,  1900;  in-8°,  376  p. 

732.  Prou  (Maurice)  et  abbé  E.  Chartraire.  Authentiques  de  reliques 
conservées  au  trésor  de  la  cathédrale  de  Sens.  -  Paris,  Nogent-le-Rotrou, 
impr.  de  Daupeley-Gouverneur,  1900;  in-8",  46  p.,  pi.  (Extr.  des  Mèm .  de 
la  Soc.  nationale  des  Antiquaires  de  France.) 

733.  Reinach  (S.).  Les  croissants  d'or  irlandais.  —  Chartres,  impr.  de 
Durand,  1900;  in-8°,  32  p.  (Extr.  de  la  Rev.  celtique.) 

734.  Renard  (E.).  Die  Kunstdenkmâler  der  Kreise  Gummersbach,Wald- 
broel  und  Wipperfiirth.  —  Diisseldorff,  L.  Schwann,  1900;  in-8%  vi-135  p. 
(Die  Kunstdenkmâler  der  Rheinprovinz,  hrsg.  von  P.  Clemen.V,  1.  (5  m.) 

735.  RiAT  (Georges).  L'art  des  jardins.  — ■  Paris,  May,  1900;  in-8°.  389  p. 
(Bibliothèque  de  l'enseignement  des  beaux-arts.) 

736.  RiAT  (Georges).  Les  villes  d'art  célèbres,  Paris.  —  Paris,  Laurens, 
1900;  in-8°,  207  p. 

737.  Robert  (A.).  Le  château  de  Pierrefonds,  avec  une  préface  de  M.  H. 
Lemonnier.  —  Paris,  L.-H.  May,  1900  ;  in-8°.  (2  fr.) 

738.  Rott(E.).  Histoire  de  la  représentation  diplomatique  de  la  France 
auprès  des  cantons  suisses,  de  leurs  alliés  et  de  leurs  confédérés.  I  :  1430- 
1559.  —  Paris,  Alcan,  1900;  in-8°.  (12  fr.) 

739.  Salvioli  (G.).  Contributi  alla  storia  economica  d'Italia  nel  medio 
evo.  L  —  Palermo,  A.  Reber,  1900;  in-4°.  (4  1.) 

740.  Saussk  (Georges).  Étude  sur  quelques  chapelles  romanes  de  Provence. 
—  Caen,  Delesques,  1900;  in-8°,  54  p.  (Extr.  du  Bull,  monumental.) 

741.  ScHLUMBERGER  (Gustave).  L'Épopée  byzantine.  Seconde  partie: 
Basile  W,  le  tueur  de  Bulgares.  —  Paris,  Hachette,  1900;  in-4'',  xi-659  p. 
(30  fr.) 

742.  ScHMiTZ  (Jean).  Le  douaire  coutumier  à  partir  du  xui°  siècle  et  sa 
suppression.  —  Paris,  Larose,  1900;  in-8",  107  p.  (4  fr.) 

743.  ScHWAN  und  Behrens.  Grammaire  de  l'ancien  français.  Traduction 
française  d'après  la  4°  éd.  allemande,  par  O.  Bloch,  avec  une  préface  de 
F.  Brunot.  — Leipzig,  O.  R.  Reisland;  Paris,  Fischbacher,  1900;  in-8', 
v  111-278  p.  (5  m.  40.) 

744.  Schwenke  (P.).  Untersuchungen  zur  Geschichte  des  ersten  Buch- 


LIVRES    NOUVEAUX  499 

drucks.  —  Berlin,  A.  Asher  &  C\  1900;  in-8",  ix-90  p.  (Festschrift  zur 
Gulenbergfeiei^hrsg.  von  derkonigl.  Bibliothek  zu  Berlin  am  24,  vi,  1900.) 
(5  m.) 

745.  Simon  (S.).  Grammaire  du  patois  wallon  du  canton  de  la  Poutroye 
(Schiiierlach,  Haute-Alsace).  —  Paris,  Caron,  1900;  in-lG,  xv-45;3  p. 

740.  SoYER  (Jacques).  Compte  des  recettes  et  dépenses  de  la  ville  de  Blois 
en  1404.  —  Blois,  impr.  de  Migault,  1900;  in -8",  48  p. 

747.  Sti:ffenhagen  ^E.).  Zur  Erinnerung  an  die  Gutenberg-Austellung 
inKiei.  —  Kiel,  E.  Marquardsen^  1900;  in-8°,  34  p.  (1  m.) 

748.  Stieve(R.).  Zabern  im  Elsass,  oder  Elsass-Zabern.  Geschichte 
der  Stadt,  seit  Julius  Càsar  bis  zu  Bismarcks  Tod.  —  Zabern,  A.  Fuchs, 
1900;  in-8",  viii-259p.,  2  pi.  (Bausteine  zu  elsass-lothringischen  Geschichts- 
und  Landeskunde.  VI.)  (5  m.) 

749.  SucHET  (Chanoine).  Apostolat  des  saints  Ferréol  et  Ferjeux  en 
Franche-Comté.  —  Besançon,  Bossanne,  1899;in-12,  142  p. 

750.  Supplementum  sive  Auctarium  Solesmense  ad  utramque  J.  P. 
Migne  Patrologiam.  Séries  liturgica.  Tomus  I.  Veterum  Ambrosianae 
liturgiae  monumentorum  absoluta  collectio.  I^  1.  Codex  sacramentorum 
Bergomensis.  —  Solesmes^  impr.  Saint-Pierre,  1900;  in-8%  208  p. 

751.  Tambara  (Giuseppe).  L'episodio  di  Guido  da  Montefeltro  nell'  In- 
ferno  Dantesco.   —  Palermo,  R.  Sandron,  1900;  in-l6,  32  p. 

752.  Tannery  (P.)  et  abbé  Clerval.  Une  correspondance  d'écolâtres  du 
xi°  siècle.  —  Paris,  Kliucksieck,  1900;  in-4°,  61  p.  (Tiré  des  Notices  et 
Extraits  des  niss.  de  la  Bibliothèque  nationale  et  autres  bibliothèques.) 

753.  Taube  (F.  W.).  Ludwigder  Aeltere  als  Markgraf  von  Brandenburg 
(1323-1351).  -  Berlin,  E.  Ebering,  1900;  in-8°,  147  p.  (Historische  Stu- 
dien.  XVll.)  (4  m.) 

754.  Tholin(G.).  Abrégé  de  l'histoire  des  communes  du  département  de 
Lot-et  Garonne.  Rédigea  l'aide  des  notices  manuscrites  laissées  par  M.  A, 
de  Bellecombe  (Arrondissement  d'Agen).  —  Auch,  impr.de  Cocharaux, 
1900;  in-8%  XI v-158  p. 

755.  TiKKANEN  (J.  J.).  Die  Psalterillustration  im  Mittelalter.  1  Bd.  Die 
Psalterillustration  in  der  Kunstgeschichte,  3  Hft.  Abandlâudische  Psalter- 
illustration. Der  Utrecht  Psalter.  —  Leipzig,  K.  W.  Hiersemann,  1900; 
in-4%p.  153-320.  (7  m.) 

756.  Tille  (A.).  Die  Benediktinerabtei  St  Martin  bei  Trier.  Ein  Beitrag 
zur  Trierer  Klostergeschichte.  —  Trier,  F.  Lintz,  1900;  in-8°,  viu-94,  40  p. 
et  p.  33-48,1  pi.  (Trierisches  Archiv,  hrsg.  von  M.  Keuffer.  IV.)  (3  m.  50.) 

757.  ToMBELAiNE  (M''  de).  Le  Mont  Saint-Michel  et  ses  merveilles, 
l'abbaye,  le  musée,  la  ville  et  les  remparts.  —  Paris,  Mendel  (1900)  ;  in-18, 
145  p.  (1  fr.) 

758.  Valentin  (Abbé  L.).  Saint  Prosper  d'Aquitaine.  Étude  sur  la  littéra- 
ture latine  ecclésiastique  au  v"  siècle  en  Gaule.  —  Toulouse,  Privât,  1900; 
in-8%  940  p. 

759.  Vallée  (Ph.).  Inventaire  sommaire  des  archives  communales  anté- 


500  LIVRES    NOUVEAUX 

rieures  à  1790.  Ville  de  Dijon.  T.  IV. —  Dijon,  impr.  de  Carré  etBerthoud, 
1900;  in-4',  447  p. 

700.  Van  Eys  (W.  J.).  Bibliographie  des  Bibles  et  des  Nouveaux  Testa- 
ments en  langue  française  des  xv°  et  xvi'  siècles.  I.  Bibles.  —  Genève, 
H.  Kuudig,  1900;  in-8°,  viii-211  p. 

761.  Vauvillé(0.).  Note  sur  des  enceintes  à  Ambleny  (Aisne)  et  àFro- 
court.  —  Nogent-le-Rotrou,  impr.  de  Daupeley-Gouverneurj  1900;  in-8°, 
36  p.  (Extr.  des  Mcni.  de  la  Soc.  nationale  des  Antiquaires  de  France.) 

762.  VoRETzscH  (C).  Epische  Studien.  Beitràge  zur  Geschichte  der 
franzôs.  Heldensage  und  Heldendichtung.  1.  Hft  :  Die  Compositionen  des 
Huou  von  Bordeaux,  nebst  krit.  Bemerkungen  ùber  Begrifl  und  Bedeutung 
der  Sage.  —  Halle,  M.  Niemeyer,  1900;  in-8°,  xni-420  p.  (10  m.) 

763.  Warner  (George  F.),  llluminated  manuscripts  in  the  British  Mu- 
séum. II.  —  London,  Quaritch,  1900;  in-fol. 

764.  WisLOCKi  (W.).  Incunabulatypograpbica  bibliothecae  Universitatis 
Jagellonicae  Cracoviensis  inde  ab  inventa  arte  imprimendi  usque  ad  a. 
1500,  secundum  Hainii  «  Repertorium  bibliographicum  »,  una  cum  cons- 
pectu  virorum  qui  libres  olim  habueraut^,  benefactorum  bibliothecae  liga- 
torum  Cracoviensium.  —  Krakau,  Buchhandlung  der  polnischen  Verlags- 
gesellschaft,  1900;  in-8°,  sxxiv-634  p.  (Munera  saecularia  Universitatis 
Cracoviensis  quingentesimum  annum  ab  instauratione  sua  sollemniter 
celebrantis.  III.) 

765.  WoisiN  (J.).  Ueber  die  Anfànge  des  Merovingerreiches.  1  Tl.  — 
Meldorf,  M.  Hansen,  1900;  in-8\  49  p.  (1  m.  20.) 

766.  Wyss  (A.  V.).  Ein  deutscher  Cisianus  f.  d.  J.  1444,  gedruckt  von 
Gutenberg.  —  Strassburg,  H.  J.  E.  Heitz,  1900;  in-4",  19  p.,  1  pi. 
(Drucke  und  Holzsclinitte  des  XV  und  XVI  Jahrh.  in  getreuer  Nachbil- 
dung.  V.)  (3  m.) 

767.  Zedler  (G.).  Die  Inkunabeln  nassauischer  Bibliotheken.  Festschrift 
zur  500  jàhr.  Gedàchtnisfeier  Johann  Gutenbergs.  —  Wiesbaden,  R. 
Bechtold,  1900  ;  in-8°,  viii-114  p.  (Annalen  des  Vereinâ  f.  nassauische 
Altertumskunde  und  Geschichtsforschung.  XXXI,  1.) 


Le  Gérant  :  V^e  E.  Bouillon  . 


CHALON-SUR-SAONE,    IMPRIMEKIE  FRANÇAISE    ET   ORIENTALE    E.    BERTRAND 


DOCUMENTS 

POUR  SERVIR  A  L'HISTOIRE  DES  MŒURS 

AU  XIIP  ET  AU  XIV-  SIÈCLE 


11.  —  LES  FAUX  MONNAYEUKS  DE  PUYGIRON 

(1327) 


Puygiron  {Podium  Guironis)  est  une  localité  voisine  de 
Montélimar^  où  les  comtes  de  Valentinois  et  de  Diois  ont  eu 
leur  plus  ancien  atelier  monétaire  '  :  dès  le  premier  tiers  du 
xiv*^  siècle,  un  personnel  assermenté  y  était  employé  à  battre 
la  monnaie  spéciale  au  comté. 

C'est  là  qu'en  1327  la  cour  du  comte  Aymar  IV  (1277-1329) 
eut  à  s'occuper  d'une  affaire  de  fausse  monnaie,  dont  quelques 
pièces  ont  été  conservées  dans  un  registre  des  archives  de 
l'Isère'.  Des  faits,  révélés  par  la  voix  publique  à  la  charge  de 
trois  personnes  employées  à  l'atelier  de  Puygiron,  motivèrent 
l'acte  d'accusation  qui  fut  dressé  le  5  octobre, 

1.  Puygiron  (Drôme,  arrondissement  et  canton  de  Montélimai). 

2.  Longtemi^son  a  cru  que  les  comtes  de  Valentinois  et  de  Diois  n'avaient 
pas  battu  monnaie  avant  1357.  époque  où  i'évêque  de  Valence  et  de  Die 
céda  au  comte  Aymar  VI  de  Poitiers  la  seigneurie  de  Crest,  dans  laquelle 
le  comte  établit  sa  monnaie  (Cf.  Poéy  d'Avant,  Monnaies  féodales  (1857), 
III,  35'2,  et  les  observations  d'E.  Caron,  Monnaies  féodales  (1882),  p.  226, 
d'après  Vallier,  Reçue  numismatique  beUje  (1877),  p.  317). 

3.  Registre  intitulé  :  Processus  contra  falsos  monetarios  in  comitatu 
Valenliniensi  et  Diensi  (Archives  dép.  de  l'Isère,  B.  2840.  Registre  de 
47  feuillets.  Cf.  Pilot-Dethorey,  Inrentaire  sommaire  des  Archices  de  l'Isère, 
t.  II,  p.  128).  Plusieurs  pièces  sont  ou  paraissent  incomplètes;  mais  sauf 
dans  un  cas  (cf.  infra,  p.  509),  les  lacunes  sont  peu  importantes.  —  Le  docu- 
ment, qui  provient  des  archives  des  comtes  de  Valentinois,  est  passé  avec 
elles  dans  des  archives  delphinales. 

Moyen  Age,  t.  XIII,  28 


502  G. -A.    HiCKEL 

Deux  frères,  Guillaume  et  Bertrand  de  Fijac,  coupeurs  de 
métaux  à  Puj^giron,  étaient  inculpés  d'avoir  fait  parvenir  frau- 
duleusement au  monnayeur  Guillaume  de  Pak:me  des  pièces 
de  métal  non  encore  monnayées,  ou  llans,  destinées  ii  la  frappe 
de  gillats  (Jullati)  de  neuf  deniers,  monnr.io  italienne  qui 
parait  avoir  eu  cours  alors  dans  le  comté  do  ValentinoisV 

Il  s'agissait  de  doubler  la  valeur  légale  des  pièces  en  ques- 
tion en  les  frappant  au  cours  de  gillats  de  18  deniers,  alors  que 
leur  titre  réel  correspondait  à  un  cours  de  9  deniers  '.  Guillaume 
de  Palerme  était  accusé  d'avoir  exécuté  cette  opération,  d'avoir 
mélangé  les  faux  gillats  ainsi  fabriqués  <à  des  gillats  monnayés 
régulièrement  au  cours  de  18  deniers,  pour  mettre  le  tout  en 
circulation  à  ce  dernier  cours'. 

1.  Ce  que  le  document  que  nous  analysons  appelle  desjulla(i,  ce  sont  les 
gillats  (liliati)  du  royaume  de  Naples,  créés  à  la  fin  de  1302.  Cf.  L.  Blan- 
card,  Gillatl  ou  carlins  des  rois  aiu/ecins  de  Napl/'s,  dans  Renie  nuinis- 
maiiqtie,  1883,  pp.  432-446.  Le  type  de  cette  monnaie  est  reproduit  dans 
Pooy  d'Avant,  Monnaies  féodales,  t.  II,  pi.  LXXXIX,  fig.  11  à  15,  et  dans 
Blancard,  loc  cit.  Blancard,  ihid.,  p.  436,  signale  la  frappe,  sous  le 
roi  Robert  (1309-1341),  de  gillats  en  Provence,  lesquels  ont  eu  un  cours 
très  étendu  et  ont  été  contrefaits.  Dans  un  compte  pontifical  (d'un 
collecteur  de  décimes  pour  la  province  d'Arles^  1319),  le  receveur  dit  avoir 
reçu  149  jidhati  du  roi  Robert,  «  julhato  quolibet  pro  XIIII  den.  cum  obolo  » 
(cité  par  M.  Prou,  Revue  nundsniaii'/uc,  1897,  p.  175).  Une  pièce  du  Trésor 
des  cbartes  (JJ.  65,  n°  80),  dit  d'un  certain  Déranger  Lambert,  accusé 
d'avoir  mis  en  circulation  de  la  fausse  monnaie  :  «  Obolos  albos  falsos  de 
Podimonte,  jullatos  et  julhatas  modici  valoris  émit  seu  emi  fecit.  »  Il  est 
remarquable  que  cette  pièce  (citée  par  Du  Cange,  III,  922  C)  est  également 
de  1327.  Le  document  que  nous  analysons  prouve  qu'il  y  avait  des  gillats 
à  18  deniers  et  à  9  deniers,  de  même  dimension,  mais  différents  de  poids. 

2.  Reg.  B.  2840,  fol.  1  r".  Chefs  d'accusation  : 

1°  «  Quod  nuper  Bertrandus  et  Guillelmus  de  Fijac,  fratres,  operat'ii 
deputati  uionetae  quae  cuditur  (ms.  claditnv)  in  loco  vocato  Podio  Guironis, 
scienter  et  dolose  tradiderunt  seu  tradi  fecerunt  Guillelmo  de  Palerma» 
monetario  dictae  raonetae,  flausonos  factos  et  ordinatos  ad  cudendum  (ms. 
c/«(/e/u////;0  et  faciendum  jullatos  de  ix  d.,inducendo  fraudulose  dictum 
Guillelmum  de  Palerma  monetarium  ut  praedictos  flausonos  factos  et  ordi- 
natos pro  jullatis  IX  d.  fabricaret  et  cuderet  (ms.  cluderct)  ad  consimili- 
tudinem  juUatorum  xviii  d.  » 

3.  Ihid.  2":  «Quod  praedictus  Guillelmus  de  Palerma,  raonetarius,  flausonos 
praedictos  scienter  accepit  de  manibus  dictorum  fratrum,  et  ipsis  iratribus 


LES    FAIX    .MONNAYEURS    DE    PUYCIRON  503 

A  ces  griefs,  qui  entraînaient  l'inculpation  de  faux-mon- 
na^^agc,  de  vol  et  de  parjure,  la  voix  publique  en  ajoutait 
d'autres.  On  soupçonnait  les  deux  frères  de  Fijac  d'avoir 
reçu  beaucoup  d'argent  monnayé  du  maître  de  la  monnaie, 
Spinelli,  pour  accuser  de  vu!  un  tiers.  De  plus,  Resplandina, 
mère  de  Bertrand  et  Guillaume  de  Fijac,  et  Henriette,  maî- 
tresse {niulier  cagabunda)  de  Guillaume  de  Fijac,  avaient, 
disait-on,  «  blanchi  »  des  doubles  noirs  pour  les  transformer 
en  doubles  blancs  valant  6  deniers  viennois  et  les  mettre  en 
circulation  à  ce  dernier  cours \  Mais  l'enquête,  dans  fëtat  où 
elle  nous  est  parvenue,  no  porte  que  sur  l'alîaire  des  faux 
gillats. 

l'raiiscrite  d'un  bout  à  Tautre  par  Pierre  Semicherii,  de  Ma- 
laucène",  cette  enquête  fut  conduite  par  Pons  Ademar,  baile 

scientibus  et  conssntientibus.  de  dictis  llausonis  factis  pro  jullatis  ix  d. 
fabricavit  et  cudit  (ms.  cludit)  ad  consimilitudinem  jullatorum  cui-ien- 
tium  et  factorum  pio  xviii  d.  Et  sic  praedicti  fratres  et  dictus  Guillelmus 
in  praedictis  decipeie  intendebant  et  defraudare  omnes  illos  qui  reciperent 
dictos  juUatos  pro  xviii  d...,  et  taliter  faciendo  inpediebant  cursum  et 
valorem  nionetae  praedictae,  et  ipsam  nionetam  taliter  deformando  quod 
eidera  domino  comiti  et  omnibus  aliis  magistris  seu  monetariis  et  ope- 
raviis  dictae  monetae  magnum  et  énorme  praejudicium  imminebat.  » 

3"  «  Quod  praedictus  Guillelmus  de  Palerma,  postquara  fabricavit  et 
cudit  quandam  quantitatem  juUatoium  factorum  pro  xviii  d.  de  llausonis 
factis  pro  faciendis  jull.  de  ix  d.,  praedictos  juUatos  factos  et  debitis  pon- 
dère et  valore  defraudatos  inmisquit  cum  jullatis  veris  et  bonis  et  factis  pro 
xviii  d.  Etde  illis  bonis  juUalisvalentibusxviii  d.  recepitet  accepit  scienter 
et  dolose  talem  ettantam  quantitatein  et  numerum  qualera  et  tantum.  » 

1.  Reg.  B.  2840,  fol.  2.  4"  et  5'  chefs  d'accusation  :  4"  «  Quod  dicti  Ber- 
trandus  et  Guillelmus  de  Fijac  fratres,  maligno  spiritu  inbuti,  magnam 
quantitatem  pecuniaea  Spinello  raagistro  dictae  monetae  receperunt,  animo 
et  proposito  accusandi  de  f  urto  Brunellum  Pervassio(?),  gardiatorem  monetae 
Podii  Guironis.  » 

5°  <(  Inquisivit  curia  praelibata  contra  Resplandinam  matrem  dicto- 
rum  Bertrandi  et  Guillelmi  de  Fijac,  et  Henrietam,  muliorem  vagabun- 
dam  dicti  Guillelmi  de  Fijac,  de  eo  videlicet  et  pro  eo  quod  ipsae,  spiritu 
maligno  inbutae,  magnas  et  diversas  quantitates  duplicium  nigrorum  an 
(ihianchi  ad  similitudinem  alborum  valentium  vi  d.  vienn.,  et  dictos 
duplices  per  ipsas  ((hianrhis  pro  vi  d.  vien.  posuerunt  et  expendiderunt, 
in  praedictis  furtum  et  crimen  falsi  committendo.  » 

2.  Malaucène  (Vaucluse,  arr'  de  Carpentras). 


504  G. -A.    HiCKEI. 

de  Puygiron.  Le  8  octobre,  oh  commença  par  interroger  sur 
les  griefs  précédents  Guillaume  de  Palerme.  Celui-ci  affirme 
avoir  reçu  des  frères  de  Fijac,  par  l'intermédiaire  d'Henriette, 
maîtresse  de  Guillaume,  43  flans  pour  faire  des  pièces  ayant 
cours  à  18  d.  et  affirme  qu'il  les  a  frappés  légalement  en  gillats 
au  cours  de  18  d.\  Le  lendemain,  il  demande  à  être  entendu, 
et  explique  d'une  manière  assez  embarrassée  que  les  ilans  en 
question  lui  avaient  semblé  bien  légers  pour  en  faire  des 
gillats  à  18  d.  '.  Il  les  avait  monnayés  cependant,  mais  il  avait 
fait  remarquer  cet  aftaiblissement  à  Guillaume  de  Fijac  et;, 
sur  son  conseil,  avait  mêlé  une  dizaine  de  ces  gillats  suspects  à 
ceux  qu'il  devait  remettre  au  maître  de  la  monnaie,  le  reste,  il 
l'avait  gardé  chez  lui'.  D'ailleurs,  quand  les  frères  de  Fijac  lui 
envoyaient  des  flans  à  monnayer,  il  le  faisait  toujours  vo- 
lontiers. Il  ajouta  qu'Henriette  lui  avait  apporté,  pour  le 
payer  de  sa  peine,  une  somme  de  8  gillats  à  18  d.^  en 
deux  fois. 

Henriette,  interrogée  le  10  octobre,  affirma  avoir  porté  à 
Guillaume  de  Palerme,  de  la  part  de  Bertrand  de  Fijac,  une 
quarantaine  de  flans  à  monnayer  dont  10  à  12  débités  pour 


1.  Reg.  B.  2840,  fol.  3  r"  :  aHeni'ieta^  mulier  vagabunda  Guillelmi  de 
Fijac,  ipsi  qui  loquitur  tradidit  xliii  flausonos  factos  et  oïdinatos  pro  jull. 
XVIII  d.,  quos  xLiiiflausonos  ipse  qui  loquitur  amoneavit  ad  consimilitu- 
dinem  de  jull.  de  xviu  d.  » 

2.  Reg.  B.  2840,  fol.  3  r"  :  Guillaume  de  Palerme:  a  Henrieta  praedicta 
tradidit  eidem  xliii  flausonos,  qui  flausoni  videbantur  sibi  ut  essent  fra- 
giles seu  frebles;  tamen  ipse  qui  loquitur...  dictos  xliii  llausonos  amoneavit 
ad  consimilitudinem  sive  in   connis  juUatorum  de  xviii  d.  » 

3.  IbicL,  fol.  4  v°  :  «  Ipse  dixit  Guillelmo  de  Fijac  quod  dicti  xxxiii  (sic) 
flausoni  per  ipsum  moneati  ad  consimilitudinem  xviii  d.  erant  nimis 
frebles.  Et  jamdictus  Guillelmus  de  Fijac  respondit'ipsi  qui  loquitur  quod 
pênes  se  retineretet  ipsos  inmisquerct  in  sua  breva.  Quos  ipse  qui  loquitur 
pênes  i-e  retinuit,  et  de  ipsis  immiscuit  in  sua  breva  x,  et  residuuiii  pcnes 
.se  retinuit,  et  ipsos  posuit  in  quodain  scrinio  in  hospitio  suo.  » 

4.  Ihid:  a  Ipsi  (Bertrandus  et  Guillelmus  de  Fijac)  exportabant  eidem 
dictos  flausonos,  et  ipsi  dicebantquod  ipse  amonearet  dictos  flausonos,  etmox; 
ipse  respondebat  quod  libenter.  »  —  Id.,  ibid.:  «  Henrieta  dédit  sibi  in 
duas  vices  viii  jull.  de  xviii  den.  » 


les;  faîx  \roNNAVRrns  df  pivr.inox  505 

riiTulor  à  0  d.  '  ;  olle  niait,  on  niôino  temps,  avoir  jamais  donnô 
aïK'iiiio  l'étrihiitio)!  à  riiiillaiiiiK^  do  Paloi'nio\  Quant  aux  deux 
autres  incul|)('s,  ils  répondirent  do  même  :  Guillaume  de 
Palerme  a  reçu  d^nix,  outre  2<S  dans  à  1<S  d.,  10  à  12  flans 
destinés  à  circuler  au  cours  de  0  d. '.  Bertrand  de  Fijac 
confessn,  en  outre,  avoir  dit  (pi'il  en  coûterait  bien  cent  livres 
de  Vienne  aux  maîtres  de  la  monnaie  s'ils  n'abandonnaient 
pas  l'accusation*. 

Au  cours  de  l'instruction,  d'après  les  interrogatoires  et  les 
serments  de  plusieurs  témoins  et  des  accusés,  lès  enquêteurs 
reconnurent  qu'il  fallait  mettre  hors  de  cause  tous  les  autres 
employés  de  la  monnaie.  En  même  temps  des  témoins  de  mo- 
ralité, cités  à  la  requête  de  Guillaume  André,  d'Avignon,  cousin 
des  deux  frères  de  Fijac,  qui  était  venu  spontanément  répondre 
de  leur  honnêteté,  venaient  se  porter  garants  de  la  bonne 
réputation  des  deux  inculpés";  c'étaient  des  praepositi,  des 
monnayeurs  et  des  coupeurs  de  métaux. 

Quant  à  Guillaume  de  Palerme,  il  fut  accablé  par  une  dépo- 
sition décisive.  Berto  Loti  de  <(  Sina»  (Sienne?),  un  des  maîtres 
de  la  monnaie,  faisait,  le  19  octobre,  la  déclaration  suivante  : 
Le  30  septembre,  Guillaume  de  Palerme  était  venu  lui  apporter 
sa  brève  ^  et  lui-même,  Berto,  y  avait  découvert  des  gillats 

1.  Interrogatoire  d'Henriette  (10  octobre),  fol.  5v". 

2.  Id.,  ibid.  (même  date),  fol.  6  r". 

.3.  Interrogatoire  de  Bertrand  de  Fijac  (12  octobre),  fol.  7  r".  Les  interro- 
gatoires de  Resplandina,  10  octobre,  de  Catherine  et  de  Jacques  de  Palerme. 
19  octobre,  ne  donnent  aucun  résultat. 

4.  Bertrand  de  Fijac  (même  date),  fol.  7  v":  «Si  niagistri  qui  nunc  sunt 
monetae  Podii  Guironis  ipsum  nec  dictum  fratreni  suum  accusarent,  dictis 
magistris  dictae  monetae  faeeret  decostare  c  lib.  vien.  » 

5.  Reg.  B.  2840,  fol.  15  v°  :  Citations  proposées  par  Guillaume  André. 
d'Avignon  (18  octobre);  noms  des  témoins  (fol.  16).  Dépositions  (de  17  i" 
à  20  v°),  en  date  du  19  octobre.  Les  ouvriers  qui  déposent  {2prappositi,8  mon- 
nayeurs, 8  ouvriers  coupeurs)  sont  originaires  de  Montélimar,  Mondragon, 
Puygiron,  Mornas,  Avignon,  Saint-Remi,  Valence  et  Vienne. 

6.  Brexa.  Cf.  Du  Cange  :  «  Brève  est  la  nombre  et  quantité  de  deniers 
non  monnoiez  qui  est  baillée  par  poix  et  nombre  à  chaque  monnoier  pour 
chacun  jour  que  il  monnoie  »  {Trésor  drs  Ch.,  JJ.  204.  n"  57).  On  désigne 


506  G.-A.    HICKEL 

de  9  d.  frappés  frauduleusement  comme  des  gillats  à  18  d. 
Guillaume  de  Palerme,  interpellé,  avait  répondu  qu'il  avait 
effectivement  enlevé  9  gillats  de  bon  aloi  poui-  les  remplacer 
par  des  gillats  faux  valant  9  d.  et  frappés  frauduleusement  au 
cours  de  18  d .  ' 

A  la  suite  de  cette  déposition,  Pons  de  Floyrac,  châtelain 
(casiellanus)  de  Puygiron,  rendit  un  arrêt  prescrivant  l'appli- 
cation de  la  torture  a  l'accusé.  Le  lendemain  20,  les  enquêteurs 
se  rendirent  à  la  prison  de  Thaulignan''  où  était  enfermé  Guil- 
laume de  Palerme.  Celui-ci  reconnut  seulement,  une  fois  de 
plus,  avoir  glissé  dans  sa  brève  9  des  flans  a  faibles  »  que  lui 
avait  remis  Henriette  ^  Pons  Adémar  fît  alors  appliquer  la 
question  à  l'accusé  par  les  promoventes  cun'ae.  L'accusé  fut 
placé  sur  l'instrument  de  torture  et  y  resta  très  longtemps, 
jusqu'au  moment  où^  se  déclarant  prêt  à  tout  avouer,  il  de- 
manda à  être  délié*.  On  obtint  de  lui  l'aveu  que  les  gillats 
étaient  faux;  et  il  ajouta  qu'il  avait  reçu  directement  des  frères 
de  FijaCj  et  dans  leur  maison  même,  61  flans  à  monnayer, 
débités  à  9  d.,  qu'ils  lui  avaient  ordonné  de  frapper  à  18  d.  '. 

encore  aujourd'hui,  dans  le  langage  technique,  parle  mot  hi-ère,\en  mannes 
ou  plateaux  où  sont  disposés  lesjlans  à  monnayer. 

L.Reg.  B.  2840.  Berto  dit  (fol.  13  v")  :  «  Vernm  esse  quod  dictus  Guillel- 
musde  Palerma  tradidit  sibi  xix-^  die  mensis  septerabris  proxime  praeteriti 
c  sol.  juUatorum,  conputatouno  jullato  pro  unodenario,  et  ipse  qui  loquitur 
dixit...  se  invenisse  in  dictis  csol.  jullatorum  eideni  traditorum  per  dic- 
tum  Guillelmum  ix  denarios;  qui  denarii,  facti  et  ordinati  pro  ix  d.,  erant 
fabricati  ad  consimilitudinem  jullatorum  bonorum  valentium  xviii  d. 
Dixit  etconfessus  fuit  dictus  Bertus. ..  quod  dictus  Guillelmus  de  Palerma 
dixit  sibi  quod  de  bonis  jullatis  elevaverat  ix,  et  ix  denarios  de  denariis 
factis  et  ordinatis  pro  ix  d.  vien.  immiscueratcum  aliis  jullatis.  »        '' 

2.  Thaulignan  (Thaulinianum),  arr.  de  Montélimar,  canton  de  Grignan. 

3.  Reg.  B.  2840,  fol.  21  t\ 

4.  Reg.  B.  2840,  fol.  21  r":  «  Praecepit  dictus  Pontius  Ademanis  Petro 
Frenels  et  GuillelmoPollinoti,  promoventibns  curiaeTauliniani,  utdictum 
Guillelmum  de  Palerma  ponerent  et  ligarent  in  tortura.  Qui  quidem  in 
tortura  positus  fuit,  et  in  dicta  tortura  per  magnum  spacium  stetit,  et  positus 
in  tormento  petiit  se  deligari  a  dicto  tormento  seu  questione,  nam  diceret 
plenam  ac  legitimam  veritatem.  » 

5.  Ibid.,  fol.  22  v%  20  oc-t.  Guillaume  de  Palerme  raconte  ainsi  :  «  Ros- 


LES    FAUX    NrONNAYEl'RS    DE   Pl'YGinON  507 

11  en  avait  fait  autant  de  75  autres  apportés  par  Hen- 
riette pour  les  monnayer  dans  les  mômes  conditionsV 

Le  21  octobre,  les  enquêteurs  interrogeaient  à  Châteauneuf 
de  Mazenc'  les  frères  de  Fijac  sur  ces  nouvelles  révélations. 
Ceux-ci  reconnurent  avoir  livré  à  Guillaume  de  Palerme  une 
certaine  quantité  de  flans  débités  h  9  d.,  pour  les  monnayer 
en  gillats  faux  au  cours  de  18  d/  :  mais  aucun  des  gillats  ainsi 
frappés  n'avait  été  mis  en  circulation*. 

Or,  dès  le  22  octobre,  des  habitants  de  Puygiron  venaient 
apporter  des  gillats  faux  au  notaire  Pierre  SeniicheHi.  Ils 
avaient  passé  entre  les  mains  de  diverses  personnes"'. 

Le  vérificateur  de  la  monnaie,  Jean  Dumoulin  (deMolandino), 
il  qui  on  fit  vérifier  la  valeur  des  gillats^  affirma  que  ces  gillats 
frappés  à  18  d.  n'avaient  qu'une  valeur  légale  de  9  d.°,  et  Tin- 

tagniis  Rigoti...  (dixit  ipsi)  rjuod  ipse  Guillelmus  de  Palerma  iret  ad 
hospitium  dicti  Guillelmi  de  Fijac,  aliter  nominati  Ruffo.  Quod  ipse 
qui  loquitur  fecit,  et  dum  fuit  in  ipso  hospitio,invenit  dictum  Bertrandum 
de  Fijac  et  Henrietam  et  Rostagnum  Rigoti.  Et  tune  dictus  Bertrandus 
de  Fijac  dixit  eidem  Guillelmo  de  Palerma  :  Ecce  lxi  flausonos  quos 
deberet  amoneaie  ad  consimilitudinem  jullatoi'um  xviii  d.  vien.  Quos 
LXI  flausonos  ipse  Guillelmus  de  Palerma  amoneavit  in  connis  juUatorum 
currentium  pro  xviii  d.  vien.  Et  amoneatis  dictis  flausonis  per  modum 
praedictuni  ipse  qui  loquitur  dictes  lxi  flausonos  tradidit  dictaeHenrietae.  » 

1.  Heg.  B.2840,  fol.  22  v"  :  «  (Amoneavit)  lxxv  flausonos  de  ix  d.,  in  connis 
de  XVIII  d.,  quos  lxxv  sibi  tradidit  Henrieta  praedicta  de  mandato  dictorura 
Bertrandi  et  Guillelmi  de  Fijac,  ut  ipsa  asseruit.  » 

2.  Châteauneuf  de'Sla.zenc  iC((s(i-Hiii  Nor  uni  Lodalinascnc),  arr.  deMon- 
télimar,  canton  de  Dieulefit. 

3.  Reg.  B.  2840,  fol.  21  r":  Bertrand  de  Fijac,  21  octobre. 

4.  Ilnd.  Bertrand  de  Fijac  :  «  Ipse  nec  aller  suo  noraine  non  habuit  die- 
tos  juUatos  factos  per  ipsum  Guillelmum  de  Palerma  de  dictis  flausonis 
factis  et  ordinatis  pro  ix  d.  vien.  » 

5.  Dépositions  de  Paien  Lacombe,  de  Berto  Loti,  de  Meta  Bonelli,  de 
Pierre  Bonelli.  de  Bertrand,  flls  de  Pensa  Breva,  fol.  25  v"  à  28  r°, 
22-23  octobre. 

6.  Reg.  B.  2840,  fol.  28  r".  Bertrand  de  la  Bàtie-Rolland  :  «  (Joh.  de 
Molandino)  accepit  balansas  débitas  et  légales,  ponendo  in  una  balansa 
unum  denariura  factum  et  ordinatum  pro  ix  d.  et  i  ex  dictis  jullatis 
traditis  per  dictum  Bertrandum  filium  dictae  pensae  brevae  in  alla 
balansa.  Qui  quidem   denarii  ix  d.  plus  ponderabant   quam   jullatus,  et 


508  G. -A.    IliTKRL 

l'orinalion  établit  qu'un  cortain  Mnzol  l^elmas,  de  laBûtie- 
HollancV.  avait  reçu  la  monnaie  en  question  de  Guillaume  de 
Fijac  en  payement  d'une  vache,  que  lui,  Mazet,  avait  vendue  a 
un  boucher  de  Puygiron,  Michel  Olivier*. 

Les  deux  frères  de  Fijac  reconnurent  alors  spontanément 
dans  un  nouvel  interrogatoire  que  Guillaume  de  Fijac  avait  fait 
tenir  par  Bertrand  à  Guillaume  de  Palerme,  dans  les  conditions 
révélées  par  celui-ci,  un  total  de  171  flans  à  monnayer  en  faux 
o-illats  del8  d.\ 

Les  enquêteurs,  préoccupés  de  savoir  comment  ces  gillats 
avaient  été  mis  en  circulation,  et  sur  la  découverte  de  nouvelles 
pièces  fausses,  soupçonnèrent  Bertrand  de  Fijac  de  s'être  en- 
tendu avec  le  boucher  Michel  Olivier,  et  celui-ci  fut  inculpé 
de  complicité  dans  l'affaire  *.  Mais  Bertrand  et  Michel 
s'accordèrent  à  reconnaître  qu'ils  étaient  allés  ensemble  â  Dieu- 
lefit''  pour  y  acheter  des  moutons,  et  à  afhrmer  qu'ils  avaient 
payé  en  monnaie  de    bon  aloi  les  31  moutons  qu'ils  avaient 


sic  per  ordinem  fuerunt  ponderati  alii  denarii.   Qui  denarii  in  parte  seu 
major  ])ars  plus  ponderabant  quam  jullati  praedicti.  » 

1.  La  Bâtie-Rolland  (Basttda  RoUandl),  arr.  de  Montélimar. 

2.  Reg.  B.  2840,  fol.  27  v°.  22  oct.  :  Mazet  Delmas  :  D.  «  A  que  habuerat 
dictam  quantitatem  jullatonim  ?»  —  R.  a  A  Rufîo  monetario  (Guillaume 
de  Fijac)...  » —  D.  «  Cujusmodi  quantitatem  juUatorum  habuit  a  dicte  Ruf- 
fono  ?  »  —  R.  «  L  jullati  ;  in  qua  solutione  fuit  presens  Micahel  Oliverii 
de  Lorgues,  diocesis  Fori-Julii,  qui  est  macellarius  nunc  habitans  Podii 
Guironis.  »  —  D.  «  Qua  occasione  sibi  tradidit  dictus  Ruffonus  dictam 
quantitatem  dictorum  jullatorum  ?  »  —  R.  «  Pro  quadam  vacha  quam 
emerat  dictus  Micahel  ab  ipso.  »  —  D.  «  Quo  loco?  »  —  R.  «  In  hospitio 
in  quo  faciebat  mansionem  dictus  Ruffonus.  » 

.3.  Bertrand  et  Guillaume  de  Fijac,  confrontés  :  Reg.  B.  2840,  fol.  30  r", 
31  r".  Guillaume  de  Fijac,  fol.  31  v",  23-24  octobre. 

4.  Acte  d'accusation  contre  Michel  Olivier,  in  fine,  fol.  40  v"  :  «  Dictus  Mi- 
cahel Oliverii  mercator,  spiritu  dyabolico  inflammatus,  dictos  falsos  jul- 
latos  de  manibus  dictorum  Bertrand!  et  Guillelmi  de  Fijac  habuit  et  rece- 
pit,  et  dictis  falsis  jullatis  apud  Deumloffees  et  in  aliis  locis  mutones  et 
alias  denariatas  émit,  in  praedictis  furtum  et  falcitatem  committendo.  » 

5.  'Die\i\eût(Dounifecif,Dr'rtmlq[f''Ps),  ch.-l.  de  canton,  arr'.  de  Mon- 
télimar. 


I-F.S;    KATX    MONNAYKin?;    DR    PI-Yf.inON  509 

aclictés  pour  25  livres'.  Les  deux  frères  de  Fijac  répondirent 
par  serment  de  l'innocence  de  Micliel  Olivier'. 

L'enquête,  telle  que  nouslapossédons,  s'arrête  là.  Il  estdillicile 
d'expliquer  pourquoi  on  ne  retrouve  que  Bertrand  de  Fijac 
et  Guillaume  de  Palerme  dans  la  sentence  rendue  au  sujet  de 
l'affaire,  et  pourquoi  le  registre  d'enquête  ne  nous  apprend  pas 
que  Guillaume  de  Fijac  ait  été  condamné.  Toujours  est-il  que 
le  13  novembre  1327,  Bertrand  de  Fijac  et  Guillaume  de  Palerme 
comparurent  devant  le  juge  {judex)  Richard  de  Multis  De- 
nariis,  à  Chàtcauneuf.  On  leur  fit  reconnaître  à  chacun  la  vérité 
des  accusations  qui  pesaient  sur  eux,  et  ils  renouvelèrent  leurs 
aveux,  s'en  remettant  à  la  miséricorde  de  la  Cour  et  refu- 
sant toute  défense  ^  Déplus,  Guillaume  de  Palerme  désigna 
formellement  les  deux  frères  de  Fijac  comme  ses  complices  et 
laissa  entendre  que  Resplandina  et  Henriette  pourraient  bien 
avoir  été  au  courant  des  fraudes  \ 

Le  lendemain,  14  novembre,  on  lisait  aux  accusés  la  sentence 


1.  Reg.  B.  2840.  Déclarations  de  Bei-trand  de  Fijac.  fol.  30  v",  et  de  ISIi- 
chel  Olivier,  fol.  41  r"  (23  octobre) . 

2.  Serments  de  Bertrand  et  Guillaume  de  Fijac  (fol.  41  r",  et  la  suite  35  v"). 

3.  Reg.  B.  2840,  fol.  45  v°  :  «  Anno  domini  mccc.xxvii  et  die  videlicet 
xiiia  mensis  novembris,  nos  Ricardus  de  Multis  Denariis  judex. ..  existentes 
apud  Castrum  Novum  Lodalmasenc,  pro  complendo  inquisitionem  supra 
incoatam  contra  praedictos  monetarios,  fecimus  ad  nostram  praesenciam 
evocare.. .  praedictum  Guillelraum  de  Palerma  delatum  decrimine  monetae 
falsae  praedictae.  Qui  Guillelmus  in  nostra  praesentia  constitutus,  et  suo 
juramento  corporaliter  praestito  per  eumdera  de  veritate  dicenda  super 
titulis  inquisitionis  praedictae,  requisitus  per  eumdem  dominum  judicem, 
dixit  et  confessus  fuit  vera  esse  quae  alias  confessus  fuit  supra,  in  con- 
fessions factacoram  me  notario  praesentis  inquisitionis.  Et  ita  de  novo  con- 
fitetur  grate  sine  formidine  tormentorum  vera  esse  et  se  fecisse  scienter 
prout  in  eadem  confessione  continetur,  requirens  humiliter  misericordiam 
sibi  fieri  super  hiis  quae  se  fet'ellit.  » 

De  même  Bertrand  de  Fijac,  fol.  46  r". 

4.  Reg.  B.  2840,  fol.  45  v"  :  «  Dixit  non  affirmando  sed  praesuraendo  de 
dicta  Henrieta  et  Resplandina  quod  crédit  ipsas  dictum  negocium  scivisse, 
ex  eo  quod  dicta  Resplandina  multociens  veniebat  ad  ipsum  loquenteni,  di- 
cens  :  « 'l'radas  mihi  lx  sol.,  »  et  aliquando  plus,  et  aliquando  minus.  IMures 
alios  dixit  non  esse  culpabiles  de  praedietis.  » 


510  C.-A.    niCKEL 

de  mort  qui  les  frappait  :  Guillaume  de  Palcrmo,  ])()ur  fabrica- 
tion do  fausse  monnaie,  et  Bertrand  de  Fijac,  pour  complicité 
(K>  faux  nit^nnayage,  étaient  condamnes  à  être  ])rùlés  à  petit 
feu  jusqu'à  ce  que  mort  s'ensuivît'. 

La  sentence  fut  exécutée  le  20  novembre,  sur  l'ordre  du  clui- 
telain  Pons  de  Floj'rac.  Avant  de  mourir,  les  deux  accusés 
firent  venir  le  notaire  Pierre  Senu'rhc/'ii  pour  disposer  de 
leurs  biens  et  régler  leurs  comptes.  Bertrand  de  Fijac  se  déclare 
créancier  d'un  surtout  {supertunicale)  avec  six  boutons  [botoni) 
en  argent  et  un  en  or,  d'une  épée,  d'un  bâton  ferré  {spontonum), 
et  d'une  veste  (gavinetuDi),  le  tout  prêté  à  Laurent,  curé  de 
Saint-Bonnet.  De  son  côté,  il  a  reçu  en  gage  un  surtout  pour 
12  sols  ;  il  a  chez  lui,  dans  un  coffre,  une  veste  et  une  ceinture 
de  soie  {ajoiia —  pour  zonaf  —  de  dn'quo)ei  deux  couvre-chefs 
jaunes  {haritae  de  croqiio)  avec  leur  garniture  (a/'nesium).  Il  a 
dans  sa  cave  un  plein  tonneau  de  vin  (hota)  avec  des  ])rovisions 
de  bouche  (sopae).  Il  ajoute  qu'il  est  créancier  de  11  liv.  10  s. 
que  lui  doit  Michel  Olivier;  il  a  payé  à  un  autre  individu 
6  livres  de  viennois  pour  du  vin  qu'il  n'a  pas  encore  reçu.  Il  a 
chez  Berto,  maître  de   la  monnaie  de  Puygiron,   deux  porcs 


1.  Reg.  B.  2840,  fol.  46  v°,  47  i"  : 

«  Sententia.  In  nomine  Domini  Amen.  Anno  quo  supra,  seilicet  die  xiiii'^ 
mensis  novembris,  quae  dies  extiterat  assignata  dictis  Guillelmo  de  Pa- 
lerma  et  Bertrando  de  Fijac  ad  audiendum  nostram  sententiam  per  nos  Ri- 
cardum  de  Muftis  Denariis,  judicem  praedicti  domini  Aymari  de  Pictavia, 
et  perhemptoi'ie.  nos,  judex,  processimus  ad  sententias  faciendas  nostrasper 
moduni  qui  sequitur.  —  Cum  si  nocentes  poena  non  plecteret  et  juris  ratio 
actus  illicitosnon  coiiaereret,  in  ynfflnitum  malorum  praesumptio  prorogaret 
offensam,  sane  nos  judex,  visa  cum  diligenti  deliberatione  inquisitiono! 
praedicta,  ad  plénum  quia  constat  per  confessiones  dictorum  Guillelmi  de 
Palerma  et  Bertrandi  de  Fijac  eos  fore  nocentes  et  culpabiles  in  f'ormatione 
praedictae  falsae  monetae,  prout  in  cujuslibet  praedictorum  confessionibus 
lacius  continetur. ..  idcirco,  nos,  condempnamus  dictum  Guillelmum  de 
Palerma  praesentem,  pro  eo  quod  dictam  falsani  monetam  in  totum  forma- 
vit,  et  finaliter  condempnamus  dictum  Bertrandum  praesentem  proco  quod 
conscius  et  rainister  fuit  in  formatione  monetae  falsae  praedictae,  et  ipsorum 
quemlibet  in  hiis  scriptis  finaliter  condempnamus  quod  flama  ignea  concre- 
mentur,itaquod  penitus  morientur  pro  excessibus  supra  pereoscommissis.  » 


LFS    FAfX    MONXAYRTnF;    DR    PUYGIRON  511 

vnlîint  rhacim  (Idc^iiors  ;  Rorto  lui  doit  de  plus  lo  prix  de  deux 
ou  trois  charges  {.'^ruimotan)  de  vin  vieux  et  d'une  de  vin  nou- 
veau, plus  celui  de  20  livres  de  pain.  Enfin,  sur  le  péril  de  son 
âme,  il  jure  qu'il  a  donné  à  Laurent,  curé  de  Saint-Bonnet,  et  à 
Hugues,  son  compagnon  (.s-oaz/s),  32  ^lats  et  20  s.  de  viennois'. 

De  son  côté,  Guillaume  de  Palerme  déclare  avoir  prêté  20  liv. 
î\  Guillaume  de  Fijac,  et  mis  en  gage  chez  Jean  Dumoulin  im 
manteau  de  camelin  avec  51  sols  de  viennois.  Il  prie  sa  femme  et 
son  fils  de  donner,  pour  le  repos  de  son  âme,  son  manteau  de 
drap  d'Avignon,  ses  chemises  et  ses  deux  capuchons'. 

Ce  même  26  novembre,  Pons  de  Floyrac  venait  déclarer  au 
notaire  Pierre  Semidieril  la  mort  des  coupables.  Le  bourreau 

1.  Reg.  B.  2810,  fol.  'M  r"  :  «  Dictas  Bei-trandus  de  Fijac  confessus  fuitsub 
pcriculo  aiiimae  suae  quod  dominusLaurentius,  capellanus  S.  Boneti,  habet 
ununi  suum  supertunicale,  cum  vi  botonis  argenteis  et  cum  i  botono  dau- 
rato  flrmatis  in  dicto  suo  supertunicali...  Item  confessas  fait  dictas  Ber- 
trandas  de  Fijac  sub  pericalo  animae  saae  quod  dictas  dominas  Lauren- 
tius,  capellanas  S.  Boneti,  habuit  ab  ipso  Bertrando  de  Fijac  i  ensem  et 
I  spontonum  necnon  i  gavinetum.  Item  dixitet  confessas  fuit  dictas  Ber- 
trandusde  Fijac  sub  periculo  animae  suae  quod  ipse  Bertrandus  de  Fijac 
habuit  unura  supertunicale  a  Johanni  Coste  Podii  Guironis  in  pignoie  pro 
XII  s.vien.  Item  confessas  fuit  dictus  Bertrandus  de  Fijac  quod  ipse 
habet  in  arclia  sua  anam  ajonam  {sic)  de  ciriqao  cum  une  gavineto.  Item 
eonfessus  fait  dictus  Bertrandus  de  Fijac  se  haberc  in  hospitio  sao  in  quo 
faciebat  suum  domicilium  duas  baritas  de  croquo  cum  earum  arnesio. 
Item  eonfessus  fuit  dictus  Bertrandus  de  Fijac  se  habere  Podio  Guironis 
unam  plenam  botam  vini  et  aliqaam  quantitatem  soparum.  Item  dixit 
et  confessas  fait  dictas  Bertrandus  do  Fijac  qaod  Micahel  Oliverii  macel- 
larius  et  habitans  nunc  Podii  Guironis  débet  eidera  Bertrando  xi  lib.  x  sol. 
Item  dixit  et  eonfessus  fuit  se  solvisse  Laurentio  seu  Bertrando  Saramando 
VI  lib.  vien.  ratione  cujusdam  quantitatis  vini,  quod  vinum  nondum  ha- 
buit. Item  dixit  et  eonfessus  fuit,  et  hoc  sub  pericalo  animae  suae,  se  tradi- 
disse  domino  Laurentio,  capellano  Sancti  Boneti,  et  domino  Ilugoni  ejus 
soeio  xxxii  jull.  argentées  et  xx  sol.  vien.  Item  dixit  et  confessas  fuit  quod 
Bertus,  magister  raonetae,  habet  duos  porcos,  qui  porchi  valent  viden. 
vien.  Item  quod  dictus  Bertus  fecit  venire  a  se  ii  vel  m  saumatas  vini  an- 
tiqui  et  i  saumatum  vini  novelli  et  de  pane  circa  xx  lib.  » 

2.  Reg.  B.  2810,  fol.  37  v",  38  r"  :  «...  Praecipiendo  dictus  Guillelmus  de 
Palerma  quod  uxor  sua  et  filius  suus  dent  amore  Dei  in  redemptione 
animae  suae  uuum  saum  supertunicale  de  panno  Avenionensi,  camisias 
suas  et  duo  sua  capucia.  » 


rA'2  G. -A.    IliCKKL 

Povronet.  de  Montêlimar.  los  avait  conduits  dans  un  hoi.s  du 
territoire  de  Puygiron  (pii  appartenait  au  comte;  là,  il  les 
avait  liés  à  un  arl)re,  auquel  il  avait  mis  le  l'eu,  et  tous  deux 
avaient  été  brûlés  jusqu'à  ce  que  mort  se  fût  ensuivie^  Et,  à 
cette  déclaration,  Pons  de  Floyrac  ajoutait  que  le  comte  de 
\'alontinois  et  de  Diois  était  seul  en  possession  de  battre  mon- 
naie dans  son  comté. 

G. -A.   HÛCKEL. 


1.  Reg.  B.  2840,  fol.  17  v°:  a  Qui  quidoin  GniUelmus  de  Palerma  et  Rer- 
Irandus  de  Fijac  ducti  fuerunt  per  Peyronetum,  habitantera  Montilii,  car- 
nificem  deputatum  in  exsequtione praedicta  faeienda,  in  territoiioPodii  Gui- 
ronis,  principaliter  inquodam  nemore  dicti  don;iini  eoraitis,  et  subsequenter 
ligati  per  dictum  earniflcem  in  quodam  arbore  stroncato;  et  ipsis  Guillelmo 
de  Palerma  et  Bertrando  de  Fijac  ligatis,  dictiis  Peyronetus  earnifex  posuit 
ignem,  in  quo  igné  posito  combusti  fuerunt  penitusque  mortui  sunt.  » 

Dans  ce  même  registre  B.  2840  se  trouvent  quatre^  pièces  relatives  à  l'af- 
faire d'un  certain  Arnaud  Dumoulin  {Arnaldns  de  Molandiiio),  coupable 
d'avoir  commis  des  détournements  d'argent  au  préjudice  de  deux  châtelains 
de  Châteauneuf-de-Mazenc.  L'accusé,  qui  avoue  tout,  est  condamné  à  avoir 
le  pied  gauche  coupé,  sauf  miséricorde  du  comte  Aymar  V,  dont  il  était 
homme  lige  (21  octobre.  26  novembre.  Reg.  B.  2840,  fol.  47  v°  sqq.). 


COMPTES  RENDUS 


Abbé  L.  Duchesne.  —  Fastes  épiscopaux  de  1  ancienne  Gaule. 

—  Tome  H.  L'Aquitaine  et  les  Lyonnaises.  —  Paris,  Fonlenioing, 
1900,  in-S";  485  p. 

Dans  son  livre  intiluiè  :  Fastes  épiscopaux  de  l'ancienne  Gaule, 
M.  l'abbé  Duchesne  a  eu  pour  objet  essentiel,  on  le  sait,  de  vérifier 
la  valeur  des  anciens  catalogues  épiscopaux,  dont  l'origine  se  trouve 
dans  l'usage  de  consigner,  sur  des  diptyques,  les  noms  des  évoques 
morts  et  dont  les  églises  devaient  faire  commémoration. 

Le  plan  et  la  méthode  sont  connus  par  le  premier  volume.  Le  nom 
de  l'auteur  nous  dispense  de  tout  éloge.  Qu'il  suffise  de  dire  qu'on  ne 
saurait  plusse  servir  du  Gallia  Christiana  pour  les  évêques  antérieurs 
au  X*  siècle  sans  contrôler  ses  assertions,  le  plus  souvent  les  corriger, 
par  les  Fastes  qu'a  dressés  M.  l'abbé  Duchesne.  Le  second  volume, 
dont  nous  présenterons  un  résumé  succinct,  est  consacré  à  l'Aquitaine 
et  aux  Lyonnaises. 

En  Aquitaine,  le  christianisme  n'apparaît  organisé  en  églises  qu'au 
iv^  siècle.  En  l'an  314,  trois  églises  d'Aquitaine  furent  représentées  au 
concile  d'Arles  :  celles  de  Bordeaux,  Eauze  et  Gabales.  Les  églises 
naissantes  de  la  Gaule  furent  agitées  par  l'arianisme  sous  les  règnes 
de  Constance  et  de  Julien  (353-363),  mais  c'étaient  là  des  querelles 
Ihéologiques  auxquelles  le  peuple  ne  s'intéressait  pas. 

Il  en  fut  autrement  du  mouvement  pr-iscillianiste  qui  soulevîiit  des 
problèmes  de  vie  pratique  accessibles  à  tous  les  fidèles.  Les  évêques 
de  Bordeaux  et  d'Agen  s'y  mêlèrent  activement.  Cette  fermentation 
s'éteignit  avec  les  invasions  du  v''  siècle.  Mais  les  égli.ses  de  l'Aqui- 
taine eurent  à  subir  les  attaques  des  Wisigoths  qui  s'emparèrent  de 
l'Aquitaine  au  cours  du  v"  siècle;  les  rois  Wisigoths  voyaient  dans  le 
clergé  les  représentants  les  plus  dévoués  du  régime  romain.  La  con- 
quête de  l'Aquitaine  par  les  Francs  rendit  aux  évêques  catholiques  la 
tranquillité. 

Après  avoir  présenté  le  cadre  des  circonscriptions  ecclésiastiques  de 


ôll  COMPTES    RENDUS 

l'Aquilaino,  l'autour  aborde  les  fastes  de  chaque  siège  èpiscopal,  c'est- 
à-dire  qu'il  donne  la  suite  des  évêques,  en  se  fondant  sur  les  listes  tra- 
ditionnelles conservées  jadis  dans  les  églises,  qu'il  conipare  aux  autres 
documents  contemporains,  àleflet  d'assigner  à  chaqueévêque  sa  date, 
qui,  comme  on  le  sait,  fait  défaut  dans  les  listes  des  diptyques.  La 
cathédrale  de  Bourges  possédait  un  diptyque,  sur  les  plats  intérieurs 
duquel  on  avait  écrit  au  xi«  siècle,  le  catalogue  des  archevêques  ;  ce 
diptyque  est  aujourd'hui  à  la  Bibliothèque  nationale.  Sur  les  soixante 
noms  inscrits  au  diptyque,  quarante  sont  connus  par  d'autres  docu- 
ments, et  les  renseignements  que  l'on  a  sur  leurs  dates  s'accordent 
avec  le  rang  qu'ils  y  occupent.  Quant  aux  chiffres  qui  sont  inscrits 
dans  le  catalogue  à  la  suite  de  chacun  des  noms  d'évêques,  et  qui  in- 
diquent la  durée  de  leur  épiscopat,  ils  paraissent  avoir  été  établis 
d'une  façon  arbitraire,  au  moins  pour  les  prélats  antérieurs  à  Rodolfe 
(810-841),  comme  le  démontre  M.  l'abbé  Duchesne  Le  premier  évêque 
de  Bourges  fut  saint  Ursin,  dont  on  ne  sait  rien  autre  chose  que  ce 
qu'en  dit  Grégoire  de  Tours,  qui  le  présente,  dans  son  Histoire  des 
Francs,  comme  un  disciple  des  sept  évoques  envoyés  de  Rome  en 
Gaule  au  milieu  du  m*  siècle,  et  dans  le  De  Gloria  Conjessorum, 
comme  envoyé  par  «  les  disciples  des  apôtres  ».  M.  l'abbé  Duchesne 
remarque  plus  loin  que  l'on  a  abusé  de  cette  qualification  pour  mettre 
Grégoire  en  contradiction  avec  lui-même  ;  mais  dom  Morin  a  signalé 
la  même  expression  appliquée,  dans  un  texte  du  vi^  siècle,  à  trois  des 
sept  envoyés  de  Grégoire  et  à  un  évoque  du  iv^  siècle.  Il  faut  venir  à 
Léon  pour  trouver  une  date  certaine  ;  celui-ci  signa  les  canons  du 
concile  d'Angers  tenu  le  4  octobre  453. 

Pour  l'Église  d'Auvergne  (Clerraont),  nous  sommes  mieux  rensei- 
gnés, grâce  à  Grégoire  de  Tours,  qui  recueille  avec  soin  les  traditions 
de  cette  Église  dans  laquelle  il  avait  été  élevé.  Ici  encore  le  premier 
évêque,  saint  Austremoine  [Stremonias)  passait  pour  être  l'un  des 
sept  envoyés  du  ni^  siècle.  Le  quatrième  successeur  d'Austremoine,^ 
saint  Allyre,  vivait  en  384  ou  385. 

La  plus  ancienne  mention  de  l'église  de  Rodez  se  rencontre  dans 
une  lettre  de  Sidoine-Apollinaire  écrite  vers  l'an  475. 

Aucun  catalogue  ancien  d'évêques  ne  nous  a  été  conservé  de  l'Église 
d'Albi  ni  de  celle  de  Cahors.  Les  signatures  de  conciles  et  les  chartes 
permettent  cependant  de  retrouver  quelques  noms  d'évêques,  sinon 
d'en  dresser  la  liste. 


L.  DUCHESNE  :  FASTES  ÉPISCOPAUX  515 

La  plus  ancienne  liste  épiscopalede  Limoges  qui  soit  venue  jusqu'à 
nous  s'est  conservée  dans  l'un  des  manuscrits  à  l'usage  du  chroniqueur 
Adhémar  de  Chabaunes,  mort  en  1034  :  il  y  avait  été  transcrit  de  sa 
main.  La  liste  s'arrête  de  première  main  avec  l'évéque  Jourdain,  qui 
siégea  environ  trente  ans  à  partir  de  1021.  Mais  une  lettre  adressée 
par  le  même  évêque  Jourdain  au  pape  Benoît  VIII  suppose  une 
liste  toute  différente  de  celle  d'Adhémar.  La  série  des  évoques  n'était 
donc  pas  arrêtée  avec  précision  au  xi«  siècle  ;  la  fluctuation  continua  ; 
cardans  la  liste  donnée  par  Bernard  Itier  au  xiii''  siècle,  la  suite  des 
évêques  est  différente.  Les  divergences  portent  sur  les  noms  des  suc- 
cesseurs du  premier  évêque  saint  Martial.  Celui-ci  était,  d'après  Gré- 
goire de  Tours,  l'un  des  sept  envoyés.  La  première  date  certaine  est 
celle  de  l'épiscopat  de  Ruricius  à  la  fin  du  v^  siècle. 

L'église  des  Gabales  (Mende)  fut  représentée  au  concile  d'Arles  en 
314  par  un  diacre  nommé  Genialis.  La  date  de  l'épiscopat  de  saint 
Privât  est  incertaine;  M.  l'abbé  Duchesne  la  place  au  début  du  règne 
de  Constantin.  Nous  ne  sommes  pas  mieux  documentés  sur  les  pre- 
miers évêques  de  la  cité  des  Vellaves  (le  Puy),  ni  même  sur  ceux  de 
Bordeaux,  dont  il  ne  subsiste  aucun  catalogue.  M.  l'abbé  Duchesne 
considère  l'évéque  Orientalis,  qui  assista  en  314  au  concile  d'Arles, 
comme  le  premier  évêque  de  Bordeaux. 

Pour  Agen,  nous  connaissons  l'évéque  Phœbadius,  qui  siégeait  en 
357,  puis  quelques  autres  du  vi^  et  du  vii^  siècle  ;  mais  le  nom  d'au- 
cun de  ceux  qui  siégèrent  du  vni''  siècle  jusqu'à  l'an  977  ne  nous  a 
été  conservé. 

Une  liste  des  évêques  d'Angoulêmc  se  trouve  dans  un  Liber  cano- 
nam  de  cette  Église,  le  manuscrit  1127  du  fonds  de  la  Picine  au  Vatican. 
Elle  s'arrête  de  première  main  avec  l'évéque  Hugues  (937-980);  mais 
l'intitulé  «  Nomina  defunctorumepiscoporum  »  suppose  que  ce  prélat 
était  mort  quand  son  nom  y  fut  inscrit.  Cette  liste  n'est  pas  d'accord, 
pour  les  temps  les  plus  anciens,  avec  d'autres  documents.  Ainsi, 
entre  saint  Ausone,  le  premier,  et  Aptonius,  le  second  de  la  liste,  qui 
assista  en  549,  au  concile  d'Orléans,  il  faut  placer  Dynaraius,  men- 
tionné dans  le  texte  de  Paulin  comme  l'un  des  plus  dignes  évêques 
de  son  temps,  et  Lupicinus,  qui  assista  aux  conciles  d'Orléans  de 
511  et  de  533. 

Le  Gallia  CJu-istiana  fait  allusion  à  d'anciens  catalogues  d'évêques 
de  Saintes;  ils  ont  été  perdus.  Pour  Poitiers,  le  catalogue  nous  est 


516  COMl'TES    KKNDUS 

parvenu  on  plusieurs  exemplaires,  dont  quatre  sont  antérieurs  au 
XH^'  siècle.  Les  diverses  formes  du  catalogue  épiscopal  de  Poitiers 
paraissent  être  dérivées  d'un  même  texte  primitif,  les  difrérences  ne 
portant  guère  que  sur  l'orthographe.  Les  documents  authentiques  le 
vérifient  depuis  le  commencement  du  vi''  siècle.  Mais  il  paraît  pro- 
bable que  les  rédacteurs  du  \if  siècle  l'ont  complété  pour  la  période 
antérieure. 

D'abord  Ton  peut  s'étonner  du  grand  nombre  d'évéques  antérieurs 
au  \f  siècle.  Saint  liilaire  a  huit  prédécesseurs,  tandis  que  son  con- 
temporain, l'évèque  de  Tours,  Lidoire,  n'en  a  qu'un  seul.  L'Église  de 
Poitiers  serait  plus  ancienne  que  ses  voisines,  celles  d'Angers,  de  Bor- 
deaux, de  Bourges,  de  Clermont  !  Le  dixième  évoque  de  la  liste,  Pas- 
eentius,  est  un  évoque  dédoublé  (qui  en  réalité  n'a  vécu  que  vers  564), 
par  suite  d'une  fausse  interprétation  de  la  Vie  de  saint  Hilaire  écrite 
par  Fortunat.  Des  vingt-trois  premiers  noms  de  la  liste,  Hilaire  est  le 
seul  qui  soit  connu  d'ailleurs  comme  celui  d'un  évêque  de  Poitiers. 
Pour  Hilaire,  on  sait  qu'il  fut  élevé  à  l'épiscopat  vers  350. 

Saint  Front  est  présenté  par  la  tradition  comme  premier  évêque  de 
Périgueux.  Mais  à  vrai  dire  tout  est  légende  dans  ce  que  nous  savons 
de  lui. 

Dans  la  province  d'Eauze,  une  seule  liste  ancienne  nous  est  par- 
venue, celle  des  évêques  d'Auch,  mais  c'est  une  compilation  de  la 
seconde  moitié  du  xni''  siècle-  Le  premier  évêque  connu  pour  chacun 
des  sièges  de  la  Novempopulanie  est  :  à  Eauze,  Mamertin,  qui 
assista  au  concile  d'Arles,  en  314  ;  à  Auch,  Orientius,  qui  vivait  vers 
439;  à  Dax,  Gratianus,  présent  au  concile  d'Agde  de  506;  à  Lectoure, 
Heuterius,  connu  seulement  par  la  légende  de  saint  Gény;  à  Saint- 
Lizier  (Couserans),  Valérius,  dont  le  tombeau  fut  découvert  au 
vie  siècle;  à  Lescar  (Béarn),  Galactorius,  qui  assista  en  506  au  concile 
d'Adge;  à  Aire,  Marcellus,  présent  au  même  concile;  à  Bazas,  un 
personnage  anonyme  qui  siégeait  au  temps  de  l'invasion  des  Van- 
dales; à  Tarbes  (Bigorre),  Aper,  qui  se  fit  représenter  au  concile 
d'Agde  par  un  prêtre;  à  Oloron,  Gratus,  présent  au  même  concile. 

Avant  dépassera  l'histoire  ecclésiastique  de  la  Lyonnaise,  M.  l'abbé 
Duchesne,  examine  brièvement  les  légendes  relatives  aux  premiers 
missionnaires  de  l'Aquitaine,  saint  Martial  de  Limoges,  saint  Aus- 
tremoine  d'Auvergne,  saint  Ursin  de  Bourges,  saint  Privât  de  Mende, 
saint  Genou  de  Cahors,  saint  Clair  d'Albi  et  de  Lectoure,  saint  Front 


L.  DUCHESNE  :  FASTES  ÉPISCOPAUX  517 

de  Périgueux,  saint  Georges  du  Velay,  saint  Ausonc  d'Angoulôrae, 
saint  Eutrope  de  Saintes,  saint  Gény  de  Lectoure,  saint  Vincent  de 
Dax,  saint  Vincent  d'Agen,  saint  Caprais  et  sainte  Foi. 

La  date  de  l'épiscopat  de  saint  Martial  a  donné  lieu  à  de  si  ardentes 
polémiques  qu'il  nous  paraît  utile  de  résumer  ici  les  conclusions  de 
AI.  l'abbé  Duchesne. 

Saint  Martial,  le  fondateur  de  l'Église  de  Limoges,  fut,  d'après 
Grégoire  de  Tours,  l'un  des  sept  évêques  envoyés  de  Rome  en 
Gaule  au  milieu  du  in'^  siècle.  Les  martyrologes  du  ix"  siècle  se 
contentent  de  marquer  au  30  juin  la  fête  de  saint  Martial,  évoque 
et  confesseur.  La  plus  ancienne  biographie  qu'on  ait  de  cet  évêque 
n'a  été  rédigée  qu'au  début  du  ix«  siècle;  elle  le  prétend  envoyé 
de  Rome  à  Limoges  par  l'apôtre  Pierre.  Une  autre  Vie,  plus  déve- 
loppée, mise  sous  le  nom  d'Aurélien,  disciple  et  successeur  du 
saint  sur  le  siège  de  Limoges,  fait  de  Martial  un  contemporain  et 
un  disciple  du  Christ.  C'est  là  une  œuvre  du  commencement  du 
XI- siècle,  apocryphe  et  mensongère,  composée  pour  justifier  les  pré- 
tentions des  moines  de  Saint-Martial,  qui  vers  1025  se  mirent  à 
réclamer  pour  le  patron  le  titre  d'apôtre. 

((  Saint  Martial,  suivant  eux,  aurait  été  tout  autre  chose  que  l'évan- 
gélisateur  spécial  du  Limousin,  ou  même  qu'un  apôtre  du  second  ou 
troisième  degré,  mais  un  véritable  apôtre,  du  même  rang  que  les 
Douze.  »  Cette  prétention  suscita  une  opposition  très  vive,  et  on  accusa 
môme  les  moines  de  n'avoir  obtenu  qu'à  prix  d'argent,  l'appui  du  duc 
d'Aquitaine  Guillaume  V  auprès  du  Saint-Siège,  peut-être  même  la 
reconnaissance  de  l'apostolat  de  Martial  par  le  pape.  Les  biographies 
de  saint  Martial,  aussi  bien  que  les  recueils  de  miracles,  en  ce  qui  touche 
la  date  à  laquelle  vécut  saint  Martial,  sont  donc  sans  valeur  historique, 
et  le  seul  témoignage  à  retenir  est  celui  de  Grégoire  de  Tours. 

L'Église  de  Lyon  fut  constituée  dès  le  ii'^  siècle,  puisque  son 
premier  évêque,  Pothinus,  mourut  en  l'an  177.  Mais  «  comment,  à 
quelles  dates,  dans  quel  ordre  les  missions  parties  de  Lyon  aboutirent- 
elles  à  la  fondation  des  groupes  chrétiens  dans  les  diverses  cités  de  la 
Lyonnaise,  c'est  ce  que  nous  ne  pouvons  savoir  faute  de  documents  ». 
On  peut  dire  toutefois  que,  sauf  quelques  exceptions,  l'établissement 
des  sièges  épiscopaux  dans  les  Lyonnaises  est  une  conséquence  de  la 
tolérance  religieuse  pratiquée  par  Constantin  et  proclamée  par  les 
édits  de  311  et  de  313.  Cependant  il  est  probable  que  l'évêchéd'Autun 

Moyen  Age,  t.  XIII,  29 


518  COMPTES    RENDUS 

remonte  au  iii<'  siècle;  c'est  ce  qui  ressort  du  fait  que  parmi  les  quinze 
évoques  dont  le  martyrologe  hiéronymien  a  gardé  mémoire,  il  y  en  a 
dix  dont  on  peut  déterminer  la  date  et  qui  se  répartissent  entre  le 
iv*"  siècle,  rempli  tout  entier,  et  cinquante  années  du  \°  siècle,  de  telle 
sorte  que  les  cinq  autres  doivent  avoir  vécu  les  uns  pendant  les  cin- 
quante années  du  V'  siècle  pour  lesquelles  nous  n'avons  pas  de  noms 
d'évêques,  les  autres  au  iii=  siècle,  avant  Reticius,  contemporain  de 
Constantin.  La  date  initiale  de  la  série  épiscopale  de  Langres  est  incer- 
taine, malgré  l'existence  de  catalogues  anciens.  Le  troisième  évoque, 
Desiderius,  aurait  été  victime  de  linvasion  des  Vandales,  eii407(?), 
au  dire  d'un  hagiographe  du  vu^  siècle  ;  ce  qui  ne  permet  pas  de 
reporter  l'épiscopat  du  premier  évêque,  Senator,  plus  haut  que  le 
iv«  siècle. 

Pour  Chalon,  le  catalogue  autrefois  contenu  dans  un  manuscrit  de 
la  règle  du  chœur  a  disparu  ;  mais  nous  connaissons  par  le  Gallia 
Christiana  les  dix  premiers  noms  qui  y  étaient  inscrits;  ils  n'étaient 
pas  en  ordre,  comme  l'on  peut  s'en  convaincre  par  la  comparaison 
avec  d'autres  documents.  Ainsi  Flavius  précédait  Johannes,  tandis 
que  nous  savons  que  Johannes  était  contemporain  de  Sidoine-Apol- 
linaire et  que  Flavius  a  vécu  sous  le  roi  Gontran. 

Le  catalogue  des  trente-deux  premiers  évoques  de  Mâcon  se  trou- 
vait dans  le  cartulaire  de  Saint-Vincent  de  Mâcon,  connu  sous  le  nom 
de  Livre  enchaîné  ;  nous  n'en  avons  plus  que  des  copies.  Cette  liste 
est  singulièrement  incomplète  et  fautive,  puisque  sur  sept  évêques  qui 
nous  sont  connus  par  ailleurs,  cinq  y  font  défaut. 

Les  nombreux  manuscrits  de  la  liste  des  évêques  de  Rouen,  minu- 
tieusement étudiés  par  M.  Léopold  Delisle,  et  par  l'abbé  Sauvage,  se 
répartissent  en  deux  groupes;  les  manuscrits  du  second  groupe 
ajoutent  entête  de  la  liste,  saint  Nicaise,  martyr.  Cette  addition  n'a  été 
faite  qu'à  la  fin  du  xi^  siècle.  Le  second  évêque  de  la  liste  primitive 
est  Avitianus  qui  assista  au  concile  d'Arles  en  314. 

Les  manuscrits  qui  renferment  le  catalogue  des  évêques  de  Rouen, 
de  la  seconde  catégorie,  contiennent  aussi  les  catalogues  épiscopaux 
des  églises  suffragantes.  Le  catalogue  de  Bayeux  ((  se  divise  en  deux 
parties  :  la  première  comprend  quatorze  noms,  de  saint  Exupère  à 
Henri;  la  seconde, sept  noms,  de  Hugues  III  à  Henri  II  qui  siégea  de 
1165  à  1205.  Cette  seconde  partie,  correspondant  au  xi^  et  au  xii<^  siècle, 
est  vérifiée  par  les  documents.   Il   n'en   est  pas  ainsi  de  la  première. 


L.  DUCHESNE  :  FASTES  épiscopaux  510 

Une  douzaine  d'évêques,  bien  attestés,  du  vi'  siècle  au  x'^  inclusive- 
ment, y  font  complètement  défaut  ».  Mais  l'Église  de  Bayeux  a  des 
traditions  hagiographiques  anciennes,  dont  il  faut  tenir  compte,  et  que 
discute  M.  l'abbé  Duchesne.  Le  catalogue  d'Avranches  n'est  pas 
meilleur  que  celui  de  Bayeux;  de  même,  pour  Évreux,  pour  Séez, 
pour  Lisieux;  ce  sont  là  des  listes  dressées  dans  la  deuxième  moitié 
du  xiie  siècle.  Le  catalogue  de  Coutances  existait  déjà  vers  la  fin  du 
xi"  siècle  dans  sa  forme  actuelle.  Pour  les  évoques  antérieurs  au 
ix*^  siècle,  c'est  cependant  un  document  peu  digne  de  loi,  puisque  l'on 
y  a  introduit  deux  évêques  de  Coustaucc. 

La  géographie  ecclésiastique  de  la  province  de  Tours  a  varié  ;  elle  est 
particulièrement  difficile  à  débrouiller.  C'est  ce  à  quoi  M.  l'abbé 
Duchosue  s'est  appliqué.  La  Notitia  offre  pour  la  troisième  Lyonnaise 
une  liste  de  neuf  cités.  Six  d'entre  elles  se  sont  sûrement  conservées 
dans  les  diocèses  de  Tours,  le  Mans,  Rennes,  Angers,  Nantes  et 
Vannes.  Restent  trois  cités,  les  civitates  Coriosopitum,  Osiamoram, 
Diablintum.  La  dernière  a  perdu  son  rang  de  cité  dans  la  première 
moitié  du  v^  siècle.  La  civilas  Coriosopitum  est  la  même  que  d'autres 
appellent  Coviosolitum.  M.  Mommsen  dans  son  édition  de  la  Notice 
des  Gaules,  a  choisi  la  deuxième  leçon;  c'est  la  première,  Corioso- 
pitum, qui  d'après  M.  l'abbé  Duchesne,  était  la  lecjon  primitive. 

Diverses  lettres  et  les  conciles  du  v'^  siècle  permettent  de  constater 
l'existence  dans  la  troisième  Lyonnaise  des  évêchés  des  Coriosopiies  et 
des  Ossismi.  A  la  faveur  de  l'immigration  bretonne  en  Armorique, 
les  territoires  occupés  par  les  Bretons  échappèrent  à  la  suprématie  de 
l'évêque  de  Tours.  En  revanche,  des  monastères  furent  fondés  en 
grand  nombre,  dont  plusieurs  durent  leur  origine  à  dos  moines 
revêtus  de  la  dignité  épiscopale.  «  Saint  Paul-Aurélien  fonda  celui  du 
Léon,  saint  Tutwal  celui  de  Tréguier,  saint  Brieuc  celui  du  Champ 
du  Rouvre  où  son  nom  s'est  perpétué,  saint  Lunaire  celui  de  Pontual, 
saint  Malo  celui  d'Alet,  saint'^amson  celui  de  Dol.  »  Chacun  de  ces 
monastères  exerçait  son  autorité  sur  un  certain  nombre  de  paroisses. 
Le  métropolitain  de  Tours,  dont  la  juridiction  n'était  plus  reconnue, 
fit  entendre  à  plusieurs  reprises  des  protestations  contre  un  pareil 
désordre.  Charlemagne  parvint  à  dompter  les  Bretons.  Un  peu 
d'ordre  fut  mis  dans  les  circonscriptions  ecclésiastiques.  Au  commen- 
cement du  IX®  siècle,  la  Bretagne  était  divisée  en  quatre  diocèses,  dont 
les  évêques  résidaient  à  Vannes,  à  Quimper,  àSaint-Pol-de-Léon  et  à 


520  COMPTKS    lît'NDUS 

Alet.  Mais  sous  le  règne  de  Charles  le  Chauve,  Noménoé  se  créa  une 
principauté  composée  des  pays  bretons  et  des  cités  franques  de  la  fron- 
tière.Rencontrant  une  opposition  du  côté  des  évêques  de  Vannes,  d'Alet, 
des  Corosopites  et  des  Ossismi,  il  les  fit  déposer  sous  prétexte  de 
simonie,  et  de  leurs  quatre  diocèses,  il  en  fit  sept  dont  un  eut  son  "siège 
au  monastère  de  DoL  décrétant  que  son  tiluhiire  serait  archevêque. 
Cela  n'alla  pas  sans  provoquer  des  protestations  de  la  part  des  conciles 
francs.  L'affaire  fut  portée  en  cour  de  Rome.  Elle  se  poursuivit  pen- 
dant tout  le  ix«  siècle.  Quand  l'ordre  fut  rétabli,  un  seul  point  resta  en 
litige,  celui  de  la  juridiction  métropolitaine  de  Dol,  qui  ne  fut  tranché 
que  par  un  décret  du  pape  Innocent  III,  lequel  rétablit  l'antique  su- 
bordination des  églises  de  Bretagne  au  siège  de  saint  Martin,  mais  en 
respectant  les  fondations  épiscopales  de  Noménoé. 

Les  catalogues  épiscopaux  de  la  province  de  Tours  se  présentent 
soit  isolés,  soit  groupés  entre  eux  ou  avec  des  catalogues  de  provinces 
voisines.  M.  l'abbé  Duchesne  les  étudie,  puis  il  dresse  les  séries 
épiscopales  de  Tours,  du  Mans,  de  Rennes,  d'Angers,  de  Quimper 
{Coriosopites),  de  Vannes,  de  Saint- Pol-de-Léon  (Ossisvni),  d'Alet,  do 
Dol,  de  Saint-Brieuc,  de  Tréguier. 

Il  arrive  à  la  province  de  Sens.  Il  s'arrête  longuement  aux 
traditions  du  monastère  de  Saint-Pierre-le-Vif,  relatives  au  premier 
évoque,  saint  Savinien.  Il  y  avait  à  Sens,  dit-il,  un  monastère  placé 
sous  le  vocable  de  saint  Pierre,  et  appelé  «  on  ne  sait  pourquoi,  saint 
Pierre-le-Vif  ».  On  sait  très  bien  pourquoi  ce  monastère  était  sur- 
nommé le  Vi/'. C'était  l'église  Saint-Pierre  du  bourg,»  Sanctus  Petrus 
de  vico  »,  par  opposition  à  l'église  Saint-Pierre  sise  dans  la  cité.  Mais 
Sanctus  Petrus  de  vico  donne  en  français  Saint-Pierre  le  Vi;  or, 
comme  vi  correspondant  à  oiçus  ne  s'est  conservé  qu'en  composi- 
tion, comme  dans  Neuvi,  Novo  Vico,  et  que  dans  le  langage  courant  vi 
signifiait  vivant, owdi  retraduit  Saint-Pierre  le  17  par  Sanctus  Petrjxs 
Vivus.  En  847,  l'archevêque  Wenilon  découvrit  dans  le  cimetière 
voisin  de  Saint-Pierre,  les  tombeaux  des  deux  premiers  évêques, 
Savinien  et  Potentien.  Leurs  reliques  furent  transportées  dans  l'église 
du  monastère  de  Saint-Pierre.  Dès  l'année  848,  Wandelbert  de  Prùm 
marqua  dans  son  martyrologe  les  noms  des  saints  Savinien  et  Poten- 
tien, en  les  qualifiant /)rïmi  patroni  de  l'église  de  Sens.  Quelques 
années  après,  Adon,  Sénonais  de  naissance,  précisa  la  tradition  et  nota 
que  ces  deux  évêques  tenaient  leur  mission  a  heatis  apostolis.  Usuard, 


L.  DUCIIESNE  :  FASTES  ÉPISCOPAUX  521 

vers  875,  répète  la  même  assertion,  mais  remplace  les  mots  a  heaiis 
apostolis  par  n  pontifice  romano.  Le  système  d'Usuard  prévalut  à 
Sens.  Pour  mettre  leurs  reliques  à  l'abri  du  pillage  des  Normands, 
les  moines  de  Saint-Pierre  les  transportèrent  dans  l;i  cathédrale;  le 
danger  passé,  l'archevêque  prétendit  les  garder.  Elles  y  restèrent 
jusqu'au  temps  du  roi  Robert  qu'elles  furent  reportées,  en  1031,  à 
Saint-Pierre-le-Vif.  C'est  après  cette  date  que  furent  composés  dans 
lesmonastères  divers  écrits  ayant  pour  but  de  mettre  les  reliques  en 
valeur,  et  spécialement  une  Histoire  de  la  passion  des  saints  Savinien 
et  Potenlien,  rédigée  par  l'ordre  de  l'abbé  Gerbert  (1046-1079),  et  où  l'on 
donne  les  plus  grands  détails  sur  les  deux  saints  qui  auraient  figuré 
parmi  les  soixante-douze  disciples.  Il  n'y  a  rien  àtirer  de  cette  légende 
pour  l'histoire  des  deux  premiers  évéques  sénonais.  Quant  au  cata- 
logue épiseopal  sénonais,  il  nous  est  parvenu  sous  plusieurs  formes, 
mais  on  peut  les  répartir  en  deux  groupes.  Les  plus  anciens  ne  con- 
tiennent ni  Amatus,  ni  flonobertus,  ni  Honulfus.  Le  premier  n'appa- 
raît dans  les  listes  qu'au  xu^  siècle;  c'est  ((  sûrement  »  un  évêque  de 
Sion.  A  ce  propos,  nous  ferons  remarquer  que  s'il  y  a  confusion  entre 
Sedunensis  et  Senonensis  (qui  au  xi"  siècle  se  présente  souvent  sous 
la  forme  Sennensis),  celte  confusion  remonte  au  moins  au  xi<^  siècle, 
puisque  dans  un  privilège  de  Philippe  P''  de  l'an  1076,  pour  l'église 
de  Saint-Amé  de  Douai,  dont  l'original  nous  a  été  conservé,  saint 
Amé  est  déjà  qualifié  évoque  de  Sens;  il  aurait  été  chassé  de  son  siège 
par  le  roi  Thierry.  Quant  à  Ilonobertuset  Honulfus,  ils  figurent  dans 
un  martyrologe  sénonais  du  x*"  siècle. 

Le  premier  évêque  de  Chartres  dont  la  date  approximative  puisse 
être  établie  est  Valentinus,  qu'on  identifie  soit  avec  un  évêque  qui 
figure  parmi  les  prélats  des  Gaules  qui  adhérèrent  vers  344  à  la  réha- 
bilitation de  saint  Athanase,  soit  plutôt  avec  un  évêque  Valentinus 
qui  se  trouva  à  Chartres  en  compagnie  de  saint  Martin  de  Tours;  il 
vivait  au  milieu  ou  à  la  fin  du  iv^  siècle.  Avant  lui  les  catalogues  ne 
connaissent  que  deux  évéques  Adventus  et  Optatus. 

Nous  sommes  abondamment  et  sérieusement  documentés  sur  les 
évéques  d'Auxerre.  La  Vie  de  saint  Germain  se  réclame  du  nom  de 
Constantius,  prêtre  de  Lyon,  au  temps  de  Sidoine-Apollinaire. 

Le  texte  tel  qu'il  nous  est  parvenu  n'est  pas  primitif;  car  plusieurs 
chapitres  sont  tirés  de  la  Vie  de  sainie  Geneviève;  l'histoire  de  Ma- 
mertin  est  visiblement  une  ioterpolation.  Pour  la  Vie  de  saint  Amator 


5-2'2  COMPTES    RENDUS 

qui  mourut  en  418,  elle  fut  écrite  sur  l'ordre  del'évêque  Aunachaire, 
à  la  fin  du  VP  siècle;  l'auteur  a  reproduit  les  premiers  chapitres  de 
la  Vie  de  saint  Germain  en  y  introduisant  des  épisodes  miraculeux. 
La  passion  de  saint  Pèlerin,  le  premier  évêque,  paraît  avoir  été  ré- 
digée aussi  au  vi''  siècle. 

Auxerre  possédait  dès  la  fin  du  vi^  siècle  un  martyrologe  qui  a 
passé  dans  la  compilation  du  martyrologe  hiéronymien  arrangée 
à  Auxerre  au  temps  de  l'évêque  Aunachaire.  Sous  l'évêque  Wala 
(vers  875) ,  deux  chanoines  et  un  moine  de  Saint-  Germain  commencèrent 
la  rédaction  des  Gesta  episcoporum  Autissiodorensium  sur  le  modèle 
du  Liber  Pontijicalis.  La  série  des  biographies  épiscopales  fut  ainsi 
continuée  jusqu'en  1278. 

La  liste  des  évêques  qu'on  peut  dresser  à  l'aide  des  Gesta  est  assez 
souvent  vérifiée  pour  qu'on  puisse  lui  ajouter  créance,  sauf  sur  un 
point,  le  dédoublement  dieValerianus enValerlua eXValerianus .  Quant 
aux  chiffres  qui  indiquent  la  durée  des  épiscopats,  ils  n'ont  de 
valeur  qu'à  partir  du  vu®  siècle. 

Le  catalogue  épiscopal  de  Troyes  n'est  connu  que  par  Robert 
Abolant,  chroniqueur  du  premier  quart  du  xiii"^  siècle.  C'est  ce- 
pendant un  bon  catalogue,  et  que  les  autres  documents  vérifient 
depuis  le  v^  siècle.  Le  premier  évêque  est  Amator,  le  second  Opta- 
tianus,  qui  est  peut-être  l'évêque  de  ce  nom  qui  figure  dans  la  liste 
de  ceux  qui,  vers  344,  adhérèrent  à  la  réhabilitation  de  saint 
Athanase. 

Du  catalogue  des  évêques  d'Orléans  nous  ne  possédons  qu'une  copie, 
dans  un  manuscrit  de  Saint-Aubin  d'Angers,  et  qui  s'arrête  avec 
Rainier,  lequel  siégea  de  1066  à  1082  environ.  Le  premier  évoque  est 
Diclopitus,  au  milieu  du  iv**  siècle. 

Le  premier  évêque  de  Paris  est  Denys.  Le  plus  ancien  document 
de  son  culte  est  la  Vie  de  sainte  Geneviève.  Grégoire  de  Tours  le  met 
au  nombre  des  sept  évêques  envoyés  de  Rome  en  250.  Dès  la  fin  du 
viii«  siècle,  on  croyait  qu'il  était  venu  en  Gaule  au  temps  de  saint  Clé- 
ment. Un  siècle  après,  en  836,  l'abbé  Hilduin  l'identifia  avec  saint 
Denys  l'Aréopagite. 

Au  déclin  du  ix*  siècle,  l'Église  de  Meaux  possédait  un  catalogue 
épiscopal;  il  est  mentionné  dans  la  Vie  de  saint  Faron  par  l'évêque 
Hildegaire.  Le  premier  nom  était  celui  de  saint  Denys  ;  le  dix- 
neuvième,  celui  de  Waldebert,  le  vingtième  celui   de  saint  Faron. 


II.  denifle:  la  dksolation  des  églises  523 

Mais  saint  Denys  a  été  évoque  de  Paris,  et  non  de  Meaux  ;  Waldebert 
fut  abbé  de  Luxeuil  et  ne  saurait  avoir  précédé  saint  Faron.  Cette 
liste  avait  donc  peu  de  valeur.  C'est  d'elle  sans  doute  que  se  sont 
servis  les  auteurs  du  Gcdlia  Christiana. 

Le  catalogue épiscopal de  Nevers nous  est  parvenu  sous  deux  formes. 
La  première  est  celle  qui  se  trouve  dans  un  sacramentaire  et  dans  un 
évangéliaire,  et  qui  va  de  première  main,  dans  le  sacramentaire 
jusqu'à  Girard,  prédécesseur  de  Hugues,  dans  l'évangéliaire,  jusqu'à 
Hugues  (1013-1063).  La  seconde  forme  nous  est  fournie  par  Robert 
Abolant,  qui  distingue  deux  séries  d'évêques,  les  uns  ayant  siégé  dans 
l'église  des  saints  Gervais  et  Protais,  les  autres,  à  partir  de  Hiero- 
nymus,  contemporain  de  Charlemagne,  dans  l'église  de  Saint-Cyr, 

M.  P. 

Le  P.  Henri  Denifle. —  La  désolation  des  églises,  monastères  et 
hôpitaux  en  France  pendant  la  guerre  de  Gent-Ans,  T.  II .  La 

guerre  de  Cent-Ans  jusqu'à  la  mort  de  Charles  V  (première  moitié). 
—  Paris,  A.  Picard,  1899;  in-8",  xiv-862  p. 

Sous  prétexte  d'introduction  à  ses  documents  sur  la  Désolation  des 
églises,  monastères  et  hôpitaux  en  France,  le  P.  H.  Denifle.  0.  P., 
vient  de  consacrer  à  la  première  partie  de  la  guerre  de  Cent-Ans 
jusqu'en  1380  un  ouvrage  capital.  Sans  préoccupation  d'art,  mais 
avec  un  étonnant  effort  d'érudition,  il  a  repris  par  le  menu  ce  vaste 
morceau  d'histoire.  On  est  tout  d'abord  émerveillé  de  l'abondance 
et  de  la  précision  de  ses  connaissances.  Il  est  difficile  d'imaginer 
une  critique  mieux  informée,  plus  savante.  A  peu  près  toute  la 
littérature  utile  de  la  guerre  de  Cent-Ans  a  passé  sous  les  yeux  de 
l'auteur,  et  ce  n'est  pas  peu  dire. 

Cette  érudition  est  d'autre  part  très  vivante,  parce  qu'elle  est  indé- 
pendante et  personnelle.  Le  P.  Denifle  a  voulu  tout  voir,  tout  juger  à 
sa  façon.  Le  xiv^  siècle  est  encore  une  époque  en  plein  défrichement 
historique.  Depuis  une  quarantaine  d'années,  d'éminents  historiens 
comme  S.  Luce  ont  commencé  le  gros  travail  ;  ils  ont  apporté  des 
faits  ou  des  opinions  qu'on  a  immédiatement  recueillis  et  acceptés, 
heureux  qu'on  était  d'avoir  enfin  des  lumières  sur  cette  période  trop 
délaissée  de  notre  histoire.  Ils  ont  été  crus  sur  parole;  on  s'est  plu  à 
les  citer  sans  contrôle.  Cette  confiance  était  légitime.   S.   Luce  en 


524  COMPTES    RENDUS 

particulior  a  fait  faire  d'énormes  progrès  à  notre  connaissance  de  la 
guerre  de  Cent-Ans;  sur  un  grand  nombre  de  questions  importantes, 
il  a  apporté  des  résultats  définitifs.  Mais  nul  n'est  infaillible.  Par  ses 
curieuses  vérifications,  par  ses  recherches  personnelles,  le  P.  Denifle 
a  eu  très  souvent  l'occasion  de  compléter,  de  rectifier,  de  transformer 
ce  qui  avait  été  dit  avant  lui  ou  du  moins  d'éveiller  d'mtéressants 
scrupules.  Son  livre  est  un  puissant  et  presque  toujours  heureux 
exemple  de  critique  originale. 

Cette  critique  a  encore  le  mérite  d'être  ardente,  juvénile.  Le  P.  De- 
nifle donne  un  intérêt  passionné  à  tout  ce  qu'il  étudie  de  près.  11  aime 
à  écarter  franchement  les  erreurs  de  son  chemin  ;  il  le  fait  avec  viva- 
cité, mais  sans  violence.  Sa  sévérité  est  toujours  juste.  Et  ce  ne  sont 
pas  seulement  les  erreurs,  les  faiblesses,  les  partis-pris  de  ses  devan- 
ciers qui  excitent  sa  verve  :  il  ne  dissimule  pas  les  sentiments  très  vifs 
que  lui  inspirent  les  hommes  et  les  faits  de  la  guerre  de  Cent-Ans.  Il 
s'indigne  et  il  admire,  et  il  le  dit.  Nul  n'a  recherché  avec  plus  de  zèle 
les  premières  manifestations  du  patriotisme  français  dans  les  débuts 
de  la  grande  lutte  contre  les  Anglais,  et  nul  n'a  montré  plus  de  joie  à 
les  retrouver  et  à  les  décrire.  Cette  franchise  et  cette  chaleur  de  con- 
viction ont  une  saveur  toute  particulière. 

Dans  ce  très  gros  livre  la  critique  du  P.  Denifle  s'est  appliquée 
à  deux  objets  différents  :  à  l'histoire  générale  de  la  guerre  de  Cent- 
Ans  jusqu'en  1380  d'une  part,  de  l'autre,  à  la  désolation  des  établisse- 
ments religieux  durant  cette  même  période. 

L'histoire  générale  de  la  guerre  de  Cent-Ans  jusqu'en  1380  est 
destinée  à  montrer  quelle  fut  l'extension  de  la  guerre  même,  quelle 
aire  immense  ont  couverte  ses  ravages,  quelle  durée  ils  ont  eue. 
Il  était  nécessaire  pour  atteindre  ce  but,  de  suivre  toutes  les  grandes 
expéditions,  de  tracer  leur  itinéraire,  d'apprécier  leur  importance  et 
leurs  résultats;  il  ne  l'était  pas  moins  d'énumérer  et  de  définir  toutes 
les  trêves,  d'étudier  par  surcroît  les  agitations  parisiennes  de  1356- 
1358,  la  Jacquerie,  la  Navarrerie,  les  méfaits  des  compagnies,  tout 
ce  qui  a  été  comme  le  prolongement  et  le  fruit  de  la  guerre  anglaise. 
C'est  là  qu'apparaissent  les  résultats  les  plus  curieux  des  recherches 
du  P.  Denifle.  Il  serait  trop  long  d'énumérer  tout  ce  qu'il  apporte  de 
nouveau.  Signalons  cependant  l'usage  fécond  qui  a  été  fait  pour  la 
première  partie  de  la  guerre  des  sources  anglaises  très  supérieures 
alors,  sinon  en  couleur,  au  moins  en  précision  historique,  aux  chro- 


H.  DENIFLE  :    LA  DÉSOLATION  DES  ÉGLISES  525 

niques  françaises'  ;  —  le  récit  amélioré  et  définitivement  mis  au  point 
de  la  chevauchée  du  prince  de  Galles  on  Languedoc  à  la  fin  de  1355  ; 
—  le  rôle  d'Innocent  VI  dans  les  affaires  navarraises,  qu'éclairent  de 
nombreux  documents  inédits  tirés  des  archives  pontificales;  —  le 
récit  de  la  bataille  de  Poitiers  qui  est  complètement  renouvelé  ;  —  la 
biographie  de  l'archiprêtre  Arnaud  de  Cervole  qui,  même  après  le  livre 
de  Chérest,  apparaît  sous  un  aspect  le  plus  souvent  inédit;  —  les  pré- 
liminaires du  traité  de  Bréligny,  etc.,  etc. 

L'étude  des  ravages  qui  désolèrent  alors  les  établissements  ecclé- 
siastiques et  leurs  propriétés  a  été  faite  avec  un  soin  extrême.  Les 
documents  tirés  des  archives  du  Vatican  sont  toujours  complétés  par 
les  travaux  de  l'érudition  locale.  C'est  incroyable  ce  que  le  P.  Denifle 
a  compulsé  d'ouvrages  anciens  ou  nouveaux  sur  l'histoire  provinciale. 
Tous  les  diocèses  de  France  ont  été  passés  en  revue.  Certes,  on  peut 
relever  quelques  oublis;  mais  combien  ils  sont  rares,  si  on  les  compare 
à  la  masse  énorme  des  renseignements  apportés  par  l'auteur!  Il  est 
impossible  de  donner  en  quelques  lignes  une  idée  suffisante  de  ce 
tableau  d'une  effroyable  monotonie.  Mais  on  n'en  saurait  exagérer 
l'importance.  Par  des  études  de  ce  genre  l'histoire  du  xiv«  siècle  peut 
être  singulièrement  renouvelée  et  élargie  ;  c'est  cette  histoire  prise  par 
les  entrailles.  L'auteur  a  poursuivi  ainsi  très  vaillamment  une  enquête 
qu'il  faudra  continuer.  Il  s'est  attaqué  à  l' Église;  il  est  homme  à  mener 
son  entreprise  à  bonne  fin.  Mais  combien  il  y  a  à  faire  pour  le  reste! 
Que  sont  devenues  les  villes,  les  campagnes  en  dehors  des  domaines 
ecclésiastiques?  Que  sont  devenus  la  propriété  avec  ses  tenures,  les 
services  en  argent  ou  en  nature,  l'agriculture,  le  commerce,  l'industrie? 
Malgré  quelques  travaux  de  détail,  que  d'éléments  nous  manquent 
encore  pour  apprécier  les  transformations  profondes  qu'amena  dans 
notre  pays  ce  siècle  de  guerre  ! 

Évidemment  dans  cette  masse  énorme  de  faits  que  le  P.  Denifle  a 

1.  Le  P.  Denifle  a  parfaitement  raison  de  ne  pas  déclarer  simplement  légen- 
daire le  récit  où  F'roissari  raconte  comment  en  V.UQ  Edouard  III  fut  amené  à 
débarquer  en  Normandie  (La  Roncière,  Histoire  de  la  Marine  française,  l, 
479).  Le  récit  de  P'roissart  est  en  bonne  partie  confirmé  par  des  documents 
anglais  dignes  de  confiance.  Je  ne  parle  pas  seulement  de  Robert  d'Avesbury 
(éd.  E.  M.  Thompson,  p.  357),  qui  dit  formellement  que  le  roi  d'Angleterre 
comptait  faire  voile  pour  la  Gascogne.  Adam  de  Monmouih  (éd.  Thompson, 
200-201),  donne  une  lettre  de  Barth.  of  Burwash,  évéque  de  Stratford,  qui  prit 
part  à  l'expédition,  où  il  raconte  que  le  roi  avait  «  eutencoun  daver  aie  vers 
Gascoun  et  avoit  pris  son  chymyn  ».  Les  vents  contraires  l'obligèrent  à  y 
renoncer . 


536  COMPTES   RENDUS 

présentés  et  interprétés,  tous  ses  arguments,  toutes  ses  conclusions  ne 
déterminent  pas  une  conviction  absolue.  S'il  y  a  de  très  nombreux 
résultats  qui  sont  définitivement  acquis,  il  y  en  a  qui  n'emportent  pas 
tous  les  doutes.  Sur  certains  points  on  peut  trouver,  même  après  lui, 
matière  à  hésitation  et  à.  discussion.  Ce  sont  quelques  hésitations  de 
ce  genre  que  je  voudrais  encore  soumettre  au  P.  Denifle. 

P.  155.  Le  P.  D.  d'après  Secousse,  raconte  qu'Etienne  Marcel 
«érigea  une  grande  confrérie  sous  l'invocation  de  Notre-Dame  ».  Il 
me  semble  avoir  été  démontré  depuis  longtemps  que  cette  confrérie 
avait  déjà  à  cette  époque  un  respectable  passé  ;  cf.  Mémoires  de  la 
Société  dea  Antiquaires  de  France,  XVII  (1844),  p.  200. 

P.  156.  Le  P.  D.  signale,  d'après  les  Grandes  Chroniques  (Vl,  30), 
un  entretien  du  Dauphin  avec  plusieurs  maîtres  de  l'Université  qui 
lui  firent  de  très  belles  protestations  de  dévouement.  Et  il  ajoute  : 
«  C'était  là  en  général  le  sentiment  du  clergé  de  Paris.  »  Mais  il  omet 
par  la  suite  l'étrange  démarche  que,  d'après  la  même  source  (VI,  85), 
firent  l'Université  et  le  clergé  de  Paris  peu  de  temps  après,  dans  le 
courant  de  février,  démarche  qui  manifeste  des  sentiments  beaucoup 
moins  bienveillants  et  un  singulier  esprit  d'indépendance.  Il  eût  été 
bon  de  rapprocher  ce  second  texte  du  premier,  afin  de  montrer  la 
variété  et  l'incertitude  des  opinions. 

P.  158.  Le  P.  Denifle  se  borne  avec  raison  à  dire  que  le  Dauphin 
régent  depuis  quelques  jours  «  parvint  à  quitter  Paris  »  dans  la  seconde 
quinzaine  de  mars  1358  ».  Il  y  a  là  en  effet  un  épisode  resté  obscur 
pour  nous.  On  ne  saurait  présenter  ce  départ  comme  une  fuite.  On  ne 
voit  point  que  les  chefs  du  mouvement  parisien  aient  gardé  le  prince 
malgré  lui  dans  Paris  et  lui  aient  interdit  tout  déplacement  hors  les 
murs.  Le  Dauphin  est  allé  à  Montlhéry,  puis  à  Metz  en  novembre  et 
décembre  1356;  il  a  passé  les  mois  d'août  et  de  septembre  1357  au 
nord  de  Paris  et  en  Normandie.  Il  est  venu  s'installer  à  la  noble 
maison  de  Saint-Ouen  pendant  la  semaine  de  Pâques  1357;  il  y  est 
encore  établi  au  milieu  de  mars  1358  \  Or,  Saint-Ouen  était  alors 
à  plus  de  4  kilomètres  des  murs.  Mais  si  le  Dauphin  pouvait  se  dé- 
placer, il  restait  toujours  sous  une  surveillance  fort  active.  C'est  ainsi 
que  Philippe  de  Repenti,  écuyer,  qui  avait  voulu  l'enlever  avec  une 
troupe  d'hommes  d'armes,  tandis  que  le  prince  était  à  Saint-Ouen,  en 

1.  Pour  ces  déplacements,  voir  :  Grandes  Chroniques,  VI,  44,  46,  98,  et 
L.  l'annier,  La  noble  Maison  de  Saint-Ouen,  129. 


H.  nENiFLP:  :  la  désolation  des  églises  527 

mars  1358,  fut  saisi  le  17  mars,  amené  à  Paris  et  décapité  aux  Halles 
le  11)  mars'.  Une  telle  surveillance  devait  évidemment  aux  yeux  des 
meneurs  parisiens  conjurer  les  dangers  que  pouvaient  présenter  les 
déplacements  du  Régent.  Ils  n'osaient  le  retenir,  mais  le  faisaient 
suivre  et  escorter.  Le  Régent  avait  convoqué  k  Senlis  pour  le  25  mars 
1358  les  nobles  de  Vermandois,  de  Pontieu,  de  Corbiois,  d'Artois,  de 
Vimeux,  deCauxetdeBeauvaisis;  il  avait  annoncé  qu'il  s'y  rendrait  en 
personne,  et  nous  ne  voyons  pas  qu'aucun  obstacle  soit  venu  traverser 
ce  projet,  ni  à  Paris,  ni  ailleurs.  Mais  le  roi  de  Navarre  devait  accom- 
pagner le  Dauphin^  La  chose  était  arrêtée  d'avanee,  et  si  elle  ne  se  fît 
pas,  c'est  que  Charles  le  Mauvais  fut  malade  ;  il  fut  retenu  à  la 
chambre  «  pour  cause  de  deux  bosses  qu'il  avoit  es  aines'».  Il  est 
probable  qu'il  fut  remplacé  par  Jean  de  Picquigny.  Le  Régent  profita 
évidemment  de  cette  situation.  Cependant  la  surveillance  continuait 
autour  de  lui.  Le  9  avril,  sans  être  rentré  dans  Paris,  il  vint  à  Provins 
tenir  les  États  de  Champagne.  Les  États  avaient  été  sans  doute  con- 
voqués dans  les  mêmes  conditions  que  l'assemblée  do  Senlis.  Le  roi 
de  Navarre  devait  y  accompagner  le  Dauphin  ;  mais  il  ne  fut  pas  plus 
en  état  de  venir  à  Provins  qu'à  Senlis.  Robert  de  Corbie  et  Pierre  de 
Rosny,  archidiacre  de  Brie,  le  remplacèrent*.  Le  Dauphin  sut  très 
habilement  se  débarrasser  de  ses  tuteurs  à  l'aide  des  États  eux-mêmes. 
Il  recouvrait  ainsi  peu  à  peu  non  pas  sa  liberté  de  mouvement  qu'il 
n'avait  pas  perdue,  mais  l'indépendance  de  son  autorité.  La  tutelle 
des  Parisiens  tenta  de  se  prolonger  jusqu'aux  États  de  Compiègne,  au 
commencement  de  mai.  On  y  vit  Robert  le  Coq.  Mais  l'évêque  de 
Laon  faillit  y  être  tué  par  plusieurs  nobles  q  ui  étaient  venus  se  grouper 
autour  du  Régent  \  Il  n'y  eut  donc  pas  évasion  du  Dauphin  :  il  profita 
des  derniers  scrupules  des  chefs  navarrais  et  parisiens  qui  n'osèrent 
pas  attenter  à  sa  liberté  et  se  bornèrent  à  une  surveillance  que  Téloi- 
gnement  devait  bien  vite  rendre  tout  à  fait  inefficace. 

P.  211.  Les  causes  de  la  Jacquerie  paraissent  exposées  d'une  ma- 
nière trop  vague.  Le  P.  DenifLe  reproduit  les  développements  de  Jean 
de  Venette.  11  y  aurait  eu  intérêt  à  rappeler  les  articles  d'ordonnances 
qui  obligeaient  les  habitants  du  royaume  à  s'armer  et  les  autorisaient 

1.  Grandes  Chroniques,  VI,  98. 

2.  A.  Coville,  Les  États  de  Normandie,  365. 
'6.  Grandes  Chroniques,  VI,  99. 

4.  Ibid..  VI,  100. 

5.  Grandes  Chroniques,  VI,  108. 


528  COMPTES    RENDUi5 

k  résister  en  troupes  armées  et  à  son  de  cloches  dans  certains  cas\ 
p.  335,  n,  2.  Le  P.  D.  se  demande  comment  les  Normands  par- 
tisans du  roi  de  Navarre  auraient  pu  avoir  l'idée  au  début  de  1360,  à 
défaut  du  roi  de  Navarre,  de  faire  capitaine  général  l'archevêque  de 
Rouen,  Philippe  d'Alençon.  Mais  ce  prélat  fut  toujours  en  mauvais 
termes  avec  le  Dauphin,  puis  avec  Charles  P»"  ;  il  avait  au  contraire 
des  liens  étroits  avec  le  roi  de  Navarre.  Si  le  Dauphin  le  ménagea,  ce 
fut  pour  ne  pas  le  jeter  définitivement  dans  le  parti  navarrais^  Il  est 
donc  naturel  que  ceux  qui  avaient  d'abord  songé  à  Charles  le  Mau- 
vais se  soient  tournés  ensuite  vers  Philippe  d'Alençon. 

P.  462-469.  La  disposition  des  matières  paraît  fort  sinueuse:  l'ordre 
n'est  ni  géographique  ni  chronologique.  On  voit  se  succéder  :  la 
bataille  de  Cocherel,  16  mai  1364,  la  paix  entre  les  rois  de  France  et 
de  Navarre,  mai-juin  1365,  les  affaires  de  Bretagne  de  1361  à  1364, 
la  bataille  d'Auray,  29  septembre  1364,  le  traité  de  Guérande, 
11  avril  1365,  puis  par  un  singulier  retour  les  opérations  de  la  guerre 
navarraise  qui  ont  suivi  immédiatement  la  bataille  de  Cocherel  en 
Beauce,  en  Normandie  et  sur  la  Loire,  de  juin  à  octobre  1364.  Il  eût 
été  plus  simple  et  plus  clair  d'exposer  après  Cocherel  la  suite  de  la 
guerre  navaraise  avant  de  parler  de  la  paix  qui  la  termina,  et  de  la  fin 
de  la  guerre  de  Bretagne.  Il  n'y  eût  eu  ni  cette  interversion  illogique 
des  faits  ni  cette  confusion  géographique. 

P.  537-538.  Le  P.  Denifle  ne  paraît  pas  avoir  utilisé  le  très  inté- 
ressant travail  de  MM.  Petit-Dutaillis  et  Collier  sur  la  Diplomatie 
fi^ançâise  et  le  traité  de  Brétir/nj/,  paru  ici  même  en  1897.  Sur  la 
fameuse  question  des  renonciations,  leur  interprétation  me  semble 
plus  complète  et  plus  satisfaisante.  La  lenteur  préméditée  de  la  remise 
des  territoires  cédés,  l'embarras  d'Edouard  III  pris  entre  des  intérêts 
divers  y  sont  bien  mis  en  lumière.  Le  P.  D.  estime  que  pendant  six 
années  on  oublia  que  les  renonciations  n'avaient  pas  été  faites  et  que 
le  traité  restait  incomplet  :  «  Ce  fait  fut  oublié  de  tous.  En  effei, 
après  1361  six  ou  sept  années  s'écoulèrent  sans  que  personne,  pas 
même  le  roi,  parlât  de  cette  souveraineté,  jusqu'au  jour  où  le  comte 

1.  Ordonnances  du  28  décembre  1355,  art.  5,  12,  13;  —  de  mars  1357,  art.  8 
17,  .37,  40;  —  du  14  mai  1358,  art.  5,  Rac.  des  Ordon.,  III,  23,  28,  35.  36,  127,  133, 
139,  140,  224.  —  Clir.  Normande,  éd.  Molinier,  127.  —  S.  Luce,  Hist.  de  la 
Jacquerie,  2'  éd.,  50. 

2.  Voir  sur  tout  ceci  l'article  de^MM.  Mirot  et  Déprez  :  Un  conflit  de  juridic- 
tion sous  Charles  V,  dans  le  Moyen  Age,  1897,  132. 


11.  DENIFLE  :    LA  DÉSOLATION  DES  ÉGLISES  529 

d'Arnuigiuic  en  appela  du  prince  de  Galles  au  roi  de  France  comme  à 
son  souverain.  C'était  une  révélation,  une  lumière  nouvelle.  )>  Cet 
oubli  est  tout  à  fait  invraisemblable  de  la  part  de  Cliarles  V  et  de  ses 
conseillers.  Tout  ce  que  nous  savons  de  l'esprit  et  du  caractère  de  ce 
roi,  toute  sa  diplomatie  nous  le  montrent  poursuivant  avec  prudence 
et  discrétion  de  longs  desseins.  Bien  plus,  toute  la  politique  de  ce 
prince  jusqu'en  1369  ne  s'agence  et  ne  s'explique  bien  que  dans 
l'hypothèse  d'une  longue  préméditation  et  d'une  préparation  mysté- 
rieuse. 

P.  553.  Je  préfère  l'identification  de  Puydenut,  donnée  par  S.  Luce 
et  Clément  Simon  à  celle  de  Purnon  donnée  par  Kerwyn  de  Let- 
tenhove  et  le  P.  D.,  comme  lieu  d'un  combat  de  juillet  1369  oià  le 
comte  de  Pembroke  fut  surpris  par  le  maréchal  de  Sancerre^ 

P.  559  et  562.  Le  P.  D.  fait  entrer  le  duc  de  Berry  à  Limoges  le 
22  aoiit  1370  et  durer  le  siège  de  la  même  ville  par  le  prince  de  Galles, 
du  14  au  19  septembre.  M.  Clément  Simon'  donne  pour  l'entrée 
du  duc  de  Berry  le  24  août  et  pour  le  siège  du  2  au  19  septembre.  Ces 
dates  sont  plus  vraisemblables. 

p.  573.  La  fin  de  l'itinéraire  du  duc  de  Lancastre  à  l'automne  1373 
me  semble  devoir  être  rectifiée.  Le  P.  D.  après  avoir  fait  passer  la 
Loire  par  l'armée  anglaise  à  Marcilly-les-Nonnains,  lui  fait  prendre 
tout  de  suite  la  direction  du  Rouergue  qui  est  bien  loin  de  là.  Puis  de 
Montsalvy  et  de  Mur-de-Barrez'  les  Anglais  auraient  fait  une  pointe 
vers  le  nord  pour  prendre  Tulle  et  Brive-la-Gaillarde.  Comme  ils 
auraient  paru  à  Montsalvy  le  14  décembre,  c'est  après  cette  date  que  se 
placerait  la  prise  de  Tulle  et  de  Brive.  Or,  il  convient  d'intervertir  les 
faits.  Il  est  peu  vraisemblable  que  le  duc  de  Lancastre  ait  traversé  la 
région  la  plus  rude  du  massif  central  pour  gagner  directement  le  nord 
du  Rouergue;  il  a  bien  plutôt  suivi  la  grande  voie  naturelle  et  his- 
torique qui  contourne  au  nord  le  massif  central  par  le  nord  de  l'Au- 
vergne, le  Bas-Limousin  et  le  Périgord.  On  se  représente  mal  l'armée 
anglaise  au  beau  milieu  de  décembre  arrivée  sur  les  hauts  plateaux 
qui  s'étendent  entre  le  Lot  et  la  Cère,  tournant  le  dos  dans  l'état 

1.  Froissart,  éd.  Kervyn  de  Lettenhove,  VII,  542,  éd.  Luce,  VII,  lxxiv;  — 
Clément  Simon,  La  rupture  du  traité  de  Drétigny  et  ses  conséquences  en 
Limousin,  p.  26. 

2.  Clément  Simon,  op.  cit.,  35,  38. 

3.  Ces  deux  localités  sont  dans  le  département  du  Cantal,  à  l'est  et  au  .sud-est 
d'Aurillac. 


530  COMPTES    RENDUS 

de  délabrement  où  elle  était,  à  la  route  de  Bordeaux,  regagnant  le 
Nord  par  Brive,  Tulle,  Gimel,  Maumont  près  d'Égletons.  Cela  est 
d'autant  plus  inadmissible  que  les  renseignements  fournis  par  l'abbé 
Rouquette',  dont  s'est  servi  le  P.  Denifle,  nous  montrent  les  Anglais 
s'avançant  vers  le  Sud  dans  la  direction  de  Cahors  et  de  Montauban  . 
Ils  ne  peuvent  avoir  fait  à  la  fois,  à  partir  de  Montsalvy,  une  pointe 
verslcNordet  une  pointe  vers  le  Sud.  D'autre  part,  M.  Clément-Simon 
a  très  justement  placé  la  prise  de  Tulle  vers  la  fin  de  novembre  et 
celle  de  Brive  vers  le  commencement  de  décembre,  c'est-à-dire  avant 
l'apparition  des  Anglais  à  Montsalvy^  On  doit  donc  admettre  que 
Lancastre  est  arrivé  par  le  Limousin,  qu'il  est  passé  près  d'Ussel, 
qu'il  a  gagné  Maumont  près  d'Égletons,  Gimel,  Tulle,  Favart,  Brive; 
ces  étapes  sont  certaines,  et  elles  ne  peuvent  se  disposer  qu'en  ce  sens  '. 
De  là  il  avança  au  Sud,  vers  Figeac,  qui  appartenait  aux  Anglais  ; 
des  bandes  poussèrent  à  l'Est  jusqu'à  Montsalvy  et  Mur-de-Barrez  ; 
puis  comme  des  sympathies  anglaises  se  manifestaient  en  Quercy",  il 
continua  toujours  dans  la  même  direction  entre  le  Lot  et  le  Tarn, 
et  c'est  dans  cette  région  beaucoup  plus  favorable  qu'il  inclina  à 
l'Ouest  pour  gagner  définitivement  Bordeaux. 

Mais  je  ne  veux  pas  insister  sur  des  détails  de  ce  genre.  Deux 
questions  beaucoup  plus  importantes  méritent  un  court  examen  :  c'est 
le  rôle  d'Etienne  Marcel  et  le  traité  entre  Charles  le  Mauvais  et 
Edouard  III  attribué  au  1^^  août  1358  par  S.  Luce. 

Je  ne  puis  me  résigner  à  souscrire  au  jugement  du  P.  Denifle  sur 
Marcel,  et  cela,  non  par  sympathie  pour  le  personnage,  mais  par 
scrupule  historique.  La  réhabilitation  de  Marcel  ne  serait  qu'un  para- 
doxe. Mais  il  ne  convient  pas  d'exagérer  et  de  forcer  la  condamnation. 
Pour  apprécier  la  conduite  de  Marcel  depuis  le  lendemain  de  Poitiers, 
depuis  même  le  printemps  de  1356,  le  P.  Denifle  s'est  inspiré  avant 
tout  de  la  lettre  écrite  par  le  Dauphin  au  comte  de  Savoie  le  31  août^ 
1358''.  Il  a  même  fortement  renchéri  sur  ce  document  très  intéressant, 
mais  mal  composéet  souvent  très  vague.  D'après  lui,  le  mauvais  jeu  du 
roi  de  Navarre  a  commencé  dès  1354.  Mais  il  ne  s'est  vraiment  dessiné 

1.  Rouquetie,  Le  Rouergwi  sous  les  Anglais,  271. 

2.  Clément  Simon,  op.  cit.,  p.  72,  75. 

3.  Voir  pour  ces  localités  et  le  passage  du  duc  de  Lancastre,  les  pièces  justif. 
données  par  Clément  Simon,  o/j.  cit.,  101-122. 

4.  Rouquette,  op.  d.t.,  271. 

5.  Froissart,  éd.  Kervyn  de  Letteuhove,  VI,  473-479. 


H.  DENIFLE  :    LA  DÉSOLATION  DES  ÉOLLSES  531 

qu'au  lendemain  de  Poitiers  :  alors  l'intrigue  navarraise  s'est  déve- 
loppée à  son  aise.  Dès  ce  moment,  elle  a  eu  des  agents  dévoués  :  «  Au 
fond,  c'était  moins  le  mouvement  démocratique,  comme  on  écrit 
souvent,  qu'un  effort  pour  détruire  l'ancien  ordre  et  renverser  la 
maison  de  France  en  faveur  du  roi  de  Navarre.  Seulement,  on  ne 
voulait  et  on  ne  pouvait  arriver  à  ce  but  que  peu  à  peu,  le  peuple  et  la 
grande  majorité  étant  pour  le  roi  Jean.  Les  chefs  de  ce  mouvement 
furent  Robert  le  Coq,  évêque  de  Laon,  non  moins  perfide  que  Charles 
le  Mauvais  pour  lequel  il  travaillait,  et  Etienne  Marcel,  prévôt  des 
marchands.  Ils  savaient  si  habilement  cacher  leur  vrai  dessein,  que 
la  femme  même  d'Etienne  ignorait  les  «  traïsons  et  rébellions  »  de  son 
mari^  »  Et  de  page  en  page  l'accusation  grandit  et  se  précise  :  Marcel 
fut  l'organe  exécutif  des  plans  du  Navarrais.  Il  ne  paraît  pas  avoir  eu 
d'autre  idée,  d'autre  but  que  de  faire  triompher  les  prétentions  du  roi 
de  Navarre.  Ce  ne  fut  pas  un  homme  politique  à  idées,  un  réfor- 
mateur, ce  ne  fut  qu'un  conspirateur  navarrais.  Et  il  l'a  été  toujours 
et  tout  d'une  pièce. 

Si  l'on  se  cantonne  dans  le  document  même  que  le  P.  Denifle  a  pris 
pour  guide,  on  ne  saurait  en  tirer  une  aussi  grave  accusation.  Cette 
lettre  a  été  inspirée  par  le  Dauphin,  à  peine  un  mois  après  la  mort  de 
Marcel  et  la  soumission  de  Paris.  Certes,  le  témoignage  du  futur 
Charles  V  ne  peut  être  que  d'un  grand  poids.  Mais  il  avait  été  trop 
mêlé  aux  derniers  événements,  il  en  avait  trop  souffert,  pour  qu'il  n'y 
eût  pas  de  sa  part  irritation  et  exagération.  C'est  un  témoin,  mais  non 
un  témoin  impartial.  Ses  conseillers  sont  également  suspects  à  cet 
égard  :  très  attaché  aux  conseillers  de  son  père,  à  ces  «  grands  gouver- 
neurs ))  que  Marcel  et  lesÉtats  avaient  poursuivis  avec  tantd'âprcté,  il 
s'en  était  de  nouveau  entouré.  Marcel  disparu,  aucun  d'eux  ne  fut 
oublié.  Ils  étaient  là  attendant  et  obtenant  déjà  de  bonnes  compen- 
sations pour  les  dommages  qu'ils  avaient  soufferts".  Nul  parmi  eux 
ne  [ut  mieux  à  même  de  marquer  ses  sentiments  dans  la  lettre  du 
31  août  que  Jean  de  Dormans,  chancelier  de  Normandie  :  chargé  de 
tenir  la  chancellerie  royale,  il  n'a  pas  quitté  son  maître  et  paraît  avoir 
eu  toute  sa  confiance.  Or,  Jean  de  Dormans  ne  peut  être  suspect  d'indul- 

1.  F.  136. 

2.  Ordon.,  III,  212,  348:  —  Luce.  Hisi.  de  la  Jacquerie,  2'  éd.  109,  112-115, 
199,  222,  223,  226,  240,  304,313-320;—  Froissart.  éd.  Kervyn  de  LeUenhove, 
XX,  475;  —  Mém.  de  la  Société  de  l'Hist.  de  Paris,  l,  239,  X,  108;  —  N.  Valois, 
Le  Conseil  du  roi,  69-70;  —  Aubert,  Le  Parlement  de  Paris,  1,80. 


532  COMPTES    RENDUS 

gencc  et  de  pitié  :  il  a  été  un  des  premiers  récompensés  à  l'aide  des 
dépouilles  de  Marcel.  Le  prévôtaété  tué  dans  la  soirée  du  31  août.  Le 
chancelier  de  Normandie,  dès  le  lendemain,  a  été  gratifié  des  biens  que 
possédait  le  mort  à  Ferrières-en-Brie'.  Voilà  le  milieu  dans  lequel 
vivait  le  Dauphin,  voilà  les  hommes  qui  ont  présidé  et  collaboré  à  la 
rédaction  de  la  lettre  du  31  août. 

Le  texte  même  est  curieux  à  regarder  de  près.  Les  phrases  géné- 
rales et  vagues  y  tiennent  une  grande  place.  Le  récit  ne  commence 
d'une  façon  précise  qu'au  meurtre  des  maréchaux  ;  il  signale  ensuite 
l'attaque  du  marché  de  Meaux,  le  siège  de  Paris,  la  paix  avec  le  roi 
de  Navarre  ;  à  partir  de  là,  le  Dauphin  décrit  plus  longuement  les 
événements  jusqu'à  la  soumission  de  la  capitale.  Puis,  à  propos  de 
l'emprisonnement  des  principaux  chefs,  s'ouvre  un  nouveau  récit  fort 
confus  qui  n'est  que  le  résumé  des  confessions  arrachées  aux  prison- 
niers parmi  lesquels  était  Thomas  de  Ladit,  chancelier  du  roi  de 
Navarre.  Dans  un  préambule  très  général,  ce  second  récit  remonte 
bien  jusqu'au  meurtre  de  Charles  d'Espagne.  Mais  il  n'apporte  de 
faits  précis  qu'à  partir  d'une  date  qu'il  importe  de  relever  :  «  tantôt 
après  la  délivrance  du  roi  de  Navarre;  »  et  même  il  ne  devient  cir- 
constancié qu'avec  le  massacre  des  maréchaux.  Il  ne  saurait  donc 
apporter  de  témoignage  clair  et  sîir  que  pour  les  faits  qui  ont  suivi  la 
délivrance  de  Charles  le  Mauvais. 

D'autre  part,  quelle  place  tient  Marcel  dans  ce  document?  Il  est  cité 
une  première  fois  dans  la  phrase  générale  du  début.  Il  ne  reparaît 
que  dans  les  événements  du  mois  de  juilletl358;  jusque-là,  le  premier 
récit  le  laisse  habilement  dans  l'ombre.  En  particulier,  dans  le  résumé 
des  confessions  qui  forme  le  second  récit,  il  n'apparaît  pas  une  seule 
fois.  Ainsi  le  prévôt  n'est  pas  formellement  incriminé  pour  des  faits 
précis  antérieurs  à  l'été  1358.  Même  si  Ton  accepte  tel  quel  le  témoi- 
gnage du  Dauphin,  on  voit  combien  il  est  limité. 

Un  point  mérite  encore  attention  :  le  second  récit  de  la  lettre  du 
31  août,  celui  qui  a  surtout  servi  de  base  à  l'argumentation  du  P.  De- 
nifle  est  fondé  sur  les  témoignages  d'un  certain  nombre  de  prisonniers 
navarrais  et  parisiens  :  9  d'entre  eux  ont  fait  leur  confession  «  devant 
tout  le  peuple)).  Un  seul,  Thomas  de  Ladit,  chancelier  de  Navarre,  a 
déposé  dans  des  formes  plus  régulières,  devant  le  Dauphin,  le  duc 

1.  BibL  de  l'École  des  Chartes,  1859-60,  78. 


H.  DENIFLE  :    LA  DÉSOLATION  DES  ÉGLISES  533 

d'Orléans,  lo  connétable,  quatre  conseillers  du  Dauphin,  deux  cham- 
bellans et  plus  de  36  bourgeois  de  Paris.  Les  confessions  faites 
((  devant  tout  le  peuple  »,  on  l'avouera,  sont  assez  sujettes  à  caution, 
d'autant  plus  que  les  deux  plus  importantes,  celles  de  Charles  Toussac 
et  de  Josseran  de  Mâcon  sont  nécessairement  antérieures  à  l'entrée  du 
Dauphin  à  Paris'.  Les  révélations  de  Thomas  de  Ladit,  étant  donné 
la  qualité  du  personna^^e  et  les  conditions  dans  lesquelles  il  lésa  faites, 
ont  plus  d'autorité.  ^Lais  remarquons  que  le  récit  est  ainsi  constitué 
qu'on  ne  peut  détacher  ces  révélations  de  celles  qui  ont  eu  tout  le 
peuple  pour  confident.  Il  n'y  a  qu'un  témoignage  qui  soit  détaché, 
isolé,  c'est  celui  de  P.  Gilles,  à  propos  du  massacre  des  maréchaux. 
En  résumé,  pour  ce  qui  est  de  Marcel,  le  témoignage  du  Dauphin  est 
souvent  obscur,  insuffisant;  il  ne  peut  pas  s'appliquer  nettement  à  la 
conduite  de  Marcel  avant  la  délivrance  du  roi  de  Navarre. 

Bien  plus,  on  peut  opposer  au  système  du  P.  Denifle  une  suite 
curieuse  de  petits  faits.  Quand  on  étudie  avec  soin  les  chroniques,  on 
est  étonné  de  la  petite  place  que  tient  dans  ces  documents  le  prévôt  des 
marchands  depuis  la  fin  de  1356  jusqu'à  la  délivrance  du  roi  de 
Navarre.  La  suite  des  Grandes  Chroniques  si  précise,  si  bien  in- 
formée, ne  permet  pas  d'imputer  à  Marcel  une  participation  quel- 
conque aux  intrigues  navarraises,  avant  la  délivrance  de  Charles  le 
Mauvais.  L'auteur  cite  plusieurs  fois  le  prévôt  des  marchands,  marque 
son  intervention;  Marcel  est  toujours  représenté  comme  agissant  de 
son  propre  mouvement,  comme  chef  d'un  parti  bourgeois  et  non 
comme  agent  navarrais' .  Mais  à  partir  de  la  délivrance,  il  semble  qu'il 
y  ait  partie  liée  entre  le  prévôt  et  les  Navarrais.  L'auteur  de  la 
Chronique  des  quatre  premiers  Valois  a  reçu  des  informations  navar- 
raises; il  a  une  grande  sympathie  pour  Philippe  de  Navarre.  Mais  il 
ne  dissimule  rien  de  ce  qu'il  sait  sur  les  relations  de  ce  prince  avec  les 
Anglais,  sur  ses  prises  d'armes,  sur  les  machinations  de  Charles  le 
Mauvais.  Or,  cet  auteur  marque  bien  le  grand  rôle  joué  par  Marcel 
aux  États,  mais  avant  novembre  1357  il  ne  le  met  pas  en  rapport  avec 
le  roi  de  Navarre'.  Les  négociations  des  gens  des  États  avec  Philippe 
de  Navarre,  en  janvier  1357,  ne  peuvent  servir  de  preuve,  on  verra 
bientôt  pourquoi  ^ 

1.  Grandes  Chroniques,  VI,  134. 

2.  Ibid.,    VI,  20,  35,  40,  44,  47,  48,  49,  50,  54,  58,  60,  62. 

3.  Chron.  des  quatre  premiers  Valois,  58-61. 

4.  Ibid.,  m. 

Moyen  Age,  t.  XIII.  30 


534  COMPTES    RENDUS 

Remontons  d'autre  part  jusqu'au  printemps  1356  :  à  cette  date,  le  roi 
Jean  procéda  brutalement  contre  le  roi  de  Navarre.  Le  6  avril,  à  Rouen, 
il  le  fit  appréhender  ;  le  comte  d'IIarcourt  fut  exécuté.  Le  roi  de  France 
revint  vers  Paris.  Au  Pont-de-l'Arche,  il  trouva  500  hommes  d'armes 
venus  au-devant  de  lui  pour  l'escorter  et  le  protéger  :  c'est  le  prévôt  des 
marchands  lui-même  qui  conduit  cette  troupe'.  Puis  surviennent  la 
bataille  de  Poitiers,  les  embarras  du  royaume,  les  États-Généraux. 
Philippe  de  Navarre  fait  une  démonstration  hostile  contre  le  Dauphin 
en  janvier  J357  :  il  s'avance  vers  Paris  avec  4.000  liommes  d'armes; 
il  arrive  par  la  vallée  de  l'Eure.  Ici  se  place  une  pièce  nouvellement 
mise  au  jour  par  M.  Guesnon  et  tirée  des  archives  municipales 
d'Arras-.  Par  lettre  datée  du  14  janvier,  «  le  prévôt  des  marchands  et 
échcvins  de  Paris  conmiuniquent  aux  maire,  échevins,  bourgeois  et 
habitants  d'Arras  une  lettre  du  maire  de  Dreux,  du  jeudi  précédent, 
annonçant  la  marche  des  Navarrais  sur  Paris  et  les  conjurent  d'ac- 
courir eu  armes  pour  défendre  la  capitale  ».  Ainsi  voilà  les  gens  de 
Dreux  qui  appellent  à  leur  secours  Marcel  et  les  Parisiens.  L'appel  fut 
fait  le  jeudi  et  arriva  à  Paris  au  plus  tôt  dans  la  soirée.  Dès  le  samedi, 
à  son  tour,  le  prévôt  appelait  en  toute  hâte  à  son  aide  la  ville  d'Arras, 
faisant  ainsi  toute  diligence  pour  parer  au  danger.  Les  ennemis  sont 
les  Navarrais.  Comment  expliquer  cette  lettre  si  Marcel  est  déjà  un 
agent  navarrais?  Nous  savons  du  reste  l'efïet  produit  parla  diligence 
du  prévôt.  Philippe  de  Navarre  arrivé  à  grand  fracas  aux  environs  de 
Paris,  voyant  ces  préparatifs,  changea  d'attitude  :  il  se  mit  à  négocier 
avec  les  Éiats  qui  se  réunissaient  alors  et  leur  offrit  ses  services.  Les 
États  avaient  déjà  au  mois  d'octobre  réclamé  la  mise  en  liberté  du  roi 
de  Navarre;  ils  promirent  de  s'y  employer  de  nouveau,  et  Philippe 
de  Navarre  se  retira'.  Du  reste,  Philippe  de  Navarre  paraît  s'être 
abstenu  de  toute  hostilité  durant  le  printemps  et  l'été  de  1357:  «  Les 
Angloiz...estoient  partis  de  M^'"  Philippe  deNavarre,  lequel  nevouloit 
pas  alors  personnel  ment  guerroier  ^  »  Ces  mêmes  Anglais  sans 
doute  au  mois  d'août  se  jetèrent  dans  Honfleur.  Comme  le  danger 
était  grand,  on  réunit  tout  ce  qu'on  put  trouver  de  troupes  pour  re- 
prendre la  place.  Le  prévôt   des  marchands  prêta  son  concours  sans 

1.  Chron.  des  quatre  premiers  Valois,  .S7. 

2.  Bulletin  historique,  année    1897,    208-25'J;  —  Mémoires  de  la  Société  de 
l'Hist.  de  Paris,  IS'JÏ,  b'J,  avec  un  fac-similc. 

3.  Chron.  des  quatre  premiers  Valois,  60. 

4.  lUd.,  62. 


II.    DENIFLE  :    LA  DESOLATION  DES  ÉGLISES  535 

arrière-pensée  :  «  Et  avec  iceulx  envoya  le  prévôt  des  marchands 
soLidoyers'.  »  vSon  attitude  reste  donc  vraiment  loyale  jusqu'à  l'au- 
tomne 1357.  Il  y  a  toute  une  période  durant  laquelle  Marcel  n'a  pu 
être  le  complice  de  Charles  le  Mauvais,  et  elle  s'étend  au  moins  jusqu'à 
novembre  1357.  Ainsi  pensait  S.  Luce-.  Et  M.  N.  Valois  a  fort 
bien  exprimé  cette  idée:  «  Etienne  Marcel,  à  bout  de  ressources 
et  sentant  sa  popularité  lui  échapper,  se  jeta  de  guerre  lasse  dans  les 
bras  du  roi  de  Navarre  '.  » 

Enfin  le  P.  Denifle  repousse  les  conclusions  de  S.  Luce,  qui 
attribue  au  1"'' août  1358  le  fameux  traité  conclu  entre  Edouard  III 
et  Charles  le  Mauvais'.  Selon  lui,  un  traité  secret  unissait  les  deux 
rois  depuis  fort  longtemps.  On  l'entrevoit  grâce,  à  Villani,  dès  le  prin- 
temps de  1356;  c'est  lui  qui  détermina  le  )'oi  Jean  à  appréhender  le  roi 
de  Navarre  à  Rouen.  Il  fut  renouvelé  dès  que  Charles  le  Mauvais  sortit 
du  château  d'Arleux  en  novembre  1357.  Le  traité  attribué  par  Luce 
au  l'-''  août  ne  fut  que  le  troisième  acte  de  cette  alliance.  Au  reste,  il 
n'est  pas  du  1'"'  août,  lendemain  de  la  mort  de  Marcel,  mais  de  la  fin 
du  même  mois.  Le  roi  de  Navarre  comptait  ia  veille  encore  du  l*^i"août 
se  faire  couronner  roi  de  France;  il  n'a  pu  renoncer  si  subitement 
à  cette  ambition.  Enfin,  un  tel  traité  n'a  pu  être  bâclé  en  si  peu  de 
temps.  Le  document  n'apporte  donc  rien  de  nou^■eau  ;  il  n'est  qu'une 
ébauche  de  date  incertaine'. 

Le  système  du  P.  Denitle  soulève  quelques  objections.  Tout  d'abord 
le  témoignage  de  Villani  est  insuffisant  pour  prouver  l'existence  d'un 
traité  au  printemps  1356  entre  Edouard  111  et  Charles  le  Mauvais. 
Le  second  traité  après  la  délivrance  n'est  qu'une  hypothèse  ingénieuse  ; 
aucun  texte  ne  nous  en  parle.  Au  reste,  tous  ces  traités  sont  bien 
invraisemblables  pour  quiconque  a  regardé  de  près  le  personnage  du 
roi  de  Navarre,  personnage  fuyant,  indécis,  tout  occupé  d'intrigues 
entrecroisées,  négociant  longtemps  de  tous  côtés  sans  aboutir,  ne  se 
décidant  qu'au  dernier  moment  sous  la  pression  des  événements  ou 
des  hommes.  Il  a  passé  sa  vie  à  comploter  avec  les  ennemis  du  roi  de 
France,  tout  en  ne  traitant  que  le  plus  rarement  possible  avec  eux. 

1.  Chron.  dos:  quatre  premiers  Valois,  63. 

2.  Bibl.  de  L' Ecole  des  Chartes,  1860.  277. 

3.  Mémoires  de  la  Société  de  l'Hist.  de  Paris,  I,  113. 

4.  P.  175-17!). 

5.  Muratori,  SS.  rerum  itaficaruin,  XIV,  369.  Au  reste,  Villani  n'a  guère  l'air 
de  croire  aux  récits  qui  lui  ont  ùlé  faits  à  ce  sujet. 


536  COMPTES    RENDUS 

Étant  donné  le  personnage,  seul,  le  traité  du  l^^i'  août  peut  s'expliquer. 
L'alliance  de  Philippe  de  Navarre  avec  Edouard  III  avait  procuré  à 
Charles  le  Mauvais  le  secours  des  Anglais.  Aux  Navarrais  s'étaient 
jointes  les  bandes  anglaises  dans  les  environs  de  Paris'.  Los  ennemis 
occupèrent  ainsi,  avant  ou  pendant  le  mois  de  juillet  1358,  Épernon, 
Creil,  Saint-Cloud,  Argenteuiletsans  doute  d'autres  places  importan- 
tes'. En  même  temps  Charles  le  Mauvais  négociait  avec  Edouard  III 
à  Saint-Denis.  Des  ambassadeurs  étaient  venus  le  trouver.  L'entente 
était  difficile  ;  les  intérêts  et  les  ambitions  se  conciliaient  mal.  Le  roi 
de  Navarre  voulait  la  couronne  de  France,  qu'il  consentait  à  tenir  à 
hommage  du  roi  d'Angleterre  ;  tout  au  moins  il  réclamait  la  Cham- 
pagne, le  bailliage  d'Amiens,  la  Normandie.  Les  Anglais  ne  voulaient 
donner  que  la  Champagne-'.  Charles  le  Mauvais  espérait  bien  forcer 
la  main  aux  Anglais,  les  mettre  en  présence  du  fait  accom'pli,  en 
rentrant  dans  Paris,  et  avec  l'appui  du  prévôt  des  marchands  en  se 
faisant  reconnaître  et  couronner  comme  roi  de  France*.  Brusquement 
un  coup  de  fortune  vint  le  jeter  dans  une  singulière  détresse  :  Marcel 
fut  victime  d'une  conspiration  loyaliste  à  Paris.  La  capitale  revenait 
sous  l'autorité  du  régent.  La  cause  navarraise  perdait  son  plus  solide 
point  d'appui.  Alors  le  roi  de  Navarre,  acculé,  incertain  du  lendemain, 
capitula  dès  le  1'='"  août.  Le  traité  porte  bien  les  traces  de  la  hâte  avec 
laquelle  il  fut  signé.  (3n  voit  que  les  ambassadeurs  anglais  ont  voulu 
profiter  de  l'occasion,  mais  n'ont  pas  osé  si  loin  de  leur  roi  résoudre 
plusieurs  questions  importantes  :  le  roi  de  Navarre  aura  la  Cham- 
pagne et  la  Brie  entièrement;  pour  la  Normandie,  rien  n'est  décidé 
pour  le  moment  ;  rien  non  plus  pour  les  affaires  de  la  reine  Blanche, 
ni  pour  le  comté  de  Chartres  et  le  bailliage  d'Amiens  ;  le  roi  d'An- 
gleterre aura  la  couronne  de  France  ;  les  derniers  articles  règlent 
l'action  commune  des  deux  rois"'. 

Tous  ces  faits  se  tiennent  bien.  Les  objections  sont  peu  solides.  Le 
P.  Denifle  remarque  que  Poissy  et  Saint-Cloud  doivent  être  remis 

1.  Grandes  Chroniques,  VI,  72.  Ce  texte  montre  qu'il  y  avait  seulement 
accord  du  roi  de  Navarre  avec  les  capitaines  anglais  qui  suivaient  Philippe  de 
Navarre. 

2.  Grandes  Chroniques.  95,  105,  108,  128;  —  Mémoires  de  la  Société  de 
l'Hist.  de  Paris,  1 ,115-116. 

3.  Mémoires  de  la  Société  de  l'Hist.  de  Paris,  I,  129-130. 

4.  Villani,  ap.  Muratori,  SS.^  XIV,  522.  —  Froissart,  éd.  Kervyu  de  Lettenhove, 
VII,  477. 

5.  Mémoires  de  la  Société  de  l'Hist.  de  Paris,  I,  129-130. 


H.  DENIFI.F  :    LA   OKSOI, ATION  DES  K.r.I.ISR?;  537 

par  les  Anglais  au  roi  de  Navarre  ;  or,  dit-il,  Poissy  ne  fut  acquis  par 
les  Anglais  qu'après  le  3  août.  Le  renseignement  est  tiré  des  Grandes 
Chroniques  (VI,  139).  A  vrai  dire,  après  avoir  raconté  la  victoire 
du  Régent  et  des  Parisiens,  le  Chroniqueur  fait  un  retour  général, 
sans  date  précise  sur  les  progrès  des  Anglais  :  «  En  ce  temps 
en  diverses  contrées  prisrent  les  dis  Anglois  et  Navarrois  pluseurs 
forieresces  environ  Paris,  c'est  assavoir  Rays,  Poissy  et  pluseurs 
autres.  »  La  phrase  est  fort  vague,  d'une  chronologie  approximative. 
A  priori,  l'occupation  de  Poissy  se  place  beaucoup  plus  vraisemblable- 
ment avant  celle  de  Saint-Cloud  et  d'Argenteuil.  Le  P.  Denifle,  d'autre 
part,  attache  grande  importance  à  un  passage  de  Villani,  qui  rapporte 
les  confessions  faites  par  les  Navarrais  prisonniers  au  Régent;  il 
y  voit  les  conditions  essentielles  d'un  traité  conclu  antérieurement' . 
Mais  ce  que  les  prisonniers  navarrais  ont  ainsi  confessé,  ce  n'étaient 
point  les  clauses  d'un  traité  conclu,  mais  les  conditions  que  Charles 
le  Mauvais  faisait  aux  Anglais  et  qu'il  espérait  leur  imposer.  C'est  sur 
le  souvenir  de  ces  négociations  et  de  ces  projets  que  les  prisonniers 
étaient  restés.  Quant  à  la  volte-face  du  1«»"  août,  ils  ne  pouvaient  la 
connaître  ayant  été  pris  à  l'aris.  Enfin  le  P.  Denifle  estime  que  les 
pourparlers  n'ont  pu  se  faire  si  vite.  Mais  on  sait  que  le  roi  de  Na- 
varre avait  toujours  des  intrigues  sur  le  métier,  qu'il  ne  cessait  de 
négocier.  Les  conférences  devaient  avoir  commencé  depuis  longtemps 
à  Saint- Denis.  L'événement  du  31  août  leur  donna  une  brusque, 
mais  très  vraisemblable  conclusion. 

J'arrête  ici  ce  long  commentaire.  Le  livre  du  P.  Denifle  est  trop 
important  pour  qu'on  en  puisse  parler  brièvement.  Si  ce  n'était  trop 
demander  à  un  si  laborieux  et  si  parfiiit  érudit,  j'exprimerais  le  désir 
de  voir  paraître  brièvement  le  troisième  volume  de  ce  grand  ouvrage. 

A.  COVILLE. 

1.  Muratori,  SS'.,  XI \^  522.—  Le  P.  Denifle  en  citant  le  texte  tle  Villani,  rap- 
pelle le  passage  suivant  :  «  e  restituirgli  la  contea  d'Anrj/iien,  »  et  après  ce  nom 
il  met  un  point  d'interrogation.  Il  faut  évidemment  corriger  Anc/hicn  et  le 
remplacer  par  Amiens;  nous  voyons  en  effet  par  le  traité  que  nous  attribuons  au 
l"  août  que  le  bailliage  d'Amiens  était  réclamé  par  le  roi  de  Navarre.  Méin. 
de.  l'Hist.  de  Pari.-<,  1,  130. 


538  COMPTES    RENDUS 

Auguste  EcKEL.  Charles  le  Simple.  — Paris,  Bouillon;  1899,  in-S», 
xxii-168  p.  (Bibliothèque  de  l'École  des  Hautes-Études,  sciences 
philologiques  et  historiques,  fasc.  cxxiv). 

11  y  a  dix  ans  déjà  que  sous  l'influence  et  la  direction  du  regretté  A. 
Giry,  quelques  élèves  de  l'École  des  Hautes-Études  avaient  entrepris 
une  série  de  monographies  critiques,  chacune  d'elles  étant  consacrée 
à  un  règne.  Leur  ensemble  devait  constituer  les  Annales  de  l'histoire 
de  France  à  l'époque  carolingienne.  La  série,  brillamment  inaugurée 
par  les  Derniers  Carolingiens  de  M.  F.  Lot,  s'était  momentanément 
arrêtée  après  V Eudes  de  M.  Favre.  C'est  à  ce  dernier  volume  que  vient 
faire  suite  celui  de  M.  Eckel,  consacré  au  règne  de  Charles  le  Simple. 

Le  sujet,  à  vrai  dire,  était  assez  ingrat.  Les  sources  narratives  sont 
particulièrement  peu  abondantes  pour  cette  période.  Les  Annales  de 
Saint- Vaast  s'arrêtent  à  l'année  900;  celles  de  Flodoard  ne  commencent 
qu'en  919.  Pour  la  majeure  partie  du  règne  on  n'a  donc  pas  grand'- 
chose,  surtout  en  dehors  de  la  Lorraine.  Le  surnom  de  Simple,  que  le 
malheureux  Charles  porte  depuis  la  fin  du  x^  siècle,  le  reproche  que 
l'on  semble  trop  souvent  lui  faire  d'avoir  cédé  devant  les  Normands, 
ne  paraissaient  guère  de  nature  à  faire  de  ce  prince  un  personnage 
intéressant.  Et  cependant,  sans  faire  une  apologie,  ce  qui  serait  ridi- 
cule lorsqu'il  s'agit  de  souverains  que  nous  connaissons  aussi  mal, 
M.  E.  a  pu  montrer  que  Charles  ne  manqua  au  besoin  ni  d'énergie 
ni  d'activité.  Les  malheurs  de  son  règne  sont  dus  bien  plus  aux  cir- 
constances au  milieu  desquelles  il  se  trouvait  placé,  aux  trahisons  et 
aux  défections  incessantes  des  nobles,  qu'à  un  manque  d'intelligence 
ou  de  volonté  de  la  part  du  roi. 

Quant  au  plan  même  de  l'ouvrage,  il  était  imposé  par  la  nature  d<^ 
celui-ci.  Dans  ces  Annales,  comme  dans  les  Jahrbiicher  allemands, 
le  récit  est  naturellement  disposé  selon  l'ordre  chronologique.  Le 
premier  chapitre,  relatif  aux  rapports  d'Eudes  et  de  Charles,  n'a  dans 
l'ensemble  qu'une  importance  assez  secondaire,  car  la  question  avait 
déjà  été  l'objet  des  études  de  M.  Favre.  Ajoutons,  du  reste,  que  le 
récit  très  clair  de  M.  E.  se  lit  avec  intérêt  môme  après  celui  de  son 
devancier.  Pour  la  dernière  partie,  la  ré t^ol te  de  Robert  et  de  Raoul, 
M.  E.  se  trouvait  également  reprendre  une  question  déjà  traitée  en 
partie  dans  le /ifo/zi^  Rudolf  de  M.  W.  Lippert.  L'ouvrage  de  ce 
dernier  doit  d'ailleurs  être  prochainement  remplacé,  dans  la  même 
série  des  Annales,  par  un  Raoul  de  M.  Labande.  Les  deux  parties  im- 


A.  Rr-KFr.  :  charle^;  lf;  simplr  539 

portantes  du  travail  de  M.  E.  sont  évidemment  les  chapitres  consacrés 
à  l'établissement  dos  Normands  en  Neustrio  d'une  part,  et  de  l'autre 
à  racquisilion  de  la  Lorraine. 

En  ce  qui  concerne  le  premier  de  ces  deux  événements,  M.  E.  a 
bien  indiqué  les  conditions  dans  lesquelles  il  s'est  accompli.  Les  païens 
étaient  déjà  fixés  en  faits  sur  les  rives  de  la  Seine,  et  diverses  tenta- 
tives d'alliance  et  de  traité  avec  eux  avaient  déjà  été  faites.  Mais  quant 
au  fait  même,  M.  E.  esta  peu  près  contraint  d'avouer  que  nous  ne 
connaissons  rien  à  ce  sujet.  Le  récit  du  nouvel  historien  de  Charles 
est  nécessairement,  comme  celui  de  tousses  devanciers,  emprunté  au 
texte  de  Dudon,  soigneusement  discuté  et  contrôlé,  bien  entendu,  sur 
les  quelques  points  pour  lesquels  un  contrôle  par  les  autres  sources 
était  possible.  Mais  sur  ces  points  le  doyen  de  Saint-Quentin  est  pris 
en  flagrant  délit  d'inexactitude.  Pour  croire  qu'il  y  a  eu  une  conven- 
tion conclue  à  Saint-Clair-sur-Epte,  eten911,nous  n'avons  rien  que  le 
récit  de  Dudon  en  l'absence  de  tout  autre  témoignage.  Or,  ce  nom  et 
cette  date  sont-ils  beaucoup  plus  siîrs  que  le  nom  de  l'archevêque 
Francon,  qui  aurait  baptisé  RoUon,  ou  que  le  mariage  de  ce  dernier 
avec  Gisèle,  fille  de  Charles  le  Simple  ?  C'est  ce  qu'il  est  impossible 
de  démontrer,  et  même  après  la  nouvelle  étude  de  M.  E.  l'incer- 
titude subsiste.  Ce  qui  est  plus  sûr,  c^est  que  le  traité  n'était  pas  de  la 
part  de  Charles  un  acte  de  lâcheté  ou  de  sottise.  C'était  une  mesure  de 
bonne  politique,  car  le  roi,  en  présence  de  la  mauvaise  volonté  des 
grands,  n'eût  jamais  pu  venir  à  bout  d'expulser  les  Danois.  Plus  tard 
d'ailleurs,  le  vieux  Rollon  refusa  de  se  joindre  à  l'usurpateur  Robert, 
et  un  corps  normand  marcha  même  au  secours  du  Carolingien  légi- 
time^ . 

Les  affaires  de  Lorraine  remplissent  la  seconde  partie  du  règne.  En 
somme,  là  encore,  Charles  a  eu  le  dessus,  malgré  le  comte  Gilbert 
et  malgré  les  souverains  germaniques,  puisque  au  moment  où  éclata  la 
révolte  des  grands,  le  traité  de  Bonn  venait  de  reconnaître  au  Caro- 
lingien français  la  possession  de  la  Lorraine.  Toutefois,  ce  chapitre 
arrive  malheureusement  un  peu  tard,  après  le  livre  beaucoup  plus 

1.  M.E.(p.  47)  admet,  d'après  Dudon,  que  dès  les  premières  années  du 
x*  siècle,  Rollon  possédait  Baj^eu.x,  Mais  le  texte  de  Flodoard  cité  en  note  à  la 
même  page  semble  contraire  à  cette  hypothèse,  car  il  n'y  a  pas  de  raison  de 
supposer  que  dans  ce  texte  le  mot  Baior.ae  s'applique  au  Bessin  et  non  à  la  ville 
de  Baveux.  C'est  celle-ci  qui  paraît,  d'après  Flodoard,  avoir  été  cédée  par  Raoul 
aux  Normands, 


540  COMPTES    RENDUS 

complet  de  M.  Parisot  sur  la  Lorraine  carolingienne.  M.  E.  a  indiqué 
en  erratum  quelques  corrections  à  faire  à  son  livre,  mais  il  est  à 
regretter  que  pour  le  récit  même  il  n'ait  pu  profiter  du  travail  de 
M.  Parisot,  paru  alors  que  le  Charles  le  Simple,  déjà  imprimé,  n'at- 
tendait plus  que  sa  table'. 

Deux  appendices  terminent  l'ouvrage.  Le  premier  est  consacré  aux 
surnoms  appliqués  à  Charles  III,  et  notamment  à  celui  de  Simplex. 
Mais  il  semble  assez  douteux  que  les  sobriquets  tels  que  ceux  de 
Siultus  ou  de  Follus  dérivent  d'une  fausse  interprétation  de  l'épithète 
de  Simplex,  accordée  comme  un  éloge  à  Charles  par  Richer.  On 
aura  plutôt  cherché,  comme  M.  E.  ledit  lui-même,  à  noircir  l'adver- 
saire des  usurpateurs  de  922.  Dans  le  second  appendice,  M.  E.  relève 
les  dates  d'une  quinzaine  de  chartes  de  Languedoc,  du  Poitou  et  du 
Roussillon.  Les  formules  employées  montrent  que  les  habitants  de 
ces  provinces  continuèrent  quelque  temps,  après  la  captivité  de 
Charles,  à  dater  leurs  chartes  d'après  les  années  de  règne  de  ce  prince, 
c'est-à-dire  à  le  reconnaître  théoriquement  comme  souverain. 

C'est  à  l'époque  de  Charles  le  Simple  que  l'on  voit  apparaître  les 
subdivisions  qui  vont  devenir  les  grands  fiefs.  On  pourrait  regretter 
au  premier  abord  que  M.  E.  n'ait  pas  poussé  plus  loin  son  étude  sur 
ces  grands  fiefs.  Mais  à  vrai  dire,  il  avait  là  matière  à  plusieurs  mo- 
nographies qui  ne  rentraient  pas  dans  le  cadre  de  l'ouvrage.  Il  était 
nécessaire,  mais  il  était  suffisant  d'indiquer  qu'elle  était,  lorsque 
Charles  monta  sur  le  trône,  la  situation  de  la  féodalité  contre  laquelle 
lenouveau  roi  allait  avoir  incessamment  à  lutter.  Le  but  principal  de 
M.  E.  était  de  réunir  sous  forme  d'Annales  et  de  discuter  tous  les 
textes  relatifs  à  l'histoire  de  Charles,  en  montrant  sur  combien  de 
points  nous  restons  dans  une  ignorance  à  peu  près  complète,  en  in- 
diquant les  conjectures  par  lesquelles  on  peut  parfois  tenter  de 
combler  certaines  lacunes  des  documents.  Il  s'est  acquitté  de  sa  tâche 
avec  beaucoup  de  prudence  et  de  méthode.  Si  son  livre  ne  donne  pas 
une  histoire  de  la  France  sous  le  règne  de  Charles,  l'histoire  de  ce 
règne  lui-même  est  désormais  faite  et  bien  faite'. 

René  Poupardin. 

1.  F.  lUo,  était-il  utile  de  parler  de  riaterveiilion  de  Jean  X  en  faveur  de 
Richevin,  évêque  de  Strasbourg,  alors  que  le  fait  n'est  attesté  que  par  un 
historien  moderne  de  réputation  aussi  douteuse  que   Grandidier  f 

2.  Une  chicane  de  détail  pour  terminer.  Les  divisions  du  livre  de  M.  E.  sont 
bien  établies  et  correspondent  aux  grandes  divisions  du  régne.  Une  table  des  cha- 
pitres serait  commode.  Elle  fait  défaut. 


d'arrois  de  jrnAiNviLLE  :  la  langue  des  francs  541 

H.  d'Arbois  DE  JuBAiNviLLE.  —  Études  sur  la  langue  des  Francs 
à  l'époque  mérovingienne.  -  l'aris,  Bouillon,  3900;  in-S", 
xi-229-110  p. 

Sous  le  titre  d' Eliideft  su?^  la  lanr/ue  des  Francs  à  Vépoque  méro- 
cingienne,  M.  d'Arbois  de  Jubain\  ille  a  réuni  une  série  de  fragments 
dont  la  lecture  fait  regretter  que  le  savant  professeur  ait  renoncé  à 
achever  le  dictionnaire  de  la  langue  franque  qu'il  avait  préparé.  Le 
chapitre  premier  est  consacré  aux  noms  royaux  mérovingiens.  Parmi 
ceux-ci,  il  n'en  est  qu'un  seul  auquel  les  modernes  aient  donné  une 
forme  française  régulière,  celui  de  Thierry,  d'abord  TJieudoricus,  puis 
Theudericus.  Pourquoi  de  C hlodouechus  a.  t- on  fait  Clovis  ?  Les  trans- 
formations de  ce  nom,  du  vi'^au  x«  siècle,  sont  les  suivantes  :  Chlothoue- 
chus,  Chlodoiiechus,  C/doduueus,  CJdodouius,  HLudouuicus,  Hlu- 
douicus,  Ludouicus,  LodJt.uuigs,eten  français  Looys,  puis  Louis.  Le 
nom  de  Clotilde  donné  àla  femme  de  Clovis  n'est  pas  plus  exact.  L'on 
a  cru  transcrire  Chlothichildis;  mais  ce  n'est  pas  ainsi  qu'elle  s'ap- 
pelait ;  c'est  le  nom  de  sa  fille,  dont  le  premier  élément  Chlothi  est 
identique  à  Chlotho,  premier  terme  du  nom  du  père,  et  dont  le  second 
élément  n'est  autre  chose  que  le  second  terme  du  nom  de  sa  mère, 
femme  de  Clovis,  laquelle  s'appelait  Clwoihi-childis,  nom  qui,  en 
français,  est  devenu  Roheut,  Roheidt  ou  Rohaat.  Clodomir,  fils  de 
Clovis,  est  nommé  par  Grégoire  de  Tours  CIdodomêris,  devenu  Chlo- 
domères  sous  la  plume  de  l'auteur  de  la  Chronique  de  Frédégaire, 
puis  Chlodomiris  dans  le  Liber  hisloriœ  Francorum;  Aimoin  a  fait 
passer  ce  nom  de  la  troisième  déclinaison  à  la  seconde,  Chlodomirus, 
forme  sur  laquelle  l'on  a  calqué  Clodomir;  mais  ce  nom,  dans  le 
parler  vulgaire,  aurait  perdu  l'aspiration  initiale  et  la  syllabe  do. 
ChildehercUnis  serait  devenu  quelque  chose  comme  Heubert.  Quant 
à  Chlothacharius,  la  forme  moderne  aurait  dû  être  Lohier,  que  d'ail- 
leurs l'on  rencontre  dans  les  textes  français  du  moyen  âge. 

Nous  avons  vu  que  la  fille  de  Chlothouechus  et  de  Chrothichildis 
avait  reçu  un  nom,  Chlot-childis,  composé  de  deux  éléments,  dont  le 
premier  avait  été  emprunté  au  nom  de  son  père  et  le  second  au  nom 
de  sa  mère.  Cet  usage  n'est  pas  propre  aux  Germains  :  il  existait 
déjà  chez  les  Grecs  au  v«  siècle  avant  J.-C.  Quatorze  siècles  après, 
nous  le  constatons  en  France,  he  Polyptyque  de  Saint-Germain-des- 
Prés  mentionne  un  certain  Teud-ulfus  et  sa  femme  Ercan-berta, 
dont  la  fille  se  nommait  Teut-herta ;  Adre-gaudus  et  sa  femme  Anse- 


542  COMPTES    RENDUS 

guncUs,  dont  la  fille  se  nommait  Adre-gundis,  etc.  On  peut  remonter 
plus  haut  et  citer  des  exemples  du  vi^  siècle.  Mais  ce  n'était  pas  là 
une  règle,  et  plus  souvent  l'on  donnait  à  l'enfant  le  nom  d'un  aïeul. 
Un  autre  procédé  consistait  à  emprunter  les  deux  termes  du  nom 
aux  noms  de  deux  ancêtres  différents.  D'où  il  ne  faudrait  pas  conclure 
que  les  noms  propres  n'eussent  aucune  signification.  Bien  au  contraire. 
Ainsi  Fortunat  connaissait  le  sens  du  nom  de  Chilpéric  P',  qu'il  tra- 
duit par  adjutor  felix.  Le  premier  terme  Chilpe  s'explique  par  le 
substantif  féminin  vieux-saxon  hëlpa,  allemand  moderne  hulfejiilfe, 
anglais  help  «  aide,  secours  »  ;  le  second  terme  /7c«.s  est  identique  au 
gothique  reikfi  «  chef,  magistrat  »,  d'où  l'adjectif  dérivé  vieux-saxon 
rlki  «  puissant,  riche  >,  le  substantif  allemand  moderne  Reich  ((  em- 
pire )).  Mais  à  l'époque  carolingienne,  le  sens  des  noms  propres 
échappait  à  ceux-là  même  qui  prétendaient  connaître  les  dialectes 
germaniques.  D'ailleurs  l'altération  rendait  ces  noms  méconnaissables. 
M.  d'Arbois  de  Jubainville  cite  un  passage  intéressant  du  grammairien 
Smaragdus,  mort  vers  823,  qui  montre  à  quelles  méprises  la  défor- 
mation des  noms  pouvait  entraîner  ceux  qui  se  mêlaient  de  les  inter- 
préter. Smaragde  traduit  Altmir'^QX  vetulus  mihi ;  il  croit  reconnaître 
dans  le  second  terme  mir  le  datif  singulier  du  pronom  de  la  première 
personne;  il  ignore  que  dans  Altmir,  le  second  terme  est  une  forme 
relativement  moderne  du  plus  ancien  francique  mèris  ((  brillant  »,  et 
qu'Alimir  est  le  même  nom  qui,  à  l'époque  mérovingienne,  s'écrivait 
Aldcmarus,  Aldomere  «  très  brillant  ».  M.  d'Arbois  de  Jubainville 
passe  en  revue  toutes  les  traductions  proposées  par  Smaragde  et  montre 
à  quel  point  elles  sont  erronées  et  souvent  absurdes.  Cependant  on 
attribuait  encore  au  ix*^  siècle  un  sens  aux  noms  de  personnes  germa- 
niques. 

Les  noms  des  divinités  germaniques,  au  contraire  de  ce  qui  s'est 
passé  chez  les  Grecs  et  chez  les  Gaulois,  n'ont  donné  naissance  à 
aucun  nom  de  personne.  M.  d'Arbois  de  Jubainville  décompose  les 
noms  royaux  francs  et  en  détermine  la  signification. 

A  côté  des  noms  solennels,  les  Germains  employaient  des  dimi- 
nutifs familiers  que  les  grammairiens  appellent  hypocoristiques,  c'est- 
à-dire  flatteurs,  caressants.  Ainsi  le  nom  familier  de  Theutha-chadus, 
roi  des  Wisigoths,  était  Theoda;  le  nom  familier  de  Bruni- childis 
était  Bruna.  Ce  sont  là  deux  exemples  de  noms  hypocoristiques 
formés  à  l'aide  du  premier  terme  du  nom  solennel.  D'autres  étaient 


d'arbois  de  .hbainvillk:  la  langur  des  francs  543 

formés  à  l'aide  du  second  terme  :  Charde-gysilus  et  Gyso  ;  Burgundo- 
faro  et  Faro.  Un  anlre  procédé  consistait  à  doubler  la  seconde  syllabe 
du  premier  ternie  .  Gunrli-c/isilm  et  Dodo,  etc.  Enfin,  il  y  avait  des 
noms  familiers  sans  rapport  avec  le  nom  solennel;  ainsi,  un  certain 
Bertli-chvamnus  «  brillant  corbeau  »,  était  désigné  familièrement 
sous  le  nom  de  IJaddo.  Le  suffixe  -6n  ne  servait  pas  seul  à  former  les 
noms  familiers,  mais  aussi  les  suffixes  -ïno-,  -la-  ou  -lia,  -lôn-,  au 
féminin  -lân-,  -lèno  ou  -lino. 

Le  chapitre  IV  est  consacré  à  quelques  observations  sur  la  phoné- 
tique mérovingienne.  «  Les  noms  de  personne  d'origine  franque 
étaient  prononcés  la  plupart  du  temps  par  des  Gallo-Romains  qui 
traitaient  les  dialectes  germaniques  comme  le  latin  ou  comme  les 
noms  d'origine  celtique,  et  les  mêmes  Gallo-Romains  écrivaient  sou- 
vent ces  mots  franciques  comme  ils  les  prononçaient.  »  Dans  les  noms 
propres  dans  lesquels  le  second  terme  est  -gasiia,  ce  mot  a  perdu  son 
g  initial.  On  a  Baudastis  pour  Baudugastis,  et  si  une  monnaie  méro- 
vingienne est  signée  ^ra^as^i,  une  autre  est  signée  Arasie.  De  même, 
Childiernus  est  pour  Childi- germes,  Dao-ualdus  pouv  Dago-ualdus. 
Un  autre  phénomène  est  le  traitement  de  la  voyelle  finale  du  premier 
terme  ;  l'auteur  l'étudié  minutieusement.  En  germanique,  l'o  bref 
indo-européen  devient,  dès  la  plus  haute  antiquité,  a  dans  les  syllabes 
accentuées.  Mais  le  changement  en  a  de  l'o  bref  atone  est  moins 
ancien.  Ainsi  l'on  trouve  encore  Ckario-ualdus,  Hario-baudus  dans 
les  écrivains  latins  du  temps  de  l'Empire,  et  Grégoire  de  Tours  donne 
Theudo-ricus,  Geno-baiidis,  etc.  Cependant  il  y  a  chez  les  Francs 
mérovingiens  des  exemples  de  Ta  final  du  premier  terme  :  Ala-charius, 
Ala-fridus,  etc.  Dans  certains  mots  franciques  où  le  premier  terme  se 
termine  par  a,  cet  a  s'explique  par  une  cause  phonétique;  dans  les 
noms  composés  dont  le  second  terme  est  charnus,  harius,  Va  final  du 
premier  terme  est  dû  à  l'influence  de  la  syllabe  suivante,  cha,  ha, 
dont  la  prononciation  est  facilitée  par  l'a  antécédent.  Dans  d'autres 
mots,  dans  lesquels  la  syllabe  initiale  du  second  terme  a  pour  voyelle 
un  i,  un  e  ou  un  u,  l'a  final  du  premier  terme  paraît  dû  à  une  influence 
dialectale.  M.  d'Arbois  de  Jubainville  étudie  de  la  même  façon  le 
maintien  de  l'o  final  du  premier  terme  et  la  chute  de  la  voyelle  finale 
du  premier  terme.  Un  chapitre  consacré  à  la  déclinaison  dans  la  langue 
des  Francs  termine  la  première  partie  du  volume,  à  laquelle  est  annexé 
un  précieux  index  alphabétique  dressé  par  M.   Le  Nestour  et  dans 


5M  COMPTES    RENDUS 

lequel  sont  relevés  les  noms  francs  mentionnés  et  étudiés,  et  les  mots 
vieux -saxons,  vieux  hauts-allemands,  allemands  modernes,  anglo- 
saxons,  anglais  modernes,  gothiques,  etc.,  qui  ont  servi  à  en  déter- 
miner la  signification. 

La  seconde  partie  consiste  en  un  fragment  d'un  Dictionnaire  des 
noms  propres  francs  de  personnes  à  l'époque  mérovingienne  corapre- 
nrait  les  lettres  A  et  B.  Les  noms  y  sont  répartis  sous  les  thèmes 
auxquels  ils  se  rattachent.  Par  exemple,  sous  le  thème  Adel-,  l'on 
trouvera  Adal-hildis,  Adal-gyseliis,  Adal-r/udis,  Adal-ricus,  Adal- 
truiis,  Adel-bertus,  Adele-marus,  Adeleo,  Et  comme  les  noms  se 
composent  généralement  de  deux  termes,  un  même  nom  se  trouvera 
sous  deux  thèmes  différents.  Ainsi  Adel-bertus  sera  répété  sous 
Bevclho.  Tous  ces  noms  sont  expliqués.  La  connaissance  de  la  for- 
mation des  noms  propres  germaniques  est  indispensable  aux  histo- 
riens. Elle  leur  évitera  d'identifier  des  personnages  dont  les  noms, 
qui  paraissent  semblables,  sont  en  réalité  très  différents  et,  au  con- 
traire, de  ne  pas  dédoubler  un  personnage  désigné  sous  deux  noms, 
qui  ne  sont  que  deux  variantes  du  même  nom  :  ainsi  les  exemples 
donnés  par  M.  d'Arbois  de  Jubainville  aux  pages  56  et  57  autorisent  à 
voir  un  seul  et  même  personnage  dans  l'évêque  Audo  d'Orléans, 
mentionné  dans  divers  documents  du  temps  de  Clovis  II,  et  l'évêque 
Audoenus  du  Testamentum  Leodebodi. 

M.  P. 

A.  ViAziGuiNE.  — Otcherki  iz  istorii  papstva  v'XI  viekié{ Essais 
sur  l'histoire  de  la  Papauté  au  xi'' siècle). —  Saint-Petersbuorg, 
1898  ;  in-8°,  300  p. 

V.  P.  BoLSESKouL.  —  Novoé  islié  dovaniè  po  istorii  papstva 
v'  XI  viekié  (Nouvelles  recherches  sur  l'histoire  de  la  Papauté 
au  XI'  siècle).  —  Saint-Pétersbourg,  1899  ;  in-8°. 

Sous  le  premier  titre,  M.  A.  Viaziguine  a  réuni  en  un  seul  volume 
ses  articles  parusen  1898,  dans  la  Revue  du  Ministère  de V Instruction 
publique  de  Russie.  Ce  n'est  pas  la  première  fois  que  l'auteur  se 
présente  au  public  scientifique;  par  ses  précédents  travaux  sur  l'his- 
toire de  la  Papauté  au  xi^  siècle  parus  en  1891,  en  1893,  en  1896  et 
1897,  il  a  prouvé,  de  l'avis  unanime  des  critiques  russes  et  étrangers, 
sa  compétence  incontestable  en  la  matière.  Le  présent  volume  est 
composé  de  six  chapitres:  Chap.  V^  (pages  3  à  24)  :  Époque  obscure 


VIAZIGUINE    ET    BOUSESKOUL  :    LA    PAPAUTÉ  545 

de  la  pie  de  Hildebrand  son  enfance  et  sa  jeunesse  jusqu'à  son  appa- 
rition dans  riiistoire  sous  le  pape  Grégoire  VI)  ;  chap.  II  ipages  25  à 
63):  Origine  de  la  rè/'ornie  el  la  Papauté  sous  Grégoire  V/;chap.iII, 
(pages  64  à  129):  Époque  de  la  suprémalie  de  Henri  III sur  la  Papauté 
(1046-1048);  chap.  IV  (pages  130  à  175):  Le  pape  Léon  IX,  ses  colla- 
borateurs et  son  programme  ;  chap.  V.  (pages  176  à  247):  Aclioité 
réformatrice  de  Léon  IX,  et  chap.  VI  (pages  248  à  300):  Situation 
du  siège  apostolique  à  la  mort  de  Henri  III.  En  somme,  l'auteur 
s'occupe  d'une  époque  qui  a  fait  l'objet  des  études  de  plusieurs 
historiens  étrangers  comme  Giesebrecht,  Sieindorff,  Waitz,  Lan- 
gen,  Sackur,  Ilauck,  Hefele,  Gforer,  Delarc,  Martens,  Maycr  von 
Knonau,  et  le  prince  E.  N.  Troubeztkoi  en  Russie.  On  peut  donc  se 
demander  quelle  est  la  nouveauté  du  livre  d'A.  Viaziguine,  puisque 
les  sources  sont  restées  les  mêmes.  Sans  insister  autrement  sur  ses 
essais,  disons  qu'il  est  arrivé  à  cette  conclusion,  que  le  rôle  personnel 
de  Hildebrand  dans  la  réforme  de  l'Église  a  été  présenté  d'une  façon 
exagérée  par  les  historiens  antérieurs;  il  s'attache  surtout  à  démontrer 
comment  le  «  milieu  »  et  la  disposition  des  esprits  à  ce  moment  ont 
exercé  une  influence  irrésistible  sur  le  développement  des  idées  de 
Hildebrand,  qui  avait  fini  par  mettre  en  pratique  le  gouvernement 
théocratique  et  par  réorganiser  l'Eglise  en  la  soumettant  au  gouver- 
nement absolu  du  pape.  L'auteur  défend  encore  la  véracité  de  cer- 
taines sources  auxquelles  on  a  dénié  quelque  crédit;  en  général,  il 
s'attaque  à  l'hypercritique,  dont  l'histoire  de  la  Papauté  au  xi"  siècle 
a  été  l'objet.  On  peut  se  demander,  comme  le  remarque  fort  bien 
M.  V.  P.  Bouseskoul,  dans  son  judicieux  compte  rendu  critique  du 
livre  de  M.  A.  Viaziguine  (dont  nous  avons  donné  le  titre  plus  haut  et 
qui  a  paru  également  dans  la  Revue  du  Ministère  de  V Instruction 
publique,  fasc.  du  mois  de  mars  1899),  si  l'auteur  de  ces  essais  n'est  pas 
tombé  dans  une  autre  extrémité  en  diminuant  le  rôle  de  Hildebrand. 
Toutefois,  il  est  incontestable  que  l'érudition  siàre  et  étendue  de  M.  A. 
Viaziguine  fait  de  son  livre  une  contribution  tout  à  fait  importante 
à  l'étude  de  l'histoire  de  la  Papauté  au  xi^  siècle.  Les  articles  ayant 
été  rédigés  d'une  façon  définitive,  probablement  au  fur  et  à  mesure, 
on  y  trouve  quelques  légères  incohérences. 

M.  Gavrilovitch. 


546  COMPTES    RENDUS 

.1.  ni:roiN.  —  Le  Livre  de  raison  de  l'abbaye  de  Saint-Martin 
de  Pontoise,  XIV^  XV"  siècles.  -  Ponloise,  3,  rue  des  Moineaux, 
1900;  in-8^\  244  p.  ^Publications  de  la  Société  historique  du  Vexin.) 
Nous  avons  eu  l'occasion  il  y  a  quelques  mois  de  signaler  d'après  une 
noie  publiée  par  M,  .1.  Depoin  dans  la  Commission  des  Antiquités  et 
des  arts  de  Seine-et- Oise  [Moyen  Age,  XII I ,  p.  98),  le  Livre  de  raison  de 
Saint- Martin  de  Pontoise;  la  publication  du  volume  dont  le  titre  est 
transcrit  ci-dessus  nous  permet  de  revenir  sur  notre  analyse  sommaire 
et  de  fournir  des  indications  plus  détaillées.  Ce  recueil  conservé  aux 
archives  de  Seine-et- Oise  contient  une  foule  d'indications  diverses 
consignées  depuis  1328  jusqu'en  1603.  M.  Depoin  après  avoir  soigneu. 
sèment  Hxé  la  chronologie  des  abbés  aux  xiv^  et  xv^  siècles,  d'après 
le  cailulaire  et  l'histoire  manuscrite  de  dom  Estiennot,  a  groupé  les 
différents  textes  qui  lui  ont  paru  devoir  être  publiés  ou  analysés, 
suivant  un  ordre  méthodique. 

Indépendance  de  Uabbaye.  Saint-Martin  de  Pontoise  chercha  pen- 
dant les  xie,  XII''  et  xiii^  siècles  à  s'affranchir  de  la  dépendance  des 
archevêques  de  Rouen,  leurs  diocésains  :  ils  y  parvinrent  assez  bien, 
grâce  aux  luttes  politiques  qui  placèrent  à  plusieurs  reprises  les  arche- 
vêques de  Rouen  dans  une  situation  difficile  à  l'égard  des  sujets 
du  roi  de  France,  grâce  aussi  à  la  faveur  des  souverains  et  des  papes. 
Le  livre  de  raison  contient  un  assez  long  factum  rédigé  à  la  fin  du 
xive  siècle  par  le  moine  Vincent  Potel  contre  Ferry  Cassinel,  archi- 
diacre du  Vexin  français  en  l'église  de  Rouen  plus  tard  évéque  de 
Lodève,  puis  archevêque  de  Reims).  Les  doléances  adressées  d'abord 
à  Rouen  furent  ensuite  portées  au  Saint-Siège,  et  l'abbé  Jean  prêta 
serment  au  Souverain-Pontife,  ce  qui  consacrait  son  indépendance  à 
l'égard  de  l'ordinaire.  Au  xV^  siècle,  au  contraire,  l'on  constate  la  pres- 
tation du  serment  aux  délégués  de  l'archevêque  de  Rouen. 

Les  Bâtiments  de  l'église.  Si  le  livre  de  raison  ne  contient  aucune 
description  des  bâtiments,  ce  qui  s'explique  parle  fait  qu'il  a  été  com- 
pilé par  et  pour  des  gens  qui  les  connaissaient,  il  renferme  de  nom- 
breux renseignements  sur  leur  entretien  et  leurs  réfections.  Par 
exemple,  le  lavoir  fut  refait  en  1333  par  un  entrepreneur  de  Paris, 
Phelipe  de  Lampier  ;  3  contrats  d'abonnement  furent  passés  au 
xiv»  siècle,  en  1350  et  en  1345,  avec  un  maçon  de  Pontoise,  un  couvreur 
de  Grisy  et  un  verrier  de  Senlis,  le  premier  et  le  troisième  pour  un  an, 
le  second  pour  six  ;  un  compte  de  1334  se  réfère  à  des  acquisitions  de 


J.   DEPOIN  :   LIVKK  Dli  lîAISON    Dli  SAIN  f-M AU  TIN  DE  PONTOISE      547 

plomb  ot  d'étain.  Une  autic  forme  de  contrat,  celle  du  forfait,  fut 
employée  en  1332  pour  faire  paver  le  réfectoire  par  maistre  Guérin, 
charpentier  de  Notre-Dame  de  Paris,  et  en  147G  pour  faire  exécuter 
des  travaux  de  maçonnerie  dans  l'église. 

Le  Trésor  et  le  Mobilier,  invenUiires.  M.  Depoin  a  reproduit  inté- 
gralement un  inventaire  de  1342  concernani  le  trésor  et  la  sacristie, 
ce  texte  est  complété  par  des  extraits  d'un  in\enlaire  de  1373.  Un 
autre  texte  de  1412  a  servi  à  faire  un  recolement  des  objets  conservés 
et  un  relevé  des  objets  disparus  pendant  les  guerres,  texte  et  notes  de 
recolement  ont  été  imprimés  par  M.  D.  ainsi  qu'un  inventaire  des 
chapelles  du  prieuré  de  Ronel  et  de  Ruel,  rédigé  en  1339.  Le  livre  de 
raison  ne  fournit  pas  de  renseignements  sur  la  bibliothèque.  M.  D.  y 
a  suppléé  en  imprimant  d'après  dom  Estiennot  un  inventaire  de  1241. 

Le  Culte  et  les  Pèlerinages.  Le  livre  de  raison  et  divers  manuscrits 
ont  fourni  des  extraits  relatifs  au  luminaire,  à  la  fête  burlesque  des 
Saints-Innocents,  au  lavement  des  pieds,  à  l'office  des  morts,  à  la 
translation  des  reliques  de  saint  Gautier,  à  des  fondations  pieuses. 

Le  Personnel  de  L'abbaye.  Quelque  nombreuses  que  soient  les  men- 
tions de  moines,  tant  dans  le  livre  de  raison  que  dans  les  chartes,  il  est 
impossible  d'en  établir  une  statistique,  M.  D.  a  néanmoins  groupé 
dans  Tordre  chronologique  tous  les  noms  qu'il  a  relevés,  en  joignant  à 
chacun  d'eux  la  qualité  du  personnage.  Le  livre  de  raison  contient  le 
texte  de  deux  rouleaux  mortuaires  envoyés  par  Saint-Martin  en  1349  et 
1391.  Dom  Estiennot  nous  a  conservé  une  troisième  formule  analogue 
non  datée.  L'ameublement  de  l'aumônerie  est  connu  par  de  nombreux 
inventaires  dont  M.  D.  a  donné  de  curieux  extraits;  un  autre  inven- 
taire est  consacré'à  l'hôtellerie;  d'intéressantes  notices  concernent  les 
pensionnaires,  les  convers,  les  domestiques,  les  chambriers,  les  écri- 
vains^ les  maîtres  d'école. 

Discipline  monastique.  Après  avoir  étudié  l'état  moral  de  l'abbaye 
au  xin*^  siècle,  M.  D.  a  eu  la  satisfaction  de  constater  que  pour  le 
xiv"  siècle  le  livre  de  raison  donne  l'impression  d'un  état  moral  satis- 
faisant. Le  vestiaire  était  entretenu  par  le  régime  d'abonnement;  le 
livre  de  raison  fournit  de  nombreuses  mentions  relatives  aux  achats 
d'étoffes  et  objets  de  costume;  par  abonnement  encore,  on  fabriquait  le 
pain;  pour  l'alimentation,  les  revenus  en  nature  de  l'abbaye  y  pour- 
voyaient d  une  manière  générale,  toutes  les  denrées  sont  mentionnées 
dans  le  livre  de  raison  :  poisson,  volaille,  œufs,  fruits,  viande,  cervoise, 


548  coMptiîs  rendus 

huile,  sol,  ôpices;  dos  inventaires  do  la  cuisine  nous  l'ont  connaître  un 
matériel  assez  important  ;  dos  comptes  concernent  les  réceptions, 
l'éclairage,  le  chauffage,  les  études. 

Budfjet  de  Cabbaye.  Los  comptes  proprement  dits  n'ont  été  transcrits 
dans  le  livre  de  raison  qu'à  partir  de  la  fin  du  xiv^  siècle.  M.  Depoin 
a  groupé  les  renseignements  qu'il  a  pu  réunir  sous  six  rubriques  dont 
trois  relatives  aux  domaines,  biens  et  revenus  fonciers  (propriétés 
bâties,  domaine  agricole  et  domaine  viticole),  et  les  trois  autres  aux 
droits  utiles  augmentant  les  ressources  de  l'abbaye  dans  l'ordre  ecclé- 
siastique (patronages  d'églises,  casuel  et  dîmes),  féodal  'cens,  chasse) 
et  judiciaire  (offices  et  amendes).  Cet  exposé  de  l'histoire  financière  de 
Saint-Martin  de  Pontoise  occupe  près  de  100  pages,  il  est  rempli  de 
notions  d'une  extrême  variété  et  d'un  intérêt  considérable,  il  ne  saurait 
sans  dommage  pour  eux  échapper  à  l'attention  des  économistes. 

La  Guerre  de  Cent  ans.  Sous  cette  dernière  rubrique,  M.  Depoin  a 
recueilli  les  indications  qui  éclairent  trois  points  de  vue  de  l'histoire 
de  ce  temps  :  ((  La  situation  financière  générale  et  les  difficultés  au 
milieu  desquelles  se  débattait  le  Trésor.  —  Le  concours  matériel  que 
l'abbaye  prêta  à  la  caisse  royale  obérée  et  son  intervention  dans  les 
affaires  de  l'État. — Les  désastres  que  la  guerre  étrangère,  compliquée 
de  la  guerre  civile,  causa  au  monastère  et  les  ruines  qu'elle  sema  dans 
la  contrée.  » 

Tel  est  succinctement  analysé  le  contenu  du  volume  publié  par 
M.  J.  Depoin;  malgré  l'étendue  de  ce  compte  rendu  nous  tenons  à 
dire  que  nous  n'y  avons  relevé  que  des  titres  de  paragraphes  souvent 
étendus  et  que  chacun  des  mots  que  nous  avons  reproduits  forment 
autant  de  titres  sous  lesquelles  sont  accumulées  avec  une  rare 
richesse  d'information  et  une  critique  très  fine  des  renseignements 
très  variés,  empruntés  non  seulement  au  livre  de  raison  lui-même,  mais 
encore  à  tous  genres  de  documents  susceptibles  d'éclairer  l'histoire 
intérieure  et  extérieure  de  l'abbaye.  Ceci  dit,  est-il  besoin  d'ajouter  que 
ce  volume  est  une  œuvre  historique  importante  en  dépit  de  son  carac- 
tère local,  car  elle  fournit  un  tableau  complet  très  détaillé  de  la  vie 
monastique  au  moyen  âge,  de  la  vie  monastique  privée^  sociale, 
religieuse  et  politique?  A.  V. 


CHUONIOUE 


L'iiistoire  de  la  musique,  longtemps  négligée  par  les  érudits,  a  mainte- 
nant sa  place  marquée  dans  l'histoire  de  l'art.  On  a  compris  que  l'on  ne 
saurait  avoir  une  connaissance  complote  des  civilisations  anciennes  sans 
prendre  en  considération  un  art  qui  de  tout  temps  a  joué  un  rôle  important 
dans  la  vie  populaire  et  religieuse  des  sociétés.  Aussi  la  Eccup  de  sijnthèsn 
historique  a,  dans  son  premier  numéro,  consacré  une  vingtaine  de  pages  à 
un  compte  rendu  des  derniers  travaux  sur  la  musique  du  moyen  âge  dû  à  la 
plume  autorisée  de  M.  Jules  Combarieu.  L'on  annonce  la  prochaine  appa- 
rition d'une /?/T//r'  d' histoire  ci  do  critique  musicales  dirigée  par  MM.  Ro- 
main Rolland,  Emmanuel,  Laloy,  Aubry  et  Combarieu,  et  qui  accueillera 
des  mémoires  où  les  méthodes  critiques  seront  appliquées  à  l'étude  des 
œuvres  musicales  antiques,  médiévales  et  modernes.  Elle  complétera  utile- 
ment l'œuvre  des  Bénédictins.  M.  P. 

*  * 

Les  Etudes  d'histoire  et  d'èconoinie  politique^  de  M.  Karl  Biicher,  en 
Allemagne  un  ouvrage  classique,  sont  restées  jusqu'ici,  en  dehors  d'un 
groupe  peu  nombreux  de  spécialistes,  inconnues  aux  lecteurs  français.  Grâce 
à  M.  Alfred  Hansay,  conservateur  adjoint  des  Archives  de  l'État  à  Liège,  ce 
volume  prendra  place  dans  notre  littérature  historique,  car  il  en  a  fait  une 
traduction,  recommandable  parla  précision  de  la  langue,  qui  le  mettra  à  la 
portée  de  tous  (Bruxelles,  Lamertin;  Paris,  Alcan,  1901;  in-8%  xii-359p.). 
Le  mérite  de  M.  Biicher  est  d'avoir  appliqué  à  l'étude  des  phénomènes  éco- 
nomiques la  méthode  historique  et  de  s'être  dégagé,  en  les  considérant,  des 
idées  qui  résultent  de  l'examen  de  ces  mêmes  phénomènes  dans  la  société 
actuelle.  «  Il  a  su  éviter,  comme  le  remarque  M.  Pirenue  dans  la  préface 
qu'il  a  mise  à  la  traduction  de  M.  Hansay,  d'appliquer  aux  périodes  anté- 
rieures, des  formules  valables  seulement  pour  la  nôtre...  Le  passé  apparaît 
chez  lui  avec  ses  caractères  propres,  son  genre  spécial  d'activité,  sa  physio- 
nomie originale.  »  Son  œuvre  est  essentiellement  de  synthèse,  sinon  au 
point  de  vue  de  la  construction,  au  moins  si  l'on  envisage  le  résultat.  Il  ne 
retient  des  faits  que  ceux-là  seuls  qui  sont  caractéristiques.  Sa  méthode 
apparaît  clairement  dans  le  morceau  capital  des  Études^  «  l'état  écono- 
mique primitif  »,  auquel  fait  suite  un  autre  mémoire  sur  «  les  origines  de 
l'économie  nationale  ».  Se  fondant  «  sur  le  rapport  existant  aux  diverses 
époques  entre  le  producteur  et  le  consommateur  des  biens  »,  il  marque  les 
trois  étapes  de  la  vie  économique  :  période  familiale,  période  urbaine,  période 
nationale.  D'autres  études  sont  consacrées  à  l'histoire  des  modes  d'exploi- 
Moijcn  Ane,  t.  XIII.  .31 


550  CHRONIQUE 

tation  industrielle,  à  la  disparition  du  métier,  aux  origines  de  la  presse 
périodique,  à  l'union  et  à  la  communauté  du  travail,  à  la  division  du  travail, 
à  la  formation  des  classes  sociales,  aux  migrations  intérieures  et  au  régime 
urbain.  L'on  ne  saurait  trop  recommander  aux  historiens  la  lecture  des 
études  de  M.  Bticlier  dans  la  traduction  de  M.  Hansay  ;  car  ce  sont  là  des 
pages,  pour  user  d'une  expression  à  la  mode,  mais  qui  ici  trouve  son  juste 
emploi,  «  suggestives  »,  et  qui  jettent  des  clartés  nouvelles  sur  le  développe- 
ment économique  des  sociétés.  M.  P. 

* 
*  * 

Le  musée  gallo-romain  de  Sens  est  bien  connu  des  épigraphistes  et  des 
archéologues.  Les  plus  remarquables  des  monumt^nts  qu'il  renferme,  ins- 
criptions, bas-reliefs,  stèles  funéraires,  fragments  d'architecture  ont  été 
reproduits  par  les  soins  de  la  Société  archéologique  de  Sens,  en  un  magni- 
fique album  d'h''liogravures  dont  le  premier  fascicule  a  paru  en  1870. 

Bientôt  la  description  des  planches,  avec  un  commentaire  scientifique, 
sera  donné  par  le  conservateur  du  musée,  M.  Gustave  Julliot,  qui  en  de 
nombreux  mémoires  a  montré  combien  tous  ces  débris  de  l'antiquité  romaine  . 
lui  sont  familiers.  Comme  il  aime  à  le  répéter,  ce  sont  là  des  pierres  qui 
parlent,  mais  elles  ne  répondent  qu'à  ceux  qui  savent  les  interroger.  Et 
M.  Bunnel-Lewis,  comme  il  le  dit  lui-même  dans  son  mémoire  Tlic  gallo- 
rotnain  Mtiscuin  of  Sens  (London,  1900;  in-8",  46  p.,  extrait  de  The  arc/wo- 
lof/ical  Jot(rnol),  aurait  moins  bien  entendu  leur  langage,  si  M.  Julliot  ne 
l'y  avait  aidé.  L'archéologue  anglais  s'est  proposé  de  faire  connaître  à  ses 
compatriotes  les  monuments  les  plus  intéressants  du  Musée  sénonais;  il  a 
transcrit  et  commenté,  au  point  de  vue  historique  et  philologique,  quelques 
inscriptions,  entre  autres  celle  du  flamine  Marcus  Magilius  Honoratus;  il  a 
décrit  les  bas-reliefs  et  rapporté  les  passages  des  auteurs  anciens  qui  per- 
mettent d'en  déterminer  les  sujets.  M.  P. 

*  * 

M.  Paul  Meyer,  dans  une  Notice  sur  trois  Lègendiers  français  attribues  à 
Jean  Belet  (Paris,  Irapr.  nationale,  1899;  in^",  78  p.,  tiré  des  Notices  et 
Extraits  des  manuscrits  de  la  Bibliothèque  nationale  et  autres  biblio- 
thèques^ XXXVI),  vient  d'ajouter  d'intéressantes  observations  à  celles  qu'il 
avait  publiées  antéiieurement  sur  les  légendiers  français  dans  les  Notices 
et  Extraits,  da.nii]si  Rornania,  XVH,  dans  le  Bull,  de  la  Soc.  des  anc. 
textes,  etc. 

Les  mss.,  objets  de  la  présente  notice,  sont  l'addit.  17275  de  Londres,  et 
fr.  183  et  185  de  Paris,  qui  tous  trois  attribués  à  Jean  Belet,  présentent 
des  caractères  communs  d'exécution  matérielle;  ils  sont  néanmoins  indé- 
pendants les  uns  des  autres,  chacun  d'eux,  même  les  plus  courts  contenant 
des  légendes  qui  manquent  dans  les  autres.  Leur  source  semble  avoir  été: 
1°  un  ou  plusieurs  légendiers  français  formant  une  famille  et  dont  l'origine 
remonte  au  milieu  du  xiiT  siècle,  M.  Meyer  en  a  défini  les  caractères  dans 
ses  travaux  antérieurs  :  2"  pour  deux  d'entre  eux  la  Leqenda  /tureade  Jacques 
de  Varazze.  L'hypothèse  qu'il  aurait  existé  une  traduction  de  la  Légende 


CHRONIQUE  551 

dorée  antéiieuie  à  celle  de  Jean  de  Vignai,  et  due  à  Jean  Belet,  est  plausible; 
de  l'aveu  de  M.  Meyer,  elle  n'est  pas  encore  vériflable.  M.  Meyer  s'est 
attaché  à  donner  des  trois  niss.  une  description  détaillée  et  à  faire  à  propos 
de  chaque  légende  une  étude  de  ses  sources. 

L'enquête  conduite  avec  tant  de  méthode  par  le  savant  romaniste  depuis 
plusieurs  années  donne  des  résultats  intéressants  pour  l'histoire  littéraire; 
chaque  pas  en  avant  est  marqué  par  dos  observations  de  plus  en  plus  géné- 
rales en  même  temps  qu'il  est  l'occasion  d'une  ioule  de  remarques  particu- 
lières dont  la  riche  érudition  de  l'auteur  fait  tous  les  frais.  A.  V. 


La  numismatique  des  époques  troublées  est  mieux  connue,  ou  du  moins 
plus  abondamment  représentée  en  pièces  de  monnaies,  que  celle  des  périodes 
pacifiques.  Ce  n'est  ordinairement  que  pour  soustraire  son  argent  au  pillage 
qu'on  est  amené  à  l'enfouir.  Ainsi,  l'on  n'a  trouvé  jusqu'ici  qu'un  très  petit 
nombre  de  trésors  de  monnaies  deCharlemagne;  très  fréquentes,  au  contraire, 
sont  les  trouvailles  de  trésors  de  monnaies  de  Charles  le  Chauve.  La  raison 
en  est  qu'il  n'y  eut  que  très  peu  de  guerres  en  Gaule  sous  le  règne  de  Charle- 
magne,  aucun  motif  de  les  enterrer;  que  les  monnaies  de  ce  roi  subirent  la 
refonte  sous  Louis  le  Pieux  et  Charles  le  Chauve,  et  qu'au  contraire,  dès  le 
règne  de  ce  dernier  roi,  les  incursions  des  Normands  tirent  cacher  les  mon- 
naies. Pareillement,  pour  l'époque  romaine,  les  enfouissements  sont  inti- 
mement liés  aux  troubles  intérieurs  de  la  Gaule  et  aux  invasions  barbares. 
C'est  là  ce  que  AL  Adrien  Blanchet  a  voulu  mettre  en  lumière  dans  son 
volume  intitulé  :  Lch  Trésors  de  monnaies  romaines  et  les  Inrasions  ger- 
nianiqiies  en  Gaule  (Paris,  Leroux,  1900;  in-8",  ix-332  p.).  Il  a  soigneuse- 
ment relevé  toutes  les  trouvailles  dé  monnaies  romaines,  et  dans  une 
introduction  il  a  montré  que  ces  cachettes  monétaires  sont  en  relation 
avec  les  invasions.  Ainsi,  les  trouvailles  de  monnaies  du  Haut-Empire 
sont  assez  rares  (nous  entendons  les  trouvailles  de  pièces  groupées),  tandis 
que  celles  des  monnaies  du  m"  siècle, sont  fréquentes.  Dans  la  liste  dressée 
par  M.  Blanchet,  la  seconde  moitié  de  ce  siècle  est  représentée  par  415  trou- 
vailles. La  répartition  géographique  n'est  pas  moins  instructive.  Les  dépar- 
tements qui  ont  fourni  le  plus  de  trésors  sont  ceux  du  Nord,  du  Pas-de- 
Calais,  de  la  Somme,  de  l'Oise,  de  l'Aisne.  Au  contraire,  ceux  des  Ardennes, 
de  la  Meuse,  de  la  Meurthe-et-Moselle  et  des  Vosges  ne  présentent  qu'un 
nombre  restreint  de  trouvailles.  D'où  M.  Blanchet  conclut  que  les  envahis- 
seurs ont  évité  la  forêt  des  Ardennes  et  les  montagnes  des  Vosges;  et  il  nous 
montre  les  routes  suivies  par  les  Barbares.  L'étude  des  trésors  corrobore  et 
complète  les  données  des  historiens.  Nous  ne  saurions  dire  si  M.  Blanchet 
n'a  pas  oublié  quelques  trésors;  mais  ces  omissions,  si  elles  existent,  doivent 
être  insignifiantes,  car  il  est  visible  qu'il  a  dépouillé  tous  les  livres  qui  par 
leur  nature  devaient  lui  fournir  des  renseignements,  et  d'autres  encore; 
cependant  j'exprimerai  un  regret,  c'est  que,  pour  les  monnaies  de  Tetricus 
et  de  Posthume,  il  n'ait  pas  indiqué,  toutes  les  fois  qu'il  le  pouvait,  si  les 
pièces  trouvées  étaient  de  bon  style  ou  des  imitations;  ce  qui  n'est  pas  sans 


552  CHRONIQUE 

importance  pour  déterminer  la  date  de  l'enfouissement.  Mais  les  pièces 
des  empereurs  gaulois  et  leurs  déformations  méritant  une  étude  spéciale, 
M.  Blanchet  pourra  y  revenir  et  combler  cette  lacune  d'un  livre  dans 
lequel  se  trouvent  réunis  des  documents  importants  pour  l'histoire  de  la 
Gaule  romaine  et  dont  les  historiens,  qui  auront  à  s'occuper  des  incursions 
des  Barbares,  devront  désormais  tenir  compte.  M.  P. 


M.  E.  Déprez  a  extrait  des  Intro'itns  et  K.rltvs  des  Archives  du  Va- 
tican, les  comptes  relatifs  aux  funérailles  de  Clément  VI  et  d'Innocent  VI 
{Les  Funcvaillcs  de  Clèineat  VI  et  d'Innocent  VI d'après  les  comptes  de  la 
cour  pontificale.  Rome,  1900;  in-8%  20  p.  Extr.  des  Mélanges  d'archèolor/ie 
et  d'histoire  publics  par  l'École  française  de  Rome).  Ce  qui  paraît  avoir 
caractérisé  les  funérailles  des  papes  du  xiv"  siècle,  c'est,  à  la  différence  de 
celles  des  papes  des  xv"  et  xvi"  siècles,  leur  très  grande  simplicité;  elles 
furent  l'occasion  de  larges  distributions  d'aumônes,  plutôt  que  de  somptueuses 
cérémonies.  Au  point  de  vue  des  faits,  rappelons  avec  M.  D.  que  Clé- 
ment VI  mourut  à  Avignon  le  6  décembre  1352  ;  que  son  corps,  après  être 
resté  pendant  près  de  trois  mois  à  Notre-Dame-des-Doms,  fut  transporté  en 
mars  1353  à  la  Chaise-Dieu  dans  un  mausolée  que  le  pape  s'y  était  fait 
construire  de  son  vivant.  Innocent  VI  mourut  le  12  septembre  1362;  après 
une  neuvaine  à  Notre-Dame-des-Doms,  le  corps  fut  inhumé,  suivant  la 
volonté  du  pape  défunt,  dans  la  Chartreuse  deVilleneuve-les-Avignon. 

A.  V. 

*  * 

Nous  avons  signalé  précédemment  (Mo/ze/iA/yc,  XIII,  96)  l'intérêt  que  pré- 
sente le  Recueil  de  Documents  pontificaux  consercès  dans  dicersesarchices 
d'Italie,  XIIP  et  XIV'  siècles,  publié  par  M.  E.  Déprez.  I.e  deuxième  fasci- 
cule de  cette  publication  faite  exclusivement  d'après  les  pièces  conservées 
en  original  vient  de  paraître  (Rome,  E.  Loescher,  1900;  in-8",  55  p.).  Il 
est  extrait  comme  le  précédent  des  Qucllen  und  Forschunf/eu,  revue  éditée 
par  l'Institut  royal  prussien  de  Rome  (111,  235-307)  et  comprend  la  fin 
des  archives  communales  de  Pérouse  (n"'  67  à  168,  doc.  de  1325 à  1377),  les 
archives  du  séminaire  de  Pise  (35  n"%  doc.  de  1225  à  1326) ,  les  archives 
de  Bénévent  (16  n°',  doc.  de  1221  à  1383),  les  archives  de  Saint-Nicolas  de 
Bari  (25  n°%  doc.  de  1199  à  1343),  les  archives  capitulaires  de  Troia  (23  n°% 
doc.  de  1199  à  1387),  les  archives  capitulaires  de  Lucera  (2n°%  doc.  de  1332 
et  1338),  les  archives  capitulaires  de  Brindisi  (6  n°%  doc.  de  1219  à  1371), 
les  archives  capitulaires  de  Trani  (13  n"',  doc.  de  1303  à  1381).  Ce  catalogue 
d'actes  pontificaux  constitue,  au  point  de  vue  chronologique,  une  suite  natu- 
relle aux  travaux  publiés  par  M.  P.  Kehr  et  ses  collaborateurs  dans  les 
Nachrichten  de  la  Société  des  sciences  de  Gôttingen.  A.  V. 

* 

*  •* 

M.  Joseph  Poux,  archiviste  du  département  de  l'Ariège,  a  fort  heureu- 
sement arrêté  son   attention,  en  classant  les  archives  de    la    famille    de 


CHRONIQUE  553 

Lévis-Mirepoix  au  château  de  Léran,  sur  une  série  de  chartes  relatives  aux 
raines  de  Boussagues  (Hérault).  L'étude  de  ces  documents  lui  a  permis 
d'apporter  à  l'histoire  de  l'exploitation  houillère  aux  xiu"  et  xiv'  siècles  une 
importante  contribution  (Notes  et  dociinicnts  sur  1rs  iiiines  dr  charbon  de 
Boiissdç/ai's  en  Bas-Laiif/uedoc  auxXIirefXI  V"  siècles.  Paris,  Impr.  natio- 
nale,1900  ;in-8%  32  p.  Extr.  du  Bull,  /list.et  /thilol.  du  Comité  des  travaux 
Iilsfori'fues).  L'examen  comparé  des  termes  techniques  a  d'abord  fourni  à 
M.  P.  des  données  qui  précisent  et  enrichissent  notre  lexicographie  médié- 
vale. Le  droit  de  fouille  et  d'exploitation  auxiii"  siècle  appartenait  exclusive- 
ment au  seigneur,  à  la  fin  du  xiv°  siècle  ce  droit  est  devenu  moins  rigoureux 
et  a  pu  passer  par  acquisition  à  des  roturiers  s'intitulant  seigneurs  en  vertu 
môme  de  ce  droit  acquis.  Les  concessions  d'exploitation  faites  par  le  seigneur 
à  des  particuliers  ou  à  des  groupements  de  particuliers  constitués  en  Société 
ont  revêtu  au  xiii' siècle  la  forme  du  bail  emphytéotique,  c'est-à-dire  per- 
pétuel avec  transmission  héréditaire,  mais  aussi,  subordonné,  sous  peine 
de  déchéance,  à  l'existence  d'un  successeur  et  au  payement  régulier  d'une 
redevance  ;  quant  à  lalimite  du  droit  d'exploitation,  elle  semble  n'avoir  été 
l'objet  d'aucune  restriction,  autrement  dit  les  concessionnaires  des  baux 
semblent  avoir  eu  le  droit  d'exploiter  la  mine  <à.  leur  guise  et  sans  aucun 
contrôle  du  bailleur,  le  rôle  de  celui-ci,  la  concession  faite,  se  bornant  à  la 
perception  d'une  redevance  proportionnée  aux  résultats  de  l'exploitation  (le 
neuvième,  à  ce  qu'il  semble).  On  comprend  l'intérêt  qu'avait  le  seigneur  à 
la  prospérité  de  l'entreprise,  et  l'on  s'explique  ainsi  la  protection  et  les 
privilèges  qu'il  lui  assurait.  M.  P.  fait  remarquer  ajuste  titre  que  le  mono- 
pole royal  de  la  concession  des  mines  n'a  fait  que  succéder  au  privilège 
féodal  en  en  conservant  les  formes;  que  la  constitution  de  Sociétés  pour 
l'exploitation  minière  est  plus  ancienne  qu'on  ne  le  croit  communément, 
puisqu'on  en  trouve  des  exemples  dès  le  xin''  siècle,  et  qu'il  n'est  pas  enfin 
jusqu'aux  termes  techniques  modernes  dont  on  ne  puisse  retrouver  l'origine 
dans  les  expressions  employées  par  les  notaires  de  l'époque  féodale.  Cette 
analyse  sommaire  en  dit  plus  sur  l'intérêt  du  mémoire  de  M.  P.  que  les 
éloges  que  nous  pourrions  lui  adresser.  Nous  tenons  à  faire  remarquer 
cependant  combien  il  est  aisé  à  un  esprit  éclairé  de  fournir  rien  que  par 
l'étude  de  documents  locaux  dos  données  scientifiques,  précises  et  nouvelles, 
présentant  à  la  fois  un  intérêt  pour  l'histoire  générale,  pour  l'histoire  du 
droit  et  pour  l'histoire  économique.  A.  V. 

*  * 
M.  F.  Chalandon,  au  cours  d'un  voyage  dans  le  sud  de  l'Italie,  a  eu 
l'occasion  d'examiner  des  actes  originaux  émanés  des  souverains  normands 
de  Sicile,  et  il  a  consigné  dans  un  mémoire  les  résultats  de  ses  observations 
sur  les  usages  observés  dans  leur  chancellerie  (La  Diploniati'/ae  des 
Normands  de  Sicile  et  de  l'Italie  méridionale.  Rome,  1900  :  in-8°, 
47  p.  2  pi.  Extrait  des  Mélan(jes  d'ai-chèolof/ie  et  d'histoire  publiés 
par  l'École  française  de  Rome.  XX).  Le  caractère  particulier  de  leur 
administration  a  été   le    respect  des  usages,  des  mœurs   et    de  la   langue 


554  LIVRES    NOUVEAUX 

des  diverses  populations  établies  dans  le  pays^  par  suite  leur  chan- 
cellerie a  expédié  des  actes  en  latin,  en  grec  et  en  arabe.  La  plupart  des 
actes  qui  nous  sont  parvenus  sont  des  actes  solennels,  jusqu'en  1127  ils 
émanent  de  deux  chancelleries,  celle  des  ducs  dePouillo  et  celle  des  comtes 
de  Sicile  ;  à  partir  de  1127,  il  n'y  a  plus  qu'une  chancellerie.  Les  actes 
solennels  étaient  écrits  sur  des  membranes  de  parchemin  fort  bien  préparées 
et  généralement  plus  longues  que  larges.  L'écriture  lombarde  en  usage  dans 
le  pays  avant  l'arrivée  des  Normands  n'a  été  conservée  de  leur  temps  que 
pour  les  actes  privés,  les  chartes  ducales  sont  écrites  en  minuscule  romane 
rondo  poui'  les  textes  latins, en  cursive  minuscule  pour  les  actes  grecs.  Nous 
ne  pouvons  analyser  les  remarques  de  M.  Chalandon,  sur  l'aspect  extérieur 
des  actes,  les  formules,  la  chronologie,  les  souscriptions,  il  faudrait  reproduire 
toutes  les  observations  de  détail.  M.  Chalandon  a  eu  l'occasion  d'étudier  en 
leur  forme  quelques  mandements.  Quant  au  scellage,  les  ducs  de  Fouille 
semblent  n'avoir  fait  usage  que  des  bulles  de  plomb,  tandis  que  les  comtes 
de  Sicile  ont  fait  concurremment  usage  des  sceaux  plaqués.  Les  bulles  por- 
taient des  légendes  en  grec,  en  latin,  en  grec  et  latin.  La  conclusion  de  ce 
remarquable  mémoire  est  d'abord  que  la  chancellerie  grecque  n'a  pas 
eu  une  organisation  spéciale,  mais  n'a  été  qu'une  annexe  de  la  chancellerie 
latine,  ensuite  que  les  actes  des  comtes  de  Sicile,  très  simples,  diffèrent  peu 
en  leur  forme  des  actes  privés,  tandis  que  ceux  des  ducs  de  Pouiile,  expédiés 
dans  une  chancellerie  mieux  organisée  ont  été  i-édigés  suivant  des  règles 
empruntées  à  la  chancellerie  des  princes  de  Salerne,  puis,  après  la  réunion 
en  1127  de  la  Fouille  à  la  Sicile,  empruntées  à  la  chancellerie  pontificale 
(rota  et  komma)  et  à  la  chancellerie  byzantine  (encre  rouge,  figures  des 
sceaux,  particularités  dans  les  actes  grecs).  A.  V. 

M.  W.  H.  St.  John  Hope  a  publié  pour  l'Alcuin  Club  un  album  de  re- 
productions d'autels  anglais  du  x'  au  xvi'  siècle  d'après  des  manuscrits 
(AJciiin  Club  Collection.  I.  Enr/lish  altavs  from  Uluminated  maniiscrrpts. 
London,  Longmans,  Green  and  C°,  1899;  in-fol.  14  pi.).  Les  fac-similés 
reproduisent  29  représentations  d'autels  d'après  les  mss.  du  Musée  britan- 
nique, des  Universités  et  collèges  d'Oxford  et  de  Cambridge,  de  la  Société 
des  antiquaires  de  Londres.  Ce  recueil  fournit  des  documents  très  intéressants 
pour  l'histoire  des  arts  mineurs  ecclésiastiques  et  pour  l'histoire  de  la  mi- 
niature au  moyen  âge.  AV. 

LIVRES  NOUVEAUX 


768.  Alberts  (O.).  AristotelischeFhilosophie  in  der  tiirkischen  Literatur 
des  XI  Jahrh.  —  Halle,  C.  A.  Kaemmerer,  1900;  in-8°,  29  p.  (0  m.  60.) 

769.  Apringius  de  Béj.\.  Commentaire  de  l'Apocalypse  écrit  sous  Tendis, 
roi  des  Wisigoths  (531-548),  publié  par  D.  Marius  Férotin.  —  Paris, 
A.  Picard,  1900;  in-8°,  xxiv-90  p.,  2  pi.  (Bibliothèque  patrologique.  I.) 
(5  fr.) 


LIVRES    NOUVEAUX  555 

770.  Augustin  (Saint).  Sancti  A.  Augustini  opéra.  Sect.  V,  pars  2  :  De 
Civitate  Dei  lihri  XXII.  Hoconsuit  et  commentario  critico  instrnxitE.  Hoff- 
mann. Vol.  II.  Libri  XIII I-XXII.— Leipzig,  G.  Freytag.  (Corpus  scriptorum 
ecclesiasticorum  latinorutn.  XXXX.)  (21  m.  60.) 

771.  Bâcher  (W.).  Ein  hebrâisch-persisches  Wôrterbuch  aus  dem 
xivjahrli.  Progr.  —  Strassburg,  K.  J.  Triibner,  1900;  in-8",  iii-135et76  p. 
(4  m.) 

772.  Bar  (M.).  Uebersicht  ûber  die  Bestànde  des  k.  Staatsarchivs  zu 
Hannover.  —  Leipzig,  S.  Hirzel,  1900;  in-8°,  viii-129  p.  (Mitteilungen 
der  k.  preussischen  Archivverwaltung.  IIL)  (3  m.) 

773.  Barra  (Léopold).  Autour  de  Roc-Amadour.  Excursion  de  Capdenac 
à  Brive.  —  Cahors,  impr.  de  Delpérier,  1900;  in-8°,  70  p.  (Extr.  du  Bull, 
de  la  Soc.   des  études  littéraires,  scientifiques  et  artistiques  du  Lot.) 

774.  Bayle  (Gustave).  La  Question  de  l'imprimerie  à  Avignon  en  1444 
et  1446.  —  Nîmes,  impr.  de  Chastanier,  1900;  in-8°,  90  p.  (Extr.  des 
Mém.  de  l'Académie  de  Nîmes.) 

775.  Bazin  (A.).  Études  locales  pour  servir  à  l'histoire  de  Compiègne.  — 
Compiègne,  Lefebvre,  1900;  in-8°,  241  p. 

776.  Bertram(A.).  Das  eherne  Taufbecken  im  Dom  zu  Hildesheim.  — 
Hiidesheim,  A.  Lax,  1900;  in-8",  15  p.,  3  pi.  (Extr.  de  la  Zeitschr.  fUr 
chrisil.  Kunst.)  (1  m.  50.) 

777.  Besnard  (Alfred).  Généalogie  de  la  famille  des  fondateurs  du  Collège 
de  Boissy  ou  de  la  lignée  de  Chalo-Saint-Mard.  Reproduction  en  fac-similé 
par  photogravure  des  éditions  originales,  précédée  d'une  notice  explicative. 
—  Paris,  Champion,  1899;  in-foL,  22p.,  19pl. 

778.  Bezold  (G.  von).  B.  Riehl  und  G.  Hager.  Die  Kunstdenkmale  des 
Kônigr.  Bayern  von  11  bis  zum  Ende  des  18  Jahrh.  1  Bd.  Reg.  Bez. 
Oberbayern.  19  Lfg.  —  Munchen,  J,  Albert,  1900;  in-fol.  p.  1533-1695, 
12  pi.  (10  m.) 

779.  Bismarck  (H.  H.  V.  von).  Stammbuch  der  altmàrkisch-unadlichen 
Geschlechts  von  Bismarck,  von  1200-1900,  bearb.  nach  eigenen  Forschun- 
gen.  —Berlin,  E.  S.  Mittlerund  Sohn,  1900;  in-8",  xxiv-165  p.,  pi.  (22  m.) 

780.  Blanchet  (Augustin).  Exposition  rétrospective  de  la  papeterie. 
Essai  sur  l'histoire  du  papier  et  de  sa  fabrication.  — Paris,  E.  Leroux, 
1900;  in-8".  (7  fr.  50.) 

781.  BoDE  (G.).  Urkundenbuch  der  Stadt  Goslar,  und  der  in  und  bei 
Goslar  belegenen  geistlichen  Stiftungen.  3  Tl.  1301  bis  1335.  —  Halle, 
O.  Hendel,  1900;  in-8°,xxxiv-840  p.  (Geschichtsquellen  der  Prov.  Sachsen 
und  angrenzender  Gebiete,  hrsg.  von  der  histor.  Commission  der  Prov. 
Sachsen.  XXXI.)  (18  m.) 

782.  Boissonnade.  Essai  sur  l'organisation  du  travail  en  Poitou  depuis 
le  xi'  siècle  jusqu'à  la  Révolution.—  Paris,  H.  Champion,  1900;  2  vol. 
in-8".  (20  fr.) 

783.  BoNXARD  (Dom  Fourier).  L'abbaye  de  la  Sainte-Trinité  de  Mauléon 
(aujourd'hui  Châtillon-sur-Sévre),  de  l'Ordre  de  Saint-Augustin.  —  Ligugé, 
impr.  de  Bluté,  1900;  in-8",  vii-216  p. 


556  LIVRES    NOUVEAUX 

784.  BoRDKt  (L.).  Le  pape  Honorius.  —  Paris,  Sueur-Charrney.  1900; 
in-S",  11  p.  (Extr.  de  la  Scirnoe  rat/iolir/iic.) 

785.  BoRREL  (Abbé).  Patrie  du  pape  Innocent  V.  Erreurs  toucinant  cette 
question,  dans  lesquelles  est  tombé  le  R.  P.  Mothon.  —  Moutiers,  impr. 
deC.avin,  1900;  in-8°,  20  p. 

780.  BouDET  (M.).  Documents  historiques  inédits  du  xiv'"  siècle.  Thomas 
de  la  Marche,  bâtard  de  France,  et  ses  aventures  (1318-1361).  —  Paris, 
H.  Champion,  1900;  in-8°.  (10  fr.) 

787.  BouRCiEZ  (E.).  Précis  historique  de  phonétique  française.  Nouvelle 
édition  complètement  refondue.  —  Paris,  Klincksieck,  1900;  in-12,  xxxvii- 
255  p.  (Nouvelle  collection  à  l'usage  des  classes.  2°  série,  III.) 

788.  BouRNON  (F.).  Paris-Atlas.  —  Paris,  Larousse.  1900;  in-4°.  (18  fr.) 

789.  BouziGE  (Abbé  T.).  L'église  et  le  château  de  Fresques.  —Nîmes, 
impr.  deDucros,  1900;  in-8",  298  p. 

790.  Bredt(E.  W.).  DerHandschriften-Schmuck  Augsburgsim  xv  Jahrh. 
—  Strassburg,  J.  H.  E.  Heitz,  1900;  in-8°,  vn-96  p.,  14  pi.  (Studien  zur 
deutschen  Kunstgeschichte.  XXV.)  (6  m.) 

791.  Breuil  (Abbé).  Débris  de  casque  et  de  vase  en  bronze  provenant 
d'une  cachette  découverte  à  Choussy  (Loir-et-Cher).  —  Paris,  Leroux,  1900; 
in-8°,  3  p.  (Extr.  de  lai?er.   archèol.) 

792.  Briquet  (C.-M.).  La  Date  de  trois  impressions  précisée  par  leurs 
filigranes  (Missel  Rosenthal,  les  Neuf  Preux  du  Musée  de  Metz,  Vue  de 
Liibeck.)  — Besançon,  impr.  de  P.  Jacquin,  1900;  in-8°,  23  p.  (Extrait  du 
Bihliot/raphe  moderne .  ) 

793.  Broglie  (Albert  de).  L'Église  et  l'Empire  romain  au  iv"  siècle,  III  : 
Valentinien  et  Théodose.  5"  édition.  —  Paris,  Perrin  ;  2  vol.  in-16,  (7  fr.) 

794.  Brossard  (Ch.).  Géographie  pittoresque  et  monumentale  de  la 
France.  I.  La  France  du  Nord.  —  Paris,  Flammarion  (1900);  in-8°,  648  p. 

795.  Brossard  (Ch.).  Géographie  pittoresque  et  monumentale  de  la 
France.  II.  La  France  de  l'Ouest.  1"  livraison.  —  Paris,  Flammarion  (1900); 
in-8°,  p.  1-16. 

796.  Buckle(H.  Th.).  Geschiehte  der  Civilisation  in  England.  Deutsch, 
von  A.Ruge.  7  Ausg.—  Leipzig.  C.  F.  Winter,  1900;  2  vol.  in-8%  xxiv-436, 
vi-386  et  xvii-582  p.  (13  m.  50.) 

797.  BuscEMi  (S.).  L'insegnamento  del  diritto  civile  nella  antica  Univer- 
sità  di  Messina.  —  Messina,  A.  Trimarchi,  1900  ;  in-4",  24  p.  (4  1.) 

798.Caix  (V"  dk)  et  Albert  Lacroix.  Histoire  illustrée  de  la  France.  II. 
La  Gaule  romaine.  —  Paris,  Ollendorfl,  1900;  in-8".  (7  fr.  50.) 

799.  Camusot  (Abbé  P.).  Deux  statuettes  de  la  Vierge  portant  l'Enfant- 
Jésus,  conservées  à  l'hôpital  de  Nuits-Saint-Georges.  —  Dijon,  impr.  de 
Pillu-Rolland,  1900;  in-8",  9  p.  (Extr.  du  Bnll.  (V/u'sfoIrc,  de  littérature 
et  d'arf  relif/ieux  du  diocèse  de  Dijon.) 

800.  Catalogue  de  l'Exposition  de  l'art  et  du  culte  de  la  sainte  Vierge 
ouverte  dans  les  bureaux  du  petit  séminaire  Saint-Jean,  à  l'occasion  du 
couronnement  de  Notre-Dame  de  Fourvières  et  du  congrès  mariai (5-8  sept. 
1900;.  —  Lyon,  impr.  de  Vitte,  1900;  in-16,  16  p. 


LlVItES    NOUVEAUX  557 

801.  Catalogue  delà  bibliothèque  de  la  Société  des  antiquaires  de  Picardie. 
Série  X.  Ouvrages  relatifs  aux  départements  de  l'Aisne,  du  Nord,  de 
l'Oise,  du  Pas-de-Calais  et  de  la  Seine-Inférieure.  —  Amiens,  impr.  de 
Yvertet  Tellier,  1900;  in-8\  iii-278  p. 

!^02.  Catalogue  géiuh'al  ofliciel  de  l'exposition  rétrospective  de  l'art  fran- 
çais, des  origines  à  1800,  à  l'Exposition  universelle  internationale  de  1900. 

—  Lille,  impr.  de  Danel.  1900;  in-8%  391  p. 

803.  Ch..^brand  (Ernest).  Histoire  de  la  métallurgie  du  fer  et  de  l'acier  en 
Dauphiné  et  en  Savoie.  —  Grenoble,  Drevet,  1900;  in-8",  96  p.  (Biblio- 
thèque scientifique  du  Dauphiné.) 

804.  Chalandon  (Ferdinand).  Essai  sur  le  règne  d'Alexis  1"  Comnène 
(1081-1118).  —  Paris,  A.  Picard  et  fils,  1900;  in-8»,  Ln-346  p.,  pi.  (Mé- 
moires et  documents  publiés  par  la  Société  de  l'École  des  Chartes.  IV.) 

805.  Charles  VIII.  Lettres  de  Charles  VIII,  roi  de  France,  publiées 
d'après  les  originaux  pour  la  Société  de  l'histoire  de  France,  par  P.  Pé- 
licior.  T.  II.  —  Paris,  Laurens,  1900;  in-8°,  467  p. 

806.  Charmasse  (A.  de).  Cartulaire  de  l'Église  d'Autun.  3°  partie.  — 
Paris,  Pedone,  1900;  in-4",  cxxvi-469  p.  (Publication  de  la  Société 
éduenne.) 

807.  Châtelain  (Emile).  Paléographie  des  classiques  latins.  Collection 
de  fac-siinilés.  14-  livraison  (Fin  de  la  deuxième  partie).  —  Paris, 
Hachette,  1900;  in-fol.  p.  25-32,  15  pi. 

808.  Chevalier  (Chanoine  Ulysse).  Éttide  critique  sur  l'origine  du  saint 
Suaire  de  Lirey,  Chambery,  Turin.  —  Paris,  A.  Picard  et  fils,  1900;  in-8% 
59-Lx  p.  (Bibliothèque  liturgique,  V,  2.)  (5  fr.) 

809.  Chronik  der  Stadt  Zurich,  mit  Fortsetzungen,  hrsg.  von  J.  Dierauer. 

—  Basel,  A.  Geering,  1900;  in-S",  xlviii-308  p.  (Quellen  zur  schweizer.  Ge- 
schichte.  XVIII.) 

810.  CiPOLLA  (Costantino).  Il  Papato  nelle  «  opère  »  di  Dante  Alighieri. 

—  Cassino,  L.  Ciolfi,  1900;  in-8",  8  p.  (0  1.50.) 

811.  Clérambault  (E.  de).  Les  enceintes  fortifiées  du  Mesnil-Eudin  et 
deSorcy  ;  le  donjon  de  Gisors.  —  Beauvais,  impr.  de  Avondeet  Bachelier, 
1900;  in-8",  16  p.  (Extr.  des  Mcin.  de  la  Soc.  acadùinique  de  l'Oise.  XVll.) 

812.  Collet  (Lucien).  La  commune  et  la  paroisse  de  Septsarges  (Meuse), 
notes  d'histoire  et  de  géographie  locales.  —  Montmédy,  impr.  de  Pierrot, 
1900;  in-8%35  p. 

813.  CoMONT  (Abbé  G.).  Essai  historique  et  archéologique  sur  Anger- 
ville-l'Orcher.  —  Évreux,  impr.  de  Odieuvre,  1900;  in-8%  51  p.  (Extr.  de 
la  Rerue  catholiqtœ  de  Normandie.) 

814.  CoNDAMiN  (Chan.  James).  Le  culte  de  Marie  à  Lyon,  de  saint 
Pothin  à  la  fin  du  xix'  siècle  (177-1900).  —  Lyon,  Vitte,  1900;  in-8°,  .34  p. 
(Extr.  de  Le  Premier  Étèque  de Lugdiinum.) 

S15.  CoRD  (Ernest  et  Gustave)  et  Armand  Viré.  La  Lozère.  Causses  et 
gorges  du  Tarn,  guide  du  touriste,  du  naturaliste  et  de  l'archéologue.  — 
Paris,  Masson,  1900;  in-16,  iv-291  p. 


558  LIVRES    NOUVEAUX 

816.  CouLON  (Auguste).  Lettres  secrètes  et  curiales  du  pape  Jean  XXII, 
i;^16-13:U.  relatives  à  la  France,  extraites  des  registres  du  Vatican.,  fasc.  1. 
—  Paris,  .V.  Fontemoing,  1900;  in-4",  200  p.  (Bibliothèque  des  Écoles 
d'Atbènes  et  de  Rome.)  (15  fr.) 

817.  CouRBOiN  (François).  Catalogue  sommaire  des  gravures  et  litlîo- 
graphies  composant  la  réserve  du  département  des  estampes  de  la  Biblio- 
thèque  nationale.   T.   l".   —  Paris,  Rapilly,  1900;  in-8°,  xu-437  p. 

818.  Crestin.  Notice  historique  et  statistique  sur  la  ville  de  Saint- 
Claude.  —  Saint-Claude,  impr.  de  Monnet,  1900;  in-16,  59  p. 

819.  Déchelette  (J.).  et  E.  Brassart.  Les  peintures  murales  du  moyen 
âge  et  de  la  Renaissance  en  Forez,  publiées  avec  la  collaboration  de  Ch. 
Beauverie,  l'abbé  Reure  etGab.  Trévoux.  —  Paris,  A.  Picard  et.  fils,  1900; 
in-foL,  67  p.,  20  pi.  (40  fr.) 

820.  Delaborde  (H. -F.).  Note  sur  une  série  de  registres  du  Trésor  des 
chartes,  anciennement  cotés  par  lettres.  —  Nogent-le-Rotrou,  impr.  de 
Daupeley-Gouverneur,  1900;  in-8%  7  p.  (Extr.  de  la  Bibiiothc'/iic  de 
l'École  des  Chartes.) 

821.  Delisle  (Léopold).  Les  Heures  du  connétable  Anne  de  Montmorency 
au  Musée  Condé.  —  Nogent-le-Rotrou^  impr.  de  Daupeley-Gouverneur, 
1900,  in-8'',  31  p.  (Extr.  de  ï Annuaire-Bulletin  de  la  Société  de  l'his- 
toire de  France.) 

822.  Delisi.e  (Léopold).  Mandements  épiscopaux  imprimés  à  Tréguier  au 
XV'  siècle,  lettre  adresséeà  M.Arthur  de  La  Borderie.^  Nogent-le-Rotrou. 
impr.  de  Daupeley-Gouverneur,  1900;  in-4°,16  p.  (Extr.  de  la  Bibliothèque 
de  l'École  des  Chartes.) 

823.  Delouvrier  (Abbé  A.).  Histoire  de  Pezenas,  ville  latine,  seigneurie 
féodale,  comté,  chef-lieu  de  canton  et  de  ses  environs  (Hérault),  suivie  de 
l'Hermitede  Saint-Siméon,  près  Pezenas.  —  Pezenas,  Richard,  1900;  in-8°, 
viii-185  p. 

824.  DoixEL  (Jules)  et  Camille  Blocii.  Inventaire  sommaire  des  archives 
dégartementales  antérieures  à  1790.  Loiret.  Archives  civiles,  série  B, 
n"' 153(>3025.  T.  III.  —Orléans,  impr.  de  Pigelet;  in-4",  376  p.,  1  carte. 

825.  Douglas  (L.).  Fra  Angelico.  —  London,  G.  Bell  &  sons,  1900; 
in-8\  (12  sh.  6  d.) 

826.  Dreves  (G.  M.).  Psalteria  rhythmiea.  Gereimte  Psalterien  des 
Mittelalters.  1  Folge.  —  Leipzig,  O.  R.  Reisland,  1900;  in-8°,  275  p. 
(Analecta  hymnica  medii  aevi.)  (8  m.) 

827.  DucROCQ  (Th.).  Le  coq  prétendu  gaulois.  —  A.  Fontemoing,  1900  ; 
in-8".  (1  fr.) 

828.  DuFFAUT  (Abbé  H.)-  Recherches  historiques  sur  les  prénoms  en 
Languedoc.  —  Toulouse,  Privât,  1900;  in-8°,  46  p.  (Extr.  des  Annales  du 
Midi.) 

829.  Ehrhard  (A.).  Die  altchristUche  Litteratur  und  ihre  Erforschung 
von  1884-1900.  1  Abtlg.  Die  vornicànische.  Litteratur.  —  Freiburg  i.  B., 
Herder.  1900;  in-8",  vii-644  p.  (15  m.) 


LIVRES    NOUVRAIX  559 

H'M).  EscHER  (J.)  nnd  P.  Schwicizer.  Urkundenbuch  der  Stadt  und 
Landschait  Zurich.  5  Bd.  1  Ilallt.e.  —  /iirich,  Fiisi  und  Bcoi',  l'.KlO;  in-4", 
200  p..  1  pi. 

S'.U  .  l'AuciNKi-  (Cil.).  Les  lois  de  Jérusalem  et  de  Chypre  de  la  maison 
deLusignaii.  —  Fonlenay-le-Comte,  à  la  «  Revue  du  Bas-Poitou  »,  1900; 
n-8",  11  p.  (Extr.  de  la  Rrr.  du  Bas-Poitou.) 

832.  FiJALRK  (J.).  Polonia  apud  Halos  scholastica  saec.  XV.  Fa.sc.  I. 
Poloni  apud  Italos  litteris  studentes  et  laurea  donati,  iiide  a  Paulo  Wladi- 
miri  usque  ad  Johannera  Lasocki  coUeeti  et  illustrati.  —  Kiakau, 
Buchhandiung  der  polnischen  Verlagsgesellschaft,  1900;  in-4%  vii-120  p. 
(Munera  saecularia  Universitatis  Craooviensis.  VI.) 

833.  FoRSTEMANN  (E. ). Altdeutsches  Namenbuch.  IBd.  Personennaraen. 
2  AuU.  4  Lfg.  —Bonn,  P.  Hansteiu,  19U0;  in-4%  col.  165-621. 

834.  FouRNiER  (A.)  et  V.  Franck.  Les  Vosges.  IIL  Saint-Dié.  — 
Paris,  Ollendoif,  1900;  in-4".  (12  fr.) 

8"i5.  Fùrstenau  (H.).  Johann  von  Wiclifs  Lehren  von  der  Einteilung 
der  Kirche  und  von  der  Stellung  der  weltlichen  Gewalt.  —  Berlin,  R. 
Gaertner,  1900;  in-8%  iv-117  p.  (2  m.  80.) 

836.  Fustel  De  Coulanges.  Histoire  des  institutions  politiques  de  l'an- 
cienne France.  Les  origines  du  système  féodal  ;  le  bénéfice  et  le  patronat 
pendant  l'é'poque  mérovingienne.  Revu  et  complété  sur  le  manuscrit  et 
d'après  les  notes  de  l'auteur  par  Camille  JuUian.  2"  édition.  —  Paris, 
Hachette,  1900;  in-8",  xv-433  p. 

837.  Gard.\er(F.  g.).  Story  of  Florence.  —  London,  Dent,  1900;  in-8°. 
(4sh.  6d.) 

838.  Gaucher  (E.-M.).  Notre-Dame  de  Paris.  (Pèlerinage  aux  très  saintes 
reliques  de  la  Passion;  Tacte  de  donation  de  l'empereur  Beaudoin  avec 
prières  liturgiques;  description;  historique;  tombeaux;  quelques  vieux 
usages  ;  autel  des  docteurs  ;  Bossuet.)  —  Paris,  l'auteur,  1900  ;   in-16,  68  p. 

839.  Gauthier  (Jules).  Catalogue  descriptif  de  deux  cent  six  sceaux- 
matrices,  la  plupart  franc-comtois,  conservés  dans  les  collections  publiques 
ou  privées.  —  Besançon, impr.  de  Dodivers,  1900;  in-8°,  56  p.  et  pi.  (Extr. 
des  MOin  .  de  la  Soc.  d'cinidaiion  du  Doubs.  1'  sér. ,  IV.) 

8'iO.  Gauthier  (Jules).  Note  sur  deux  bornes  milliaires  de  la  voie  de 
«  Vesontio  »  à  «  Argentoratum  »,  trouvées  à  Mathay  ("Doubs)  en  1894-1895. 

—  Besançon,  impr.  de  Dodivers  (1900)  ;  in-8'',  4  p.,  2  pi. 

841.  Giovagnoli  (R.).  Benedetto  IX,  storia  di  pontefice  romano  (1040- 
1049).  —  Milano,  P.  Carrara,  1900;  in-8".  (7  1.) 

842.  Gôttsberger  (J.).  Barhebrâus  und  seine  Scholien  zur  Hl.  Sehrift. 

—  Freiburg  i .  B . ,  1900  ;  in-8".  xi-183  p.  (Biblische  Studien .  IV-V .  ) (4  m.  40.) 

843.  Grillet  (Laurent).  Les  ancêtres  du  violon  et  du  violoncelle.  Les 
luthiers  et  les  fabricants  d'archets.  T.  1".  Préface  de  Théodore  Dubois.  — 
Paris,  C.  Schmid,  1900;  in-8". 

844.  Gubser(J.  m.).  Geschichte  derLandsch.  Gaster  bis  zum  Ausgange 
des  Mittelalters.  Mit  einem  Exkurs  :  Gilg  Tschudi  und   die  geschichtliche 


560  LIVRES    NOUVEAUX 

Ueberlieferung  des  Klosters  Schannis.  Geschichte  des  Verkeliis  durch  das 
Walonseetal.  Urbar  der  Grafsch.  Sargans.  Hrsg.  von  R.  Tliommen.  — 
St-Galleri;  Fehr,  1900;  in-8°,  vu  p.  et  p.  315-690.  (MitteiJungen  zur  vater- 
landischen  Geschichte  hrsg.  vom  histor.  Verein  St-Gallen,  XXVII,  2.) 

845.  GuKSNON  (A.).  La  satire  à  Arras  au  xiii"  siècle.  —  Paris,  Bouillon^ 
1900;  in-8%  123  p.  (Extr.  du  Mo//m  Age.) 

846.  GuiGNARD  DE  BuTTEViLLE  (L.).  Inventaire  des  titres  de  la  châtel- 
lenie  de  Romorantin.  —  Vannes,  impr.  de  Lafolye,  1900;  in-16,  56  p. 
(Extr.  de  VAnniiairc  du  Conseil  hcra/dir/tic  de  Frdnrc.  XIII.) 

847.  GUIR..VUD  (Jean).  Les  registres  d'Urbain  IV  (1261-1274).  2'-3''  fasci- 
cules. —  Paris,  A.  Fontemoing.  1000:  in-4",  p.  113-392  du  t.  II.  (Biblio- 
thèque des  Écoles  françaises  d'Athènes  et  de  Rome.)  (21  fr.) 

848.  GuRUTT(C.).  Stadt  Dresden .  1  Theil.  —  Dresden,  C.  C.  Meinhold 
und  Sohne,  1900;  in-8°,  ii-301p.,  9  pi.  (Beschreibende  Darstellung  des 
àlteren  Bau-  und  Kunstdenkmâler  des  Kônigr.  Sachsen,  unter  Mitwir- 
kung  des  K.  sàchs.  Alterthumsvereins  hrsg.  von  dem  sâohs.  Minis- 
terium  des  Innern.  XXI.)  (10  m.) 

849.  Hansen  (J.)  Zauberwahn,  Inquisition  und  Hexenprozess  in  Mitte- 
lalter  und  die  Entstehung  der  Grossen.  Hexenverfolgung.  —  Mûnchen, 
R.  Oldenbourg,  1900;  in-8%  xv-539  p.  (Historische  Bibliothek.  XII.)  (10m.) 

850.  Haristoy  (Abbé  P.).  Pèlerinage  de  Saint-Jacques  de  Compostelle. 
Les  voies  romaines,  les  chemins  romains  et  les  établissements  hospitaliers 
dans  le  pays  basque.  —  Pau,  impr.  de  Lescher-Motoué,  1900;  in-8',  107  p. 

851.  Harrison  (F.).  Byzantine  history  in  early  middle  âges.  —  London, 
Macmillan  and  C",  1900;  in-8".  (2  sh.  6  d.) 

852.  Hartung  (H.).  Motive  der  mittelalterlichen  Baukunst  in  Deut- 
schland  in  photographischen  Orig.-Aufnahmen.  6  Lfg.  —  Berlin,  E.  Was- 
muth,  1900;  gr.  in-fol.,  25  pi.  2  p.  (25  m.) 

853.  Hastings  (J.)  and  J.  A.  Selbie.  Dictionary  of  the  Bible.  Vol.  III. 
—  Edinburgh,  T.  and  T.  Clark,  1900;  in-fol.  (28  sh.) 

854.  Hauptmaxn(F.).  Bonn,  seine  Geschichte,  seine  Sehenswurdigkeiten 
und  seine  Umgebung.  —Bonn,  F.  Hauptmann,  1900;  in-8%  123  p.  (1  pi.) 

8.55.  Havelok  edited  by  F.  Holthausen.  —  Heidelberg,  C.  Winter,  1900; 
in-8%  xii-101  p.  (Old  and  middle  English  Texts.  I.)  (2  m.  40.) 

856.  Henry  (Paul).  Saint  Yves,  prêtre  et  thaumaturge,  d'après  les  docur 
ments  originaux.  —  Angers,  Schmit  et  Sireaudeau,  1900;  in-8%  44  p. 
(Extr.  de  la  Rcrae  des  Facultés  catJioUqacs  de  V Ouest.) 

857.  Herre  (H.).  Deutsche  Reichstagsakten  unter  Kaiser  Sigmund.4Abth. 
1  Hàifte,  1431-1432.  —  Gotha,  F.  A.  Perthes,  1900;  in-4%  vi-ii-514  p. 
(Deutsche  Reichstagsakten  auf  Veranlassung  Sr.  Maj.  des  Kônigs  von 
Bayern  hrsg.  durch  die  histor.  Commission  bei  der  kônigl.  Acad.  der 
Wissensch.X,  1.)  (30  m.) 

858.  HiLLE  (G.).  Uebersicht  liber  die  Bestànde  des  k.  Staatsarchiv  zu 
Schleswig.  —  Leipzig,  S.  Hirzel,  1900  ;  in-8%  54  p.  (Mitteilungen  der 
k.  preussischen  Archivverwaltung.  IV.)  (1  m.  40.) 


LIVRES    NOUVEAUX  561 

859.  HoLLANDKR  (B.  A.)-  Liv.-Kst  und  Kurlandisches  Urkundenbiich. 
Sachregister /um  7-9  Bd.  —  Riga,  .1.  Deubner,  1900;  in-4",  vii-llG  p. 

860.  Hubert  Van  Eyck  und  Jan  Van  Eyck  (1366?-1426,1370?-1440).  1  Lfg. 
—  Haarlem,  H.  Kleinmann,  1900;  in-fol.  10  pi. 

861.  HiiBNER  (Al.).  Inscriptionum  Hispaniae  cliristiaiiaium  supple- 
menium.  —  Berlin,  G.  Reinier;  in-4".  xvi-162  ]j.  (24  m.) 

862.  Ipi'EN  (C.  Th.).  .Vite  Kirclien  und  Kiicheni-uinen  in  .\lbanien. — 
Wien,  C.  Gerold's  Sohn.  1900;  in-8%  1:3  p.  (Wissenschaftliche  Mitteilungen 
aus  Bosnien  und  der  Hercegovina.  VII.) 

863.  Jakschke  (E.).  Die  Antike  in  der  bildendeu  Kunst  der  Renaissance. 
I.  Die  Antike  in  der  Florentiner  Malerei  des  Quattrocento.  —  Strassburg, 
J.  H.  E.  Heitz,  1900;  in-8",  62  p.  (Zur  Kunstgeschichte  des  Auslandes.  III.) 
(3  m.) 

864.  Jaou'  (V.).  Zur  Entstehungsgeschichte  der  Kirclienslavischen 
Sprache.  2  Hàlfte.  —  Wien,  C.  Gerold's  Sohn,  1900;  in-4°,  96  p.  (Extr. 
des  Di'n/.schr.  (l.  /,-.  Ahad.  der  Wi.s.sen.sch.) 

865.  .loAN'NE.  Chantilly  et  le  Musée  Condé.  —  Paris,  Hachette,  1900; 
in-16,  142  p.  (Collection  des  Guides  Joanne.) 

866.  Joanne.  Dijon  et  ses  environs.  Guide  Joanne.  —  Paris,  Hachette. 
1900;  in-16,  196  p.  (Collection  des  (Juides  Joanne.) 

867.  Joanne.  Genève  et  ses  environs.  —  Paris,  Hachette,  1900,  in-16, 
156  p.  (Collection  des  Guides  Joanne.) 

868.  Katalog  over  de  oldnorsk-islandske  hândskrifter  i  det  store  kongelige 
bibliotek  og  i  universitetsbiblioteket  (udenfor  den  Arnamagnaeanske  sam- 
ling)  samt  den  Arnamagnaeanske  saralings  Tilvaekst,  1894-99.  —  Kopeii- 
hagen,  Gyldendal,  1900;  in-8".  (10  kr.) 

869.  Kraus(F.  X.).  Geschichte  der  christlichen  Kunst.  II.  Die  Kunst  des 
Mittelalters,  der  Renaissance  und  der  Neuzeit.  2  Abth.  Renaissance  und 
Neuzeit.  1  Hàlfte.  —  Freiburgi.  B.,  Herder,  1900;  in-8",  282  p.  (8  m.) 

870.  KûNSTLE  (K-)-  Eine  Bibliothek  der  symbole  und  theologischer  Trac- 
tatezur  Bekàmpfung  des  Priscillianismus  und  westgothischen  Arianismus 
aus  dem  vi  Jahrh.  Ein  Beitrag  zur  Geschichte  der  theolog.  Litteratur  in 
Spanien.  —  Mainz,  F.  Kirchheim,  1900;  ia-8°,  xi-181  p.  (Forschungen  zur 
christlichen  Litteratur  und  Dogmengeschichte.  I,  4.)  (5  m.) 

871.  Labande  (L.-H.).  L'imprimerie  en  France  au  xv"  siècle.  Etudes  sur 
sa  propagation  dans  les  différentes  villes  et  sur  Tinfluence  exercée  par  les 
typographes  d'origine  allemande.  —  Paris,  A.  Picard  et  fils,  1900;  in-4°,45p, 
(Extr.  de  la  Fcstschrift  der  Stadt  Main^  ^-.  Gcburtstarj  ton  Gutenberg.) 
(3  fr.) 

872.  La  Borderie  (A.  de).  La  mission  de  saint  Vincent  t'errier  en  Bre- 
tagne (1418-1419).  —  Vannes,  impr.  deLafolye,  1900;  in-8%  15  p.  (Extr.  de 
la  Rec.  de  Brcta;jrie,  de  Vendée  et  d'Anjou.) 

873.  La  Grasserie  (Raoul  de).  Etudes  de  grammaire  comparée.  De  la 
conjugaison  pronominale,  notamment  du  prédicatif  et  du  possessif.  —  Paris, 
Maisonneuve,  1900;  in-8°,  175  p. 


562  LIVRES    NOUVEAUX 

871.  Lanfranc  de  Ponthou.  Monograpliie  de  la  commune  d'K\  recy.  — 
Caen,  Joiian,  1900;  in-8",  182  p. 

87ô.  Lapierre  (D""  a.)-  La  guerre  de  Cent  Ans  dans  l'Argonne  et  le 
Rethelois.  —  Sedan,  impr.  de  Laroche,  1900;  in -8%  126  p. 

87(5.  Larive  (André).  Essai  historique  sur  la  commune  de  Vendeuil.  — 
La  Fère,  impr.  de  Bayen,  1899;  in-8",  H75  p.,  1  pi. 

877.  La  Ronciére  (Charles  de).  Histoire  de  la  marine  française.  Tome  IL 
La  guerre  de  Cent  Ans.  Révolution  maritime.  —  Paris,  Pion  et  Nourrit, 
1900;  in-8°,  565  p.  (8  fr.) 

878.  Lauenstein  (D.).  Der  deutsche  Garten  des  Mittelalters,  bis  um  d.  J. 
1400.  Dissertation.  —  Gôtlingen,  Vandenhoeck  und  Ruprecht,  1900;  in-8", 
51  p.  (1  m.  20.) 

879.  Lauer(P.).  Diplôme  inédit  de  Louis  le  Pieux.  —  Nogent-le-Rotrou, 
impr.  de  Daupeley-Gouverneur,  1900;  in-8",  2  p.  (Extr.  delà.  Bibllothéi/uc 
do  l'Ecole  des  Cluuies.) 

880.  Lea  (Henri  Charles).  Histoire  de  l'Inquisition  au  moyen  âge.  Ou- 
vrage traduit  sur  l'exemplaire  revu  et  corrigé  par  l'auteur,  par  Salomon 
Reinach.  T.  I.  Origine  et  procédure  de  l'Inquisition.  —  Paris,  Soc.  nouvelle 
de  librairie  et  d'édition,  1900;  in-18,  xl-631  p.  (3  fr.  50.) 

881.  Ledru  (Abbé  Ambroise)  et  Gabriel  Fleury.  La  cathédrale  Saint- 
Julien  du  Mans,  ses  évoques,  son  architecture,  son  mobilier.  —  Mamers, 
Fleury  et  Dangin,  1900;  in-fol,,  xii-512  p. 

882.  Lee  Neff  (Théodore).  La  satire  des  femmes  dans  la  poésie  lyrique 
française  du  moyen  âge.  Thèse. — ^  Paris,  Giard  etBrière,  1900  ;  in-8°,x-122p. 

883.  Lemcke  (H.).  Die  Bau- und  Kunstdenkmâler  des  Reg.-Bez.  Stettin. 
4  Hft.  Der  Kreis  Usedoui-Wollin.  —  Stettin,  L.  Saunier,  1900;  in-8", 
p.  343-430(Die  Bau- und  Kunst-denkmàler  der  Prov.  Pommern,  hrsg.  v. 
Gesellschaft  f.  pommersche  Geschichte  und  AUerthumskunde.  II.)  (5  m.) 

884.  LEMENÉ(Abbé  J.-M.).  Prieuré  de  Saint-Guen  à  Vannes.—  Vannes, 
impr.  de  Galles  (1900)  ;  in-8",  8  p. 

8«5.  Léo  (H.).  Untersuchungen  zur  Besiedelungs-  und  Wirtschaftsge- 
schichte  des  thiiringischen  Osterlandesin  der  Zeit  des  frûheren  Mittelalters. 
—  Leipzig,  B.  G.  Teubner,  1900;  in-8",  v-93  p.  (Leipziger  Studien  aus 
dem  Gebiet  der  Geschichte.  VI,  3.)  (3  m.  20.) 

886.  LÉOTAKD  (E.).  Saint  Louis  et  ses  historiens,  conférence  faite  aux 
Facultés  catholiques  de  Lyon,  le  25  janvier  1878.  —  Lyon,  impr.  de  Witte, 
1900;  in-16,  62  p. 

887.  LÉpiNE-AuTHELAiN  (Jean).  Paray  à  travers  les  âges.  —  Abbeville, 
Paillart,  1900;  in-18,  72  p. 

888.  Le  Roux  (Marc).  Catalogue  sommaire  du  musée  d'Annecy.  — 
Annecy,  Abry,  1900;  in-8°,  40  p.  (Extr.  de  la  i?^r.  sur  al  sienne.) 

889.  Levasskur.  Mémoire  sur  les  sources  de  l'histoire  des  corps  de  métiers 
et  de  l'industrie  à  Toulouse.  —  Paris,  Impr.  nationale,  1900;  in-8",  15  p. 
(Extr.  du  Bull,  des  sciences  èconomii/ues  et  sociales  du  Comité  des 
tracaux  historiques  et  scient ifi'/i(es .) 


LIVRES    NOUVEAUX  563 

890.  Levili.ain  (L.).  Les  statuts  d'Adalhard  pour  l'abbaye  de  Corbie^ 
ix-x°  siècle.  Paris,  Bouillon,  1900;  in-8",  55  p.  (Extr.  du  Moj/nn  Agr.) 

891.  Lévy  (.\.).  Geschiclite  der  Juden  in  Sachsen.  —  Berlin,  S.  Calvary, 
1900;  in-8",  114  p.  (2  m.  40.) 

892.  Liber  potberis  communis  civitatis  Brixiae.  —  Torino,  Fiat.  Bocca, 
1900;  in-fol.  (Historiae  patriae  monunienta.  XIX.)  (45  1.) 

893.  LiEBAU  (G.).  Kônig  Eduard  111  von  England  und  die  Grafin  von 
Salisbuiy,  dargestellt  in  ihien  Beziohungen  nach  Gescliichte,  Sage  und 
Dichtung  unter  eingeli.  Beriicksicht  des  pseudo-shakespeare'schen  Schau- 
spiels  «  The  raigne  of  King  Edward  the  Third  ».  —  Berlin,  E.  Felber,  1900; 
in-8'',  xii-201  p.,1  pi.  (Litterarische  Forschungen.  XIII.)  (4  m.  50.) 

894.  LiGER  (F.).  Découverte  de  la  ville  de  ((  Varacia  »,  à  Sargé  (Loir-et- 
Cher).  —  Paris,  Champion,  1900;  in-8",  88  p. 

895.  LiPiNSKA  (Mélanie).  Histoire  des  femmes  mt'dccins  depuis  l'antiquité 
jusqu'à  nos  jours.  —  Paris,  Jacques,  1900;  in-8%  ii]-591  p. 

89G.  Lochner(A.).  GerraanischeMoebel.  EineSammlung  kunstgewerbl. 
Vorbilder  aus  der  Zeit  von  1450  bis  1800,  raeistaus  den  Museen  Niirnbergs. 
1.  Gotische  Môbel.  —  Berlin,  M.  Spielmeyer,  1900;  in-i'ol.,  40  pi.  (20  m.) 

897.  LoNCAO(E.).  Il  lavoro  e  le  classi  rurali  in  Sicilia  durante  e  dopo 
il  feudalismo.  —  Palermo,  A.  Reber,  1900;  in-8".  (2  I.) 

898.  LoNGiN  (E.).  Notice  sur  THôtel-Dieu  de  Beaujeu,  avec  une  liste 
des  bienfaiteurs.—   Beaujeu,  l'auteur,  1898;in-8".  184  p. 

899.  LoNGUKMARE  (P.  de) .  Eugèno  de  Robillard  de  Beaurepaire,  directeur 
de  l'Association  normande,  notice  biographique.  —  Caen,  Delesques,  1900; 
in-8°,  24  p.,  portr.  (Extr.  de  {'Annuaire  de  L'Association  normande.) 

900.  LoosMORN  (J.).  Die  Geschichte  desBisth.  Bamberg.  IV.  Das  Bisth. 
Bamberg  von  1400-1556.  1  Lfg.  —  Bamberg,  Handels-Druckerei,  1900; 
in-8",  VI1I-.512  p.  (9  m.) 

901.  LoTH  (J.).  Introduction  au  «  Livre  Noir  »  de  Carmarthen  et  aux 
vieux  poèmes  gallois.  La  Métrique  galloise.  I.  La  Métrique  galloise  du 
xv"  siècle  jusqu'à  nos  jours.  —  Paris,  Fontemoing,  1900;  in-8".  (Cours  de 
littérature  celtique  par  M.  d'Arbois  de  Jubainville.  IX.)  (8  fr.) 

902.  Macray  (G.  D.),  Rawlinson  catalogue  of  mss.  in  the  BodIeian 
library.  Part  5,  fasc.  V.  —  London,  H.  Frowde,  1900;  in-4°.  (21  sh.) 

903.  Mailhet  (André).  La  vallée  de  la  Drôme,  histoire  de  la  ville  de 
Crest.  Avec  une  préface  de  Gabriel  Corapayré.  —  Valence,  impr.  de 
Ducros,  1900;  in-16.  xv-448  p. 

904.  Mandrot  (B.  de).  L'autorité  historique  de  Philippe  de  Commynes. 
—  Xogent-le-Rotrou,  impr.  de  Daupeley-Gouverneur,  1900;  in-8".  50  p. 
(Extr.  de  la  liecae  historique .) 

905.  Manigaxd  (Antoine).  Souvenir  des  familles  et  histoire  de  Vonnas, 
4°  livr.  —  Châtillon-sur-Chalaronne,  impr.  de  Chaduc,  1900;  in-4°, 
p.  191-270. 

906.  Mantuani  (J.).  Tuotilo  und  die  Elfenbeinschnitzerei  am  «  Evan- 
gclium  longum  »  (cod.  n'  53)  zu  S'-Gallen,  eine  Untersuchuug.  — Strass- 


564  LIVRES    NOUVEAUX 

buig,  J.  II.   E.   Heitz.   1900;   in-8",  50    p.,  2  pi.  (Stndien  zur  deutschen 
Kunstgeschichte.  XXIV.)  (3  m.) 

!")07.  Massereau  (J.-T.).  Etude  géographique,  historique  et  légendaire  sur 
Neuvy-Saint-Sépulcre  (Indre).  —  La  Châtre,  impr.  de  Monta,  1900;  in-8", 
vi-258p. 

908.  Mélanges  de  littérature  et  d'histoire  religieuses,  publiés  à  l'occasion 
du  jubilé  épiscopal  de  Mb'""  de  Cabrières,  évêque  de  Montpellier  (1874-1879). 
T.  III.  —  Paris,  A.  Picard  et  fils,  1899;  gr.  in  8°,  617  p.  et  facs. 

909.  Merlet  (René).  L'ancienne  chapelle  de  Notre-Dame-sous-Terre  et 
le  Puits  des  Saints-Forts  dans  les  cryptes  de  la  cathédrale  de  Chartres.  — 
Chartres,  impr.  de  Garnier,  1900;  in-8°,  iv-32  p.  (Bibliotiièque  de  l'ama- 
teur d'Eure-et-Loir.) 

910.  Merlet  (René).  Les  comtes  de  Charties,  de  Ciiâteaudun  et  de  Blois 
aux  ix'  et  x°  siècles.  — Chartres,  impr.  de  Garnier.  1900;  in-8".  88  p. 

911.  Merlet  (René).  Guide  archéologique  du  Congrès  de  Chartres,  1900. 
—  Paris,  A.  Picard  et  fils,  1900:  in-8°,  42  p.  (Extr.  du  Bail,  inoniiincnldi, 
7'  série,  IV.) 

912.  MÊTAis(Ch.).  Cartulaire  de  l'abbaye  cardinale  de  la  Trinité  de 
Vendôme.  Tome  I\'.  —  Vannes,  Lafolye,  1900;  in-4",  vin-597  p. 

913.  Meyer(\V.).  Altpreussische  Bibliographie  fin-  das  Jahr  1899.  Nebst 
Nachtrâgen  fiir  d.  J.  1896  bis  1898.  Im  Auftrage  des  Vereins  fur  die 
Geschichte  von  Ost.  -und  Westpreussen  zusammengestellt.  — Konigsberg, 
F.  Beyer,  1900;  in-8°,53  p.  (Extr.  de  V Altpveusstsche Moiiatschrift .)  (1  m.) 

914.  MicHELET  (J.).  Charles  VII.  —  Paris,  Calmann-Lévy,  1900;  in-18. 
(3fr.  50.) 

915.  MiLLON  (Abbé  A.).  Camp  romain  d'Orange  en  Vieuxy-sur-Coues- 
non,  —  Rennes,  impr.  de  Prost,1900;  in-8",  11  p.  (Extr.  des  Mcm.  de  la 
Soc.  avdu'ol.  d' 1 1  Ic-ct- Vil  aine.  XX.\X.) 

916.  MoLiNiER  (Auguste).  Mandements  d'Alfonse  de  Poitiers,  comte  de 
Toulouse  (1262-1270).  —  Toulouse.  Privât,  1900;  "in  8",  40  p.  (Extr.  des 
Annales  du  Midi.) 

917.  MoRAWSKi  (K.).  Historya  uniwersytetu  Jagiellonskiego  sredine 
wieki  i  odrodzenie.  —  Krakau,  Buchhandlung  der  polnischen  Verlags- 
Gesellschaft,  1900:  2  vol.  in-8'',  xvin-467  et  xv-472  p.  (Munera  saecularia 
Universatis  Cracoviensis.  I-II.) 

918.  MoRAWSKY  (Casimir).  Histoire  de  l'Université  de  Cracovie,  Moyen 
âge  et  Renaissance.  Traduction  de  P.  Rongier.  Vol.  I.  —  Paris,  A.  Picard 
et  fils,  1900;  in-8'',  311  p.  (7  fr.  50.) 

919.  Nash  (J.).  Altenglische  Herrensitze.  Façaden  uud  Innenràume,  in 
engl.  Gothik  und  Renaissance.  Fcsm.-Drucke  des  u.  d.  T.  :  «  Mansions 
of  England  in  the  olden  times  »  in  den  J.  1839-1849  in  London  erschie- 
nenen  Werkes.  -i  Abth .  —  Berlin,  B.  Hessling,  1900,  gr.  in-fol.,  26  pi., 
VII  p.  (15  m.) 

920.  Notes  chronologiques  sur  l'ancien  bourg  de  Darnetal,  près  Rouen 
(xiv*  siècIe-1805).  —  Évreux,  impr.  de  Odieuvre,  1900;  in-8",  48  p. 


LIVRES   NOUVEAUX  565 

921.  Omont  (Ileni'i).  Le  pnrcrptitm  Dni/nhrrti  dr  fiir/lfiris  en  faveur  de 
l'abbaj'o  de  Saint-Denis.  — Noyent-le-Rotrou^  impr.  de  Daiipeley-Gouver- 
iieui-,  190U;  in-8^  8  \k  (Extr.  de  la  Bibliotlicquc  de  l'École  des  Cltartcs.) 

922.  Orville  (E.).  Notice  sur  les  armes  et  armures  anciennes  figurant  à 
i'p]xposition  nHrospective  militaire.—  Paris,  Berge r-Levrault,  1900;  in-12, 
26  p.  (p]xposition  universelle  internationale  de  1900.) 

923.  P agi'-.  (Camille).  La  Coutellerie  depuis  l'origine  jusqu'à  nos  jours. 
La  Fabrication  ancienne  et  moderne.  T.  III.  4'  partie.  — Châtellerault. 
impr.  de  Hivi6re,  1898;  in-4",  p.  46Ô-639,  857-888,  102  pi. 

924.  Pai.lioppi(E.).  Wôrterbuch  der  romanischen  Mundarten  des  Ober-u. 
Unterengadins,  des  Munsterlhals.  von  Bei-gùn  und  Mlisur,  mit  besond. 
Berùcksicht  der  oberengadin.  Mundart.  Deutsch-Homanisch .  3  Lfg.  — 
Basel.A.  Geering,  1900;  in-8%  p.  481-720. 

925.  Parfouku  (Paul).  Compte  du  temporel  de  l'évêquede  Meaux,  1425- 
1426.  —  Paris,  A.  Picard  et  fils,  1900:  in-8^  xvi-48  p.  (2  fr.) 

926.  Partsch  (J.).  Litteratur  der  Landes- und  Volkskunde  der  Prov. 
Schlesien.  7  Hft.— Breslau.G.P.  Adeiholz,1900;in  8",  p.445-530.(Jahresber. 
der  schlesischen  Gesellsch.  f.  vaterlandische  Cultur.  Ergànzungsheft.) 

927.  Perl'  XI  Centenario  di  Paolo  Diacono.  Atti  e  memorie  del  Congresso 
storico  tenuto  in  Cividale  nei  giorni  3,  4  e  5  settembre  1899.  —  Udine, 
P.  Gambierasi,  1900;  gr.  in-8°,  240  p.  (4  1.) 

928.  Perot  (Francis).  Recherches  sur  la  filiation  de  Guillaume,  Alain 
et  Jean  Chartier,  leur  généalogie  de  1290  à  1900.  —  Vannes,  impr.  de 
Lafolye,  1900;  in-16,  54  p. 

929.  Pfau  (\V.  C).  Topographische  Forschungen  iiber  die  àltesten 
Siedlungen  der  Rochlitzer  Pflege.  —  Rochlitz,  B.  Pretzsch,  1900;  in-4",  105p., 
3  pi.  (Mitteilungen  des  Vereins  fur  Rochlitzer  Geschichte.  III.)  (2  m.) 

930.  Phii.ipon  (Ed.).  Les  origines  du  diocèse  et  du  comté  de  Belley.  — 
Paris,  A.  Picard  ot  fils.  1900;  in-8",  182  p.  (5  fr.) 

931.  Plehn(H.).  Geschichte  des  Kreises  Strasburg  in  AVestproussen.  — 
Leipzig,  Duncker  und  Humblot,  1900;  in-8%  xxvii-369  p.  (Materialien  und 
E'orschungen  zur  Wirtschafts-  und  Verwaltungsgeschichte  von  Ost-  und 
Westpreussen,  hrsg.  von  dem  Verein  f.  die  Geschichte  der  Prov.v.  Ost- u. 
Westpreussen.  II.)  (8  m.  80.) 

932.  Praro.nd  (Ernest).  Les  comtes  de  Ponthieu.  Gui  I"  (1053-1100). — 
Abbeville,  1900;  in-4",  107  p. 

933.  Rabouin.  Notice  sur  Landes  (Loir-et-Cher),  depuis  son  origine 
jusqu'en  1789.  —  Vendôme,  impr.  de  F.  Empaytaz,  1900;  in-8",  96  p.  (E.xtr. 
du  Bulletin  de  la  Société  an-/iéolof/l</ne  et  littéraire  du  Vendôinois.) 

931.  Ranisch  (W.).  Die  Gautrekssaga  in  zwci  Fassungen  hrsg.  —  Berlin, 
Mayer  und  Mûller,  1900:   in-8",  vii-cxii-76  p.  (Palaostra.  XI.)  (5  m.  50.) 

935.  Reixwald.  Chronologische  Uebersicht  liber  die  Geschichte  der  Stâdte 
Lindau  i.  B.  und  Bregenz.  Im  2  Aufl.  Mit  einem  Stammtafel  der  Grafen 
von  Montfort.  Hrsg.  von  K.  F.  Jootze  und  Cli.  Kittler.  —  Lindau. 
J.  T.  Stettner,  1900;  in-8",  in-26  p. 

Moijen  A'jc,  t.  XFII.  3:i 


566  LIVRES    NOUVEAUX 

!)3lî.  l\iG<;.\rER  (II.).  Die  Eiitw  icklung  dos  baii-ischen  Miinzwesens  iiiitei- 
lien  Wittolsbachern.  —  Mùiiehen,  G.  Franz,  1900;  in-8°.  (Extr.  des 
Si(:i(n</sl>('i-ic/t(i-  dcr  K.  Bai/or.  Akadoinie  (1er  Wissciuchaftcn.) 

937.  Robert  (Ulysse).  L'Enseii);nement  à  Besançon  jusqu'à  la  fin  du 
XVI"  siècle.  —  Besançon,  inipr.  du  «  Progrès»,  1900;  in-8",  107  p.  (Extr. 
du  Progrès  français .  ) 

938.  RoBiD.\  (A.K  Le  vieux  Paris  en  1900.  Études  et  dessins  oiiginaux. 

—  Paris,  Montgredien,  1900;  in-fol.  48  pi.  (10  fr.) 

939.  Rolandslied  (Das  Altt'ranzôsisehe).  Kritisehe  Ausg.  besorgt  von 
E.  Stengel.  1  Bd.  Text.  Variaiitenapparat  und  vollstànd.  Nanienver- 
zeiehnis.  —  Leipzig,  Dieterich,  1900;  in-8%  ix-404  p.  (14  m.) 

940.  Roques  (H.  von).  Urkundenbuch  des  Klosters  Kaufungen  inHessen, 
im  Auftrage  des  histor.  Vereines  der  diocèse  Fulda  bearb.  I  Bd.  —  Cassel, 
M.  Siering,  19)0;  in-8",  xlii-538  p.,  4  pi.  (15  m.) 

941.  Rost.'VFIn.ski  (J.).  Symbola  ad  historiani  naturalcm  niedii  ;i'vi. 
Plantas,  animalia,  lapides, et  cetera  simpliciamedicamenta,  qutein  Polonia 
adhibebantur,  inde  a  xii  usque  ad  xvi  sfpc.  —  Krakau,  Buchhandlung 
der  polnischen  Verlags-Gesellschaft,  1900;  2  vol.  in-8°,  xvi-605-352  p. 
(Munera  ssecularia  Universitatis  Cracoviensis.  VII-VIII.) 

942.  Salamo (Emmanuel).  Aperçu  historique  sur  l'avancement  d'hoirie 
(thèse).  —  Montpellier,  impr.  de  la  Manufacture  de  la  Charité,  1900;  in-8", 
243  p. 

943.  Su.\ssE.\u  (Paul).  Tigné,  des  origines  à  179fJ.  N"3.  —  Angers,  impr. 
de  Hadon  frères,  1900;  in-8",  p.  49  à  72. 

944.  ScHEiBE-MoRiNGEN  (K.).  Frcdelsldli,  Geschichte  des  Dorfes  und 
Klosters.  —  Leipzig,  B.  Franke,  1900;in-8°,  48  p.  (Geschichte  sudhanno- 
verscher  Burgen  und  Kloster.  X.)  (0  m.  60.) 

945.  ScHMERBER  (H .  ).  Bcitrâge  zur  Geschichte  der  Dintzenhofer.  —  Prag, 
J.  G.  Calve,  1900;  in-8",  64  p.,  7  pi.  (Forschungen  zur  Kunstgeschichte 
Bohmens.  IV.) 

946.  Schneider  (G.  A.).  Der  hl.  Theodor  von  Studion,  sein  Leben  und 
Wirken,  ein  Beitrag  zur  byzantin.  Mônchsgeschichte.  —  Munster, 
H.  Schôningh,  1900;  in-8",  1 18  p.  (Kirchengeschichtliche  Studien.  V,  3.) 
(2  m.  60.) 

947.  Schœnhaupt(L  .  ).  Wappenbuch  der  Gemeinden  der  Elsass .  13-30  Lfg. 

—  Strassburg,  J.  Noiriel,  1900;  in-8%  p.  97-239,  6  pi.  (complet  50  m.) 

948.  Sciionbach  (A.  E.).  Studien'  zur  Geschichte  der  altdeutschen 
Predigt.  2Stuck.  Zeugnisse  Bertholds  von  Regensburg  zur  Volkskunde.  — 
Wien,  C.  Gerold's  Sohn,  1900;  iii-8",  1Ô6  p.  (Extr.  des  Sitmn;/sbcr.  cl./,-. 
A/, ad.  drr  Wissensc/i.) 

949.  ScHULTE  (A.).  Geschichte  des  niittelalterlichen  Handels  und 
Verkehrs  zwischen  Westdeutschland  und  Italien,  mit  Ausschluss  von 
Venedig.  Hrsg,  von  der  bad.  histor.  Kommission.  —  Leipzig,  Duncker 
und  Humblot,  1900;  2  vol.  in-8",  xxxii-742  et  3r)8  p..  2  pi.  (30  m.) 

950.  ScHWARz  (B.).   Geschichte  der   Stadt  Ettlingen,  im  Auftrag  des 


LIVRES    NOUVEAfX  567 

Gemeinderates  auf   Giurul  archivai.   Quellen    bearb.   1  Lfg.  —  Karlsrulie, 
M.  Schober,  1900;  in-8",  vu  p.  et  p.  1-24. 

951.  Si:kbi:rg  (V.).  Die  Tlieologie  des  Johannes  Duns  Scotus.  Eine  dog- 
niengeschiohtl.  Untersiiciuiiig. —  Leipzig,  Dietciicli.  1900  ;  in-8^  vi-705  p. 
(Studien  zur  Geschiclite  der  Théologie  und  der  Kiiclie.  V.)  (12  m.) 

952.  Skymour  dk  Rk:ci.  Un  nouveau  manuscrit  épigiaphique  de  Peire.sc. 

—  Paris,  Leroux,  1900;  in-8\  10  p.  (Extr.  de  la  Rrr .  arclu-nl .) 

953.  SicKEi.  (Th.  R.  von)  Romis<-he  Berichte.  IV.  —  Wien,  C.  Gerold's 
Solrn,  1900:  in -8",  40  p. (Extr.  des  Sil.-iin'jshrr.  d.  /.-.  Ahud.  der  Wmr/?.s<-/(.) 

954.  SôHRiNo  (O.).  Werke  bildeiider  Kuiist   in   altfranzôsischen    Epen. 

—  Erlangen,  F.  Junge,  1900;  iii-8\  vin-14N  p.  (2  m.) 

955.  SoREL (Alexandre).  Les  Harpes  éoliennesau  château  de  Pierrefonds. 

—  Compitgne,  impr.  de  Lefebvre,  1900;  in-16,15p. 

956.  Sti£phanoli  (Patrice).  Histoire  des  Grecs  en  Corse.  —  Paris,  Du- 
collet  frères,  1900;  in-18,  240  p.  (3  Ir.  50.) 

957.  Steyert  (A.).  Notice  généalogique  sur  les  familles  Du  Fèvre  et 
Arcis  de  Chazournes  en  Forez  et  Lyonnais.  —  Lyon,  impr.  de  Legendre, 
1900  ;  in-8'',  13  p.  (Extrait  de  V Ai-nuirud  (jciicnd  de  Li/oniui/'.s.) 

958.  SuTER  (H.).  Die  Mathematiker  und  Astronomen  dor  Araber  und 
ihre  Werke.  —  Leipzig. B.  G.  'ieubiier,  1900;  in-8".  ix-277  p.  (Abhand- 
lungen  zur  Geschichte  der  mathematischen  Wissenschaften.  lOHft.  Suppl. 
zum  40  Jahrg.   der  Zi'its/ir/ir-i/ï  fin-  MathcnKitiJ,-  und  P/ii/si/.-.)  (14  ni.) 

959.  Teissier (Octave).  Armoriai  de  la  ville  de  Toulon.  Familles  con- 
sulaires, oflficiers  de  marine,  noblesse  et  bourgeoisie.  — Toulon,  agence  du 
«  Petit  Marseillais  »,  1900;  in-8\  viii-89p. 

960.  TEurpENBACH  zu  TiEEENHACH  und  A.  Masswegg.  Kurzer  Abriss  der 
Geschichte  der  Gefiirsteten  Grafscli.  Gôrz  und  Gradisca  bis  zu  deren 
Vereinigung  mit  dem  Hause  Habsburg  im  J.  1500.  — Innsbruck,  Wagner, 
1900;  in-8%  60  p.  (0  m.  80.) 

961.  Thiollier  (Noël).  L'architecture  religieuse  à  l'époque  romane  dans 
l'ancien  diocèse  du  Puy.  —  Paris,  A.  Picard  et  fils,  1900;  in-fol.,  199  p., 
117  pi.  (80  fr.) 

962.  Tranchant  (Charles).  Note  sur  les  travaux  successifs  dont  ont  été 
l'objet  au  courant  du  siècle  actuel,  le  château  baronial  et  le  château  d'Har- 
court  de  Chauvigny,  en  Poitou,  confiés  à  la  garde  et  à  la  surveillance  de  la 
Société  des  Antiquaires  de  TOuest.  —  Poitiers,  impr.  de  Biais  et  Roy,  1900; 
in-8°,23p.  (Extr.  des  Bull,  de  la  Soc.  des  Antiquaires  de  VOuest.  XX.) 

963.  Turmel(J.).  L'eschatologie  à  la  fin  duxv'  siècle.  — Paris,  A.  Picard 
et  fils,  1900;  in-8°,  97  p.  (Extr.  de  la  Rcc.  d'/ilstuin'  et  de  littérature  reli- 
ffieuse.)  (2fr.) 

964.  TuRRi  (V.).  Dizionario  manuale  délia  letteratura  italiana  (1000- 
1900).  —  Torino,  Paravia  1900);  in-8".    (4  1.) 

965.  Un  musée  et  une  bibliothèqueà  Beauvais  par  un  vieux  Beauvaisien. 

—  Beauvais.  impr.  de  Avonde  et  Bachelier,  1900;  in-8%  31  p. 

966.  Valla  (Abbé  L.).  Aranion.  temps  anciens,  administration,  temps 
modernes.  — Villeneuve-les-Avignon  (Gard),  1900;  in-8°,  720  p.  (4  fr.) 


5(j8  livres  nouveaux 

%7.  Vallette  (H.).  Les  Églises  de  Vendée.  Notre-Dame  de  Fontenay- 
le-Couite.  — Vannes,  impr.  de  Lafolye,  1900,  in-8\  17  p.  (Extr.  de  la 
Rev.  du  B(is-Poitoi(.) 

068.  ViPAL  (A.).  Additions  et  corrections  à  l'histoire  de  Languedoc 
(1359-1360).  —  Paris.  Impr.  Nationale  1900:  in-8",20  p.  (Extr.  du  Bull, 
historique  cl  philolof/iquc  du  Coinllr   des  fraraux  Idstoviquca .) 

969.  Vidal (.\).  Mc^moire  sur  les  conditions  du  travail,  du  commerce  et 
de  l'industrie  à  Albi  au  xiv'' siècle.  — Paris,  Impr.  Nationale,  1900;  in-8°, 
16  p.  (Extr.  \\\xBuU.  dos  sciences  ècon(itni(iues  et  sociales  du  Contitc  des 
traranx  histariques.) 

970.  ViGNAUx  (A.).  La  prise  de  Mauvezin  en Fezensaguct par  le  comte  de 
Foix  (août-septembre  1412).  —  Auch,  impr.  de  Foix,  1900;  in-8°,  10  p. 

971.  ViGNAUx  (A.).  Une  note  diplomatique  au  xv°  siècle.  Charles  VII, 
roi  de  France,  et  Jean  1",  comte  de  Foix.  —  Toulouse,  Privât,  1900  ;  in-8°, 
15  p.  (Extr  des  Annales  du  Midi.) 

972.  ViLLARi(P.).  Le  invasioni  barbariche  in  Italia.  —  Milano,  M.  Hœ- 
pli,  1900;  in-8°,  493  p.,  3  cartes.  (6  1,50.) 

973.  ViLLEBRESME  (V''  de)  Ce  qui  reste  du  vieux  Paris.  Monuments, 
hôtels  particuliers,  maisons  historiques  classés  par  rue.  —  Paris  E.  Flam- 
marion, 1900:  in-18. 

974.  ViLLERS  (Louis  de).  Le  Prieuré  de  Notre-Dame  de  Montreuil  (Ille-et- 
Vilaiue).  —  Rennes,  impr.  de  Prost,  1900;  in-8",  20  p.  (Extr.  des  Mcin.  de 
la  Soc.  avchèoL  d'Ille-et-Vllaine.  XXIX.) 

975.V0GE  (W.).  Beschreibung  der  Bildwerkeder  christlichen  Epochen  in 
den  kônigl.  Museen  zu  Berlin.  2  Aufl.  1  Tl.  Die  Elfenbeinbildwerke.  — 
Berlin,  \V.  Spemann.  1900;  in-8°,  v-lOO  p.  (1  m.) 

976.  VoGEL  (M.).  Geschichte  der  Musik,  von  der  ersten  Antàngen  christ- 
licher  Musik  herab  bis  auf  die  Gegenwart  mit  besond.  Beriicksicht  der 
deutschen  Musik,  speziell  des  deutschen  Volksliedes,  kurz  und  leichtfasslich 
dargestellt.  Mit  e.  Anhg.  enth.  12  deutsche  Volkslieder  aus  dem  15  u. 
lejahrh.  —Leipzig,  Gebr.  Hug  und  Co  1900 ,  in-8°,  viu-218  p.,  11  pi.  (3  m.) 

977.  VôLTER  (D.).  Der  Ursprung  des  Mônchtums.  Ein  Vortrag.  — 
Tùbingen  ,1.  C.  B.  Mohr.  1900;  in-8",  53  p.  (Sammlung  gemeinverstànd- 
licher  Vortràge  und  Scbriften  aus  dem  Gebiet  der  Théologie  und  Religions- 
Geschichte.  XXI.)  (1  m  ) 

978.  \Volff(F.).  Michelozzo  di  Bartolommeo,  ein  Beitrag  zur  Geschichte 
der  Architekter  undPlastikin  Quattrocento.  —  Strassburg,  J.  H.  E.  Heitz> 
1900  ;  in-8".  vii-103  p.  (Zur  Kunsgestchichte  des  Auslandes.  II.)  (4  m.) 

979.  Wylie  (J.  H.).  Council  of  Constance  to  the  death  of  John  Hus. 
—  London.Longmans  and  Co^  1900:  in-8".  (6  sh.) 

980.  Zenker  (R.).  Die  Lieder  Peires  von  Auvergne,  kristich  hrsg.  mit 
Einleitung,  Uebersetzung,  Kommentar  und  Glossar. — Erlangen,  F.  Junge, 
1900;  in-S",  x-266  p.   (4  m.) 

Le  Gérant  :  V^e  E.  Bouillon. 

CIIALON-SLII-SAONE.    IM  l'I!  l.M  El!  IL   IIÎANCAISE    ET    OlilE.NTALl,     i;  .    BEnTIlAM) 


LE 

PROCÈS  DE  LOUIS  DE  POlTlEliS 

ÉVÊQUE    DE    LANGRES 
(1320-1322) 


Un  conilit  entre  un  évêque  et  le  chapitre  de  sa  cathédrale 
n'étaitpas,  au  moyen  âge,  un  fait  exceptionneP  ;  mais  celui  qui 
troubla  l'épiscopat  de  Louis  de  Poitiers  à  Langres  présente 
un  intérêt  spécial,  parce  que  plusieurs  documents,  —  le  réqui- 
sitoire du  procureur  du  chapitre  devant  les  enquêteurs  envoyés 
à  Langres  par  le  pape  Jean  XXIP,  des  arrêts  du  Parlement  de 
Paris  et  un  poème  contemporain^  — le  font  connaître  en  détail. 

Louis  de  Poitiers  *  était  fils  d'Aimar  III  de  Poitiers,  comte 
de  Valentinois  et  de  Diois,  et  d'Hippolyte  ou  Polie  de  Bour- 

1.  A  la  fia  du  xiii"  et  au  coinmeiu-enieiit  du  xiv''  siècle  de  nombreux  con- 
flits de  ce  genre  se  sont  produits,  par  exemple  à  Reims  {Journal  des 
Sarants,  1890,  p.  502)  et  à  Mâcon  {Ihid.,  1884,  p.  158). 

2.  Bibl.  Nat.,  ms.  fr.  11585,  fol.  14  à  22. 

3.  Poème  latin  anonyme  aux  fol. 49  r"  à  64  v"  du  ms.  38  de  la  Bibliothèque 
de  Langres  (xvi°  siècle).  Dès  le  début  du  xvf  siècle,  le  chanoine  Claude 
Félix  citait  des  fragments  de  ce  texte  dans  le  chapitre  consacré  à  Louis  de 
Poitiers  de  son  De  Pontijlribits  iirhis  Lin;/oaensis  (Bibl.  Nat.,  ms.  lat. 
5956'^,  fol.  91  y"  à  93  r"  et  ms.  38  de  la  Bibliothèque  de  Langres,  fol.  32  r*  à  35  v°). 

4.  Sur  Louis  de  Poitiers,  outre  le  chapitre  précité  de  Claude  Félix,  voir 
la  Décade  historique  du  diocèse  de  Lanf/res  (1665)  du  P.  J.Vignier, 
publiée  par  la  Société  historique  et  archéologique  de  Langres  (1884-94), 
2  vol.  in-8^  Tome  IL  pp.  160-161.—  Gallia  chrisiiana  (1728),  t.  IV,  col.  618. 
—  Abbé  Mathieu,  Abrège  chronolof/iquc  de  l'histoire  des  èi'èques  de 
Lanfjrcs,  2"  édition,  augmentée  par  le  chanoine  Rieusset.  Langres,  1844, 
in-8%  pp.  132-134,  et  surtout  Abbé  Roussel,  Le  Diocèse  de  Lanfjrcs.  Langres, 
1873-79,  4  vol.  in-8°.  T.  I,  pp.  111-112  et  413-414. 

Moyen  Age,  t.  XIII.  33 


570  p.    ALPHANDÉRY 

gogne,  dame  de  Saint-Vallier  et  quatrième  fille  d'Hugues, 
comte  palatin  de  Bourgogne .  Vers  la  fin  de  l'année  1306^  Louis 
de  Poitiers  avait  été  élu  à  l'évêché  de  Viviers,  dont  le  terri- 
toire venait  d'être  annexé  à  la  France;  l'année  qui  suivit  son 
élection,  il  alla  à  Vincennes  prêter  serment  de  fidélité  entre 
les  mains  de  Philippe  le  Bel,  qui  lui  confirma  les  privilèges 
accordés  à  son  prédécesseur  au  moment  où  celui-ci  était  devenu 
vassal  de  la  couronne.  L'évêque  de  Viviers  avait  le  droit  de 
siéger  dans  le  conseil  royal  et  de  porter  dans  ses  armes  les  lis  de 
France  \  Durant  l'année  1308,  il  fut  convoqué  à  l'assemblée  qui 
devait  se  tenir  à  Tours,  mais  il  prétexta  une  maladie  qui  le 
retenait  à  Donzère  et  fut  au  nombre  des  seigneurs  languedociens 
qui  chargèrent  Nogaret  de  les  représenter  \  En  1311,  il  prit  part 
au  concile  de  Vienne  ^;  on  ignore  quel  rôle  il  y  joua,  mais  appelé 
à  Toulouse,  en  1313,  pour  y  délibérer  sur  les  subsides  que  le  Lan- 
guedoc devait  accorder  à  Philippe  le  Bel  à  l'occasion  de  la 
guerre  de  Flandre,  il  se  signala  par  son  attitude  nettement 
hostile  aux  volontés  du  roi  de  France\  Il  fat  cependant,  en  1318, 
élevé  au  siège  de  Langres,  et,  de  ce  fait,  devint  un  des  pairs 
ecclésiastiques  du  royaume.  Quelque  temps  après  son  départ 
de  Viviers,  Pierre  d'Auriac,  sergent  d'armes  et  bailli  du  roi 
pour  le  Vivarais  et  le  Valentinois,  adressait  à  la  cour  royale  des 
plaintes  contre  les  officiers  de  Louis  de  Poitiers  qui,  à  maintes 
reprises,  avaient  empiété  sur  sa  juridiction'. 

Le  nouvel  évèque  de  Langres  ne  tarda  pas  à  se  trouver  en 
conllit  avec  les  chanoines  de  sa  cathédrale".  Le  chapitre  de  Saint- 

1.  Gallia  r/tfistiaiui ,  1.  c. 

2.  Hist.  de  Languedoc  (nouv.  éd.),  IX,  p.  301. 

3.  ///.s/,  de  L((n(/iiedoe^  IX,  330.  Roussel^  op.  cil.,  p.  413. 

4.  Gallia  c/iristiana,  1.  c,  et  t.  I,  col.  ll.'M. 

5.  Hist.  de  Lnn;/uedoc,  IX,  p.  406. 

6.  Surladate,  V.  Arch.Nat.,  X'A,fol.219r°.  Boutai'ic,  Ar/c.s- (/«  Pcirlenieitf, 
II,  p.  4G1  :  «  Xichilominus  die  Veneris,  in  octabis  festi  Assuiuptionis  béate 
Marie  Virginis,  quod  fuit  (nino  rieesimo  norissiine  preteritn.  »  Cf.  Poèuie 
iatin  anonyme  :  «  Hec,  in  anno  Dei  millésime  — que  sequuutur,  et  trecen- 
tesimo  —  perpetrantur,  simul  vicesimo,  —  sci'ipto  nieo  tes^te  verissimo  » 
(vv.  13  à  16,  fol.  491'°). 


LE    PROCÈS    DE   LOUIS    DE    POITIERS  571 

Mammès  était,  ainsi  que  ses  vassaux  et  ses  l)iens,  place  depuis 
longtemps  sous  la  sauvegarde  royale  '  et,  sûr  de  l'impunité,  il 
manifestait  vis-à-vis  des  évoques  de  Langresune  indépendance 
dont  avait  déjà  eu  â  souffrir  Guillaume  de  Durfort,  le  prédé- 
cesseur de  Louis  de  Poitiers  *.  Le  plus  ancien  document  que 
nous  fournissent  sur  les  actes  de  celui-ci  les  registres  du  Par- 
lement semblent  prouver  qu'il  avait,  avant  d'user  de  la  vio- 
lence, essayé  des  voies  pacifiques  pour  obtenir  la  garde  du 
chapitre  et  de  ses  biens'.  De  plus,  nous  savons  par  l'enquête  des 
commissaires  pontificaux  qu'il  n'entra  pas  tout  de  suite  en 
lutte  ouverte  avec  ses  chanoines,  et  tenta  d'abord  de  briser  leur 
résistance  et  de  les  humilier  par  des  mesures  vexatoires,  tandis 
qu'il  commençait  à  s'approprier  leurs  biens  par  des  spoliations 
progressives. 

Cette  campagne  que  mena  contre  le  chapitre  de  Saint- 
Mammès  Louis  de  Poitiers,  aidé  de  quelques  subalternes',  on 
peut  la  reconstituer  en  suivant  l'énumérationdes  griefs  relevés 

1.  18  mai  1322.  Arch.  Nat.,  X'a,  2,  fol.  140  i"  :  «  [Decani]  et  capituli 
ecclesie  Lingoiiiensis  in  nostra  speciali  gardiaexistentium  cuni  familiaribus 
gentibus,  rébus  et  bonis  suis.  »Cf.  X'a,  5,  fol.  219  v\Gt  Actes  du  Parlement, 
II,  p.  461  :  «  Licet  decanus  et  capitulum  et  ecclesia  Lingonensis  predicta 
de  fondatione  regia  originaHter  et  de  garda  speciali  fuissent  hactenus  et 
adhuc  essent,  ipsique  decanus  et  capitulum  per  regem  P'rancie  gardiari 
sub  pi'otectione  et  gardia  speciali  regia  con.suevissent,  legesque  Francie 
fuissent,  ab  antique,  in  possessionc  vei  quasi  eosdem  gardiandi.  »  Il  est  à 
noter  que  le  procureur  du  chapitre  n'a  pas  signalé  dans  son  réquisitoire 
contre  l'évêque  le  fait  qu'il  aurait  violé  la  sauvegarde  royale. 

2.  Abbé  Roussel,  Le  Diocrse  de  L((ni/res,  I,  p.  111. 

3.  Parlement  de  la  Saint-Martin  d'hiver  1.320,10  février.  Arcii.  Nat.,  X'a, 
8844,  fol.  71  v"  :  ((  Causa  proprietatis  que  pendet  in  curia  nostra  inter...  epis- 
copum  Lingonensem  ex  una  parteet  decanum  et  capitulum  ecclesie  Lingo- 
nensis et  procuratorem  nostrum  pro  nobis  ex  altéra,  super  petitiouem  pro- 
prietatis, excipiendo  rationem  garde  quam  petit  dictus  episcopus,  dormiet 
quousque  de  causa  spoliationis  quam  dicti  decanus  et  capitulum  proposue- 
runt  contra  dictum  episcopum  inquisitum  fuerit  et  discussum.   » 

4.  Enquête  des  commissaires  pontificaux,  ras.  fr.  11.585,  fol.  14  :  «  Quod 
idem  episcopus  omnia  et  singula  contenta  in  articulis  infrascriptis  et  tieri 
mandavit  per  suas  gentes,  seu  per  suos  ministeriales,  et  ipsa  malefîcia  suo 
nomine  facta  rata  habuitet  grata.  » 


572  p.    ALPHANDÉRY 

contre  l'évêque  de  Langres  et  dénoncés  par  le  procureur  du 
chapitre  aux  envoyés  de  Jean  XXII.  Louis  de  Poitiers  com- 
mence par  refuser  au  chapitre  dlftérentes  redevances  annuelles, 
dont  le  total  s'élevait  à  la  somme  de  six  cents  livres  tournois  et 
qui  étaient  prélevées  par  les  chanoines  sur  les  biens  épiscopaux^ 
Les  prédécesseurs  de  Louis  de  Poitiers  ne  s'étaient  pas  affran- 
chis de  cette  sujétion:  il  s'en  libéra  résolument.  Il  contraignit 
((  les  hommes  taillables  du  doyen  et  du  chapitre  »  à  payer  la  vente, 
malgré  les  immunités  dont  ils  jouissaient,  et,  sur  leur  refus, 
usa  contre  eux  de  violence  ^  Puis  des  vassaux  il  passa  aux 
maîtres  ;  il  attaqua  leurs  franchises:  de  tout  temps,  au  dire  du 
procureur  du  chapitre,  les  membres  du  clergé  de  la  cathédrale 
de  Langres  '  avaient  eu  le  droit  de  faire  sceller  gratuitement 
«  adsigillum  curia3  Lingonensis  »  les  actes  qui  concernaient 
leurs  intérêts  privés  \  Louis  de  Poitiers,  par  l'intermédiaire 
du  fonctionnaire  préposé  à  la  garde  de  son  sceau,  obligea  le 
chapitre  et  ses  suppôts  à  payer  une  redevance  pour  chaque  lettre 
scellée,  et,  ce  faisant,  «  viola  audacieusement  les  droits,  libertés 
et  privilèges  du  doyen  et  du  chapitre  et  de  leur  église,  et  les 
frustra  d'une  quasi-possession  ».  D'autre  part,  il  fît  arrêter 
deux  clercs,  Jaquin    de   Ruda\    et  Jean  de    Bcddone",  un 

1.  Le  procureur  du  chapitre  dit  qu'il  a  refusé  cette  redevance  «  per  plures 
annos  ».  Ihid. 

2.  Ihid.  «  Homines  taillabiles  dictorum  decani  et  capituli  existentes  in 
quasi  possessione  libertatum  plenarum^  ratione  decani  et  capituli  ecclesie 
predicte,  a  solutione  et  prestationeredibencie  que  vulgariter  venta  vocatur... 
ipsis  hominibus  onus  vente  predicte  imposuit  etipsos  a  piuribus  hominum 
predictorum  eandem  extorqueri  fecit,  et  adhuc  de  die  in  dieni  facit .  » 

3.  «Non  solum  capitulum,  yrao  etiani  singulares  canonici  prebendarii, 
ipsorum  servitores,  capellani  ceteiique  clerici  collegii  et  chori  et  fami- 
liares  ecclesie  Lingonensis...  nJbid.,  fol.  15. 

4.«  Omnes  litteras  seu  acta  confecta  velconfectas  ad  suiet  cujuslibet  ipso- 
rum communem  seu  privatam  utilitatem.  »  Ihid. 

5.  «  Dictus  episcopus,  per  se  et  per  dominum  Rayruondum  de  Sataliaco, 
vicarium  suum,  queuidam  Jaquinum  de  Ruda,  clericura,  in  domo  Je 
bannis  deThaando  sita  in  claustro  ecclesie  Lingonensis. . .  teniere  cepit  ibi 
et  violenter  abinde  extraxit  et  caiceri  niancipavit.  »  Ihid. 

6.  «Episcopus,  per  suum  predictum  baliivum  (Hngoneni  de  Toranis), 
cum  magna  multitudinearmatorum,  qucmdam  clericum  nomine  Johannem 


LE    PROCÈS    DE    LOUIS    DE    POITIERS  573 

vassal  du  chapitre,  Nicolas',  et  un  homme  appel(^  Etienne  de 
Vaux,  «  familier  du  sire  Hugues  deViangrif^-.  »  Tous  quatre 
furent  saisis  en  des  endroits  exempts  de  la  juridiction  cpisco- 
pale  :  Jaquin  do  Racla,  dans  une  maison  sise  à  l'intérieur  du 
cloître,  Jean  de  Baldone  et  Nicolas,  dans  la  maison  de  l'hô- 
pital de  Saint-Mammès,  Etienne  de  Vaux,  dans  un  lieu  qui 
n'est  pas  précisé,  mais  qui  se  trouvait  «  infra  ipsam  ecclesiam 
etimmunitatem  ».  En  s'élevant  contre  ces  arrestations  opérées 
au  mépris  des  franchises  du  chapitre,  le  procureur  a  négligé 
d'en  indiquer  les  motifs. 

Ces  quatre  arrestations  ne  font,  du  reste,  qu'ouvrir  la  série 
des  actes  arbitraires  commis  par  l'évoque  à  l'égard  de  clercs 
ou  de  serviteurs  du  chapitre.  Sur  l'ordre  de  Raymond,  vi- 
caire de  Louis  de  Poitiers,  Jean  de  Nuiz,  procureur  de  l'évêque, 
s'empara  d'une  maison  habitée  par  un  ecclésiastique  et  sise  à 
l'intérieur  du  cloître  de  la  cathédrale,  apposa  les  scellés  sur 
les  portes  et  y  tint  emprisonnés  pendant  quelque  temps  des 
clercs  et  des  laïques  qui  s'y  trouvaient'.  Un  homme  du  cha- 
pitre, Jean  Chevreul,  qui  était  tombé  par  accident  dans  un 
puits  situé  «  notoirement  dans  la  haute  et  basse  juridiction  du 
doyen  et  du  chapitre  »,  après  en  avoir  été  retiré  par  les 
sergents   du  chapitre,    fut   arraché  de  leurs   mains  par  des 

de  Baldone  in  donao  Hospitalis  Sancti  Mammetis...  existentera  violenter  et 
tumultuose  cepit  temere  et  injuste  et  ipsum  qui  ibidem  causa  immunitatis 
confugerat  abinde  violenter  extraxit.  »  Ibid. 

"1.  «  Episcopus  per  suos  ministeriales,  videlicet  Hugonem  de  Toranis, 
ballivum  suum,  infra  claustium  predictura  et  metas  immunitatis  ecclesie 
predicte,  quemdam  hominem  dictorum  decani  et  capituli,  Nicholaum  no- 
mine,  in  domo  Hospitalis  Sancti  Mammetis  violenter  ceperunt  et  ausi  sunt 
et  extrahere  abinde...  ipsum  burgensem  infra  ipsum  claustrum  atrociter 
verberando.  »  Ibid. 

2.  «  Episcopus,  per  suum  predictum  ballivum,  temere  et  injuste  cepit  et 
capi  fecit  Stephanum  de  Vaux,  familiarem  domini  Hugonis  de  Viangris, 
infra  ipsum  claustrum  et  immunitatem  existentem.  »  Ibid. 

3.  Enquête,  fol.  15.  Jean  de  Nuiz  est  appelé  Jo/iannes  de  Nuciaco  par  le 
procureur  du  chapitre  et  dans  les  actes  du  Parlement.  La  forme  française  de 
son  nom  est  fournie  par  l'auteur  du  poème  anonyme  :  «  Jo.  de  Nuiz  gallice 
dicitur.  »  (Fol.  60  v»). 


574  p.    ALPHANDÉRY 

hommes  de  l'évêque,  que  commandait  son  familier  Bertrand  c?e 
Turreta,  et  dépouillé  par  eux  de  son  couteau  et  de  sa  bourse  '. 
Les  sergents  du  chapitre  avaient  coutume  de  porter  «  ab  an- 
tique, palam  et  publiée  »,  comme  insigne  de  leurs  fonctions, 
des  verges  ou  des  masses  :  l'évêque  fit  briser  ces  verges  et  en- 
voyer en  prison  par  son  vicaire  les  sergents  qui  les  portaient  ^ 
Le  chapitre  avait  à  son  service  douze  sergents  qui,  de  ce  fait, 
étaient,  selon  un  vieil  usage  de  la  ville  de  Langres^  dispensés  de 
toute  taille  ou  corvée.  L'évêque  les  contraignit  à   payer  les 
taxes    ordinaires,   et    comme  peut-être  ils  tardaient   à   s'en 
acquitter,  il  fit  vendre  les  biens  qu'ils  avaient  déposés  à   titre 
de  cautions.  Depuis  longtemps   les  évêques   de  Langres  fai- 
saient don  aux  chanoines  et  à  leurs  familiers,  la  veille  de  la 
Toussaint  et  la  veille  de  Noël,  d'une  certaine  quantité  de  foin 
qui  était  déposé  dans  le  chœur  de  l'église  :  Louis  de  Poitiers 
refusa  énergiquement  de  se  soumettre  à  cet  usage  ^  Ce  n'est  pas 
tout  :  Tévêque  n'avait  atteint  jusqu'ici  que  les  revenus  des  cha- 
noines ou  les  immunités  dont  ils  jouissaient,  eux  et  leurs  servi- 
teurs ;  il  avait  pu  imposer  au  chapitre  «  énorme   stipendium, 
diminutionem  et  derogationem  suarum  consuetudinum  et  liber- 
tatum  antiquarum  »,  il  n'avait  pas  encore  cherché  à  frapper  les 
chanoines  dans  leurs  fonctions  et  dans  leur  dignité  ecclésias- 
tiques. Mais,  brusquement,  il  aggrava  la  situation  en  leur  infli- 
geant une  humiliation  retentissante  :  au  moment  où  allait  avoir 
lieu  une  procession  pour  demander  à  Dieu  de  faire  pleuvoir,  et 
comme  le  clergé  de  Langres  tout  entier  s'apprêtait  à  y  prendre 
part,  l'évoque  fit  interdire  par  son  vicaire  aux  prêtres  des  autres 
paroisses  de  se  joindre  au  chapitre  de  Saint-Mammès*.  Cette 

1.  Enquête,  fol.  16. 

2.  Enquête,  fol.  16.  Cf.  fol.  19,  le  chef  d'accusation  suivant  qui  fait  double 
emploi  :  «  Item  dictus  episcopus,  per  suas  gentes  et  ministros,  in  injuriara 
dictorum  decani  et  capituli  ac  suorum  jurium  et  juridictionis  detrimentum, 
virgam  cujusdam  servientis  dicti  capituli  quam  poitare  poterat  publiée  et 
notorie  dictus  serviens  et  portabat  per  totam  civitateni  Lingonensem  ex 
antique  et  approbata  consuetudine,  frangi  fecit  despectuose  et  inique.  » 

3.  Ibid.,  fol.  16. 

4.  «  Item  dictus  episcopus,  per  se  et  per  suum  vicarium,  quadam  die,  cum 


LE   PROCÈS    DE    LOUIS    DE   POITIERS  575 

mesure,  au  dire  du  procureur  du  chapitre.  «  ceditet  cessit  ad 
divini  cultus  diminutionem,  scandalum  populi  et  in  ipsorum 
decaniet  capituli  injuriam  noscitur  redundare  ». 

EnfinLouisde  Poitiers  en  arriva  à  traiter  leschanoines  comme 
des  vassaux  rebelles  et  donna  l'assaut  à  leur  forteresse,  la  cathé- 
drale. Les  documents  contemporains  fournissent  de  ce  siège  et 
de  ses  suites  des  récits  très  détaillés  \  Nous  citons  m  extenso 
celui  de  ces  récits  que  fit  devant  les  commissaires  pontificaux 
le  procureur  du  chapitre  :  c'est  le  plus  complet  et  le  plus  précis, 
et  l'indignation  du  narrateur  lui  donne,  par  endroits,  une 
vigueur  singulière. 

Dictus  episcopus  nuper,  scilicet  dieVenerisin  octabisfesti  Assump- 
tionis  Virginis  gloriose  ultimo  preteriti,  circa  ortum  solis-,  per 
quosdam  suos  rainisteriales  ',  cura  magna  mullitudine  genlium 
armatorum  de  terra  dicti  episcopi  congregatorum,  ausu  temerario  ac 

dicti  decani  et  capituli  essent  simul  eongregati,  convocatis  secum  reetoribus 
pari'ocliialium  ecclesiaruni  civitatis  Lingonensis  ad  faciendam  quamdam 
processionem,  causa  pluvie  a  Domino  postulande,  prout  consuetudo  erat  ab 
antiquo,  inhibuit  et  inhiboi'i  maiidavit  dictus  vicarius  predictis  reetoribus 
indebite  ne  ad  dictam  piocessionem  una  cum  dictis...  decano  et  capitule 
incederent.  »  Ihid. 

1.  Arch.  Nat.  X'a,5,  fol.  219  t"  etsuiv.;  Actes  du  Parlement,  II,  p.  461 
ec  suiv.,  d'après  la  première  enquête  des  commissaires  royaux.  Bibl.  Nat., 
ms.  fr.  11585,  Enquête,  fol.  16-18.  Poème  latin  anonyme,  fol.  50. 

2.  La  même  date  est  donnée  par  l'acte  du  Parlement.  Les  termes  qu'emploie 
le  rédacteur  de  cet  acte  sont  presque  identiques  à  ceux  qu'a  employés  le 
procureur  du  chapitre,  ce  qui  permettrait  de  supposer  que  le  notaire  royal  a 
pu  connaître  les  résultats  de  l'enquête  des  commissaires  pontificaux.  La 
date  difïère  légèrement  dans  le  poème  latin  anonyme  :  au  lieu  du  35,  c'est 
le  22  août  qui  est  indiqué  :  «  Hec  fractio  portarum  et  phani  —  festo  Sancti  fit 
Symphoriani  »  (fol.  50  v").  Il  est  vrai  que  l'auteur  fait  peut-être  allusion 
à  la  démolition  totale  des  portes  et  de  certains  murs,  qui  dut  avoir  lieu 
quelques  jours  après  la  prise  de  la  cathédrale  par  les  gens  de  Louis  de 
Poitiers. 

3.  L'acte  du  Parlement  donne  les  noms  de  ces  «  rainisteriales».  Ce  sont  : 
«BertrandusdeTurreta,  G.  Fabre,  baillivus  Montis  Falconis  episcopi  Lingo- 
nensis, dictus  Bourre  receptor  predicti  episcopi,  Petrus  Loysel,  P.  Roucelli, 
Seguinus  Guiotus,  Briotus  de  Burgo  ac  Aymardus  servientes,  publiée  pro 
laycis  se  gerentes,  rainisteriales  et  farailiares  predicti  episcopi  et  nonnuUi 


576  p.    ALPHANDHRY 

ociam  sacrilego,fecit  et  mandavit  pcr  prodictos  consacrilcgos,  portas 
matris  ecclesieLingonensis  invittuperationem  etopprobriumCreatoris 
etsanctc  Doi  Ecclesie  contumeliam  et  contemptura,   sine  causa  et  in- 
juste, nervum  dirrumpens  ecclosiastice  libertatis,  cum   armis,   secu- 
ribus  et  hastis  violenter  confringi   et    dirrunipi  fecitS    ipsam  eccle- 
siam  et  ojus  libertatem  confringondo   ac  eciam  violando,  ex   quibus 
sententiam  majoris  excommunicationisa  canone  noscitur  incurrisse. 
Item  sacrilegi  predicti,  deinandalo  dicti  episcopi,  ipso  eciam ratum 
habente,  eandera  ecclesiam,  post  predictas  violentiam  et  fractionem, 
invaserunt  et  occupaverunt,  et  de  domo  Domini  tanquam  speluncam 
latronum   facientes,  palam  et  publiée  campanilia  ejusdem  ecclesie, 
tanquam  turrerahostilem,  satellitibus  et  hominibus  nephariis  et  filiis 
iniquitatis  armatisetvariis  armis  et  diversis,  more  hostili,  munientes, 
ibidem  scuta  et  targias  appenderunt^ 

Item  dictam  ecclesiam  predicti  sacrilegi,  de  mandato  et  voluntate 
dicti  episcopi,  pluribus  diebus^  septimanis  etmensibus,  sic  munitam 
et  sic  villissime  et  violenter  occupatam  detinuerunt  cum  omnibus  sanc- 
tuariis  religiosis  et  ornamentis  eorumdem  et  cum  bonis  infinitis  aliis 
ibidem  existentibus  tam  canonicorum  et  personarum  aliarum  et  aliis 
privilegiis,  instrumentis  et  sigillo  capituli  antedicti  predicto^  in 
detestationem  divini  muneris  sacrilège  et  publiée  attemptando. 

Item  dicti  sacrilegi,  de  mandato  dicti  episcopi  et  ipso  ratum  ha- 

eorum  complices  in  bac  parte,»  loc.  cit.,  p.  461.  D'après  l'auteur  du  poème 
anonyme,  ils  auraient  été  rassemblés  pendant  la  nuit  :  «  Gentem  magnam 
de  nocte  collegit  —  qua  cum  armis  ecclesiam  fiegit.  »  Fol.  50  v\ 

1 .  Le  gardien  de  la  cathédrale  s'était  enfui  :  «  Custos  templi  tune  fugam 
elegit,  —  quod  metus  hune  exire  coegit.  »  Ibid. 

2.  Acte  du  Parlement:  «  Et  ibidem  targias  suas  et  vexilla  appendentes, 
dictam  ecclesiam  hominibus  armatis  et  armis  variis  et  diversis  ex  parte 
predictorum  et  ipsius  episcopi  munitam  »  (l.  cit.,  y».  46).  — Poème  lat.anon.  : 
«  Scuta  micant  in  tympanistris,  «  fol.  50  v°.  —  Sur  les  précautions  prises 
par  les  hommes  de  l'évêque  contre  un  retour  offensif  des  serviteurs  du  cha- 
pitre, voir  ibid.  :  Sed  tamen  —  ut  haberent  fortius  tutamen  -  in  portis  fit 
plurimum  foramen  —  ut  per  foramina  possent  percutere  —  cum  lanceis 
hostesque  poingere  —  qui  de  templo  vellent  expellere  —  hos  et  intusaliqua 

rapere  ». 

3.  L'acte  du  Parlement  reproduit  presque  textuellement  la  phrase  du 
procureur  du  chapitre  «  cum  omnibus  sanctuariis,  reliquiis  et  ornamentis 
dicte  ecclesie  et  nonnuUis  bonis  aliis  tam  canonicorum  quam  personarum 
aliarum,  et  eciam  ca/^i-s,  privilegiis,  instrumentis  et  sigillo  capituli  antedicti 
ibidem  existentibus  »  (L  cit.,\>.  261). 


LE    PROCÈS    DE    LOUIS    DE    POITIERS  577 

bente,  per  predictos  dies,  septimanas  etmenses,  in  dicta  ecclesia  sic  ar- 
mati,Dei  sanctuarianequissimoproplianantes,  tanquamin  vili  caupona 
vel  taberna  existentes,  biberunt,  comederunt  ac  etiam  pernoctarunt, 
pondus  eciani  superlluu  111  naturale  irreverenter  déponentes^  et  alia 
turpia  et  enorniia,  que  non  licet  homini  loqui,  exercentes,  necnon  et 
inibi  palaiu  et  publiée,  nieretricesinfra  ipsam  ecclesiam,  die  nocteque, 
tanquara  in  lupanaii,  inducentes,  actus  venereos,  quod  abominabile 
est  proferre,  peragentes,  lectos  suos  siquidem  coram  altaribus  et 
corara  Dei,  Virginis  Marie  ejus  niatris  et  sanctoruni  ymaginibus  et  in 
pluribus  capeliis  ipsius  ecclesie  et  plura  indecencia  impudenter  fa- 
cientes  *. 

Item  dicti  sacrilegi,  de  mandato  quo  supra  et  dicto  episcopo  ralum 
habente,  in  dicta  ecclesia  sic  turpiter  manentes,  in  capeliis  ejusdem 
ecclesie  aves  dornesticas  tenebant  inclusas,  scilicet  anceres  et  gallinas 
ad  usumeoramdem  carnesque  arietum,  boum  et  alias  eis  necessarias, 
super  Dei  sancta  altaria  ipsa  contaminantes,  lacerabant  et  ipsum 
locum  ejusdem  ecclesie  in  capite  et  in  menbris  tenentes  et  facientes 
ibidem  paneteriam  et  piscanariam  et  dapiferiara  eorumdem  '  et  alia 
ad  usum  proplianum,  more  paganico,  reducentes. 

Item  in  contemptum  et  dirrisionem  Dei  omnipotentis  ymaginem 
Crucifixi  in  ipsam  ecclesiam  existentem  dicti  sacrilegi,  de  mandato 
quo  supra  et  dicto  episcopo  ratum  habente,  variis  armorum  generibus 
plures  armaverunt,  quod  ceditet  cessit  in  Christi  fidelium  perniciem 
et  derisionem. 

Item  dicti  sacrilegi,  de  mandatoetratihabitionequibus  supra,  altaria 
dicte  ecclesie,  more  tyrannico  et  nephando  Wandalorum,  suis  pro- 
priis  pannis  et  ornamentis  necnon  et  corporalibus  ad  usum  divinum 
destinatis  discoperierunt. 

Item  dicti    sacrilegi,  de  mandato   et  ratihabitione  qui  bus   supra, 

1.  Poème lat.  anon.:  «  Ecclesie  necnon  in  medio  —  comedebant  sicut  in 
atrio  —  scutitferi  simulet  hisirio;  —  hii  in  lectis,  aller  super  stramen  — 
incubabant...  »  (fol.  50  v").  Et  plus  loin  :  «  lUuc  thura  non  erant  incensa  — 
sed  hominum  fex  fetens  immensa.  » 

2.  Poème  lut.  anon.  :  «  Ecclesia  per  ipsos  complices  —  sic  poUuta  fit 
per  multipliées;  —  cognoverunt  intus  meretrices  —  publicas  perquamplu- 
rimas vices.  » 

3.  Dans  l'acte  du  Parlement,  les  faits  qui  suivent  la  prise  de  la  cathé- 
drale sont  résumés  ainsi  :  «  plures  alios  excessus  énormes  ibidem  commit- 
tendo  a  {l.  cit.). 


578  p.    ALPHANDÉRY 

portas  quascumque  ipsius  ecclesie  ad  arbalistandum  et  sagittandum 
inpluribus  locis  perforarunt,  et  adhuc  perforate,  fideocculata,  publiée 
apparent  et  existunt'. 

. . .  Item,  quod  est  abhominabile  dicere  et  ab  episcopali  innocentia 
alieuum,dicti  sacrilegi,  quibus  supra  mandatoetratihabitioncymagi- 
ncm  lapideam  gloriosissimi  martyris  beali  Mammetis,  patroni  dicte 
ecclesie,  afiîxam  inquodam  rauro  ante  ecclesiam  predictam  frustratim 
laniarunt  cum  quibusdara  iustrumentis  ferrois,  capud  ej  usdem  ymaginis 
amputantes  et  in  lutum  palam  et  publiée,  judayce  projecerunt,  ad 
memoriam  dicti  sancti  perpetuo  abolendam  -. 

Item  truncum  ymaginis  lapidée  predicte  bealissimi  Mammetis  mar- 
tyris immuraverunt  inquodam  loco  vilissimo,  videlicet  sub  quodam 
aqueductu  per  quem  omnes  immundicie  vicorum  propinquiorum 
defluere  consueverunt  '\ 

Peut-être  ne  doit-on  pas  rendre  Louis  de  Poitiers  respon- 
sable des  excès  commis  par  cette  troupe  qui  campa  dans  la 
cathédrale  comme  en  pays  conquis*.  L'auteur  anonyme  du 
poème  latin,  qui  n'est  pourtant  pas  suspect  d'indulgence  vis- 
à-vis  de  l'évêque  de  Langres,  serait  porté  à  atténuer  ses  torts  : 
l'évêque,  selon  lui,  aurait  voulu  seulement  faire  forcer  les 
portes  de  la  cathédrale  et  n'aurait  prêté  les  mains  ni  au  pillage 
ni  aux  violences''.  La  conduite  de  Louis  de  Poitiers  peut  en 

1.  Les  deux  chefs  d'accusation  suivants  sont  séparés  des  précédents, 
dans  le  document  d'après  lequel  nous  les  reproduisons,  par  trois  paragraphes 
concernant  les  pillages  commis  en  dehors  de  l'église.  Nous  les  avons  omis, 
afin  de  ne  pas  interrompre  le  récit  de  la  prise  de  la  cathédrale  et  de  ses 
suites. 

2.  Enquête,  fol.  18. 

3.  Enquête,  /.  cîï.Dans  l'acte  du  Parlement,  les  expressions  sont  presque, 
identiques:  «  Ymaginem  lapideam  gloriosissimi   martiris  beati Mammetis, 
patroni    dicte  ecclesie,    afflxam    in    quodam   muro  ante  ecclesiam,    des- 
truxerant,  capud  ejusdem  amputantes  et  in  lutum  prohicientes  »  (op.  cit., 
p.  241). 

4.  L'enquête  royale  semble  avoir  fait  ressortir  son  entière  responsabilité: 
«  predicto  episcopo  premissa  sciente,  mandante,  procurante,  rataque  et 
grata  habente  et  inpremissis  expresse  conseutiente»  (Acte  du  Parlement, 
/.  cit.). 

5.  Poème  lat.  anon.  :  «Credo  vero,  meojudicio—  presulis  non  fuit  inten- 
tio  —  ut  Ûeret  bec  templi  fr«^ctio — sed  portarum  solum  subversio.  »  Fol.  51  r°. 


LE    PROCÈS    DE    LOUIS   DE    POITIERS  579 

effet  s'expliquer  ainsi  :  en  faisant  détruire  les  dix  portes  de  pierre 
et  de  bois  qui  donnaient  accès  dans  le  cloître  \  en  en  faisant 
transporter  au  loin  les  débris,  au  vu  et  au  su  de  toute  la  popu- 
lation de  Langres  \  il  terminait  sa  campagne  contre  les  immu- 
nités du  chapitre.  Néanmoins,  il  faut  reconnaître  que,  si  Louis 
de  Poitiers  n'encouragea  pas  toutes  les  violences  de  ses  familiers, 
il  dut  profiter  du  trouble  dans  lequel  elles  avaient  jeté  le  clergé 
de  la  cathédrale.  Sur  son  ordre,  sa  petite  armée  envahit  les 
maisons  des  chanoines  et  les  fouilla  de  fond  en  comble  ',  puis 
elle  s'empara  du  four  du  chapitre  et  saisit  le  pain  qu'il  con- 

1.  «Dictusepiscopus,  per  suos  sacrilegos  ministros,  hostis  antiqui  monitu 
adhuc  inductus,  decem  portas  claustri  dicte  ecclesie,  tam  lapideas  quam 
ligneas,  quibus  claustrum  canonicoium  ab  antiquo  clausum  fuerat  ad 
dictos...  decanum  et  capitulum  ab  antiquo  pertinentes,  violenter  et  cum 
armis  conf régit,  dirruit  sacrilège  totaliter  et  destruxit.  »  Enquête,  fol.  18. 
—  «  Necnon  decem  portas  in  claustro  dictorum  decani  et  capituli  existentes 
tune  flrmatas  ad  ipsos  decanum  et  capitulum  pertinentes  per  vim  et 
armorum  potenciam  fregerant,  diruerant  et  ad  terram  projecerant,  cum 
mûris  portarum  predictarum  et  ipsas portas.  »  Acte  du  Parlement,  /■  cit.  — 
((  Omnes  portas  claustri  per  agmina  —  armatorum  fregit  in  fragmina:  — 
ecclesie  firmando  limina  —  ne  intrarent  homo  vel  femina.  »  Poème 
lat.  anon.,  fol.  50  v".  En  même  temps  qu'ils  détruisaient  et  brûlaient  les 
portes,  les  gens  de  Louis  de  Poitiers  incendiaient  les  chambres  de  quelques- 
uns  des  chanoines  situées  auprès  de  ces  portes:  «  Dicti  malefactores,  nomine 
que  supra,  portas  dicti  claustri  ligneas  necnon  quasdam  camerulas  dictorum 
decani  et  capituli...  ecclesie  ..  igné  sacrilège  combuxerunt.  »  Enquête 
fol.  19.  «  (Portas)  cum  quibusdam  cameris  dictorum  decani  et  capituli  juxta 
dictam  ecclesiam  situatas,  ignis  incendio  combuxerant  »  (Acte  du  Par- 
lement, /.  cit.). 

2.  «Lapides  murorum  portarum  sic  destructarum  et  rudera...  palam 
et  publiée  alibi  pertinaciter  transportari.  »  Enquête,  fol.  18.  V,  aussi  Acte 
Parlement,  /.  cit.  D'après  l'auteur  du  poème  latin,  ces  matériaux  auraient 
servi  à  construire  la  partie  des  murs  de  Langres  appelée  «  murs  fraits  », 
«  miiri  fracti  »,  d'où  il  conclut  que  ce  conflit  n'aura  pas  été  complètement 
inutile  et  regrettable:  «De  portarum  pétris  claustri  facti  —  sunt  hi  mûri  qui 
vocantur  fracti  —  hos  lathomi  fecerunt  coacti  ;  —  fit  civitas  memor  hujus 
facti.—  In  hoc  patet  litis  utilitas  —  hujus,  quia  dicet  posteritas  —  quod 
de  portis  claudetur  civitas  —  ubi  major  erat  débilitas.  »  Fol.  50  v".  L'abbé 
Roussel  (o/).  cit.,  p.  112)  attribue  aux  «  murs  fraits  »  une  origine  plus 
ancienne. 

3.  Enquête,  fol.  18. 


580  p.    ALPHANDÉRY 

tenait  en  grande  quantité  ;  elle  occupa  ensuite  une  maison 
jadis  habitée  par  un  chapelain  de  Saint-Mammès,  du  nom  de 
Grégoire,  et  fit  main  basse  sur  tous  les  biens  des  chanoines, 
en  nature  eten  espèces,  contenus  dans  cette  maison  \  Cette  spo- 
liation fut  suivie  de  plusieurs  autres:  le  cellier  et  le  grenier  du 
chapitre  furent  pillés  par  les  hommes  de  l'évêque,  qui,  en  se 
retirant  après  avoir  démoli  les  murs,  emportèrent  deux  cents 
mesures  de  vin  et  cinq  cents  mesures  de  blé,  do  froment  et 
d'avoine*.  L'évêque  ne  s'en  tint  pas  là  :  au  moment  où  les 
vendanges  venaient  d'être  terminées,  il  s'appropria  le  vin  des 
chanoines,  des  chapelains,  même  des  desservants  subalternes 
de  la  cathédrale  et  le  fit  diriger  sur  son  cellier'.  De  même,  ce 
fut  à  l'évêché  qu'il  fallut  porter,  de  gré  ou  de  force,  les  dîmes 
en  vin  eten  blé  que  le  chapitre  avait  coutume  de  percevoir  sur 
la  terre  de  Heuilh-Cotton  et  de  Choilley'.  Enfin,  les  sergentsde 
Louis  de  Poitiers  allèrent  chercher  jusque  dans  la  maison  du 
curé  de  Dammartin  vingt  mesures  de  blé  que  les  chnnoines  y 
tenaient  en  réserve". 

1.  Enquête,  /.  cit. 

2.  «  Dictas  episcopus,  per  suas  gentes  et  malos  niinistros,  celarium  et 
granarium  decani  et  capituliinfra  iramunitatem  et  Ubei-tatem  dicte  ecclesie 
existencia  et  hospicia  eorumdera  frangi  fecit,  et  vina  et  blada  ipsorum 
usque  ad  quantitatemducentorum  modiorum  vini  et  V^  modiorum  bladi, 
frumenti  et  avenae  capi  fecit  ac  eciam  asportari  sacrilège  et  injuste.  » 
Enquête,  fol.  18.—  «  Celarium  postea  frangitur —  granarii  seraque  rumpitur 
—  per  ballivos  frumentum  venditur;  —  ab  his  vinum  optimum  bibitur.  » 
Poème  lat.  anon.,fol.  50  v°. 

3.  «  Dictus  episcopus,  per  suas  gentes  et  malos  ministres^  hoc  anno  pré- 
sent!, in  vendemiis  iiuper  praeteritis,  vina  dictorum  canonicorum,  capel- 
lanorum  et  servitorura  ecclesie  predicte,  sine  causa  et  in  ipsorum  injurianv 
et  contemptum,  capi  fecit  et  ad  domos  dicti  episcopi  et  ad  ejus  hospicia 
transportari.  »  Enquête,  fol.  19. 

4.  Enquête,  fol.  19.'  Heuilly-Cotton,  Ilaute-Marne,  arrondissement  de 
Langres.  Quant  à  Choilley,  c'est  un  autre  bénéfice  sur  lequel  l'évêque 
avait  des  droits  en  qualité  de  seigneur  de  Montsaugeon  (Roussel,  ibid., 
p.  327).  C'est  aujourd'hui  une  commune  de  la  Haute-Marne,  arrondisse- 
ment de  Langres. 

5.  «  Dictus  episcopus,  per  gentes  suas  et  ministres,  violenter  cepit  seu 
capi  fecit  sine  causa  viginti  am[inas]  et  cetera  que  ad  ipsos  decanum  etca- 


LE    PltOCÈS    DE    LOUIS    DE    POITIERS  581 

Pendant  ces  opérations,  Tévêque  avait  attaciié  à  sa  personne 
son  parent,  Henri  de  Bourgogne.  A  peine  ce  personnage  fut-il 
installé  auprès  de  Louis  de  Poitiers,  que  les  chanoines  et  leurs 
familiers  se  virent  surveillés,  puis  ouvertement  menacés\ 
Plusieurs  d'entre  eux  s'enfuirent  de  la  ville  ou  se  réfugièrent 
chez  des  prêtres  paroissiaux,  non  sans  être  poursuivis 
et  traqués  par  les  gens  de  l'évêque'.  Le  service  divin  se 
trouvait  interrompu  '  :  en  effet,  les  quelques  membres  du 
chœur  qui  avaient  eu  le  courage  de  rester  à  leur  poste,  refu- 

pitulum  pertinebant,  in  clomo  curati  de  Domnoaiartino,  in  ipsoriim  decani 
et  capituli  et  ecclesie  Lingonensis  injuriam  et  gravamen.  »  L'acte  du  Par- 
lement n'énumère  pas  ces  spoliations. 

1.  Sur  Henri  de  Bourgogne,  v. Enquête,  fol.  18:  «Dictus  episcopus  fecit  et 
procuravit  singulas  peisonas  de  capitulo  per  nobilem  et  potentem  virum 
dominum  Ilenricum  de  Burgundia,  consanguineum  suum,  ad  domos 
dictorum  canonicorum  habitatorias  diffldari  et  infra  octo  dies  post,eumdem 
dominum  Henricum  perfecit  palam  et  notorie  civitatis  Lingonensis  et 
gardiatorem  ejusdem  constituit  et  per  hoc  et  metu  talium  dictos  canonicos 
et  familiares  dicte  ecclesie  ad  loca  diversa  oportuit  dispergi  et  disverti.  » 
Cf.  Acte  du  Parlement  :  «  Henrico  de  Burgundia,  milite,  ipsius  epis- 
copi  consanguineo,  ibidem  gardiatore  ex  parte  dicti  episcopi  specialiter 
deput[at]o  et  existente,  qui  singulares  personas  ipsius  capituli  dicebatur 
defHdasse,  »  p.  462.  L'auteur  du  poème  latin  ne  fait  aucune  allusion  à  ce 
personnage. 

2.  Enquête, /.cfV.  Poème  lat.anon.,  fol.  50  v"-51 1":  «Quamplurimi  de  statu 
majori  —  canonici  subditi  tiraori  —  effugerunt,  metuentes  mori,  —  et  cum 
ipsis  maxima  pars  chori,—  sicut  oves  lupus  esuriens  —  dispergit  et  stupescit 
veniens, —  sic  chori  pars  iter  arripiens  —  de  loco  fit  in  locum  fugiens.  — 
Perterriti  quidem  per  nemora  —  effugerunt  veluti  peccora  ;  —  abscon- 
derunt  alii  corpora  —  in  domibus  quas  cingunt  litera  ;—  circum  circa 
profugi  currebant  —  et  in  villis  qui  notos  habebant  —  et  alios  curati 
latebant  —  in  secretis,  quum  ipsos  tiraebant  —  discriminis  eventum  futuri 
—  ignorantes  quem  forent  passuri;  —  ulla  domo  vix  erant  securi  — quamvis 
eam  tutarentur  mûri! —  ...Hec  minime  fuga  profuisset —  quibusdam, 
si  presul  voluisset  —  quia  plures  eorum  cepisset.  »  D'après  l'abbé 
Mathieu  {op.  cit.,  p.  133),  les  chanoines  se  seraient  réfugiés  à  Dijon  avant 
d'avoir  recours  au  roi.  L'abbé  Roussel  {op.  cit.,  p.  111)  répète  cette  asser- 
tion sans  l'appuyer  non  plus  de  preuves.  Le  procureur  du  chapitre,  pas  plus 
que  l'auteur  du  poème  anonyme,  ne  signalent  cet  exode. 

3.  «  Sic  dictam  ecclesiam  suis  debitis  divinis  obsequiis  deiïraudendo  et 
cultum  diviuum  impediendo,  ex  quibus  non  estdubium  dictam  episcopum 
cum  suis  sacrilegis  sententiam  canonis  incurrisse.  »  Enquête,  fol.  18. 


582  -  P-    ALPHANDERY 

screiit.  malgré  les  injonctions  do  Louis  de  Poitiers,  de  célébrer 
les  oflices  dans  la  cathédrale  souillée  et  devant  un  prélat  que, 
d'avance,  ils  considéraient  comme  excommuniéV  L'évoque  dut 
recruter  des  desservants  dans  différents  couvents .  Ceux  des 
prêtres  de  Saint-Mammès  qui  n'avaient  pas  encore  fui  refu- 
sèrent de  chanter  aux  offices  avec  ce  chapitre  improvisé  : 
Tévêque  les  tit  emprisonner,  et  les  chapelains  ou  les  familiers 
de  l'église  qui  s'étaient  associés  à  leur  résistance  furent  expulsés 
de  leurs  maisons  ;  leurs  biens  furent  retenus  et  les  scellés 
apposés  sur  leurs  portes*. 

Cependant  il  ne  semble  pas  qu'à  aucun  moment  les  mesures 
violentes  prises  par  Louis  de  Poitiers  aient  menacé  l'existence 
même  des  chanoines  de  la  cathédrale  ni  de  leurs  serviteurs  ou 
vassaux.  L'évêque  n'en  voulait  qu'à  leur  indépendance  ;  mais 
ses  gardes  s'étaient  répandus  dans  la  ville,  et,  jour  et  nuit, 
terrifiaient  les  habitants.  Les  laïques  eux-mêmes  paraissent 
n'avoir  pas  été  à  l'abri  de  leurs  brutalités,  mais  elles  s'exer- 
cèrent surtout  contre  les  prêtres,  peut-être  même  contre  ceux 
qui  n'appartenaient  pas  à  la  paroisse  de  Saint-Mammcs.  Sitôt 

1.  «  Ecclesiam  volens  denionstrare  —  non  poHutam,  presul  celebrare  — 
missam  fecit  et  tympanizare.  »  Poème  lat.  anon.,  i'ol.  51  v°.  —  «  Episcopus, 
per  suas  gentes  et  malos  ministres,  domos  plurium  capellanorum,  familia- 
rium  dicte  ecclesie  Lingonensis,  de  juridictione  omnimoda  dictorura... 
decani  et  capituH  ab  antiquo  existentium,  nna  cum  bonis  ibidem  existen- 
tibus  barrari  fecit  ac  eciam  sigillari  indebite  et  injuste,  ex  hoc  et  propter 
hoc  quod  dioti  capellani  in  ipsa  ecclesia  sic  oxecrata  et  in  persona  excom- 
municatorum  ibidem  tune  existentium^  ad  niandatum  dicti  episcopi  nole- 
bant  celebrare.  »  Enquête,  fol.  18. 

2.V.  Enquête,  supra.  Dans  Poème  lat.  anon.,  loi.  .51  v":  «  Canonicos  absentes 
pi'oprios  —  videns  presul  et  prebendarios,  —  constituit  pro  ipsis  alios  — 

assumptos  per  conventus  varies; —  Hinc  quibusdam  chori  presbiteris 

—  decantare  jussitcumceteris;  — -  nolentibus  ministri  sceleris  —  ministra- 
bant  tormenta  carceris.» — Peut-être  était-ce  l'un  d'entre  eux  que  cet 
Etienne  de  Limoges  qui  fut  traité  par  l'évêque  avec  une  rigueur  particulière  : 
«  Dictus  episcopus,  per  suas  gentes  et  ministros,  domum  domini  Stephani 
Lemovicensis  capituli  et  de  choro  dicte  ecclesie,  qui  capellanus  est  et  erat 
de  omnimoda  juridictione  dictorura  decani  et  capituli,  frangi  fecit  et  archas 
ibidem  existentes  et  bona  ibidem  existentia  que  plurima  capi  fecit  ac 
eciam  devastari.  »  Enquête,  fol.  20. 


LE    PROCÈS    DE    LOUIS    DE    POITIERS  583 

que  les  gens  de  l'évcque  apprenaient  qu'un  prêtre  était  sorti  de  sa 
maison  ou  devait  se  rendre  en  un  endroit  isolé,  ils  l'arrêtaient', 
et,  avant  de  l'entraîner  en  prison,  lui  faisaient  subir  un  trai- 
tement d'une  telle  violence  qu'un  jeune  clerc,  Jean  de  Talent, 
mourut  des  coups  qu'il  avait  reçus  d'cux^  Il  leur  arriva  même 
de  sortir  delà  ville  pour  aller  attaquer  jusque  dans  sa  ferme  un 
vassal  du  chapitre  resté  fidèle  à  ses  maîtres.  C'est  ainsi  qu'une 
nuit,  un  familier  del'évêque,  nommé  Li  Convers,  accompagne 
d'une  troupe  de  gens  armés,  chercha  à  s'emparer  «  in  villa 
Culleys  Cotlione  »  de  Pierre  Coyllaut,  homme  «  taillable  et 
exploitable  »  du  chapitre  et  comme  celui-ci  cherchait  un  asile 
dans  l'église  de  sa  paroisse,  ce  fut  sous  le  porche  même  de  cette 
église  que  Li  Convers  le  tua'.  L'évêque  ne  fitaucune  dilFiculté 
de  garder  l'assassin  parmi  ses  gens,  et  comme  les  membres  du 
chapitre,  ou  du  moins  les  quelques  rares  chanoines  qui  n'étaient 

1.  ((  Satellites  graves  insidie  —  sine  norma  misericordie  —  verberabant 
viros  cothidie  —  civitatis  tam  nocte  quam  die.  —  Plures  quidem  fuerunt 
niancipati  —  sacerdotes  et  incarcerati  —  tali  modo,  qui  sunt  iiominati  — 
in  registris  Maninietis  beati,  — quibusdani  fitcarceris  terminus  —  longus 
utconstituit  dominus —  et  alius  exivit  protinus,  —  secundum  quod  dclin- 
querat  minus,  —  Silongitei-  quemdam  sacerdotum  — nocte  scirent  a  domo 
remotum  —  vel  euntem  in  locum  remotum  —  jus  carceris  erat  illi 
notum.  ))  Poème  lat.  anon.,  fol.,  52  r". 

2.  L'enquête  pontificale  ne  contient  aucune  allusion  à  ce  meurtre.  Voici 
en  quels  termes  l'auteur  du  poème  latin  le  raconte  :  «  Quis  ignorât  quendam 
pro  vcrbere  —  presbiterum  de  choro  sumere  —  diram  mortem,  certum  est 
crodere,  —  liunc  teneri  presulis  carcere.  —  Hic  juvenis  fuit  nominatus — • 
de  liis  qui  tune  erat  prebendatus —  Jofhjannes  et  de  Talento  natus.  — Ante 
templum  Mauimetis  est  vectus  —  sepultusque  facie  detectus.  — Pius  fuit 
illius  aspectus,  —  ipsa  die  fuit  circumspectus.  —  l'erré  corpus  et  anima 
Christo  —  datur...  »  (Fol.  52  r°). 

3.  ((  Item  quidam  dictus  LlConrors,  familiaris  et  ministerialis  dicti 
episcopi,  nomine  ipsius  episcopi  et  ipso  ratum  habente,  insidiis  pensatis 
et  de  nocte  cum  magna  multitudine  armorum  in  villa  de  Culleys  Cothone, 
sita  in  justicia  alta  et  bassa  dictorum  decani  et  capituli,  quendam  homi- 
nem  dictorum  decani  et  capituli  tailliabilem  et  explectabilem  nomine 
Petrum  Coyllaut,  sub  porticu  parrochialis  ecclesie  dicti  loci  et  in  loco 
immunitatis  ecclesie  ad  quam,  causa  immunitatis  habende,  confugerat^ 
interfecit,  sacrilegum  et  homicidium  simul  et  semel  committendo,  quod 
est  extraneum  ab  episcopali  sanctitate.  »  Enquête,  fol.  19. 


584  P-    ALPHANDERY 

encore  ni  fugitifs  ni  prisonniers,  demandaient  que  le  meurtrier 
sacrilège  fût  pmii,  Louis  de  Poitiers  ne  tint  aucun  compte  de 
leur  requête'. 

Ainsi  Louis  de  Poitiers  avait  pris  au  chapitre  ses  franchises 
et  ses  revenus  ;  il  faisait  emprisonner,  il  laissait  même  tuer 
impunément  les  serviteurs  et  les  vassaux  du  chapitre.  Sur  le 
clocher  de  Saint-Alammès,  sur  le  grenier  et  le  cellier  qu'ilavait 
fait  piller,  sur  les  portes  et  les  tours  des  maisons  soumises  à  la 
haute  et  basse  juridiction  capitulaire,  il  lit  placer  son  étendard 
((  lanquam  victores  capta  praeda,  quod  cedit  in  Dei  et  sancte 
))  ecclesie  ignominiam'  ». 

Cependant,  lorsque  leur  première  stupeur  se  fut  dissipée,  les 
chanoines  commencèrent  à  se  concerter  sur  les  moyens  de 
sortir  d'une  situation  si  critique'.  Le  chapitre  était  sous  la 
sauvegarde  royale  :  ce  fut  donc  au  roi  qu'ils  s'adressèrent 
d'abord.  Le  procureur  du  chapitre  se  rendit  sans  doute  à  Pa- 

1.  Enquête,  /.  cit. 

2.  «  Dictus  episcopus,  per  suas  gentes  et  malos  ministros,  vexilla  ipsius 
episcopi  supra  ipsam  eeclesiam  Lingonensem  et  in  campanilibus  ejusdem, 
ac  si  victoriam  hostilem  superasset,  ac  super  granarioset  celarios  ipsorum 
decani  et  capituli  existentes  infra  immunitatem  et  iibertatem  ecclesiasti- 
corum  apposuit  et  fecit  apponi. —  Item  dictus  episcopus,  per  suas  gentes  et 
ministros,  apposuit  et  fecit  apponi  super  plures  portas  et  turres  que  sunt  ipso- 
rum decani  et  capituli  et  in  ipsorum  altam  et  bassam  juridictionem,  Iiberta- 
tem et  justiciam  ipsorum  decani  et  capituli. . .  »  Enquête,  fol.  19.  —  «  Super 
portas  claustra  de  campellis  —  de  submuro,  gens  ea  rebellis  —  signa  fixit 
que  presulin  bellis  —  fert;  ob  hocplebs  stupebat  inbellis.  »  Poème lat.anon., 
fol.  .52  i'\  Néanmoins,  à  voir  les  mesures  de  prudence  que  prenait,  au  même 
moment,  Louis  de  Poitiers,  il  semble  bien  qu'il  ne  se  soit  pas  fait  d'illusions 
sur  la  durée  de  sa  victoire  et  de  son  impunité  :  «  Per  plures  noctes  per 
ipsum  claustrum  excubias  cum  armisapparatis  fecit  etfieri  mandavit.  »  En- 
quête, fol.  19. — «  Velud  castrumgens  illa  bellica  — loca  munit occlesiastiea; 
—  porta  templi  non  erat  aliqua  —  que  non  foret  manus  terrifica.  »  Poème 
lat.anon.,  fol.  .50  r°.  Les  gensdel'évêque  n'avaient  d'ailleurs  pas  tardé  à  trans- 
former la  cathédrale  en  corps  de  garde:  comme  eux,  les  nouveaux  chanoines 
réunis  par  l'évêque  s'étaient  armés,  de  crainte  de  quelque  surprise  :«  Hora 
misse  super  altaria  —  arma  sua  portabant  varia  —  pontificis  gens  teme- 
raria  —  manensibi  qualibet  feria...  »  Poème lat.  anon.,  fol.  52  r°. 

3.  «  Hinc  colligit  sese  ad  invicem  —  in  seeretis  contra  puntificem  — 
capitulum...  »  Poème  lat.  anon.,  fol.  52  v\ 


LE    l'IlOcÈS    Dt:    LOLIS    DE    l'OiriEKS  585 

ris'  pour  exposera  Philippe  Vies  griefs  des  chanoines  de  Saint- 
Mammès  contre  leur  évoque.  Les  torts  de  celui-ci  étaient 
évidents,  mais  le  roi  pensa  qu'un  simple  avertissement  sulhrait 
à  le  ramener  au  respect  des  libertés  et  des  biens  du  chapitre. 
Louis  de  Poitiers  refusa  tout  accommodement  ;  il  ne  croyait 
pas  être  sorti  des  limites  de  son  autorité  ;  le  pape  lui  avait 
confié  l'église  de  Langres,  il  n'en  voulait  rien  abandonner  à 
d'autres'.  En  présence  du  mauvais  vouloir  de  leur  évêque,  les 
chanoines,  par  l'intermédiaire  de  leur  procureur,  l'accusèrent 
alors  devant  le  Parlement  de  Paris,  et  son  procès  commença 
dans  les  derniers  mois  de  1320. 

D'ailleurs,  le  chapitre  ne  se  Borna  pas  à  soumettre  sa  cause  à 
la  justice  royale.  Plusieurs  de  ses  membres  allèrent,  en  môme 
temps,  porter  leurs  plaintes  devant  Jean  XXIP.  Mais  ce  ne  fut 

1.  «  Cuui  in  curia  nostra,  tempore  doinini  gerniani  iiostri  novissinie 
defuncti,  noster,  pro  jure  régis,  et  dilectorum  nostrorumdecani  et  capituli 
ecclesie  Lingonensis,  procuratores  proposuissent,  dictorum  videlicet  decaiii 
et  capituli  procurator  denunciando,  protestacione  prehabita  quod  ad 
penam  sanguinis  non  intendebat,  quod...  »  Acte  du  Parlement,  loc.  cit., 
p.  4G1.  —  «  (Capituluni)  poseens  ad  iuvieem  —  manum  régis  sibique 
judicem;  —  canonici  sese  regalibus  — subjecerunt  in  temporalibus  — ut  per 
regem  possent  in  omnibus  —  restitui  possessionibus.  —  Hos  recepit  rex 
venerabilis  —  tanquam  custos  insuperabilis  ;  —tune  peripsos  datur  presuli 
lis,  —  coram  rege,  satis  odibilis.  »  Poème  lat.  anon.,  /.  cit. 

2.  ((  Rex  mandavit  tune  ipso  presuli  —  super  pace  sui  capituli,  —  sed  hii 
tanquam  féroces,  seduli,  —  objiccrunt  quod  euncta  retuli. —  Hec,  virtute 
juris  communis,  se  —  atîlrmabat  pontifex  fecisse,  —  dicens  papam  sibi 
concessisse  —  ecclesiam.  »  Poème  lat.  anon.,  loi.  52  v°  et  53  r". 

3.  «  Parisius  arripiunt  iter  — et  ad  papam  pergunt  similiter.  »  Poème  lat. 
anon.,  fol.  53  v".  Au  sujet  de  ces  démarches  du  chapitre  auprès  de  la  cour  de 
Rome,  on  lit  dans  l'ouvrage  de  l'abbé  Mathieu  :  «  Les  chanoines  deLangres 
envoient  en  1320  une  circulaire  à  plusieurs  chapitres  de  France,  entre  autres 
à  ceux  de  Lyon,  de  Besançon,  d'Autun,  de  Mâcon  et  de  Châlons.Tous  font 
cause  commune  et  s'assemblent  à  Sainte-Geneviève  de  Paris  pour  délibérer  ; 
ils  portent  leurs  plaintes  au  Saint-Siège;  les  chapitres  de  Chartres  et  de 
Rouen  prennent  aussi  part  à  cette  affaire  et  écrivent  au  souverain  pontife  : 
(op.cit.,p.V33).  L'abbé  Roussel  (op.  cit.,  p. 112)  parle  de  même  d'une  action 
commune  des  chapitres  de  Langres,  Lyon,  Besançon,  Autun,  Mâcon  et 
Châlons,  sans  mentionner  la  participation  des  chapitres  de  Chartres  et  de 
Rouen.  Nous  n'avons  trouvé,  ni  dans  le  poème  latin  anonyme,  ni  dans  les 

Moyen  Age,  t.  XIIL  34 


586 


l\    ALlMIANltKHV 


qu'au  début  de  janvier  1.351  que  le  pape  désigna  deux  com- 
missaires, les  abbés  de  Cluny  et  de  Baume,  pour  faire  une 
enquête  sur  les  causes  du  conllit  dans  le  pays  même  où  il  avait 
éclaté'.  Or,  dans  le  courant  du  mois  de  novembre  1320,  la 
situation  de  Langres   s'était  encore  aggravée. 

Le  Parlement  avait  commencé  par  mener  l'instruction  du 
procès  avec  une  lenteur  funeste  aux  intérêts  des  chanoines  qui, 
nous  l'avons  vu,  subissaient  chaque  jour  de  nouvelles  spolia- 
tions'. De  plus,  Louis  de  Poitiers  s'était  fait  représenter  devant 
la  cour  royale  par  un  procureur  qui  souleva  tout  de  suite  un 
cas  do  nullité:  Tévêque  de  Langres  était  pair  de  France,  et  l'on 
devait  user,  dans  une  affaire  où  il  était  partie,  d'une  procédure 
exceptionnelle'.  Comme  le  chapitre  avait  trop  à  souffrir  de 
ces  retards,  le  roi  avait  décidé  d'y  mettre  un  terme,  et  deux 

autros  textes  conteuipoi-ains  que  nous  avons  eus  à  notre  disjiosition,  rien 
qui  iniliquât  que  les  chanoines  eussent  essayé  d'intéresser  d'autres  chapitres 
à  leur  cause.  La  lettre  par  laquelle  Jean  XXII  l'épond  à  leurs  plaintes, 
leur  est  personnelle  et  ne  contient  aucune  allusion  à  une  requête  collective. 
Le  premier  historien  des  évêques  de  Langres,  Claude  Félix,  n'en  parle  pas 
non  i)lus. 

1 .  Les  registres  de  Jean  XXII  n'ayant  pas  encore  été  publiés,  c'est  à  l'obli- 
geance de  M.  René  Poupardin,  membre  de  l'École  française  de  Rome,  que 
nous  devons  d'avoir  pu  prendre  connaissance  des  trois  actes  de  la  chancellerie 
lîontificale  relatifs  au  procès  de  Louis  do  Poitiers.  Ces  actes  se  trouvent,  le 
premier,  Reg.71,  fol.  261  v%n"  293,1e  second  et  le  troisième,  Reg.71,fol.262, 
n"  293  III.  Parle  premier,  le  pape  annonce  à  Louis  de  Poitiers  qu'il  envoie 
dans  son  diocèse  deux  commissaires,  les  abbés  de  Cluny  et  de  Baume  (et 
non  de  Beaumont  comme  le  disent  l'abbé  Mathieu  et  l'abbé  Roussel).  Le 
second  est  envoyé  aux  deux  abbés  pour  les  charger  de  leur  mission.  Le 
troisième,  qui  reproduit  à  peu  près  textuellement  les  termes  du  premier, 
avise  les  chanoines  de  Saint-Mammès  de  l'iirrivée  prochaine  des  commis- 
saires pontificaux.  / 

2. «Palacii  lis  coram  magistris— regaliuni  jui-ium  ministris,  — discutitur 
liée  verbis  sinistris  —  registratis  in  régis  registris.  »  Poème  lat.  anon., 
fol.  .'Î3  V". 

3.  «Dicti  episcopi  procuratore  ad  premi^sa  vocato  et  présente  et  plurcs 
raeiones  ad  ipsius  episcopi  exeusacionem  dumtaxat  proponente  et  dicente 
dictum  episcopum  esse  parem  Francieetob  hoc  ipsum  non  esse  sufficienter 
vocatum  nec  eumdem  extra  PallamcnUnn  super  hoc  respondere  nec 
ulterius  procedere  debere.  »  Acte  du  Parlement, /oc.  cit.,  p.  462.  Ce  procu- 
reur était  Jean  de  Nuiz  (Enquête,  fol.    15). 


Ll^    l'KOCKS    |)K    I.OLIS    IJK    l'OlTlEUS  587 

commissaires,  accompagnés  de  deux  notaires  royaux,  avaient 
été  envoyés  à  Langres  afin  d'y  faire  une  prompte  enquête\ 

Les  commissaires  rassemblèrent  d'abord  les  membres  du 
chapitre  qui  s'étaient  dispersés,  les  ramonèrent  à  Langres,  puis, 
solennellement,  en  présence  de  la  foule  des  habitants  de  la 
ville,  ils  déclarèrent  que  le  chapitre,  les  clercs^  prêtres,  cha- 
pelains, familiers  et  serviteurs  de  la  cathédrale  étaient  sous  la 
garde  du  roi  et  que  l'on  s'exposait,  en  portant  la  main  sur  leur 
personne  ou  sur  leurs  biens,  à  toute  la  sévérité  de  la  justice 
royale.  Après  cette  démonstration,  [ils  lurent  en  présence  de 
l'évèque  le  texte  de  leur  commission*  :  le  roi  enjoignait  à  Louis 
de  Poitiers  de  rétablir  les  chanoines  dans  leurs  dignités  pri- 
mitives, de  leur  remettre  les  clefs  de  la  cathédrale,  d'en  faire 
ouvrir  le  trésor  et  délaisser  le  chapitre  y  reprendre  ses  biens\ 
Ainsi,  avant  même  que  Tenquête  eût  été  commencée,  le  roi 
semblait  reconnaître  le  l^ien  fondé  des  plaintes   du   chapitre  et 

1.  «  Prodiela  cui'ia,  «'lliii  pi-oeuratiir  dicti  opis('(>pi  petita  ot  roquisita 
pcp  dietos  pi'Oeiiratores  deleiidere  nollet  née  ultoriiis  procederc  in 
jjreniissis,  tam  gravia  tanique  detestabilia  et  ncphanda  crimina  procul 
dubio  in  superioi-itatom  et  juridifionis  régis  prejudicium  et  con- 
tenipiuni  redundancia,  eonnivontibus  ocnlis  pertransire  et  inipuniter 
nolens  renianere,  certis  comniissai-iis  modo  et  forma  in  eommis- 
sione  sujKn'  hoc  concessa  eontentis,  predicta  ablata  restitni  et  premissa  ad 
statnm  pristinum  reponi,  eosdemque  canonicos  ex  habundonti  in  speciali 
garda  suscipiendo,  neenon  depredictis  excessibus  et  aliis  in  dietis  articulis 
eontentis  sumraarieetde  piano  veritatem  inquiri  et  inquestam  conipletam 
predicte  curie  remitti  mandavit.  »  Acte  du  Parlement,  loc .  cit.—  «  Sed  ut 
quisqne  minus  lederetur  —  et  citius  rex  expedirotur  —  voluit  rox  quod 
committeretur  —  doctis  per  quos  iactum  nosceretur.  —  Rex  commisil  hec 
commissariis  —  cum  duobus  suisnotariis  —  qui  faventes  régis  imperiis  — 
restaurarent  pi-opria  propriis.  »  Poème  lat.  anon.,  fol.  53  r",  54  r". 

2.  Le  poème  latin  donne  les  noms  de  ces  deux  commissaires:  ((C;il\  iniontis 
lit  commissarius  —  balivus  et  Jo.,  vir  egrcgius —  de  Preda.    »   Foi.,  56  i-". 

3.  «Sed  pi-esule  primo  requisito  —  quod  poneret  in  statu  debito  — capi- 
tulnm  expulsum  subito  —  a  propriiset  sine  mérite,  —  requiritur  ut  elaves 
tiaderet  —  eeclesie  que  vini  repelleret,  —  apperire  thesaurum  faceret  — 
bona  sua  quod  quisquis  caperet...»  Poème  lat.  anon.,  fol.  54  r".  Les  commis- 
saires, dès  leur  arrivée,  avaient  dressé  l'inventaire  des  biens  pris  aux  cha- 
noines :  Poème  lat.  anon.,  loc.  cit. 


588  p.  Ai,iMi.\NDi':i;v 

la  culpabilité  de  l'évêque.  Néanmoins,  lorsqu'on  lui  eut  lu 
Tordre  royal  et  après  qu'on  lui  en  eut  remis  une  copie\  Louis  de 
Poitiers  répondit  qu'il  obéirait,  bien  qu'il  se  considérât  comme 
le  légitime  propriétaire  des  biens  que  réclamaient  les  cha- 
noines'. Au  dire  de  Tauteur  du  poème  latin  anonyme,  les 
gardes  que  l'évêque  avait  placés  en  garnison  dans  l'église  de 
Saint-Mammès  se  seraient  enfuis  en  apprenant  l'arrivée  des 
commissaires  royaux';  mais,  dès  le  lendemain  (26  no- 
vembre 1320)*,  Louis  de  Poitiers  changea  d'attitude  :  il  refusa 
nettement  d'ouvrir  au  chapitre  ces  nouvelles  portes  de  la  cathé- 
drale qu'il  avait  fait  garnir  de  poutres  et  de  barres'.  A  grand'- 
peine  on  parvint  à  les  enfoncera  coups  de  maillets  de  fer,  sur 
l'ordre  des  commissaires  royaux,  tandis  que,  devant  l'église, 
les  chanoines  attendaient  anxieux^  Ils  savaient  que  ce  retour 


1.  Acte  du  Parlement,  lor.  cit. 

2.  «Fit  presulis  talis  respontio  —  duni  locta  sit  Iionini  coiiiinissio  — 
quod  pareret  régis  imperio,  —  quanivis  esset  sua  possessio.  »  Poème  lat. 
anon.,  fol.   54  r°. 

3.  «  Tune  presulis  cm  lies  scutiferi  —  qui  in  templo  erant  et  ceteri  — 
cxierunt  cum  pedeceleri  —  ne  darentur  regio  carceri.  »  Poème  lat.  anon., 
fol.  54  r\ 

4.  Bien  que  le  procureur  du  chapiti'e,  dans  le  récit  de  ces  événements  devant 
les  commissaires  pontificaux,  ne  tasse  pas  une  seule  fois  allusion  à  la  venue 
des  commissaires  royaux,  il  semble  impossible  de  ne  pas  admettre  que  son 
récit  se  rapporte  aux  mêmes  faits  que  ceux  qui  sont  contenus  dans  les  consi- 
dérants de  l'arrêt  du  Parlement  (Acte  du  Parlement,,  loc.  cit.,  p.  462). 
Presque  tous  les  détails,  des  expressions  même,  sont  identiques  dans  les  deux 
documents.—  D'après  les  procureurs  du  chapitre,  ces  événements  eurent  lieu 
le  lendemain  de  la  fête  de  sainte  Catherine,  le  26  novembre  1,320  par  con- 
séquent. La  veille  de  la  fête,  les  chanoines  auraient  demandé  à  l'évêque 
l'autorisation  de  rentrer  dans  la  cathédrale  :  non  content  de  la  leur  refuser, 
l'évêque  aurait  fait  doubler  le  service  de  garde  aux  environs  des  portes  de 
l'église,  de  crainte  que  les  chanoines  n'y  pénétrassent  malgré  lui  (Enquête, 
fol.  20).  L'acte  du  Parlement  n'indique  pas  de  date. 

5.  «  Dictas  portas  que  cum  magnis  fustibus  et  barris  erant (irmato.  »  Acte 
du  Parlement,  /oc.  cit.,  p.  462. —  «In  crastino  parère  noluit,  —  claves  templi 
prebere  renuit.  »  Poème  lat.  anon.,  fol.  54  r". 

6.  Acte  du  Parlement,  loc.  cit.  —  «  Sed  gens  régis  jiortas  apperuit  — 
ecclesie  sicut  apparuit  ;  —  decanus  et  canonici  stabant  —  ante  templum  ; 
illud  expectabant  —  apperiri  sic  sit  ut  optabant  —  quod  régales  eis  limcn 
dabant.  »  Poème  lat.  .-mon.,  fol.  5iv". 


LE    PROCÈS    DE    LOfIS    DR    POITIF.nS  589 

SOUS  la  protection  des  agents  royaux  allait  attirer  sur  eux  toute 
la  colère  de  l'évcque  ;  aussi  leur  rentrée  fut-elle  d'une  singu- 
lière humilité'.  Le  procureur  du  chapitre  qui  déposa  devant  les 
commissaires  pontificaux  et  qui,  visiblement,  tient  à  [)rouver 
que  les  chanoines,  dans  leur  conflit  avec  l'évêque,  n'ont  jamais 
enfreint  la  discipline  ecclésiastique,  insiste  sur  leur  attitude 
soumise  et  pieuse  au  moment  où  ils  reprirent  possession  de  leur 
église:  «In  habitu  decenti  cum  capis  et  aniuciis  et  supelliciis 
»  decentibus,  dévote  intraverunt  ad  chorum  dicte  ecclesiecum 
))  humilitate,  se  trahentes  ibidem,  orationes  emittentes  sub 
»  emissa  voce'.  »  Tandis  que  s'enfuyaient  les  moines,  prêtres  et 
clercs  réunis  par  l'évêque  en  l'absence  des  chanoines,  ceux-ci 
arrivèrent  ;i  la  porte  de  la  salle  capitulaire'  et,  a  curialiter  et 
sine  violencia  »,  demandèrent  qu'on  leur  en  ouvrit  les  portes. 
Ils  se  heurtèrent  â  un  refus  :  c'était,  en  effet,  Jean  de  Nuiz  qui 
avait  reçu  pour  consigne  de  les  empêcher  de  pénétrer*.  Déjà 
les  gensdu  roi  s'apprêtaient  à  venir  à  leur  aide,  lorsque  se  pro- 
duisit un  coup  de  théâtre  :  une  troupe  armée  fit  irruption  dans 
l'église. 
L'évêque,  en  effet,  n'avait  pas  tardé  à  être  informé  de  l'entrée 

1.  «  Tune  iu  templum,  apertis  l'oribu«,  —  canouici  cum  sacerdotibus  — 
intraverunt  et,  flexis  genibus,  —  oraverunt  devotis  precibus.  »  Poème  lat. 
anon.,  loc.  cit. 

2.  Enquête,  fol.  20. 

3.  «  In  codem  instant!  dicti  decanus  et  capitulum  ad  portam  loei  in  que 
consueverunt  capitulum  tenere,  de  communi  assensu  procedente.s,  ipsum 
locum,  causa  negociandi  et  capitulandi,  intrare  crediderunt,  suo  jure  uti 
Aolente.s.  »  Enquête,  fol.  20.  —  «  Pervenerunt  hinc  ad  introitum,—  capituli 
ferentes  habitum  —  ut  intrarent  intus  ad  libitum.»  Poème  lat.  anon.,  fol.  34  v°. 

4.  <(  In  hac  parti;  dictus  episcopus  nepharie,  violenter  et  sacrilège,  per 
suas  gentes,  videlicet  per  Johannem  de  Nuciaco,  procuratorem  suum,  et  per 
offlcium  suum  excessum  Lingonensium  hostiarum  dicti  capituli  seratum 
tenentem  et  clausum  introitum  debitum  et  ingressum...  decano  et  capitulo 
injuste  et  inhumanitor  deuegavit  et  denegari  fecit...  »  Enquête,  fol.  20.  — 
«  Ante  hostium  capituli,  ad  instanciam  dictorum  decani  et  capituli  requiren- 
ciumdictos  commissarios  ut  hostium  dicti  capituli  facerentapperiri,predicti 
commissarii,  unacum  dictis  decano  et  capitulo  venissent  et  ibidem  forent.» 
Acte  du  Parlement,  loc.  cit.,  p.  452.—  «  Sed  hoceis  fuit  prohibitum;—  gens 
presulis  limon  prohibuit.  »  Poème,  lat.  anon.,  fof.  34  v". 


590  r.  ALPiiAxnKiîY 

dans  la  cathédrale  des  commissaires  royaux  suivis  de  tout  le 
chapitre.  L'auteur  du  poème  latin  anonyme,  assez  avare  ce- 
pendant de  narrations  pittoresques,  décrit  avec  quelque  couleur 
kl  scène  qui  se  passa  à  révcché  lorsque  Louis  de  Poitiers  y  ap- 
prit ces  mauvaises  nouvelles,  a  A  ce  moment,  Tévêque  était  à 
))  table,  et  avec  lui  ses  fidèles,  assez  nombreux.  Il  leur  dit, 
»  la  main  étendue  :  a  C'est  vous  que  je  charge  de  me  défendre.)) 
»  Alors  chez  les  chanoines  auxquels,  à  ce  moment,  on  refusait 
))  l'entrée  du  chapitre,  se  répaijdit  la  crainte  soudaine  d'un 
»  massacre  général  et  chacun  gagna  les  portes  de  l'église.  Car 
))  les  gens  de  l'évêque,  abandonnant  leur  festin,  avaient  saisi 
»  c|ui  une  épée,  qui  un  bâtonnet  couraient  vers  la  salle  du  chapitre 
»  en  chassant  devant  eux  la  foule  hors  de  l'église'.  »  Peut-être 
ne  faut-il  accepter  ce  récit  que  sous  réserves.  Il  est  invraisem- 
blable que  l'évêque  n'ait  compté  que  sur  un  moment  d'enthou- 
siasme de  ses  fidèles  pour  chasser  de  l'église  les  chanoines  et 
les  commissaires  royaux  :  il  est  beaucoup  plus  probable  que 
cette  attaque  fut  préméditée.  D'après  le  procureur  du  chapitre, 
ce  fut  une  véritable  petite  armée  qui  sortit  de  l'évêché  pour 
envahir  la  cathédrale  et  y  commettre  de  nouvelles  violences  : 

In  eodem  instante.. .  idem  episcopus,  per  se  seu  per  alium  suo 
nomine  ipso  ratum  habente,  magnam  multitudinem  gentium  arma- 
torum  scilicet  militura  scutiferorum  ballivi,  valletorum  et  garcionum 
de  familia  seu  vestibus  dicti  episcopi  existentiuni-,  lune  de  domo 
ipsius  episcopi  exeuntiuni  et,  expostfacto,  ad  eandem  redeuntium, 
cum  armis,  fustibus  et  gladiis  patentibus,  ipsam  ecclesiam  Lingonensem 
ingredientium  et  claraantium  dictis  decano  etcapitulo  et  cuilibet  eo- 
rumdem:  «  A  la  mort!  à  la  mort!  Vuidiez,  vuidiez!  A  eus!  a  eus! 
Fuiez,  fuiez  !  »  qui  predicti  armati  injuriose  et  contumeliose  versus 
ipsosdecanum  et  capitulum  et  alios  presbiteroset  clericos  dicte ecclesie 
se  flectantes,  eosdem   vocando,  percutiendo,  boutando  et  ad  terrani 

1.  Fol.  54v"-.55  r°. 

2.  «  Extititquod  prefati  episcopi  gentes,  servientes,  ministeriales  et  fami- 
liares  nonnulhque  alii  milites,  domicolli  ae  valleti,  eoriim  complices  in  hac 
parte,  de  domo  dicti  episcopi  exeuntes,  cum  ai-mis  proliibitis  et  appareii- 
tibus,  magna  multitudine  gencium  coadhunata. . .  »  Acte  du  Parlement., 
loc.  cit. 


i,i':  PKocKs  i)K  i.ons  de  l'orni-.us  501 

viliter  prosternendo  et  plures  eorum  pedibus  conculcando  sacrilège  et 
aliquosde  ensibus  vulnerando  usque  ad  eff usionem  sanguinis,capa.s  et 
vestes  eorum  disrurapendo  et  ipsos  de  dicta  ecclesia  cum  gladiis  et 
fustibus  prcdictis,  violenter  et  judayce,  in  Dei  opprobriuni  et  sancte 
Doi  ecclesie  contemptum  et  ipsorum  decani  et  capituli  et  totius  cleri 
ecclesie  servientis  injuriam  et  conturaeliam,  sacrilège  irruerunt'.  » 

Dans  cette  poursuite,  où  les  gens  de l'évêque  frappèrent  indis- 
tinctement clercs  etlaïqucs,  chanoines  et  fonctionnaires  royaux*, 
il  n'y  eut  cependant  qu'un  meurtre  :  Jean  de  Chaumes,  cha- 
noine de  Saint-Mammès,  mourut  quelques  jours  après  des  coups 
qu'il  avait  reçus'.  Mais  le  nombre  des  blessés  semble  avoir  été 
assez  considérable  :  parmi  eux  se  trouvait  un  notaire  royal  qui 
fut  frappé  de  coups  d'épée  à  la  tête  et  plusieurs  prêtres  ou 

1.  Enquête,  loi.  20.  — «  Médiocres,  parvos  et  divites  — tractaverunt  maie  sa- 
tellites, —  arniigeri  siuuil  et  milites  ;  ^canonicos  ledi  non  dubites... —  Atro- 
citer  dicta  turba  ferox  — •conculcavit  plures  presbiteros,  —  ecclesie;  ...  — • 
implentes  régis  missa  jura  —  conculcavit  honiinum  pressura —  qui,  verbera 
sustinentes  dira,  — fugiebant  prosalutis  cura. —  Congressui  tune  canoni- 
corum,  —  cum  decano  requirentes  chorum  —  absconderunt  per  umbras 
locorum  —  ecclesie,  metu  gladiorum  ;  —  perterriti  omnes  etîugerunt  ;  — 
canonici  capas  admiserunt  — quam  ])lurimi,sed  sic  evaserunt  — quod  apertis 
portis  invenerunt.  »  Poème  lat.  anon.,  5.5  v".  — Seuls,  deux  fonctionnaires 
royaux  restent  dans  l'église  :  «  Tandem  duo  commissi  prefati  —  existentes 
multum  stupefacti,  —  expectantes  finem  hujus  facti  ;  —  exclauduntur  in 
templocoacti, — horum  quisquevidens  hosexcessus. . .  »  Poème  lat.  anon., 
loc.  cit. 

2.  «  Personis  dictorum  commissariorum  offlcium  eis  eommissum  exer- 
centibus,  ad  terrara  projectis  et  pereosdem  podibus  conculcatis.  »  Acte  du 
Parlement,  loc.  cit.,  p.  462. 

3.  "  Quod,  occasione  et  ratione  predictorum  insultus  et  violencie  sic  in 
ipsam  ecclesiam  lactarum  per  predictos  armatos,  per  oppressiones,  con- 
culcationes  et  verbera  eorumdem  quidam  canonicns  ejusdem  ecclesie  et 
sacerdos,  dominus  Johannes  de  Chaumes  nomine,  occasione  predictorum, 
mortis  infirmitate  ex  predictis  oppressus,  post  paucos  dies  viam  universe 
caruis  est  ingressus,  quod  et  idem  dictus  canonicus  in  suis  extremis  est  con- 
fessas. «Enquête,  fol.  21.  «  Sed  inter  ceteros  (presbyteros)  —  J.deChaumis 
presserunt  humeros.  —  Licet  esset  nobilis  et  fortis  ;  —  pro  verbere  predicte 
cohortis, —  duxiteum  perostia  mortis. — Et  hoc  quidem  dixitin  supremis — 
verbis  suis,  loquens  in  extremis  :  —  «Per  te,  Deus,  qui  cuncta  redemis... — 
Sic  spiritus  ejus  ro([uie\ifc.  »  Poème  ial.  anon.,  fol.  .55  r". 


592  p.    ALPIlANDÉnV 

serviteurs  du  chapitre  «  qui  furent  blessés  jusqu'au  sang^  ». 
Immédiatement  après  ce  coup  d'audace,  révêque  fit  de  nouveau 
garnir  de  fer  les  portes  de  la  cathédrale  et  y  rétablit  un  service 
de  garde". 

En  un  tel  état  de  clioses,  les  commissaires  du  roi  restèrent- 
ils  à  Langres  et  continuèrent-ils  leur  enquête  ?  L'acte  du  Parle- 
ment qui  retrace  les  grandes  lignes  de  l'affaire  avant  le  juge- 
ment ne  fournit  aucun  renseignement  à  ce  sujet.  L'auteur  du 
poème  latin  anonyme  dit  que  les  agents  du  roi  persistèrent  à 
faire  l'inventaire  des  biens  du  chapitre  et  ne  laissèrent  pas  d'ap- 
poser des  scellés  sur  les  portes  de  la  cathédrale  \  Quant  aux 
chanoines,  ils  demandèrent  encore  une  fois  à  l'évoque  de  les 
autoriser  à  rentrer  dans  l'église  pour  y  célébrer  les  offices  après 
qu'elle  aurait  été  réconciliée  :  ils  ne  reçurentpasde  réponse*. 

Sur  les  événements  de  Tannée  1321,  nous  ne  possédons,  en 

1.  «  Quod  in  dictoinsultu  sic  facto  in  dicta  ecclesia  per  gentes  ijosius 
episcopi,  luit,  quidam  publicus  notarius  in  ipsa  ecclesia  existens,  per  pre- 
dictas  gentes  episcopi  percussus  de  gladiis  violenter  in  capite  cum  magna 
sanguinis  effusione,  et  quidam  alii  vulnerati  ad  efîusionem  sanguinis  infra 
dictam  ecclesiamLingouensem émanantes. «Enquête,  fol. 21. —  «Quemdam 
tabellionem  regium  pro  scribendis  actis  in  dicto  negocio  vocatum  et  duos 
servientes  dicti  capituli  cum  pluribus  personis  ibidem  existentibus  invase- 
runt,  verberaverunt  et  letaliter  vulneraverunt  et  in  personas  plurium  cano- 
nicorum  et  aliorum  dicte  ecclesie  manus  injecerunt,  plura  alla  maleflcia  et 
énormes  excessus  ibidem  committendo,  prout  premissa  in  rotulo  super  pre- 
dictis  Curie  predicte  tradito  plenius  continentur.»  Acte  du  Parlement,  loc.  cit. 

2.  Enquête,  fol.  21. 

3.  «  A  commissis  in  sequenti  die  —  committuntur  custodes  régie  —  qui 
hostiles  noctis  insidie  —  non  intrarent  portas  ecclesie,  »  La  nuit  précé- 
dente un  marguillier  de  l'église  était  resté  seul  pour  veiller  aux  portes,  majs 
ce  jour-là  :  «  Per  hostia,  per  portas  alias  — -  ecclesie  tam  fractas  alias  — 
posuerunt  hii  seras  regias. —  Aperitur  inde  celarium  —  cum  malleis  atque 
granarium  ;  —  per  balivum,  per  commissarium  — ex  inventis  fit  inventa- 
rium;  —  sed  ut  cuncta  fièrent  tranquilla  —  posuerunt  regia  vexilla  —  super 
portas,  déponentes  illa  —  que  posita  fuerunt  in  villa.  »  Poème  lat.  anon., 
fol.   55  v"  et  56  r". 

4.  C'est  le  dernier  grief  relevé  par  le  procureur  du  chapitre  contre 
l'évêquede  Langres  (Enquête,  fol.  21).  Dans  les  deux  derniers  folios,  le  pro- 
cureur représente  aux  commissaires  la  gravité  des  délits  qu'il  vient  d'expo- 
seret  l'urgencequ'il  y  a  à  les  punir  pourle  bon  renom  del'Église  de  Langres. 


l.V.    PnOCKS    DR    LOTIS    nR    r'OITIFRS  593 

dehors  des  quelques  renseignements,  très  brefs  et  peu  précis, 
que  fournissent  les  actes  du  Parlement,  que  le  récit  du  poème 
latin  anonyme.  Nous  nous  bornci'ons  à  l'analyser. 

Les  commissaires  royaux  envoyèrent  au  Parlement  un  rap- 
port sur  les  violences  commises,  le  26  novembre,  par  les  gens 
derévéque.  Le  roi  fît  partir  en  toute  hâte  pour  Langres  un 
huissier  du  palais  \  porteur  d'un  ordre  aux  termes  duquel 
l'évêque  devait  restituer  intégralement  leurs  biens  aux  cha- 
noines. Plusieurs  d'entre  eux,  que  la  crainte  avait  forcés  de 
s'exiler,  profitèrent  de  l'arrivée  à  Langres  du  messager  royal 
pour  rentrer  dans  la  ville  sous  sa  sauvegarde.  Il  se  joignit  aux 
deux  commissaires  pour  continuer  avec  eux  renquête  inter- 
rompue'. Leur  premier  soin  fut   défaire  citer  l'évêque^  afin 

1.  Il  est  nommé  par  l'auteur  du  Poème,  tantôt  Varifjariiis  tantôt  VaUtn- 
(/aiiiis. 

2.  «  Scripseruut  hcc  facta  Parisius;  —  rege  missus  est  Valangarius.  — 
Régis  erat  tune  hostiariu.s  ;  —  ad  Lingonas  venit  velocius  :  —  hic  mandatum 
tulit  spéciale  —  sibi  per  lies  pi-olatum  regale,  —  restaurandi  totum  tem- 
2)orale  —  capitulo...  —  Regressi  sunt  pro  securitate,  —  ejus  plures  e 
societate  —  cauonici  pulsi  civitate  —  pontiflcis  ex  crudelitate.  —  Quando 
venit  ipse  cum  illis  (sic),  —  prioribus  jam  commissariis  —  intromisit  se 
ipsum  pi-opriis  —  capituli  super  negociis.  —  Calvimontis  fit  coraniissarius 
—  balivus  et  Jo.,  vir  egregius,  —  de  Preda  et  Varigarius  —  nostri  régis  tune 
hostiarius.  ))  Poème  lat.  anon.  fol.  56  r".  Ce  point  du  récit  est  exact:  nous 
voyons,  en  effet,  par  un  passage  de  l'Acte  du  Parlement  déjà  cité  plusieurs 
fois,  que  le  Parlement  adjoignit  aux  deux  commissaires  un  troisième  fonc- 
tionnaire: «  Dicta  curia  prefatis  commissariis  et  cuidam  alii  quem  eisdem 
adjunxit,  certis  modo  et  forma  mandavit,  quatinus  in  et  super  premissis 
certis  modo  et  forma  procédèrent  et  de  eisdem  et  tangentibus  predicta 
veritatem  iuquirerent  summarie  et  de  piano  et  inquestam  perfectani  cum 
tocius  instructione  negocii  Curie  remitterent  judicandam.  Qui  quidem 
commissarii  aut  duo  ex  ipsis,  cum  hoc  eis  liceret.  virtute  quarumdam 
litterarum  aliarum  eisdem  diroctarum  continencium  quod  duo,  absente 
tercio  et  non  expectato,commissum  eis  negocium  ëxequerentur...  »  Acte  du 
Parlement,  loc.  cit.,  p.  462.  Nous  ne  ix)ssédons  pas  l'acte  par  lequel  le  troisième 
commissaire  fût  nommé,  ni  celui  par  lequel  était  renouvelée  la  com- 
mission des  deux  officiers  royaux  envoyés  dès  le  début  du  conflit.  Le  premier 
acte  relatif  au  procès  de  Louis  de  Poitiers  que  nous  trouvions  dans  les 
registres  du  Parlement  est  celui  que  nous  avons  cité  plus  haut  (p.  57L 
note  1). 


ÔJ)!  p.    AI.I'IIA.NKKKV 

qu'il  assistât  à  l'ouverture  des  portes  du  trésor  sur  lesquelles  les 
scellés  avaient  été  apposés  par  son  ordre.  Il  ne  vint  pas,  n'envoya 
personne:  les  commissaires  du  roi  ouvrirent  alors  les  portes  du 
trésor,  et  les  chanoines  s'aperçurent  avec  plaisir  que  rien  n'en 
avait  été  soustrait;  a  Capitule  fuit  valdegratum  —  dum  thesaurum 
vidit  reservatum  \..  ».  Puis  les  commissaires  s'occupèrent  de 
rétablir  le  service  religieux,  ou  tout  au  moins  co  qui  en  pouvait 
être  rétabli  tant  que  la  cathédrale  n'était  pas  réconciliée.  Long- 
temps les  cloches  étaient  restées  muettes:  pour  la  fête  de  la 
Purification,  elles  recommencèrent  à  sonner.  De  nouveau  les 
offices  furent  célébrés,  mais  seulement  dans  une  chapelle,  car 
l'église  restaitsouillée;  enfin  des  portesfurent  installées  àgrands 
frais  à  Saint  Mammès  pour  remplacer  celles  qu'avait  fait 
abattre  l'évèque^ 

Cependant  l'enquête  était  activement  poussée.  Le  procureur 
de  l'évéque  fut  longuement  interrogé  sur  tous  les  articles  de  la 
liste  de  griefs  dressée  par  le  Parlement  d'après  les  plaintes  des 
chanoines  contre  Louis  de  Poitiers.  De  part  et  d'autre,  d'in- 
nombrables témoins  furent  entendus:  «  Non  fuerunt  verba  tôt 
audita  —  in  hominis  cujuslibet  vita.  »  Toutes  les  dépositions 
furent  transcrites  par  des  tabellions  royaux  qui  en  placèrent  le 

1.  «  Hii  très  viri  presulem  citari  —  fecerunt. . .  resecari  —  hostiorura 
videret  thesauri  —  que  fecerat  ipse  sigillari;  —  qui  non  venit  nec  aliquem 
misit  ;  —  apperitur  per  hos  quos  rex  misit  —  thésaurus  ;  tune  nil  intus 
amisit  —  capitulum  horumque  dimisit.  —  Capitule  fuit  valde  gratum  — 
dum  thesaui-um  vidit  reservatum  —  quicquid  ei-at  intus   commondatuni; 

—  fit  quilibet  redditumet  datum  »  Poème  lat.  anon. ,  fol.  56v". 

2.  ((  Signum  quod,  in  noctis  crépuscule^ — pulsabatur  nuper  pro  populo, 

—  lîulsatum  est  dando  capitulo  —  dominium  régis  articule.  —  Insabato- 
Purifîcatio  —  nis  fuit  data  pulsatio  (sic)   —  que  fuerat  diu  silentio  (sic)  — 
propter  factum  de  que  fit  mentio;  — horarum  fît  temple  specialis — pulsatio 
utres  temporalis  —  cantus  horumque  spiritualis  —  in  capella  (fuit)  hespitalis. 

—  Ecclesia  stante  violata,  — officia  sunt  ejus  parafa  —  in  capella  mode  no- 
minata —  donec  fuitreconciliata.  —  Censequenter  nova  refectio  —  portarum 
fit,  régis  imperio.  —  Construitur  ipsa  cum  expansis  — refectio  portarum  im- 
mensis  —  quaspontifex  .selvit  Lingonensis.»  C'est  sans  deuteavec  l'amende 
infligée  plus  tard  à  Louis  de  Poitiers  que  furent  payés  les  frais  de  cette  re- 
construction. 


i.i;  im;()(  i;s   m-:   \.o\  \<   di:   i'oitii-.iîs  ."■»;),-) 

procès-verbaux  dans  un  sac  bientôt  plein'.  A  mesure  que  l'ins- 
truction de  leur  affaire  se  poursuivait,  les  chanoines  ren- 
trèrent peu  à  peu  dans  leurs  biens.  On  leur  accorda,  pour  le 
vin  et  le  blé  que  leur  avait  pris  Tévêque,  une  somme  propor- 
tionnée au  dommagequ'ils  avaient  subi.  Tous  les  biens,  meubles 
et  immeubles,  saisis  par  Louis  de  Poitiers  et  ses  gens, 
furent  replacés  sous  la  garde  du  roi.  Afin  de  les  protéger 
contre  toute  nouvelle  attaque  de  l'évêque  ou  de  ses  suc- 
cesseurs, on  fit  peindre  sur  les  nouvelles  portes  les  armes 
royales'.  De  plus,  le  chapitre  de  Saint-Mammès  redevint 
seul  maître  dans  son  église;  les  Jacobins,  sur  Tordre  de  l'évêque, 
y  étaient  venus  célél)rer  les  offices:  il  leur  fut  interdit  de  con- 
tinuer, et,  malgré  les  menaces  de  l'évêque,  ils  ne  cherchèrent 
plus  à  empiéter  sur  le  domaine  spirituel  des  chanoines  de  la 
cathédrale'. 

Mais  Louis  de  Poitiers  ne  se  tenait  pas  déjà  pour  battu:  il 
essaya  de  faire  tomber  les  chanoines  dans  un  piège;  à  plusieurs 
reprises,  il  les  cita  à  comparaître  devant  lui.    Soit  par  crainte, 


1.  «  Hii  tractabaiit  quocoiniiiissioni  ;  —  com parère  propter  archidiaconi 

—  magni  doiiio,  utiles  et  boni,  —  iitriusque  partis  racioni,  —  consiliuni 
presulis  querulum  —  qiiaqua  die  refereiis  rotulum.  —  Comparebant  contra 
capitulum,  —  pre  commissis  implendo  saculum.  —  Opus  hujus  describo 
saculi  :  —  ponebantnr  intus  articuli,  —  instrumenta  litis  et  rotuli  — 
pontificis  atque  capituli.  —  Procurator  i^^sius  presulis,  —  infinitis  loguni 
oraculis,  — querobatur  super  articulis  —  a  curia  missis  in  rotulis.  —  Iliuc 
et  indeprotestationes  —  protestatur  allegaeiones,  —  allegantur  atque  raciones 

—  roborate  per  tabelliones  ;  —  non  fuerunt  verba  tôt  audita  —  in  hominis 
cujuslibet  vita.  —  Sed  hec  faeta  fuerunt  hec  ita  ;  —  instrumenta  fiunt 
infinita; —  multos  testes  h ii  inquisltores  — receperunt. . .  »  Poème  lat. 
anon.,  loi.  57  r". 

2.  ((  Super  vino  capto  celario  —  et  Irumcnto  capto  granario,  —  facta  luit 
certa  taxatio, —  utoptabant  tempus  et  racio.—  Tandem  vina,  res  etmobilia 

—  pontificis  capta  familia,  —  tam  in  villis  quam  in  finagia,  —  restau- 
rantur  in  manu  regia.  —  Super  portas  imponitur  egis,  —  utrobique  pictis 
armis  régis. —  Ne  terreat  ares  sui  gregis,  —  pastor  novus,  ut  hic  de  quo 
legis.  »  Poème  lat.  anon.,  i"  ôly". 

3.  «  lulilbitum  fuit  Jacobinis  —  ut  cessarent  omnes  a  divinis;  —  non 
cessarunt  monitis  et  minis  —  quin  vacarent  missis  matutinis.  »  Poème 
lat.  anon.,  fol.  58  r". 


596  P-    ALPHANDKRY 

soit  par  fierté,  aucun  ne  se  rendit  à  ces  convocations,  et  chaque 
fois  révêque  fit  prendre  acte  de  leur  absence.  ïl  espérait  ainsi 
les  placer^  à  leur  insu,  dans  la  situation  de  rebelles  et  n'avoir 
plus  qu'à  les  priver  légalement  de  leur  dignité.  Un  jour  enfin, 
il  exigea  qu'ils  comparussent  devant  lui,  afin  de  prouver  l'au- 
thenticité de  leurs  franchises.  Non  seulement  aucun  membre 
du  chapitre  n'obéit  à  cette  injonction,  mais  plusieurs  d'entre  eux 
se  rendirent  de  nouveau  auprès  du  pape  pour  lui  faire  part  de 
l'étrange  situation  où  les  plaçait  le  caprice  de  leur  évoque  \ 

L'auteur  du  Poème  latin  anonyme  dit  prudemment  en  cet 
endroit  :  «  Hec  notavi  qu?o  scire  potui,  »  et,  en  effet,  il  semble 
ignorer  que,  dès  les  premiers  mois  de  l'année  1321,  les  com- 
missaires pontificaux  étaient  venus  à  Langres  pour  y  faire 
une  enquête  ou,  tout  au  moins,  avaient  chargé  le  procureur 
du  chapitre  de  leur  fournir  le  relevé  très  complet  de  tous  les 
faits  reprochés  par  les  chanoines  à  leur  évoque  '  ;  ce  document 
dont  nous  nous  sommes  servi  pour  toute  une  partie  de  cette 


1.  «Canonicoscitavitpluries;  — presiil  horam,  presul,  repériez  —  fiuisluerit 
dum  venerat  dies  —  nisi  templi  vel  claustri  paries.  —  Non  audebat  vel 
dedignabatur  —  comparere  quando  citabatur  ;  —  capituliim  sic  reputabatur 
—  eonlumax  ut  ei  videbatur;  — nam  pontifex,  per  talem  defectum,  —  capi- 
tuluui  sperabat  ejectum  —  urbe,  sed  sic  est  ad  hoc  provectum,  — quod  non 
venitpresulad  etiectum.  — Hos  monuit  presulut  parèrent  — sibi,coram  suis 
comparèrent  —  etlitteras  suas  exhibèrent,  — quis  exemptos  sicessedocerent. 
— canonici  presuli  parère  — in  aliquo  suo  noiuere,  —  neque  coram  suis  com- 
parere ;  -  sed  ab  ipsis  tune  appellavere  :  —  Appellaruntde  monitione  —  sibi 
factapro  exemptione  —  per  presulem  sine  racione.  —  Prosequentes  appella- 
tionem,  —  declinarunt  juridieionem  —  presulis,  et  ob  banc  racionem  — 
pervenerunt  ad  Avinionem.  «Poème  lat.anon.,  fol.  58  r". 

2.  Ce  relevé  qui  peut  être  considéré  comme  renfermant  les  résultats  d'une 
première  enquête,  est  présenté  sous  forme  de  requête  adressée  aux  commis- 
saires pontificaux  pour  obtenir  justice,  après  qu'ils  auront  instruit  eux- 
mêmes  le  procès  :  «  Predicti  decanus  et  capitulum  seu  procurator  ipsonim 
nomine...  vos  supplicant  quatenus  de  predictis  omnibus  et  singulis  velitis 
vos  ad  plénum  celeriter,  prout  vobis  datum  est  in  mandatis,  diligenter 
informare  et  que  inveneritis  ipso  domino  sanctissimo  patri  summo  pontiflci 
rescribere  et  referre.  »  Enquête,  fol.  22. 


LE    PUOCKS    DE    LOI  IS    DE    POITIERS  597 

étude,  doit  èti'c  du  carême  de  l'année  1321  ',  mais  ce  ne  fut 
qu'en  août  que  le  pape  se  décida  à  agir. 

L'auteur  du  poème  latin  résume  en  une  brève  formule  la 
matière  du  message  qu'envoya  le  pape  à  Louis  de  Poitiers  : 
«  Ablata  tu  redde,  ne  privem  te  '.  »  Pourtant,  ce  message  ren- 
fermait des  prescriptions  plus  détaillées  :  Tévôque  devait  rendre 
aux  chanoines  ce  qui  leur  appartenait;  de  plus,  et  c'est  sans 
doute  là  le  trait  essentiel  de  la  bulle,  les  évéques,  à  dater  de 
ce  jour,  ne  devaient  plus  s'ingérer  dans  les  affaires  des  cha- 
noines; enfin  l'église  devait  être  réconciliée.  Un  évéque,  celui 
d'Autun  ou  celui  de  Màcon,  fut  chargé  de  remettre  cette  bulle 
entre  les  mains  de  Louis  de  Poitiers,  mais  en  chemin  il  fut 
arrêté  par  des  voleurs,  dépouillé  de  tout  ce  qu'il  portait,  sauf  de 
la  bulle  (|ui,  par  un  miracle,  lui  fut  laissée.  Il  arriva  à  Langres 
et  la  cathédrale  fut  réconciliée  au  début  de  l'hiver,  le  jour  de 
la  fête  de  saint  Aignan  '. 

1.  «Dicti  decanus  et  capitulumcum  cleroejusdem  ecclesiein  ipsa  ccclesia 
non  ausi  fuerunt  nec  audeant  in  presenti  et  potissiinc  in  hoc  sancto  teni- 
porc  quadrai/csinudiin  quo  cessare  débet  eis  tempe«tas  et  perverse  leniatare 
suggestiones  in  ipsa  eeclesia  lingonensi,  ne  in  pena  canonica  inciderent, 
divina  officia  aliquatenus  niinistrare.  »  Enquête,  fol.  21. 

2.  Poème  lat.  anon.,  foi.  58  v°. 

3.  «Papa  jussitcuncta  restitui  — quibuspresuletconiplicessui  — canonicos 
fecit  destitui.  —  Inhibuit  tune  pontificibus  —  successuris atque  presentibus 
—  ne  deinceps  se  ipsos  talibus  —  introniittant  super  excessibus...  —Ne 
plus  Dei  cultus  perderetur,  —  jussit  ut  reconciliai-etur  —  templuni  papa 
bullamque  daretur  —  que  Lingonis  ob  hoc  portaretur.  —  Anno  prime  templi 
iractionis  —  revoluto  vel  pollucionis,  —  hujus  bullam  benedictionis  — 
misit  papa  presulum  personis  :  —  committitur  istud  Eduensi  — episcopo  vel 
Matisconensi...—  Portantibus  liée  obviaverunt  —  viatores eosque  ceperunt — 
sibi  bona  cuncta  rapuerunt,  —  prêter  bullam,  et  sic  evaserunt  ;  —et  de  bulla 
quidaliud  dicam,  —Dei  matrem  scntiens  amicam?  —  Evitando  gentem 
inimicam  —  pervcnit  ad  urbem  Lingonicam  —  pro  presule...—  Ut  com- 
plerethoc  sibicommissum  —  a  quo  non  fit  iter  pretermissum,  —  nedicerent 
se  esse  i-emissum,  —  perhibere  presulem  predictum,  —  constat  templum 
tore  benedictum,  —  quod  fuerat  diu  interdictura  —  templum  manu  sic 
pontificali  —  dedicatum  et  sacerdotal!  —in  beati  festo  hyemali  —  Aniani, 
mandate  papali  »  (Poème  lat.  anon.,  fol." 59  r").  L'auteur  fait  ensuite  le  long 
calcul  du  nombre  de  messes  qui,  par  suite  de  l'interruption  dans  le  service 
divin,  n'ont  pas  été  célébrées  à  Saint-Mammès. 


598  1'.    ALl'llAM)l';i!.Y 

Ce  récit  nous  a  conduit  jusqu'à  la  fin  de  l'année  1321.  Vrai- 
semblablement, à  cette  époque,  l'enquête  des  commissaires 
royaux  était  terminée.  Pourtant,  le  procès  qui  était  pendant 
devant  le  Parlement  ne  devait  recevoir  une  solution  que  plu- 
sieurs mois  après.  En  janvier  1322,  le  Parlement  décida  de 
«  continuer  l'affaire  en  l'état  jusqu'au  lundi  après  Lœtare  Jé- 
rusalem N).  Il  est  aisé  de  deviner  la  cause  de  ce  retard.  Lorsque 
l'enquête  fut  communiquée  au  Parlement,  le  procureur  de 
l'évêque  déposa  des  conclusions  tendant  à  ce  qu'on  la  déclarât 
nulle  :  en  prévision  du  cas  où  aucune  cause  de  nullité  n'y  serait 
relevée,  il  soutenait  qu'elle  était  incomplète  et  avait  été  menée 
par  des  commissaires  suspects  :  il  se  fondait  sur  ces  deux  motifs 
pour  déclarer  que  l'afïaire  n'était  pas  en  état  ^  Peut-être  est-ce 
pour  répondre  à  ces  arguments  et  parfaire  l'enquête  que  l'on 
envoya  à  Langres,  en  mai  1322,  de  nouveaux  commissaires, 
Pierre  Fauvel  et  Jean  de  Vannoise  '.  Quoi  qu'il  en  soit,  le  Par- 

1.  «  Causa  inter  episcopum  Lingononsem  ex  nna  parte  et  decanuni  et 
capitulum  Lingonensem  ex  altéra  continuata  est  in  statu,  de  mandato 
domini  Régis  usque  ad  diem  lune  post  Letare  Jérusalem  xvni  die  Ja- 
uuarii.  »  Parlement  de  la  Saint-Martin  d'hiver  de  l'an  1321.  Greffe  I. 
Arch.  nat.  X^a,  8844,  91  r".  Actes  du  Parlement,  II,  n"  6614. 

2.  «  Ceterum,  cum  tradittione  dicte  inqueste  plura  ex  parte  dicti 
episcopi  fuissent  proposita,  ad  finem  quod  inquesta  pronunciaretur 
nulla,  vel  si  nulla  non  inveniretur,  quod  imperfecta  et  per  commissarios 
suspectes  facta,  et  non  esse  in  statu  judicandi.  »  Acte  du  Parlement, 
loc.  cit.,  p.  463. 

3.  ((  Karolus  rex  dilectis  et  fidelibus  magislro  Potro  F;iuvelli,  tbcsau- 
rario  Nivernensi,  clerico,  et  Johanni  deVannioyse,  salutem  etdilectionem. 
Articules,  tam  criminales  quam  civiles,  curie  nostre  traditos  per  procu- 
ra torem  dilectorum  et  fldelium  [decani]  et  capituli  ecclesic  Lingonensi  in 
nostri  speciali  gardia  existentium  cum  familiaribus  gentibus  rébus,  et 
bonis  suis,  contra  locum  tenentem  baillivl  de  Monlaucon  pro  dileclo 
nostro  episcopo  Lingonensi,  Parisetum  de  l)ommar[tinoJ,  (iuillolmnm, 
filium  Guillelmi  de  Montigneycprepositum  dcBassey  et  nonnullosindictis 
;ii-ticulis  contentes, injurias,  violencias,  inobediencias,  rcbellioncs,  crimina 
et  alios  excessus  énormes  per  ipsos  commissos  gardiam  frangendo  conti- 
nentes, etc.  —  Et  committimus  vobis  per  présentes  quoad  vos  duo  et  super 
contentis  in  eisdem  ai-ticulis  civilibus,  et  vos  solus  et  solus  et  insolidum, 
vocato  tamen  vobiscum  aliquo  probo  viro  non  suspecte,  de  et  super  con- 
tentis in  ipsis  artlculis  factum  criminalc   tangentibus,  vocatis  evocandis, 


LE    PKOCKS    DK    [A)\   l>    Di:    l'UlIlKltS  599 

lement  reconnut  la  régularité  de  la  procédure  suivie  jus- 
qu'alors, rejeta  les  conclusions  du  procureur  de  l'évêque,  et 
le  17  juin,  prononça  contre  Louis  de  Poitiers  et  ses  complices 
un  arrêt  longuement  motivé  \ 

Les  spoliations  et  les  violences  dont  l'évoque  et  ses  gens 
s'étaient  rendus  coupables  avaient  atteint  «  non  seulement  la 
majesté  roj'ale,  mais,  ce  qui  est  beaucoup  plus  grave,  la  ma- 
jesté divine  ».  Le  double  caractère  des  délits  est  nettement 
marqué  par  la  nature  des  peines  ou  des  amendes  infligées. 
Voici  les  passages  essentiels  de  cet  arrêt  qui  représente  la 
conclusion  judiciaire  delà  suite  d'événements  que  nous  venons 
de  rapporter  : 

Curia  proniiHciavit  qnod  predicta  dirutta,  fracta  et  ablata,  si  que 
restant  que  commissarii  non  fecerunt  reparari,  restitui  et  ad  statum 
reponi,  reparabuntur,  restituentur  et  ad  statum  reponentur,  et  super 
ablatis,  juraraento  illorum  quorum  bona  fuerunt  ablata,  taxatione 
legitlima  précédente,  stabitur,  et  illa  reddentur  aut  valor  eorunidem  ; 
ea  vero  que  predicti  commissarii  sunt  super  his  exequti,firma  stabunt, 
et  ordinatio  quam  fecerunt  super  predictis  rcscusiendum,  reparandum 
et  restituendum  exequtioni  mandabitur,  appellationibus  contra  pre- 
missaemissis  non  obstantibus. 

Prenominatos  vero  Berlrandum  de  Turreta,  pro  quo  tantum  fiebat 
nomine  dicti  episcopi  in  temporalitate  dicti  episcopatus  quantum 
fieret  prodicto  episcopo,  GuilelmumFabre,  ballivum  Montis  Falconis- 
castri  dicti  episcopi  et  tune  regentem  balliviam  Lingonensem  in 
absencia  baillivi   dicti  loci,  dictum  Bourre,  receptorera  predicti  epis- 

iiiquiratis  cuni  qua  poteritis  celeritate  et  diligencia,  etc.  xvni  Maii  » 
(Vacations  de  l'amice  1322.  —  Criniiiiol  III.  Arcli.  Nat.  X^v  2,  loi.  110  r". 
Actes  du  Parlement,  II,  6827. 

1.  ((  Nostrootdictorum  docani  ot  capituli  procuratore  eanidein  lanquaiu 
porlectani  et  rite  lactani  petcntibus  judicarl,  curia  predicta,  dictani  in- 
questani,  prosentibus  partibus,  recipions,  visiscontentis  in  ca,  attentis  et 
plonc  consideratis  prupositis  ex  pai-te  dicti  episcopi  ad  fines  predi(.-tos, 
cuni  taie  quidem  non  invenisset  in  ea  propter  quod  nulla  vel  imperfecta 
aut  a  personis  suspoctis  facta  deberet  reputari.  »  Acte  du  Parlement, 
loc.  cit.,  p.  463. 

2.  Aucun  Montfaucon  ne  figure  parmi  les  paroisses  du  diocèse  de 
Langres  (Abbé  Roussel,  pp.  403-412). 


(iOO  1*.    Al.lMlAMll.KV 

copi,  Petrum  Loysel,  Petrum  Rousselli,  Seguinum  Guiot,  Briot  de 
Burgo,  servientes,  et  Aymardum,  neenon  Johannem  de  Nuciaco, 
procuratorem  dicti  cpiscopi,  Bertrandum  Castellanum  de  Burgo, 
dictuni  Moudons  lalhomum  cpiscopi,  Johannem  de  Domno  Martino, 
prepositum  de  Yzonia\  item  Guillelmum  de  Montigniaco,  prepo- 
situm  de  Basseio'  et  dictum  Marmot,  qui  scelerum  et  dclictorum 
predictorum  precipui  luerunt  ministri,  curia  predictacondempnavitad 
faciendum  quatuor  processiones  modo  infrascripto,  videlicet  quod  in 
festo  gloriosi  martyris  beati  Mammetis,  cujus  corporis  reliquie  in 
dicta  ecclesia  priucipaliter  colunlur,  honorantur,  proximo  future, 
cujus  sancti  ymago  horribiliter  fuit,  coUo  ejusdem  prius  rupto,  in 
luto  projecta,  de  porta  illa  civitatis  per  quara  intraverant  eo  tempore 
quo  ad  distruendum  portas  claustri  et  ecclesie  et  muros  portarum 
venerunt,  usque  ad  majus  altare  dicte  ecclesie  in  camisiis  et  brachiis 
solum,  tenendo  quilibet  unum  cereum  ponderis  unius  libre  in  manu 
ardeutem,  ymaginem  quandam  argenti  corpus  dicti  sancti  represen- 
tantem  ponderis  vigiuti  marcharum  argenti,  que  de  bonis  tempora- 
libus  dicti  episcopatus  solvetur,  portabunt  et  in  qualibet  quadriviorum 
inter  dictam  portam  et  hostium  dicte  ecclesie  exitum,  neenon  in 
introitu  dicte  ecclesie  et  coram  altari,  vertendo  se  ad  chorum  per  in- 
tervallum  modicum  remanebunt  et  omnes,  unus  tamen  post  alium, 
alta  vcce  dicent  :  «  Bone  gentes,  propter  excessus  et  delicta  per  nos 
commisses  in  majestatis  divine  offensam  et  in  opprobrium  atque 
dampnum  ecclesie  Lingonensis,decani  et  capituli  ejusdem  et  gardie 
régis  et  securitatis  ejusdem  contemptum,  bas  de  mandate  régis  fa- 
cimus  processiones;  »  et  dictam  ymaginem  supra  dictum  altare  ponent 
et  dimittent  in  dicta  ecclesia,  et  in  loco  in  quo  capitulum  eara  ponere 
et  situare  voluerit,  remanebit;  alias  vero  très  processiones  facient, 
modo  et  forma  predictis,  in  tribus  festivitatibus  annualibus  inme- 
diate  sequentibus  dictum  festum  Judicavitque  et  pronunciavit  dicta 
curia,  attentis  stilo  et  consuetudine  curie  predicte  notoriis  et  appro- 
batis,  pro  predictis  excessibus  emendam  deberi  quam  dicta  curia 
taxavit  pro  capitule  in  quinque  millibus  libris  turonensium  et  pro 
nobis  in  quinquaginta  millibus  libris  turonensium  et  quod  temporale 
dicti  episcopatus  tam  diu  in  manu  nostra  tenebitur  et  explectabitur 

1.  Lsômes  (Haute-Marne,  airondissement  de  Langres). 

2.  Baissey   (Haute-Marne,    arrondissement   de   Langres).  L'évêque  de 
Langresétait  seigneur  de  Baissey  (Roussel,  /.  c(7.,p.  328). 


LI-:  iM{0(.i:s  Dit  i.ons  dk  i'oiiikus  (KJl 

pereandemquousque  dictisdecanoet  capitulo  etnobisde  siimniis  pre- 
dictis  fuerit  integraliter  satisfactum'. 

La  partie  de  cet  arrêt  relative  aux  processions  expiatoires 
semble  avoir  été  assez  exactement  observée,  an  dire  de  Tauteur 
du  poème  latin,  que  ce  châtiment  éclatant  infligé  aux  coupables 
semble  avoir  vivement  impressionné.  Aux  quatre  fêtes  pres- 
crites, Noël.  Pâques,  Pentecôte  et  fête  de  saint  Mammès,  les 
complices  de  l'évèque  accomplirent  riiumiliante  cérémonie  à 
laquelle  les  avait  condamnés  le  Parlement'. 

Mais,  avant  la  Noël  de  1322,  les  membres  du  Parlement 
avaient  été  appelés  à  se  prononcer  au  sujet  d'une  atîaire  qui 
était  venue  se  greffer  sur  le  procès  de  Louis  de  Poitiers,  pro- 
bablement dans  le  courant  de  l'année  précédente.  Jean  Alarguet, 
Tun  des  fonctionnaires  envoyés  par  Philippe  V  pour  faire  pro- 
céder àla|restitution  des  biens  des  chanoines,  avait,  en  vertu  de 
ses  fonctions,  recpiis  Jean  Didot,  pi'éposé  par  l'évèque  à  la  garde 
de  la  terre  de  Ncuilly  \  de  l'aider  dans  sesopérations  de  recou- 
vrement pour  le  compte  du  chapitre.  Jean  Didot  refusa  brutale- 

1.  Acte  du  Parlement,  pp.  463-364.  Vacations  de  l'année  1322.  17  juin. 
«  Condempnatur  persona  presulis  —  l^arisius,  cum  suis  fannilis  —  ad 
reddendum  propria  querulis:  —  quiiic^uaginta  librarum  milia  —  pro  duplice 
solvet  injuria  —  régi  presul.  et  in  ecclesia  —  pro  emenda  solvet  sex  niilia. — 
Hec  emenda  persolvitur  régi,  —  sicut  potest  inferius  legi  ;  —  ejus  terram 
precepit  rex  régi  —  per  regales  et  redditus  legi .  —  Sed  consistunt 
minimum  redditum  — manu  régis,  non  imperpetuum.  —  sed  per  quoddam 
tempuscontinuam  ;  —  sic  levavit  rex  debitum  suum.  »  Poème  lat.  anon., 
fol.  60  r°.  L'auteur  du  poème  anonyme  est  moins  exact  lorsqu'il  dit: 
«  Quindccimo  kalendas  Julio  — testante  fît  condempnatio.    » 

2.  «  Procederunt  hii  nuda  capita —  circa  templi  clamentes  compita,  — 
propter  sua  passuri  mérita  —  hane  emendam  que  fit  insolita. —  Hec  ymago 
que  fit  argentea  —  ecclesie  datur,  propterea  —  quod  commisit  pontifex  in 
ea  —  violenter  manuque  ierrea.  —  Mirati  sunt  procedentes  eam  —  ymagi- 
nem  latam  argenteam  —  per  personam  quondam  ydoneam  —  supradicte 
fractionis  ream  ;  —  nomen  cujus  ibi  describitur —  qui  portare  eam  compel- 
litur  :  —  Jo.  de  Nuiz  gallice  dieitur.  —  Deus  ita  suo  ulciscitur.  »  Peut- 
être  par  prudence,  l'auteur  ne  nomme  aucun  autre  condamné  :  «  Non  unius- 
cujusnamque  suuni  —  nomen  scripsi...  —  hec  relinquolibro  processuum.  » 
Poème  lat.  anon. ,  fol.  60  v°. 

3.  Neuilly-l'Évêque,  Haute-Marne,  arrondissement  de  Langres. 
Moyen  Ag",  t.  XIII.  35 


602  !'•    ALIMIANDKKY 

ment,  accompagnant  son  refus  d'injures  et  peut-être  de  coups, 
et  interdit  aux  paysans  de  la  terre  qu'il  gardait  de  remettre  quoi 
que  ce  soit  aux  gens  du  roi.  Ces  derniers  saisirent,  comme  cau- 
tion, quelques  porcs  et  trois  charrues,  mais,  au  même  instant, 
une  troupe  d'hommes  armés  dirigée  par  Jean  Didot  se  jeta  sur 
eux  et  les  força  à  abandonner  leur  prise.  Ils  essayèrent  de  se 
réfugier  dans  le  bourg  de  Neuilly  ."  Jean  Didot  les  y  poursuivit, 
les  traitant  de  méchants  ribauds  et  de  voleurs,  et  les  gens  du 
roi  durent  se  cacher  ailleurs  pour  être  à  l'abri  de  ses  violences. 
Les  commissaires  royaux  le  citèrent  devant  eux  et  le  condam- 
nèrent à  une  amende  de  trois  cents  livres  tournois.  Jean  Didot 
fit  appel  de  cette  sentence  au  Parlement  qui,  le  29  novembre 
1322,  ne  fit  que  la  confirmer '. 

1.  «  Cum  per  certos  commissarios  a  carisshiio  germano  uostro  Ph.  Frauco- 
rumet  Navarre  quondam  rege  députa tos  ad  restitutiones  faciendas  plenarias 
super  quibusdam  portis,  mûris,  horreis,  celariis  et  rébus  aliis  in  ecclesia  et 
clau.stro  Lingonensi  pergentes  episcopi  dicti  locifraetis,  dirruptiset  .sublatis 
in  prejudicium  decani  et  capituH  dicti  loci  in  regia  speciali  gardia  existen- 
tium  et  darapnum  non  modicum  et  jacturam  et  dicte  régis  gardie  con- 
temptum,  fuisset  commissum  Johanni  Marguet  et  quibusdam  aliis 
servientibus  regiis  ut  ipsi  dicti  episcopi  temporales  ministres  pignorarent 
et  compellerent  pro  quibusdam  restitutionibus  dictis  deeano  et  capitule 
faciendis  per  eosdem  commissarios  dictis  deeano  et  capitule  erga  dicti 
ministres  episcopi  adjudicatis,  cumque  dicti  servientes  accessissent  apud 
Nulliacum  castrum  dicti  episcopi  ob  causam  predictam,  invenissentque 
ibidem  Joannem  Didot  prepositum  dicti  loci  pro  dicto  episcopo,  ipsumque 
requisissent  ex  parte  régis  quatenus  ipsos  juvaret  eosque  ab  injuriis  et 
violenciis  defîenderet  in  faciendo  pignorationem  predictam  quiquid  pre- 
positum, visa  eorum  commissione  et  lecta,  et  dum  copiaretur,  dictus  Johan- 
nes  Marguet  jussisset  aliis  servientibus  regiis  ut  ipsi  irent  et  pigno- 
rarentur  homines  dicte  ville,  postea  ipse  dixit  quod  dicti  commissarii  non 
habebant  talem  potestatem  et  precepit  hominibus  dicte  ville  quod  sp 
pignorari  non  permitterent  et  quod  pignora,  si  que  capta  essent,  rescus- 
sarent,  cumque  dicti  servientes  ad  pignorandum  incederent  pluresque 
porcos  caperent  et  très  quarrucas,  plures  homines  dicte  ville  ipsos  persequuti 
fuerunt  cum  magna  multitudine  et  cum  multorum  armorum  generibus,  et 
plures  injurias,  tam  verbis  quam  factis,  eisdem  iiitulcrunt  et  dicta  pignora 
eisdem  violenter  recusserunt  et,  cum  dicti  servientes,  videntes  impetus  et 
violencias  predictas,  versus  dictum  castrum  se  retraherent  et  causa 
tuitionis  portas  dicti  castri  intrarent,  dictus  propositus,  vocans  eos  pravos 
ribaldos  et  latrones,  precepit  eis  quod  festinanter  portas  dicti  castri  exirent 


i.i;  l'uoi  l'.s  i)i:  i.uiis  hi;  i-()irii:i;.s  603 

Ainsi,  la  cause  de  Louis  de  Poitiers  et  de  ses  complices  était 
définitivement  perdue  devant  la  juridiction  royale  ;  mais 
l'évoque  de  Langres  essaya  de  se  dérober  à  la  justice  ecclésias- 
tique et  peut-être  y  parvint-il.  Le  procès  en  cour  de  Rome 
entre  l'évèque  et  son  chapitre  se  termina,  semble-t-il,  par  un 
accommodement  dont  les  termes  furent  arrêtés  par  le  pape  et 
le  neveu  de  Tévêque '.  Au  sujet  de  cette  solution  amiable  donnée 
au  conflit,  l'auteur  du  poème  latin  anonyme  se  répand  en 
doléances  ambiguës  sur  les  progrès  de  la  simonie  *. 

et  eos  ex  imle  turpiter  expulit  et  etiam  violentei-.  Tandem  ad  instaneiam 
pi'ocuratoris  régis  scu  ejus  substituti  erga  dictum  prepositum  per  dictos 
commissarios  facta  super  premissis  inquesta  certaque  die  assignata  ad 
audiondum  jus  super  oa,  partibus  aiitedictis,  dicti  commissarii  per  suuni 
judiciuiu  (•()iidaiiipna\eruiit  dictum  prepositum  in  ccc  libras  turonensium 
dic'to  kai-issimo  germano  nosti-o  dandas  et  solvendas  ;  a  quo  judieato,  tan- 
quaru  a  falso  et  pravo,  dictas  prepositus  ad  nustram  curiam  parisienscm 
appeliavit,  auditisque  in  dicta  curia  dictis  partibus  de  causa  appellationi.s 
prcdicte  visoque  processu  et  judicio  predicto  diligenter  examinato,  per  dicte 
curie  nostre  judicium  fuit  dictum  dictos  commissarios  bene  ji;dicasse, 
dictumque  appoliantcMn  maie  appellasse,  et  non  emendabit  hoc  dictus 
appellans  ex  causa,  et  quod  predicta  condcmpnatio  mandabitur  exequtioni. 

Diepenuitima  novembris. 

jit%  Hichardusde  Bosco  repoi-tavit. 

(Arch.  Xat  ,  X'a  5,  fol.  2 18  r"  et  \\~- Actes  fin  PdrU-nwnt,  II.  p.  483,  n"9977). 

1.  ((  Coram  papa  i)ars  hec  et  altéra  — ■  quam  plurima  novaque  vetera,  — 
tam  eisdem  maie  quam  prospéra  ^—  litigarunt,  sed  inter  [cetojra  — 
capitulum  petebat  expresse  —  hune  absolvi  nec  erat  necesse,  — sed  dicebat 
predictus  preses  se  —  absolvendum  super  hoc  non  esse.  —  Contradixit  hec 
([uantum  potuit  —  episcopus  ;  nil  sibl  profuit  —  capitulo  quod  judex 
annuité  —  snpplicato  papa  quod  plaeuit —  hanc  ablatam  fore  sontentiam  — 
latam  per  se  et  per  familiam  —  ecclesie  et  per  violenciam.  — ■  Ad  cautelam 
presul  absolvitur;  —si  pi-odeat  sic  intelligitur  :  — sub  spe  pacis  queperhos 
tangitur.  —  quod  utraque  pars  valde  luditur.  —  Tandem  paci  ])artes  con- 
senserunt  —  formam  cujus  scripto  redigerunt;  —  confirmandam  pape 
tradiderunt.  — quam  tenere  firmam  jura\ernnt.  — F'orma  pacis  sit  2:)ape 
tradita.  —  Instabilis  rota  fortuita  —  proposuit  primo  postposita,  — 
postponendo  tanquam  preposita  —  per  personam  L.  interpositam  —  impe- 
divit  pace'm]  disi)ositam,  —  violando  fidem  perhibitam  —  erga  ])acem 
tenere  débita  m.  —  Postposuit  pêne  negocium — capituli  factum  conjugium 
—  inter  papani  neptemque  filium  —  [latris  dicti  pi-esulis  propriuni.  »  Poème 
la  t.  a  non.,  fol.  61  r"  et  v". 

2.  «  O  quam   la  bat  libra  judicii  !  —   Xunc  pro  summa  majoris  pretii  — 


604  !'•    Al.lMlAMUOliV 

Nous  ignorons  quelle  fut,  dans  la  suite,  la  conduite  de  Louis 
de  Poitiers  vis-à-vis  de  ses  chanoines.  Mais  un  indice 
permet  de  douter  que  leurs  rapports  se  soient  sensiblement 
améliorés:  en  mai  13.23,  une  commission  composée  de  Raymond 
de  Fieffés  et  de  Pierre  Beau  fut  chargée  d'aller  à  Langres  ter- 
miner un  différend  survenu  entre  le  procureur  du  roi  et  le 
chapitre  d'une  part,  l'évêque  et  quelques-uns  de  ses  gens,  de 
l'autre',  peut-être  à  propos  d'un  des  derniers  règlements  de 
comptes  opérés  par  les  gens  du  roi.  Enfin,  en  1325,  Charles  IV 
prit  le  parti  énergique  de  placer  un  autre  évoque,  Pierre  de 
Rochefort,  sur  le  siège  de  Langres,  tandis  que  Louis  de  Poitiers 
fut  envoyé  à  Metz,  en  disgrâce,  par  le  pape'. 

La  ville  et  l'évêché  de  Metz  se  trouvaient  alors  dans  une 
période  de  graves  difficultés  intérieures  et  extérieures.  Depuis 
le  mois  d'août  1324,  Jean,  roi  de  Bohême  et  comte  de  Luxem- 
bourg, Baudoin,  archevêque  de  Trêves,  Frédéric  IV,  duc  de 
Lorraine,  et  Edouard  l"'',  comte  de  Bar,  étaient  en  guerre  contre 


corrumpuntur  fidèles,  fllii  — expelluntur,  régnant  et  impii;  —  sic  quo- 
rundam  qui  regunt  populos  —  symonia  pervertit  oculos.  »  Poème  lat. 
anon.,  fol.  61  v°. 

1.  «  Inter  procuratoreni  régis,  decanum  et  capitulum  ecclesie  Lingonensis 
ex  una  parte,  et  episcopum  Lingonensem,  Johannem  Aubrieti,  ejusdem 
vicarium,  Alietuni  liibaldi,  Petrnm,  filium  Clericuli,  Girardum,  filium 
Lambeleti  Soiier,  Ste])l)anum,  generum  dicte  Cliastelene,  serviontem  pre- 
positure  Lingonensis,  Hanequinum,  servientem  ofîicialis  Lingonensis, 
Johannem  de  Humis,  generum  Pétri  Mire  de  Sarreyo  et  eorum  complices 
ex  altéra,  facta  est  eorum  commissio  ad  magistrum  Reginaldum  de  Fieffés 
et  Petrura  Boeau.  xxvii  die  maii.  »  Greffe  I.  Arch.  Nat.  X^a  8844,  fol. 
160  V".  Actes  du  Parlement,  II,  7228. 

2.  Gallia  Christiana,  IV,  c.  618,  Gams,  Séries  episcop.,  p.  293.  Cf. 
Poème  lat  anon.:«  Ecclesia  Mam métis, exulta— a  Domino  firmissimo  fulta! 
—  Quamvis  fiât  pax  diu  sepulta,  —  crescit  tibi  nunc  gloria  multa.  —  Ecce 
causam  cause  (sic)  letitie,  —  flnem  quoque  dicte  justicie,  —  que  divine  sors 
Providencie —  tibi  confert  presulem  gracie.  —  Ludovicus  fit  presul  Meten 
sis,  —  P.  de  Hupojorti  Lingonensis.  —  Dat  presulem  rex  Parisiensis.  — 
Hune  suscipe  brachiis  extensis  !  —  Ludo  litem  confert  et  générât,  —  sed 
P.  pacem  semper  desiderat  ;  —  Ecclesie  fedus  confédéral  —  quod  pontifex 
primus  corrumperat.  —  Finem  poenis  aliani  nescio  —  nisi  qucm  dat  ista 
translatio.  »  Fol.  61  v''-62  r'. 


LE  PROCÈS  ni-:  i.on.s  de  poitieus  605 

les  Messins,  au  sujet  de  fiefs  et  arrière-liefs  acquis  par  ceux-ci 
sur  les  terres  des  quatre  princes  sans  leur  consentement'.  Déjà 
les  confédérés  avaient  ravagé  les  environs  de  Metz  et  forcé  les 
paysans  à  se  réfugier  dans  la  ville.  A  la  même  époque,  la 
mauvaise  gestion  des  finances  épiscopales  par  Henri  Dauphin, 
prédécesseur  de  Louisde  Poitiers,  la  vente  qu'il  lit  de  plusieurs 
de  ses  domaines  aux  confédérés,  Hombourg  et  Remberviller 
au  duc  de  Lorraine,  Vie  au  comte  de  Bar,  pour  payer  quelques 
dettes  trop  lourdes,  mécontentèrent  le  clergé  messin  qui,  à 
plusieurs  reprises,  résista  aux  ordres  de  son  évêque.  Henri 
Dauphin,  à  bout  de  ressources,  entra  alors  dans  la  confédération 
des  «  quatre  seigneurs  »,  tout  en  se  faisant  payer  fort  cher  par 
les  Messins  la  fidélité  qu'il  feignait  de  conservera  leur  cause. 
Enfin  il  abdiqua  on  1325,  laissant  son  évêclié  chargé^de  plus  de 
deux  cent  mille  florins  de  dette. 

Après  un  tel  évoque,  Louis  de  Poitiers,  désigné  par  le  pape 
pour  occuper  le  siège  de  Metz,  arvant  que  le  clergé  de  cette  ville 
lui  eût  même  présenté  un  candidat,  arrivait  environné  d'un 
certain  prestige.  Aussi,  dès  qu'il  fut  à  proximité  de  Metz,  à 
Marsal,  une  délégation  de  magistrats  municipaux  vint  lui 
rendre  hommage  et  le  supplier  de  faire  cesser  la  guerre  des 
((  quatre  seigneurs  ».  Louis  s'y  appliqua,  mais  il  ne  semble  pas 
qu'il  eût  pu  réussir  à  faire  conclure  la  paix  sans  l'intervention 
d'Amédée  de  Genève,  évêque  de  Toul,  et  surtout  sans  la  lassi- 
tude qui  commençait  à  gagner  les  alliés.  D'ailleurs,  Jean  de 
Bohême  les  persuadait  déjà  d'abandonner  cette  guerre  sans 
issue.  Un  traité  fut  conclu  en  1325,  en  présence  des  belligérants 
et  de  tout  le  clergé  de  Metz,  et  Louis  de  Poitiers  fut  invité  à  y 
apposer  son  sceau  '.  En  même  temps  la  commune  de  Metz,  qui 
lui  attribuait  tout  le  mérite  d'un  tel  résultat,  lui  accordait  une 
garde  de  deux  cents  hommes  d'armes  et  différents  privilèges 

1.  Hist.  de  MeU  par  les  Bénédictins,  II,  p.  522-523.  "Westphal,  Gesch. 
der  Stadt  MeU,  I,  p.  177  et  suiv. 

2.  Gall.  christ..,  XIII,  col.  771.  Le  texte  de  ce  traité  est  donné  dans 
les  ».  Preuves  »  de  l'Hist.  de  Metz  des  frères  Tabouillot  (1769)  d'après  une 
pièce  des  archives  de  l'Hôtel  de  ville  (IV,  p.  19  et  suiv.  ). 


OOn  p.    Al.PHAXDF.nY 

pour  son  clergé  et  ses  hommes-liges'.  La  même  année,  Louis 
de  Poitiers  recevait  l'hommage  du  roi  de  Bohême  qui,  en  sa 
qualité  de  comte  de  Luxembourg,  était  son  vassal  pour  les  deux 
iiefs  do  Contlans  et  de  Lulanges  '. 

Après  ces  deux  succès,  Jean  XXII,  en  janvier  1336,  lui  ac- 
corda un  induit  par  lequel  il  pouvait  nommer  à  des  prébendes 
monacales  dans  chaque  couvent,  à  raison  d'une  par  couvent, 
des  hommes  ou  des  femmes  de  son  diocèse'.  L'ancien  éyêque 
de  Langres  était  donc  rentré  en  grâce,  mais  sa  situation  à  Metz 
n'était  pas  exempte  de  difficultés.  Plusieurs  des  terres  aliénées 
par  Henri  Dauphin  ne  purent  être  recouvrées  qu'à  grand'peine. 
Leduc  de  Lorraine  et  le  comte  de  Bar  refusèrent  de  se  dessaisir 
de  Hombourg,  de  Remberviller  et  de  Vie.  Jean  XXII,  sur  les 
instances  de  Louis  de  Poitiers,  leur  écrivit  pour  les  engager 
à  remettre  ces  Iiefs  à  l'évêque  de  Metz.  Le  duc  de  Lorraine 
rendit  Hombourg  et  Remberviller,  mais  le  pape  dut  menacer 
le  comte  de  Bar  des  censures  ecclésiastiques  pour  lui  faire 
abandonner  le  pays  de  Vie.  Encore  fallut-il,  avant  qu'il  ne  le 
remît,  lui  promettre  de  ne  jamais  exiger  qu'il  réparât  les  murs 
de  Vie  qu'il  avait  fait  raser'.  Louis  de  Poitiers,  découragé, 
n'essaya  pas  de  disputer  aux  seigneurs  de  Lichtenberg  la  terre 
deNeuviller  engagée  dès  1307  par  l'évêque  Renaud  de  Bar,  et  se 
contenta  de  mille  livres  qu'ils  lui  offrirent  comme  dédommage- 
ment'. Au  début  de  1307,  de  nouveaux  troubles  éclatèrent  à 
Metz  :  certaines  réformes  fin^ent  exigées  du  corps  municipal  ; 
un  mouvement  populaire  assez  intense  aboutit  à  la  création  de 
l'office  de  «.  grand  maître  des  métiers  "^  ».  Le  rôle  effacé  que 
joua  Louis  de  Poitiers  dans  ces  luttes  dut  diminuer  son  prestige; 
de  plus,  les  finances  de  l'évêché  étaient,  depuis  Henri  Dauphin 

1.  Ce  traité  est  donné  par  les  frères  Tabouillot,  op.  cit.,  pp.  27  à  29.  Cf. 
Westphal,  op.  cit.,  p.  179. 

2.  Hist.  de  Mets,  II,  p.  530.  Gall .  CluistuiiKi,  l.  cit. 

3.  Hist.  de  Mets,  l.  cit. 

4.  Westphal,  p.  182. 

.5.  Hist.  df'Mrtz,  t.  IL  p.  5.31. 
6.  Westphal,  p.  180-181. 


LK    l'UOCKS    DE    LOUIS    DE    l'OITIERS  607 

d;ius  lo  plus  complet  désarroi  ;  le  clergé  séculier  refusait  le 
montant  des  redevances  et,  d'autre  part,  le  chapitre  de  la  cathé- 
drale ne  rabattait  rien  de  ses  exigences.  A  un  moment,  les  cha- 
noines se  plaignirent  de  ce  qu'on  ne  leur  payait  pas  exacte- 
ment ce  qui  leur  était  dû  en  sel  et  en  argent  sur  les  salines 
de  l'évéché.  Louis  de  Poitiers  céda  aussitôt  et  s'engagea  à  les 
satisfaire  avant  tous  les  autres  créanciers  de  l'évôché'.  Mais 
ces  dilPicultés  politiques  et  financières  lassèrent  vite  Louis  de 
Poitiers,  affaibli  par  la  maladie.  Il  abandonna  l'évéché  de 
Metz  pour  se  retirer  à  Montélimar.  Il  y  vécut  quelque  temps 
encore,  occupant  ses  loisirs  à  faire  construire  le  château  de 
Puygiron.  Il  mourut  avant  la  lin  de  l'année  1327^ 

P.  Alphandéry. 

l.Hist.  do  Met:;,  II,  ô^W.  Westphal,  p.  182.  On  voit  cependant  que  Louis 
de  Poitiers  tenta  des  réformes  dans  le  clergé  messin  :  à  la  suite  d'une  en- 
quête, il  donna  un  règlement  aux  moines  de  la  collégiale  de  Saint-Thibaut, 
en  février  1326  (Tabouillot,  Preuves,  t.  IV,  p.  25  à  27).  Les  auteurs  de  ce 
règlement  sont  Aubri,  arcliidiacre  de  Metz,  Armand  de  Cotnhis  et  Pierre 
Guigon  de  Cliâteauneuf,  tous  deux  chanoines  de  Langres. 

2.'  Westphal,  p.  183. 


COMPTES  RENDUS 


Jolin  GowF.u.  —  The  complète  "Works,  edited  from  the  manus- 
cripts,  with  introductions,  notes  and  glossaires  by  G.  G. 
Macaulay.  I.  The  French  Works.  —  Oxford,  Clarendon  Press, 
1899;  gi'.  in-8o,  lxxxvii-5G4  p. 

On  savait  par  une  notice  en  latin,  qui  émanait  évidemment  de  l'auteur 
lui-même,  que  Gower,  le  contemporain  et  le  rival  de  Chaucer,  avait 
laissé  trois  grands  poèmes,  l'un  en  français,  l'autre  en  latin,  le  troi- 
sième en  anglais,  et  intitulés  respectivement  Spéculum  Meditantis 
(ou,  dans  une  autre  rédaction  de  la  note.  Spéculum  Hominis),  Vax 
Clamanti^  et  Confessio  Amantis.  Le  poème  anglais,  la  Confessio, 
était  depuis  longtemps  célèbre;  le  poème  latin  avait  été  retrouvé  et 
publié  en  notre  siècle;  seul,  le  Spéculum  n'avait  pas  été  remis  en 
lumière  et  était  considéré  comme  perdu.  En  préparant  une  édition  du 
poème  anglais  et  en  étudiant  dans  ce  but  l'ensemble  des  œuvres  de 
Gower,  M.  Macaulay  acquit  la  conviction  que  le  titre  véritable  de 
l'œuvre  perdue  devait  être  Spéculum  Hominis,  et  que  Gower  l'avait 
changé  en  Spéculum  Meditantis  dans  une  rédaction  postérieure  de  la 
note,  afin  d'obtenir  une  consonance  avec  les  deux  autres  titres. 
M.  Jenkinson,  bibliothécaire  de  l'Université  de  Cambridge,  signala 
alors  à  M.  M.,  parmi  les  manuscrits  nouvellement  entrés  dans  la 
bibliothèque  confiée  à  ses  soins,  un  poème  anglo-normand  intitulé 
Mivùurde  VOmme.  Les  quatre  premiers  feuillets  du  poème,  oîi  l'auteur 
était  peut-être  nommé,  étaient  perdus  ;  mais  un  feuillet  contenant  le 
titre  et  un  aperçu  des  divisions  était  conservé.  Or,  dans  cet  aperçu  le 
poème  était  divisé  en  dix  parties,  ce  qui  s'accordait  très  bien  avec  la 
notice  latine  (primus  liber  (jallico  sermone  editua  in  decem  dividitur 
partes).  Ce  qui  est  dit  de  plus,  dans  la  notice,  sur  le  plan  général  de 
l'œuvre  s'appliquait  parfaitement  au  manuscrit.  La  langue  présentait 
les  plus  grandes  analogies  avec  les   deux   <i>uvres   françaises   déjà 


GOWF.R  :    W  OItKS  009 

connues  de  Gower,  les  Baiadcs  et  le  2'railié.  En  outre,  M.  M.  montre 
que  la  classification  des  péchés  du  Mirour  se  rencontre  aussi,  avec 
quelques  légers  changements,  dans  la  Confessio  Amantis,  et  qu'on 
arri\  e  au  même  résultat  en  comparant  le  tableau  des  différentes  classes 
sociales  (^ui  se  trouve  dans  le  Mirour,  avec  celui  qu'on  trouve  dans 
la  Vox  Clamantis:  sans  parler  des  nombreuses  ressemblances  de 
détail  que  M.  M.  signale  dans  sou  introduction  et  dans  ses  notes.  Il  est 
donc  bien  certain  que  le  Mirour  est  le  Spéculum  qu'on  a  longtemps 
cru  perdu.  —  Dans  cette  nouvelle  édition,  le  Mirour  remplit,  avec  les 
deux  autres  œuvres  françaises,  le  premier  volume;  la  Confessio 
comprendra  les  tomes  II  et  III;  un  quatrième  volume  sera  consacré 
aux  œuvres  latines. 

Ainsi  que  nous  l'avons  dit,  le  plan  du  Mirour  est  très  bien  indiqué 
dans  la  notice  latine  :  après  une  longue  exposition,  à  la  fois  allégorique 
et  descriptive  des  vices  et  des  vertus  [de  viciis  et  virtulibus)  vient  une 
revue  des  différentes  classes  sociales  {de  rariis  Jiuiu.s  seculi  gradibus); 
enfin  le  poète  expose  comment  l'homme  peui  seformer  a  dieu  et  avoir 
pardoun  par  l'eyde  de  nostre  sei(/nour  Jhesu  Crisl  et  de  sa  doulce 
Mière  (via  qua  peccator  transgressas  ad  sui  creatoris  agnicionem 
redire  débet). 

La  première  partie  du  poème,  qui  est  aussi  la  plus  longue,  passe  en 
revue  les  vices  et  les  vertus,  à  peu  près  comme  dans  les  manuels  pour 
la  confession,  si  fréquents  au  moyen  âge;  mais  Gower  a  essayé,  avec 
peu  de  succès  d'ailleurs,  d'introduire,  dans  cette  énumération  un  peu 
de  mouvement  et  de  vie,  en  lui  donnant  une  forme  allégorique.  Le 
Diable,  raconte  le  poète  v.  203  et  ss.),  conçut  de  sa  propre  malice 
une  fille,  Péché;  de  l'union  de  Péché  avec  son  père,  naquit  un  Jils, 
nommé  Mort;  puis  «  la  mère  espousa  son  enfant»,  et  de  ce  mariage 
sont  issues  sept  filles,  sept  Vices  les  Péchés  capitaux  .  Après  un 
premier  essai  malheureux  du  Diable  et  de  sa  progéniture  pour  séduire 
la  chair  de  l'homme,  le  Diable  donne  ses  filles  en  mariage  au  Siècle. 
De  ce  mariage,  chaque  Vice  eut  cinq  filles,  et  par  l'influence  de 
celles-ci  l'Homme  fut  complètement  subjugué.  Dieu  intervint  alors,  et 
donna  en  mariage  à  Raison  sept  Vertus  ;  chaque  Vertu  eut  cinq  filles 
qui  luttent  désormais  contre  les  filles  des  Vices.  —  Dans  ce  cadre 
allégorique,  l'auteur  a  placé  une  description  de  chaque  Vice  et  de 
chaque  Vertu,  avec  force  raisonnements  et  citations  à  l'appui;  la  mo- 
notonie de  cette  partie  du  poème  n'est  relevée  que   par  quelques 


610  COMPTES    RENDUS 

digressions,  des  fables  (très  courtes)  et  quelques  descriptions;  le 
passage  le  plus  remarquable,  au  point  de  vue  poétique,  est  la  descrip- 
tion de  la  chevauchée  des  Vices  qui  vont  épouser  le  Siècle  (vs.  841  ss.)  : 
il  y  a  là  un  effort  d'imagination  qui  peut  ne  pas  plaire  à  notre  goût, 
mais  qui  n'en  est  pas  moins  remarquable.  L'idée  de  cette  première 
partie  allégorique  n'est  pas  absolument  originale  (M.  Macaulay  rap- 
pelle entre  autres  le  poème,  encore  inédit,  dans  un  manuscrit  de  la 
Bodléienne  sur  le  mariage  des  neuf  filles  du  Diable,  introd.,  p.  lui), 
mais  le  détail  de  cette  invention  compliquée  semble  bien  sorti  de  la 
tête  de  Gower  ' . 

La  seconde  partie  du  poème  est  plus  intéressante  :  l'auteur  dépeint 
l'état  du  monde,  tel  qu'il  est  maintenant  que  les  Vices  et  les  Vertus  se 
disputent  le  cœur  de  l'homme.  Le  poète,  dans  cette  partie  de  son 
poème,  qui,  ainsi  que  le  supposait  déjà  M.  Jusserand,  ressemble  aux 
«  bibles  ))  françaises,  passe  en  revue  les  différentes  classes  sociales  : 
clergé,  rois,  noblesse,  bourgeoisie,  menu  peuple,  et  met  à  nu  les 
défauts  de  chaque  classe.  L'auteur  qui,  comme  c'est  la  règle  dans  ces 
sortes  d'ouvrages,  voit  le  mal  et  la  corruption  partout,  est  particulière- 
ment sévère  pour  le  clergé  de  son  temps,  séculier  aussi  bien  que 
régulier;  la  Papauté  elle-même  n'est  pas  épargnée,  et  la  légende  bien 
connue  du  cri  surnaturel  qu'on  entendit  à  Rome  au  moment  de  la 
donation  de  Constantin  au  pape  Sylvestre  se  retrouve  ici  (v.  18637 
et  ss.).  L'éditeur  fait  remarquer  que  Gower,  que  ne  semble  voir  dans 
l'Église  de  son  temps  que  des  ombres  épaisses,  que  ne  traverse  aucun 
rayon  de  lumière,  n'en  reste  pas  moins  bon  catholique  :  il  ne  penche 
nullement  vers  les  LoUards  (p.  lxvi).  Les  allusions  contenues  en  cette 
partie  du  poème  permettent  de  le  dater.  M.  M.  montre  que  l'œuvre 
nesaurait,  dans  son  ensemble,  être  postérieure  à  la  mort  d'Edouard  III 
(1377);  un  passage  sur  le  Grand  Schisme  semble  avoir  été  ajouté  après 
coup  (v.  18817  ss.).  Le  fait  que  le  poète,  bien  que  signalant  les 
exigences  croissantes  des  classes  populaires,  ne  parle  pas  d'une  révolte 
ouverte,  montre  aussi  que  ce  tableau  de  la  société  doit  en  tout  cas  se 
placer  avant  la  grande  révolte  des  paysans  de  1381  (vs.  26485  ss.). 

Dans  la   dernière  partie  du   poème,   l'auteur    montre,   comment 

1.  Ces  sortes  d'allégories  semblent  le  développement  de  celle,  plus  simple, 
dont  une  version  a  été  publiée  par  Haurcau,  dans  les  Notices  et  Extraits, 
XXXIII,  I,  290,  où  le  Diable  est  représenté  comme  un  riche  parvenu,  qui  marie 
ses  filles,  les  Péchés,  aux  diSèrenles  classes  de  la  société.  Voir  une  étude  du 
même  savant  dans  le  Journal  des  Sacant^,  1884,  p.  225. 


OOWIÎI!  :    \V(jlîI<s  Gll 

l'hommi',  étant  pécheur,  doit  se  retourner  vers  la  Vierge  Marie:  il 
raconte  donc  la  vie  de  la  Vierge  et  les  miracles  du  Christ.  Le  poème, 
le)  que  nous  l'avons  (quelques  feuillets  manquent  à  la  fin)  se  termine 
par  une  prière  à  Marie. 

Illisible  dans  son  ensemble  {hopflefiftli/  (inreadable,  d\i  l'éditeur  lui- 
môme,  p.  XLvr,  l'œuvre  n'en  contient  pas  moins  des  passages  qui 
sont  bien  tournés,  d'autres  qui  sont  intéressants  pour  la  connaissance 
de  l'auteur,  de  ses  idées  et  de  son  temps.  M.  M.  les  a  en  général, 
signalés  dans  son  introduction  (p.  liv  ss.).  Nous  en  notons  ici  deux 
autres.  D'abord  cette  sorte  d'explication  philosophique  de  la  nécessité 
du  commerce,  que  Gower  met  en  tête  du  chapitre  traitant  des 
marchands  (vs.  25189)  : 

Si  une  terre  avoir  porroit 
Tous  biens  ensemble,  lors  serroit 
Trop  orguilloiise  et  pour  cela 
Dieiis  esiablist,  et  au  bon  droit; 
Qe  l'une  terre  en  son  endroit 
Del  autruy  bien  besoignera  : 
Sur  quoy  marchant  Dieus  ordina, 
Qui  ce  q'en  l'une  ne  serra 
En  l'autre  terre  querre  doit; 
Four  ce  qui  bien  se  gardera. 
Et  loyalment  marchandera 
De  dieu  et  homme  il  est  benoit. 

Il  serait  curieux  de  savoir  si  l'auteur  a  tiré  de  son  propre  cerveau 
cette  application  delà  théorie  des  causes  finales  à  l'économie  politique, 
ou  s'il  l'a  trouvée  ailleurs^.  Le  passage  est  d'autant  plus  curieux  que 
M.  M.  conjecture  que  Gower  était  lui-môme  commerçant  (p.  lxiii). 

Un  autre  passage  curieux,  surtout  quand  on  tient  compte  de  la  date, 
est  celui  où,  dans  le  chapitre  des  «  Chevaliers  »,  l'auteur  expose  les 
raisons  qu'alléguaient  les  chevaliers  quand  ils  partaient  pour  «  Espruce 
et  Tar tarie  »  (v.  23901)  : 

«  Pour  los  avoir  je  passerai  » 

Ou  autrement  :  «  C'est  pour  m'amye. 

Dont  puiss  avoir  sa  druerie 

Et  pour  ce  je  travailleray  ». 

L'auteur  mentionne  donc  l'amour  courtois  comme  un  motif  réel, 

1.  On  trouve  un  passage  assez  semblable  dans  un  manuel  de  morale  néerlandais 
du  XV"  sit'cle.  Voir  Tinbergen,  Des  Coni.nx  Summe  (Groningen,  1900),  p.  156. 


G12  COMPTES    RENDUS 

à  côté  du  désir  d'ôtre  loué.  Naturellement,  il  condamne  ces  mobiles, 
tout  cela  n'est  qu'((  orgueil  et  foldelil  »  (vs.  23986);  le  véritable  cheva- 
lier doit,  avant  tout,  servir  Dieu. 

Les  citations  sont  nombreuses,  mais,  comme  souvent  au  moyen  âge, 
de  seconde  main  et  inexactes,  M.  M.  a  relevé  plusieurs  cas  où  la 
même  citation  inexacte  se  trouve  à  la  fois  dans  le  Spéculum  Hominis 
et  dans  la  Con/es.sio  Amantis.  Le  cas  le  plus  curieux  est  peut-être  la 
fable  (appliquée  aux  homicides)  de  l'oiseau  à  face  humaine  qui  tue 
Thomme,  puis,  se  mirant  dans  l'eau  et  s'apercevant  qu'il  ressemble  à 
sa  victime,  meurt  de  repentir  [Mirour^  5029  ss.). 

Dans  les  deux  poèmes  le  récit  est  attribué  à  tort  à  Solin.  Il  serait 
intéressant  de  savoir  où  Gower  a  pris  cette  histoire  singulière  :  elle 
n'est  pas  dans  le  Phj/siolor/us.  Peut-être  le  récit  est-il  un  développe- 
ment altéré  de  la  description  de  la  Maritichora  (quadrupède  à  face 
humaine,  qui  dévore  les  hommes),  qui  se  trouve  en  effet  dans  Solin 
(p.  210,  éd.  Mommsen),  mais  il  est  difficile  de  croire  que  Gow^er  soit 
l'auteur  du  développement. 

Le  poème  est  écrit  dans  la  forme  strophique  qu'affectionnent  les 
auteurs  de  poèmes  moraux  (strophes  de  douze  vers  de  huit  syllabes 
avec  l'enchaînement  aab,  aab,  bba,  bba).  M.  M.,  qui  se  range  du  côté 
des  philologues  qui  croient  à  une  certaine  influence  de  la  versification 
anglaise  sur  les  poètes  anglo-normands  du  xni^  siècle  [Intvod.,  p.  xv, 
XLiv),  remarque  que  chez  Gower  il  y  a  une  remarquable  tendance  à 
revenir  à  la  correction  du  vrai  vers  français  :  les  vers  plus  longs  ou 
plus  courts  que  le  nombre  régulier  de  huit  syllabes  sont  très  rares.  Il 
reste  cependant  une  trace  de  la  versification  accentuée  anglaise  chez 
Gower  dans  l'effort  visible  qu'il  fait  pour  faire  alterner  les  syllabes 
non  accentuées  et  accentuées  dans  son  vers,  les  syllabes  paires  portant 
l'accent,  bien  que  l'éditeur  exagère  (p.  xlvi)  la  régularité  constante 
avec  laquelle  Gower  applique  ce  système. 

Mais  l'intérêt  capital  du  poème  publié  par  M.  ]M.  n'est  ni  dans  le 
contenu,  ni  dans  la  forme  :  il  est  dans  la  langue,  qui  représente 
l'anglo-normand  au  moment  où  l'anglais  allait  se  constituer  comme 
langue  écrite  et  absorber  l'anglo-normand,  devenant  désormais  une 
langue  morte.  M.  M.  montre  bien  que  c'est  à  cette  dernière  forme  de 
l'anglo-normand,  plutôt  qu'aux  formes  antérieures,  qu'on  doit  avoir 
recours  quand  il  s'agit  de  faire  l'historique  d'un  mot  français  passé  en 
anglais  p.  xiv).  Il  en  est  de  même  pour  des  questions  de  phonétique: 


SCllNiiUKR:    DIE    FKHDtGAK-CllUOMK  61:^ 

c'est  aux  ouvrages  écrits  en  français  à  la  (in  du  xiv"  siècle  qu'on  doit 
s'adresser  quand  on  veut  savoir  avec  précision  comment  se  prononçait 
la  partie  française  du  vocabulaire  de  Ohaucer.  —  Ce  qui  frappe  à  ce 
point  de  vue  dans  Gower,  c'est,  comme  en  versification,  un  certain 
effort  pour  se  rapprocher  du  français  continental  o/  pour  ei  anglo- 
normand  non  nasalisé,  -on  à  côté  de  -oun,  voir  le  relevé  des  faits 
linguistiques,  p.  xvi  ss.  ,  mais  la  langue  n'en  garde  pas  moins  son 
caractère  artificiel  et  flottant,  surtout  en  ce  qui  concerne  la  flexion  des 
substantifs,  la  confusion  des  formes  masculines  et  féminines  dans  les 
adjectifs,  etc.  Quant  au  vocabulaire,  M.  M.  a  réuni  dans  son  glossaire 
tous  les  mots  employés  par  son  auteur,  avec  un  nombre  suffisant  de 
passages  cités  pour  chaque  mot.  Sans  être  un  index  proprement  dit, 
le  glossaire  est  donc  un  dictionnaire  de  l'anglo-normand  de  Gower, 
dictionnaire  qui  rendra  des  services  d'autant  plus  grands  que  l'ou- 
vrage, par  la  variété  de  son  contenu,  embrasse  une  portion  considérable 
du  lexique  de  l'anglo-normand  à  son  déclin. 

Le  volume  contient  en  outre  les  deux  autres  œuvres  françaises  de 
Gower,  d'abord  les  Cink-ante  Balades  (amoureuses),  puis  le  Traité 
de  Mariage,  en  dix-huit  ballades,  qui  se  trouve  souvent  dans  les 
manuscrits,  à  la  suite  de  la  Confet<sio  Amantis  anglaise.  Les  Cinkante 
Balades,  qui  prouvent,  ce  que  le  Mii-oai'  ne  laissait  pas  soupçonner, 
que  Go\\er  pouvait  être  aussi,  en  français,  un  vrai  poète,  sont  publiées 
ici  pour  la  première  fois,  exactement  d'après  le  manuscrit  unique  de 
Trentham  Hall.  Le  Traitié,  bien  inférieur  aux  Cinkante  Balades, 
semble  avoir  été  originairement  un  ou\rage  à  part,  rattaché  après  coup 
à  la  Confessio,  et  se  trouvent  dans  d'assez  nombreux  manuscrits  dont 
AL  AL  a  collationné  les  plus  importants. 

Il  est  impossible  de  prendre  congé  de  ce  travail  sans  remercier 
M.  AL  du  soin  qu'il  a  mis  à  publier  une  œuvre  plutôt  ingrate  et  qui, 
nous  le  craignons,  ne  trouvera  pas  beaucoup  de  lecteurs. 

Gédéon  Huet. 

Gustav  ScHNiJRER.  —  Die  Verfasser  der  sogenannten  Frede- 

gar-Chronik.  —  Friburgi  Helvetiorum.  1900;  in-4'\  263  p.   (Collec- 
tanea  Friburgensia.  IX. i 

On  a  beaucoup  disserté,  depuis  tantôt  60  ans,  sur  la  Chronique  dite 
de  Frédégaire.  Les  derniers  savants  qui  en  ont  parlé,  M.  G.  Monodet 
M.  Krusch  (ce  dernier,  auteur  d'une  excellente  édition  dans  \QsMonu- 


(ll-l  COMPTIÎS    lŒNUUS 

menta  Germaniae  historica),  semblaient  avoir  résolu  les  principales 
difficultés  :  ils  n'étaient  point  du  même  avis  sur  quelques  points  de 
détail,  mais  dans  l'ensemble,  on  adoptait  les  théories  exposées  par 
M.  Krusch  dans  un  article  célèbre  du  Neues  Archiv.  On  s'accordait 
pour  voir  dans  la  partie  originale  de  la  Chronique,  de  584  à  642, 
r<x^uYred'un  clerc  burgonde,  qui  avait  utilisé,  jusqu'à  l'année  613, 
d'anciennes  annales  plus  ou  moins  développées,  et  auquel  on  devait 
la  suite  de 614  à  642.  Un  savant  suisse,  M.  G.  Schnùrer.  vient  d'exa- 
miner à  nouveau  la  question.  Dans  le  volumineux  mémoire  annoncé 
plus  haut,  il  expose  une  théorie  toute  différente,  dont  voici  un  bref 
résumé. 

II  suppose  un  premier  auteur  A,  auquel  on  devrait  VHistoria  cpito- 
mata  ou  abrégé  en  93  chapitres  des  livres  I  à  VI  de  Grégoire  de  Tours, 
et  une  histoire  de  la  Burgondie  et  de  l'Austrasie  de  584  à  616-17. 
L'ouvrage  tombe  un  peu  plus  tard  aux  mains  d'un  autre  compilateur, 
B,  qui  le  continue  jusqu'à  642.  A  vivait  en  Burgondie,  mais  ni  à 
Genève,  ni  à  Avenches,  comme  on  l'a  souvent  supposé;  il  devait  au  con- 
traire avoir  habité  Luxeuil,  et  M.  Schni'irer  l'identifie  avec  un  certain 
Agrestius,  qui,  longtemps  moine  de  cette  maison,  eut,  plus  tard,  des 
démêlés  très  violents  avec  l'abbé, saint  Eustasius.  B,  au  contraire,  aurait 
eu  des  attaches  avec  le  sud  de  la  Gaule-  La  compilation  fut,  plus  tard, 
continuée  par  un  troisième  auteur,  C,  qui  vivait  en  Austrasie  et  dont  le 
travail  s'arrête  à  l'an  658.  Enfin  les  chapitres  racontant  l'histoire 
fabuleuse  de  la  nation  franque  (origine  iroyenne),  ne  faisaient  pas 
partie  originairement  de  l'ouvrage,  et  ne  lui  ont  été  ajoutés  que  dans 
la  seconde  moitié  du  vii«  siècle. 

L'analyse  minutieuse  des  différentes  parties  de  la  compilation 
fournit  à  M.  Schnûrer  l'occasion  de  remarques  intéressantes.  Les 
trois  auteurs  paraissent  avoir  été  en  position  d'être  bien  informés, 
avoir  eu  avec  la  cour  des  relations  assez  étroites,  et  il  suppose  que 
tous  trois  ont  exercé  les  fonctions  de  notaires  royaux.  Bien  plus,  il 
estime  pouvoir  déterminer  leurs  sympathies  personnelles  ;  A  est  parti- 
san deWarnacharius,  mairedu  palais  en  Burgondie;  les  préférences  de 
B  sont  pour  le  maire  du  même  royaume,  Flaochat;  enfin,  C  est 
dévoué  au  maire  austrasien,  le  carolingien  Grimoald,  celui  qui,  dès 
le  milieu  du  vu^  siècle,  essaya  de  substituer  sa  famille  à  la  dynastie 
mérovingienne.  En  un  mot,  le  quatrième  livre  de  la  Chronique  dite  de 
Frédégaire,  serait  l'histoire  des  différents  maires  du   palais  du  temps  ; 


SCHNÛKEK  :    Dm    FKEUEC- ARC  II  ItO.NlK  ()15 

de  là,  la  variété  d'opinions  qu'on  y  remarque,  variété  qui  trahit   la 
pluralité  des  auteurs. 

Tout  cela  est  extrêmement  intéressant  et  ingénieux,  et  mérite 
l'attention,  mais  certaines  des  thèses  soutenues  par  M.  Schnûrer  ne 
nous  paraissent  pas  absolument  prouvées.  En  premier  lieu,  ce  qui 
concerne  Agrestius  (pp.  85-88);  le  personnage  est  curieux.  Brouillé  avec 
saint  Eustasius  qui  dut  le  chasser  de  son  monastère,  il  se  vengea  en 
travaillant  à  ranimer  contre  l'abbé  et  les  moines  de  Luxeuil,  attachés 
aux  pratiques  de  saint  Colomban,  les  vieilles  haines  du  clergé  gaulois. 
Soutenu  par  son  parent,  Abellenus,  évêque  de  Genève,  et  par  le 
maire  du  palais,  Warnacharius.  il  put  faire  réunir,  à  Màcon  un 
concile  chargé  de  juger  les  accusés.  Fort  heureusement  pour  Eus- 
tasius, le  maire  de  Burgondie  mourut  pendant  la  tenue  de  l'as- 
semblée. L'histoire  est  intéressante,  mais  elle  ne  prouve  rien  quant  à 
l'identification  proposée  par  M.  Schniirer.  Agrestius  n'était  pas  seul 
notaire  royal  ;  Warnacharius  avait  plus  d'un  partisan  à  la  cour,  et  de 
ce  que  lauleur  de  la  Chronique  (A)  traite  saint  Eustasius  de  doinnus, 
il  ne  s'ensuit  pas  qu'il  l'ail  connu  personnellement.  Ce  n'est  là  qu'un 
titre  d'honneur,  bien  dû  à  un  dignitaire  ecclésiastique  de  celte  impor- 
tance et  de  cette  réputation. 

Sur  un  autre  point,  le  mélange  des  sources  employées  par  A,  il  y 
aurait  aussi  quelques  réserves  à  faire.  Les  remarques  de  M.  Schniirer 
sont  fort  ingénieuses,  mais  parfois  aussi  un  peu  bien  subtiles,  et  à 
notre  sens,  il  n'a  pas  tenu  assez  de  compte  de  la  manière  d'éci'ire  de 
ces  pauvres  auteurs.  On  ne  saurait  leur  demander  la  précision  de 
termes  des  grands  stylistes  et,  à  force  de  raffiner,  on  risque  de  leur 
prêter  des  sous-entendus,  des  intentions  qui  n'ont  jamais  existé  chez 
ces  esprits  bornés.  Sur  un  point,  toutefois,  nous  acceptons  la  thèse  de 
^L  Schniirer;  il  nous  parait  avoir  pleinement  mis  en  lumière  les 
sympathies  de  chacun  de  ses  trois  auteurs  pour  les  maires  du  palais 
burgonde  et  austrasien,  et  cette  remarque  rend  encore,  si  possible, 
plus  précieuse  cette  singulière  Chronique.  Nous  noterons  également 
comme  dignes  d'attention,  les  pages  relatives  à  la  question  toujours 
controversée  des  origines  de  la  légende  troyenne.  Par  contre,  nous 
avons  été  surpris  de  ne  rien  trouver  dans  l'ouvrage  sur  le  mystérieux 
Lucerius,  auteur  du  plus  ancien  manuscrit  connu  du  pseudo-Frédé- 
gaire;  la  note  finale  de  ce  volume  a  été  datée  souvent  de  llo,  mais 
M.  Schniirer  n'ignore  pas    sans  doute,  que  l'un  des  meilleurs  paléo- 


Q\C^  COMPTKS    RK.NtHS 

o-raphes  de  nos  jours,  M.  D.  Dolisloi,  la  croit  de  l'an  678  et  l'estime 
un  peu  plus  récente  que  le  corps  du  manuscrit.  Celui-ci  aurait-  donc 
été  exécuté  dans  les  vingt  ans  écoulés  de  658  à  678.  Ce  serait  l'original 
ou  une  copie  directe  de  roriginal. 

Pour  conclure,  l'ouvrage  de  M.  Schnurcr  mérite  cà  tous  égards  d'être 
lu  et  médité;  il  y  a  lieu  de  faire  certaines  réserves,  mais  quiconque 
aura  à  étudier  le  texte  du  pscudo-Frédégaire  devra  à  l'avenir  tenir 
grand  compte  des  hypothèses  et  des  remarques  de  l'auteur. 

A.     MOLINIER. 


Marcellin  Boudet.  —  Thomas  de  la  Marche,  bâtard  de  France, 
et  ses  aventures  (1318-1361).  Documents  historiques  inédits  du 
xiv=  siècle.  — Riom,  U.  Jouvet  ;  Paris,  H.  Champion,  1900  ;  gr. 
in-8",  377  p. 

M.  Boudet,  en  publiant  il  y  a  cinq  ans  dans  la  Reçue  historique 
un  article  sur  Thomas  de  la  Marche  (qui  forme  le  premier  chapitre 
un  peu  remanié  du  livre  dont  nous  nous  occupons  ici)  nous  révélait 
presque  totalement  un  personnage  que  ses  contemporains  ont  méconnu 
et  que  l'histoire  avait  jusqu'alors  négligé.  Ce  n'était  pas  cependant 
une  individualité  banale  que  celle  de  Thomas  de  la  Marche.  Bâtard 
de  France,  allié  aux  plus  puissantes  familles  du  royaume,  parent  des 
rois  d'Angleterre  et  de  Chypre,  du  duc  de  Savoie,  il  parcourut  le  monde 
l'épée  à  la  main  :  il  combattit  l'infidèle  en  Orient,  guerroya  en  Sicile, 
eut  un  duel  retentissant  à  Londres  avec  Jean  de  Visconti  ;  rentré  en 
France, il  batailla  contre  les  Anglais  en  Bretagne,  en  Picardie  et  en  Au- 
vergne; entre  temps,  il  fut  chargé  d'ambassades  importantes  et  aida  le 
régent  Charles  à  recouvrer  sa  capitale.  Il  devint  pour  un  moment  gou- 
verneur de  la  Haute  Auvergne,  mais  il  eut  à  pâtir  de  la  rivalité  du  duc 
Jean  de  Berry  et  de  Louis  II  de  Bourbon.  Récompensé  de  son  dévoue- 
ment à  la  cause  française  et  à  la  cause  royale  par  la  destitution,  la  saisie 
et  la  confiscation  de  ses  biens,  il  se  révolta  contre  la  fortune  adverse, 
châtia  rudement  les  seigneurs  auvergnats  qui  l'avaient  desservi  et 
mourut  obscurément,  à  la  veille  peut-être  de  rentrer  dans  ses  honneurs 
et  dans  ses  biens. 

Faire  revivre  une  telle  figure  dans  le  milieu  chevaleresque  du 
xiv«  siècle,  réparer  l'injustice  des  contemporains  et    de  l'histoire  en 

1.  Cabinet  des  Manm^crita^  III,  218. 


BOUDET  :    THOMAS    DL".    LA    MARCHE  fil7 

rendîuit  à  Thomas  de  la  Marche  la  place  qui  lui  élait  due  dans  la 
galerie  des  chevaliers,  cela  devait  tenter  un  historien  consciencieux 
qui,  par  de  patientes  recherches,  avait  réuni  tous  les  éléments  de  cette 
étude.  Avec  une  grande  finesse  de  jugement  et  le  seul  souci  de  la 
vérité,  M.  Boudet  a  écrit  un  livre  qui  se  recommande  par  une  érudi- 
tion solide  et  un  tour  agréable.  Cette  contribution  à  l'histoire  du 
xiv"  siècle  dépasse  l'importance  d'une  simple  biographie  :  les  aven- 
tiires  de  Thomas  de  la  Marche  ont  permis  à  M.  B.  de  retracer  les 
épisodes  de  la  seconde  invasion  anglaise  en  Auvergne  presque  totale- 
ment ignorée  des  historiens  locaux  eux-mêmes  :  par  là,  l'étude  de 
M.  B.  touche  à  l'histoire  générale;  elle  devra  prendre  place  dans  la 
bibliothèque  de  tous  ceux  qu'intéresse  le  grand  duel  centenaire  de  la 
France  et  de  l'Angleterre. 

Thomas  de  la  Marche  est  né  de  Philippe  de  Valois  et  de  mère  in- 
connue, M.  B.  s  est  efforcé  de  démontrer  que  la  mère  de  Thomas 
était  Blanche  de  Bourgogne,  comtesse  de  la  Marche,  femme  infidèle 
de  Charles  le  Bel;  l'argumentation  subtile  de  M.  B.  est  plus  sédui- 
sante que  solide  sur  ce  point. 

Après  le  scandale  de  1313-1314,  Blanche  et  Marguerite  de  Bour- 
gogne, les  héroïnes  légendaires  de  la  Tour  de  Nesle,  furent  in- 
ternées au  Chcâteau-Gaillard.  Mais,  dans  la  répression,  il  y  eut  des 
degrés  :  Marguerite,  la  plus  coupable,  mourut  dans  sa  prison,  victime 
à  ce  qu'il  semble  du  régime  rigoureux  auquel  elle  avait  été  soumise. 
Blanche,  alors  enceinte  des  œuvres  de  son  mari,  fut  traitée  moins 
durement.  Peu  à  peu,  son  sort  s'améliora  ;elle  put  recevoir  des  visites; 
Charles  le  Bel  vint  la  voir.  La  liberté  était  sans  doute  prochaine 
quand  la  jeune  femme  retomba  dans  la  faute.  Un  second  enfant  vint  au 
monde.  Qui  était  le  père?  Que  devint  l'enfant  ?  Les  chroniqueurs 
contemporains  hésitent  sur  le  premier  point,  sont  muets  sur  le  second. 
Il  y  avait  là  une  énigme  historique.  M.  B.  prétend  la  déchiffrer:  il 
veut  que  cet  enfant  dont  nous  ignorons  tout,  même  le  sexe,  soit  Tho- 
mas de  la  Marche.  Je  résume  ici  ses  arguments:  Thomas,  fils  de  Phi- 
lippe de  Valois,  porte  «  les  armes  des  comtes  de  la  Marche  du 
xiii^  siècle  et  du  comté  de  la  ^Larche  du  commencement  du  xiv^,  hu- 
relé  d'argent  et  cVazar  ».  Ces  armes  indiquent  que  sa  mère  fut 
une  comtesse  de  la  Marche.  Or,  Tliomas  de  la  Marche  est  né  entre 
1313-1314  et  1322.  Entre  ces  deux  dates,  il  n'y  a  qu'une  comtesse  de  la 
Marche,  et  c'est  Blanche  de  Bourgogne.  D'où  la  conclusion  :  Thomas 

Moyen  Age,  t.  XIII.  36 


618  COMPTES    RENDUS 

de  la  Marche  fut  un  fils  adultérin  de  Philippe  de  Valois  et  de  Blanche 
de  Bour^ognCj  comtesse  de  la  Marche,  première  femme  de  Charles 
le  Bel.  Il  naquit  aux  Andelys  entre  1318  et  1322  et  fut  vraisem- 
blablement élevé  à  Paris  ou  dans  les  environs  de  Paris.  Il  avait 
dans  les  veines  du  sang  de  Frédéric  Rarberousse  ;  des  deux  côtés,  il 
descendait  de  saint  Louis.  Légitime,  il  se  fût  appelé  Thomas  de  France 
ou  Thomas  de  Valois.  Si  le  mariage  de  sa  mère  n'eût  été  annulé  qua- 
torze ans  après  sa  célébration,  il  eût  pu  être,  en  V(»rtu  des  présomptions 
légales  et  de  l'adage  du  droit  romain,  le  continuateur  de  la  dynastie 
capétienne  à  la  mort  de  Charles  le  Bel,  son  père  putatif. 

Il  est  certain  que  Tliomas  est  fils  de  Philippe  d(;  Valois.  Est-il 
l'enfant  adultérin  de  Blanche?  Il  eût  fallu  tout  d'abord  prouver  que 
Philippe  alla  voir  sa  cousine  prisonnière  au  Château-Gaillard.  M.  B. 
écrit:  «  Il  serait,  en  vérité,  par  trop  surprenant  que  Philippe  n'ait  pas 
eu  de  rapports  à  ce  moment  avec  sa  trop  galante  cousine  germaine.  » 
De  cela,  point  de  preuves,  mais  une  interprétation  abusive  d'un  texte. 
Le  continuateur  anonyme  de  Guillaume  de  Nangis  rnpporte  que  la 
grossesse  de  Blanche  fut  le  fait  d'un  sergent  ou  du  comte  de  la  Marche, 
ce  que  nous  disent  d'autres  contemporains  ;  mais  il  ajoute  non  sans 
malice:  «  ou  d'autres  encore,  nel  ab  aliis.  n  «  Écrivant  cela  sous  le 
règne  de  Philippe  de  Valois,  il  n'en  pouvait  dire  plus  long,  la  pa- 
ternité véritable  étant  alors  connue,  mais  non  reconnue  oflicielleraent 
par  le  souverain.  ))  M.  Boudet  incline  donc  à  penser  que  par  ces  mots 
ab  aliis,  le  chroniqueur  a  voulu  désigner  Philippe  de  Valois.  N'est-ce 
pas  forcer  le  sens  des  mots?  Je  me  contente  de  voir  dans  ce  texte 
l'ignorance  des  contemporains  en  cette  matière  délicate  :  si  ce  n'est  ni 
le  sergent,  ni  Charles  le  Bel,  c'est  assurément  un  autre,  d'autres 
même. 

L'infortuné  bâtard,  —  fils  de  Blanche,  —  pouvait  être  le  fruit  d'une 
collaboration  nombreuse,  voilà  tout  ce  que  le  texte  autorise  à  penser. 

Si  les  armes  de  Thomas  indiquaient  de  toute  nécessité  que  la  mère 
du  bâtard  de  France  était  Blanche  de  Bourgogne,  le  doute  ne  serait 
plus  permis.  Mais  la  science  héraldique  est  décevante  en  l'espèce'.  Le 

1.  Je  ne  suivrai  pas  M .  B.  sur  le  domaine  héraldique  ;  je  n'ai  point  de  compé- 
tence et.  j'accepte,  avec  la  foi  du  charbonnier,  ratlril:)ution  des  deux  empreintes 
de  .Sainl-Flour  et  de  Paris  au  sceau  de  Thomas,  l'afïirmatioii  qu'avant  lo08,  il 
n'y  avait  pas  d'armes  du  comte  de  la  Marche,  bien  que  ces  armes  du  rointé  de 
la  Marche  fussent  comme  celles  des  comtes  du  xni*  siècle  :  hai-elc  (l'ar(jcnt  et 
d'asur. 


BOUDET  :    TtlOMAS    DE    LA    MARCHE  619 

point  délicat  gît  dans  ce  passage  :  «  Le  nom  de  l'enfant,  d'après  les 
usages  et  le  droit  du  temps,  était  celui  de  la  mère.  La  mère  était 
donc  une  de  la  Marche...  Les  armes  de  Thomas  sont  celles  du  comté 
de  la  Marche.  La  combinaison  de  ces  deux  éléments,  noms  et  armes, 
indique  donc  que  la  mère  fut  une  comtesse  de  la  Marche.  » 

Nous  dirons  simplement  que  la  mère  pouvait  être  une  de  la  Marche, 
puisque  le  fait  d'avoif  un  sceau  aux  armes  du  comte  de  la  Marche 
résulta  d'une  mesure  spéciale  de  faveur,  prise  en  1350,  par  Jean  le 
Bon.  La  seule  considération,  à  laquelle  le  roi  Jean  obéit,  fut-elle  de 
mettre  en  rapport  les  armes  de  Thomas  de  la  Marche  avec  son  nom? 
Je  ne  le  crois  pas.  Il  faut  bien  considérer,  en  effet,  qu'en  1350  il  y  a 
un  comte  de  la  Marche,  Jacques  de  la  Marche,  deuxième  fils  de 
Louis  lo"  de  Bourbon,  auquel,  en  1327,  Charles  le  Bel  donna  le  comté 
de  la  Marche  en  échange  du  duché  de  Clerniont.  Jacques  de  la  Marche 
n'aurait-il  pas  protesté  contre  les  lettres  patentes  de  Jean  le  Bon,  qui 
pouvaient  faire  naître  une  confusion  regrettable  pour  l'honneur  des 
femmes  de  sa  famille.  On  peut  admettre,  en  l'absence  de  toute  protes- 
tation, que  Thomas,  en  1350,  avait  des  droits  à  prendre  ces  armes,  et 
cela  n'expliquerait-il  pas  l'étonnante  faveur  dont  Thomas  jouit  auprès 
du  roi  de  Chypre,  beau-père  de  Marie  de  Bourbon,  et  auprès  de 
Louis  II  de  Bourbon?  Si  nous  observons  de  près  la  parenté  certaine 
de  Thomas  en  France,  «  tout  ramène,  dit  M.  B.,  à  la  famille  royale  »: 
Thomas  est  Gousin  de  Jeanne  la  Boiteuse,  par  Charles  de  Blois,  petit- 
fils  de  Charles  de  Valois;  de  Louis  II  de  Bourbon,  par  sa  mère, 
Isabelle  de  Valois;  de  Charles  V,  par  sa  femme,  Jeanne  de  Bourbon, 
etc.  Mais  tout  ramène  aussi  à  la  maison  de  Bourbon,  Or,  M.  Boudet 
a  bien  porté  ses  investigations  dans  la  famille  de  Bourbon  ;  mais,  par 
une  extraordinaire  aberration,  il  n'a  cherché  que  du  côté  des  hommes, 
tandis  que  pour  les  Lusignan-Marche,  il  avait  pris  soin  d'écarter  de 
Philippe  de  Valois  toutes  les  vieilles  comtesses  douairières.  11  était 
trop  évident  que  Thomas  étant  fils  de  Philippe  de  Valois  ne  pouvait 
être  fils,  ni  de  Louis  I^i"  de  Bourbon,  ni  de  Jacques  de  la  Marche. 
Pourquoi  donc  n'a-t-il  pas  songé  à  rechercher  si,  parmi  les  femmes  de 
cette  famille,  il  n'y  en  avait  pas  une  répondant  aux  qualités  de  beauté, 
d'âge  et  de  galanterie  que  semblait  exiger  Philippe  de  Valois?  Bien 
plus,  en  raisonnant  comme  M.  B.,  je  dirais  même  que  si  Thomas 
était  le  fils  de  Philippe  de  Valois  et  de  Blanche  de  Bourgogne,  il  eût 
été  bâtard  de  Valois  et  non  point  bâtard  de  France,  puisque  son  père 


620  COMPTKS    RENDUS 

n'eût  pas  été  roi  de  France  loj-s  de  sa  naissance.  Sa  qualité  de  bâtard 
de  France  reporterait  la  naissance  de  Thomas  a|)rès  1328  ;  mais  M.  B. 
place  cet  événement  entre  1313-1314  et  1323.  Il  ne  put  naître  après 
1323,  dit-il,  car  en  1344-45,  il  était  chevalier,  ((  ce  qui  le  suppose  âgé 
d'au  moins  vingt  et  un  ans  à  cette  époque  )).  L'âge  de  la  majorité 
féodale  a  varié  selon  les  pays  et  quelquefois  selon  les  familles.  M  .  B. 
a  tort  de  croire  qu'en  dehors  de  la  famille  royale,  il  y  eut  peu 
d'exceptions  à  la  règle  de  vingt  et  un  ans,  sans  compter  que  Thomas, 
bâtard  de  France,  était  de  famille  royale.  Rien  ne  s'oppose  donc  à 
ce  que  Thomas  soit  né  après  1323,  et  môme  après  1328,  puisqu'il  a  pu 
être  fait  chevalier  à  quatorze  ou  à  quinze  ans.  On  le  trouve  à  la  lin  de 
1343.  guerroyant  en  Orient;  on  a  des  exemples  de  précocité  aussi 
étonnants  :  Philippe-Auguste,  Philippe  le  Hardi,  fils  de  Jean  II, 
Duguesclin,  J'ai  gardé  pour  finir  deux  arguments  qui  montrent  toute 
la  subtilité  d'esprit  qu'a  déployée  M.  B.  et  aussi  toute  la  fragilité  de 
l'édifice  érigé  au  prix  de  tant  d'efforts.  M.  B.  répondant  à  une  objec- 
tion possible  :  pourquoi  Philippe  de  Valois  n'a-t-il  pas  donné  à  son 
fils  le  nom  patronymique  de  sa  mère,  de  Bourgogne,  dit  que  c^était 
pour  ne  pas  outrager  la  vertueuse  Jeanne  de  Bourgogne,  sa  femme. 
Singulière  et  délicate  attention  d'un  homme  qui  n'aurait  pas  craint  de 
mettre,  entre  lui  et  la  reine,  leur  cousine  commune!  Et  si  Philippe 
n'avait  pas  donné  ce  nom  à  son  fils  parce  que  celui-ci  n'était  pas 
l'enfant  de  Blanche!  Elle  est  peut-être  vraie,  après  tout,  cette  anomalie 
d'un  enfant  dont  le  père  est  connu  et  la  mère  ignorée.  Enfin  si  Jean  le 
Bon  a  donné  à  Thomas  les  armes  de  la  Marche,  c'était  pour  désigner 
«  suffisamment,  mais  sans  éclat  la  mère  de  Thomas  dans  les  armes  du 
bâtard  »,  et  ne  pas  conférer  à  Thomas  le  nom  des  comtes  de  Bour- 
gogne, à  la  famille  desquels  il  appartenait  lui-même  par  sa  naissance 
et  par  son  mariage.  Précaution  bien  inutile,  puisque,  connue  le  recon- 
naît M.  B.,  «  aucun  des  contemporains  initié  aux  habitudes  féodales 
n'a  dû  s'y  tromper  ».  n'a  pu  se  laisser  prendre  au  prétendu  subterfuge' 
du  roi. 

En  résumé,  que  conclure?  Thomas  de  la  Marche  est  un  bâtard  de 
Philippe  de  Valois,  roi  de  France.  Sa  mère  nous  est  inconnue,  mais 
elle  ne  peut  pas  être  Blanche  de  Bourgogne.  Il  ne  semble  pas  qu'elle 
puisse  être  une  Lusignan.  On  la  doit,  je  crois,  chercher  dans  la 
famille  de  Bourbon,  peut-être  même  dans  le  voisinage  de  Jacques  de 
la  Marche.  Je  suis  d'autant  plus  à  l'aise  pour  exprimer  mon  opinion 


PRUDHOMMR  :    LES    ARCHIVES    DE    l'iSÈRK  621 

en  la  nialioro  que   d'autres   plus  qualifiés   pour   juger   du   mérite  de 

l'd'uvre  ont  doiiiK' à  M.  lioudel  leur  approbation,  l.'ll  M.  B.  estimera 

peut-être  que   la  modestie  eût  dû  me  condamner  à   débattre  moins 

longuement  une  question  qui.  résolue   dans  un  sens  ou  dans  l'autre, 

n'enlève  i-ien  à  l'impoUance  capitale  de  son    livre  pour  l'histoire  du 

xive  siècle.  Je  me  plais  à  le  reconnaître. 

L.  Levillain. 

A.  Pruduomme.   —  Les  Archives  de  l'Isère,  1790-1899.    —  Gre- 
noble, impr.  de  Allier,  1899;  in-8'^  37o  p. 

Les  dépôts  d'archives  fournissent  à  l'érudition  une  masse  énorme 
de  documents  en  grande  partie  encore  non  utilisée.  La  raison  d'être 
de  cet  état  de  choses  ne  tient  pas  seulement  à  l'insuffisance  du  per- 
sonnel scientifiqu(\  il  tient  aussi  à  l'absence  d'instruments  de  travail 
méthodiques.  La  belle  collection  des  Inventaires  sommaires  des  Ar- 
chives départementales,  communales  et  hospitalières,  en  dépit  du 
nombre  considérable  de  volumes  qu'elle  comporte  présentement,  est 
loin  d'être  complète,  et  dans  beaucoup  de  départements  la  publication, 
pour  des  raisons  diverses,  avance  très  lentement.  Si  les  inventaires 
nous  font  connaître  la  composition  d'un  fonds  et  l'existence  d'un  docu- 
ment, ils  ne  facilitent  qu'assez  peu  la  recherche  méthodique  de  ces 
mêmes  fonds  et  documents.  Qu'on  veuille  connaître  les  papiers  d'une 
administration  laïque  ou  le  chartrier  d'un  établissement  ecclésias- 
tique, l'inventaire  sommaire  nous  dira  ce  qu'il  y  a,  il  ne  nous  dira  pas 
ce  qui  a  disparu,  ce  qu'il  aurait  dû  y  avoir,  ce  qui,  par  suite  d'événe- 
ments particuliers,  se  trouve  ailleurs  que  dans  le  dépôt  où  on  le  doit 
chercher  normalement.  Ces  informations  ne  se  peuvent  trouver  que 
dans  l'historique  des  dépôts,  historique  qui  peut  former  l'introduction 
plus  ou  moins  développée  de  l'inventaire  sommaire,  comme  c'est  le  cas 
du  volume  de  M.  Prudhomme,  dont  le  titre  est  transcrit  plus  haut  et 
dont  le  texte  a  paru  dans  la  collection  citée. 

Les  Archives  de  l'Isère  ont  été  formées  :  1"  par  les  archives  de  l'an- 
cienne Intendance  du  Dauphiné  et  de  la  Commission  intermédiaire  dé- 
posées à  la  préfecture  ;  2"  par  les  titres  et  papiers  dépendant  des  dépôts 
appartenant  à  la  République,  c'est-à-dire  des  dépôts  des  anciennes  ins- 
titutions administratives  et  judiciaires  de  la  province,  des  communautés 
religieuses,  des  émigrés  et  condamnés  de  la  période  révolutionnaire. 
Cette  seconde  série  de  fonds  resta  distincte  de  la  première  jusqu'en  1850. 


622  COMPTES    RENDIS 

Le  Directoire  du  département,  succédant  à  l'Intendant,  hérita 
de  ses  archives  pour  la  partie  qui  concernait  le  territoire  du 
département;  la  Drôme  et  les  Hautes-Alpes  ayant  reçu  ce  qui  les  con- 
cernait. A  ce  fonds  vinrent  s'ajouter  ceux  des  archives  des  districts 
après  leur  suppression  en  l'an  III. 

A  côté  du  dépôt  préfectoral  se  constitua  un  dépôt  national  au  Palais 
de  justice.  Dans  cet  édifice  se  trouvaient  en  1700  :  1"  les  archives  de 
la  Chambre  des  comptes,  comprenant  l'ancien  Trésor  des  chartes  des 
Dauphins  ;  2"  les  greffes  du  Parlement  de  Grenoble,  du  bailliage  du 
Graisivaudan,  de  la  Justice  de  Grenoble,  du  Bureau  des  finances  et 
de  l'Élection.  Un  troisième  groupe  d'archives  devait  venir  se  fondre 
avec  les  deux  précédents,  les  chartriers  des  établissements  religieux, 
des  émigrés  et  des  condamnés.  Les  opérations  relatives  à  la  réunion 
de  ces  fonds  relevant  des  districts,  c'est  par  districts  que  M.  Pru- 
dhorame  a  étudié  avec  beaucoup  de  détails  les  circonstances  de  leur 
prise  de  possession  et  de  leur  réunion.  Il  a  utilisé  pour  cette  étude  des 
documents  conservés  dans  le  dépôt  môme,  et  il  a  pu  tracer  un  intéres- 
sant tableau  de  l'histoire  des  saisies  de  papiers  dans  le  département 
pendant  la  période  révolutionnaire.  Puisque  l'occasion  s'en  présente, 
j'attirerai  ici  l'attention  sur  deux  mesures  législatives  dont  l'une  au 
moins  paraît  avoir  échappé  à  ceux  qui  ont  rédigé  en  1841  et  en  1884 
les  recueils  d'actes  législatifs  et  administratifs  concernant  les  archives. 
Le  décret  du  20  mars  1790,  promulgué  le  26  du  même  mois,  ordonna 
l'inventaire  des  biens  des  maisons  religieuses.  En  vertu  de  ce  décret, 
les  municipalités  procédèrent  à  l'inventaire  de  ces  Ijiens,  y  compris  les 
archives.  Ces  inventaires  peuvent  se  trouver  dans  les  archives  de 
chaque  département;  à  leur  défaut,  il  en  existe  une  série,  à  peu  près 
complète  pour  toute  la  France,  d'expéditions  authentiques  adressées 
au  Comité  ecclésiastique  et  actuellement  conservées  aux  Archives  na- 
tionales^  Le  décret  du  20  avril  1790,  promulgué  le  22,  confia  ai^x 


1.  Ces  inventaires  fournissent  sur  le  site  des  domaines,  la  quotité  de  leurs  reve- 
nus, la  disposition  des  immeubles,  la  richesse  des  trésors  et  sacristies,  l'impor- 
tance des  bibliothèques,  le  nombre  et  1  âge  des  religieux,  des  indications  très 
précises.  La  publication  ou  l'analyse  détaillée  de  ces  documents  serait  du  plus 
haut  intérêt,  en  attendant  que  ce  projet  puisse  être  étudié  et  soumis  à  qui  de 
droit,  je  publierai  prochainement  une  liste  des  établissements  au.xquels  se 
réfèrent  ces  inventaires,  les  historiens  locaux  pourront  en  faire  leur  profit.  11 
serait  à  souhaiter  que  chaque  cartulaire  ou  reoueil  de  chartes  se  terminât  par  le 
texte  de  l'inventaire  des  biens  de  l'établissement  à  la  date  de  sa  suppression,  de 
même  qu'il  commence  par  l'acte  de  fondation.  Voici  pour  l'Iséie  les  mai'^ons 


PRUDIIOMME  :    LF.S    ARCHIVES    DE    l'iSÈRE  623 

districts  Tadministration  des  biens  des  communautés  supprimées  et 
prescrit  la  rédaction  par  les  directoires  des  districts,  et  non  plus  par 
les  municipalités,  d'inventaires  des  biens  meubles  et  particulièrement 
des  archives  de  chaque  communauté.  Ces  seconds  inventaires,  beau- 
coup plus  détaillés  que  les  précédents  au  point  de  vue  des  archives, 
doivent  être  recherchés  dans  les  dépôts  départementaux;  il  n'en  existe 
pas,  à  ma  connaissance  du  moins,  d'expéditions  aux  Archives  natio- 
nales. On  comprend  aisément  l'importance  de  ces  deux  inventaires 
dressés  pour  chaque  établissement;  ils  se  réfèrent  aux  fonds  d'archives 
devenues  propriété  de  la  Nation,  ils  sont  antérieurs  à  toute  destiiuction 
volontaire,  à  toute  attribution  de  titres  aux  acquéreurs  de  biens  natio- 
naux; et  tout  ce  qui  n'est  pas  sorti  des  fonds  par  l'une  de  ces  deux 
voies  ne  peut  être  présentement  la  propriété  légitime  que  des  Archives 
départementales. 

Le  troisième  chapitre  du  livre  de  M.  Prudhorame  est  consacré  aux 
destructions  de  titres.  Dans  l'Isère  comme  ailleurs,  avant  toute  pres- 
cription légale  relative  à  la  destruction  des  titres  féodaux,  les  paysans 
firent  des  feux  de  joie  avec  les  terriers  de  leurs  seigneurs  ;  la  correspon- 
dance de  la  Commission  intermédiaire  des  États  du  Dauphiné  abonde 
en  détails  sur  ces  incendies.  En  conséquence  des  lois  du  24  juin,  du 
10  août,  du  17  septembre  1792  et  du  17  juillet  1793,  l'on  fit  à  Gre- 
noble, les  29  et  30  brumaire  an  II,  un  autodafé  d'une  partie  des  ar- 
chives de  la  Chambre  des  comptes,  du  Parlement,  du  Bureau  des 
finances,  des  Cours  de  justice  et  des  établissements  religieux;  d'autres 
brùlements  de  titres  eurent  lieu  dans  les  communes  auxquelles  on  res- 
titua à  cet  effet  des  papiers  déjà  versés  à  l'administration  centrale.  Un 
assez  grand  nombre  de  procès-verbaux  de  visite,  de  bordereaux  de 
versement,  de  rapports  de  brûlement,  ont  permis  à  M.  P.  de  fournir 
sur  ces  tristes  opérations  des  renseignements  nombreux  et  précis  et  de 
dresser  dans  plusieurs  cas  des  états  des  documents  détruits,  A  ce  fléau 


dont  les  iuveuiaires  existent:  Grande-Chartreuse,  Augustins  réformés  deTaulignau; 
Augusiiiis,  Récollets,  Cannes,  Minimes  et  Cordeliers  de  Grenoble;  Dominicains 
de  Maubec,  Capucins  de  la  Mure,  Chartreux  de  Vaucluse,  Augustins  de  Bour- 
goin  et  de  More.stel,  Capucins  de  Grenoble,  Augustins  et  Carmes  de  Vienne, 
Chaitreux  de  la  Sylve-Beniie,  Bernardins  de  Bonnevaux,  Minimes  de  Romans, 
Dominicains  de  Grenoble  (église,  couveni  et  dépendances),  Cordeliers,  Grands- 
Carmes,  Jacobins  et  Capucins  d'Orange  ;  Augustiues  ^de  Voiron,  Célestines, 
Ursulincs,  Bénédictines,  Bernardines.  Sœurs  de  Saint-Joseph,  Religieuses  de 
Suint- .\ndré-le- Haut,  de  Vienne;  Chapitre  Saint-Chef  et  Chapilre-Saint-Mau- 
rice  de  Vienne. 


624  COMPTKS    RENDÏ'S 

vinrent,  s'ajouter  les  versements  aux  arsenaux  pour  la  fabrication  des 
gargousses;  6735  pièces  ou  registres  furent  en  deux  fois  envoyés  à  Tou- 
lon par  le  district  de  Grenoble,  3300  par  celui  de  Vienne;  ceux  de  la 
Tour-du-Pin  et  de  Saint-Marcellin  ne  purent  rien  envoyer  à  l'admi- 
nistration militaire  de  Lyon,  ayant  avant  toute  réquisition  à  peu  près 
tout  brûlé.  Les  documents  permettent  encore  de  constater  d'impor- 
tantes ventes  de  papiers  dans  les  districts  de  Vienne  et  de  Grenoble. 
Les  Archives,  après  la  période  révolutionnaire,  furent  abandonnées  et 
livrées  au  pillage  ;  outre  les  livraisons  de  titres  faites  aux  acquéreurs 
des  biens  nationaux,  il  faut  signaler  des  restitutions  à  Tévêché  et  à  la 
Grande-Chartreuse.  A  la  période  de  désorganisation  de  la  première 
moitié  de  ce  siècle  a  succédé,  depuis  1850,  une  période  de  réorganisa- 
tion marquée  par  des  réintégrations,  des  classements,  des  inventaires; 
cette  période  prend  fin  avec  l'achèvement  de  l'Inventaire  sommaire  et 
la  publication  du  très  intéressant  mémoire  historique  que  nous  venons 
d'analyser.  Nous  sommes  heureux  d'avoir  eu  à  attirer  sur  lui  l'atten- 
tion des  médiévistes  soucieux  de  diriger  méthodiquement  leurs  re- 
cherches dans  les  dépôts  actuels,  en  prenant  pour  point  de  départ  l'état 
des  fonds  anciens,  et  l'attention  des  historiens  de  la  Révolution  dési- 
reux de  connaître  l'œuvre  ((  administrative  »  de  la  Révolution  au  point 
de  vue  des  archives  dans  un  département.  Un  vœu  s'impose  en  ter- 
minant, c'est  que  tous  les  archivistes  départementaux  nous  donnent 
un  livre  analogue  à  celui  de  M.  Prudhomme.  A.  Vidier. 


H.  Bœhmer.  —  Kirche  und  Staat  in  England  und  in  der  Nor- 
mandie im  XI  und  XII  Jahrhundert.  —  Leipzig,  Theodor 
Weicher,  1899;  in  8»,  498  p. 

M.  H.  Bœhmer  a  apporté  une  fort  intéressante  contribution  à 
l'histoire  ecclésiastique  de  l'Angleterre.  Le  titre  de  son  livre  ne  répond 
pas,  il  est  vrai,  très  exactement  au  contenu.  Il  a  étudié  une  crise  ou 
plutôt  une  évolution  de  l'Église  anglo-normande  qui  se  place  entre  le 
milieu  du  XI*"  siècle  et  le  milieu  du  xir' siècle.  L'auteur,  en  effet,  n'a 
jeté  d'une  part  qu'un  rapide  coup  dœil  sur  l'Église  de  Normandie  et 
l'Église  d'Angleterre  avant  le  duc  Guillaume  et  le  roi  Harold,  et  il 
s'est  arrêté,  d'autre  part,  à  l'avènement  de  Henri  II. 

Le  livre  même  se  présente  sous  un  aspect  assez  singulier  que  AI.  B. 
est  bien  obligé  de  reconnaître  dans  la  préface.  Moins  de  quatre-vingts 


BŒHMRR  :    KIRCIIF.    IND    STAAT  fi:?") 

pagos  tracent  le  tableau  des  l<;glise.s  norinaiule  et  anglaise  avant  et  en 
lOOfi,  quarante-sept  la  réforme  de  l'Kglise  anglaise  par  Guillaume  le 
Conquérant  et  Lanfranc,  trente-six  les  rapports  des  deux  Églises  avec 
les  rois  et  les  ducs  jusqu'en  1107.  Puis,  la  trame  du  livre  est  comme 
coupée  par  une  longue  dissertation  de  plus  de  cent  pages  sur  quel- 
ques ouvrages  de  polémique,  surtout  sur  l'Anonyme  d'York  et  ses 
traités  de  théologie  et  de  discipline.  Cette  étude  trop  longue  et  cepen- 
dant incomplète  fait  ici  un  malheureux  effet.  Enfin,  on  arrive  à 
r  ((  Épilogue  )).  Mais  il  ne  faudrait  pas  s'attendre  à  y  trouver  une 
simple  couclusio;].  L'Épilogue  consacré  à  «  la  réception  du  grégoria- 
nisme  »  en  Angleterre,  est  comme  un  second  livre  ou,  du  moins, 
comme  la  seconde  partie  du  livre:  en  cent  soixante-trois  pages,  autant 
que  pour  toute  l'histoire  des  rapports  de  l'I^^glise  et  de  l'État,  jusqu'à 
l'avènement  d'Henri  I''',  c'est  l'étude  de  ces  mêmes  rapports  sous  les 
rois  Henri  I»'"  et  Etienne,  et  des  ouvrages  bien  connus  de  Jean  de 
Salisbury.  Tout  cela  est  d'une  composition  bien  irrégulière.  Mais  si 
la  composition  laisse  fort  à  désirer,  il  faut  reconnaître  que  l'exposition 
est  claire,  vigoureuse,  abondante.  Certains  passages  se  présentent  avec 
une  remarquable  netteté.  11  faut  signaler  toutefois  un  certain  abus  de 
termes  trop  abstraits  ou  trop  actuels  \  Pour  ne  citer  qu'un  exemple, 
M.  B.  fait  vraiment  un  usage  excessif  des  mots  ((  radikal  »  et 
((  Radikalismus  ». 

Sous  celte  forme  inégale,  mais  souvent  heureuse,  l'auteur  a  étudié 
une  très  curieuse  phase  de  l'histoire  de  l'Eglise  anglo-normande.  Il  a 
fait  tout  d'abord  ressortir  le  contraste  classique  que  présentent  en 
1066,  les  deux  Églises  normande  et  anglo-saxonne,  l'une  réformée, 
rajeunie,  pleine  de  sève  et  d'ardeur,  conduite  militairement,  si  l'on 
peut  dire,  par  le  duc  Guillaume,  l'autre,  en  pleine  décadence,  sans 
hiérarchie  solide,  démoralisée  et  discréditée.  Le  tableau  est  net.  mais 
un  peu  court,  surtout  pour  la  Normandie.  M.  B.  s'est  consciencieu- 
sement informé  dans  les  grands  recueils  ;  il  lui  était  difficile  d'appro- 
fondir l'histoire  ecclésiastique  d'une  de  nos  provinces.  Son  principal 
guide  a  été  Freeman.  Juste  dans  ses  grandes  lignes,  son  étude  peut 
encore  être  reprise  et  complétée. 

C'est  du  contraste  entre  les  deux  Églises  qu'il  faut  partir,  pour 
comprendre  les  changements  qui  se  sont  produits  à  partir  de  1066 
dans  la  société  ecclésiastique  anglaise.  Sous   le  contrôle  vigilant  et 

1.   Voir  sui'tout  p.  4-^6-428. 


G2(î  COMPTKS    RKNDI'S 

jaloux  du  Conquérant,  sous  la  direction  énergique  d(;  Lanfrano, 
rivalise  de  Normandie  a  conquis,  réformé  et  transformé  l'Église 
anglaise.  L'acii\ité  religieuse  de  la  Normandie,  sa  forte  hiérarchie,  sa 
A'ie  monastique  intense,  surtout  son  étroite  soumission  à  l'autorité 
ducale  sont  devenues,  à  la  suite  de  la  conquête,  autant  de  traits  de 
TEglise  anglaise.  Et  c'est  ainsi  renouvelée  que  rAiigl('terr(>  est  entrée 
en  contact  avec  hi  politique  pontificale  de  suprématie  et  de  domination 
universelle  que  Grégoire  VII  formulait  et  poursuivait  alors  si  nette- 
ment. Mais,  en  dépit  de  quelques  conflits,  le  système  «  hiérocratique  », 
comme  dit  M.  Martens  [Gregov  VII,  t.  II,  p.  3),  le  (tgrégorianisme  », 
comme  dit  M.  B. ,  ne  pénétrèrent  pas  profondément  en  Angleterre  sous 
les  règnes  de  Guillaume  I^r  et  de  Guillaume  II.  L'Église  anglaise  resta 
une  Église  royale,  dépendant  avant  tout  du  roi,  soumise  seulement  à 
une  ol)édience  lointaine  et  vague  à  l'égard  de  Rome.  L'expression  la 
plus  vive  de  ce  système  particulier,  la  définition  la  plus  complète  du 
droit  royal  sur  l'Église  se  trouve  dans  l'Anonyme  d'York,  dont 
M.  B.  a  examiné  avec  plus  de  soin  que  de  discrétion,  h^s  parties 
principales. 

L'  «  Épilogue  »  fait  ressortir  un  nouveau  contraste,  contraste  entre 
l'Église  anglo-normande  à  la  fin  du  xr'  siècle  sous  les  rudes  mains  de 
deux  Guillaume,  et  l'Église  anglo-normande  au  milieu  du  xii^  siècle. 
Des  générations  nouvelles  sont  venues,  des  théories  nouvelles  se  sont 
répandues,  un  esprit  nouveau  s'est  introduit  dans  le  clergé  normand 
et,  par  suite,  dans  le  clergé  anglais.  Tout  y  a  contribué,  les  conditions 
sociales,  politiques  et  intellectuelles  de  l'Église,  la  formation  spiri- 
tuelle du  clergé,  la  politique  d'autonomie  des  archevêques  d'York, 
l'influence  des  écoles  de  Paris,  de  saint  Bernard,  le  contact  chaque 
jour  plus  grand  avec  l'Église  universelle,  grâce  notamment  aux  Croi- 
sades. Vainement  Henri  I'ï"  fit  ce  qu'il  pouvait;  les  moyens  qu'il  avait 
à  sa  disposition  ne  suffisaient  plus.  Dès  son  règne,  le  changement 
s'annonce.  Puis,  après  sa  mort,  des  crises  politiques  troublent  profon- 
dément le  pays,  affaiblissent  l'autorité  royale  pendant  la  lutte  du 
roi  Etienne  et  des  Plantagenet.  L'Église  d'Angleterre  n'est  plus  cette 
Église  originale,  sous  robéissance  de  ses  rois,  qu'elle  était  à  la  fin  du 
siècle  précédent  :  elle  a  reçu  le  «  grégorianisme  ».  Avec  la  même 
force  et  la  même  netteté  que  l'Anonyme  d'York  soutenant  la  dépen- 
dance de  l'Église  à  l'égard  de  l'État,  mais  avec  des  textes  nouveaux, 
Jean  de  Salisbury  soutient  la  théorie  contraire  de  l'indépendance,  de 


REVUK    DK    SYNTIIKSF.    HISTORIQUE  627 

la  supériorité  do  l'autorité  ecclésiastique  sur  tous  les  pouvoirs  de  la 
terre.  L'Église  anglaise  est  mûre  pour  le  grand  et  décisif  conflit  qui 
va  s'ouvrir  entre  Henri  H  et  Thomas  Becket,  conflit  auprès  duquel  les 
précédentes  querelles  entre  le  loi  et  les  évéques  n'étaient  que  jeux 
d'enfants. 

Tel  est  le  livre  très  rempli,  d'un  esprit  large,  livre  parfois  un  peu 
abstrait  dans  ses  vues  générales,  trop  systématique,  sans  doute,  dans 
sa  conception,  mais  intéressant  et  vigoureux. 

A.    COVILLK. 

Revue  de  synthèse  historique.  —  Directeur:  Henri  Berr.  T.  L 
n"  1  (août  19(X)).  Sommaire  :  Sur  notre  programme.  —  Histoire 
et  synlhi-fte,  par  Emile  Boutroux.  —  Introduction  à  l'étude  des  ré- 
gions et  pays  de  France,  par  Pierre  Foncin.  —  La  méthode  his- 
torique  en  Allemagne,  par  Karl  Lamprecht.  —  La  science  de  Vhis- 
toire  d'' après  M.  XénopoL  par  Paul  Lacombe.  -~  Paris,  Cerf, 
1900;  in -8". 

Tous  ceux  pour  qui  l'histoire  n'est  pas  une  pure  curiosité  de  l'es- 
prit, mais  qui  pensent  qu'elle  a  un  rôle  à  tenir  dans  le  jeu  des  sciences 
sociales,  applaudiront  à  l'apparition  de  la  Reçue  de  synthèse  histo- 
rique. Et  les  érudits  mêmes  qui  se  cantonnent  dans  la  recherche  et 
l'observation  des  phénomènes  du  passé  ne  sont  pas  pour  s'effaroucher 
de  la  synthèse  historique  qui  ne  serait  prématurée  que  si  on  la  consi- 
dérait comme  définitive;  autrement,  si  l'on  se  rend  compte  du  ca- 
ractère provisoire  des  résultats  généraux  obtenus,  elle  est  nécessaire  : 
sans  elle,  l'analyse  est  infructueuse.  Comme  le  remarque  l'auteur  du 
programme  de  la  nouvelle  revue,  ces  deux  opérations  sont  insépa- 
rables. La  bonne  observation  du  détail  ne  saurait  se  faire  sans  une 
direction  supérieure.  Et  nombre  de  faits  ne  seraient  même  pas  relevés 
ou  le  seraient  mal,  si  l'on  n'avait  d'avance  un  cadre  où  les  placer.  Per- 
sonne ne  contestera  l'utilité,  pour  l'histoire,  des  études  de  droit  com- 
paré, et  spécialement  le  profit  que  tirent  les  historiens  des  obser- 
vations faites  sur  les  peuples  primitifs  qui  ont  évolué  librement  sans 
influence  étrangère.  Or.  si  les  récits  de  voyageurs  sont  trop  souvent 
inutilisables,  c'est  qu'ils  émanent  d'hommes  qui  n'ont  aucune  notion 
de  critique,  aucune  connaissance  des  méthodes  scientifiques,  non  plus 
qu'aucune  visée  ni  particulière,  ni  générale.  Il  est  inexact  de  croire 
que    des    observations   faites    sans  direction  soient  plus  exactes  que 


628  COMPTES    RENDUS 

des  observations  faites  dans  un  but  déterminé.  La  photographie 
dans  sa  brutalité  donne  souvent  des  reproductions,  sinon  infidèles, 
au  moins  inutiles  et  relativement  fausses.  Ce  n'est  pas  à  dire  que 
((  le  collectionneur  de  faits  n'est  pas  plus  estimable  que  le  collec- 
tionneur de  timbres-poste  ou  de  coquillages  ».  Car  puisque  l'on 
reconnaît  la  solidarité  de  l'analyse  et  de  la  synthèse,  conséquemment 
la  nécessité  de  l'analyse,  il  faut  bien  recueillir  des  objets  sur  quoi 
faire  porter  la  synthèse.  Mvidemment,  les  rédacteurs  du  programme 
de  la  Revue  de  synthèse  Iiisiorique  n'ont  pas  rendu  exactement  leur 
pensée.  Ils  ont  voulu  dire  que  quiconque  se  borne  à  cataloguer  des 
faits  n'est  pas  un  historien.  Mais  de  savoir  de  quel  nom  l'on  désignera 
celui  qui  amasse  les  matériaux,  il  importe  peu;  question  de  mots 
oiseuse  et  que  d'ailleurs  n'ont  pas  posée  les  rédacteurs  du  programme. 
Par  un  autre  C(Mé,  l'œuvre  du  collectionneur  est  utile  et  inévitable.  Il 
est  dans  la  nature  des  choses  que  la  classification  empirique,  repo- 
sant sur  des  signes  extérieurs,  précède  la  classification  scientifique 
fondée  sur  les  caractères  internes  et  profonds.  Enfin,  il  faut  tenir 
compte,  en  histoire,  de  l'élément  sentimental  qui  est  à  la  base  de  toute 
recherche  historique  comme  il  est  le  point  de  départ  de  la  rédaction 
même  des  chroniques  qui  deviendi'ont  plus  tard  des  documents.  Mais 
non  seulement  «  il  n'y  a  d  analyse  intelligente  et  instructive  que  celle 
qui  est  dirigée  par  une  vue  d'ensemble  »  ;  la  synthèse  a  en  outre 
«  l'avantage  de  rappeler  le  savant  à  la  conscience  de  son  rôle  ».  Car 
le  but  dernier  de  l'histoire  est  de  trouver  les  lois  qui  ont  présidé  au 
développement  des  groupes  sociaux,  et  les  faits  n'ont  de  valeur  que 
si  leur  rapprochement  tend  à  cette  fin.  Sans  doute,  ce  n'est  pas  du 
premier  coup  qu'on  trouvera  ces  lois,  et  celles  qu'on  a  déjà  posées  ou 
qu'on  posera  seront  d'abord  incomplètes,  ne  rendant  pas  compte  de 
tous  les  phénomènes;  mais  les  observations  nouvelles  qui  intervien- 
dront pour  leur  vérification  permettront  de  les  modifier  et  de  trouver, 
des  formules  de  plus  en  plus  corapréhcnsi-ves.  Assez  nombreux  sont 
les  faits  déjà  recueillis  et  critiqués  pour  qu'on  puisse  essayer  d'une 
synthèse,  à  condition  que  celle-ci  soit  considérée  comme  provisoire  et 
susceptible  de  modifications  incessantes.  On  peut  concevoir  que  l'his- 
toire arrive  à  déterminer  les  étapes  par  lesquelles  ont  passé  nécessaire- 
ment les  diverses  sociétés,  les  phases  de  l'évolution  humaine,  tendant 
ainsi  et  de  plus  en  plus  à  se  confondre  avec  la  sociologie  qui,  elle, 
recherche  les  lois  applicables  à  l'avenir  comme  au  passé.  Si  les  phi- 


KEVUE    DE   SYNTHÈSE    HISTORIQUE  629 

losophcs  peuvent  s'engager  hardiment  dans  la  synthèse,  les  érudits, 
préoccupes  de  vérifier  leurs  conclusions,  n'en  devront  pas  moins  pour- 
suivre leurs  investigations,  car  il  s'en  faut  que  l'analyse  soit  achevée; 
mais  parce  que  l'étude  des  détails  suppose  des  principes  directeurs,  il 
est  à  désirer  que  les  rédacteurs  de  monographies  et  les  généralisateurs 
aillent  de  conserve.  Aussi  les  historiens  accueilleront-ils  avec  faveur 
l'entreprise  de  M.  Henri  Berret  de  ses  collaborateurs. 

M.  Prou. 


CHRONIQUE 


Le  vicomte  de  Caix  et  M.  Albert  Lacroix  poursuivent  la  publication  de 
leur  Histoire  Hlitstvco  de  la  France.  Le  second  volume,  La  Gaule  romaine, 
vient  de  paraître  (Paris,  Paul  OUendorfl,  1900:  in-4",  x-372  p.).  Cette 
période  était  particulièrement  difficile  à  traiter,  en  raison  de  la  rareté  des 
documents  relatifs  à  la  Gaule.  Les  auteurs  ont  su  cependant  écrire  un 
livre  intéressant  et  dans  lequel  ils  se  sont  montrés  généralement  bien  in- 
formés des  résultats  les  plus  récents  de  l'érudition.  S'il  y  a  quelques 
erreurs  de  détails,  ce  n'est  pas  le  lieu  de  les  signaler,  car  nous  craindrions 
d'encourir  le  reproche  de  ne  pas  tenir  un  compte  suffisant  «  de  l'effort  ac- 
compli et  de  la  difficulté  de  l'entreprise  ».  Cependant,  nous  ne  pouvons 
nous  empêclier  de  regretter  que  les  auteurs  se  soient  laissés,  à  l'exemple  des 
peuples  conquis,  attirer  par  le  foyer  de  l'Empire.  Il  nous  semble  qu'ils 
auraient  pu  alléger  leur  volume  en  rappelant  plus  brièvement  les  faits  de 
l'histoire  générale  et  en  laissant  de  côté  une  foule  d'anecdotes  relatives  à  la 
vie  privée  des  empereurs  et  qui,  assez  et  même  trop  connues,  n'ont  rien  à 
voir  avec  l'iiistoire  de  la  Gaule.  Pour  l'illustration  nous  ne  répéterons  pas 
ce  que  nous  avons  dit  à  propos  du  premier  volume.  Un  mot  seulement: 
il  était  inutile  d'appeler  l'attention  du  grand  public  sur  la  trop  fameuse 
médaille  du  Campo  dei  Fiori,  qui  n'a  ni  valeur  iconiqne,  et  (selon  moi)  à 
peine  de  valeur  artistique,  etqui  n'est,  comme  de  savants  numismates  l'ont 
établi,  qu'un  exemplaire  d'une  œuvre  assez  banale  de  l'école  milanaise.  Si 
l'on  voulait  nous  donner  une  idée  de  la  figure  que  les  chrétiens  de  la  Gaule 
prêtaient  au  Christ,  il  eût  été  préférable  de  reproduire  quelques-unes  des 
scènes  sculptées  sur  les  sarcophages  d'Arles.  M.  P. 

*  * 

M.  A.  Luchaire,  en  présentant  à  l'Académie  des  sciences  morales  et  po- 
litiques, dont  il  est  membre,  ses  Études  snr  quelques  manuserifs  de  Rome 
et  de  Paris,  dont  il  a  été  rendu  compte  précédemment  (supi-a,  p.  62), 
a  fait  ressortir  l'intérêt  de  la  correspondance  des  abbés  de  Saint-Victor  de 
Paris  et  augmenté  le  recueil  formé  par  lui  de  quelques  nouveaux  textes  {Une 
correspondance  inédite  des  abbès  de  Saint-Victor  sous  Louis  VII,  dans  les 
Séances  et  Tracaux  de  l'Académie  des  sciences  morales  et  politi'iues,  CLII, 
déc.  1899,  p.  548-569).  M.  Luchaire  a  publié  à  cette  occasion  un  certain 
nombre  de  lettres  qu'il  n'avait  qu'indiquées  dans  l'appendice  IV  de  son  re- 


CUKONlQliE  631 

cueil,  ce  sont  les  ri"  G8,  8G,  102,  109,  110,  111,  111,  131,  132  et  Ml  ;  ces 
lettres  sont  intéressantes  pour  l'histoire  des  écoles  d'Angers  et  d'Orléans  et 
pour  celle  de  Tordre  des  Gilbertains.  A.  V. 

*  * 

Les  Pofu'tioos  des  Mi'inniri's  prrscrUrs  à  la  Fticnl/c  des  lettres  pour  l'ob- 
tention du  diplôme  d'études  supérieures  comprennent  pour  TUniversité 
de  Paris  les  travaux  suivants  :  1898.  P.  Alphandéry,  Essai  sur  la  forme  et 
les  origines  de  l'hérésie  de  Tanchelm  (1110:^-1115)  ;  —  René  Ferry,  Étude 
sur  la  vie  et  les  fonctions  des  frères  Jean  et  Gaspard  Bureau.  — J.  Zeiller, 
La  théoriede  l'Ktat  d'après  saint  Thomas  d'Aquin.  —  En  1899:  C.  Espénant, 
Mathieu  (le^'en(^(■)n1e.  abbo  de  Saint-Denis,  1258-128G,  et  régent  de  France; 
—  G.  Lecarpentier.  le  Pays  de  Caux,  essai  de  monographie  régionale.  — 
H.  Mathieu,  Henri  de  Marie,  avocat  au  Parlement  de  Paris,  conseiller  et 
président  au  même  Parlement,  chancelier  de  France  (1350?-1418). 

* 

*  * 

MM.  Magen  et  Tholin  ont  publié  en  1876,  sous  les  auspices  du  Conseil 
général  de  Lot-et-Garonne  les  plus  anciennes  chartes  des  Arc/tires  muni- 
ripal  dW'jrn  ( Cliartes,  P"  série,  1189- 1328,  in-4").  En  1894,  M.  Magen 
a  iin primé  le  tome  1"  des  Archlrca  liistoriques  de  V Agenças  qui  contient 
les  Jurddes  de  lu  cille  d'Ai/en,  1345-1355.  Pour  combler  la  lacune  qui 
existe  dans  la  suite  chronologique  des  documents  insérés  dans  ces  deux  re- 
cueils, M.  G.  Tholin  a  donné  dans  les  Arehires  liistoriques  de  la  Gironde  des 
Cliurtes  d'A(/en  se  rapportant  au  rèçjne  de  Philippe  de  Valois  (Tiré  à  part, 
Bordeaux,  impr.  de  Gounouilhou,  1898,  in-4",  100  p.).  Ce  qui  marque  les 
relations  de  lAgenais  avec  le  gouvernement  central  au  temps  de  Philippe 
de  Valois,  c'est  l'extrême  faveur  dont  jouit  ce  pays  auprès  du  roi.  L'Agenais 
était  disputé  aux  Anglais;  le  roi  et  ses  représentants  n'épargnèrent  rien  pour 
s'assurer  à  tout  prix  la  (idélité  de  la  capitale  du  pays. 

Pour  faire  suite  à  ce  dernier  travail  enfin,  M.  G.  Tholin  a  donné  un 
recueil  de  Chartes  d'A;/en  se  rapportant  aux  règnes  de  Jean  le  Bon  et 
de  Charles  1',  publiées  également  par  la  Société  des  archives  historiques 
de  la  Gironde  (Tiré  à  part,  Bordeaux,  impr.  de  Gounouilhou,  1899;  in-4", 
OG  p.).  Sous  ces  deux  règnes,  la  période  des  concessions  de  privilèges  semble 
close.  A  signaler  quelques  actes  de  l'administration  du  Prince  Noir  et 
une  requête  des  habitants  d'Agen  pour  demander  le  transfert  dans  leur 
ville  du  Parlement  d'Aquitaine  siégeant  à  Bordeaux.  A.  V. 

M.  M.  Marque  a  publié  d'après  un  manuscrit  du  xvi'  siècle,  conservé 
aux  archives  de  la  ville,  le  Cartulaire  d'Oloron  (Oloron,  l'auteur;  Pau, 
V'^G  Ribaut,  1900;  pet.  in-4'',  xviii-91  p.).  Ce  cartulaire  municipal  com- 
mence par  la  Poblation  d'Oloron  ou  Fors,  autrement  dit  actedes  franchises 


()o3  LlVKliS    NOUVliAfX 

nninicipales  accordées  au  xi"  siècle  par  Centulle  IV,  vicomte  de  Béarn.  Ces 
fors  ont  servi  de  modèle  à  ceux  de  Morlaas,  d'Ossau,  d'Aspe  et  de  Baretous. 
Les  autres  documents  de  ce  recueil  sont  tous  des  confirmations,  augmen- 
tations, modifications  des  règlements  relatifs  aux  relations  des  habitants 
entre  eux  et  avec  leur  seigneur.  Les  24  actes  imprimés  ici  sont  en  langue 
vulgaire;  un  petit  dictionnaire  béarnais  des  mots  les  moins  courants  ter- 
mine le  volume.  A.  V. 


LIVRES  NOUVEAUX 


98L  A  la  méniôircMle  Jean  (iutenberg.  Hommage  de  l'Imprimerie  na- 
tionale et  de  la  Bibliothèque  nationale.  —  Pai-is.  Impr.  nationale,  1900; 
gr.  in-4°,  77  p.,  17  pi. 

982.  Alezais  (Dr).  Les  anciens  chirurgiens  et  barbiers  de  Marseille.  — 
Paris,  Alcan,  1900;  in-8",  216  p. 

983.  Alloing  (Abbé  Louis).  Etudes  de  géographie  ecclésiastique.  Le 
diocèse  d'Annecy .  —  Rodez,  impr.  catholique,  1899;  in-8",  53  p. 

984.  Altamira  y  Crevea  (R-)-  Historia  de  Espana  y  de  la  civilisation 
espanola.  Tomo  I. —  Barcelona,  J.  Gili,  1900;  in-S".  (6  pes.) 

985.  AvENEAU  DE  La  Grancière.  A  propos  de  la  Massue  sacrée,  on  Er  Maël 
benignet  du  Morbihan  —  Vannes,  impr.  de  Galles,  1900;  in-8",  10  p.  (Extr. 
du  Bail,  de  la  Soc.  pohjinaihique  du  Morbi/ian  .)  ' 

986.  AvENEAU  DE  La  Grancière.  Le  Bronze  dans  le  centre  de  la  Bretagne 
Armorique.  Tumulus  de  Bieiizent  en  Cléguérec  (Morbihan).  —  Vannes, 
impr.  de  Galles^  1900;  in-8",  8  p.  (Extr.  du  Bull,  de  ht  Socpuli/inal/uquc 
du  Morbihan.) 

987.  Balagayrie  (Jean).  Notes  historiques  sur  les  ville  et  baronnie  de 
Gramat.  —  Cahors,  impr.  de  Delperier,  1900;  in-8",  71  p. 

988.  Barroux  (Marius).  Les  archives  de  la  Seine  en  1900  et  leur  his- 
toire. —  Paris,  Leclerc,  1900;  in-8°,  49  p.  (Extr.  du  Bull,  du  BibUopIdle.) 

989.  Bédier  (J.).  La  Légende  de  Tristan  et  Iseult  reconstituée  d'après  les 
fragments  conservés  des  poèmes  français  du  xii''  siècle.  —  Paris,  H.  Piazza  ; 
in-4".  (200  fr.) 

990.  Besse  (Dom).  Les  Études,  ecclésiastiques  d'après  la  méthode  de 
Mabillon.  —  Paris,  B.  Bloud,  1900;  in-18,  xiv-197  p.  (1  fr.  75.) 

991.  BizoT  (E.).  Découverte  d'une  ruosaïque  à  .Sainte-Colombe-les- 
Vienne.  —  Vienne,  Ogeret  et  Martin,  1899  ;  in-8°,  8  p. 

992.  Bobeau  (Octave).  Note  sur  des  sépultures  de  la  seconde  moitié  du 
iir  siècle  découvertes  à  la  Croix,  canton  de  Bléré  (Indre-et-Loire).  — Paris, 
Impr.  nat.,  1900;  iii-8",  8j).  (Extr.  du  BulLarr/irol.  du  Comité  des  trara.ux 
Idatoriquos.) 

993.  BouRMONT  (C'  Amédée  de;.  L'Exposition  de  1900  au  point  de  vue  liisto- 
rique.  —  Paris,  ô,  rue  Saint-Simon,  1900;  in-8'  32  p.  (Extr.  de  la  Rcr.  des 
Qucsdons  historiques.) 


LIVKliS    NOUVEAUX  1)33 

994.  Branet  (A.).  Les  sénéchaux  de  Fezenï<ac  et  d'Aiinairnac  (1247- 
1789).  —  Auch,  impr.  de  Cocha raux,  1900;  in-8",14  p. 

99.T.  Rraune  (W.).  Gotische  Graminatik  mit  einigen  Lesestiicken  und 
Woi'tvorzeichniss.  .5  .\ull.  —  Halle.  M.  Nieiue\er,  1900;  iii-8%  viii-l(33  p. 
(SainmlungkurzerGrammatikgcrmanischefDiaiekte,  lirsg.  von  M.Braïuie. 
I.)(2m.80.) 

996.  Broussillon  (Bertrand  de).  La  maison  de  Laval  (1020-160.5).  IIL  Les 
Montfort-Laval  (1412-1501).-  Paris,  A.  Picard  et  fils,  1900;  in-8%  396  p. 

997.  Brune  (Abbé  P.  ).  Les  reliques  et  le  reliquaire  de  saint  Just  à  Château- 
Clialon.  — Lons-le-Saunier,  impr.  de  Declume,  1900;  in-8",  7  p.  (Extr.  des 
Mèin.  de  la  Soc.  d'émulation  du  Java.) 

998.  Brune  (Abbé  P.).  Statues  de  l'école  dijonnaise.  —  Lons-le-Saunicr, 
impr.  de  Declume,  1900,  in-8",  9]).  (Extr.  do^ Mrm.  delà  Sor.  d'cmulafion 
du  Jura . ) 

999.  Bruns  (F.;.  Die  Lûbecker  Bergen fahrer  untt  ilire  Clironistik.  — 
Berlin,  Pass  und  Garleb,  1900;  in-8°,  xi-cxliv-465  p.  (Hansische  Ge- 
schichtsquellen,  hrsg.  vom  Verein  tûr  hans.  Geschichte.  Neue  Folge.  l.) 
(12  m.) 

1000.  Brutails  (J.-A.).  L'église  abbatiale  de  Saint-Sever  (Landes). — 
Paris,  Impr.  nationale,  1900;  in-8", 38  p.  (Extr.  du  Bull,  archcul.du  Coinitù 
des  travaux  historiques .) 

1001.  BuGGE  (S.).  Narge's  indskrifter  med  de  leldre  Rune.  4-5  lift.  — 
Christiania,  J.  Dybwad,  1900;  in-4".  (2  kr.  40.) 

1002.  Caliari  (Pietro).  Antiche  villotte  e  altri  canti  del  Folklore  vero- 
nese.-    Verona-Padova,  Drucker,  1900;  in-16,  288  p.  (2  1.  50.) 

1003.  Canat  de  Chizy  (Marcel  et  Paul).  La  Louveterie  en  Bourgogne, 
recherches  sur  la  destruction  des  loups  et  autres  animaux  nuisibles  aux 
xiv%  xv°  et  xvi°  siècles.  —  Chalon-sur-.Saône,  impr.  de  Bertrand,  1900; 
in-4°,  44  p. 

1004.  Carlos  (D.).  L'ancienne  église  de  Notre-Dame  de  Challans,  époque 
réelle  de  la  construction  de  son  chœur  et  de  ses  deux  nefs.  —  Vannes, 
impr.  de  Lafolye,  1900;  in-8°,  7  p.  (Extr.  de  la  Rec.  du  Bas-Poitou.) 

1005.  Carnoreyt  (Eugène).  Note  explicative  d'un  plan  de  fouilles 
opérées  sur  l'emplacement  de  l'ancienne  Lactora.  —Paris,  Impr.  nationale, 
1900;  in-8",  8  p.  (Extr.  du  Bnll.  archèoL  du  Comité  des  tracaux  histo- 
rii/ues .  ) 

1006.  Catalogue  de  la  bibliothèque  archéologique  de  feu  M.  le  comte 
Arthur  de  Marsy.  —  Paris,  Gougy,  1900;  in-8',  iv-1.56  p. 

1007.  Chabert  (Samuel).  Marcellus  de  Bordeaux  et  la  syntaxe  française. 

—  Paris,  A.   Fontemoing,  1900;  in-8". 

1008.  Chardon  (M.).  Fouilles  de  Rusguniœ.  —  Paris,  Impr.  nationale, 
1900;  in-8',  24  p.  (Extr.  du  BuU.  archcol.  du  Comité  des  travaux  histo- 
rif/ues.) 

1009.  Chevallier  (Abbé  Alfred).  Notice  sur  Trois-Puits,  ses  monuments. 

—  Reims,  impr.  de  Matot  (ils,  1900;  in-8%  13  p. 

Moyen  Age,  t.  Xlll.  37 


63-i  LIVRES    NOUVEAUX 

1010.  Clii'onica  Hungoi'um  impressa  Budae  1473,  typis  similibus  reim- 
pressa.  Die  Ofner  Chronik.  Facsm-Ausg.  des  ersten  ungarlànd.  Druckes 
nach  dern  Exemplare  der  Bibliothek  des  ung.  Nationalmuseuras.  Mit 
eiiileit.  Studie  von  \V.  Fraknoi.  Aus  deni  Ung.  —  Wien,  Gilhofer  und 
Ranschbiirg.  1900;  in-4\  36  p.  et  132  p.  de  facs. 

1011.  CHROUST(A.).Monumenta  palae(\  raphica.Denkmàler  der  Schreib- 
kunst  des  Mittelalters.  1  Abtlg.  Schrifttafeln  in  latein-  und  deutscher 
Sprache.  1  Série  (Mil  Bd).  2  Lfg.  —  Miinchen,  F.  Bruckmann;  in-fol., 
10  pi.,  20  p.  (20  m.). 

1012.  Ci.KRC  (Michel).  Fouilles  do  MM.  Martin  et  Bout  de  Charleraont 
à  Boulbon  (Bouches-du-Rhône).  —  Paris,  Impr.  nationale,  1900  ;  in-8°, 
7  p.  (Extr.  du  BiiU.  archèol.  du  Cotnitc  des   travaux  hisforù/ucs.) 

1013.  CoNRADY.  Das  Kastell  Trennfurt.  — Heidelberg,  O.  Petters,  1900; 
in-4*,  14  p.,  1  pi.,  1  carte  (Extr.  de  Der  oherfjcrm  .-raet.  Limes  des 
Rômerrciches.)  (1  m.  80.) 

1014.  CoxRADY.  Das  Kastell  Wortb.  —  Heidelberg,  O.  Petters,  1900; 
in-4",  21  p.,  2  pi.,  1  carte.  (Extr.  de  Dei-  obe.njerin.-raet .  Limes  des 
Rômerreiches.)  (2  m.  60.) 

1015.  CouLON  (Auguste).  Lettres  secrètes  et  curiales  du  pape  Jean  XXII 
(1316-1334)  relatives  à  la  France,  extraites  des  registres  du  Vatican.  Fasc  1. 
—  Paris,  A.  Fontemoing,  1900;  in-4°,  col.  1-400.  (Bibliothèque  des  Écoles 
françaises  d'Athènes  et  de  Rome.) 

1016.  CoupPEY  (Abbé  Louis).  L'abbaye  de  Notre- Dame-du- Vœu,  près 
Cherbourg  (Manche).  —  Évreux,  impr.   d'Odieuvre,  1900;  in-8".  39  p. 

1017.  Cousin  (Jules).  De  la  nomenclature  des  rues  de  Paris.  — Paris, 
1899,  in-S",  28  p.  (Extr.  des  Mèm.  de  la  Soc.  del'hist.  de  Paris  et  deVIle- 
de-France.  XXVI.) 

1018.  Dahm.  Das  Kastell  Arzbach.  —  Heidelberg,  O.  Petters,  1900; 
in-4°,  8  p.,  3  pi.,  1  carte  (Extr.  de  Der  ohcrijei-m.-rael.  Limes  des  Rumrr- 
rcic/ies.)  {2  m.  20.) 

1019.  Dahm.  Das  Kastell  Niederberg.  —  Heidelberg,  O.  Petters,  1900; 
in-4°,  21  p.,  8  pi.,  1  carte.  (Extr.  de  Der  oberr/erm.-r'aef.  Limes  des 
Rômerreiches.)  (5  m.  60.) 

1020.  Dangibeaud  (Charles).  La  cathédrale  Saint-Pierre  de  Sajgites. 
Album  de  83  photographies  par  Emile  Proust.  —  La  Rochelle,  1900; 
in-l°,  19  p.  (Extr.  de  Saintes  à  lajln  du  AVA'''  sièrie.) 

1021.  Dante  Allighieri.  La  Divine  Comédie.  Traduction  en  vers  fran- 
çais accompagnée  du  texte  italien,  d'une  introduction  historique  et  de  notices 
explicatives  en  tête  de  chaque  chant,  par  Amédée  de  Margerie.  —  Paris, 
Retaux,  1900;  2  vol.  in-8°,  Lxxxviii-384  et  511  p. 

1022.  Darpe(F.).  Verzeichnisse  der  Giiter,  Einkiinfte  und  Einnahmen 
des  ^Egidii-Klosters,  der  Kapitel  an  St.  Ludgeri  und  Martini,  sowie  der 
St.  Georgs-Kommende  in  Miinster,  ferner  der  Kloster  Vinnenberg,  Marien- 
feld  und  Liesborn.  —  Munster,  Theissing,  1900;  in-8°,  vin-460  p.  (Codex 


LIVHES    NOUVEAUX  635 

Iraditionuni  Weslfalicaruni,  hi'sg.  vom  Verein  fiir  Geschichte  und  Altei- 
tumskuiide  Westfalens.  V.)(10  m.). 

102:5.  DiMiio  (G.).  Influence  de  l'art  français  sur  l'art  allemand.  — Paris, 
Leroux,  190U;  in-8",  18  p.  (Extrait  de  la  Rente  ure/ièu/or/ifine.) 

1024.  Dehio  (G.)  und  G.  von  Bezold.  Die  kirchliclie  Baukunst  des 
.\bendlandes,  historisch  und  systeniatiscli  dargestellt.  II  Bd.  2  Hall'te.  1  Lfg. 
-  Stuttgart.  A.  Bergstràsser,  1900;  in-8°,  p.  249-456  et  atlas  fasc.  8,  57  pi., 

8  p.  (54  m.) 

1025.  Delachenal  (R.).  Journal  des  États  généraux  réunis  à  Paris  au 
mois  d'octobre  1356.  —  Paris,  Larose,  1900;  in-8",  54  p.  (Extr.  de  la  Xoiir. 
lire.  hlst.  (le  droit  frunrais  et  cfrcdif/cr.) 

1026.  Delachenal  (R.).  Premières  négociations  de  Charles  le  Mauvais 
avec  les  Anglais  (1354-1355).  —  Paris,  1900;  in-8°,  30  p.  (Kxtr.  de  la 
Ih'bliol/ièi/iie  (le  l'Érole  des  chartes.  LXI.) 

1027.  Denickk  (H.).  Die  mittelalterlichen  Lehrgedichte  Winsbeke  und 
Wisbekin  in  kulturgeschichtliclier  Beleuchtung.  Progr.  —  Rixdorf-Berlin, 
Bickhardt,  1900;  in-8",  47  p.  (1  m.) 

1028.  Denvs  lk  Chartreux.  Doctoris  ecstatici  D.  Dionysii  Cartu- 
siani  opéra  omnia  in  unum  corpus  digesta,  ad  fidem  cditionum  Colo- 
niensiuQi  cura  et  labore  monachorura  sacri  Ordinis  Cartusiensis.  X:  In 
Danieleni  et  XII  prophetas  minores.  —  Montreuil,  impr.  de  Arnauné,  1900; 
in-8",  786  p. 

1029.  DiTFURTH  (J.  de).  Histoire  d'Allemagne  depuis  les  temps  les  plus 
reculés  jusqu'à  nos  jours.  —  Paris,  II.  Moll,  1900;  in-8°,  522  p.  (3  fr.  50.) 

1030.  Douais  (M-ir).  Documents  pour  servir  à  l'histoire  de  l'Inquisition 
dans  le  Languedoc,  publiés  par  la  Société  de  l'histoire  de  France.  —  Paris, 
Laurens,  1900;  in-8%  ccxcix-422  p. 

1031.  DREEs(n.).  Altfranzôsische  Funde.  Ein  Alarienlied  desllJalirh. 
und  sieben  Abendmahlgebete,  nach  e.  Handschrift  der  fiirsl.  Bibliothek 
zu  Wernigerode.  —  Leipzig,  G.  Fock,  1900;  in  8°,  13  p.  (Extr.  de  la 
Fcstsc/tr.  ^iir  32.')  jàlir.  Jnl>ell'eier  des  fnrstl.  Stolberifsclien  Gijinnasiuuis 
za  Wernif/erode.)  (0  m.  75.) 

1032.  Dreves(G.  M.).Psalteria  rhythmica.  Gereirate  Psalten  des  Mittel- 
alters.  2  Folge.  Nebst  e.  Anh.  von  Rosarien.  — Leipzig,  O.  R.  Reisland. 
1900;  in-8°,  274  p.  (Analecta  hymnica  medii  ;i3vi,  hrsg.  von  C.  Blume  und 
G.  M.  Brèves.  XXXVI.)  (8  m.' 50.) 

1033.  Du  Breu,  de  Pontbriand  (V").  Un  homme  d'Etat  breton  au 
xv°  siècle.  Olivier  Du  Breil,  procureur  général  de  Bretagne,  sénéchal  de 
Rennes,  juge  universel  de  Bretagne.  — Rennes,  Plihon  et  Hervé,  1900; 
in-8",  118  p. 

1034.  Duc  (J.).  Essais  historiques  sur  la  commune  d'Albon,  Epaone  et 
le  château  de  Mantaille.  —  Valence,  impr.  Valentinoise,  1900;  in-8°,  151  p. 

1035.  Ducoudray  (Le  P.  Marie-Bernard).  Jeanne  d'Arc  et  les  Domini- 
cains de  Poitiers.  Le  P.  Guillaume  Aimei-i.  Note  complémentaire.  —  Ligugé, 
impr.  de  Bluté,  1900;  in-8",  12  p. 


636  LIVRES    NOUVEAUX 

1036.  Du  Hautais  (V""  Odon).  Notes  d'alliances  suv  les  iannlles  Roux^ 
de  Laubinais,  (i relier  de  La  Barbotii^re  et  Massicot  de  La  Veiderie.  — 
Vannes,  Impr.  de  Lafolye,  1900;  in-8",  16  p.  (Extr.  de  la  lier,  hisfoi-ique 
de  l'Ouest.) 

1037.  DuxiN-BoRKOwsKi  (St.  vox).  Die  neueren  Foi-schungen  iiber  die 
Anfàngedes  Episkopats.  —  Freiburg  i.  B.,  Herder,  1900;  in -8".  vin-187  p. 
(2  ra.  40.) 

1038.  EiSENMANGKR  (Th.).  Gescliichtc  dei' Stadt  Scli miedebepg  im  Riesen- 
gebirge.  — Breslau.  M.  Woywod,  1900;  in-8°,  xvi-2.56  p.  (3  m.  50.) 

1039.  Erckert  (R.  von).  Wanderungen  und  Siedlungen  der  germanischen 
Stàmme  in  Mittel-Europa,  von  der  àltesten  Zeit  bisauf  Karl  den  Grossen. — 
Berlin,  E.  S.  Mittlerund  Sohn,  1900;  in-fol.,  12  cartes,  vu  p.  (12  m.) 

1040.  Ermisch(H.).  Der  kônigl.  sàchsische  Altertumsverein.  1825-1900. 

—  Dresden,  W.  Baensch.  1900;  in-8",  68  p.  (1  m.  25.) 

1041.  Ernault  (Emile).  Table  analytique  des  dix  premiers  volumes  des 
Mémoires  de  la  Société  de  linguistique  de  Paris.  —  Paris,  Bouillon,  1900; 
in-8°,  256  p. 

1042.  EspiiRANDiEU  (E.).   Auguste  Allmer,  correspondant  de  l'Institut. 

—  Vienne,  Ogeret  et  Martin,  1900;  in-8°,  24  p. 

1043.  Fabrége  (Frédéric).  Histoire  de  Maguelone.  II  :  Les  Évêques,  les 
Papes,  les  Rois.  —  Paris,  Picard  et  fils,  1900;  in-4",  603  p. 

1044.  Fagniez  (Gustave).  Documents  relatifs  à  l'histoire  de  l'industrie  et 
du  commerce  en  France.  II  :  xiv"  etxv''  siècles.  —  Paris,  A.  Picard  et  fils, 
1900;  in-8°,  Lxxvin-345  p.  (Collection  de  textes  pour  servir  à  l'étude  et  à 
l'enseignement  de  l'histoire.  XXXI.)  (10  fr.) 

1045.  Falgairolle  (Prosper).  Du  Vidourle  au  Rhône,  excursions  archéo- 
logiques et  pittoresques  dans  la  partie  méridionale  du  département  du  Gard. 

—  Nîmes,  Gervais-Bedot,  1900;  in-8'',  50  p..  16  phototypies. 

1046.  Férotin  (Dom  Marius).  Une  lettre  inédite  de  saint  Hugues,  abbé 
de  Cluny,  à  Bernard  d'Agen,  archevêque  de  Tolède  (1087).  —  Paris,  1900; 
in-8°,  7  p.  (Extr.  de  la  Bibliothèque  de  l'Êçole  des  chartes.  LXI.) 

1047.  Feuvrier  (Julien)  et  François  Febvre.  Note  sur  le  cimetière 
burgonde  de  Chevigny  (Jura).  —  Dôle,  Krugell,  1900  ;  in-8°,8  p.  (Extr.  des 
Mèin.   de  la  Soc.  d'èmulcdion  du  Jura.) 

1048.  Fischer  (A.).  Die  indirekte  Rede  ira  Altfranzôsischen,  ein  Beitrag 
zur  altfranzos.  Syntax.  —  Berlin,  E.  Ebering,  1900;  in-8%  viii-77  p. 
(2 -m.  40.) 

1049.  Fournier  (A.).  Les  Vosges.  Du  Donon  au  Ballon  d'Alsace. 
ni  :  Saint-Dié.  -  Paris,  Ollendorf  (1900):  in-4\  p.  199-335.  (Club  alpin 
français,  section  des  Hautes-Vosges.) 

10.50.  Frantz  (E.).  Handbuch  der  Kunst-Gesehichte.  —  Freiburg  i.  B., 
Herder,  1900  ;  in-8%  xn-448  p.  (9  m.) 

1051.  Furtwângler  (A.).  Beschreibung  der  Glyptothek  Kônig  Ludwig's 
Izu  Miinchen.  — Miinchen,  A.  Buchholz,  1900;  in-8°,  iv-384  p.  (3m.) 

1052.  Gauthier  (Gaston).   Note  sur  un  culot  de  vase  en  verre  romain 


LIVRES    NOUVEAUX  '  637 

trouvé  à  Champvert  (Nièvre).  —  Paris,  Impr.  nationale,  1900;  in-8",  7  p. 
(E.vtr.  du  Bull,  archcul .  du  Comité  dos tracaux  historiques.) 

1053.  GiR.^UD  (Abbé  J.).  Notice  sur  saint  Épipode  et  saint  Alexandre, 
martyrs  lyonnais,  leurs  actes,  leur  culte,  leurs  reliques,  leurs  tombeaux,  la 
Fontaine  et  la  Recluserie  de  Saint-Épidode  à  Pierre-Scize.  —Lyon,  impr. 
de  Paquet,  1900;  in-8",  30  p. 

1054.  GiRAUD  (J.-B.).  Les  Épées  de  Rives,  étude  archéologique  sur  les 
industries  du  fer  en  Dauphiné.  — Paris,  Impr.  nationale.  1900,  in-S",  19  p. 
(Extr.  du  Bull,  archcol .  du  Coitntè  des  travaux  historiques.) 

1055.  GiROD  (O.).  Les  Invasions  pak'olithiques  dans  l'Europe  occiden- 
tale. Les  origines  de  l'art  en  Fiance.  —  Paris,  J.-B.  Haillière  et  Ois,  1900; 
in-8°,  79  p.,  25  pi. 

1050.  GoBELiNus  Person.  CosmiJromius  und  als  Anhangdesselben  Verf. 
Processus  translacionis  et  reformacionis  monasterii  Budecensis,  hrsg.  von 
M.  Jansen.  —Munster,  AschendortI,  1900;  in-8",  lvii-254  p.  (Verôfîentli- 
chungen  der  histor.  Kommission  fur  \Vestfalen.)  (8m.) 

1057.  Gramont  de  Lesparre  (de).  Le  duché-pairie  de  Gramont,  la 
souveraineté  de  Bidache  elles  vicomtes  de  Louvigny  et  d'Aster.  —  Paris, 
Impr.  nationale,  1900;  in-8'',  15  p.  (Extr.  du.  Bull,  de  çiéographic  histo- 
riqne  et  descriptive.) 

1058.  Grande  (La)  Encyclopédie.  T.  XXVill  :  Rabbinisme-Saas. —  Paris, 
61,  rue  de   Rennes  (1900);  in-4%  1256  p. 

1059.  Grienberger  (Th.  von).  Untersuchungen  zur  gotischen  Wort- 
kunde.  —  Wien,  C.  Gerold's  Sohn,  1900;  in-8°,  272  p.  (Extr.  Aqs  Sit- 
zuiKjsber.  der  h.  A/iad.  der  Wissensrh.) 

1060.  Gross  (C).  Sources  and  literature  of  English  history  from  earliest 
timesto  1485.  —  London,  Longraans  and  Co,  1900;  in-8".  (18  sh.) 

1061.  GuiLLOREAU  (LeP.  Léon).  Études  monastiques.  II.  Chapitres  géné- 
raux de  abbayes  de  Saint-Aubin  et  Saint-Serge  d'Angers,  xiv-xvi"  siècles. — 
Angers,  Germain  et  Grassin,  1900;  in-8",  45  p.  (Extr.  de  la  Rec.  de  l'An- 
jou. LXI.) 

1062.  GuMMERUs  (J.).  Die  homciusianische  Partei  bis  zum  Tode  des 
Konstantius,  ein'Beitrag  zur  Geschichte  desarian.  Streites  in  den  J.  356- 
361.  —  Leipzig,  A.  Deichert,  1900;  in-8",  iv-196  p.  (4  m.) 

1063.  GiiTERBOCK.  (K.).  Rômisch  Arménien  und  die  romischen  Satra- 
pieen  im  4  bis  6  Jahrh.,  eine  rechtsgeschichtliche  Studie.  —  Konigsberg, 
Hartung,  1900;in-8%  58  p.  (Festgabe  der  juristischen  Fakultàt  zu  Konigs- 
berg fiir  ihien  Senior  Johann  Theodor  Schirmer,  zum  1,VIII,  1900.)  (2  m.) 

1064.  Hamard  (Abbé).  Découverte  d'une  nécropole  romaine  à  Bury 
(Oise).  —  Paris,  Impr.  nationale,  1900;  in-8°,  12  p.  (Extr.  du  Bull,  archèol. 
du  Comité  des  tracaux  historiques.) 

1065.  Heck  (Ph.).  Beitràge  zur  Geschichte  der  Stànde  im  Mittelater.  I. 
Die  Gemeinfreien  derkaroling.  Volksrechte.—  Halle,  M.  Niemeyer,  1900; 
in-8%  xvi-449p.  (12  m.) 

1066.  Hellmann  (S.).  Die  Grafen  von  Savoyen  und  das  Reich  bis  zum 


638  LIVRES    NOUVEAUX 

Endeder  staufischen  Période.  —  Innsbruck,  Wagner,  1900  pn-S",  vi-227p. 
(5  m.) 

1067.  Hermann  (H.  J.).  Zui"  Geschichte  der  Miniaturmalerei  am  Hofe 
der  Este  in  Ferrara,  stilkritische  Studien.  —  Leipzig,  G.  Freytag,  1900; 
in-fol.,155  p.  (Extr.  du  JaJirh.  cl.  hunsthhtor .  Sain/nlungcn  d.  aller  h. 
Katser/ui fiscs.)  (50  m.) 

1068.  HocK  (St.).  Die  Vampyrsagen  und  ihre  Verwertung  in  der  deutschen 
Litteratur.  —  Berlin,  A.  Duncker,  1900;  in-8",  xii-18:^  p.  (Forschungen 
zur  neueren  Litteratur-Geschichte.  XVII.)  (3  ni.  40.) 

1069.  HoscHEK  (Th.).  Der  Abt  von  Konigsaal  und  die  Kônigin  Elisa- 
beth von  Bôhraen  (1310-1330),  eine  quellenkrit.  Studie.  —  Prag,  Rohiit'ek 
und  Sievers,  1903  ;  in-B",  103  p.  (Prager  Studien  au.s  deni  Gebiete  der  Ge- 
schichtswissenschaft,  hrsg.  von  A.  Bachmann.  V.) 

107Q.  HuYSMANS  (J.  K.).  LaBièvre  et  Saint-Severin.  Illustré  de  30  gra- 
vures sur  bois  et  de  4  eaux-fortes  de  A.  Lepere.  ^  Paris,  A.  Lahure.  1900; 
in-S"  jés.  (.50  fr.) 

1071 .  Jahrbuch  der  Kônigl.  preussischen  Kunst-Sammlungen.  Kegister 
zu  Bd.  XI-XX.  —  Berlin,  G.  -Grote,  1900;  in-fol.,  132  p.  (8.  m.; 

1072.  JoANNE.  Glermont-Ferrand,  Royat-les-Bains,  Riom,  Ghàtel-Guyon- 
les-Bains,  Châteauneuf-les-Bains.  —  Paris,  Hachette,  1900;  in-16,  218  p, 
(Collection  des  guides  Joanne.)  (1  fr.) 

1073.  JoANXE.  Genève  et  ses  environs.  —  Paris,  Hachette,  1900;  in-16, 
189  p.  (Collection  des  guides  Joanne.)  (1  fr.) 

1074.  JiJRGENS  (G.).  Die  «  Epistolae  Ho-Elianae  >;,  ein  Beitrag  zur  engl. 
Litteraturgeschichte.  —  Marburg,  N.  G.  Ehvert,  ^1900;  in-8  ,  87  p.  (Mar- 
burger  Studien  zur  englischen  Philologie.  I.)  (2  m.) 

1075.  R.  KoHLER.  Kleinere  Schriiten,  In-sg.  von  J.  Boite.  II.  Zur 
erzahlenden  Dichtung  des  Mittelalters.  —  Berlin,  E.  Felber,  1900;  in-tS", 
xn-700  p. 

1076.  Kraus  (Fr.  X.).  Histoire  de  l'Église.  6"  éd.  française  par  P.  Godet 
et  C.  Verschafîel.  —  Paris,  Bloud  et  Barrai.  1900;  3  vol.  in-B",  xx-527, 
600  et  596  p. 

1077.  KuHNKE  (B.).  Die  alliterierende  Langzeile  in  der  mittelenglischen 
Romanze  sir  Gawayn  and  the  green  knight.  —  Berlin,  E.  Felber,  1900; 
in-8",  88  p.  (Studien  zur  gerraanischen  Alliterationsver.  IV.)  (3  ni.) 

1078.  Lafexestre  (G.)  et  G.  Geffroy.  Musée  du  Louvre.  Les  maîtres 
de  la  peinture.  I"  volume,  n"  6  :  les  primitifs  françai.s.  Introduction  par 
Georges  Lafenestre,  notice  par  Gustave  Geffroy.  —  Paris,  Boursod.  1898- 
1900,  in-fol.,  14  p.  et  p.  121-149. 

1079.  Laisnel  de  La  Salle.  Souvenirs  du  vieux  temps.  Le  Berry, 
croyances  et  légendes.  ^ — Paris,  J.  Maison  neuve,  1900,  in-8°,  415  p.  (Les 
littératures  populaires  de  toutes  les  nations.,  XL.)  (5  fr.) 

1080.  Landmanx  (F.).  Das  Predigtwesen  in  Westfalen  in  der  lezten  Zeit 
des  Mittelalters,  ein  Beitrag  zur  Kirchen-und  Kulturgeschichte.  —  Munster, 
Aschendorff,  1900;  in-8",  xv-253  p.  (Vorreforniations  geschichtliche  For- 
schungen. I.)(5m.  50.) 


LIVRES    NOUVEAUX  639 

1081.  Lasteyrie  (R.  de).  Bibliographie  des  travaux  historiques  et  archéo- 
logiques publit's  par  les  Sociétés  savantes  de  France.  III,  3.  —  Paris, 
Impr.  nationale,  1900;  in-4",  p.  401-000. 

1082.  Lavisse  (E.).  Histoire  de  France  depuis  les  origines  jusqu'à  la 
Révolution.  T.  I:  Les  origines  de  la  Gaule  indépendante  et  la  Gaule  romaine, 
par  M.  G.  Rloch.  Fasc.  1.  — Paris,  Hachette;  in-4''. 

1083.  Leiiman.n  (A.).  Das  lîildnis  bei  den  altdeutschen  Meistern  bis 
auf  Durer.  —  Leipzig,  K.  W.  Hiersemann,  19û0;in-8\  xvi-252  p.  (16  m.) 

1084.  Le  Ronne  (V.).  Notice  sur  la  chapelle  Saint-Léonard  de  Vaumion. 

—  Versailles,  impr.  de  Cerf,  1900;  in-8";  15  p. 

1085.  Liger(F.).  Grannona,  station  de  la  Table  théodosienne  et  place 
forte  du  Tractus  armoricain.  —  Mamers,  Fleury  et  Dangin,  1900;  in-8", 
31  p. 

1086.  Lo.\«;uE.MAHE  (P.  DK).  Eugène  de  Robillard  de  Beauiepaire,  directeur 
de  l'Association  normande,  notice  biographique.  —  Caen,  DelesqueS,  1900; 
in-8",  22  p.,  1  portr.  (Extr.  de  V Annuaire  de  l'Association  normande.) 

1087.  LoTH  (J.)  La  métrique  galloise.  T.  I.  —  Paris,  Fontemoing,  1900; 
in-8%  xiii-389  p,  (Cours  de  littérature  celtique,  par  H.  d'Arbois  de  Ju- 
bainvilleet  J.  Loth.  IX.) 

1088.  M  ALAN  (A.  H.).  Famous  houses  of  Great  Britain.  —  London, 
Putnam  and  sons,  1900;  in-fol.  (21  sh.) 

1089.  Marie  de  France.  Die  Lais,  hrsg.  von  K.  Warnke,  mit  vergleich. 
Anmerkungen  von  R.  Kohler.  2°  Aufl.  —  Halle,  M.  Xiameyer,  1900; 
in-8",  xi-CLX-303  p.  (Bibliothecanormaiinica.Denkmalernormann.  Literatur 
und  Sprache,  hrsg.  von  II.   Suchier.  III.)  (12  m.) 

1090.  MâTZ.NER  (E.)  und  H.  Bieling,  —  Altenglîsche  Sprachproben.  II. 
Worterbuch.  13  Lfg.  —  Berlin,  Weidmann,  1900;  in-8",  p.  465-624  de 
la  3'  partie.  (8  m.) 

1091.  May  (H.).  Die  Behandlungen  der  Sage  von  Eginhard  und  Emma. 

—  Berlin,  A.  Duncker.    19)0;  in-8",  ix-130  p.   (Forschungen   zur   neueren 
Litteraturgeschiclite.  XVI.)  (3  m.  30.) 

1092.  Mazon  (A.).  Notre  vieux  Largentière.  II:  Du  xiii° siècle  aux  Guerres 
de  religion  (1301-1562).  —Privas,  impr.  de  Galland,  1900;  in-8",  p.  75-143. 

1093.  Meister  (Abbé  L.).  Quelques  chartes  inédites  relatives  à  l'acqui- 
sition du  Moncel  par  Philippe  le  Bel  (1309-1314).  —  Beauvais,  impr.  de 
Avonde  et  Bachelier,  1900;  in-8°,  16  p.  (Extr.  des  Ment,  de  la  Suc.  acadé- 
mique de  l'Oise.  XVII.) 

1094.  Monumenta  Germaniae  historica.  Diplomatum  regum  et  impera- 
torum  Germaniae  tomi  III  pars  1.  Heinrici  II  et  Arduini  diplomata.  — 
Hannover,  Hahn,  1900;  in-4",  720  p.  (24  m.) 

1095.  Monumenta  Germaniae  historica.  Scriptorum  qui  vernacula  lingua 
usi  sunt  tomi  III  pars  II.  Deutsche  Chroniken  undandere  Geschichtsbiicher 
des  Mittelalters.  III.  J.  Einkel's  Werke,  hrsg.  von  Ph.  Strauch.  2 
Abth.  Furstenbueh.  —  Hannover,  Hahn,  1900:  in-4",  xi  p.  et  p.  597-819 
(16  m.  50.) 


G40  LIVRES    NOUVEAUX 

109(3.  XoRiLi-ViTELLESCin  (F.).  Délia  storia  civile  e  politica  del  papato, 
dal  primo  secolo  dell'  era  cristiana  fino  ail'  imperatore  Teodosio.  — Bologna, 
N.  Zanichelli,  1900;  in-8°.  (8  1.) 

1097.  Notice  sur  Dun-le-Roi,  tir('>e  d'un  manuscrit  du  xiif  siècle  trouvé 
au  château  de  Chevannes,  contenant  la  description  de  la  ville  et  du  château, 
les  causes  de  leur  destruction  et  la  légende  des  fourmis  de  Saint-Firmin. 
—  La  Clayette,  impr.  de  Gaudet,  1900;  in-8°,  5  p. 

1098.  Odobesco  (B.).  Le  Trésor  de  Petrossa,  historique,  description,  étude 
sur  l'orfèvrerie  antique. —  Paris,  J.  Rothschild,  1899:  in-fol.,  695  p.  (150  fr.) 

1099.  Odon  (Saint).  Odonis,  abbatis  Ciuniacensis  occupatio,  primuui 
éd.  A.  Sivoboda.  —  Leipzig,  B.  G.  Teubner,  1900;  in-8",  xxvi-173  p. 
(4  m.) 

1100.  Omont  (Henri).  Catalogue  général  des  manuscrits  français  de  la 
Bibliothèque  nationale.  Nouvelles  acquisitions  françaises.  111  :  n"  650- 
10.000.  —  Paris,  Leroux,  1900;  in-8",  xxii-382  p. 

1101.  Orson  de  Beauvais.  Chanson  de  geste  du  xii'  siècle  d'Orson  de 
Beauvais,  publiée  d'après  le  manuscrit  unique  de  Cheltenham,  par  Gaston 
Paris.  —  Paris,  Firmin-Didot,  1899;  in-8",  lxxx-199  p.  (Société  des  an- 
ciens textes  français.) 

1102.  Ortvay  (Th.).  Geschichte  der  Stadt  Pressburg.  Deutsche  Ausg.  II, 
3.  Der  Haushalt  der  Stadt  im  Mittelalter  (300-1526).  —  Pressburg.  C, 
Stampfel,  1900;  in-8%  xv-424  p.,  -i  pi.  (5  m.) 

1103.  Paoli  (C).  Grundriss  zu  Vorlesungen  ùber  lateinische  Palào- 
graphie  und  Urkundenlehre^  III.  Urkundenlehre  2Abth.  Aus  dem  Ital. 
von  K.  Lohmeyer.  —  Innsbruck,  Wagner,  1900;  in-S",  vi  p.  et  p.  213-403. 
(4  m.) 

1104.  Pap.\georgiu  (P.  N.).  Un  édit  de  l'empereur  .Tustinien  II,  en  fa- 
veur de  la  basilique  de  Saint-Démétrius  à  Salonique,  d'après  une  inscrip- 
tion déterrée  dans  la  basilique  même.  —  Leipzig,  B.  G.  Teubner,  1900; 
in-4%  12  p.,  1  facs.  (1  m.) 

1105.  Paris  (Gaston).  «  Die  Lehnwôrter  in  der  franzôsischen  Sprache 
àltester  Zeit  »  von  Heinrich  Berger.  Les  mots  d'emprunt  dans  le  plus  an- 
cien français.  —  Paris,  Impr.  nationale  (1900);  in-4",  32  p.  (Extr.  du 
Journal  des  Savants.) 

1106.  Petit  (Joseph).  Charles  de  Valois  (1270-1325).  -  Paris,  A.  Picard 
et  fils,  1900  ;  in-8%  xxiv-423  p. 

1107.  Petit  (Joseph.).  De  libro  rationis  Guillelmi  de  Erqueto.  —  Paris, 
A.  Picard  et  fils,  1900;  in-8%  151  p. 

110«.  Pétri  (A.).  Uebersicht  ùber  die  im  J.  1895  auf  dem  Gebiete  der 
englischen  Philologie  erschienenen  Bûcher,  Schriften  und  Aufsàtze.  — 
Halle,  M.  Niemeyer,  1900,  in-8",  iii-151  p.  (Anglia,  Jahrg.  1897-98,  Suppl. 
Hft.)(3m.) 

1109.  pLANCouARD(Léon).  Note  sur  le  cimetière  de  Santeuil-en-Vexin. — 
Paris,  Impr.  nationale,  1900;  in-8",  8  p.  (Extr.  du  Bull,  archéologie/ uc  du 
Comité  des  tracaux  liistoriques.) 


LIVRES    NOUVEAUX  641 

1110.  Plomf.r  (H.  R.).  Short  history  of  English  printing.  1476-1898.  — 
Loiidon,  K.  Paul,  Trench,   rnibnor  and  C",  1900;  in-8°.  (10  sh.  G  d.) 

1111.  PoF.TTK  (Charlks).  Promenades  dans  les  environs  de  Saint-Quentin. 
VII!.  Montbrehain,  Brancourt,  boutades  d'une  moine  de  l'abbaye  de  Ver- 
iTiand,  prieur-curé  de  Pontru;  la  Toussaint,  la  fêtes  des  morts  à  Saint- 
Quentin  et  dans  les  villages  voisins,  etc.  —  Saint-Quentin,  impr.  de 
Poette,  1900;  in-16,  453  p. 

111-^.  PoRTAL  (Félix).  Lettres  de  change  et  quittances  du  xiv'-  siècle,  en 
provençal,  documents  inédits.  — Marseille,  Ruât,  1901;  in-16,  16  p. 

1113.  PouLAiNE  (Abbé).  Tombeaux  en  pierre  à  Avigny  (Yonne).  — Paris, 
Impr..  nationale,  1900;  in-8",  8  p.  (Extr.  du  Bidl.  archcol.  du  Coinitr 
dos  IrdCKii.r  /iis(ofi'/i(rs .) 

1114.  QuH.GARs  (H.). Les  Débuts  de  la  civilisation  néolithique  dans  le 
Morbihan  et  sur  les  bords  de  la  Loire.  —  Vannes,  impr.,  de  Galles,  1900; 
in-8°,  7  p.  (Extr.  du  BiiU.  de  Ut  Soc.  poli/mafhiqnc  du  Morbihan.) 

1115.  Rkvili.e  (Jean).  Congrès  international  d'histoire  des  religions, 
tenu  à  Paris  du  3  au  8  septembre  1900.  Procès-verbaux  sommaires.  — 
Paris.  Impr.  nationale  19Ô0;  in-8",  22  p.  (Exposition  universelle  inter- 
nationale 1900.  Ministère  du  Commerce.) 

1116.  Rheinische  Burgen  nach  Handzeichnungen  Dilichs  (1607).  Hrsg. 
vonC.  Michaelis,  mitBeitrâgen  von  C.  Krollmann  undB.  Ebhardt.  —  Ber- 
lin, F.  Ebhardt,  1900;  in-fol.,  iii-78,  p.  4  pL,  1  facs.  (20  m.) 

1117.  Richtp:r  (G.).  Die  crsten  Anfânge  der  Bau-  und  Kunstthâtigkeit  des 
Klosters  Fulda.  Zugleich  1  Tl.  eine  Kunstgcschichte  des  Klosters  Fulda. — 
P^ulda,  Fuldâer  Actiendruckerei,  1900;  in-S",  vii-72  p.  (2  Verôffentlichung 
desP\ildaer  Geschichts-Vereins.)  (1  m.  50.) 

1118.  Rituel  de  Saint-Martin  de  Tours.  De  la  réception  des  chanoines  aux 
chanoines  d'honneur,  xin'  siècle,  par  .\.  FI.  4"  partie.  —  Paris,  Firmin- 
Didot,  1900;  in -8%  40  p. 

1119.  Sachsse  (H.).  Mecklenburgische  Urkunden  und  Daten,  Quellen 
vornehmlich  fiir  Staatsrecht  Mecklenburgs.  —  Rostock,  G.  B.  Leopold. 
1900;  in-8",  812  p.  1  tableau.  (12  m.) 

1120.  Sagmuller  (J.  B.).  Lehrbuchdes  katholischen  Kirchenrechts.  1  Tl. 
Einleitung,  Kirche  und  Kirchenpolitik.  Die  Quellen  des  Kirchenrechts.  — 
Freiburg  i.  M.,  Herder,  1900;  in-8".  viii-144  p.  (2  m.) 

1121.  Sagnier  (A.).  Causes  et  dates  de  l'enfouissement  du  trésor  trouvé 
au  Pontet.  —  Avignon,  Seguin,  1900;  in-8%  14  p.  (Extr.  des  Màin.  de 
l'Acad.  de  VaucUiso.) 

1122.  Salembier  (L.).  Le  Grand  schisme  d'Occident.  —  Paris,  Lecofîre, 
1900;  in-18,  xu-430  p.  (Bibliothèque  de  l'enseignement  ecclésiastique.) 

1123.  Sandtrock  (C).  Fiihrer  durch  Hildesheim,  kurze  Beschreibung 
der  Stadt  und  ihrer  Sehenswurdigkeiten.  —  Hildesheim,  J.  Ende,  1900;  in- 
16,  20p.  (1  m.) 

1124.  Saxo  Grammaticus.  Die  ersten  neun  Bûcher  der  dànischen  Ge- 
schichte,  uebers.  und  erlitutert  von  H.  Jantzen.2  Hft.  —  Berlin.  E.  Felber, 
1900;  in-8^  xix  p.  et  p.  161-533.  (8  m.) 


CA'2  LIVRES    NOUVEAUX 

1125.  ScHAUDRL  (L.).  Campagne  de  Cliarles  VI,  en  1388,  contre  le  dnchô 
de  Giieldre.  —  Montmody,  inipr.,  de  Pierrot,  1900;  in-8",  41  p. 

ll:i().  SciiaôOF.ii  (E.).  Die  Gediciitedes  Konigs  von  Odenwalde,  zumerslen 
Mal  voUstandig  hisg.  —  Darmstadt,  A.  Bei-gstrasser,  1900;  in-8%  92  p.) 
(Exti".  de   V Archlr  fur  hfss.  Geschichtc  und  AUertuinsIaindc.)  {1  m.  50.) 

1127.  Schumacher  (K.).  Das  Kastell  Schlossau.  —  Halle.  O.  Petters^ 
1900;  in-4",  9p.,  3  pi.,  1  carte  (Extr.  de  D/'i-  ohi-i-(/('fin.-rfn>i.  Linics  des  Rô- 
incrrcic/irs.)  (2  m.  60.) 

1128.  Statistique  départementale  du  dôpaitement  du  Pas-de-Calais,  pu- 
bliée par  la  Commission  des  antiquités  départementales.  '1'.  HI,  13"  livr.  — 
Arras,  impr.  de  Laroche,  1899;  in-4°,  19  p. 

1129.  Stein  (W.).  Reitrâge  zur  Geschichte  der  deutscheti  Hau^e  bis  um 
die  Mitte  des  15  Jahih.  —  Giessen,  J.  Ricker,  1900;  in-8",  vi-151  p. 
(3  m   20.) 

1130.  SucHiER  (H.).  Die  Handschriften  der  castilianischen  Ueber.setzung 
des  Codi.  Progr.  —  Halle,  M.  Niemeyer,  1900;  in-4°,  22  p..  6  pi.  (3  m.) 

1131.  ToRT.AT  (Gaston).  Répertoire  des  titres  du  comté  de  Taillebourg, 
1100-1758,  publié  d'après  un  manuscrit  appartenant  à  M.  le  duc  de  La 
Trémoïlle,  par  Gaston  Tortat.  —  Paris,  A.  Picard,  1900;  in-8".  (Archives 
historiques  de  la  Saintonge  et  de  TAunis.  XXIX.)  (15  fr.) 

1132.  Uhurz  (K.).  Verzeichnis  der  Orig.-Urkundea  des  stadtischen 
Archives.  1412-1457.  -  \Vien,C.  Konegen,  1900;  in-4°,  xi-563  p.  (Quellen 
zur  Geschichte  der  Stadt  Wien,  hrsg.  vom  Alterihums-Veieine  zu  Wien. 
H  Abth.  Regesten  aus  dem  Archive  der  Stadt  Wien.  H.) 

1133.  Veesenmeyer  (G.)  und  H.  Bazing.  Ulmisches  Urkundenbuch. 
Im  Auftrage  der  Stadt  Ulm  hrsg.  U,  2:  Die  Reichsstadt,  von  13">ë  bis 
1.378.  —  Ulm,  H.  Kerler,  1900;  in-8»,  p.  433-967.  (20  m.) 

1134.  ViANSSON-PoN'TÉ  (Abbé  Paul).  Mussy-le-Château  ou  Mussy  en 
^Yoëvre  (1096-1670).  —  Montmédy,  impr.  de  Pierrot  (1900);  in-8\  15  p. 

1135.  ViARD  (Jules).  La  messe  pour  la  peste.  —  Paris,  1900;  in-8°, 
6  p.  (Extr.  de  la  Bihliot/ièquc  de  l'École  des  c/iarles.) 

1136.  Vidal  (Abbé  J.-M.).  Intervention  du  pape  Jean  XXII  dans  le 
conflit  entre  la  Savoie  et  le  Dauphiné  (1319-1334).  —  Paris,  5,  rue  Saint- 
Simon,  1900;  in-B",  27  p.   (Extr.  de  la  Rcr.  des  Questions  historiques.) 

1137.  Waerferth  von  Worcester.  Uebersetzung  der  Dialoge  Gregors 
des  Grossen  ùber  das  Leben  und  die  Wunderthaten  italienischer  Vâter  und 
ûber  die  Unsterblichkeit  der  Seelen.  Aus  dem  Nachlasse  vonJ.  Zupitza 
Nach  e.  Copie  von  H.  Johnson,  hrsg.  von  H.  Hecht.  —  Leipzig, 
G.  H.  Wigand,  1900;  in-8".  xin-374  p.  (Bibliothek  der  angelsachsischen 
Prosa.  V.)(20  m.) 

1138.  Walde  (A.).  Die  gerraanischen  Auslautgesetze.  Eine  sprachwis- 
senschaftl.  Untersuchung  mit  vornehml.  Beriicksicht  der  Zeitfolge  der 
Auslautsverànderungen.  —  Halle,  M.  Niemeyer,  1900;  in-8°,  v-198  p. 
(5  m.  40.) 

1139.  Wanckel  (O.)    und   E.    Elechsig.   Die    Sammlung    der    kônigl. 


LIVRES    NOUVEAIX 


643 


sâchsischen  Altertumsvereins  zu  Dresdeii  in  iliien  Hauptwerken.  — 
Dresdon.  kdiiigl.  saclis.  Alteiturnsvei'oin.  1000;  in-4",  viii-66  p.,  100  pi. 
(40  m.) 

1110.  Wanka  (O.),  Kdler  von  Rodiow.  Dio  Bienneistrasse  im  Altherthum 
unJ  Mittelalter.  -  Pi'ag,  Rohli''-ek  und  Sievers,  1000;  in-8%  vn-178  p. 
(Pragei-  Studien  ans  deni  Gebiete  der  Geschichtswissenschaft,  hrsg.  von 
A.   Bachmann.  VII.) 

1141.  Wattevili.e  (Os.  baron  de).  Simple  note  sui-  les  origines  de  la 
noblesse,  des  titres  et  des  anoblissements.  —  Paris,  Lechevalier,  1900;in-8", 
76  p. 

1142.  Weissenborn  (B.).  Die  Elbzolle  und  Elbstapelplàtze  im  Mittelalter. 

—  Halle,  C.  A.  Kàmmerer,  1000;  in-8",  vii-216  p.  (3  m.  60.) 

1143.  Wernox  (W.  W).  Readings  of  the  Paradiso  of  Dante.  -  London, 
Macmillan  and  Co,  1900;  in-8».  (21  sh.) 

1144.  WiTTE  (Alphonse  ni:).  Le  mouton  du  roi  Jean  le  Bon  et  ses  imi- 
tations. —  Chalon-sur-Saône,  Bertrand,  1000;  in-4\  40  p.  (Extr.  de  la 
Galette  n II inisrnatir/iw française.) 

1145.  WoRMs  (M.).  Die  Lehie  von  der  Anfangslosigkeit  der  Welt, 
bei  den  mittelalterlichen  arabischen  Philosophen  des  Orients  und  ihre 
Bekampfung  durch  die  arabischen  Theologen  (Mutakallimûn).  —  Miinster, 
Aschendoi-ff,  1900;  in-8%  vin-70  p.  (Beitrâge  zur  Gesch .  der  Philosophie 
des  Mittelalters,  Texte  und  Untersuchungen,  hrsg.  von  C.  Bàumker  und 
G.  Freih.  von  Heitling.  III,  4.)  (2  m.  50  ) 

1146.  WulhngCJ.  E.).  Die  Syntax  in  den  Werken  Alfreds  des  Grossen. 
2  Tl.  2  Ilalfte.  Adverb.  Prâposition .  Konjunktionen.  Interjektionen - 
Bonn,  P.  Ilanstein,  1900;  in-8",  ib-ivb,  viii  a-j,  xv-xix  p.  et  p.  251-712. 
(^15  m.) 

1147.  Zacchetti  (G.).  La  fama  di  Dante  in  Italia  nel  secolo  XVIII.  — 
Roma,  Soc.  éd.  Dante  Alighieri,  1000;  in-8°.  (2  1.  50.) 

1148.  Zehnter  (J.  A.).  Geschichte  des  Ortes  Messelhausen,  ein  Beitrag 
zur  Staats-,  Rechts-,  Wirtsehafts-  und  Sittengeschichte  von  Ostfranken. 

—  Heidelberg,  C.  Winter,  1900  ;  in-8°,  xii-355  p.  (6  m.) 

1149.  Zimmermaxn  (H.).  Geschichte  der  Stadt  Wien,  hrsg.  vom  Alter- 
thums-Vereine  zu  Wien.  II:  Von  der  Zeit  der  Landesfùrsten  habsburg. 
Hause  bis  zum  Ausgange  des  Mittelalters.  1  Hàlfte.  —  Wien,  A.  Holzhau- 
sen,  1900;  in-fol.,  xvii-498  p.,  20  pi.  (120  m.) 

1150.  Zycha  (A.).  Die  Geschichte  des  Iglauer  Bergrechts  und  die 
bôhmische  Bergwerksverfassung.  —  Berlin,  F.  Bahlen,  1900;  in  8°, 
xvi-348  p.  (Das  Bôhmische  Bergrecht  des  Mittelalters.  I.) 

1151.  Zycha  (A.).  Die  Quellen  des  Iglauer  Bergrechts.  —  Berlin, 
F.  Bahlen,  1900;in-8°,  xLiv-518p.  (Das  bôhmische  Bergrecht  des  Mittel- 
alters. II.) 


TAULE  GENERALE  DES  MATIÈRES 

13^  ANNÉE   —   1900 


I.  —  Mémoires 

Pages 
Alpbaiidcry  (P.)-   —  Le  Procès  de  Louis  de   Poitiers,  évùque  de  Laagres 

(13;^0-13;Î2) 569 

Brutails  (J.-A.).  —  Deux  chantiers  bordelais  (1486-1521).  (2«  et  'à'  art.).    168,437 

Hûckel  (G.-.\.).  —  Les  fau.v  raonayeurs  de  Puygiron  (1327) 501 

Guosnon  (A.).  —  La  satire  à  Arras  au  xiii"  sic-cle.  (3'-4"  art.) 1,117 

Levillain  (L.).  —  Les  statuts  d'Adalhard 333 

Laiigiois  (Ch.-V.).  —  Documents  pour  servir  àl'histoire  des  mœurs  au  xiii" 

et  au  xiv»  siècle  (1"  et  2'  art.) 35,  501 

Martin  (F.-E.).  —  L'affaire  de  Pierre  de  Dalbs  (1253-1254) 35 

II.  —  Comptes  rendus 

Altamira  y  Crevea(R.).  —  Hisloria  de  Espana  (G.  Desdevises  du  Dezert).     204 
Arbois  de  Jubainville  (H.  d').  — Lacivilisaiion  des  Celtes  et  celle  de  l'épopée 

homérique  (M.  Prou) 69 

Arbois  de  Jubaiiivillt^  (H.  d').  —  Etude  sur  la  langue  des  Francs  à  l'époque 

mérovingienne  (M.  Prou) 541  - 

Arndt  (B.).  —   Der  Uebergang    von    Mittelhochdeutschen   zum  Neuhoch- 

deutscheu  in  der  Sprache  der  Breslauer  Kanziei  (L.  Duvau) 95 

Bémont  (C).  —  Voy.  Matzke  (E.) 

Bernoulli  (G.).  —  Die  Heiligen  der  Merovinger  (A.  Molinier) 387  ^ 

Bertrand  de  Broussillon.  —  Cartulairede  Saint-Aubin  d'Angers  (M.  Prou)    192 

Blanc  (A.).  —  Le  livre  des  comptes  de  Jamne  Olivier  (M.  Prouj 480 

Boudet  (M.).  —  Thomas  de  la  Marche  (L.  Levillain) 616 

Bouseskoul  (V.    P.)  Nouvelles    recherches    sur    l'histoire    de  la   Papauté 

(M.  Gavrilovitch) 545 

Boehmer  (H.)-  —  Kirche  und  Staal  in  Englaud  uud  iu  der  Normandie  in  xi 

und  XII  Jahrhundert  (A.  Coville) 624 

Brutails  (J.-A.).  —  L'archéologie  du  moyen  âge  et  ses  méthodes  (A.  Ma- 

rignan) 460 

Camus  (J.).  —  La  venue  en  France  de  Valentiue  Visconli  et  l'inventaire  de 

ses  joyaux  (F.  de  Mély) 93 

Choisy  (A.).  —  Histoire  de  l'architecture  (C.  Enlart) 403 

Clément-Simon  (G.).  —  La  rupture  du  traité  de  Brétigny  (A.  Coville) 82 


646  TABLE  DES  MATIÈRES 

Pages 

Dahn   F.).  —  Die  Kônigc  der  Germaaeii.  VIII,  2-5  [\i.  Prou) Và9 

Darmesteter  (A.).  —  A  historical   Freiicli  Grarainar.  ediied  bj^  E.  Muret 

and  L.  Sudre  (L.  Braudin) 206 

Delaborde  (H. -F.).  —   Vie  de  saint  Louis  par  Guillaume  de  Saint-I'atbus 

(L.    Levillain) 65 

Denitte  (Le  P.  H.).  —  La  désolation  des  églises,  monastères  et  bôpitaux  en 

France  pendant  la  guerre  de  Cent  Ans  (A.  Coville) 523 

Dcpoin  fJ.). —  Le  livre  de  raison  de  l'abbaye  de  Saint-Martin  de  Ponloise 

'A .    Vidier) 546 

Dognon  (P.).  —  Voy.  Le  Palenc  (C). 

,  Dachesue  (Abbé  (L.).  —  Fastes  épiscopaux  de  l'ancienne  Gaule  (M.  Prou).     513 
Duvivier  (C.  ).  Actes  etdocuments  anciens  inléressant  la  Belgique  (M.  Prou).      71 

Eckel  (A.).  —  Charles  le  Simple  (R.   Poupardin) 538 

Eulart  (C).  —  L'art  gothique  et  la  Renaissance  en  Chypre  (M.  Prou)....     452 
Fiammazzo  (.A.).    — Il  commento  daatesco   di  Alberico  da  Rosciato,  col 

proeniio  e  Hne  di  qnello  del  Bambaglioli  (L.  Auvray) 91 

Ganos  (X.).  —  Etude  historique  sur  la  condition   des  juifs  dans    l'ancien 

droit  français  (I.   Levi) 'Jl 

Gaudenzi  (A.).  —  La  Sociétà  dellc  arti  in  Bologna  nel  secoloxii  (R.  Pou- 

pardiu  ) 90 

Gower  (John).  —  The  complète    Works,  ediied  by    (t.     C.   Macaulay  iG. 

Huet) G80 

Guillaume  de  Saint-Pathus. —  Voy.  Delaborde  (H. -F.). 

Hauser  (H.).  —  Ouvriers  du  temps  passé  (Ch.  Petit-DutailUs) 78 

Jarry  (L.) .  —  Histoire  de  Cléry  (M  .    Prou) 477 

Lefebvre.  —  Leçons  d'introduction  à  l'histoire  du  droit  matrimonial  fran- 
çais (J.  Roman) 76 

Le  Palenc  (C.)  et  P.   Dognon.  —    Lezat,    sa  coutume,  son  consulat  IF.-E- 

Martin  i 473 

Leroux  (A.).  —  Le  massif  central  (L.    Farges) 207 

Luchaire  (A.).  Etudes   sur  quelques  manuscrits  de    Rome  et  de  Paris  (A. 

Vidier) 62,  630 

Luchaire  (A.).  —  Mélanges  d'histoire  du  moyen  âge  (A.  Vidier) 55 

Macaulay  (G.  C).  —  Voy  Gower  (John). 

Manteyer  (G.  de).  —  Les  origines  de  la  maison  de  Savoie   (E.  Philipon).     455 
Matzke  (E.)  et  C.  Bémont.  —  Lois  de  Guillaume  le   Conquérant  (L.  Levil- 
lain)      400 

Meier  (G.).  —  Catalogus  codd.  mss.  qui    in  bil)liotheca    monasterii  Einsi- 

dlensis,  0.  S.  B.,    servantur.  I.  (A.   Vidieri 80 

Muret  (E.).  —  V'oy.  Darmesteier  (.\.). 

Ott  (A.  G).  —  Etude  sur  les  couleurs  en  vieux  français  (A.  Salmoni 408 

Padciford  (F.  M.).  —OUI  english  musical  terms  (L.  Duvau) 210 

Paris  (G).  —  La  littérature  avantl'anncxion, 912-1204  (J.  Couraye  du  Parc)     475 

Petit  (E.).  —  Histoire  des  ducs  de  Bourgogne  (M.  Prou) 399 

Petit-Dutaillis  (C).  —  Voy.  Réville  (A.). 

Poupardin  (R.  ).—  La  vie  de    saint    Didier,   évéque   de   Cahors    (630-655) 

(A  Vidier) 211 

Procksh  (O.).  —  L'eber die  Blutrache  beiden  voiislamischen  Arabern  und 

Mohammeds  Stellung  zu  ihr  (E.  Blochet). 205 

Prudhomoie  (.\.).  —  Les  arcbivesdc  l'Isère  (A.  Vidier) 621 


TAlîLE  DES  MATIÈRES  647 

Pages 

Réville  (A.)  et  C.  Petit-Dutaillis.  —  Le  soulôvemeut  des  travailleurs  d'An- 
gleterre en  1381  (G. .  Des  Marez) 395 

Revue  de  synthèse  historique  (M .   Prou) 627 

Rey  (R.).  —  Louis    XI  et  les    Étals   pontificaux  de  braiice  au  x\"    siècle 

(J .  Calraette) 307 

Schneider  (C.)-  —  Die  finanziellen   Beziehungcn  der  florentinischen  Ban- 

kiers  zur  Kirche  von  1285  bis  13U4    (Cli.-V.  Langlois) 75 

Schuùrer  (Ciustav).  —   Die  Verfasser  der  sogenannten  Fredegar  Cbroiiik 

(A.  Moliuier) 613 

Schœue  (Alfred).  —Die  Weltchronik   des  Eusebius  (A.  Molinier) 470 

Sinions  (R.).  —  Cynewulfs  Wortschatz  (L.  Duvau) 209 

Sudre  (L.).  —  Voy.  Darmesleter   (A.). 

Taidif  (E.-J.)-    —   Les  Chartes  mérovingienucs  de   Noirmoutier.  —  Terri- 

lorium  Peueseiaceuse  ou  Seueseiaceiise  (L.    Levillaiii) 471 

ViaziguinefA.).  —  Essai  sur  l'hisloircde  Ja  Papauté  (M  .  Gavrilovitch) 544 

III.  —  Chroniques  Bibliographiques 

Blanchard  (R.).  —  Cartulaire  des  sires  de  Rays 485 

Blanchet  (.\drien).  —  Les  Trésors  de  monnaies  romaines  et   les  invasions 

germanic|ues  en  Gaule  (M.  Prou) 551^ 

Hloch  fH.).—  Die  alteren  Urkunden  dos  KlostersS.  Vanne  zu  V'erdin(Vidier)  484 

Bonnet  (E.).  —  Bibliographie  du  diocèse  de  Montpellier  (A.  Vidier) 421 

British    Mu«eum.  A   Guide    to   the    manuscripts,     autographs.     charters, 

charters  seals,  illuminations  and  bindings  (A.    Vidier) 487 

Bûcher  (Cari).  —  Etudes  d'histoire  et  d'économie  politique  (M.  Prou) 549^ 

Biinnel-Lewis.  —  The  gallo-romain  Muséum  of  Sens  (M.  I^rou) 550 

Caix(V''^  de)  et  Albert  Lacroix.— Histoire  illustrée  delà  France  (M.  Prou)  103,630 

Capelli  (.A.).  —  Dizionario  di  abbreviature  latine  ed  italiane  (M.  Prou) 96 

Cartcllieri  (A.  !.  —  I^hilippe  II  August,  Konig  von  Frankreich    (R.  Poupar- 

din) 103 

Chalandon  (F.).  —  La  diplotnatiiine  des  Normands  de  Sicile  et  delTtalie 

méridionale  ( A .    Vidier) 553 

Clark  (J.  W.).  —  Voy.  James  (M.  R.). 

Congrès  bibliographique  international  [A.  Vidier) 419 

Cuissard  (Ch.).  —  Les  chanoines  et  dignitaires  de  la  cathédrale  d'Orléans 

(L.  Auvray) 216 

Dclisle  (L.).  —  Gérard  d'Auvergne  ou  d'Anvers  (A.  Vidier) 483 

Delisle  (L.).  —  Jean  Mansel  (A.  Viilier) 483 

Delisle  (L.).  —  Un  maimscrit  des  sermons  de  saint  Bernard  (A.  Vidier).  483 

Dcpoin  (J.).—  Le  livre  de  raison  de  Saint-Martin  de  Pontoise  (\.  Vidier).  98 

Dôprez  (E.).  —  Clément  VI  et  Guillaume  du  Breuil  (A.  Vidier) 97 

Déprez  (E.).  —  Les  funérailles  de  Clément  VI  et  d'Iimoceut  VI  (A.  Vidier)  552 
Déprez  (E.).  —  Recueil  de  documents  pontificaux  conservés  dans  diverses 

archives  italiennes,  xni^-xiv"  siècles  (A.  Vidier) 96,  552 

Des  Marez  (G.).  —  Les  seings  manuels  des  scribes   Yprois  au  xui'=  siècle 

(A.  Vidier) 97 

École  des  Chartes.  Positions  des  thèses  (A .  Vidier) 101 

Geering  (.\.).  —  Die  Figur  des  Kindesin  der  mittelhochdeutschen  Dichtung 

(P.  Doiu) 104 


G48  Table  des  matièivES 

Pa-os 

Hope  (W.H.  Saint-John).  —  Alcnin  Club  Collection.  I.  English  allars  from 

illuminated  mss.    (A.  Vidier) 554 

Hubert  (E.).  —  Recueil  général  des  chartes  intéressant  le  département  de 

l'Indre  (A.    \'idier) 215 

Huisman.  —  Inventaire  des  nouveaux  manuscrits  concernant  l'histoire  de 

la  Belgi(iue  acquis  par  la  Bibliothèque  royale  de  Berlin  (A.  Vidier)..     214 
James  (M.  R.].  — Catalogue  of  the  manuscriptsin  the  library  of  Peterhouse; 

with  an  Essay  on  the  history  of  the  library,  by  J.  W.  Clark  (A.  Vidier).     215 
Kohler  (Ch.).  —   Les  chartes   de    Notre-Dame  de  la  Vallée  de  Josaphai 

(A.  Vidier) 213 

Lacroix  (.\lbert).  —  Voy.  Caix  (V'-^^  de). 

Lauer.  —  Les  fouilles  du  Sancta  saactoi-uin  au  Latran  (.\.  Vidier) 485 

Léger  (L.).  —  Notice  sur  l'Evangéliaire  slavon   de   Reims,  dit  Texte  du 

sacre  (.\.  Vidier) 99 

L'Hermitte  (J.).  —  Charte  relative  à  la  maison  de  Comborn  en  Limousin 

(A.  Vidier) 484 

Lot  (F.).  —  Date  de  l'exode  des  corps  saints  hors  de  Bretagne  (A.    Vidier).      99 

Marque  (M.).  —  Cartulaire  d'Oloron  (A.  Vidier) 631 

Mélanges  de  littérature  et  d'histoire  religieuses  publiés  à  l'occasion  du  jubilé 

épiscopal  de  Mgr  de  Cabrières  (A.  Vidier) 422 

Mentienne.  —  Mémorandum,  ou  Guide  nécessaire  à  ceux   qui  voudront 
écrire  les  monographies  des  communes  du  département  de  la  Seine 

(A.  Vidier) 483 

Meyer  (Paul).  —  Notice  sur  trois  légendiers  français  attribués  à  Jean  Belet 

(A.  Vidier) 550 

Monuments  historiques.  Loi  et  décrets  (A.  Vidier) 420 

Omoiit  (H.).  —  Bibliothèque  nationale.  Catalogue  général  des  manuscrits 

français  (A.  Vidier) 422 

Omont  (H.).  —  Evangéliaire  de  saint  Matthieu  (A.    Vidier) 419 

Ottmann  (E.).  —  Das  Alexanderlied    des  Pfatten  Laniprecht  (L.  Duvau)..     218 
Paoli  (Cesare).    —  Programma  scolastico  di  paleografia  latina  e  di  diplo- 

matica  (M.   Prou) 488 

Parmentier  (A.).  —  Album  historique  (G.  Riat) 486 

Pirenne  (H.).  —  Histoire  de  Belgique  (A.  Vidier) 213 

Positions  des  mémoires  présentés  à  la  Faculté  des  lettres 631 

Poupardin  (R.).  —  Généalogies  angevines  (A.  Vidier) 486 

Poux  (Joseph).  —  Notes  et  documents  sur  les  mines  de  charbon  de  Bous- 

sagues  (A.  Vidier) 553 

Priese  (Oskar).  —  Der  Wortschatz  des  Hèliand  (L.  Duvau) 217 

Publikationen    der  Gesellschaft  fur  Rheinische  Geschichtskunde  (A.  Vi- 
dier)       102 

Revue  d'histoire  et  de  critique  musicales  (M.  Prou) 549 

Rydberg  (G.).  —  Zur  Geschichte  des  franzosischen  a  (L.  Brandin) 217 

Schneegans.  —  Gesta  Karoli  Magni  ad  Carcassonam  et  Narbonam  (L.  Bran- 
din)       218 

Soyer  (J.).  —  Donation  par  Charles  VII  à  Jean  Stuart  des  terres  de  Con- 

cressault  et  d'Aubigny-sur-Nère  (.\.  Vidier) 101 

Stein  (H.).  —  Cartulaire  de  l'Hôtel-Dieu  de  Crécy-en-Brie  (A.  Vidier) —     484 

Tholin  (G.)  —Chartes  d'Agen  (A.   Vidier) 631 

Tompson  (H.  Y.).  —  Thirty-two  miniatures  from  the  book   of    hours  of 

Juan  II,  Queeu  of  Navarre  (A.  Vidier) 100 


TABLli  DliS  MATltlΔj  (il!> 

Tille  (AlexaiidtT).  —  Ville  aiid  Clirislmas  (L.  Duvaii) i!l6 

Tomiieux  (M.).  -    Etienne  Charavay 487 

Tonrneux  (M.).  —  Table  de  l'Amateur  d'autoi/raplics 487 

Tourneiix  (M.).  —  'J'able  de  la  Reçue  d'/iistoire  littéraire  de  la  Frame..  487 

V;illce  (Eug.).  —  Cartulaire  du  Konccray  (M.  Prou) 488 

Vaudurkindere  {L.J.  --  Richilde  et  Heruianu  de  Ilaiuaut  (A.  Vidier; 'J8 

IV.   —  Livres  Nouveaux 

S  O  M  MAIRE    MÉTHODIQUE 

i.Les  numéros  renvoient  à  ceux  des  listes  des  livres  nouveaux  (^ui  icrniineul 
chaque  fascicule.) 

Histoire  générale  :  18,993. 

Mlcmarjne.  —  435,  646,  099,  1029,  1039,  1391 . 

Angleterre.  —  98,  304,  312,  698,  796,  893,  10b8. 

A  rates.  —292,431. 

Belgique.  —  289,  344. 

Bohème.  —  6,76. 

Bysantfti  (Empire).  —  451,  573,  741,  804,851. 

Croisade.^.  —  92.  341,  531,  618,  831. 

Espagne.  — 984. 

France.  —  41,  60,  74,  86,  117,  141.  169,  170,  212,  238,  263.  340,  415,  430.  435. 
513,  699,  715,  716,  738,  765,  786,  798.  805,  875,  877,  886,  910,  914.971,  1025,  1026. 
1035,  1082,1091,  1106. 

Hongrie.  —  1010,  1056. 

Italie.  —  483,  696,  837,  972.  Voir  aussi  lliatoire  religieuse. 

Suède.  —  75. 

Suisse.  —  176. 

GÉOGRAPHIE     historique: 

Allemagne.  —  630,  929. 

France.  —  67,  163,  164,260,  269,  278,  360,  373,  374,  443,  539,  657,  983,  1085. 

Histoire  religieuse  : 

Histoire  générale.  —  66,  71,  90,  118,  149,168,  172,  186,  291,  321,  399,  455,  482. 
571,  572.  642,  645.  662,  784,  785,  793,  835,  841,  979,  1015,  1076,  1096,  1115,  1122, 
1136. 

Allemagne.  —  202    186,  499,  584,  900. 

Angleterre.  —  620 

By:ance.  —  946. 

France.  —  40,  56.  78,  96,  135,  139,  147,  149,  168,  205,  245,  288,  361,  491,517,  569, 
930,  1053. 

Juifs.  —  202.  204,  405,891-. 

Liturgie.  —  1,  22.  39,  111,266,  446,  534,  565.  589,  606,  631,  684,  725,  750,  826,  864, 
1032,1118,  1135. 

Mythologie.  —  250. 

Ordres  religieiuc  et  militaires.  —  43,  140,  255,  273,277,  315,355.  388,561,  562, 
617,652,977. 

Moyen  Age,  t.  XIII.  38 


b'50  TAULL  DES  M  ATIÈULS 

Sciences  : 

Histoire  naturelle.  —  941. 

M atlip manques.  —  27,  593,  752,  958. 

Médecine  et  Pharmacie.—  188,  394,  442,  651,  72U,  895,  982,1135. 

Droit  et  Institutions  : 

Droit  général.  —  253,  316,  582,  618. 

Allemagne.  —  357. 

Autrii'lic-Hongrie.  —  llôO,  1151. 

Église.  —  165,  245.  564,  691,  849,  880, 1030,  1037,  1061.  1062,  1120. 

France  —  35,  45.  69,100,  137,  138,  171,  204,  320,  328,  o2J,  349,  396,  411,  425,504, 
509,  515,  530,  532,  555,  588,  647,  650,  656,  742,  836,  890,  942,  982,  994,  1003,  1025, 
1030,1033,1065,1141. 

Italie.  —  114,  797,  892. 

Orient.  —  1063. 

Industrie  et  Commerce.  —191,  213,  270,  409,  461,  541,  507,  730,  739,  780,  782, 
803,  885,  889,  897,  923,  949,  969,  982,  1044,  1112,  1129. 

Manirs,  Usages,  Légendes.  —  15,  48,  72,  228,  262,  346,  368,  391,  412,  556,  611, 
1002,  1079,  1111. 

Histoire  littéraire  : 

Littérature  latine,  Philosop/iic,  l'Iiéologic.  —  8,  11,  16,  36,  AU,  53,  83,  110, 
143,  159,  166,  172,  184,  185,  187,  19?,  209,  242,283,  293,334,  336,  343,  389,  440,  493, 
501,  516,  517,  551,  589,  614,  621,  622,  641,  672,  678,  658,  692,  705,  758,  768,  767,770, 
829,  842,  853,  870,  951,  963,  1007,  102S,  1074,  1075,  1080,1099,  1137,  1145. 

LiTTliHATURIi  ENI,AN*iUE  VULGAIRE,     PlIII.OLOCilE  :  10,  258,  367,  924,    1041. 

Allemagne.  —  79,  133,  160,  178,  179,  218,  219,  259,  333,  337,  383,  398.  674,  724, 
745,  833,  948,  995,  1027,  1059,  1068,  1095,  1126,  11.38. 

Angleterre.  —297,  317,  390,  610,619,  635,855,  893,  1077.  1090,  1108,  1137,  1146. 

Celtique.  —  85,  106,  274,  488,  655.  901,  934,  1087. 

Espagne.  —  1130. 

Franre.  —116,  132,  162,  163,  201,  258,  .305,  326,  362,  371,  376,  382,  385,  445, 
459,  467,  474,  476,  502,  519,  521,  533,  545,  552,  560,  566.  592,  612,  616,  637,  665,  679 
706,  743,  762,  787,  828,  845,  873,  882.  928,  939,  954,  980,  989,  1007.  1031,  1048,  1089, 
1101,  1105,  1112. 

Italie.  —2,125,192,225,327,335,  345,  386,535,  550,  554.  581,  751,964,  1002, 
1021,  1143,  1147. 

Orient.  —768,  771. 

Archéologie  ET  Beaux-Ahts: 

Archéologie  générale.  —25,  32,58,  123,  152,  199.  310,  319,  463,466,611,  659. 
667,  669,  703,   735,  869,    906,  922,  1023,  1024,  1042,    1050,   1055,  1071,   1098,  1142. 

Allemagne.  —  31,  42,59,  61,  63,  64,  80,  99,  120,  136,  174,  182,  235,  272.  307.  308, 
311.  332,  413,419,  576,  585,710,  734,776,  778,  852,  878.883,  896,  1013,  1014,  1018, 
1019,  1083,  1116,  1117,  1123,  1127. 

Angleterre  et  Irlande.  —  350,507,  508,733,  919. 

Autriche-Hongrie.  —  236,  862. 

Byzance.  —  325. 

Espagne.  —  211,  339,  660,  861. 


TABLE  DES  MATIKRES  651 

France.  -12,  19,  26,  28-30,  35,  37,  49,  65,  68,  73,  87,  101, 121,122,  142,  144,  151, 
153-155,  158,  173,  195,  206,  216.  220.  226,  232.  234,  248,  251,  261,  269,  300,  331,348, 
352,  354-356,  369,  397,  407,  408,  416,  420-422,432,  434, 43S,  448,449,  458,  464.471,475, 
478,  494-408,  506,  510,  520,  522,  537,  570,  575,  577,  583,  615,626,  658,  063,  685.  693, 
695,  709,  713,  719,  726,  736.  737.  740,  756,  761,  773,  788,  789,  791,  794,  795,  799,800, 
802,  811,  813.  815,  834,  838,  840,  830,  861,  911,  915,938,  952,961,  902.  967,  973,  991, 
992,  997,  998,  1000,  1004.  1005,  1008,  1009.  1012,  1016,  1017,  1020,  1034.  1045,  1047, 
1049,1052,1054,1055,  1064,1070.  1072,  1084,1092,  1097,  1109,  llll,  1113,1121, 
1128. 

Italie.  —  9,  124,  304,  526,  682,  863,  978. 

Luxembourg .  —  296. 

Ru.'^sic.  —  295. 

Scandinaves  {Paijfi).  —  1001. 

Suisse.  —  62,  104,  1073. 

Musique.  —  252,  266,  362,  400,  970. 

Peintures,  Miniatures,  Vitraux.  —  251,  303,  419,  484,  638,  667,  755,  763,  790, 
819,  821,825,860,  1067. 

Préhistorique.  —  105.214,  229,  287,401,402,  406,549,  558,  700,  985,986, 
1114. 

Sciences  auxiliaires  : 

Archices.  —47,  51,  57,  77,126,194,  203,207,299,  322,  408,  427,  521,  540,  544,  600, 
6:}4,  683,  707,  717,  759,  767,  772,  820,  824,  816,  858,  9S3,  988,  1132. 

BilAior,ra/>fue.  -  76,  89,  113,  128,  210,  217,  221,  230,  282,  289,  372,  384,  446, 
453,  511,  524,  604,  644,  690,  760,  899,  913,  926,  1006,  1041,  1081,  1086,  1108. 

Bibliothi'ques.  —  24,  52,  131,  157,  318,  370,  403,  404,  460,  486,  492,  500,  512, 
542,  603,  629,  689,  763,764,  801,  817,  868,902,  953,  965,  981,  1006,    1100. 

Cartulaires,  Recueils  d'actes,  Rejcstes.  —  Allemagne  :  55,  93,  180,  181, 
244,  257,  .393,481,  590,  591,  781,  837-859,  940,  1119,  1133.  —  Anuletcr-e  .-33,  47.  — 
Danemark:  687.  —  France:  21,  23,  112,  119,  196,  298,  353,360,  377,  586,806,  912. 
916,  1131.  —  Italie  :  243.  —  Ordres  relifjieua;  :  561,  562.  —  Papes:  50,  643,  677, 
816,  847,  1015.  —  Suède:  681.  —  Suisse :%iO. 

Chroniques  et  Lettres  .-3,  24,  54,  70,  88,  240,  292,  .306,  365.  543,  574,  609,  644,  686, 
704,  722,720,752,  809,  904,  927,  1010,  1046,  1056,  1060,  1095,  1107,  1124. 

Correspondances  et  Historiens  modernes.  —  5,  175,  347,  426,  557,  727. 

Diplomatique.  —  627,661,  664,  879,  921,  1094,  1103,  1104. 

Hagiographie.  —  82,  84,  90,  95,  127,  145,  189,  205,  242,  309,  324,  330,  359,  389, 
392,  420,  428,  436,444,454,456,  478,  518,  536,  571,602,  607,  631,  633,  649,  666,  680, 
701,  723,  731,  732,  749,  800,  808,  814,  856,  872,    946,  1053, 1098. 

Héraldique.  —  102,  351,  414,  546,  947,  959. 

Imprimerie.  —  231,  280,  302,  318,  366,  404,  41/  ,  460,  477,  525,  568,  672,  675,  676, 
711,  744,  747,764,766,  767,  774,  792,  822,871,  981,  1110. 

Méthode  historique.  —  990,  1040. 

Musées.  —4, 107,  241,  254,  265,  268,  286,354,  397,  403,  512,  538,  595,  623-625,629, 
802,  865,  888,  965,  975, 1031,  1071,  1078,  1139. 

Notices  tle  manuscrits.  — 606,  638,  821. 

Numismatique.  — 17,  18,  193,  239,   264,  512,  527,  529,  597-599,  718,  936,  1144. 

Paléographie.  —  424,  43H,  632,  714,  807,  1011,  1103. 

Sigillographie.  -  23,  38,  249,  448,  473,  490,  628,_839. 


052 


TABLE  nr.S  NfATIKRE^ 


NOMS    DK    LIKUX    KT   DK  PERSONNES 

(Les  numéros  renvoient  h  ceux  ()es  Listes  de  livres  nouveaux  qui  terniinont 
jliaquo  fasciculei. 


Abbevillc,  556. 

Adalhard,  890. 

Adau  de  le  Haie,  59iJ. 

Aegidienberg,  o;^;5. 

Afrique,  4B1. 

Agde,  210. 

Agen,  754. 

Agrippa  (Cornélius),  651. 

Aimeri  (Le  P.  Guil- 
laume), 1035. 

Aisne,  369,  801. 

.\ix.lll,  248,  031. 

Aix-la-Chapelle,  321. 

.■Ma\  er,  208. 

Albanie,  862. 

Albertus  de  Briidzewo, 
592. 

Albi,  380,  969. 

Albou,  1034. 

Alet.  121. 

Alexandrie,  564. 

Alexis  1"  Comuèue,804. 

Alfonse  de  Poitiers, 
916. 

Alfred  le  Grand.  390, 
1146. 

Allemagne,  202,  259,308, 
3.32,419,  435,  442,  485, 
724,  833.  852,  896,  949, 
1023,  1029,  1068,  1083, 
1138. 

Allmer  (A.),  1042. 

Alpes  (Basses-),  320. 

Alsace,  630,  947. 

Altenburg,  178. 

Ambleny,  761. 

Arabroise  (Saint),  48. 

Amiens,  34,  407. 

Ammien  Marcellin,433. 

Angelico  (Fra),  825. 

Angers,  494,  586,  664, 
1061. 

Angerville  l'Orcher,  813. 


Angleterre,  98,  191,350, 
619,  620,  635,  698,  716, 
796,  919,  1060,  1077, 
1088,  1090,  1108,  1110. 

Angouléme,  539. 

Anjou,  233,  729. 

Anjou  (Duc  d'),  415. 

Annecy,  30,  888,  983. 

Antoine     de      Padoue 
(Saint),  359. 

Antonin  (Saint),  330,444. 

Apollonius  de  Tyr,  317. 

Appringius  de  Béja,  769. 

Aquitaine,  56,  189. 

Arabes,  431,  957,  1145. 

Araraon,  966. 

Arduin,  1094. 

Argon  ne,  875. 

Arien,  870,  1062. 

Aristote,  688. 

Arles,  263. 

Armagnac,  994. 

Arménie,  1063. 

Arnauld  de  Villeneuve, 
651. 

Arras,  592,  845. 

Arzbach,  1018. 

Aschafïenburg,  405. 

Ashburnham  (C"  d'), 
52. 

Assisio  (Franciscus  Bar- 
tholus  de),  571. 

Aster  (V"  d'),  1057. 

Aube,  569. 

Augsburg,  790. 

Augustin  (Saint),  666, 
770. 

Auquoy  (D"),  338. 

Aurelius  Victor,  433. 

.\uteuil,  374. 

.\utret  (Guy),  s'  de  Mis- 
sirien,  5. 

.\utriehe,  183. 


Autun,  806. 
Auvergne,  37,  228,  432, 

445,  459,  536,  628,  637. 
Avencebrol,  389. 
Aveyron,  287. 
Avezac-Prat,  142. 
Avicenne,  622. 
Avignon,   149,  254,   255, 

774. 
Avigny,  1113. 


Bade,  257,  554. 
Bains-les-Bains,  497. 
Haldovini,  114. 
Bàle,  104,  265,  268. 
Baluze,  556. 
Bamberg,  900. 
Bar-sur-Aube,  569. 
Barlaam  et  Josaphat,  502. 
Bartolommeo      (Miche- 

lozzo  di),  978. 
Basile  II,  573,  741. 
Baume-les-Messieurs, 

428. 
Bavière,  413,    540,    585, 

778,  936. 
Bayonue,  20. 
Beauvais,  534,  965. 
Beancaire,  213. 
Beauchesne,  275. 
Beaudoin  de  Constanti- 

nople,  8.38. 
Beaufort,  605. 
Beaujeu,  898. 
Beaujolais,  414. 
Beaumanoir     (  Philippe 

de),  411. 
Beaurepaire  (E.  de  Ro- 

billard  de),  899,  1086. 
Beauvaisis,  73,  328,  411. 
Beauvoirsur-Mer,  314. 
Beine,  475. 


TABLE  DES  MATIERES 


653 


Belcodène,  472. 
Belen,  67.  . 
Belel  (Jean),  324. 
Belgique,  VJ,  289,344. 
Belley,  930. 
Belvès,  171. 
Benoit  IX,  662,  841. 
Benoit  XIF,  50. 
Benoit  XIII,  255. 
Beowuif,  655. 
Berg,  585. 
Bergùn,  924. 
Berlin,  282,  975. 
Bernard  (Saint),  417. 
Bernard  d'Agen,  1046. 
Beroaldo,  336. 
Berry,  1079. 
Berthold    von    Regens- 

burg,  948. 
Besançon,  470,  566,  937. 
Betrico  de  Reggio,  225. 
Beuvray,  239. 
Béziers,  210. 
Bieuzent  en   Ciégiiérec, 

986. 
Biliaiidel,  10. 
BunlinodaTravalIe,  609. 
Bismarck,  779. 
Blois,  746,  910. 
Boiiéme,  6,  499. 
Boissy,  777. 

Boivin-Cliampeaux,  347. 
Boite  (J.),  1075. 
Bonn,  854. 
Boppard,  702. 
Bordeaux,  510. 
Boscbervilie,  537. 
Bouillon,  427,  1012. 
Boulogne-sur-Mer,    109, 

154. 
Bourbon,  v.  Louis  II. 
Bourbonnais,  700. 
Bourgogne,  35,  1003. 
Bourg-Saint-Bernard, 

190. 
Bourine  (La;,  472. 
Boussagues,  730. 
Bouvignies,  161. 
Brancourt,  1111. 
Brandon,  658. 


Braunschweig,  481,  710. 

Brei^enz,  935. 

Breisgau,  652. 

B rescia,  892. 

Bresse,  426. 

Bretagne,  89,   233,    368, 

401,  402,  488,  690,  694, 

709,     872,     986,    1033, 

1085. 
Brie,  73,223. 
BrieConite-Rohert,  713. 
Brionne,  354. 
Brioude,  143. 
Bruche,  6S. 
Budecense    (Monaste- 

riuni),  1056. 
lîugcy,  4-20. 
BuUioud  (Pierre),  361. 
Burey-le-Petit,  41. 
Bury,  1064. 
Bussang,  497. 
Bussy  d'Ogny  (De),  247. 
Byzance,    24,    266,    325, 

431,  451,  573,  741,  851, 

946. 


Cabrières  (xMgr  de),  908. 
Caen,  151. 
Cambrai,  646. 
Cambridge,  492. 
Candan  (J.),  651. 
Capreolus  (Johannes),  36. 
Carcassoiine,  506. 
Carmarlhen,  901. 
Carpentras,  624. 
Casanate  (Cardinal),  557. 
Castellane,  96. 
Castrum      Factabotuni, 

278. 
Catherine  (Sainte),  127. 
Catherine    de    Mêdicis, 

212. 
Caumont,v.  Saint-Sym- 

phorien-de-Caumont. 
Celles,  68. 
Ceise,  614. 
César,  86. 

Chailly-en-Bière,  97. 
Cballans,  1004. 


Chalonnessur-Loire,301. 
Chàlons,  449. 
Chalo-Saint-Mard,   777. 
Chambôry,  808. 
Chambon  -  Sainte-Croix, 

454. 
Champagne,  73,  117. 
Champourcin,  208. 
Champvert,  1052. 
Chanlilly,  821,  865. 
Chanu,  277,  355. 
Charente,  229, 434. 
Charl'Mîiagne,    79,     238, 

664. 
Charles    IV,   empereur, 

646. 
Charles   le  Chauve,  263, 

664. 
Charles  le  Simple,  60. 
Charles  V.  329. 
Charles  VI,  329,  1125. 
Charles  Vil,  914,971. 
Charles  VllI,  805. 
Charles  le  Mauvais,  1026. 
Charles  de  Valois,  1106. 
Cliartier    (Guillaume, 

.Main  et  Jean),  928. 
Chartres,  495,  909-911. 
Château-Chalons,997. 
Chàteaudun,  910. 
Chàteau-Gontier,  28. 
Châleauneuf-  les  -Bains, 

1072. 
Châiel-Guyon,  1072. 
Chaiillon-sur-Sèvre,  783. 
Chauvigny     voy.     Har- 

court  de  Chauvigny. 
Chazournes  (De),  957. 
Chenay,  653. 
Chersonèse,     295,     600, 

1016. 
Chevigny,  1047. 
Chiemsee,  585. 
Chora,  348. 
Choussy,  791. 
Chypre,  831. 
Cino  da  Pistoia,  225. 
Cividale,  927. 
Clairvaux,  569. 
Clément,  VI,  642. 


654 


TAHLE  DES  MATIERES 


Clôraeiu  vil,  255,  572. 
Clenuoiit-Ferrand,  1072. 
Cléry,  87. 

Cluny,  (Musée  de),  397. 
Coëtivy,  voy.  Prigeat  de 

Coëtivy. 
Colomb  (Christophe),231, 

280. 
Commyues  (Philippede), 

904. 
Compiègne,  119,409,  626, 

685,  775. 
Constance  (Concile   de), 

978. 
Corbie,  890. 
Cornélius  Nepos,  433. 
Corse,  956. 
Cosmidromius,  1056. 
Costemore,  208. 
Côte-d'Or,  163. 
Courlande,  859. 
Courville,  548. 
Cousin,  144. 
Cracovie,  764,  917, 918. 
Creil  (De),  338. 
Crest,  909. 
Croix  (La),  992. 
Cure,  144. 
Cyrille  (Saint),  118. 


Dagobert,  921. 
Dainville    (Gérard    dp), 

646. 
Danemark,  687,  1124. 
Dante,  2,   192,  225,  327, 

.335,  345,  535,  550,  581, 

751,    810,     1021,    1143, 

1147. 
Dapbni,  325. 
Dargun,  388. 
Darnetal,  920. 
Dauphiné,  187,  563,  803, 

1054,  1136. 
Denys  l'Aréopagite,  501. 
Denys  le  Chartreux,  641, 

1028. 
Derby,  47. 
Des  Perriers(Guillaume), 

364. 


Des  Planques    (Jeanne), 

646. 
Destrousse  (La),  472. 
Des   Ursins    (Jouvenel), 

587. 
Didier  (.Saint),  145. 
Die,  205,  313. 
Dijon,  759,  866,  998. 
Dintzenhofer,  945. 
Dôle,  470. 
Dombes,  414,  426. 
Donnemarie,  222. 
Donon,  68. 
Dresde,  848,  1139. 
Drôme,  221,  903. 
Du  Breil  (Olivier),  1033. 
Du  Buai,  514. 
Dubus,  10. 
Du  Fèvre,  957. 
Dun-le-Roi,  1097. 
Dun-Scot,951. 


Eburovices,  234. 
Ecosse,  233,  304,  546. 
Écully,  379. 
Edouard  III,  312,893. 
Eeckhout,  .353. 
Egypte,  229. 
Einhard, 1091. 
Einkel,  1095. 
Elisabeth    de    Bohôme, 

1069, 
Emma,  1091. 
Engadine,  924. 
Épaonne,  1034. 
Épipode  (Saint),  1053. 
Erquet    (Guillaume   d'), 

1107. 
Espagne,  861,  984, 1130. 
Essling,  55. 
Este,  1067. 
Esthonie,  859. 
Ettl'ingen,  950. 
Eusèbe,  365. 
Euskirchen,  42. 
Eustache  de  Nîmes  (M"), 

196. 
Evrecy,  874. 
Evmoutiors,  648. 


Fauslus  de  Riez,  184. 

Favorin  d'Arles,  516. 

Fei  jeux  (Saint),  749. 

Ferrare,  1067. 

Ferréol  (SaintL,  749. 

Ferté-Macé  (La),  396. 

Fezensac, 994. 

Fichet  (Guillaume),  440. 

Filisur,  924. 

Firmin  (Saint),  1097. 

Flandre,  19. 

Florence,  114,  124,  237, 
306,837,963. 

Florus, 433. 

Foix,  726, 

Foix(C"'  de),  970. 

Foi.K  (Jean  1"",  comte  de) 
971. 

Foix  (Pierre  de),  654. 

Folquin,  360. 

Fnntanet,  169. 

Fonte  (Bartoloraeo  délia) 
708. 

Fontenay-le-Comte,  967 . 

Fontgorabault,  \\  Notre- 
Dame  de. 

Forez,  249,  414,  819.  957. 

Fourneaux,  437. 

Fournes,  395. 

Foy  (Sainte).  420. 

Fracourt,  761. 

Francastel,  439. 

Franche-Comté.  412,  749. 
839. 

François  (S,).  359.  680. 

Francs,  186. 

Frankfnrta.M.,404,  689. 

Frankfurta.  O..  357. 

Fredelsloh,  944. 

Freiburg  i.  B.,  93.  120. 

Freiwaldau,  487. 

Fresques,  789. 

Fribourg  (Suisse),  62. 

Friedrichswerth,  31. 

Froissart,  70. 

Fulda,  174,1117. 

Fulgence  de  Ruspe,  184 

Fursac,  454. 

Fûssen,  585. 

Fnveau,472. 


TABLE  DES   MATIKRES 


055 


Gabre,  567. 

(iaillon.  ;.'06. 

Galice,  ()ô9. 

Galles.  1087. 

Gard,  103,  l'07,  104.".. 

Gaster,   S44. 

Gaule,  699,  «:J7.  108;'. 

Gautrek,  934. 

Gawayii,  1077. 

Genève,  867,  107.S. 

Gers.  580. 

Gervais  (Sainl),19J. 

Gilbert  de  Narbonne,596. 

Girardo  da  Castelfioreu- 

tino,  22b. 
Giry  (A.),  452. 
Gisors,  811. 

Gobeliiius  Person,  1056. 
Gorz,  960. 
Go.slar,  606,  781. 
Gradisca,  960. 
Graniat,  987. 
Graniont,  1057. 
Grandidier,  373. 
Granuona,  1085. 
Gravelines,  6S3. 
Gray,  470. 
(îreasque,  472. 
Grecs,  956. 
Grégoire     le      Grand 

(Saint),  551. 1137. 
Grelier,  1036. 
Grenade,  211. 
Grettis  Saga,  274. 
GrezoUes,  248. 
Gueldre,  1125. 
(lUi  de  Cambrai,  502. 
Gai  l"de  Ponthieu,932. 
Guichenon  (Samuel), 426. 
Guilanueu  (Le),  457. 
Guillyen  Malguenac,401 . 
Gummersbacb,  734. 
Gundissalinus  (Domini- 

cus),  11. 
Gutenberg,  417,  477,525, 

672,  675^,  676,  711.  744. 

747.  767,  871,  981. 


Hachberg,  257. 


Hague  (La),  441. 
H  ai  n  au  t.  559. 
Halbau,  487. 
Haltern,  576. 
Hannover.  182,  194,  772. 
Harcourt  de  Cliauvigny 

(D'),  962. 
Hardouin,  557. 
Hartmann  von  .\ne,  i')74. 
Haupstadt,  702. 
Havelok,  855. 
Heauville,  441. 
Hector  do  Chartres.  396. 
Heinrich    von  Veldeke, 

309. 
Henri  II,  1094. 
Henri  III,  74,  606. 
Ilerraenault  (L').269. 
Herrenchiemsee,  585. 
Hesse,  15. 
Heudicourt,  215. 
Hildesheim,  776,  1123. 
Hohenlohe,  180. 
Hohenschwangan,  585. 
Hohenzollern,  193. 
Honfleur,  220. 
Hongrie,    88,    236,    686, 

1010. 
Honorius,  784. 
Hozier  (Pierre  d'),  5. 
Hugues  (Saint),  1046. 
Hugues  de  Vermandois, 

718. 
Huon  de  Bordeaux,  762. 
Hussites,  499. 


Iglau,1150,  1121. 
Ile-de-France,  709. 
Ille-et- Vilaine,  446. 
Innocent  V, 785. 
Innocent  VI,  642. 
Irénée  (Saint),  283. 
Irlande,  733. 
Isiaques,  480. 
Isidore  (Saint),  705. 
Ismidon   (Saint),  205. 
Italie,  107,  209,  303,  391, 

483,  627,  643,  722,  739, 

832,  949,  972, 


Izernore,  522. 

Jacquemin  (Gérard),  155. 

Jacques  (.Saint),  649. 

.landeures,  94. 

Jean  XXII,  816,  1015, 
1136. 

Jean  le  Bon, 329,  1144. 

Jean  de  Capoue,  83. 

Jean     Cbrysostôme 
(Saint),  334. 

Jean  V,  duc  de  Bre- 
tagne, 694. 

Jeanne  d'.\rc,  41,  117, 
1035. 

Jérôme  (Saint),  493. 

Jérusalem,  831. 

Jésuites,  372. 

Josaphat  (Barlaam  et), 
.502. 

Josaphat,  v.  Notre-Dame 
de  la  Vallée  de  Josa- 
phat. 

Jouy-le-Chàtel,  613. 

Jucundus(M.),669. 

Julien  r.\posial,  594. 

Julien  do  Spire  (Frère), 
359,  589,  680. 

Jumilhac-le-Grand,  422. 

Just  (Saint),  997. 

Justin,  433. 

Justinien  II,  1104. 


Katlenburg   (Graf  von), 

378. 
Kaufungen,940. 
Kériolet,  625. 
Kerven-Lapaul  en  Mel- 

rand,  402. 
Kiel,  61,  747. 
Klosterneuburg,  608. 
Koblenz,  702. 
Koln,  285,  711. 
Konigsaal,  1069. 
Kopenhague,  868. 
Kremsmùnster,  156. 


La   Bfirbotière,  1036. 


G50 


TABLE  DKS  MATIÈRES 


La  Celle,  605. 

Lactora,  1005. 

U  l-'aye,  2dO. 

l.aigne,  685. 

Laire  (Le  P.),  629. 

Landas,  16L 

Laudes,  933. 

Langeais,  416. 

Languedoc,  233,245.719, 
828,  968,  1030. 

Laiitivy  (De),  233. 

LargeiUière,  1092. 

Lariivour,  569. 

Laubinais,  Voy.  Roux  de 
Laubinais. 

Laui'eut  le  Magnifique, 
697. 

Laval,  28. 

Laval  (Mai.?on  de),  996. 

La  Verderie,  voy.  Mas- 
sicot de  La  Verderie. 

Laxart,  41. 

Le  Forestier  (Jehan),  S' 
de  Vauverl.  7. 

Lehero  en  AUaire,  508. 

Leidrade,  517. 

Léobon  (Saint),  454. 

Léon  (Saint),  118. 

L'Estourbeillon,  233. 

Levant,  243. 

Lexovii,  234. 

Le  Vannier,  46. 

Lézat.  100. 

Lie.sborn,  1022. 

Limousin,  73. 

Lindau,  935. 

Liuden,  182. 

Linderhof,  585. 

Lirey,  808. 

Liviers,  422. 

Livonie,  859. 

Lodève,  210. 

Loiret,  824. 

Londres,  177,  763. 

Lorraine,  158,  663. 

Lot-et-Garonne,  754. 

Louis  le  f^ieux,  879. 

Louis  IV  d'Outremer, 
513. 

Louis  IX,  74,  484, 506,886. 


Louis  X,  iro. 

Louis  XI,  149,   212,  704. 

Louis  XU,  212. 

Louis  (io  Bavière,  140, 
1051. 

Louis  II,  duc  de  Hour- 
bon,  43. 

Louis  le  Vieux  de  Bran- 
debourg, 753. 

Louvigny  (V"-  de|,  1057. 

Lozère,  815. 

Liibeck,  792,  999. 

Lulle  (Raymond),  188. 

Lunéville,  198. 

Lupus,  557. 

Lusignan,  831 . 

Luxembourg,  290. 

Luxeuii,  497. 

Lyon,  56,  205,  361,  373, 
'379,  517,  731,  800,  814. 
957,1053. 


Mabillon,  557,  990. 
Mace  de  la  Charité,  679. 
Màcon,  101. 
Madaillan,  224. 
Madeleine  (La),  406. 
Maguelone,  210,   1043. 
Mahomet,  292. 
Maine,  46.  69,  233,  326. 

Mandeville     (Jean    de), 

706. 
Manichéens,  455. 
Mannheira,  130. 
Mans  (Le),  84,  195,  464, 

881. 
Mausi,  556. 
Mantaille,  1034. 
Marcel  (Éiieune),  715. 
Marcellus  de  Bordeaux, 

1007. 
Marguy,  410. 
Mariazell,  462. 
Marie  (Vierge),  631,799, 

814,  1031. 
Marie    de   France,    385, 

1089. 
Marienfeid,  1022. 


-Mars  (Saint),  95. 
Marseille,  547,  982. 
Marsy  (C^  de),  1006. 
Maniai  (Saint),  607. 
Mas-Latrio  (J.-M  .-J.-L.), 

384. 
Massicot  do  La  Verderie, 

1036. 
Mathay,  840. 
Maulcon,  783. 
Maumont,  605. 
Maurienne,  135. 
Mauvezin,  970. 
Mayenne,  275,  601. 
Mearzein,  558. 
Meaux,  695,  925. 
Mecklem  bourg,     388, 

1119. 
Mendez  (Diego),  231. 
Mendiants  (Ordres),  255. 
Merci  (Ordre  de  la),  255. 
Mesnil  Eudin,  811. 
Messine,  551,  797. 
Metz,  792. 
M  igné,  750. 
Minas,  423. 

Milonde  Narbonno,  599. 
Mi  met,  472. 
Minden,490. 
Mirande,  227. 
M  ira  y,  10. 
Missirien    (S'  de),  voy. 

Autret  (Guy). 
Modane-Garré,  437. 
Moncel  (Le),  1093. 
Moncontourde  Bretagne, 

489. 
Montaiglon  (.\.  de),  217. 
Moni-Berny,  626. 
Montboyer,  134. 
Montefeltro   (Guido  da), 

751. 
Monteil-Suuier,  605. 
Montlaucon,  557. 
Moutfort,  996. 
Montfort  (C""^  de),  935. 
Montièramey,  569. 
Montmorency,  251. 
Montmorency  (Anuede), 

821. 


TAULE  DF.S   MATIERES 


65 


MoiUoiissan.  '1(50. 
Montpellier.  210. 
Moiiireiiil-sur-Mer,  10;', 

10:5. 
Mont-SaiiitMichel.  757. 
Moriagrie-Landas,  161. 
Morhilian,  965,  1114. 
Moriii  (Pierre),  557. 
Moselle,  260. 
.\lrnielien,510,  585,1051. 
.Miinster,  1022. 
.Vliin.stereifel,  200. 
Miiratori,  722. 
Miissv,  1131. 


Narbonne,  59G,  597,  599. 
Nancy,  4-1,  139,  375,  663. 
Nantes,  95,  203,  696. 
.Narcy,  579. 
.Nassau,  767. 
Nauiuburg  a.   B.,  187. 
.Nédonchel,  161. 
Nemesius,  645. 
Neuilly-sur-.Seine,    636. 
Neusclnvanstein,  585. 
Neuvy  -  Saint-Sépulcre, 

907." 
Nettanconrt,  579. 
Nevers,  578. 
Nicée,  118. 
Niehelungen,  219. 
Niederberg,  1019. 
Nîmes,  370,  473. 
-Nivernais,  276. 
Nord  (Dép.  du),  51,  801. 
Normandie,    3,     45,    46, 

148,  347,  514,  627,  670, 

709. 
Nôrten,  59- 

Northeim  (Graf  von) .  378. 
Norvège,  1001. 
Notre-Dame    de     Font- 

gombault,  14. 
Notre-  Damede  ■  Laval, 

248. 
Notre-Dame    de    Mon- 

treuil.  974. 
Notre-Dame  de  la  Vallée 

de  Josaphat,  298. 


Notre-Dami»    tlu     Vœu. 

1016. 
Noyon,  534. 
Nuits,  162. 

.Nuits-Saint(i('()rgos,700. 
Nvons.  563. 


Odilienl)erg,  61. 
Odenwald,  1126. 
Odon  (Saint).  1099. 
Ogny  (De  Bussy  d"),217. 
Oise,  369,  524,  801. 
Oilehain,  161. 
Oloron,  112. 
Orgeval,  418. 
Orient  latin,  92. 
Origène,  197,  614. 
Orléans,  286. 
Orne  (Dép.  de  1),  57. 
Orques-en-Charme,  671. 
Orson  de  Beau  vais,  1101. 
Osnabruck,  490. 
Ourscani]),  685. 
Ovide,  110. 
Oxford.  902. 


Paderborn,  490. 

Pamiers,  444. 

Paracelse,  651. 

Paray,  887. 

Paris,  81,  122,  138,  232, 
241,  377,  397,  403,  471, 
496,  512.  538,  542,  555, 
560,  603,  604,  623,  707, 
736,  777,  788,  817.  820, 
838,  938,  973,  1017, 
1025. 1070,  1078,  1100. 

Paris  (Traité  de),  74. 

Partenkirchen  (  jarmisch 
585. 

Pas-de-Calais  (Dép.  du), 
521.  801,  1128. 

Pau.  453. 

Paul  Diacre,  927. 

Pavie,  323. 

Pays-Bas,  423. 

Peires  d'.\uvergnes,980. 

Peiresc,  575,  727,  952. 


Ponesciaocnse  (Terrilo- 

riuml,  164. 
Pénestin,  558. 
Perche.  511. 
Périgord,  128.  290. 
Pi''lrar<|ue.  125. 
Petrossa,  1098. 
Peyi)in,  320,  473. 
Pe/(>nas,  823. 
IMal/  Veldenz.  279. 
I'liilipi)0-Auguste.  430. 
Philippe     h-     licl,     117, 

loy:!. 

PhilippeVI,310,329,  588. 
Philippe  de  Tliaun,  552. 
Pholius,  313. 
Picardie.  306,  709,  801. 
Pierrelnnds.     685.     737, 

955. 
Pierre  pont-sur- A  vre  216. 
Pierre-Scize,  1053. 
Pistoia,  185. 
Plansee,  585. 
Plaute,  632. 
Plombières,  497. 
Pogge,  554. 
Poil  (Le),  208. 
Poitiers.  302.  438,  1035. 
Poitou,  46,  204,  269,  782. 
Pologne,  832,  941. 
Poméranie.  388,  883. 
Pont-.\udemer,  356. 
Pontet  (Le),  1121. 
Ponthieu,  932. 
Poutoi.se.  54. 
Porchaire  (Saint). 633. 
Pothin  (Saint),  731. 
Poutroye  (La),  745. 
Prêcheurs,  561,  562. 
Pressl)urg,  1102. 
Prigent  de  Coëtivy,638. 
Prosper  (Saint),  758. 
Protais  (Saint),  195. 
Provence,  740. 
Prusse,  i;99,  913.  1071. 
Purbach  (Georg).  593. 
Puy  (Le),  961. 

Quillobœuf,  356. 
Quinte-Curce,  433. 


658 


TARLE  DF.S  MATIERES 


Ravine,  68. 
Reichenau".  523. 
lleiins,  12,  436.  119,  175. 

478,  498,  718. 
René  (Le  roi),  17. 
Mené  II,  155. 
Kenneville    (Constanlin 

de).  148. 
liethel,  10. 
Uetiiélois,  137,  875. 
Rhin,  235.  1116. 
Richemont  de  Richard- 
son,  233. 
Rigauld  (Jean).  359. 
Rioni,  1072. 
Rives.  1054. 
Robert.  567. 

Robert  de  Clerniont,  150. 
Roc  Amadour,  773. 
Rochlitz,  929. 
Rolant.  939. 
Rome,  9,  126,  525,   526, 

682, 793,  953.  1096. 
Romorantin,  846. 
Ronceraj^  (Le*,  586. 
Rond  (Le),  26. 
Rouergue,  467. 
Roux      de      Lanbinais. 

1036. 
Rouyer,  512. 
Royat,  1072. 
Ruceio      Piacente      da 

Siena,  225. 
Rufine  (Sainte^  454. 
Rumilly-sous-Cornillon, 

505. 
Rusguniae,  1008. 
Raoul,    roi    de    France, 

141. 


Saar,  503. 
Sagace  (L.),  722. 
Saint-Bertin,  21,  23.360. 
.Saint-Claude,  818. 
Saint-Denis,  321,  921. 
Saint-Dié,  701,  834,1049. 
Saint-Florent,  664. 
Saint-Florentin,  352. 
Saint-Flour,  37,  628. 


Sainl-tiall,  906. 

Saint-  (uMMiiain  -  Laval, 

248. 
Saini-Gerniain-on-Laye. 

246. 
.'^aintJactiues  de    Coni- 

postelle.  850. 
Saint-Jean  de  Jérusalem 

(Ordre  de).  140,  652. 
Saint-Laurent  desArbres 

458. 
Saint-Marceld'Urré,248. 
Saint-Martin  (Abbé  de) 

151. 
Saint  -  Martin  -  la  -  Ga- 
renne, 267. 
Saint-Maurice  laFouge- 

reuse,  712. 
Saint-Moré,  348. 
Saint-Omer,  544. 
Saint  -  Pons  -  de  -  Tlio- 

mières,  210. 
Saint-Pourrain,  668. 
Saint-Quentin,  1111. 
Saint-Savournin,  472. 
Saint-Sever,  1000. 
Saint  -  Symphorien    de 

Caumont,  693. 
.Sainte  -  Colombe  -  les  - 

Vienne,  991. 
Sainte-Hermine,  269. 
Saintes.  1020. 
.Salisbury  (Comtesse  de^ 

893. 
Salonique,  1104. 
Santerre,  443. 
Santeuil-en-Vexin,  1109. 
Sanudo  (Marin),  722. 
Sargan,  844. 
Sargé,  894. 
Saugues,  465. 
Saverne,  748. 
Savigny,  518. 
Savoie,"  426,     728,    803, 

1066,4136. 
Savonarole,  291. 
Saxe,  218,  383,  848,  891, 

1040,  1139. 
Scandinavie,  250. 
Schànnis,  844. 


Schleswig,  858. 
Schlossau,  1127. 
Schmiedeberg,  1038. 
.Schnierlach,  745. 
Scholastique      (Sainte), 

84. 
Séez,  288. 

Séguin  (Pierre),  139. 
Seine  (Dép.  de  la).   322, 

988. 
Seine  -Intérieure    (Dép. 

de  la).  801. 
Seine-et-Marne  (Dép.  de) 

73. 
Sempronius  Doctus  (C), 

669. 
.Senesciacense  (Terri to- 

rium),  164. 
Senez,  96. 
Senlis,  534. 
Senones.  68,   150. 
Sens.  352.  629,  732. 
Septsarges,  812. 
Serrure  (R.),  529.    ' 
Servatus  (Saint),  309. 
Servières,  256. 
Séville,  660. 
Seynes,  153. 
Sicile,  77,  627,  897. 
.  Sigismond,  393, 499.  857. 
.Siguenza,  339. 
Silésie,  264,  591,  926. 
Solario  (Andréa),  206. 
Somme,  214. 
Sorcy,  811. 
Stade  (Graf  von),  378. 
Starkenburg,  15. 
Starnbergsee,  585. 
Stettin,  99,  883. 
Stockholm,  681. 
Strasbourg,     179,      181, 

590,  677. 
Strasburg  (Westpr.),  931. 
Suède  et  Norvège,    75, 

610. 
Suétone,  433. 
Suisse,  104,176,738. 
Surv-le-Comtal.  358, 


TABLli  UliS  MA'IIEUKS 


Go'J 


TaillclH.iir^',  1131. 
Tarare,  351. 
Tarascou,  294,331. 
Tardif  ((iuiUauiiies  551. 
Tarn.  287,815. 
Teste,  300. 
Theodor    von     Stii<li«>ii, 

916. 
TliiriondWnllu'luiit.  150. 

Thizy,  111. 
Tliomas,  118.  l'Ol. 
Thomas (r.\(iuin(  Saint). 
16,36,242,389,621,688. 
Tiionias  de  la  Marche, 

T86. 
Thorn,  108. 
Tliuringe,  244,   307,  717, 

885. 
Tigné,  943. 
To.scane,  124,  386. 
Toul,  65,  155. 
Toulon,  959. 
Toulouse,  570,   639,   719, 

889,  916. 
Touraine,  709. 

Tours.  565,  1118. 

Trainel,  352. 

Tréguier,  822. 

Trennfurl,  1013. 

Trier,  500,  702.  756. 

Trinilaires.  255. 

Tristan,  201.  989. 

Trogoff,  167. 

TroisPuits,  1009. 

Tscluuli  (Gilg),  841. 

Turcs,  768. 

Turin,  40.  808,906, 

Tyconius,  673. 

Uhu,  541,  1133. 


Irbain  IV, 847. 
Urbain  XI,  572. 
Usedoui-Wollin,  883. 
l  Irecht,  755. 


Val  des  Choux,  725. 
\'al('re-\Ia.\iuie,  433. 
Van  P:yck,  860. 
Vanne,  352. 
Vannes,  884. 
Vannier,  46. 
Varacia,  894. 
Varus,  91. 
Vauniion,  1084. 
Vauvert (."*<' dei,  voy.  l.i- 

Forestier  (Jehanl.  " 
VelileUe,  voy.  Heinricli 
von  Veldeke. 

Veliocasses,  234. 

Venaissin,  656. 

Vendée,  967. 

Vendeuil,  876. 

Vendôme,  912. 

Venise,  243.  919. 

Vénus,  234. 

Verdun,  72. 

Vermand,  1111. 

Vérone.  1002. 

VerlauU.  49. 

Vichy,  700. 

Victor  de  Vite,  159. 

Vidourle,  1045. 

VieilBrioude,  342. 

Vieux  vy-sur-Couesnon, 
915. 

Vigan  (Le),  271. 

Villarel   (Foulques    de), 
341. 

Villechal,  615. 


Ninceni  Ferrier  (.Saint), 

872. 
\'innenl)erg,  1022. 
Vin/elles,  445,  637 
Viltel,  553. 
Vosges,  68.261,  468,261, 

657,834,905,  1049. 


Waerferth  de   Worces- 

l(>r,  1137. 
Waldl)roel,  734. 
Warlaing,  161. 
Wenceslas,  046. 
Wcrden,  63. 
\Vesti)liaIi(>,  490,  1080. 
Wiclif     (Johann      von), 

835. 
Wien,  1132,  1149. 
Wiesbaden,  543. 
Wight,  507. 
Winsbeke,  1027. 
Winterthur,  284. 
Wipperliirth,  731. 
Wittelsbach,363,  936- 
Wollenbuttel,  486. 
Worcester,  297. 
Worth,  1014. 
Wurtemberg,  590. 


Y<.nnc  (Dép.  de  1'),  340. 
Yrieix  (.Saint),  602. 
Yseull,  989. 
Yves  (Saint),  856. 


Zell(Ulrich),  711. 
Ziirich,  lir.,809,  830. 


Le  Gérant  :  V^e  E.  Bouillon. 


CHALON-9UK-SAONE.    IMIMUMKIUK   rHA>ÇAIS|.     KT   OlMKNÏALi:     K.    in:r,TliAM< 


BINDtNGSECT.     MAY29t981 


D  Le  Moyen  âge  *  O 

111 

M9 

1. 13 

cop.2 


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